Avec l’autorisation d’iris, Camille avait invité Maya à venir à la pension. Malgré le fait que la magicienne habitait avec Iris depuis quelques temps, la femme avait encore du mal à considérer l’endroit comme étant chez elle. Parce qu’elle n’était pas vraiment chez elle, mais chez Iris. Elle se sentait comme une squatteuse qui abusait de la douceur de sa meilleure amie.

D’un autre côté, elle dormait bien souvent à l’extérieur, non pas auprès de conquête d’un soir, mais pour ses spectacles. Faire les aller-retours aurait été exténuant, elle avait donc une chambre dans les différentes villes où elle se produisait et elle prenait aussi une chambre à Fort-des-Songes pour ses grosses répétitions. Finalement, vivre chez Iris lui permettait surtout de laisser des affaires à un endroit, sans crainte et aussi à ses Pokémons d’avoir un environnement plus serein car elle ne partait pas toujours avec toute son équipe.

Tout personne cynique aurait pu dire que Camille exploitait Iris et sa demeure à des fins purement égoïste et cette personne aurait tort. Avant, Camille n’aurait pu voir Iris qu’à de rare occasion et au prix de nombreux efforts. Aujourd’hui, la magicienne n’hésitait pas à revenir certains soirs, bravant la fatigue, juste pour manger avec sa colocataire. De plus, elle appréciait vraiment pouvoir passer du temps avec Iris, allant même des fois à la suivre silencieusement pendant que sa meilleure amie s’occupait de sa pension. Elle regardait et apprenait en silence et sans explication. Ce système lui plaisait énormément et avait chassé une solitude qu’elle ne pensait pas connaitre.

Ainsi, Camille voulait présenter sa seconde amie à sa meilleure amie, Iris à Maya. Et aussi faire quelque chose qu’elle avait toujours voulu faire plus jeune et qu’elle n’avait pas assez fait à son goût : une soirée pyjama. Elle avait été tout excitée. Elle avait fait les courses et ne sachant pas ce que les autres aurait voulu, elle était revenue à bout de souffle, sous le poids de ses achats. Chips, Glace, bonbons, chocolats, légumes, fruits… tout ce qui peut se grignoter était passé dans son sac de course. Elle avait passé quelques minutes allongée sur le sol de la cuisine pour reprendre son souffle puis avait continuer les préparations.

Finalement, Maya arriva à l’heure due. La magicienne lui avait ouvert et l’avait fait entrer. La soirée avait donc avancé, avec des discussions parlées et mimées. Jusqu’à ce que la lumière disparaisse. Camille s’était alors figée, sans un bruit et elle avait senti Milo bondir sur elle pour se cacher dans ses bras, vite suivi par Enya. Elle avait été surprise d’abord mais avait vite reconnu ses Pokémons. Un vent frais l’avait fait frissonner et le bruit lui avait glacé le sang. La seule raison pour laquelle elle n’avait pas disparu dans le noir était bien qu’elle avait trop peur de ce qui venait de pénétrer dans la maison. Mais aussi vite que c’était arrivé, cela reparti. Non sans lancer une dernière vague de terreur chez la magicienne. Une série de rire et un petit chant qui avait fait se recroqueviller la femme au fond de sa place.

Lorsque la lumière revient, Camille tremblait de tout son corps et regardait autour d’elle à la recherche de l’intrus. Son cœur battait la chamade et chaque bruit lui faisait tourner le regard rapidement. Elle hocha doucement la tête à la question de Maya, jusqu’à ce qu’elle remarque la Pokéball de Eita. Elleé tait ouverte, mais la Givrali n’était pas visible. Ce n’était pas normal venant du Pokémon, si calme et peu prompt à faire des blagues. Elle serait restée ici pour defender sa dresseuse plutôt que disparaitre sans laisser de trace.

Mais Camille était encore trop sous le choc pour réagir à la question de Maya.

La brume nocturne était rentrée par la fenêtre ouverte et maintenant elle repartait. Elle avait amené avec elle le froid et les ténèbres ainsi qu'une peur et un terrible pressentiment. Elle reste accrochée à la vitre, et comme une peinture recouvre une toile ou l'huile se répond à la surface de l'eau, elle recouvre la surface transparente et des mots apparaissent dessus.

La magicienne ne l'avait pas vu avant que ses amis n'en fassent la remarque. Elle était trop occupée à tremblait autant de froid que de peur. La coupure de courant n'avait rien de naturelle. La magicienne était peureuse mais pas au point d'avoir peur quand l'électricité disparaissait. Elle était plus grande que ça tout de même. Mais cette fois-ci, le noir avait été accompagné de toute une série de choses qui avait dressé les poils sur tout le corps de la femme.

Les rires, les pleurs, si c'était une blague, elle ne plaisait pas du tout à Camille. Elle se souvenait que son frère aimait bien ce genre de facétie, mais jamais n'avait-il était aussi doué pour les réaliser. Depuis son départ, il avait certes grandi, mais ce serait une grande débauche de moyens et d'enquête pour venir faire peur à sa grande sœur.

Les paroles de ses deux amis ne firent rien pour rassurer la femme terrifiait. Son Pokémon venait de disparaître et quelque chose parlait d'enfant mort. Elle redressa la tête pour regarder avec de grands yeux plein d'effroi Iris quand celle-ci évoqua un cimetière d'enfant. C'était la pire idée du monde. Se balader la nuit dans un cimetière. Surtout qu'un monstre semblait roder dans les parages. Tout ceci ne plaisait pas à Camille.

Les paroles de Maya sont sans effets sur la magicienne dont le regard et l'expression apeurait passe d'une fille à l'autre.

Dehors, les ténèbres étaient impénétrables. Impossible de voir très loin. Mais pour sa givrali, Camille allait devoir se secouer et respecter sa promesse. Être brave et aller affronter le danger. Elle devait être brave. Elle prit une grande respiration et se redressa. Elle réfléchit un instant. Puis hocha la tête négativement. Non, elle n'avait aucune idée. Elle était bien trop terrifiée pour réfléchir. Et elle avait froid aussi.

Le cimetière n'était pas une bonne idée parce qu'elle était terrifiante.

C'est peut-être la forêt. Signa-t-elle.

Elle était déjà en pyjama, elle allait devoir peut-être s'habiller avant de sortir dans le froid.

Les paroles d’Iris ne font rien pour rassurer Camille. Darkrai, le Pokémon cauchemar, celui qui mange les enfants pas sages et hantent leurs nuits, caché sous leur lit. Et il serait dans les parages, venant rôder autour de la maison où vivaient les deux femmes. Une nouvelle lutte s’engagea dans la tête de Camille. L’envie de récupérer son Pokémon et de partir très loin d’ici pour ne plus jamais y revenir ou retrouver son Pokémon et rester auprès de sa meilleure amie malgré les difficultés, dans le confort de la maison et les joies simples de leur vie partagée.

Seule l’idée de rester à trois avait le dont de rasséréner la magicienne qui hochat vigoureusement la tête pour appuyer la proposition. Elle regarda cependant Iris sortir pour mettre un manteau. Camille pensait qu’elles allaient s’habiller pour éviter le froid, mais manifestement, l’urgence de la situation ne permettait pas ce genre de considération. Camille réfléchit à le faire tout de même. Elle ne mettait vraiment pas longtemps à passer certains vêtements, spécifique pour cet effet. Elle n’en fit rien cependant, pour éviter de s’exclure du groupe. Et puis, pour aller chercher ses affaires, elle devrait monter seule à l’étage.

Elle préférait rester sur l’idée d’Iris, ne pas se séparer.

La magicienne sursauta quand Maya utilisa son prénom. Elle hocha la tête sans grande conviction. Elle suivit Iris pour elle aussi mettre son manteau et claqua des mains très fort. Le bruit de ses propres mains la fit sursauter mais de l’étage déboula son équipe d’Evoli. Elle en choisit Furo, Nami et Rico, ses trois Pokémons les plus téméraires et combattants, et fit comprendre aux autres de rester ici, de surveiller la maison. Camille enfile alors son plus épais manteau et ses grosses bottes fourrées. Elle est frileuse et a déjà sorti ses affaires d’hivers car la région est plus froide que le reste de l’île et que la magicienne n’aimait pas avoir froid.

Elle n’avait rien dit, rien signé. Elle suivait le mouvement, n’ayant pas d’autre piste que celle de la forêt et des horribles Pokémons Spectre qui y vivaient la nuit. Elle suivit les quand elles sortirent et se dirigèrent vers la forêt la plus proche. Puis Camille freina d’un coup.

La forêt la plus proche, c’est celle de la glace non ? Avec plein de Glace et de froid. Il parait qu’il y fait déjà en-dessous de zéro le jour. Et que les Pokémons y sont supers agressifs. Vous êtes sûres qu’on doit aller là-bas?

Connaitre le coin était loin de ce que Camille connaissait de la région. Elle avait connaissance de la forêt parce que sa championne lui faisait peur et elle connaissait un peu les alentours parce que la muette s’était perdue dans un passé très récent et avait cherché à retrouver son chemin à l’aide d’une carte. Pour retrouver sa position, elle avait fouillé la carte dans les moindres détails puis avait cherché la maison puis le trajet. Elle avait donc la région en tête. Mais pas au point de bien la connaitre.

Ses deux amies étaient bien décidées à partir retrouver leurs Pokémons et Camille ne voulait pas rester à l’écart. Même en restant à la maison, elle ne se sentirait pas en sécurité, seule. C’était choisir entre deux maux. Être avec Iris et Maya, dehors, dans le froid, lui permettra aussi d’être plus courageuse. Seule à la maison, elle se cachera certainement sous les draps dans sa chambre avec tous ses Pokémons hors de leurs balles.

Enveloppée dans son gros manteau, avec ses bottes, elle suivait le groupe à l’extérieur, Milo dans ses bras. Le trio s’enfonça dans les ténèbres et rapidement, elles durent s’éclairer à la lampe torche. Camille commençait déjà à trembler de froid, bien plus que de peur maintenant. L’avantage pour elle, c’est que le froid ne pouvait pas la rendre plus aphone que ses deux amies. L’inconvénient était que si elle gagnait une toux, elle allait vivre un vrai cauchemar. Elle était tétanisée à l’idée de faire vibrer ses cordes vocales.

Les arbres firent leur apparition, telles de grandes silhouettes de ténèbres. La plaine gelée était déjà couverte de neige, mais elle l’était presque toute l’année, à cause de tous les Pokémons Glace qui vivaient là. Malgré la hauteur de ses bottes, de la neige s’était glissée dans ses jambes. Le fauteuil d’Iris allait être difficile à manœuvrer aussi dans cette poudreuse. Le bois était moins enneigé mais les racines ne rendaient pas leur progression plus simple. Un silence de mort régnait dans les parages, la neige étouffait tous les bruits. Cela rassurait Camille mais l’inquiétait aussi. Pas de bruit effrayant mais pas moyen d’entendre le danger surgir.

Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? On cherche une trace ?

Camille signait avec sa lampe dans la main éclairant de manière chaotique les alentours. De plus, la lumière des deux autres torches faisait jouer les ombres, rendant les signes de Camille difficile à comprendre.

Il faisait froid ; trop froid pour Camille et son pyjama, malgré son gros manteau. La jeune femme tremblait. Mais il était difficile si elle tremblait plus de froid que de peur. Elle se tenait près d’Iris, ne sachant pas vraiment comment se comporter, comment se mettre, ni comment elle devait se comporter. Si un esprit venait, devait-elle prendre la fuite quit à se retrouver seule ou bien devait-elle rester ? Et si elle restait, est-ce qu’elle devait se battre, ne pas bouger. Se rouler en boule et pleurer ? La dernière option était certainement la plus probable. Certainement pas le plus efficace, mais la jeune femme allait certainement paniquer et se recroqueviller sur elle-même.

A la demande d’Iris, elle refit son message en langue de signe. La confusion avait un peu diminué, mais les tremblements n’aidaient vraiment pas. A la demande d’Iris, elle se plaça derrière elle pour la pousser, mais hélas, sa nouvelle position ne lui permettait pas d’utiliser sa lampe comme elle voulait et elle jetait souvent des regards paniqués aux ténèbres derrière elle, n’ayant qu’une seule envie, celle de mettre de la lumière partout.

Elle avançait, en s’enfonçant dans la neige et forçant pour aider Iris à suivre le rythme jusqu’à ce que Maya fasse remarquer qu’il n’y avait pas de Pokémon. Ça pourrait être logique, évident. Ils étaient en pleine nuit, dans une région glacée, les Pokémons pouvaient dormir ou économiser leur mouvement et ne pas faire de bruit. Mais aux oreilles de Camille, cela sonnait comme une terrible nouvelle, la preuve qu’une chose horrible allait leur arriver. Elle s’arrêta un bref moment avant de repartir de l’avant pour ne pas être laissée derrière.

Elle était au bord de la crise de nerfs, entre son envie de retrouver son compagnon mais aussi l’envie de fuir et de ne jamais revenir dans ce lieu.

Maya ne faisait rien pour améliorer la chose car elle entendait des choses. Cette fois, Camille lâcha le siège d’Iris pour rallumer sa lampe et s’accroupir contre le dossier de la chaise, et illuminant l’arrière du groupe, se cachant de tout ce qui pouvait venir du devant.

Et là, elle entendit aussi la chanson. Ce fut la goutte de trop et la jeune femme se mit à sangloter en panique. Sa respiration devint rauqe alors que son faisceau de lumière balayait les ténèbres à la recherche de la source du son. Il se braqua sur une petite fille. Au lieu de la rassurer, par son innocence, cela ne fut qu’accentuer la panique. Elle sentit Milo se tapir encore plus dans son manteau et il lui fallut un bref moment de réflexion pour voir la peluche qui ressemblait à Rita dans les bras de la petite fille.

C’est à ce moment-là qu’elle fait quelque chose de complètement fou. Désespérée, elle voulut récupérer son Pokémon le plus vite possible et se mit à courir après la fillette, laissant derrière elle, Iris et Maya, plongeant dans les ténèbres pour retrouver son Pokémon.

Crise de panique, crise de témérité, folie passagère. Appelez ça comme vous voulez. Mais Camille était en train de courir dans la nuit, dans les bois, et dans la neige sans vraiment réfléchir. Elle voulait retrouver son Pokémon disparu pour quitter les lieux le plus vite possible. Elle venait de le voir, dans les mains d’une fille. La situation avait beau être terrifiante, ce n’était qu’une petite fille. C’est ce que ce serait dit quelqu’un de courageux. Mais Camille n’était pas courageuse. Elle venait juste de perdre la tête.

Abandonnant derrière elle ses amis, elle court à la suite de la fille, mais perd la trace rapidement. Elle perd toute trace. Que ce soit de la fille ou de ses amis. Elle est seule et perdu dans les bois. Des apparitions orientent par moment la jeune femme mais elles disparaissent aussi vite jusqu’à une clairière.

A bout de souffle, couverte de sueur, de neige fondue, et tremblante de froid, la magicienne s’arrête. Elle referme ses bras sur son torse pour essayer de sauver un peu de chaleur, mais ses pieds sont mouillés et le froid s’immisce partout.

La voix lui fait lever les en l’air et son sang finit de se figer. Un spectre la regarde et tout son courage, ou sa folie, s’évanouit. C’est à peine si Camille arrive à rester consciente. Elle espère un bref moment se réveiller, mais elle a trop froid pour ça.

La créature prend la forme de Rita mais dans une forme bien trop terrifiante pour qu’il s’agisse de son Pokémon. Des ronces viennent agripper les jambes de la magicienne. La morsure des épines vient empirer la douleur du froid. Elle essaye de retirer ses jambes du piège mais les branches s’attachent avec plus de force et elle manque de tomber.

Le monstre approche et Camille se sent perdu. Mais c’était oublié un détail. La magicienne n’était pas sans défense. Son manteau s’ouvre brutalement, sans qu’elle ne puisse rien faire. Milo en surgit, près à défendre sa dresseuse, alors qu’elle est en danger. Ce n’est pas un combattant. Il a toujours été un Pokémon domestique. Depuis son plus jeune âge. Entraîné à la danse, très peu au combat. Mais il n’a jamais fui quand Camille était en danger.

Il fonce, la tête la première, dans une attaque bélier pour repousser le monstre.