Leonard devient rouge mais je ne vois pas pourquoi. Je lui demande juste de m’aider à retirer ma robe. Je fouille dans ma mémoire à la recherche d’une raison qu’il aurait évoqué concernant les tenues, mais rien ne me vient.

Mais il m’aide tout de même, les mains tremblantes. L’important c’est que la robe tombe au sol et je me tourne vers lui avec un grand sourire avant de devenir perplexe. En sous-vêtement dans la salle de bain, je regarde Leonard reculer.

Qu’est-ce qu’il y a ? T’es tout rouge. Attend, j’ai encore besoin de toi pour enlever ma brassière. Et tu ne veux pas prendre une douche aussi ?

Je lui attrape la main et le tire vers moi. Je ressens encore un frisson à son contact. L’odeur qui se dégage de lui me fait froncer les sourcils. Tu pues en plus. Un sourire malin se dessine sur mon visage. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, mais de toute façon, je ne peux pas laisser Leonard dans cet état. Il a bien dit qu’il était là pour m’aider.

Je vais avoir besoin d’aide là. Je désigne une cabine et l’ouvre. Je tire Leonard par le bras pour qu’il regarde et me passe devant puis le force à entrer avant d’allumer la douche sur lui en riant.

Mon rire s’arrête lorsque je glisse sur le sol mouillé et trébuche pour m’écrouler dans les bras de Leonard à quie je m’agrippe comme je peux.

Je reste coller à Leonard mais ce n’est pas vraiment pour sentir son corps contre le mien. Il y a un peu de ça mais surtout, j’enrage de ma chute qui vient de briser ma blague. Et puis Leonard ne rigole, si ça se trouve ce n’était pas drôle. Pourquoi j’ai fait ça ? J’ai tout gâché à vouloir faire des trucs que je ne sais pas faire. J’aurai dû me débrouiller toute seule pour me déshabiller. Qu’est-ce qu’il m’a pris d’agir ainsi ?

Je sers les dents de colère. Je suis vraiment trop stupide. Leonard va me trouver complètement cloche encore une fois et certainement partir. Non, il est trop bête pour ça. Il va certainement rester là comme un plot à attendre que ça se finisse puis partir en priant pour que plus jamais je ne contacte, chose que je ferai car je me suis bien trop humiliée devant lui.

Je sens ses doigts sous mon menton et une petite force qui veut me relever la tête. Je résiste car je ne veux pas regarder son regard. Je ne sais pas s’il sera plein de bêtises habituelles ou alors il aura changé en quelque chose de plus scrutateur ou sermonneur.

Mais il insiste, et quand je plante mon regard frustré dans le sien, tout ce que je vois, c’est sa naïveté, sa stupidité et tout ce que je peux lui pardonner et faire pour le garder avec moi. Je lui rends timidement son sourire et il m’embrasse doucement. Je ferme les yeux en sentant mon corps se détendre mais je ne peux pas lui rendre un baiser car tout aussi tendrement, il m’éloigne un peu.

Je ressens comme de la déception à sentir déjà son corps s’éloigner du mien mais surtout de la gêne. Qu’est-ce que je dois faire ? Est-ce que je dois me rapprocher de nouveau pour avoir un nouveau contact ? Ou bien m’éloigner plus.

Encore une fois, le jeune homme me vient en aide en prenant les devants. Je lui souris timidement.

Ce n’est pas si compliqué. Le plus embêtant et de passer le plâtre. C’est comme enlever un T-shirt. Tiens tu prends ici et tu tires vers le haut.

Je place les mains de Leonard sur le bas de la brassière et lève les bras. Le sous-vêtement s’en va et après avoir résisté au niveau du plâtre et enfin enlever.

Tu vois, ce n’était pas si difficile. Je vais chercher le savon pendant que tu te déshabilles, puis je… Tu veux peut-être prendre ta douche seul non ? C’est des cabines individuelles après tout. Je n’ai jamais eu de problèmes avec l’intimité et je ne peux pas imaginer la gêne de Leonard de me voir juste habillée d’une culotte. Mais l’étroite cabine me rappelle que certaines personnes aiment se laver seules et sans vis-à-vis et que Leonard en fait peut-être partie.

Je sors de la cabine pour prendre un savon à lui passer avant de percuter un truc et me retourner. Tu n’as pas de vêtements de rechange ! Et je t’ai complètement mouillé. Je suis vraiment navrée, je n’y avais pas pensé. C’était stupide de ma part. En plus il fait froid dehors, si tu sors mouillé, tu vas tomber malade certainement. Attends, ce n’est pas grave j’ai une idée. Lave-toi. Je lui jette un savon et entre dans une douche.

Je me lave aussi vite que possible, sans faire attention à mon plâtre qui prend l’eau mais je m’en fous. Une fois que je suis sûre que l’odeur a disparu, je sors et une fois sèche, me glisse dans mes vêtements.

Bouge pas de là Leonard, je reviens tout de suite.

Je cours jusque dans ma chambre etrécupère une couverture et retourne à la salle de bain. Je t’ai pris une couverture en attendant que tes vêtements sèchent. Comme ça tu n’auras pas froid. On peut finir de manger dans la chambre si tu veux.

Je ramène Leonard à ma chambre où nous nous installons sur le lit. Sur la route, j’ai eu le temps de détailler son corps et je dois avouer que s’il n’est pas gras, il n’est pas musclé non plus. Au dojo, les garçons avaient des poitrines bien plus impressionnantes et des bras bien mieux sculptés. Est-ce que Leonard est malade et a donc de petits membres ? Ce n’est pas pratique pour partir à l’aventure.

Avant de m’asseoir sur le lit, je dépose les courses qu’il nous reste en les lançant dans le sachet pour nous préserver de l’odeur puis m’installe en face du jeune homme et je me mets à le fixer en souriant bêtement, droit dans les yeux. Je ne me rends pas compte de ce que je fais mais mon sourire s’agrandit lorsque je vois que Leonard me sourit aussi.

Et je sursaute lorsqu’il s’exclame sur mon plâtre. Je lève le bras pour regarder l’objet en question m’attendant à voir quelque chose d’incroyable ou monstrueux dessus mais il n’en est rien.

Que j’entends la suite, je baisse le bras et lance un regard glacial et menaçant à Leonard.

Ça ne va pas bien de crier comme ça ? T’es pas bien dans ta tête ?

Je souffle profondément. T’es vraiment trop bête. Qu’est-ce que tu veux dessiner dessus ?

Je lui tends le plâtre en l’écoutant parler. Je ne comprends pas vraiment ce besoin qu’il a de parler pour ne rien dire mais ça me plait et le sourire me revient jusqu’à une nouvelle exclamation.

Je sursaute de nouveau et retire brusquement mon bras. Mais tu vas arrêter de me faire peur comme ça ? Et de quoi tu parles ? Je n’ai jamais rencontré de Suicune. Je peux difficilement l’avoir dans mon téléphone.

Puis je me souviens des photos que j’ai prises, les peluches, les livres. Je pris une mine surprise. Oh… Tu parles de ça. Euh… Je rougis. C’est un truc de gamins les peluches. Et puis c’est ridicule comme idée. Tu arriverais à m’en dessiner un sur le plâtre ? Demande-je timidement.

Tu crois que tes vêtements vont sécher vite ? Parce qu’il fait froid dehors et… Tu rentres chez tes parents ce soir ? Ou tu devais dormir quelque part. Parce que sinon, il y a de la place… tu sais… au Centre.

Je regarde Leonard fouiller dans son sac en prenant garde à ne pas se montrer nu. J’ai bien regardé dans le dortoir, pour l’instant, il n’y a que nous alors je ne vois pas vraiment de quoi il veut cacher sa nudité. Mais je ne pose pas de questions, si je ne me trompe pas, certaines personnes n’aiment pas se montrer nu, je ne vois pas bien pourquoi mais bon.

Je reprends mon téléphone et lui montre les images qu’il me demande. Mais à peine je lui montre il se met à trifouiller dans mon téléphone. Je m’alarme, un peu énervé.

Mais attends! Qu’est-ce que tu fais ? T’es où dans mon téléphone là ? Tu fais quoi ? Je n’ai jamais explorer mon téléphone. Ce qui m’intéresse, c’est le répertoire, le téléphone et depuis peu les SMS (merci Yokoss). Et du coup je ne sais où il est et comment il est arrivé dans ces affichages.

Comme je m’y attendais à moitié, ce crétin n’a rien prévu. Mais au lieu de froncer les sourcils, j’ai envie de sourire. C’est un crétin, mais c’est mon crétin.

Cette pensée me crispe. Il n’y a que peu de personne à qui je me suis attachée, et même moi, je peux compter leur nombre : deux. J’ai plus d’amis Pokémon dans mon équipe que d’amis humains, simplement parce que je ne leur fais pas confiance. Et là, je suis carrément en train de refaire la même erreur que quand j’étais petite. Yokoss est devenue ma famille et Leonard est ce qui compte le plus pour moi après Vulca. Une certaine angoisse me serre le cœur.

Je regarde le jeune homme regarder le lit pour une durée qui me semble infinie. Et moi je le fixe d’un air incrédule et un peu inquiet. Puis il revient vers moi pour me poser une question. Je ne l’entends pas vraiment et si j’avais écouté, j’aurai eu une réponse à faire mais ce n’est pas le cas.

Je ne sais pas. Je souffle avant de regarder vers ses mains et mon plâtre. Dis, Leoanrd… Mon cœur bat de plus en plus fort, de plus en plus vite. Je vais lui poser une question et non seulement j’ai peur de la réponse, mais je crains aussi de poser la question. J’ai peur de la sincérité de Leonard. En un sens, j’aimerai qu’il me mente, pour rassurer, d’un autre côté, je préfèrerai la vérité, pour être sûr de ne pas être déçue plus tard.

Leonard… Qu’est-ce que… Est-ce qu’on… Je n’y arrive pas. Je n’ose toujours pas le regarder. Tu es très important pour moi. Et je n’ai pas su toujours te le montrer, ni me comporter gentiment avec toi. Pourtant aujourd’hui on…  Wouah c’est difficile. Qu’est-ce qu’on est ?

Je pense que j’aurai du me contenter d’écouter sa question et d’y répondre.

Leonard garde le silence un certain moment et je commence à douter de la situation. Je n’aurai peut-être pas dû lui poser la question, ou alors j’aurai dû le faire différemment. Peut-être qu’en réalité, Leonard ne m’aime pas et que je ne l’aime pas. Peut-être que c’est dû à l’instant, qu’il y a eu des circonstances qui ont fait qu’on aurait pu croire qu’on s’aimait. Mais si Leonard n’en ai pas sûr et moi non plus, c’est possible qu’on se trompe.

J’hésite à reprendre la parole, mais pour dire quoi ? Certainement qu’il doit oublier ce que j’ai dit et plutôt me dessiner sur mon plâtre. Non, ce n’est pas bien non plus. Juste oublier ce que j’ai dit et aller voir à l’accueil s’il peut rester pour la nuit.

Mais je n’en ai pas besoin, car le jeune homme prend la parole. Je le regarde avec insistance, plongeant mon regard violet dans le jeune de ses yeux. On a dépassé le stade d’amis. Cela me rassure et m’inquiète à la fois. Je n’ai pas tant d’amis que cela en réalité. Si Leonard n’en est plus un, c’est un drame en soi, bien que nous restions proche, bien plus proche.

Je ne le vois pas triturer ses mains. J’attends juste la suite. Il y a une suite j’espère. Il ne peut pas se contenter d’une réponse aussi simple. Je viens de lui exposer mon cœur, il ne peut pas juste me faire une phrase en réponse.

Heureusement il reprend.

Pas de règles, pas de conditions. C’est exactement ce qu’il se passe entre nous. Nous sommes tellement différents, nous n’avons rien en commun même. Et pourtant… Etsi c’était ça la condition pour qu’on se rapproche et qu’on s’attire. Qu’on soit opposé. C’est stupide, rien dans la nature peut pousser les opposer à s’attirer, c’est absurde. Et pourtant…

Je le sens réfléchir. Mais je n’arrive pas à savoir si ça m’inquiète ou non. Je veux juste sa réponse.

Je pense que nous sommes amoureux.

Cette déclaration me fait doucement sourire et un soupir sert doucement de mes narines. Il regarde vers le plafond et je regarde dans la même direction, comme s’il y avait quelque chose. Mais je ne vois rien et quand il rabaisse son regard je replante le mien dans le sien.

Oui, j’en suis certains. Nous sommes amoureux l’un de l’autre.

Cette fois-ci, je souris un peu plus. C’est un sourire doux, et mes yeux brillent d’un nouvel éclat. Il n’y a plus cet éclat froid et méfiant dans mon regard, ni une trace de la violence qui m’habite sur mon visage. Mon visage d’adolescente est doux et lumineux et je ferme tendrement les yeux quand il me dépose un simple baiser sur les lèvres. Il est innocent comme Leonard et cela me suffit.

Je rouvre les yeux et souris doucement à mon amoureux. Il me sourit aussi. Je m’assois sur mes genoux doucement sur le lit puis me redresse pour lui déposer un baiser tout aussi doux sur les lèvres et le pousser doucement sur le lit. Je pose ma tête sur sa poitrine.

Merci. Commence-je d’une voix calme. Si c’est un rêve, alors je ne veux plus me réveiller. Son cœur bat dans sa poitrine et sa chaleur remplit le mien.

Je reste un instant silencieuse avant de dire d’une voix calme mais joyeuse, presque moqueuse.

Je ne vois toujours pas de Suicune sur mon plâtre. Tu n’es pas très efficace comme dessinateur.

Je me redresse doucement pour lui jeter un regard moqueur puis me rassois en glissant ma main dans la sienne, pour ne pas perdre le contact avec lui.