histoire

Quoi encore, mon histoire ? soupira Mark tandis qu’il quittait la zone industrielle de Voltapolis pour se diriger vers le commerce le plus proche. Son cerveau était occupé à trier un à un ses souvenirs les plus importants, tellement d’ailleurs que Manson dut l’attraper par l’épaule pour stopper sa réflexion et lui faire signe qu’il partait dans la mauvaise ruelle. Puis de nouveau, la fouille mémorielle reprit de plus belle. Évoquer son enfance, discuter de son départ ou même débattre de ses mauvais choix dans la vie. Rien de tout cela ne paraissait glamour pour un auditeur selon Mark, et c’est en franchissant les portes automatiques de l’épicerie que l’illumination le frappa.  

 À quand cela remonte-t-il, à ses six ou sept ans peut-être ? La pluie qui tombe à grosses gouttes, les joues rouges, ce froid glacial qui parcourait son corps et le sang sur la boue. Il avait fait une bêtise, il ne se rappelle plus laquelle mais il en était persuadé. Encore enfant, il avait cassé quelque chose de précieux dans la maison, s’était blessé à l’épaule et avait fuit dehors pour échapper à ses parents. Sans doute devoir rester dans la maison toute la journée à cause la météo l’avait rendu encore plus actif que d’habitude, enfin peu importe, fuguer n’était en rétrospective pas la meilleure idée. Mais Mark ne regretta jamais cette décision pour autant.

Cette fuite le mena loin sur l’ile, au plus profond de la jungle sombrefeuille qui n’avait jamais aussi bien porté son nom qu’aujourd’hui. Il avait courut pendant ce qui lui avait semblé être des heures à travers la flore d’Akala, dans des vêtements légers désormais imbibés d’eau. Mais au moins il échapperait à la punition se répétait-il comme maigre consolation de ce périple infernale. À bout de forces, il s’évanouit à l’abri sous la souche d’un immense arbre. Tout devint noir et silencieux malgré le déchainement des éléments autour de lui.

À son réveil ses vêtements étaient secs, il avait chaud et un horrible mal de crâne lui martelait les tempes. Face à lui, une étrange créature simiesque blanche et lilas dormait dans un coin. Ils se trouvaient dans ce qui semblait être l’intérieur d’un tronc, grossièrement aménagé comme un salon humain. Avec un rocher en guise de table, des spododo en guise de lampes et un gros bout d’écorce recouvert de paille faisant office de lit, sur lequel Mark siégeait actuellement. Au début apeuré par l’imposant pokémon, Mark tenta une fuite discrète qui échoua lamentablement à cause de pied se prenant dans une racine. À peine éveillé, le singe murmura un mot étrange et partit chercher quelque chose dans la pièce. Il s’approcha de ce qui lui apparut comme étant une tentative de reproduction d’un frigidaire en bois, et en sortit des fruits qu’il posa ensuite sur la table.

Un repas interminable commença, où Mark se forçait à manger par peur d’éviter ce singe au regard terrifiant qui le fixait avec une expression étrange. Une fois rassasié, il voulait s’enfuir de nouveau mais l’étrange pokémon insista pour retourne au lit. Ainsi s’écoulèrent plusieurs jours de « captivité » pour Marc, qui ne put s’empêcher de sourire à ce souvenir tout en attrapant un pack de 6 dans sur une étagère. L’idée que Manson ait pu l’effrayer quand il était jeune l’amusait au moins autant qu’elle le gênait.

Le caissier lui lança un regard intrigué en voyant l’homme prendre seulement des bières et des bananes, puis commença à lui jeter un regard noir quand celui-ci réessaya pour la quatrième fois d’utiliser sa carte de crédit visiblement expirée pour payer. Au moins le dresseur avait apprit à fuir depuis toute ces années, car en un instant celui-ci attrapa l’alcool et les fruits et se précipita vers la sortie. Son corps passa à quelques centimètres de l’agent de sécurité mais évita habillement son étreinte, avant de décamper comme un linéon. Manson pendant ce temps, dépité de son dresseur, regagna leur squat avec lassitude en établissant clairement son absence de lien avec cet étrange individu.

Mark regagna le squat une dizaine de minutes après, ayant fait plusieurs détours pour être sûr d’avoir perdu ses éventuels poursuivants. Il jeta un regard en biais à Gouroutan l’air de s’excuser sans plus, avant de lui demander :

-Tu te rappelles d’Akala ? De quand tu m’as trouvé dans les bois, qu’on à continuer de se revoir après cela et de toutes les choses que tu m’as enseignés.

Manson, loin de prendre cela comme un compliment, poussa un grognement agacé. Le pokemon n’avait pas oublié l’erreur qu’il avait commise des années auparavant et en tirait une profonde honte. Car c’était lui qui avait permit à Mark de la capturer, en essayant lui-même de capturer l’humain à l’aide d’une pokéball. Le singe voulant alors imiter les dresseurs qu’il avait croisé dans sa vie. Il attrapa une banane, une bière et trinqua avec son dresseur dans la honte mais aussi la joie, à tous ces souvenirs ensembles, eux qui se connaissaient depuis maintenant une quinzaine d’années. Mark recracha brutalement la boisson quand il réalisa que peut-être son histoire était insufisante, il réfléchit un instant et soupira en comprenant qu’il devrait expliquer le pourquoi et le comment de sa situation actuelle.

Cette histoire le rendait fou de rage rien qu’en y repensant, la traversé des mers en avion pour gagner cette nouvelle région, la tête bourrée de rêves de richesses. Tout les livres de dressages, les accessoires et la nourriture spécialisé qu’il avait acheté à son arrivé. Juste avant de se rendre compte qu’il venait de gaspiller tout son argent mis de côté pendant des mois comme un abruti en comptant le cout de la vie et le billet d’avion. Et pour achever le tableau, le peu qu’il restait sur son compte fut dilapidé dans l’achat d’un néon, que l’homme espérait placer sur sa pension avant même de réaliser qu’il n’avait plus l’argent pour se procurer la dite pension. Le voilà désormais, seul avec son Gouroutan dans un vieil entrepôt désaffecté, avec pour seule consolation un panneau éteint  « Pension Pokemon » trônant devant la façade et du matériel de dressage.