*Sortir de là ? Mais pourquoi ? *

Le ton de Capucine est effrayé. Probablement pas à l’approche d’une bataille pokemons. Plutôt parce qu’elle est inquiète des prochains mouvements de Leonard.

Ce dernier se retourne et découvre le pokemon géant de Capucine. Leonard se dit que ça va surement être un wailmer et il sera déçu. Il se retourne donc et… découvre effectivement le pokemon inconnu de tout à l’heure.

« Vous avez vu ?! Je vous avais dit que je l’avais vu ! »

Une espèce de pokemon d’acier géant. Quelque chose de vivant. Peut-être le sentiment lui est-il donné par toutes les sortes d’algues qui recouvrent tout le pokemon. Leonard se demande quelle est la taille réelle du pokemon du coup. Puis il se redemande comment il a pu disparaitre malgré le poids évident qu’il doit peser. Un poids qui ne l’empêche pas de léviter.

« Euh, bonjour ? »

Leonard approche la main du sinistrail sauvage. Est-ce qu’il va réagir pacifiquement ? Est-ce qu’il va fuir ? A moins qu’il attaque simplement pour permettre à Capucine de leur dire « je vous l’avais bien dit, idiots ! ».

Le sinistrail ne fait aucun geste agressif alors que la main de Leonard se rapproche de son corps métal-lique. Ou plutôt du corps métallique qui abrite le pokemon.

« Voilà. Ca va aller. »

Impossible pour lui de faire demi-tour. Surtout qu’il éponge les informations que lui communique Yukiya. Spectre et plante. C’est une combinaison étrange. Surtout pour un pokemon a l’aspect si marin. Mais après tout, pourquoi pas. La flore aussi vit en-dessous l’eau.

« Ca va aller, Capucine. Vois, il ne me fait rien. »

Sa main continue à se rapprocher et touche le métal. Pas de réaction.

*Est-ce qu’il ne ressent rien avec ce corps métallique ? *

Leonard lève la tête. Un réflexe purement humain car… où se trouve la tête sur un sinistrail. Comment communiquer avec cet étrange pokemon ? En bien des aspects, Leonard a l’impression de se retrouver quelques années auparavant. Quand il avait fait la connaissance d’Esmeralda. Une stari sans bouches ni yeux. En somme, sans moyens extérieurs de communiquer des émotions et des intentions.

« Je m’appelle Leonard. »

Le sinistrail semblait curieux. Il continuait à léviter de son imposante masse. Qu’attendait-il ?

« Voici ma petite amie, Capucine. Et voici un nouvel ami, Yukiya. »

*Qu’est-ce que tu fais ici ? *

« Vous pensez qu’il est perdu ? »

La question s’adresse à Yukiya et à Capucine. Mais au final, plutôt à l’esprit curieux de Yukiya.

Etait-ce le fruit de son imagination ? Depuis que Capucine commençait à « parler »  -parler étant un terme gentil qui masquait toute l’intensité qui la caractérisait- il semblait que le sinistrail se réveillait. Fronçant les sourcils, Leonard rapprocha sa tête de l’ancre géante. L’oreille tendue, il écoutait et…

« Je crois qu’il commence à vibrer. J’ai l’impression que c’est comme un ronronnement. C’est étrange. »

Capucine pris son courage à deux mains et décida d’aller dans l’eau. L’esprit curieux de Leonard était tant capté par le nouveau mystère que la vie lui offrait qu’il en oublia les soucis de Capucine et de l’élément Eau.

Et il ne trouva pas mieux à faire que de lui présenter sa main paume tendue pour lui dire de ne plus bouger. Sans compter qu’il l’ajouta également en oral avec une intensité toute excitée :

« Ne bouge plus ! S’il te plaît ! Je crois que tu l’agites. »

Alors qu’il retournait la tête en sa direction, Leonard découvrit un nouveau détail. Plissant les yeux et tendant sa tête pour se rapprocher rien que de quelques centimètres, il put confirmer son impression. C’était incroyable. Dans son esprit, des questions se posaient les unes sur les autres en couches : est-ce que c’était naturel ? Est-ce que c’était artificielle ? Est-ce qu’il y avait un message à décoder ?

« Il y a des gravures sur son corps d’acier. Comme des hiéroglyphes ou des symboles antiques. C’est formidable ! »

Image d'un sinistrail trouvé sur internet:

Pendant ce temps, Azura la lokhlass de Yukiya semblait réussir à communiquer avec le sinistrail. De ce qu’entendait Leonard, ça ressemblait à une discussion à voix basse. Plutôt à voix grave. Comme si la tonalité était à la limite de ce que les oreilles humaines pouvaient percevoir. Somme toute, ça ressemblait à l’exact opposé des sifflets suraigus pour communiquer avec les chiens.

Capucine boude. Et Leonard perd soudainement tout intérêt pour le magnifique et mystérieux sinistrail. Il observe Capucine s’éloigner. Il ne sait pas quoi dire. Il regarde Yukiya et dans son regard, la question est posée silencieuse. Mais comment pourrait-il les aider ? Il ne les connait pas. Et leur histoire, à lui et Capucine, est compliquée. Et c’est peu de le dire.

« Hmm. »

Quoi ajouter ? Leonard ne sait pas. Il se retourne alors vers le sinistrail. Ce dernier ne se met pas à parler magiquement. Il ne se met pas non plus à s’agiter comme s’il allait arriver un événement incroyable.

En fait, le sinistrail semble s’être lassé de ces trois humains spéculant sur son identité et son objectif dans la vie. Jamais ils ne seront. Jamais ils ne connaitront son histoire reliée à un navire comme le disait Yukiya. Jamais ils ne seront pourquoi il n’est pas agressif comme le disait Capucine.

Car le sinistrail disparait comme il est arrivé. Sans faire un bruit.

Leonard tend une main vers le pokemon d’acier et d’algues. Mais sa bouche ne dit rien. Que pourrait-il dire ?

*Et si je demandais à Esmeralda de le suivre ? *

Même cette idée liée profondément à sa nature curieuse d’Eclipse ne l’enchante plus à cet instant.

Alors le sinistrail disparait. L’eau est à peine perturbée par ce poids énorme qui flottait comme s’il ne pesait rien.

Leonard regarde à nouveau Capucine. Il sait que ce sera compliqué de lui parler. Elle a la rancune tenace. Elle ne pardonne pas aussi vite que lui. Alors Leonard se tourne vers Yukiya. Il lui tend la main et affiche un grand sourire.

« C’était un plaisir de partager un bout de vie avec toi. Si jamais tu veux repartir à l’aventure pour retrouver ce sinistrail, ou m’accompagner pour une expédition : ce sera avec plaisir. N’hésite pas à me contacter ! »

Leonard laisse le temps à Yukiya de lui répondre. Le temps des au revoir est venu et c’est un temps important. Les conséquences peuvent être fructueyses d’une rencontre comme celle-ci, fortuite. Une fois que Yukiya lui aura dit ce qu’il avait à dire. Et s’il ne renchérit pas sur une conversation importante, alors Leonard ira rejoindre Capucine pour… Pour essayer de lui parler. Essayer de la comprendre. Essayer de savoir pourquoi elle s’est énervée et comment ils peuvent travailler ensemble sur ce problème.

« Yukiya. C’était un plaisir. »

Grand sourire encore, Leonard fait une petite révérence histoire que tout ceci ne se termine pas sur une mauvaise note. Mais plutôt sur de la bonne humeur et une pointe d’humour.