C’est grand. Beaucoup plus grand que tu le pensais. Tu as envie de prendre les jambes à ton cou. Pourquoi tu as accepté ça ? Pour faire plaisir à ton grand frère ? Ou c’est pour toi ? Après tout, tu veux découvrir d’autre métier que... que ce que tu fais depuis presque dix ans. Voler. Tuer. Tu es douée, tes amis veulent que tu changes, mais tu n’es pas certaine. Pourtant tu as tout de même accepté cette demande d’aide à une pension pokemon. Tu ne vas pas être seule, mais surtout - SURTOUT - tu n’as jamais fait ça. Et tu ne te fais pas du tout confiance. Tu sens que tu vas beaucoup t’excuser et stresser plus que d’habitude. Heureusement que Setia te donne le courage de... sonner.

"Bonjour ? Je suis Céleste. C’est pour l’annonce."

Tu arrives à contrôler ta voix pour ne pas (trop) donner l’impression que tu paniques déjà. Ensuite, tu attends qu’on vienne te chercher à l’entrée. Et... tu ne t’attendais pas à voir une personne handicapée gérer tout ceci - car elle confirme rapidement qu’elle est la propriétaire.

"Heu... merci de m’accueillir, mais je dois prévenir que je n’ai jamais fait ce genre de chose."

Pourtant tu es plus douée que tu le penses pour t’occuper des autres - pokemon comme humain. C’est juste que tu deviens obsessive et oppressante pour eux. Et alors que tu n’arrives pas à décider de ta vie, elle a sa propre pension... tu te sens minuscule à côté - alors que tu es grande pour une femme.

Une arrivée remarquée, un signal donné, réceptionnée par la personne de l'accueil.

Mon portable vibra et un de mes employés m'informa de la présence d'une nouvelle salariée. Oh ! Ce devait être Céleste ! Ah oui.

Je vins vivement à sa rencontre, Précieuse derrière moi.

« Enchantée de vous rencontrer, je suis Iris Lindley. Vous m'avez eu au téléphone. »

Je fis une mince révérence, imitée par Précieuse.

« Avez-vous des intentions particulières ? Quelque chose qui vous attire dans l'univers de la pension ? Aimeriez-vous vous diriger vers un endroit précis ? »

Un sourire sincère fendit agréablement mon visage.

Précieuse regarda le petit pokémon avec attention.

Elle a de la prestance. Une certaine aura... de noblesse ? Quelque chose comme ça. Tu te dis que tu n'as vraiment ta place dans cette conversation. Ou ici, dans cet établissement. Tu stresses, tu n'as peut-être pas l'éducation pour rester ici. Toi, faire une révérence ? Tu vas être ridicule (où faire tomber des cœurs d'après ton mentor).

"Des intentions particulières ?"

Tu es obligée de réfléchir quelques instants. Ta vie toujours autour des autres, pas de la tienne. Tu ne penses jamais à tes intentions.

"Je cherche surtout à découvrir le métier et l'environnement. Comme je disais, je ne connais pas du tout l'univers de la pension et je suis tout sauf formée à ce sujet."

Et pourtant, tu y trouverais ton chemin sans trop de problèmes. Car tu en as visité beaucoup. Pour y voler des pokemons. Tu connais bien la valeur émotionnelle de certains compagnons et ils font de magnifiques otages.

Setia va culbuter doucement sur la gardevoir. C'est sa manière de dire bonjour. Montrer qu'elle est un peu stupide (alors que ça n'est pas le cas).

"Mais je suis prête à écouter, vous suivre et apprendre du mieux que je peux."

Tu es plus adaptable que tu le penses. Tu apprends bien mieux que tu le penses aussi. Oui, tes talents pour le vol et le meurtre sont peut-être naturels, mais il était nécessaire de les aiguiser, de les améliorer. Et regarde le tir à l'arc, rien ne te prédisposait à ceci, et tu as pourtant un niveau plus que respectable.

« Donc vous êtes bien ouverte à tout. Je retiens cela. Si vous voulez bien me suivre, je vais instaurer les basiques. »

J'indiquai une direction avec ma main prothétique avant de prendre la direction en roulant doucement.

« Tous les pokémons ont besoin d'aide et tous les pokémons sont au même niveau. Arceus a beau être notre Dieu, je le sauverai autant que si c'était un Limonde blessé contre un arbre. Qu'en pensez-vous ? Je veux une réponse honnête, je saurai discerner un mensonge d'une vérité. »

Faux. Gardevoir pouvait néanmoins et elle m'en ferait part. D'ailleurs, cette dernière regarda Setia avant de caresser sa tête délicatement puis de suivre sa maîtresse et moi-même.

« Ensuite, si un pokémon sauvage vous attaquait, que feriez-vous ? Sans user de la force de quelque façon que cela soit, bien évidemment. »

Je lui souris en la regardant.

Tu souffles un bon coup. Respire. Tout va bien. Elle va tout t’expliquer. Ensuite, il faut reproduire. Rien de compliquer. Normalement. Alors, reste calme. Tu pourras paniquer... plus tard. Peut-être.

"Je dirai que je ne me sens pas vraiment concernée par tout ce qui est divin, mais je comprends le point."

Les dieux n’existent pas. Ou alors ce sont des connards. Tel est ton avis. Vu comment tu en as bavé dans la vie, tu doutes que les dieux vous regardent de manière positive.

"Pour moi il n’y a pas vraiment de différence entre les pokemons. À part ceux que je connais bien sûr."

Ce sont plus ou moins tous les mêmes. C’est comme ça. Tu as fini par prendre du... recul sur certaines choses.

"Ça n’est pas certain que je pourrai sauver un pokemon, mais c’est un autre sujet."

En vérité, tu es assez douée en premier secours. C’est un des avantages de se blesser souvent.

Pour le reste... c’est une question piège pour toi. Connait-elle ton passé ? Sinon, pourquoi poserait-elle la question ?

"Sans user de la force... peut être que Setia pourrait le calme. Je ne suis pas vraiment la meilleure pour utiliser les mots."

Déjà parce que tu n’es jamais calme, et ensuite parce que tes compétences sociales sont au plus bas. Parce que tu n’en as jamais vraiment eu besoin, et que la principale personne que tu voyais dans ta vie - et que tu idole - c’est ton "grand frère".

Une grimace. Comment cela "ça n'est pas certain que". J'avais énormément de mal à concevoir cela. Et même si je connaissais bien sûr mes pokémons et que je les aimais d'un amour inconditionnel, je sauverais autant eux qu'un pokémon abandonné. Si je devais néanmoins faire un choix... c'était autre chose.

« Peut-être ? J'apprécie et préfère les choses assurées, mademoiselle Masaki, mais soit. »

Je souris toujours en regardant le petit Okéoké.

« Est-il heureux d'avoir une consoeur Psy à ses côtés ? Avez-vous un type que vous affectionnez ? »

Demandai-je en regardant la jeune femme. Mes questions étaient pourtant précises et je pouvais savoir comment pensait la personne. Les premières réponses n'étaient pas ce que j'attendais mais je gardais un espoir.

J'étais très stricte quand le sujet concernait les pokémons et ma pension. Je ne pouvais pas prendre les premières personnes qui venaient et s'inscrivaient.

"Désolé, c’est juste que..."

Sans le vouloir,elle tape là ou ça fait mal : ta confiance en toi. Ta maigre confiance en toi. Tu n’es jamais certaine, jamais assurée. C’est peut-être la base pour beaucoup de personnes, mais pour toi, qui a eu quelques problèmes dans ta vie, ça n’est pas le cas. Le pire, c’est que tu recherches toujours la reconnaissance des autres. Surtout de ton grand frère. C’est même pour cette raison que tu es ici.

Tu respires un bon coup. Encore une fois. Elle doit sentir ton stress, la pauvre.

"Je suis rarement certaine de mes décisions."

Ça te demande du courage de dire ceci. Assumer que tu es faible. "Incomplète". Pourtant tu as fait d’énormes progrès à ce sujet. Mais tu restes bien "inférieure" à la plupart des humains. De toute manière, elle découvrira ceci à un moment ou as un autre.

"Je crois qu’elle est contente oui. Elle est bien plus sociable que moi."

Et voilà que tu te dégrades un peu. Les autres sont meilleurs que toi, encore et toujours...

"Je n’ai pas vraiment de préférence."

Tu aimes un peu moins les types psy, surtout ceux qui aiment bien fouiller dans la tête des autres, mais Setia te protège contre ceci.

"Mais s’il y a besoin d’une quelconque aide, n’hésitez pas. Je ne suis peut-être pas très douée, mais je suis prête à agir."

Tu auras pu enlever la première partie de ta phrase...

Elle s'était rattrapée, bon point et en prenant du recul, je comprenais son point de vue. J'attendis la réponse à toutes mes interrogations et j'eus pu faire un rapide lien...

Elle me ressemblait. À mes débuts. Les premiers.

Incertaine. Pessimiste. Hésitante. Sceptique. Dévalorisante.

J'avais très envie de claquer mon front pour ma bêtise. Mais l'hésitation, je visais lors de décisions importantes à prendre rapidement.

« Bien. Imaginons que vous avez une décision rapide à prendre, il faudra prendre sur vous et assurer. Je sais et comprends votre ressenti, totalement, j'étais ainsi à mes débuts, surtout ma première pension sur Unys, mais il faut avoir confiance en vous. Assurément. Je sens que je peux vous faire confiance. »

Encore une fois, je remerciai Gardevoir qui m'avait fait un signe discret que je savais pour m'indiquer que ses intentions étaient bonnes. J'étais méfiante surtout, encore, à cause des événements quelques mois auparavant.

« Je vous laisse aller au dôme Eau. N'hésitez pas à venir en aide s'il le faut. »

L'un des dômes les plus durs à venir en aide. J'étais vicieuse, sur ce coup, mais je voulais la voir en action.

« Cela vous va ? »

Tu stresses. Ton regard continue de fuir. Tu n’oses pas vraiment la regarder dans les yeux, de peur de... tu ne sais pas. Tu as peur de beaucoup de choses. De la froisser. De ne pas être jugée "utile". Ca voudrait tire que tu lui fais perdre son temps. L’horreur.

"Ho, je sais faire ceci... quand je connais le sujet."

La preuve. Le vol. le meurtre. Tu es directe, tu réagis et tu t’adaptes aussi rapidement qu’efficacement. Mais dès que c’est quelque chose que tu ne connais pas, tu paniques. Alors que tu pourrais relativement facilement gérer la chose si tu restes calme. Mais ça viendra avec le temps.

"J’espère ne pas trahir votre confiance."

Ce point est important pour toi. Cette peur de décevoir les gens, encore et toujours.

"Pas de soucis, je vous suis."

Tu espères que tu vas être utile. Tu ne vois pas pourquoi ça serait plus dur avec un type en particulier qu’un autre, mais encore une fois, tu n’y connais rien.

« Si vous la trahissez... »

… vous le regretterez. Mais je n'étais pas ainsi. Je n'étais pas de ce type, Lise l'aurait dit, et peut-être plus vulgairement. Mais bref.

« … je n'aimerais pas que ce soit le cas. Mais vous pourrez vous attendre à des représailles. Quoi qu'il en soit, ça n'arrivera pas ! »

Je souris en me dirigeant vers le dôme Eau. Un hyporoi volait au-dessus de l'immense bassin, l'air sévère, avec des pokémons se reposant sur la paroi rocheuse offerte par le dôme aussi. J'entrai, la paroi rocheuse était droite sur quelques mètres, me permettant de venir de temps à autre.

« Hyporeine, quelque chose à signaler ? »

À son nom, le pokémon arriva rapidement et pointa l'eau de sa trompe. Je penchai la tête pour ne rien voir de spécial.

« Euh, tu sais que je viens seulement d'arriv- »

De l'eau, en abondance, s'éleva rapidement et commença à descendre sur nous en abondance.

« Céleste, votre Okéoké ! »

Gardevoir tendit ses bras pour faire redescendre l'eau dans son élément au lieu de nous, Hyporoi cracha de l'eau pour contrer une autre partie et la faire aussi descendre, mais il restait une mince partie à dégager.

Si son Okéoké réagissait avec retard, ou si elle ne donnait pas l'initiative, on serait malheureusement trempés.

Sa menace ne s’en sonne pas comme une vraie menace. Tu le sens. L’habitude d’en faire, surement. La violence est un langage, et rien ne trahit qu’elle est prête à faire du mal, dans ses gestes et dans sa voix. Ça te rassure un peu, bizarrement. Mais ça ne devrait vraiment pas être le cas.

"Oui, ça n’arrivera pas."

Il faut y croire. Ou au moins, faire semblant d’y croire. Ça permet d’accomplir des miracles. C’est parfois dur d’avoir le moral. Dans tout les cas, le dôme eau est très joli. Tu ne savais pas à quoi t’attendre, mais c’est sans aucun doute plus accueillant et largement plus magnifique que tout ce que tu pouvais imaginer.

"Il y a quelque chose de bizarre ?"

Oui. Tu finis par comprendre. Trop d’eau, trop de vague. Les pokemons réagissent. Ça n’est pas parce que Setia est petite de taille qu’elle ne sait rien faire. Une bonne rune proteste vous protégera de l’eau. Et toi, tu t’es décalée pour littéralement couvrir avec ton corps Iris. Au cas au ou, si jamais quelque d’imprévu ce passe. Ta vie ne vaut rien en comparaison de celle des autres. Une fois tu avais encaissé un coup qui était à destination de ton "grand-frère", et tu as failli y passer. Il t’a fait promettre de ne jamais refaire ceci, mais... rien n’a changé.

Résultat des courses ? Malgré les efforts de tout le monde, tu te fais un peu tremper. Mais pas une goutte ne touche ton employeuse. C’est le plus important.

"Ça va ? Pas mouillée ?"

C’est plus à toi qu’il faut poser la question...

Je m'attendais à diverses suites de cet événement ; que le Okéoké réagirait comme demandé, que mes pokémons réussissent à grandir leur champ d'action, que je fusse poussée au loin...

Non. Céleste prit l'option de s'utiliser comme bouclier humain, j'entrouvris les lèvres mais rien ne sortit car tout arriva déjà. Elle reçut une partie de l'eau, je la regardai à la fin, Gardevoir se pencha vers l'eau, suivie d'Hyporeine.

« Alors, je ne pensais pas que vous feriez une telle chose. Et en imaginant que la surprise vous aurait figé, je ne vous en aurais pas voulu du tout mais... avez-vous été beaucoup mouillé ? Avez-vous besoin de vêtements de rechange ou autre chose ? »

J'eus une grimace en me disant que cela ne devait pas arriver.

"Je n’allai pas vous laisser être emportée par la vague."

Tu vois le pire, pour changer, mais c’était théoriquement possible. Tu penses toujours au pire, c’est comme ça. Et pour éviter les catastrophes, il faut agir. C’est un des avantages de ton stress permanent, tu restes rarement inactive trop longtemps.

"Ca va, j’ai connu pire."

Ça n’est pas vraiment une réponse à la question. C’est surtout que tu n’as pas envie de gène. Oui, tu es mouillée, mais ça n’est pas très grave. Au pire, tu tomberas malade et puis c’est tout. Non, ça n’est pas vraiment une bonne façon de penser.

"Ça ira, merci. Je n’ai pas envie de déranger. Surtout s’il faut réparer quelque chose pour éviter que ça empire."

Il s’est forcément passé quelque chose, mais quoi ? Tu n’en as aucune idée. Peut-être que l’hyporoi avait la réponse à ta question.

« Connu pire ? Et je ne pense pas tomber dans l'eau... enfin... »

J'eus un très mauvais frisson, pour bien nager, il fallait avoir ses bras et jambes disponibles, j'avais une moitié en moins et n'étais pas forcément la plus musclée pour nager en soutenant mon corps. Ce qui signifiait que si je tombais dans l'eau, soit j'étais proche de la terre ferme et je me ramenais vite, soit... soit ma vie était en grave danger.

« Quoi qu'il en soit, je ne comprends toujours pas ce qui se passe. Hyporeine ! Que se passe-t-il ? »

Mon pokémon pointa l'eau et un Crustabri sortit en ayant un visage sadique.

« Pourquoi fais-tu cela ?! Dis-moi ce qui se passe ! »

Crustabri prit une inspiration pour lancer Hydrocanon mais mon pokémon se mit devant nous pour répondre avec la même capacité, éclaboussant les alentours. Certains pokémons eurent des tics d'énervement.

Tout allait vite dégénérer.

« Disons que j’ai eu des parents... particuliers. »

C’est faux, mais c’est un mensonge que tu lances souvent. Ils sont morts, ça permet de justifier pas mal de choses. Mais tu les aimes toujours. Tu n’as pas vraiment... reçu grand-chose d’eux, au niveau comportemental, mais ça ne change rien. C’était ta famille, tout comme ton mentor est ton grand frère.

« Mais c’est du passé, c’est différent maintenant. »

Maintenant tu sais te défendre et c’est toi qui apportes - certes indirectement - le malheur aux autres.

« Elle semble bien agitée. »

Ça, tout le monde pouvait le deviner. C’est plus pour dire que tu comprends bien qu’il y a un problème. Et le problème, ça devient très simple : un pokemon agressif.

Tu n’es pas connue pour être calme. Ni pour être patiente. C’est donc un ordre prononcé de manière froide qui quitte tes lèvres. Et une riposte de la part de Setia plus tard, le crustacé git par terre, assommé. Non, tu n’es pas assez cruelle pour le tuer, tout de même. Ça serait de la violence gratuite. Enfin, plus gratuite qu’elle ne l’est déjà.

« Désolé, je ne voyais pas vraiment d’autre solution... »

Au moins le problème est réglé... pour l’instant. Régler les problèmes comportementaux n’était pas vraiment ta spécialité. Pas du tout, en fait.

Je mettais des tests quand je pouvais et sans que cela ne fût dangereux pour évaluer mes employés, futurs salariés, et des personnes qui se disaient aimantes des pokémons. Les belles paroles sont faciles à falsifier, mais face à une situation, c'était votre corps qui réagissait par habitude, pas la parole.

Je ne les testais pas par sadisme, pas arrogance de dire « Moi j'aurais géré cela » ou « Moi je n'aurais pas fait comme ça », non, chacun avait sa méthode, mais je ne prenais que les vrais amoureux des pokémons. Je ne pouvais pas me permettre de prendre le premier venu, celui qui s'en moquait un peu, celui qui les voyait comme des animaux grand maximum.

Crustabri se retrouva endormi, et je ris légèrement avant d'applaudir.

« Félicitations, mademoiselle Masaki. Vous avez été brillante. C'est une réaction facile, normale et justifiée. Un pokémon trop facilement énervé retrouve son calme dans le sommeil. J'aurais probablement fait la même chose. Il faudra que j'aille personnellement voir ce pokémon pour savoir quel problème avait-il... »

Chaque réaction était engendrée par une action. Mais laquelle, pour ce cas de figure ?

Je soupirai légèrement.

« Vous n'avez pas besoin de vêtement de rechange ? Ou de vous reposer ? Ce n'est pas évident, Céleste. »

On t’applaudit. Pour ta violence. Tu frissonnes un peu. Ça n’est pas de la faute d’Iris. Elle ne peut pas savoir que... ton métier... C’était pire quand tu étais petite. Que tu recherchais de manière désespérée l’appréciation de ton mentor. Et c’était dangereux. Le genre "regarde je les ai tous tués et tu n’as même pas eu besoin de lever le petit doigt". Tu as toujours eu ça dans le sang, et il t’a ouvert à ce monde. Maintenant... c’est bien mieux. Tu fais ce qu’il faut, pas ce que tu pourrais faire dans ce domaine. Enfin bon, reprends-toi. Tu as bien fait. Accepte le compliment.

"Heum... merci."

Tu joues un peu avec tes cheveux, gênés.

"J’espère ne pas lui avoir fait trop de mal. Je ne voyais vraiment pas autre chose..."

Arrête de t’excuser. Tout va bien. Tu as eu raison. Une chose incroyable, c’est sur. Mais c’est normal également.

"Pour discuter avec lui, je vous laisse faire. Je crois que je me répète, mais moi et les mots..."

Tu peux être plus douée que tu le penses, s’il y a besoin et dans certains contextes très précis.

"Non non, vraiment, ça ira."

Au pire, tu tombes malade. Rien de grave. Pour toi. Pas pour les autres.

"Je peux continuer la visite et vos tests, vraiment. Aucun problème."

Tu n’as pas envie de la retarder, encore une fois.

« Mais non. Le sommeil est la méthode la plus douce pour mettre KO, d'une certaine façon. »

Sauf si le pokémon en question tombait de haut ou si on enchaînait avec Dévorêve mais nous n'en étions pas à ce point.

« Je le ferai. J'apprécierais que vous soyez là pour voir les méthodes que je peux user mais soit, si cela vous gêne, je peux comprendre. »

J'eus un sourire gêné.

« Le... ce pokémon, je ne sais pas pourquoi il est ainsi. J-Je ne fais pas des tests tout le temps ! La sincérité a toute sa place dans ce métier ! Je ne suis pas si horrible à faire tant de tests... »

Je grimaçai légèrement.

« À ce point ? Je suis navrée. Je ne sais pas si je l'ai déjà dit mais je ne peux pas prendre le premier venu, je ne sais pas ses intentions, sa volonté, ses hobbies. »

Je soupirai légèrement.

« Avez-vous un type en particulier où vous ressentez des difficultés à l'affronter ? »

Je commençai à sortir du dôme, je lui faisais confiance, oui, elle avait excellemment bien réagi, mais bon, le reste était à voir.

Sa métaphore te fait un peu sourire. Oui, tant que le sommeil n’est que temporaire, c’est une bonne solution. Mais elle ne pense certainement pas à la chose... définitive. C’est toi, qui penses bizarrement. Enfin, différemment de la "norme".

"Non, non, vraiment, il n’y a pas de problème. Et je ne suis pas grand-chose de prévu d’autre de toute façon, donc je préfère en profiter pour apprendre au maximum."

Aucun mensonge, ce n’est la pure vérité.

"Ça n’est pas très grave, ce qui compte c’est que ce soit réglé pour l’instant."

Tu répètes les mots de ton grand frère. Tu n’es pas assez maligne pour penser ainsi par toi même. C’est l’un des avantages de ton caractère, tu copies les bons comportements des êtres qui te sont chers... mais aussi leurs points négatifs.

"Non non, vraiment, il n’y a aucun problème, peu importe votre décision."

Tu seras déçu, c’est sur, mais ça devrait aller. Surement. Tu as connu pire, certainement. Au pire tu déprimeras une semaine, voilà tout.

"Aucun. J’ai appris à affronter la plupart des pokemons, peu importe leur type ou leur catégorie."

Tu ne veux pas qu’elle pose trop de questions à ce sujet. C’est un peu risqué, mais c’est comme ça.

« Vous avez dû en affronter ? J'ai connu ça aussi, plus jeune, j'avais failli me faire avoir plus d'une fois, mais au bout d'un moment, à force d'observer, vous saviez comment bouger et/ou vous défendre... »

Je lâchai un petit rire en roulant.

« Heureuse de savoir qu'aucun type ne vous donne pas envie. Cela aurait pu être problématique si j'avais besoin de vous sur le terrain. Nous allons dans le dôme Feu, cela nous réchauffera et vos habits seront secs. »

Je fis un clin d'oeil en étant heureuse de ma décision, y allant car littéralement, c'était le dôme à côté. Je rentrai pour saluer ma Goupelin qui s'amusait avec des pokémons.

« Nous venons prendre une petite pause. »

Un Grotichon vint voir Céleste pour faire le beau, prenant quelques poses en espérant l'impressionner. Je souris tendrement en voyant la scène.

"Pour différentes raisons, oui."

Inutile d’expliquer pourquoi tu as dû en affronter. Non, il ne vaut mieux pas en parler. Après tout, il existe plein d’explication légale qui peut mener au tabassage en règle d’un pokemon. Les arènes, les combats pokemons, ce genre de chose. Rien d’extraordinaire ou d’inhabituel.

"C’est l’avantage de ne pas avoir de type préféré, je suppose."

Tu n’es pas très convaincu par ce que tu dis. Oui, tu as un tout petit faible pour les psys - Setia oblige -, mais c’est tout. Pas d’attirance, pas de dégout particulier pour le reste. Avoir un peu plus chaud dans le dôme feu est un bon bonus.

"La question est surement stupide, mais pourquoi les séparer ainsi ? N’y a-t-il pas une meilleure intégration en les mélangeant ?"

Combiner des mondes différents, quelque chose dans le genre. Peut-être que tu es un peu idéaliste. Au moins, tu souris un peu avec le grotichon. Il est un peu ridicule, mais il fait de son mieux. Comme toi. Donc tu le comprends.

"Je m’attendais à voir une mer de flamme quelque part. C’est une bonne nouvelle qu’il n’y en ait pas."

Tu n’y connais rien, alors tu imagines beaucoup de choses. Et tu es curieuse, tu aimes bien savoir comment tout ceci marche (même si tu ne vas pas forcément comprendre grand-chose).

« Toute question a sa bienvenue avec moi, surtout si cela concerne la pension. J'ai créé un dôme "basique", "normal", pour les pokémons qui sont ouverts aux autres. Il est sous surveillance, peut-être même plus que les autres au cas où ça dégénère, mais j'en ai bien un. Certains pokémons, aussi, doivent avoir leur milieu de vie naturel sinon ils peuvent en mourir ou dépriment. »

Je regardai ma Goupelin et lui fis signe de reculer. Cette dernière s'inclina avant de s'exécuter.

« Il y a, mais cachée. Plus on s'enfonce dans le dôme, plus la chaleur est extrêmement intense. Ainsi les pokémons nécessitant une chaleur proche d'un volcan sont contents, et ceux qui préfèrent les chaleurs douces restent ici. Regardez ma Goupelin. »

Plus elle s'éloignait de nous, plus son pelage prenait feu jusqu'à lui créer une splendide et rayonnante robe de flammes qu'elle portait avec fierté.

« Ce sera suffisant ! »

Elle revenait alors.

Le Grotichon était fier que Céleste fût réceptive. Il crachait de la fumée noire par ses narines avant de tousser soudainement et rire de sa bêtise.

« Il semble vous apprécier. »

Ris-je en me tournant vers elle.

« Prévoyez-vous d'ajouter des pokémons à votre équipe ? Si oui, lesquels, si vous me permettez ? »

"Je vois. C’est vrai que la cohabitation ne doit pas toujours être simple."

Forcément, tu te prends comme exemple. Si on te met dans un environnement inconnu, tu déprimes. Tu as fait une véritable crise lors de ton déménagement, et même aujourd’hui tu appelles tous les jours ton mentor, autant pour prendre des nouvelles que pour te calmer. Quant à aller ver su autre... ça te demande un vrai effort.

"Je vois. Mais un volcan, ça n’est pas quelques milliers de degrés ?"

Tes derniers cours remontent au collège. Même si tu es curieuse, tu as finalement assez peu de connaissances. Tu as un sacré retard à ce niveau-là.

"Car ça doit être dangereux d’intervenir dans de telles conditions."

La chaleur et le froid, ça tue. Tu en as fait l’expérience. Mais ça peut être aussi très joli, comme le montre la goupelin.

"Bizarrement j’ai plus de facilité avec les pokemons qu’avec les humains."

Parce qu’ils jugent moins. Et que Setia joue les médiateurs.

"Pour l’instant, aucun. Setia me tient vraiment à cœur, et je n’ai jamais eu... besoin d’autres pokemons."

Surtout, tu es consciente que ça serait dangereux pour eux. Ca n’a pas l’air, mais Setia te gère, et t’empêche de... faire des bêtises, disons.

"Et je ne pense pas que j’ai le courage, les compétences et... la capacité mentale à m’occuper d’autres pokemon."

Tu ne dis pas que tu es stupide - tu ne l’es pas -, mais tu parles bien de tes conditions. Ta fatigue permamante, ton instabilité, tes obsessions... tout ceci ne joue pas en ta faveur.

J'eus un léger sourire au « quelques milliers de degrés ».

« Certes, mais nous serions surprises des conditions physiques de certains pokémons, dans tous les extrêmes possibles, que ce soit le chaud, le froid, venteux, etc... »

Je haussai les épaules.

« Mais je trouverai toujours quelque chose pour intervenir ! »

Léger clin d'oeil, je n'avais pas de réponse concrète mais je trouverais, assurément.

« Vous avez raison. Ça ne sert à rien d'avoir des pokémons pour dire que la collection s'agrandit bêtement. Vous avez bien raison et je soutiens cela. »

Je lui fis un sourire chaleureux, je passai le regard sur ses vêtements pour savoir si elle avait un peu séché ; il semblerait.

« Nous avons bien avancé. Vous pensez que je peux vous laisser seule ? Au cas où, car je peux être appelée à tous moments. »

"Ça n’est pas pour les pokemons que je m’inquiète, plus pour vous, si jamais vous devez intervenir."

Ou même les autres pokemon. Tu penses aux combinaisons que tu as déjà vues à la télévision, celles pour les volcanologues. Peut-être qu’elle a une combinaison équivalente ? Non, ça n’est pas logique : elle est en fauteuil roulant. C’est totalement impossible. Donc... tu passes. Tu vas te faire des nœuds de cerveau à force. Si elle dit qu’elle peut toujours intervenir, tu la crois, c’est aussi simple que ça. Tu fais un peu pareil avec ton grand frère, mais lui tu lui fais toujours confiance.

"Exactement, c’est mon état d’esprit. C’est dangereux pour tout le monde sinon."

Oui, tu as déjà été violente avec Setia. Très violente. Et tu t’en veux à vie maintenant. Alors plus jamais. C’est une promesse que tu as faite. Tu la tiens pour l’instant.

"Si vous pensez que c’est bon, ça ne me gêne pas."

Pour une fois, tu as un peu confiance en toi. Est-ce que tu te sens prête ? Pas vraiment non plus. Mais au bout d’un moment, il faut oser.

"Mais pour être certaine, concrètement, qu’est ce que je dois faire ? Les surveiller ?"

Ça n’est pas que tu n’as pas écouté, c’est que tu veux confirmer. Tu as vraiment peur de faire n’importe quoi.