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I'm a prisoner to my addiction. ft Achille
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I'm a prisoner to my addiction.
feat Achille Trinisky
Tu tiens sa main dans la tienne comme si c’était la dernière chose qui te rattachait à ce monde.
Elle ne voit que du vent. Légère comme l’air, elle s’éloigne parfois un peu de toi pour toucher tout ce qui lui passe sous la main : la texture de la brique d’un bâtiment, la feuille d’un arbre, la clôture de fer qui borde le trottoir. Elle s’étonne de chaque matériau glissant sous la pulpe de ses doigts, de chaque sensation qu’elle n’avait encore jamais connue. En silence, tu l’admires. Tu veilles à ce qu’elle ne s’éloigne pas, à ne pas la perdre de vue, à ne pas lâcher cette main si délicate. Tu la regardes découvrir ce qui, à tes yeux, est devenu si impersonnel. Ces innombrables banalités du quotidien devant lesquels tu ne prends plus le temps de t’extasier, de t’étonner. Eden est à l’âge où tout semble incroyable, nouveau, fascinant. Toi tu es à celui où plus rien ne t’émeut, l’âge où les plus beaux moments d’une vie humaine ne te rejoignent plus : la naissance d’un enfant, les émouvantes retrouvailles de deux amants séparés, l’inespéré retour d’un père parti sur le champ de bataille. Les sentiments sont pour ceux et celles qui ont gagné le droit de vivre…

Toi, tu survies au travers elle. Tu t’attendris de ses réactions, la laisse percer un peu cette carapace que les années ont renforcée, tentes de ressentir les choses comme elle les ressent. Parfois, Eden t’offre un instant de répit si précieux que tu n’oses pas imaginer ta vie sans lui. Elle est ta fille, la chaire de ta chaire, la seule chose qui te maintient vivant. Elle est l’extension de ta personne, la personnalisation de ton désir de vivre. Eden a fait l’erreur de naître d’une partie de toi… Et tu ne veux pas laisser les conditions de sa naissance la condamner, alors tu te convaincs de repousser un peu le jugement dernier. Elle est ta promesse, la continuité du travail d’Izaiah.

Ta rencontre avec Achille, deux semaines plutôt, t’avait retourné à l’envers. Il avait ramené à la surface d’anciennes peurs étouffées, avait fait ressurgir de vieux démons insensés. Tu avais mal agi. Tu avais agi comme tes bourreaux, comme les enfoirés qui t’avaient détruit… Ça avait été plus fort que toi. Tu t’étais revu en lui et la panique s’était invitée sans prévenir. D’un autre côté, il y avait une part de vérité derrière ton manque d’humanisme. Les gens ne t’avaient pas pointé du doigt sans raison : l’homosexualité était un véritable péché, une erreur fondée. L’être humain, comme toutes les autres espèces, existait dans le simple objectif de se reproduire… S’approprier le corps d’un autre homme n’était rien de plus que de la perversion. Ce n’était pas bien. C’était un déraillement de l’esprit, une maladie que seule la volonté pouvait guérir.

On ne naissait pas homosexuel, on le devenait.

Le regard silencieux d’Eden s’illumine soudainement. Curieux, tu cesses de la dévisager afin de converger ton regard dans la même direction que le sien. Tu laisses l’ombre d’un sourire s’ourler sur tes lèvres gercées : vous êtes arrivés. Tu sais que les prochaines minutes, heures, ne seront pas glorieuses, mais la supérette qui se dessine à l’horizon est un réconfort pour ton âme écorchée. Dans la nuit qui vous avale, les lumières scintillantes fendent l’obscurité comme un appel. Dans un jeu vidéo (tu ne connais définitivement rien aux jeux vidéo) on aurait sans doute pu s’y méprendre avec une quête secondaire. (Tu étais beaucoup trop dépendant si tu étais rendu à confondre « mission » et « addiction »)

Quelques minutes plus tard, vous franchissez les portes automatiques de la supérette. Gardant toujours la main de ta fille dans la tienne, tu attrapes un panier puis te diriges d’un pas honteux vers la section des spiritueux. Ça te déplait, n’est-ce pas ? Depuis trois ans, c’est devenu naturel, presque inconscient… Mais il y a toujours cette petite voix dans ta tête qui te rappelle que ce n’est pas normal. Acheter de l’alcool devrait être un plaisir, pas une obligation… et encore moins une priorité surpassant ton propre besoin de t’alimenter. C’est pourtant ce qu’il en est. Depuis deux semaines, tu n’as plus de boulot et définitivement plus les moyens d’acheter de quoi éponger ta peine. Ton scandale au restaurant, ta perte de contrôle, ne t’a rien apporté de plus qu’un renvoie immédiat saupoudré d’une pluie d’insultes. Insulter, non, menacer un invité d’honneur dans une soirée aussi importante n’était visiblement pas quelque chose qui se faisait. Ce n’était pas un geste digne, c’était définitivement contre les valeurs du restaurant. Tu n’avais pas feint l’ignorance, tu n’avais même pas tenté de te défendre. Ton état d’esprit, à la fin de cette soirée, n’avait pas de pendant dans l’univers. Il ne s’expliquait pas, aucun mot pouvait le qualifier. Tu avais accepté ton sort sans broncher. En valait-ce la peine ? Définitivement pas. Le prix à payer pour avoir insulté Achille Trinisky avait été incroyablement plus élevé que la satisfaction que le geste t’avait rapportée. Et pourtant, sur le coup, tu n’en avais rien eu à faire.

Jusqu’à ce que tu récupères Eden. Et que, soudain, tu te rappelles que ta propre bêtise avait des conséquences sur d’autres vies que la tienne. Comment pouvais-tu prétendre être un père (pas un bon père, juste un père) si tu n’étais même pas capable de penser à elle lorsque tu faisais une connerie ? (Quel égoïsme)

Arrivé dans la rangée des alcools, tu te diriges immédiatement vers les forts. Vodka, rhum, gin, whisky : n’importe quoi. Tu voulais simplement quelque chose d’assez fort pour te faire oublier. Depuis trois ans, c’était ainsi que tu survivais : en oubliant. À chaque nouvelle contrariété, tu buvais jusqu’à oublier d’où naissait ta colère et c’était très bien ainsi. Tu ne savais pas quand le geste désespéré était devenu une dépendance, mais tu n’avais rien pu en changer. C’était ta manière de passer au travers et, lorsque tu ne prenais pas ton (tes) verres de la journée, tu sentais que quelque chose ne tournait pas rond. (Tu étais tellement pitoyable). Prenant une grande inspiration, tu laisses tes yeux parcourir chaque bouteille, chaque marque jusqu’à trouver celle que tu recherches.

Un peu irrité, mais surtout lassé d’avance, tu constates alors que quelqu’un se tient juste devant la section. Gardant un œil sur la gamine, tu libères ta main de la sienne puis l’étire timidement afin d’attraper une bouteille malgré tout. « Excusez-moi. » Murmure platonique, excuses informelles sans profondeur, tu ne jettes pas un seul regard à l’étranger qui fait office d’obstacle entre toi et le whisky. Un peu impoliment, tu attrapes une bouteille pour la déposer dans le panier. Puis deux. Puis trois. Le tableau est pitoyable, mais qu’en as-tu à faire ? Être pitoyable, c’est une nature. C’est toi, c’est écrit dans le ciel, dans ton front. Le jugement des gens, tu y es immunisé. Ça ne t’atteint plus. (Tu as déjà tout entendu, tout vu) Ce n’est qu’au bout de la quatrième bouteille et voyant que l’individu ne s’éloigne pas pour te laisser atteindre l’objet de ton désir que tu t’étonnes de sa présence.

Tes yeux se détournent, abandonnent temporairement ta bouteille de whisky, le témoin répété de ton addiction. Tu bloques presque aussitôt lorsque tu remarques que l’inconnu n’en est pas un. C’est pas vrai… « Putain j'y crois pas, c’est une blague rassure-moi ? » Pourquoi fallait-il que tu tombes sur lui dans un moment aussi délicat ? Serrant les dents, fronçant les sourcils, tu replaces ta quatrième bouteille (de toute manière, tu n’as pas l’argent pour t’en offrir autant) dans l’espoir un peu vain de ne pas trahir ton problème. Avec un peu de chance, Achille croira que tu as simplement de la visite. Ou que tu fais des réserves pour le long terme. (N’espère pas trop, il faudrait être stupide pour croire ça)

Voyant que l’expression de ton visage changer brusquement, Eden se serre contre ta jambe en te regardant. Timidité et inquiétude se volent la vedette sur les traits harmonieux de son visage enfantin. Déposant ton panier sur le sol, tu joins tes mains ensemble « Tout va bien, ne t’inquiète pas. » Mensonge. Eden est sensible à tout ce que ton corps dit, mais que tes mots n’expriment pas. Ton non-verbal entier témoigne de ton dégoût, de ton mécontentement soudain et même si tes paroles semblent la rassurer un peu, la gamine n’est pas stupide. Alors tu lui adresses un sourire qui, même s’il est forcé, reste plus réconfortant que des mots creux.

Tout va bien.
Tout irait bien.
Mais Achille est là, une fois de plus.
Notre histoire n'aurait jamais pu finir dans le calme et la tendresse
Je te déteste comme cette phrase qui dit c'était trop beau pour être vrai
Je n'avouerai jamais que certaines de mes propres émotions m'effraient
Je te déteste comme cette phrase qui dit c'était trop beau pour être vrai
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"Je suis celle qu'on ne voit pas, Je suis celle qu'on entend pas, Je suis cachée au bord des larmes"
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Deux semaines.

Deux semaines que ça te trotte dans la tête.

Deux semaines que tu n’es pas réellement sorti de chez toi. Tu es resté cloîtré, dans le noir, tes rideaux formant un mur à la lumière. Tu n’as plus aucune lueur d’espoir dans ton regard, t’es vide. Ta vie est sombre, alors tu préfères te murer dans les ténèbres plutôt que de laisser un quelconque rayon de soleil pénétrer dans ta vie – ce n’est plus possible désormais, ça ne le sera plus jamais –. Les seules fois où tu as fait un effort, c’était pour Kyrielle – elle n’as pas demandé à subir tout ça –. Tu n’as même pas écrit une seule ligne, un seul mot durant ces quatorze jours – tu as déconné, vraiment –. Mais il n’y a rien qui t’inspires, y rien qui te donne envie d’écrire. Et puis, tu n’as aucune idée qui te vient à l’esprit. Alors tu n’as préféré rien faire – cette fois-ci, n’y a rien qui as pu te soulager de cette douleur –. Parce que ça fait deux semaines que tu te tortures l’esprit. Depuis ce soir-là. Ce soir où tu l’as revu, où tu l’as retrouvé après dix longues années. En fait, tu as le scénario encore et encore dans ta tête. Tu as beau essayer de le chasser, tu as beau essayer de tuer ce souvenir, il n’y a rien qui fait. Tu restes avec ces images qui tournent en boucle, gravées à tes paupières.  

Tu n’as clairement pas fière allure, depuis deux semaines. Tu ne manges presque plus, tu ne prends plus soin de ta personne. Tu as les cheveux en bataille, sacrément emmêlés, tu as de larges cernes sous tes yeux rouges de fatigue. Tu t’es laissé aller, tu t’es laissé et tu te laisses mourir. Parce que tu te dis que là, maintenant, tu n’as plus vraiment de raison de vivre, clairement. Tout ce que tu espérais, c’était retrouver tous tes amis, que vous arriviez à tous vous réunir malgré tout. Tu pensais que l’amitié qui vous liait était plus forte que ça, plus forte que tout. Mais tu es bien trop naïf mon pauvre Achille. Qu’attendais-tu, après dix ans ? Dix ans ? Te rends tu comptes du temps qui est passé sans que vous vous soyez vu ? Vous avez tous probablement empruntés des chemins différents, vous avez – ou plutôt ils ont – dû se lier d’amitié avec d’autres personnes. Tu lui en as trop demandé, Achille. Pourtant, il y a une chose que tu n’arrives pas à lui pardonner. Pourquoi diable a-t-il réagit de la sorte lorsque tu lui as dit que tu préfères les hommes ? Parce que tous les cons qui se trouvaient dans la salle ont cru qu’ils y avaient quelque chose entre vous ? Est-ce ça qui l’a pris de court et qui l’a énervé ? Tu n’en sais rien, et tu n’en sauras probablement jamais rien. Ezekiel ne veut plus te voir. Et toi tu es mitigé.

Ton téléphone vibre pour la énième fois – tu ne décroches pas –. Il est trop loin, tu as la flemme de bouger – tu n’as pas la force aussi –. C’est probablement ta maison d’édition – qui d’autre sinon, ton père peut-être ? –. Mais ils te connaissent tous, ils savent que dès que tu ne réponds plus plusieurs jours durant, c’est que tu ne vas pas bien. Et puis, en réalité, tu t’en fous de qui peut bien essayer à te joindre – t’as pas envie de parler, t’as envie de voir personne, t’as envie d’être seul –. Affalé sur ton lit, ta main droite tenant un verre de whisky, tu fixes le plafond. T’as mal à la tête – elle tourne un peu aussi – t’as mal au cœur, t’as mal au ventre – t’ingurgites des litres d’alcool depuis deux semaines, sans manger quoique ce soit, forcément, ça ne fait pas bon ménage Achille –. Tu es soudain pris d’une nausée – ce n’est pas la première en quatorze jours, pourtant tu continues –. Tu te lèves alors en vitesse, posant ton verre sur ta table de chevet, et te pressant vers les toilettes, dégobillant ce que t’estimes être ton remède – la preuve, ça ne marche pas –. Et puis, quand tu as fini, tu te passes un coup d’eau sur le visage, et tu regardes ton piètre faciès dans ton miroir. Tu fais pitié. Tu n’es pas beau à voir.

Et puis, tu finis par retourner dans ta chambre – ou plutôt ton mouroir –. Tu reprends ton verre qui es vide, et t’attrapes la bouteille – qui l’est aussi –. Tu marmonnes, et tu te diriges vers ton meuble – ta cachette secrète –. Tu l’ouvres ; plus rien. Plus aucunes bouteilles. Tu as tout descendu en deux semaines – alors que tu en avais un bon stock –. « Putain !» Tu claques la porte, et, dans un excès de colère, tu balances la bouteille au sol, qui se fracasse dans un bruit assourdissant. « Fais chier, fais chier, fais chier ! » Tu pestes tout seul. Parce que tu as besoin de ton remède, de ta drogue. T’en as besoin, ça te fait tellement du bien. Mais tu n’as plus rien. Il faut que tu sortes, que tu ailles t’acheter de quoi remédier à ce malheureux problème – tu ne vas pas être bien sinon, tu vas faire une crise de panique, une crise d’angoisse –. Tu regardes l’heure ; il est encore trop tôt pour sortir. Tu veux qu’il y ait le moins de monde possible dans la rue quand tu sortiras. Alors, en attendant, tu nettoies ta connerie – parce que tu as beau pester contre le monde entier, c’est toi qui as brisé cette bouteille, c’est de ta faute –. Tout est de ma faute.

Il fait nuit, c’est le moment idéal. Heureusement que les jours ont raccourcis. Tu pars de chez toi, en quête de la supérette la plus proche – vite, l’appel se fait plus fort, tu as besoin de faire taire ce désir qui t’anime, tu as besoin de ce doux liquide ; ton seul réconfort –. L’animation dans les rues se meure petit à petit, mais tu te dis que, dans cet état-là, personne ne devrait te reconnaître – tu es parti de chez toi en sweat, jogging, avec un gilet ; tu as d’ailleurs froid mais tu n’y fais pas vraiment attention ; et puis tes cheveux ne sont pas coiffés –. Et puis, comme un miracle ayant lieu dans ta vie pathétique, tu atteins enfin le lieu tant désiré. Tu prends un panier à l’entrée, et tu te précipites au rayon alcool – oui, tu te précipites, tu as clairement envie de faire au plus vite, de rentrer chez toi rapidement, et de continuer à te laisser aller –. Une fois devant toutes les bouteilles, c’est comme l’extase. Tu as tellement de choix, tu as de l’argent, tu vas pouvoir faire une bonne réserve – comme ça tu ne seras pas obligé de sortir de chez toi –. Tu commences par attraper trois bouteilles de vodka, deux bouteilles de cognac, une de rhum, et puis, tu te diriges vers les whiskys – mais qu’est-ce qu’il te prend Achille ? Jamais tu n’as acheté autant d’alcool en même temps, jamais tu n’as été prêt à dépenser une somme aussi importante pour de l’alcool. Tu devrais t’arrêter, tu en as assez, pourtant tu sens que ton désir n’est pas assouvi –.

Le choix est trop grand, tu ne sais pas vraiment quoi prendre. Alors tu restes planté, tu observes, tu te demandes es le plus apte à assouvir tes désirs. Tu ne fais d’ailleurs pas trop attention qu’il y a quelqu’un à côté de toi, et que tu le gênes. « Excusez-moi. » Ton corps se crispe. Non, non, non, ce n’est pas possible. Tu as rêvé, c’est tout bonnement impossible que tu le croises ici. Tu es tellement figé, que tu ne te pousses même pas – on dirait une statue –. Et puis, finalement, tu risques un coup d’œil vers la personne en question. C’est pas lui, ça ne peut pas être lui, pas ici. Mais toutes tes craintes se retrouvent confirmées. Que dois-tu faire ? Changer de rayon ? Te diriger vers la caisse au plus vite, et partir, rentrer chez toi ? – si seulement tu n’avais pas eu à venir ici –. Au lieu de tout ça, ton corps refuse de faire le moindre mouvement. « Putain j'y crois pas, c’est une blague rassure-moi ? » Tu as un frisson qui parcourt ta colonne vertébrale. Trop tard . Tu aurais dû réagir plus tôt, tu aurais dû bouger plus tôt. Mais tu n’as rien pu faire. Tu te retournes lentement vers lui lorsque tu vois son bras se tendre pour reposer la bouteille de whiky qu’il avait en main. Et c’est alors qu’une petite fille adorable vient s’accrocher à sa jambe. Il a une fille ? Tu n’oses rien dire, t’arrêtes pas de te demander ce que tu dois faire. Tu le fixe tandis qu’il pose son panier et fait un geste à sa fille. Du langage des signes ? Tu les observes, bloqué dans ton mutisme. En fait, tu n’en reviens pas. Tu te dis qu’ils sont mignons, tous les deux. Et tu repenses à ses paroles ; au fait que définitivement, tu ne le connais plus. Putain mais je suis qu’un abruti.

Et puis, tu finis par secouer la tête pour revenir sur Terre. « Bonsoir. » Tu n’as pas envie de croiser son regard. Tu attrapes alors bouteille de whisky qu’il a posé juste avant, et tu la poses dans ton panier, le verre s’entrechoquant avec celui des autres bouteilles. Tu regardes ton panier, et tu as soudainement honte. Tu masses alors rapidement ton front – tentant désespérément au passage de tuer ces maux de tête incessants –. « Qu’est-ce que tu veux que je te réponde ? Que non, ce n’est pas une blague ? » Il faut que ça arrive aujourd’hui, alors que tu as une sale gueule, que tu empestes l’alcool à plein nez. Tu n’as vraiment pas de chance, mon pauvre Achille. Mais maintenant que tu en es là… Ton regard se pose alors sur la petite fille, et tu lui fais un petit sourire, avant que tes yeux s’arrêtent sur Ezekiel. « Elle est adorable, c’est ta fille ? » Par Arceus que tu peux être stupide Achille. Après tout ce qu’il s’est passé la dernière fois, tu oses engager la conversation ? Alors que tu sais très bien qu’il ne veut plus te voir ?

Grandis un peu Achille, tu n’es plus un enfant.
blblbllb j'espère que ça t'iraaaaas love  VERY in love !
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feat Achille Trinisky
Blesser les gens n’était pas une histoire de passion.
Ce n’était pas quelque chose que tu faisais parce que ça t’amusait, parce que c’était satisfaisant pour toi de voir les autres s’enfoncer avec ton aide. C’était un mécanisme d’auto-défense, rien de plus. C’était la preuve que tu souffrais encore de tes blessures, que trois ans ce n’était pas suffisant pour prétendre à une guérison… Mais aussi que tu ne serais sans doute jamais sauvé des griffes de la mort. Tu l’avais accepté, c’était un espoir de plus qui n’avait pas survécu, ce n’était rien de nouveau. Mais tu te devais de repousser les gens, de repousser chaque élément à risque osant s’inviter dans ta vie sans que tu ne l’aies demandé. Les gens autour de toi étaient imprévisibles, impossible de savoir ce qu’ils pensaient ou de connaître leurs intentions… et ça t’effrayait de ne pas pouvoir les contrôler. Tu n’étais pas quelqu’un de naturellement envahissant, mais laisser entrer dans ta vie des variables inconnues était un risque que tu ne pouvais plus envisager. Alors tu traitais les gens comme de la vermine pour mieux les faire fuir, pour mieux te protéger. Au final, c’était bien vrai : tu n’étais qu’un animal blessé et hostile à toutes les mains.

Parce que tu ne voulais plus faire confiance.
Quand tu avais pris celle d’Iza, un rayon de soleil avait osé défier le filtre de nuages au-dessus de ta tête… et l’erreur avait été fatale. À peine avait-il pointé le bout de son nez que les ténèbres s’étaient empressé de l’étouffer jusqu’à l’annihiler entièrement. Ils s’étaient vengés, t’avait fait payer ton affront. Il n’avait plus jamais eu le courage de retenter l’expérience après ça… Et tu ne pouvais pas lui en vouloir.

Les doigts noirs de la misère de se refermaient autour de ton cou avec tant d’aisance, si peu d’opposition, que plus personne n’osait vouloir les en dégager. Tu sentais son souffle chaud sur ta nuque, ses soupirs d’agonie dans le creux de ton oreille. C’était un son qui s’était imprégné en toi comme pour te rappeler que même si tu tentais de l’oublier, elle serait là. Elle ne partirait jamais, elle n’abandonnait jamais. Tu étais sa chose, sa victime, son animal. Elle t’avait brisé tous les os jusqu’à ce qu’enfin tu cesses de la confronter désespérément… et elle avait gagné.

La misère était ta seule amie, la seule chose qui ne te trahirait pas.
L’accepter était moins douloureux que de nager à contre-courant.
Moins douloureux que d’alimenter de faux espoirs.

Eden te fixe. Elle a posé ses grands yeux sur toi, cherche à déceler la vérité derrière ton mensonge, mais tu ne lui en donnes pas l’opportunité. Honteux, tu détournes ton regard d’elle afin de le reposer sur Achille. Tu déposes une main réconfortante sur sa tête, la serre contre ta jambe afin qu’elle puisse s’y cacher. Eden a toujours été timide en public. Ces gens, elle ne les comprend pas. Elle ne peut pas les comprendre et vice versa. Ils parlent d’un langage qui ne sera jamais le sien et ils habitent un monde auquel elle n’a pas accès… Alors en leur présence, elle s’efface. Elle laisse sa place à d’autres enfants plus expressifs, plus normaux qu’elle. Malheureusement, ce n’est pas toi qui l’encourageras à surmonter ses peurs. Pas aujourd’hui, ni demain. Parce que tes propres craintes te manipulent comme un vulgaire pantin.

« Bonsoir. » Pourquoi ? Tu ne comprends pas. Entendre sa voix te confirme que tes yeux ne mentent pas, que ce n’est pas un sosie ni une illusion. Ton corps se tend, Eden se referme ses doigts sur ton pantalon. Tu ne peux rien lui cacher. Tes doigts se perdent dans sa chevelure bleue dans l’espoir d’être rassurants, mais c’est sans espoir. Tu ne sais pas pourquoi tu dois recroiser Achille aujourd’hui, pourquoi tu dois recroiser son être dans un moment aussi délicat, mais ça ne te plait pas. Tu te sens mis à nu, tu te sens exposé dans tout ce que tu as de plus laid à montrer. Tu voudrais disparaître. Mais tu ne peux pas. Tu ne peux jamais. Il faut toujours que l’on t’admire plus écorcher et plus à vif que la fois précédente. C’est une tradition chez toi.

Sans rien ajouter, Achille attrape ta bouteille, la dépose dans son panier et alors seulement tu constates le contenu de celui-ci. Fronçant légèrement les sourcils, tu laisses tes pupilles voyager entre les bouteilles et ton ami d’enfance sans même tenter de feindre l’ignorance ou la discrétion. Tu soupires doucement. Visiblement, ses propres démons ne te sont pas étrangers… Pour la première fois depuis votre rencontre, tu te demandes ce que les années ont bien pu faire d’Achille. Tu t’étais indigné de son incompréhension et de son égoïsme à ton égard, mais avais-tu fait mieux ? Non. « Qu’est-ce que tu veux que je te réponde ? Que non, ce n’est pas une blague ? » Tu secoues légèrement la tête, serre les dents. « Non, au contraire. J’avais encore espoir de voir débarquer les caméras cachées pour m’annoncer que ce n’est qu’un vulgaire prank et que ce n’est pas réellement toi. » Il empeste tellement l’alcool que tu pourrais le boire. Il n’a pas bonne mine non plus, mais qui es-tu pour juger ? Tu ne vaux pas mieux. Le seul avantage que tu as sur lui, c’est Eden. Tu ne peux plus te permettre de sombrer aussi ouvertement, de te laisser aller aux pires comportements humains en sa présence. Alors tu combats, tu combats tous même si le désir n’y est pas. Et avec un peu de chance, peut-être finiras-tu par devenir un véritable père pour elle. (Espère toujours)

Lorsqu’Achille pose ses yeux sur l’enfant, celle-ci s’empresse d’abord de disparaître derrière toi… Mais finit néanmoins par s’étirer le cou afin de continuer sa contemplation. Timide, elle répond à son sourire. Tu ne la mérites pas, tu sais Ezy ? Eden était beaucoup trop pure, beaucoup trop candide pour partager ton quotidien. Elle était un cadeau dans ta vie et, en retour, tu n’étais rien de plus qu’un poison dans la sienne. Tu n’étais pas à la hauteur. « Elle est adorable, c’est ta fille ? » Te renfrognant, tu attrapes une bouteille au hasard puis tu la déposes dans ton propre panier avant d’inspirer. Ta vie privée n’était pas censée se dévoiler à Achille. Il était censé t’oublier et, en retour, il t’avait promis de ne plus jamais croiser ta route. Tu ne devais plus respirer le même air que le sien, prendre le risque stupide de te tenir trop près de quelqu’un … comme lui. S’il n’en avait tenu qu’à toi, tu lui aurais sans doute fait savoir plus violemment que sa présence était indésirable… Mais tu n’étais pas seul. Tu ne pouvais pas agir aussi inconsciemment sous les yeux de ta fille. Tu ne pouvais pas entraîner Eden dans toutes tes conneries. « En quoi ça t’intéresse ? Ne fais pas genre que tu en as quelque chose à foutre. » Réponds-tu sur un ton acerbe. Décrochant un regard vers lui, tu laisses tes yeux le parcourir de haut en bas sans te privation. Il n’a plus la fière allure qu’il abordait au restaurant… À quoi ont bien pu ressembler les deux dernières semaines pour lui ? (C’est ta faute. C’est ta faute et tu le sais.)

Par culpabilité, sans doute, tu finis néanmoins par capituler. Te penchant vers Eden, tu attrapes la gamine dans tes bras afin de la soulever à votre hauteur. Elle s’accroche systématiquement à ton cou, visiblement intimidée. Tu souris doucement. Ensemble, vous paraissez presque normaux… Mais ce n’est qu’une vulgaire illusion. Tes sourires sont aussi faux que peut l’être ton désir de vivre. Curieuse, l’enfant vous fixe chacun à tour de rôle puis pose plus longuement son regard sur toi. Tu lis l’incompréhension dans ses yeux, mais tu n’en fais pas de cas. Tu acquiesces en silence, tentes de la rassurer d’un simple geste. Privé de tes mains, communiquer avec elle est un véritable défi… Mais tu sais que quelque chose de plus fort que les mots vous unit. (Tu essaies d’y croire…) « Oui, c’est ma fille… Elle s’appelle Eden. » Comment peux-tu lui parler comme si de rien n’était ? Ta propre hypocrisie te rend malade.

Mais tu ne le fais pas pour toi ou pour lui.
Tu le fais pour elle.
Pour qu’elle ne grandisse pas avec le souvenir de son père cherchant la guerre à de purs inconnus dans le rayon alcool des supermarchés.
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- Feat Ezekiel & Achille


Tu n’as pas les idées claires – tu ne les as plus depuis bien longtemps, l’alcool et la nicotine les ont doucement dévoré –. C’est sûrement pour ça que t’insistes, que tu continues de lui parler. Tu as ton putain de mal de crâne qui veut pas se calmer aussi, alors tu te dis que parler ça pourra peut-être te permettre d’oublier ça un instant – tu es quand même sacrément compliqué, Achille. C’est toi qui t’es mis dans cet état-là ; tu étais conscient des effets secondaires ; et tu arrives encore à te plaindre de ta condition. Mais c’est toi l’unique responsable de ces maux physiques. C’est comme pour la bouteille que tu as explosé dans ton salon ; tu as pesté tout seul pendant une demi-heure contre le monde entier, mais si elle s’est fracassée c’est de ta faute –. Tout est de ma faute. Alors tu te permets ouvertement de lui adresser la parole. Tu es sacrément provocateur, Achille, tu n’as peur de rien. Non, en fait, actuellement, tu n’as plus vraiment peur de rien. Bien que tu aies été réellement surpris de le voir ici, bien que ton corps est resté figé un temps durant, tout ça à complètement disparu – c’est les effets de toute la liqueur que tu as ingurgité –. D’ailleurs, tu poses ton panier au sol, tu fais une place à ton coude entre quelques bouteilles de rhum, tout en posant ta tête dans ta main, et tu adoptes une position « Je n’en ai plus rien à foutre. » Tu ne tiens pas droit, on dirait un pantin désarticulé.

Et puis, tu as soudainement cette phrase qu’a dit Ezekiel avant que tu prennes de nouveau la parole qui te revient. « Non, au contraire. J’avais encore espoir de voir débarquer les caméras cachées pour m’annoncer que ce n’est qu’un vulgaire prank et que ce n’est pas réellement toi. » Tu le fixes. Et tu te mets à rire – un rire que tu ne contrôles pas ; tu ne contrôles plus rien actuellement chez toi –. Tu en as même les larmes aux yeux – tu viens rapidement les enlever avec la manche de ton gilet –. Est-ce que tu as réellement trouvé ça drôle ? Est-ce que c’était tout simplement nerveux ? Est-ce tout simplement pour te moquer ? Tu n’as même pas conscience du pourquoi tu t’es tout simplement esclaffé en plein milieu du rayon alcool de cette supérette, alors qu’il n’y a pas grand-chose de drôle. Ezekiel va te prendre pour un fou – ou tout simplement pour un gars paumé qui ne devrait même pas être là –.  Il va se demander pourquoi tu t’es mis à rire d’un seul coup, sans aucune raison apparente. Pourtant, bon sang que ça t’a fait du bien – il y a bien longtemps que ça ne t’est pas arrivé –. Et puis, tu te calmes, tu essaies de reprendre ton sérieux – tu n’y arrives pas vraiment, mais tu as la tête qui tournes, alors tu te dis qu’il faudrait quand même que tu arrêtes tes conneries un instant –. « En quoi ça t’intéresse ? Ne fais pas genre que tu en as quelque chose à foutre. » Son ton acerbe et le regard de haut en bas qu’il te jette font naître un sourire narquois sur ton visage – attention, tu sens que les effets de l’alcool vont te rendre détestable –. En temps normal, tu serais probablement passé outre. Mais là, tu n’es pas toi.

« Wow, veuillez m’excuser de vous avoir importuné en posant cette simple question, Monsieur Fitzgerald. Peut-être désirez-vous que je vous quittasse afin de ne point plus vous déranger ? » Lances-tu en prenant un air légèrement – ou plutôt très – hautain suivis d’un petit rire, comme si ton propre cinéma t’amuse. Tu n’aurais peut-être pas dû revenir sur Terre finalement. Tu aurais mis fait de rester muré dans ton mutisme, tu aurais mieux fait de rester bloqué face à eux, tu aurais mieux fait de rester paralysé. Ne te voyant pas bouger, pas répondre, Ezekiel serait parti. Mais c’est trop tard. Le venin qui est en permanence dans ton sang depuis deux semaines est en train d’avoir son effet. A croire que ta rencontre avec le fruit de ton malheur à activé le processus. Tu débloques. Tu as l’impression d’avoir une centaine de tambours qui battent la cadence dans ta tête. Tu fermes alors les yeux tout en fronçant les traits de ton visage – tu continues de croire que ta douleur va prendre la poudre d’escampette ; elle le fera, mais tu comptes en rajouter une couche quand tu rentreras chez toi alors elle ne sera qu’incurable.

« Oui, c’est ma fille… Elle s’appelle Eden. » Tu rouvres tes paupières, et tu poses ton regard sur cette petite chose fragile qui se tient dans les bras de son père. A quel moment est-ce qu’il l’a porté ? – tu n’as plus aucune notion du temps, tu es déphasé complet ; tu as à peine fermé les deux trois secondes, mais tu as l’impression que dix minutes se sont écoulées –. Tu esquisses un léger sourire.
« C’est un bien joli prénom que voilà, vous avez très bien choisi, Monsieur Fitzgerald. » C’est sincère, tu le penses vraiment. Tu trouves que c’est un prénom magnifique, et que ça va à ravir à ce petit rayon de soleil qui se trouve dans les bras d’Ezekiel. Mais le ton que tu adoptes fait penser tout le contraire. Tu regrettes soudainement, tu te rends à moitié compte du comportement de pauvre type que tu as. Tu es ridicule, littéralement. Les mots ne sont pas assez puissants pour décrire ton attitude et ton manque de respect – est-ce que tu cherches aussi à lui faire payer ce qu’il t’a dit ? –. Pourtant, tu te dis qu’il y a la petite au milieu, qu’elle ne doit pas voir une personne dans l’état comme celui où tu te trouves – ça doit faire peur, tu dois faire peur à Eden. Mais tu n’es pas toi, tu ne te contrôles pas. Tu es littéralement le pantin de tous cet alcool que tu as ingurgité. C’est misérable – tu l’es, vraiment, mais tu as beau t’en rendre compte, tu ne te sens pas capable de faire quoi que ce soit pour remédier à ce problème –.

Tu restes silencieux, un instant. Tu les regardes, tu observes d’un coup d’œil ce qu’il y a dans le panier d’Ezekiel, tu regardes le tiens. « Tu ne devrais pas acheter tout cet alcool, c’est pas bon. » Attends une minute s’il te plait. Répète un peu pour voir ce que tu viens de dire ? Qu’il ne devait pas acheter tout cet alcool ? Est-ce que tu as bien regardé tout ce que tu as pris, toi ? C’est l’hôpital qui se fou de la charité, Achille. Tu n’es pas en droit de donner des conseils. Mais, tu te dis que lui il a une fille à sa charge, qu’il ne doit pas faire ça. Il n’a pas le droit de se laisser embarquer dans ce genre de choses, il ne peut pas – mais ce n’est pas à toi d’en décider, Trinisky –. Et puis ne serait-ce que pour lui et sa santé. Quant à toi, de toute façon t’es fichu, t’es fichu depuis le jour où on t’a annoncé que ta mère allait mourir. Tu n’as plus rien à perdre, et personne ne pleurera ta perte de toute façon – tu n’es plus rien pour personne ; à part pour ton père, mais il s’en remettra, il a trois autres enfants beaucoup plus sérieux, plus heureux, tous beaucoup mieux que toi –. « Et avant que tu dises quoi que ce soit, c’est pas une blague ce que je viens de te dire. » Pourquoi tu cherches encore à te justifier ?

Tu passes ta main entre tes cheveux emmêlés, avant de te retourner subitement, et de tousser un grand coup – ah, les effets de la nicotine le retour –. Tu es quand même drôlement amoché mon pauvre Achille. Tes poumons ne sont plus que de la poussière, de la fumée, des cendres, tu as plus d’alcool que de globules blancs dans le sang, ton visage est terne. Tu as honte, vraiment. Alors, quand tu te retournes, ton regard se pose sur le sol. « Putain mais qu'est-ce que je suis en train de foutre... » Tu as lancé ça en chuchotant avec ta voix éraillée – tu n’es même pas sûr qu’ils aient ou qu’il ait – tu ne sais pas si sa fille est sourde ou muette – compris quelque chose à ce que tu as raconté.

Tu n’as pas réellement envie qu’il continue de te voir dans cet état.
Quelle image il gardera de toi après ça ?
Seulement, en gardera-t-il une ? – il ne veut plus te voir –.

Mais, de toute façon, il va probablement te jeter comme la dernière fois, non ?
Surtout que tu n’as pas été cool – on pourrait même croire que tu es bipolaire aux vues de tes réactions changeantes –.
blblbllb j'espère que ça t'iraaaaas love  VERY in love !
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I'm a prisoner to my addiction.
feat Achille Trinisky
Vous étiez aussi pathétiques l’un que l’autre.
Vous pouviez toujours répéter le contraire, relever à chaque détail susceptible de déterminer le pire de vous deux, ce n’était que du vent. Achille et toi étiez pareils. Vous aviez été trop faibles pour surmonter les épreuves, pour trouver une raison de continuer malgré la douleur. Vous vous étiez abandonné en chemin, vous vous étiez trahi sans la moindre hésitation… La voie de la facilité avait été une solution aussi éphémère qu’insatisfaisante, mais elle surtout été la seule. Et ce n’était que maintenant que tu le réalisais. Tu n’avais pas vu les signes, tu avais cru qu’Achille était tout le contraire de toi, qu’il était heureux malgré une blessure encore saillante… Mais c’était un énorme mensonge que tu t’étais fait à toi-même pour te donner l’autorisation de le détester sans culpabiliser. Les gens heureux te répugnaient. (Impitoyable jalousie, quand tu nous tiens) et tu voulais pouvoir le détester pour tout ce qu’il avait réussi à obtenir alors que tu ne possédais plus rien.

Tu voulais qu’Achille soit satisfait de sa vie, car cela te donnait le droit de détester la tienne. Tu avais besoin d’un soleil pour donner raison à ta noirceur.  Sauf que ce n’était pas ce qui était en train d’arriver. Son obscurité se révélait enfin… Aussi immondes que la tienne, aussi abjecte que tu l’étais. (Énorme déception, n’est-ce pas ?)

« Wow, veuillez m’excuser de vous avoir importuné en posant cette simple question, Monsieur Fitzgerald. Peut-être désirez-vous que je vous quittasse afin de ne point plus vous déranger ? » Tu ne réponds rien, mais ce n’est qu’une formalité. Tu te contentes d’un regard sombre et d’un sourire mesquin, carnassier. Monsieur Fitzgerald. C’était le nom que jamais personne n’avait eu l’indécence de te donner. C’était une importance que tu n’aurais jamais. Tu ne serais jamais un homme… Tu serais éternellement un gamin effarouché dans un corps plus vieux que sa maturité. Et s’il n’avait pas été question d’Eden, tu te serais sans doute empressé de le lui prouver. Après tout, les répliques acerbes n’étaient plus un registre inconnu à ton vocabulaire. Des années à prendre tout le monde de haut et à considérer la vie humaine comme un objet destiné à ton amusement laissaient des séquelles qui ne disparaissaient jamais complètement. À défaut d’avoir la force physique pour te défendre, les mots étaient devenus ton arme la plus destructrice.

Tu le lui avais bien prouvé la dernière fois…

Néanmoins, qu’il ne se laisse plus cracher dessus sans répliquer te surprends. Achille n’a visiblement pas la langue dans sa poche et c’est aussi satisfaisant qu’inquiétant. Jusqu’où irez-vous avant de vous arrêter ? Jusqu’à quel point laisserez-vous les mots vous détruire avant de mettre un terme à votre petite guerre ? Connais-tu tes propres limites ? En possédais-tu seulement ?

Son rire couplé à l’odeur horrible qu’il dégageait avait donné le ton. Comment pouvais-tu taper sur un homme déjà à terre ? Comment pouvais-tu déverser ta rage dans quelqu’un d’aussi mauvais que toi ? Fermant légèrement les yeux, tu serres Eden dans tes bras. Savoir ta fille prise entre deux individus comme toi et le Trinisky te rappelait à quel point tu étais un père indigne. C’est une situation que tu aurais dû lui épargner… et au contraire, tu l’y avais jeté sans la moindre hésitation. Pour te donner bonne conscience, pour ne pas lui faire vivre la honte d’une joute verbale en plein milieu du rayon alcool d’une épicerie. Un jour viendrait sans doute où Eden raconterait les souvenirs de son enfance… Et tu ne voulais pas qu’elle se remémore les bouteilles d’alcool qui jonchaient le sol de votre appartement et que ta dépendance devienne le symbole de sa jeunesse volée.

Sauf que tu ne faisais rien comme tu le devais. Tout tes gestes jouent contre toi, contre tes objectifs. (Pitoyable)

« C’est un bien joli prénom que voilà, vous avez très bien choisi, Monsieur Fitzgerald. » Cette fois, tu lèves les yeux au ciel. Dans toute sa naïveté, Eden se contente d’un sourire planant sur ses lèvres enfantines. Elle ne comprend pas ce qui se passe, elle ne saisit pas la gravité du moment. Elle se contente d’être, d’exister, de charmer… Et c’est largement suffisant. Eden n’avait pas besoin de s’imprégner de l’animosité qui vous détruisait. « Sauve le peu d’honneur qu’il te reste et laisse-là en dehors de ça Trinisky, tu veux ? » Soupires-tu. Que peux-tu dire aux gens à propos de l’honneur ? Qu’as-tu à leur apprendre ? Rien du tout. La tienne, tu l’as jeté aux poubelles il y a une décennie déjà et tu ne l’as jamais retrouvée. Tu ne connais rien de l’honneur, du respect de soi. C’est un concept qui t’est étranger, dont tu n’as rien su tirer. Malgré tout, tu ne tiens pas à ce que ta fille soit mêlée à vos inepties. Tu ne veux pas que votre colère se redirige contre elle, qu’elle devienne une arme contre toi. Elle ne mérite pas ça. Eden est pure, blanche de tout crime excepté celui d’être une Fitzgerald. Et même si le commentaire d’Achille peut s’apparenter à un compliment, le ton utilisé te pousse à la méfiance la plus ironique qui soit… Après tout, ce n’est pas lui qui a ouvert les hostilités.

Ce n’est pas qui lui qui t’a humilié devant un restaurant entier.
Ce n’est pas lui qui t’a refusé son amitié.
Ce n’est pas lui qui t’a insulté, touché, moqué.

Tu mérites le retour de flammes, Ezekiel Fitzgerald. C’est d’autant plus navrant que tu te bornes à ne pas le voir, à ne pas l’accepter. Si toi-même tu avais encore un peu d’honneur, tu t’empresserais de tourner les talons et d’aller payer tes consommations. Mais tu n’en fais rien. Tu restes planter là, immature et vibrant d’une haine qui n’est pas dirigée vers Achille lui-même, mais vers tout ce qu’il personnifie. Personne ne condamna Achille d’être… Toi oui. « Tu ne devrais pas acheter tout cet alcool, c’est pas bon. » Silence. Tes pupilles abandonnent ta contemplation de l’individu pour se reporter sur son panier. C’est une blague ? Et puis, de toute façon, de quoi se mêle-t-il ? À en croire son parfum du jour, Achille et toi n’êtes pas différents. Vous vous tenez sur le même triste piédestal, vous êtes aussi esclaves l’un que l’autre. Alors d’où peut-il critiquer tes achats ? D’un mouvement de jambe, tu t’empresses de cacher ton panier afin de le soustraire à son regard. Tu n’es pas fier de ce que tu es. Tu n’es pas fier de t’abandonner aussi souvent à une solution trop facile pour être évoquée… Ça ne te plait pas d’être ce genre d’être humain. Sauf que tu ne mérites rien de mieux. Tu te restreins à ce que tu peux encore être, ce que tu peux encore supporter. Un jour, quand tu n’auras plus que tes yeux pour pleurer, tu te permettras de regretter. « Et avant que tu dises quoi que ce soit, c’est pas une blague ce que je viens de te dire. » C’est bien ça le pire. Impatient, tu prends une grande inspiration puis tu serres légèrement les dents. « Tu as raison. Tu préfères que je le transfert dans le tien peut-être ? Tu sembles en avoir plus besoin que moi. » Animal malin, indompté, indomptable. Quand cesseras-tu enfin d’attaquer tous ceux et celles qui se risquent à te conseiller ? Quand cesseras-tu enfin d’être toi-même ? Cet alcool, tu espères qu’il te tuera. Ainsi, enfin, tu pourras cesser de repousser tout le monde… Et puis, au final, Eden se trouvera sans doute un autre père à aimer tôt ou tard. Une enfant comme elle, bien que vulnérable, ne peut pas être rejetée par le monde. Elle n’est pas toi… Elle est absolument tout ce que tu n’as jamais été.

Achille passe une main dans ses cheveux, tu restes tendu. Il tousse, tu te revois en lui. Ses deux dernières semaines n’ont pas été belles. À quoi l’as-tu condamné ? Méritait-il vraiment ceci ? S’il n’en tenait qu’à toi, tu dirais que oui… Mais le peu d’humanité qu’il te reste se borne à croire que non. Mais au final, qu’as-tu fait ce si condamnable ? Tu lui as expliqué le problème avec lui. Tu lui as mis des mots sur la seule chose en laquelle tu crois encore : l’homosexualité est une erreur. Accepter son attirance pour la gente masculine, c’était se condamner à une vie horrible… et Achille en était visiblement la preuve. (Crois-tu vraiment que son problème réside dans quelque chose d’aussi futile à côté des insultes et de l’injustice que tu lui as servi ? Tu te fermes les yeux Ezy.)

« Putain mais qu'est-ce que je suis en train de foutre... » Tu as déjà bu jusqu’à ne plus te reconnaître, jusqu’à ne plus comprendre le son de sa voix. Pas aujourd’hui, pas hier… Mais c’est déjà arrivé plus d’une fois. Si tu ne craignais pas le moindre faux pas, la moindre chance de perdre Eden, ce serait sans doute encore ton quotidien. Iza avait témoigné, tout le monde savait que tu n’étais plus que l’esclave de l’alcool. C’était ton parfum au quotidien, la seule chose de ton quotidien qui soit vraiment certaine. « Ne pense pas que je vais te prendre en pitié parce que t’es dans cet état. » Comme s’il en avait quelque chose à foutre de ta pitié. C’est davantage pour toi que pour lui que tu te permets de balancer de telles paroles. Parce que, dans le fond, tu te revois en lui… et ça t’énerve. Achille se doit d’être mieux que toi, c’est une loi non écrite de l’univers.

Et pourtant.
Et pourtant.
Eh merde.

« T’es lamentable… » Toujours aussi sympathique. « Tu t’es vu un peu ? T’as ingéré quoi pour en arriver aussi bas ? » Tu supposes que c’est ta manière de t’inquiéter, de t’enquérir des deux dernières semaines. Parce que visiblement, il n’est pas dans son état… et ça te saoule de voir le masque de briser. Tu l’aimais bien ton image parfaite d’Achille Trinisky. Un peu immature, un peu collant, mais beaucoup plus idéalisée que la tienne…

Ça craint, n’est-ce pas ?
Notre histoire n'aurait jamais pu finir dans le calme et la tendresse
Je te déteste comme cette phrase qui dit c'était trop beau pour être vrai
Je n'avouerai jamais que certaines de mes propres émotions m'effraient
Je te déteste comme cette phrase qui dit c'était trop beau pour être vrai
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I'm a prisoner

to my addiction

"Je suis celle qu'on ne voit pas, Je suis celle qu'on entend pas, Je suis cachée au bord des larmes"
anxiété - Pomme
- Feat Ezekiel & Achille


Il y a bien longtemps, que tu ne t’es pas retrouvé dans un tel état.

Mais, tu es sur une pente trop abrupte, tu n’as pas la force d’arriver jusqu’au bout. Et, quoi que tu fasses, tu es destiné à tomber encore et encore – tu ne peux plus y échapper, tu as laissé les griffes de cette douce addiction se serrer autour de ton cou –.

C’est quand même triste, d’en arriver là. De finir dans un état comme le tiens actuellement. C’est triste de ne plus avoir la force de se battre, de ne pas se dire qu’un jour, la roue finira par tourner. C’est triste, de croire que tu auras beau tendre la main, aucun rayon de soleil ne viendra s’y poser, de croire que tu ne pourras jamais toucher la gaieté ne serait-ce que du bout des doigts. Oui, tu n’y crois plus – rien ne t’aide à garder espoir –. Tu as abandonné, ou plutôt tu t’es abandonné aux ténèbres, qui t’ont délicatement pris dans leurs bras. Ton existence est noire – elle l’a toujours été –. Est-ce que cela te convient ainsi ? Est-ce que tu es satisfait du résultat ? Tu n’en sais rien, tu n’as jamais rien connu d’autre. Parce que, dans ton monde à toi, le bonheur n’existe pas – ou plus –.

Tu fixes un point dans le vide, derrière Ezekiel. Tu ne réfléchis plus correctement, et tu es mitigé entre le fait de regretter amèrement ton comportement ou n’en avoir plus rien à faire. Tu n’as rien à perdre, tu espères juste te noyer dans l’alcool après tout. D’ailleurs, tu aimerais rentrer chez toi un peu plus vite que ça, que la conversation ne dure pas. Tu commences déjà à ressentir le manque – tes mains tremblent drôlement, rapidement suivis par ton corps tout entier –. Il faut que tu boives. Il faut que tu te délectes de ce poison. Tu as besoin qu’il supprime ta douleur psychologique, tu as besoin qu’il aide ton âme à s’apaiser – il n’y a que lui qui en a le pouvoir –. L’alcool, c’est ton seul ami désormais. Qui l’eut cru, que l’illustre écrivain Achille Trinisky finirait ses jours de la sorte ? Personne, puisque tout le monde se fiche de toi, de ton état – c’est ce dont tu es persuadé, mais tu oublies ton père et ta sœur qui passent leurs journées à s’inquiéter de ta santé, ils passent leur temps à essayer de t’appeler depuis deux semaines Achille, et toi tu ne réponds pas ; tu es un fils et un frère horrible –. Mais toi, tu es désormais persuadé que le monde est contre toi, ou plutôt se moque bien de toi. Tu n’existes plus aux yeux de personnes, tu n’es qu’une vulgaire âme errante.

« Sauve le peu d’honneur qu’il te reste et laisse-là en dehors de ça Trinisky, tu veux ? » Ton regard se pose de nouveau sur eux – il est totalement vide –. Tu les regardes, tour à tour. Ils sont beaux, tous les deux. Ils sont si beaux, que tu en as même une petite larme qui s’écoule le long de ta joue. Tu te dis qu’il a drôlement de la chance, Ezekiel, d’avoir quelqu’un à ses côtés désormais. Tu te dis qu’il a de la chance, d’avoir un petit bout de soleil dans ses bras, qui sourit. Toi, tu es juste seul, sur la route de ta vie. « Tu as raison. Tu préfères que je le transfert dans le tien peut-être ? Tu sembles en avoir plus besoin que moi. » Il te sort de ta rêverie – pourquoi est-il encore là ? Pourquoi n’est-il pas parti ? Il ne voulait plus te parler non ? –. Un ricanement mauvais t’échappe. « Mais quelle merveilleuse idée que voilà ! Effectivement j’en ai besoin, donc je peux t’en débarrasser volontiers ! » La tonalité de ta voix est sarcastique – et tu luttes pour ne pas attraper d’autres bouteilles dans le rayon ; c’est en train de te rendre fou, tout cet alcool autour de toi que tu ne peux pas consommer ; ou du moins pas avant d’être retourné dans ton mouroir –. « Ne pense pas que je vais te prendre en pitié parce que t’es dans cet état. » Un sourire diabolique pointe aussitôt le bout de son nez sur tes lèvres. « Tu aurais dû faire comique en fait, tu es vachement doué ! » Tu ne réponds rien d’autre que cette vulgaire phrase. Tu ne cherches la pitié de personne – et de toute façon, personne n’en aurait ; parce que c’est toi contre le reste du monde –.

Ton comportement est dégueulasse, Achille. Tu n’aurais pas dû succomber aux douces promesses des ténèbres. Car ton cœur est désormais plus noir que le plumage d’un Cornèbre. Toi, qui étais si doux, si agréable, si bienveillant… Tu n’es plus rien de tout ça, à l’heure actuelle. Ton espoir enfantin, le seul qui te restais, celui qui a été détruit – à deux reprises, tu n’as pas su encaisser –, c’est lui qui t’a poussé dans ce gouffre. C’est à cause de ça, que tu es en chute libre. En fait, tu n’aurais jamais dû les revoir. Tu aurais dû fuir, ne pas leur parler, les éviter. Ainsi, tu aurais conservé cette petite lueur en toi qui te permettait d’avancer chaque jour, celle qui te poussait à faire de ton mieux malgré tout. Tu viens de crever ta bouée de sauvetage, de briser le plancher de ton radeau. Et tu as laissé les chaines des abysses se refermer sur les poignets et tes chevilles. Tu es condamné désormais.

« T’es lamentable… Tu t’es vu un peu ? T’as ingéré quoi pour en arriver aussi bas ? » Tu as un petit sourire narquois, lorsque tu es soudain pris d’une forte quinte de toux. L’alcool ne sera pas le seul à te faire succomber, la cigarette jouera son rôle aussi. Tu es lamentable. Mais ton dilemme terminé, tu n’en as plus rien à faire – la seule chose qui te dérange actuellement, c’est que ce petit bout de chou dans les bras d’Ezekiel ait à voir ça, alors qu’elle ne devrait pas ; petite chose innocente –. Tu inspires un grand coup avant de parler – tu as l’impression que tu n’as plus de souffle ; tu as la cendre dans tes organes respiratoires qui t’en empêchent –. « Oh, tu t’inquiètes de ce que j’ai pu boire Ezekiel ? Voilà qui est fort agréable de ta part dis-moi ! Je croyais que tu ne voulais plus me voir, me voilà ravi ! » Tes paroles sont cinglantes, pas agréables. C’est vrai après tout, il t’a clairement fait comprendre qu’il ne veut plus de toi dans sa vie, alors pourquoi maintenant il vient à te demander ce genre de choses ? Pourquoi diable il ne t’a pas encore laissé seul dans ce rayon ? Pourquoi n’est-il tout simplement pas parti ? Il veut peut-être t’enfoncer encore plus, en te disant qu’il n’y a vraiment rien qu’y va chez toi, que ce soit ton homosexualité, ton alcoolisme ou ta dépendance au tabac ? Tu ne sais pas, tu ne comprends plus rien – et puis, ton esprit n’est pas vraiment en état de comprendre que ce soit actuellement –.

« J’en ai rien à foutre d’être lamentable. » Puisque de toute façon, je ne suis plus rien pour personne. Et puis, d’un coup, tu fais mine de réfléchir en portant ta main devant ta bouche, et en levant les yeux vers le ciel. « Ce que j’ai ingéré ? Boarf, pas grand-chose, quelques bouteilles çà et là… Tout ce qui pouvait bien me tomber sous la main. » J’ai littéralement bu tout ce qui se trouvait dans mon meuble. Et puis, ton regard se porte de nouveau sur les whiskys. Tu attrapes la première bouteille, un sourire malicieux sur le visage, et tu manques même de la brandir vers le ciel comme si c’était un don de celui-ci, ou même comme si c’était un trophée – tu restes encore quelque peu conscient de tes actes, alors tu ne le fais pas, bien que tu en meures d’envie –. « Tiens, comme celle-ci par exemple ! Pouf, elle est apparue comme par magie dans ma main ! C’est triste, je vais devoir la prendre elle aussi du coup… »

Tu es littéralement horrible. Tu as pris le mauvais tournant, le mauvais chemin. Tu as laissé tes émotions prendre le dessus. Tu n’es plus capable de rien. En plus, ta tête tourne, tu vacilles légèrement, tu te rattrapes sur l’étagère du rayon. Tu as besoin de partir – vas-tu être capable de rentrer jusque chez toi ? Tu n’en es même pas certain, mais il va bien le falloir –. Tu te sens faible, il faut que tu t’allonges, il faut que tu te délectes d’une bouteille de vodka ou de rhum – le plus dur sera de savoir par laquelle commencer –. Et puis, il faut que tu dégages de là, que tu arrêtes de faire ton cinéma. En plus, rappelle-toi de ce que t’a dit Ezekiel, que la prochaine fois que vous vous verriez, ça se passerai mal. C’est probablement parce qu’il y a sa fille qu’il ne s’est rien passé – c’est peut-être aussi pour ça que tu en profites pour jeter des remarques désobligeantes, ce n’est pas trop juste Achille ça –. « Pour une personne que je dégoûte, je me demande ce que tu fais encore là… » Tu es acerbe.

Tu continues de chercher les ennuis.
Tu te sens tout puissant, c’est ça ?
L’alcool ne fait pas pousser des ailes, le tabac non plus.
Comme Icare, ta chute te sera fatale.
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feat Achille Trinisky
Tu n’avais pas de mots pour décrire la scène navrante qui se déroulait sous ton regard impuissant.
Détester Achille n’était pas une question de choix ou de préférence… C’était un besoin, une nécessité. L’accepter, c’était ouvrir les bras à chaque trait que vous aviez en commun et dont tu t’étais difficilement purifié, c’était lui donner la chance d’être accepté dans un monde dans lequel personne ne t’avait permis d’être à ta manière. Tu ne pouvais pas te résoudre à lui offrir la chance que tu n’avais pas eu. Au travers lui, tu déversais toute ta rage d’avoir été traité comme un paria et un monstre dont le plus grand crime avait été de préférer les hommes. Pourtant, admirer de tes propres yeux la facette la plus pitoyable de sa personne ne t’inspirait pas le soulagement que tu avais lâchement espéré… Si Achille n’était pas mieux que toi, s’il ne représentait pas tout ce que tu avais perdu... Alors à quel espoir pouvais-tu clouer ton humanité ? À nouveau, tu avais été déçu. Déçu par l’une des personnes que tu haïssais le plus, déçu par quelqu’un qui n’avait pas souhaité te trahir.

Et le pire résidait encore dans ton incapacité à enfoncer le clou. Tu n’avais jamais imaginé que le personnage se cachant derrière l’homme ait pu être aussi médiocre et sans espoir… Pendant deux semaines, l’image solide et orgueilleuse d’Achille Trinisky t’avait empêché de sombrer dans les souvenirs acerbes de ton enfance. Après tout, eux s’en étaient mieux sortis que toi. Glady, Carmin, Lucian, Achille et Elyas avaient connu de meilleurs jours que les tiens, ils avaient surmonté des épreuves pendant lesquelles tu t’étais pitoyablement enfargé les pieds dans les fleurs du tapis. Tout comme le brun, ils avaient grimpé sur les plus hautes marches de la reconnaissance humaine et tu pouvais tous les détester pour ça.

Sauf que non.

Ce n’était pas arrivé. Même si l’illusion semblait irréprochable, l’envers du décor était beaucoup moins flatteur et enviable. Combien de personnes avaient un jour admiré Achille en espérant pouvoir échanger leur place avec la sienne ? S’ils voyaient le tableau dont tu admirais chaque imperfection, ils changeraient sans doute leur manteau de bord sans se faire prier. La vie de ton ancien ami n’était pas séduisante. Tout comme la tienne, au travers la richesse des Fizgerald, n’avait jamais été digne de l’admiration dont vous couvrait la classe populaire. Et c’était le parallèle qui, de toutes vos similitudes, te faisait le plus de mal.

« Mais quelle merveilleuse idée que voilà ! Effectivement j’en ai besoin, donc je peux t’en débarrasser volontiers ! » On t’avait longtemps enfoncé plus profondément alors que tu n’avais déjà plus la tête hors de l’eau… Et ce n’était définitivement pas quelque chose que tu pouvais faire à ton tour. Tu n’étais ni une bonne personne ni un saint, mais certaines souffrances faisaient trop écho en toi pour être reproduites. Tu supposais qu’à quelque part, Achille avait été quelque peu chanceux de ce côté. Ta pitié valait-elle la peine d’être considérée ? Être pris en pitié par un homme aussi minable et désespéré que toi était une forme d’insulte après tout… Pendant un court instant, tu étais prêt à admettre qu’il y avait bel et bien quelqu’un dans un état plus triste que le tien. Le pauvre, le paria, le souillé, le père indigne, l’alcoolique, le dépendant, le déshérité, le gay venait de découvrir quelqu’un qu’il pouvait encore estimer plus décevant qu’il ne l’était. C’était sans doute la pire insulte que tu pouvais faire à Achille… Et tu ne comptais pas t’en priver.

Sourire diabolique, réponse à la provocation la plus banale qui soit : « Tu aurais dû faire comique en fait, tu es vachement doué ! » Humoriste pour pauvres mecs. Y avait-il vraiment une débouchée pour toi dans ce domaine ? (Non, sans doute pas, mais qu’en avait-on à faire ?) Pour aujourd’hui seulement, tu étais prêt à encaisser les reproches et le comportement de ton fantôme, mais ça ne durerait pas. La prochaine fois, tu lui ferais regretter… Parce qu’il se devait d’être meilleur que toi-même sous toutes les facettes de sa vie. Et que maintenant que tu venais de découvrir sa véritable personnalité, tu te devais de relever le défi et d’être encore pire que lui. Comme si cela pouvait tout justifier… Comme si le succès de l’un pouvait expliquer la défaite de l’autre. Dans quel monde habitais-tu Ezekiel Fitzgerald pour penser ainsi ?  D’un geste doux, tu redéposes Eden tout en portant une oreille attentive à la toux sèche de l’autre bouffon. Il n’y avait pas que l’alcool. Il y avait autre chose, un autre vice dont tu reconnaissais les conséquences au simple son. Plus Achille te ressemblait, plus tu rêvais de pouvoir le secouer pour lui dire de se reprendre : vous n’aviez pas besoin d’être deux dans cette fichue addiction. Lui pouvait s’en sortir. Parce que lui valait mieux que toi. « Oh, tu t’inquiètes de ce que j’ai pu boire Ezekiel ? Voilà qui est fort agréable de ta part dis-moi ! Je croyais que tu ne voulais plus me voir, me voilà ravi ! » Cinglant. Tu l’avais mérité. Ce n’était pas parce que tu t’inquiétais indirectement de l’état du petit comique que tu devenais soudainement quelqu’un de bien et de respectable. S’informer de quelqu’un en le traitant d’être lamentable n’était jamais une bonne façon de s’enquérir de sa condition… Délesté de ton fardeau, tu fais signe à Eden de rester près de toi afin de ne pas la perdre de vue puis tu te permets de fixer ton vis-à-vis avec une lueur d’amusement malsaine et de colère sourde dans le regard.

« J’en ai rien à foutre d’être lamentable. » Lui et toi n’étiez pas capable de communiquer. Ouvrir ton cœur était une épreuve insurmontable et les mots dépassant sa pensée était un fardeau difficile à porter. Lui et toi vous vous disputiez le trône de l’être le plus déplorable de tous Lumiris, vous n’étiez pas en position de discuter tout simplement. C’était une guerre. Une guerre dont cette deuxième rencontre venait d’égaliser les victoires…  « Ce que j’ai ingéré ? Boarf, pas grand-chose, quelques bouteilles çà et là… Tout ce qui pouvait bien me tomber sous la main. » Tu te retiens presque de rigoler devant l’absurdité de la scène. Les mots te manquaient décidément plus que tu ne l’imaginais… Attrapant une bouteille, le jeune adulte s’empresse de réitérer sa parade : « Tiens, comme celle-ci par exemple ! Pouf, elle est apparue comme par magie dans ma main ! C’est triste, je vais devoir la prendre elle aussi du coup… » Les mots ne te manquent pas. Les mots ne te manquent jamais et, pourtant, tu te contentes d’admirer le spectacle qui se déroule sous tes yeux comme si tu n’en étais qu’un simple spectateur. Ce n’est que lorsqu’il vacille jusqu’à devoir rendre appui sur l’étagère du rayon que tu comprends que sa tirade touche à sa fin.

Enfin, tu soupires en admirant les traits distordus de son visage.
Tu ne réalises pas ce que tu t’apprêtes à faire. Tu ne vois rien venir, c’est plus fort que toi. C’est une question d’instinct sans doute… Mais sans même réfléchir, tu t’empresses de glisser ta main sous le bras d’Achille afin de supporter une partie de son poids puis tu l’aides à s’asseoir à même le sol du rayon. Tu te penches à sa hauteur, reprend sans malveillance la bouteille qu’il a entre les mains afin de la redéposer sur l’étagère. « Rends-moi service et ferme-là un instant. C’est insupportable d’entendre des mots aussi stupides sortir de ta bouche. » Siffles-tu en fermant les yeux une seconde ou deux. Il te faut du courage pour toucher Achille, pour poser tes doigts sur quelqu’un… Comme lui. Comme si l’homosexualité était une maladie, comme si tu n’étais pas déjà immunisé. Comme si tu risquais d’y retomber… De te laisser à nouveau tenter par le démon. À cette idée, ton cœur se serre dans ta poitrine, tu secoues la tête. « Je ne m’inquiète pas pour toi, je suis simplement désappointé d’apprendre que tu ne vaux en réalité pas mieux que moi. C’est injuste de ta part de me servir une telle désillusion après ton petit manège de la dernière fois. » Vous êtes humains. Vous êtes ce qu’il y a de plus laid chez l’être humain. Il n’y a plus rien à faire pour vous, c’est terminé depuis longtemps… Et pourtant, tu rêves secrètement de voir Achille renaître de ses cendres pour qu’à nouveau tu puisses le détester sans la moindre demi-mesure.

« Pour une personne que je dégoûte, je me demande ce que tu fais encore là… » Tu rigoles doucement. C’est un rire triste, morne, dépourvu de toute ironie ou contrariété… Qu’es-tu censé répondre à ça ? « Puisque tu te donnes en spectacle, ce serait dommage de perdre ton public. Non ? » Sourire, un peu carnassier, un peu moqueur qui s’échappe malgré toi de la prison dans laquelle tu t’étais efforcé de l’enfermer. Tu te reprends rapidement, te contente de fixer Achille… Ou plutôt, ce qu’il en reste. « Tu devrais rentrer chez toi. Occupe ta soirée comme tu le sens, mais tu ne gagnes rien à faire ce que tu fais présentement. C’est triste, voilà tout. » Ce n’est pas par sympathie, ça n’a rien à voir. C’est un fait, rien de plus. Ezekiel Fitzgerald ne ressent de la sympathie pour personne, pas même lui. « On va te raccompagner. Tu habites loin ? » Parce que, visiblement, il n’est pas en état d’y arriver lui-même. Il suffit d’admirer son équilibre précaire pour comprendre que c’est sur le sol de la supérette qu’Achille risque de dormir ce soir si personne ne fait rien…

N’empêche, es-tu sérieux ? Tu t’es attendri mon pauvre. C’est presque triste de t’y voir, toi avec. Ce n’est pas glorieux ni intéressant, c’est pitoyable de te voir aider quelqu’un… Surtout quand l’on connait toute l’hypocrisie qui se cache derrière ton geste.

« Mais je te promets que si tu tentes quoi que soit, je t’éclate le visage contre l’asphalte. » Ce n’est pas une promesse en l’air. Vraiment. Le moindre geste de travers et tu te fais le serment de le donner en pâture aux voitures.
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- Feat Ezekiel & Achille


Âme perdue, errant dans les rues.

Tu es tout simplement égaré. Tu as perdu tout tes repères, tu ne sais plus quoi faire. Tu n’as pas su jeter l’ancre à l’eau, laissant ton radeau divaguer sur les flots. Tu n’as plus personne pour te montrer le chemin à suivre, tu n’as plus de guide. Et ceux qui auraient pu t’aider dans cette quête identitaire – du moins c’est ce que tu croyais jusque-là – ne veulent plus de toi. Tu es seul, tu le seras jusqu’à la fin de tes jours. C’est un bien triste spectacle, tragique même. Tu cours à ta perte. Plus le temps passe, et plus il accélère ta chute en Enfer – ton quotidien s’en rapproche déjà fortement, n’est-ce pas ? –. Tu n’as personne pour te secourir, personne pour te tendre la main. Tu dois te débrouiller seul, mais tu n’y arriveras pas. Tu n’as plus la force. Tu n’as plus la foi. Tu n’as tout simplement plus rien.

Je n’ai pas respecté ma promesse.

Tu n’as pas tenu ton serment. Tu as failli à ta mission. Louise t’avait demandé de vivre, de vivre pour elle. Elle t’a demandé, supplié même de continuer ta vie, d’être heureux. Elle t’a fait promettre de retrouver tes amis – tu te rappelles, ce jour de pluie où, autour d’un café, tu lui as parlé de ceux qui t’étaient cher, de ceux qui t’avaient sauvé, de ceux que tu aimais plus que tout au monde. Tu lui as confessé que l’un des plus grands malheurs de ta vie était de les avoir perdus. Tu te souviens, ce large sourire rassurant qui s’était affichée sur le visage de la jeune fille malade ? Tu te souviens, de ces douces paroles remplies de sagesse ? « Si tu tiens tant à eux, et si tu les aimes par-dessus tout, pourquoi ne fais-tu pas en sorte de les retrouver ? Je suis sûre que malgré tout ce qui a bien pu se passer, malgré toutes ces années, vous pourrez renouer vos liens. Votre amitié est forte, j’en suis convaincue. » Ce jour-là, elle t’avait fait promettre de faire tout ce qui était en ton pouvoir pour reprendre contact avec ceux que tu avais perdu. Tu avais voulu la croire ; est-ce que cela avait été le bon choix ? –.

Tu t’es trompée Louise.

Tu te dis que tu t’es laissé bercer par ses paroles – et tu as bien fait, cela t’avait permis de tenir, jusque-là –. Que peut-être tu aurais mieux fait de ne pas l’écouter. De ne pas croire que votre amitié était beaucoup plus forte que tout. Peut-être aurais-tu dû tout simplement arrêter de penser à eux – peut-être te serais-tu mieux porté ? –. Mais ce n’était pas de sa faute, elle avait essayé de te rassurer, comme elle avait pu. Le problème vient tout simplement de toi. Tu n’es qu’un faible, incapable de voir la réalité en face, de l’encaisser. Idéaliste – un peu trop – tu te dodelines de l’illusion que la vie se passe telle que toi tu l’écris, ou comme toi tu l’entends. Que tu es maître de tes actes, de tes choix, de tout. Tu n’es rien de tout ça. Tu n’es qu’un minable, qui se donne en spectacle. Mais, la vérité, c’est que toute cette comédie n’est qu’un appel à l’aide, une main que tu tends, attendant désespérément que quelqu’un l’attrape avant qu’elle aussi soit absorbée par les sables mouvants qui régissent ton existence.

Tu te tiens, comme tu peux, parce que tu as l’impression que le sol peut s’effondrer d’un instant à l’autre sous tes pieds – tu es juste trop alcoolisé, le carrelage ne va pas bouger –. Tu fermes les yeux, tu essaies de te concentrer. Mais tout tourne, fort, trop fort. Tu as le sentiment que ta tête bouge dans tous les sens, que tu n’as plus de force, que tes jambes vont te lâcher. Lorsqu’une main t’agrippe le bras. Surpris, tu as un petit tressautement, puis tu te laisses doucement glisser vers le sol du rayon, comme soulagé. Et ce n’est que lorsque tu sens la bouteille que tu tiens être arrachée de ta main, que tu rouvres un œil, grommelant. « Rends-moi service et ferme-là un instant. C’est insupportable d’entendre des mots aussi stupides sortir de ta bouche. » Oui Achille, tais-toi, arrête de parler. Tu ne fais que t’enfoncer encore plus profond à chaque mot prononcé. Tu te ridiculises, tu te perds toute crédibilité. Tu n’es qu’un bon à rien, qui ne sait plus que boire et fumer. Tu te recroquevilles alors, plongeant ta tête entre tes bras. Oui, tu as raison, cache-toi, cache ce visage si pitoyable. « Je ne m’inquiète pas pour toi, je suis simplement désappointé d’apprendre que tu ne vaux en réalité pas mieux que moi. C’est injuste de ta part de me servir une telle désillusion après ton petit manège de la dernière fois. » Tu as un petit rire. « Quel petit manège ? »

Son petit rire te fait serrer les dents, puis relever la tête. « Puisque tu te donnes en spectacle, ce serait dommage de perdre ton public. Non ? » Oh que si, tu aurais préféré perdre ton public. Ou plutôt, tu aurais préféré croiser quelqu’un d’autre qu’Ezekiel dans cet état. Surtout après tout ce qu’il s’est passé, il y a deux semaines. Non, en fait, tu aurais voulu ne croiser personne. Car, même un inconnu aurait pu te reconnaître – en aurais-tu eu quelque chose à faire malgré tout ? Tu ne sais pas, ton cerveau n’est pas réellement capable de penser à ce genre de choses actuellement –. « Non. » Réponse concise. Tu n’as rien d’autre à ajouter. Et puis, tu te contentes de le fixer à ton tour avec ton regard vide d’émotions. « Tu devrais rentrer chez toi. Occupe ta soirée comme tu le sens, mais tu ne gagnes rien à faire ce que tu fais présentement. C’est triste, voilà tout. » Oui, c’est totalement ce que tu veux faire présentement. Rentrer, t’étaler sur ton lit, un verre à la main, fixer ton plafond, t’endormir sans même t’en rendre compte. Tu as besoin de ça, il faut que tu rentres, que tu te bouges, que tu t’actives avant qu’il ne soit réellement trop tard et que tu ne puisses définitivement plus bouger de ce rayon de malheur.

Tu commences à vouloir te mouvoir, mais la voix d’Ezekiel te stoppe dans ton mouvement. « On va te raccompagner. Tu habites loin ? » Surpris, tu le regardes avec de grands yeux. Est-ce qu’il est sérieux, ou est-ce une blague ? Tu plisses les yeux, tu mets à contribution le peu de neurones encore en état et tu réfléchis. C’est pas possible. Pas après tout ça. « Mais je te promets que si tu tentes quoi que soit, je t’éclate le visage contre l’asphalte. » Que je tente quoi que ce soit ? C’est-à-dire ? Tu es légèrement abasourdi par cette proposition inattendue. Que gagnerait-il à faire ça ? Non, pourquoi le serait-il surtout ? Il te déteste, il ne veut plus te voir, alors pourquoi te raccompagner chez toi ? Parce qu’il a pitié ? Non, il l’a dit lui-même qu’il n’en avait pas. Peut-être pour se donner bonne conscience ? Un rire ne t’échappe rien qu’à cette pensée. Non, certainement pas.

Comme par miracle, tu arrives à te remettre sur tes deux pieds – ce n’est pas le top, mais tu tiens debout et c’est déjà un exploit ; à croire que ces cinq bonnes minutes à rester assis t’ont été bénéfique. Tes yeux se posent alors sur Ezekiel, un léger sourire cynique sur le bord des lèvres. « Non non c’est bon, je ne vais pas vous embêter, je peux me débrouiller comme un gran-… » Tu manques de tomber en attrapant ton panier et en voulant faire un pas en avant – tu as voulu faire comme si tout allait bien, que tu pouvais le faire, mais tu as bougé beaucoup trop rapidement –. Définitivement, tu ne pourras pas y arriver tout seul. Tu serres les dents – tu vas être obligé d’accepter ; ça ne te fait pas plaisir, mais tu sens que c’est réciproque –. « Bon d’accord, je veux bien, je ne vais pas pouvoir y arriver tout seul… » Aïe, ton égo, ça fait mal hein ? « J’habite à dix minutes environ… » Tu sens que ça va être les dix minutes de marche les plus longues, et les plus gênantes de ta vie. Mais tu n’as plus vraiment le choix désormais. Cependant, une question te brûle les lèvres. « Comment ça, si je tente quoi que ce soit ? … » Tu as soufflé ces mots – tu ne sais pas vraiment si tu veux avoir la réponse finalement. Alors, aussitôt, tu souffles un grand coup. « Oublie ce que je viens de dire. »

Tu commences à te diriger vers la caisse – passage obligatoire, Ezekiel t’a peut-être retiré une bouteille, mais tu dois prendre le reste –. Chancelant, titubant à cause de ton lourd panier, tu arrives finalement en un morceau. Tu déposes le panier, tu déposes les fruits de ton addiction sur le tapis roulant, les rangeant ensuite dans ton sac à dos, puis tu t’empresses de payer – une belle somme que tu n’as jamais mise dans ce genre de choses puériles –. Ton sac sur le dos, tu as l’impression qu’il va te permettre de te stabiliser. Et puis, tu attends Ezekiel et Eden. Tu ne sais pas si c’est réellement une bonne idée qu’ils te raccompagnent. Enfin, tu es vite tiré de ta réflexion lorsque tu vois la mine attristée de la petite fille – tu n’as pas réellement écouté ou vu ce qu’il s’est passé, juste que ce petit bout de soleil est chagriné, ce qui te peine. Tu fouilles ton porte-monnaie, et en ressort un bon billet, que tu tends à Ezekiel.
« Tiens, prend lui ce qu’elle veut. Et garde la monnaie. » Tu as lancé ça d’une voix légèrement sèche, avant de faire un petit sourire à Eden.

Cette petite fille innocente doit garder son sourire.
Cette petite fille innocente doit rester heureuse.  
blblbllb j'espère que ça t'iraaaaas love  VERY in love !
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feat Achille Trinisky
Ce n’était plus drôle ni satisfaisant.
Franchement, plus rien ne faisait écho en toi que sa douleur. Tu le regardais, admirais de tes yeux cette épave à la dérive, sans rien ressentir de plus que l’incompréhension. Comment pouvait-on atteindre de tels bas-fonds lorsque la vie nous promettait à un avenir aussi formidable que le sien ? Achille avait tout pour être heureux… La reconnaissance, la renommée, l’argent : toutes les cartes se tenaient dans ses mains, volant aux miséreux toute cette bonne fortune qu’eux ne veraient jamais. Alors pourquoi ? Pourquoi ne savait-il pas s’en satisfaire ?  Tu aurais aimé comprendre, comprendre cette douleur qui creusait son cœur. Pas par empathie, mais parce que vous voir aussi minable l’un que l’autre créait un maelström de questions et d’idées confuses dans ton pauvre crâne. Pourquoi Achille Trinisky était-il si malheureux ? Tu ne pouvais pas concevoir que de perdre de vue cinq misérables âmes comme les vôtres pouvait être une raison. Vous n’étiez rien, rien de plus qu’un souffle de vent entre les branches des grands feuillus, rien de plus qu’un souvenir flou dans la mémoire de plus récalcitrant…

Toi, tu ne repensais jamais à tout cela.
Tu ne repensais jamais à eux, ne cherchait pas à te raccrocher à cette funeste nuit qui avait bouleversé vos vies.
Les amis venaient puis partaient, les chemins se séparaient puis se réunissaient, car tel était le fonctionnement des choses. On ne pouvait pas demander aux gens de rester ou de revenir… Tout arrivait pour une raison, même si celle-ci paraissait floue et insatisfaisante, même si elle vous arrachait le cœur puis crachait sur votre cadavre. Ta place, sa place, n’était plus au sein de ce groupe. Alors pourquoi insistait-il ? Pourquoi se faisait-il mal ainsi ? Était-ce vraiment la seule chose expliquant… tout ceci ? Tu avais dû mal à y croire. Même toi, tu ne t’étais pas accroché de cette manière. Tu étais de loin le plus minable des six et, pourtant, ce n’était pas toi qui avais ranimé de vieux fantômes, de vieilles histoires éteintes. Achille vivait dans le passé alors que son avenir était trente fois plus brillant que sa jeunesse terminée… C’était un drôle de spécimen. Tu ne pouvais pas comprendre quelqu’un comme lui, quelqu’un capable de s’enfoncer dans le désespoir alors que tout allait pour le mieux. Jamais une histoire de gamins n’aurait dû effacer Achille de cette façon… C’était insultant non ? Insultant de voir quelqu’un que tu considérais meilleur que toi être aussi pitoyable, aussi futile et sans intérêt. Lors de son apparition au restaurant, le Trinisky semblait, certes, décontenancé et délirant, mais ça n’avait rien à voir avec le spectacle qu’il t’offrait à l’heure actuelle. Il avait tenté sa chance, avait été rejeté… Et normalement, ça n’aurait pas dû s’enfoncer davantage.

Sauf que tu en avais trop fait. Tu en faisais toujours trop. Tous les malheurs du monde prenaient racines en tes paroles, en tes gestes et tu n’en avais même pas conscience. Tu crachais ton venin sur tous ceux osant t’approcher puis tu t’étonnais de les voir dépérir comme de vulgaires poupées de chiffon… Tu étais toxique, Ezy. « Quel petit manège ? » Tu hausses légèrement les épaules. « Ta glorieuse apparition, tes belles paroles… Toutes les conneries que tu m’as servies. » Achille était apparu comme un fantôme du passé pour te rentrer dans le crâne une image idyllique de lui et tu y avais cru. Un peu nostalgique, égoïste et stupide, mais tellement mieux que toi sur toute la ligne. Et voilà que l’illusion était brisée, qu’il ne restait sur son passage que de la poussière et une pointe amère de déception.

Proposer de le reconduire chez lui n’était pas une question de gentillesse. Tu t’adoucissais définitivement trop pour respecter le monstre dont tu revêtais l’apparence, mais ce n’était pas un acte de gentillesse. Tu désirais simplement effacer cette image de ta mémoire, continuer de croire à l’impossible gloire d’Achille et graver de lui autre chose que l’odeur de l’alcool et de la nicotine. À croire qu’il ne faisait vraiment jamais rien de bien. Qu’il arrive en preux chevalier pour recoller les pots cassés ou en paria pour te cracher dessus, tu continuais de le détester et de lui en vouloir. Qu’attendais-tu vraiment de lui, dis-moi ? Le savais-tu toi-même ? Le regardant se redresser sur ses deux pieds, tu t’empresses de te relever également afin de te tenir à sa hauteur. Les cinq centimètres qui vous différencient se perdent dans sa posture questionnable. C’est laid. Si laid. « Non non c’est bon, je ne vais pas vous embêter, je peux me débrouiller comme un gran-… » Il n’a pas le temps de terminer sa phrase qu’il passe près de tomber lorsqu’il se penche pour attraper son panier. Tu soupires bruyamment, redépose ta main sous son bras afin de veiller à ce qu’il ne s’étale pas de tout son long puis tu le fixes. En silence. Ton regard, accusateur, trahit ton agacement face à son orgueil. Mais qui es-tu pour juger ? Qui es-tu pour condamner l’orgueil de quelqu’un ? C’est l’hôpital qui se fout de la charité. Cesse de faire ton saint, tu n’es rien de plus qu’un gueux motivé par l’égoïsme et la stupidité la plus totale. Tu n’as rien à apprendre aux autres et encore moins à Achille. « Bon d’accord, je veux bien, je ne vais pas pouvoir y arriver tout seul… » Mieux. « J’habite à dix minutes environ… » Satisfaisant, n’est-ce pas, de sentir que quelqu’un a besoin de toi ? C’est jouissif d’être temporairement la dépendance d’un autre. Tu pourrais presque t’en réjouir, célébrer cet instant de ta vie où ton aide est explicitement sollicitée... Sauf que rien n’y fait. Réalisant le contact prolongé de ta main sur son bras, tu la retires brusquement avant de l’essuyer sur ton pantalon. Tu as peur de le toucher, peur d’être faible, peur de te laisser tenter.

Mais tenté par quoi au juste ?
Tu es guéri.
La maladie n’est pas contagieuse, tu n’es pas censé retomber entre ses mains aussi facilement.
Reprends-toi, Ezekiel.

« Bien. » Regardant Eden à ta gauche, tu adresses un léger sourire à la gamine afin de t’enquérir de son état, mais tu réalises rapidement qu’elle ne t’accorde pas la moindre attention. Ses yeux sont fixés sur Achille, son regard le détaille intensément, comme si elle venait de découvrir quelque chose d’incroyable. Tu ne relèves pas. « Comment ça, si je tente quoi que ce soit ? … » Tu fronces légèrement les sourcils, est-il sérieux ? « Oublie ce que je viens de dire. » Ça te dégoutte, cette fausse ignorance. « Ne t’avise pas de poser la main sur moi ni même de me regarder un peu trop intensément. Je sais comment les gens comme vous pensez… Vous n’êtes rien de plus que des animaux. Vous êtes sales. » Soupires-tu. Étais-tu vraiment aussi pitoyable ? Oui. Le corps des hommes était devenu une obsession avant que ton regard ne croise celui de Nathanael. Privé du droit de t’attacher, tu t’étais offert à quiconque ayant les moyens de t’approcher. Puis il était apparu… et là, ça avait été pire que tout. Relation contre nature, amour interdit : tu avais bien mérité ton châtiment.

Suivant Achille jusqu’aux caisses, tu le laisses régler sa note avant la tienne. Tu l’admires poser le fruit de son addiction sur le tapis roulant puis le transférer dans son sac aussitôt qu’il a passé entre les doigts de la caissière. Tu soupires devant les chiffres qui se concurrencent, qui s’ajoutent les uns aux autres. Est-ce vraiment ce à quoi tu ressembles ? Cette image que tu as de lui, est-ce celle qu’Iza avait de toi ? Tu voudrais presque vomir devant cette constatation. Putain, tu ne vaux vraiment rien. À quoi bon vivre si c’était pour te satisfaire de ça… ?

En déposant fébrilement les tiennes sur le tapis, tu sens alors les doigts d’Eden se refermer sur ta chemise blanche. Surpris, tu baisses ton regardé céruléen sur sa petite personne. Elle te pointe une barre de chocolat, ton cœur se serre. Tu déglutis avant de te pencher à sa hauteur pour déposer une main attendrie sur sa chevelure bleue, tu soupires. « Papa ne peut pas… » Son regard se fait aussitôt plus suppliant et, à cet instant, tu réalises ta bêtise. Es-tu sérieux, Ezekiel ? Tu te redresses, fixe d’un œil éteint les bouteilles qui s’alignent sur le tapis… Sacré sens des priorités. Quand es-tu devenu aussi stupide, aussi inconscient ? Tu n’as pas les moyens de te payer les quatre bouteilles qui illuminent ton regard et pourtant, celles-ci te semblent soudain plus importante que le caprice timide de ta fille. Tu as choisi l’alcool à son bonheur, l’alcool à elle. Ton estomac se serre alors que tu diriges une main fébrile vers ton achat.

Ce n’est pas ta faute, tu sais. C’est comme ça, c’est tout. C’est inconscient. L’alcool est le dernier truc qui te permet d’oublier et c’est un luxe sur lequel tu ne peux te résoudre à faire une croix… et pourtant…
Et pourtant.

« Tiens, prend lui ce qu’elle veut. Et garde la monnaie. » Tu n’as pas besoin de sa pitié. Sentant un éclat de rage envahir ta personne, tu t’apprêtes à gifler sa main de la tienne lorsque tes yeux croisent ceux de l’enfant. L’incompréhension et l’espoir se partagent le premier rôle dans ses pupilles… Et tu comprends alors qu’elle a tout pigé. Tu arrêtes ton geste en chemin. Tu ne peux pas la décevoir comme ça… Arrachant le billet des mains du brun, tu soupires bruyamment avant d’attraper la barre de chocolat de la petite puis de régler vos achats. Une fois fais, tu tends alors à Eden l’objet de sa convoitise qu’elle s’empresse de saisir avant de se retourner vers Achille, les bras grands ouverts. Tu restes pantois. Tu tentes de faire comme si tu n’avais rien vu, comme si cette quête de câlin n’était qu’un coup de vent dans l’univers. Mais en dedans, tu bouilles de la voir s’attacher au Trinisky.

Comment un enfant aussi pur a-t-elle pu naître d’une union aussi malsaine ?

« Allons-y. Tu as besoin de passer ton bras autour de mon cou peut -être ? » Murmures-tu en le dévisageant. Tu le détestes. C’est plus fort que toi… Et tu le détestes d’autant plus que tu sais qu’Eden, elle, l’aime bien.
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Les masques finissent toujours par tomber.

Tu berces les autres de cette belle illusion, de cette belle image de ta personne que tu leur sers sur un plan en argent. Tu leur fais croire que tout va bien, que tu es heureux, que ton ascension sociale t’as finalement permis de goûter au luxe et au bonheur – si seulement ils savaient –. Tu t’adresses à eux avec de belles paroles, des formulations soutenues, et puis, surtout, avec ce petit sourire qu’ils croient tous si réel, alors qu’il n’est que fictif. Personne ne voit que ce n’est qu’un doux mirage que tu te tues à leur donner. Parce qu’en réalité, au final, personne ne fait attention à personne. L’être humain se moque complètement de ses semblables, jusqu’à tant qu’il ait besoin d’eux. Rien que d’y penser, tu as la rage au ventre. Parce que personne ne remarque tous ces signaux d’alerte que tu t’entêtes à lancer. Mais, Achille, si tu ne parles pas, les autres ne pourront pas le deviner. Le problème, c’est que tu t’obstines à rester dans ton mutisme.

Oui, Ezekiel a raison. Ce n’était qu’un tas de conneries que tu lui avais servi lors de cette soirée-là. Mais si seulement il savait. Si seulement il savait que tu n’aimes pas ta vie. Si seulement il savait que, malgré le fait que tu ais désormais tout à disposition pour vivre correctement, rien ne suffisait à t’apporter ne serait-ce qu’un petit bout de joie. L’argent ne suffit pas, la notoriété non plus. Qui plus est, ce sont des choses auxquelles tu n’as jamais apporté une grande importance. Car tu as commencé ta vie au plus bas de l’échelle sociale. Et que tu n’as jamais rêvé de devenir l’homme le plus riche et le plus puissant de cette planète. Parce qu’avant même d’atteindre le rang que tu occupais actuellement, tu étais bien conscient que toutes ces personnes qui possèdent plus de la moitié de la richesse du globe ne sont que des vipères qui n’attendent qu’à faire crouler le rester de la population.

Et puis, comme on dit, l’argent ne fait pas le bonheur – pas le tiens du moins –. Toi, tout ce que tu voudrais – ou du moins ce que tu voulais, désormais tu n’y crois même plus –, c’est une personne à tes côtés. Mais, une personne qui ne partirait jamais, qui ne t’abandonnerait jamais, qui ne te quitterait jamais – tu es beaucoup trop exigeant, Achille –. Tu as besoin de quelqu’un, mais tu as cruellement peur de l’abandon. Ces deux pièces ne collent pas, ne s’emboîtent pas. Le problème, c’est que tu n’as connu que la perte depuis le début de ta vie. Jamais quelqu’un n’est resté à tes côtés, ou même en contact avec toi plusieurs années durant – tout le monde a fini par s’effacer –. Et, aujourd’hui, tu es seul. Tu as envie de t’attacher – d’ailleurs, tu ne le fais que bien trop rapidement dès qu’une personne trop aimable avec toi t’adresse la parole –, mais tu n’acceptes pas le fait que cette même personne pourrait venir à partir un jour. C’est comme pour tes amis. Parce que tu n’en as jamais eu, mis à part eux, alors tu n’as jamais trop su comment tout ça marchait. Et puis, qu’aujourd’hui ils viennent tous à te dire que tu n’es plus rien pour eux, tu ne l’avales pas – la pilule ne passe pas –. Enfin, désormais, tu as abandonné cette idée, que de retrouver tout le monde.

Mais actuellement, il y a une chose que tu fais encore bien plus mal que tout ce qui a bien pu se passer jusque-là. Cette vision qu’a Ezekiel de l’homosexualité. Tu as serré les dents, tout à l’heure, lorsqu’il t’a gentiment expliqué ce que tu ne devais pas faire, au risque de te retrouver à manger du bitume. Tu le fixes, tandis qu’il passe à la caisse. Tu le fixes avec un regard des plus noirs. Tu as préféré ne rien relever de sa remarque ; pourtant, tu n’en penses pas moins. Et puis, tu regardes tes deux mains. Es-tu réellement sale ? Ton homosexualité est-elle un péché ? Tu secoues doucement la tête – tu ne vas quand même pas te remettre en question après toutes ces années, si ? Tu es comme ça, un point c’est tout. Tu t’assumes, et ce ne sont pas les paroles d’Ezekiel qui vont te faire changer comme tu lui as si bien dit la dernière fois, si ? –. Tu as beaucoup de mal à comprendre le pourquoi du comment. Pourquoi une telle réaction ? Pourquoi un tel dégoût ? L’homosexualité est plutôt bien acceptée pourtant de nos jours, non ?

Tes réflexions sont interrompues lorsque tu remarques qu’Ezekiel a fini ses achats. Tu l’observes donner une barre de chocolat à Eden – visiblement le fruit de sa peine quelques secondes auparavant ; tourment rapidement effacé par cette joie renaissante –. Un petit sourire s’affiche sur ton visage, ravie que cette petite ait retrouvé le sourire. Enfin, tu es étonné lorsqu’elle se retourne vers toi, les bras grands ouverts. Tu te demandes alors si seulement tu as le droit de répondre positivement à cette invitation, aux vues des réflexions d’Ezekiel. Tu lui jettes d’ailleurs un regard interrogateur. Et puis, tu finis par craquer, tu t’agenouilles et, d’un geste de la main, tu invites la petite à venir dans tes bras. Tu la serres doucement – tu n’es pas dans ton état normal, tu n’arrêtes pas d’enchainer les conneries depuis le début, pourtant tu arrives à faire attention à Eden, comme si elle est une petite chose précieuse qu’il ne faudrait surtout pas briser en morceaux –. Elle est vraiment mignonne – elle t’attendrit –. Tu pourrais rester comme ça des heures durant. Pourtant, tu la relâches rapidement, de peur de te prendre une nouvelle rafale de reproches. Tu finis par te relever tant bien que mal.

« Allons-y. Tu as besoin de passer ton bras autour de mon cou peut -être ? » Tu arques un sourcil tout en le regardant, avant qu’un rire nerveux ne t’échappes. Tu sais que tu n’as pas le droit de faire un pas de travers, tu sais que tu dois faire attention au moindre de tes mouvements, des tes paroles, de tes actes. Et tu sais surtout que tu n’es pas en capacité ne serait-ce que pour te défendre s’il venait à… te frapper ? En serait-il réellement capable tu penses ? Tu préfères penser que non – pourtant, tu as peur que la réponse soit tout le contraire –. Enfin, tu ne comprends pas tout à fait pourquoi il te dit ça, alors qu’une dizaine de minutes auparavant il t’a bien fait comprendre que tu ne devais pas le toucher – c’est de l’ironie Achille, ne rentre pas dans son jeu, tu en as assez fait pour ce soir –. Avant de répondre quoi que ce soit, tu préfères prendre une grande inspiration, de sorte à mettre le peu de concentration qu’il te reste dans ta marche, tandis que vous quittez le magasin et que vous prenez la direction de ton appartement.

« Sans façon, j’ai envie de rentrer chez moi sans avoir des morceaux de goudron entre les dents. » Lances-tu, légèrement nerveux, tout en détournant le regard. Vraiment, tu ne pensais pas que tu allais être aussi tendu. Enfin, tu sens que l’air extérieur te fait du bien. Il commence à se faire tard, il fait frais, et cela te revigore – un peu seulement, tu continues de garder une quantité d’alcool beaucoup trop importante dans le sang ; elle ne va pas s’envoler d’un coup d’un seul –. Il n’y a plus grand monde dans les rues – encore une autre bonne nouvelle ; la roue aurait-elle tournée ? Non, ne rêve pas trop Achille –. Tout est plutôt calme, et vous avez pour seule compagnie les lampadaires – tu apprécies grandement cette quiétude –. Tu lèves alors les yeux vers le ciel. A cause de la lumière artificielle, il est quasiment impossible d’observer les étoiles – tu adores les contempler, des heures durant, lors de tes sorties nocturnes –. Cela t’attriste. Enfin, tu finis par poser ton regard vers Eden – petite étoile tombée du ciel, le seul petit astre scintillant que tu verras de ta soirée –.

« Quel âge a-t-elle ? » Demandes-tu tout en lui souriant. Oh, tu retrouves un langage un peu plus correct tient. Tu ne t’amuses plus à balancer des mots sans te soucier de la forme. C’est sûrement parce que tu as la boule au ventre, que tu stresses de dire une chose qu’il ne faudrait pas, de faire un mauvais geste. D’ailleurs, tu n’oses même plus regarder Ezekiel. La petite, les lampadaires, un point dans le vague devant toi et le ciel aussi noir que tes pensées sont les seuls points sur lesquels tes yeux se posent tour à tour. Lui, tu es effrayé rien qu’à l’idée de le regarder. Tu es affolé, et ton anxiété se lit sur ton visage. Tes traits tendus, tes dents serrées. Et puis, tu n’arrêtes pas de te frotter les mains, de les passer ensuite dans tes cheveux – tu désirerais que ça ne se voit pas, pourtant c’est aussi gros qu’un building de quarante étages –. « Ça ne vous fait pas faire un grand détour j’espère ? … » D’ordinaire, le silence est ton plus grand ami. Pourtant, là, il te dérange, il te met mal à l’aise. Tu ne sais pas si tu dois parler, ou si tu dois te contenter de te taire. L’angoisse te tord le ventre – quand ce n’est pas l’alcool ou le tabac, ce sont tes émotions qui s’amusent à malmener ta pauvre carcasse.

« Hum… » Tu te racles la gorge. « Merci de me raccompagner. » Tu as longuement hésité à les dire, ces mots. Pourtant, tu t’es dit que c’était la moindre des politesses, non ? « Mais je vous dérange, vous avez sûrement cent fois mieux à faire que de ramener un déchet comme moi chez lui… » Tu as plus parlé pour toi-même, disons que tu as pensé à voix haute. Enfin, tu te dis que tu commences à trop en dire. Qu’il faut que tu te taises, que tu arrêtes, au risque de t’enfoncer, encore et toujours plus. Tu risques un coup d’œil vers Ezekiel, un nœud à la gorge.

Tu aurais probablement mieux fait de te taire, Achille Trinisky, de garder la langue dans ta poche.
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Un frisson d’indignation traverse ta colonne lorsque tu le vois prendre la prunelle de tes yeux dans ses bras répugnants. Entre Eden et toi, il n’y a jamais eu de place pour une troisième personne… La voir se rapprocher de quelqu’un de meilleur que toi te crève le cœur et, pourtant, tu sais que c’est un geste complètement dénué de méchanceté. Il n’y a jamais eu personne pour s’amouracher de votre petite famille, pour vouloir y faire sa place. Là où ta fille s’entêtait à séduire tout le monde, toi tu te bornais à repousser méthodiquement quiconque posant les yeux sur vous. Tu étais un chien galeux et mal éduqué détruisant absolument tout ce que la pureté d’Eden s’employait à construire… À chaque fois qu’elle ouvrait votre porte à un surlendemain meilleur, tu la refermais en la verrouillant à double tour.

Tu avais peur. Peur de t’ouvrir au bonheur. Peur d’y prendre goût puis de sombrer plus profondément encore dans l’aversion et la souffrance… Les bras rachitiques de la misère n’étaient peut-être pas les plus accueillants, mais eux promettaient au genre humain de ne jamais le décevoir. Auprès d’elle, tu ne craignais pas de chute, tu ne te tourmentais pas à savoir quand le vent tournerait… Car jamais il ne tournerait. Tu serais éternellement malheureux, car tel était le choix que tu avais fait. Tu ne voulais plus t’en sortir, tu ne voulais plus aspirer au bonheur… Tes espoirs, tu les avais noyés le jour où tes parents avaient déclaré qu’un homosexuel n’avait rien à faire chez les Fitzgerald. Tu avais compris que peu importe l’énergie que tu déployais à remonter la chute, il y aurait toujours quelque chose pour t’y repousser : tu ne serais jamais parfait. Tu ne ferais jamais assez bien pour ce monde, pour tous ces gens qui se considéraient autrefois comme tes égaux…

Ironique quand on réalisait désormais qu’ils n’osaient plus poser les yeux sur toi.

« Sans façon, j’ai envie de rentrer chez moi sans avoir des morceaux de goudron entre les dents. » Tu es heureux de réaliser qu’en dépit des apparences, Achille a encore toute sa tête. Quand es-tu devenu aussi horrible ? Achille était ton ami et, dorénavant, tu n’es rien de plus que son bourreau. Par jalousie pure, tu te permets de cracher sur lui comme s’il était le dernier abruti sur terre… Et tu ne te sens même pas coupable de le faire. Parce que c’est ça, désormais, ton quotidien. La haine, la colère, sont devenus des amies avec lesquelles tu batifoles constamment… Et ensemble, vous renversez le monde. Vous le détruisez, vous multipliez les victimes. Quelle vie louable… Comment as-tu pu en arriver là ? Plus jeune, tu n’avais rien à voir avec cette vulgaire version de toi-même. La vieillesse voulait que l’on devienne des meilleures versions de nous-même… Et toi, considérais-tu avoir relevé le défi ? Considérais-tu être l’homme que tu souhaitais devenir ? Était-ce ça, ton rêve ? « Tant pis. » Tant pis ? Tu ne peux pas te jouer des gens de cette façon, tu ne peux pas semer le trouble dans leur esprit, changer de discours aussi naturellement. Ce n’est pas juste. Ne pas savoir sur quel pied danser avec quelqu’un d’aussi dangereux que toi est une malédiction. Tu as bien fait de te retrouver complètement seul, tu ne méritais pas mieux que la solitude pour seule compagnie.

Attrapant la main d’Eden dans la tienne, tu prends une grande inspiration avant de relever légèrement ton regard vers le ciel. La nuit est déjà bien entamée… La gosse devrait déjà être au lit à cet heure, tu le sais. Mais tu n’as jamais été un père modèle. Tu n’as jamais été un père. Eden, c’est ton fardeau. C’est la personnification d’une vieille promesse, la malédiction qu’Iza a mis sur ton chemin pour te forcer à vivre… Sauf que tu n’es pas fait pour ça. Prendre soin d’une autre vie que la tienne, c’est un défi dont on n’estime pas la difficulté avant d’y être mêlé. « Quel âge a-t-elle ? » Tu as du mal à croire qu’Achille puisse réellement s’intéresser à elle… Ou même à vous. Tu ne sais pas à quel jeu il joue, mais dans la quiétude de la nuit, tu ne trouves pas le courage de l’envoyer se faire voir. Demain sans doute… « Deux ans et demi… » Tu prends une pause, hésite. « C’était pas prévu, sa mère était une prostituée que j’ai rencontrée lorsque je suis revenu à Lumiris… Glorieux n’est-ce pas ? » Tu t’ouvres pour permettre à Achille de réaliser à quel point tu n’es rien. Tous tes faits et gestes sont ternis par la honte, par le déshonneur le plus navrant qui puisse exister. Tu as mis au monde un enfant alors que tu te rendais malade dans les bras d’une femme pour laquelle tu n’avais aucune attirance… « Je ne vois pas comment t’as pu croire que je valais quelque chose. » Rigoles-tu légèrement en serrant un peu plus la main de ta fille dans la tienne. La gamine esquisse une grimace d’inconfort, dépose ses doigts sur les tiens pour te demander un peu de délicatesse. Cet enfant n’était pas le fruit d’un union passionné… Elle n’était qu’un accident de parcours, un être que vous n’aviez pas sollicité et qui s’était pourtant invité à la fête sans même vous en parler. Tu te sentais mal pour elle… Mal qu’elle n’ait pas été conçue dans l’amour et dans le respect, mais dans l’aversion et le déni. Ce n’étaient pas de bonnes bases pour commencer à vivre… Tout comme ce ne l’était pas de naître Fitzgerald.

Comme quoi elle n’avait vraiment rien eu pour elle.
Et pourtant, tu l’aimais tant.

Tu ne remarques pas l’anxiété qui se trahit chez Achille. Peut-être parce que, au final, tu en as peu à faire d’être détesté ou craint. T’attendais-tu à autre chose lorsque tu lui avais promis de lui faire manger le bitume s’il osait te regarder ? Non. Certainement pas. Cette réaction, elle était normale. Normale et pourtant si triste. Passant une main dans tes cheveux mentholés, tu t’arrêtes un instant sur leur longueur négligée. Traiter les autres de sales quand on est aussi désintéressés que toi, c’est un affront fait à Arceus. C’est scandaleux. Pourquoi es-tu né si con ? « Ça ne vous fait pas faire un grand détour j’espère ? … » Tu secoues la tête, poses enfin ton regard sur sa pitoyable personne pour y voir de tes propres yeux les signes de sa peur. Personne, absolument personne, ne pourrait se douter à cet instant que vous avez déjà été amis par le passé… Tu es devenu un tortionnaire, car c’est tout ce qu’il te reste pour te venger. Mais à quoi bon recueillir de telles réactions ? Cela te rend-t-il vraiment heureux ? « Je te fais peur ? » Demandes-tu, non sans un petit ricanement. Tu pourrais en tirer avantage, tu pourrais pousser le vice plus loin encore… Mais tu n’en as pas la force. Tu ne peux pas enfoncer quelqu’un sur le point de se noyer…

Tirant un paquet de clopes de ta poche, tu extraits l’un des bâtons de nicotine de son emballage avant de tendre ce dernier à ton compagnon de route. Eden ne réagit pas, si ce n’est pour plisser légèrement le nez d’une moue embêtée à laquelle tu n’accordes aucune importance. Tu en as besoin. Les soirées chargées comme celles-ci t’épuisent. Sans remontant, tu n’iras nulle part… Et malheureusement, se saouler sur la voie publique est illégal. (Sinon tu l’aurais sans doute déjà fait te connaissant…) « Tu en veux une ? » Proposes-tu avant de brûler l’extrémité de la tienne. D’un geste détaché, tu lui offres même le briquet, comme quoi tu n’es pas qu’un enfoiré…

Oh, vraiment ?

Tu aimerais tant y croire. « Hum… » Tu lui décroches un regard en biais. « Merci de me raccompagner. » Tu n’as pas besoin de ses remerciements… Tu ne le fais pas pour lui faire plaisir, mais parce que tu veux te prouver que quelque chose de grand subsiste en lui. Même si c’est loin, même si c’est effacé par les années, même si ça semble complètement mort : tu as besoin de découvrir un peu de noblesse dans ce cœur détruit. Sans ça, tu ne seras plus jamais capable de te regarder dans un miroir. « Mais je vous dérange, vous avez sûrement cent fois mieux à faire que de ramener un déchet comme moi chez lui… » Vrai. Enfin, presque. Haussant les épaules, tu tires un trait de ta cigarette sans même le regarder. Tu es fatigué, si fatigué. Ta dernière effusion de sentiments remontait à si loin maintenant… Tu n’étais pas prêt à revivre ça ici, ce soir. Le combat entre toi-même est rude. Beaucoup trop rude pour ta minable personne. « Je ne le fais pas pour toi… » Tu as besoin de le confirmer, de te l’entendre dire. C’est mieux pour toi, pour ta santé mentale. Ou du moins, ce qu’il en reste. « Tu as sans doute raison. Très sincèrement, je ne sais pas pourquoi je me donne cette peine. Je ne te regretterais pas s’il devait t’arriver quelque chose ce soir… » Au moins, ça a le mérite d’être honnête. C’est froid, injuste, gratuit et surtout faux, mais ça sort de tes lèvres avec tant de facilité que l’on peut aisément y croire. « J’ai juste besoin de me convaincre que t’es pas aussi minable que tu en as l’air, que t’es un peu plus que ça, un peu moins comme moi… J’aimerais bien croire que l’un d’entre nous s’en est bien tiré. » C’est la première fois que tu parles des autres, de vous, du passé. Et c’est également la première fois que tu t’ouvres un peu depuis longtemps.

C’est sans doute l’ambiance de la nuit, n’est-ce pas ?
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"Je suis celle qu'on ne voit pas, Je suis celle qu'on entend pas, Je suis cachée au bord des larmes"
anxiété - Pomme
- Feat Ezekiel & Achille


L’art de te plaindre alors que tu as tout à ta portée.

Voilà ta plus grande compétence – et surtout ton plus grand défaut –. Tu passes tes jours à t’apitoyer sur ton sort, sans jamais essayer d’y mettre un terme – mais ça y est, du n’a plus envie, tu es persuadé que jamais plus rien ne pourra y mettre fin –. Tu ne cesses de te morfondre, tu laisses même les bras de la Faucheuse se refermer doucement autour de toi. Tu t’abandonnes à elle. Tu ne réalises même pas la chance que tu as, de ne plus vivre dans la misère, de ne plus vivre dans le besoin constant. Tu ne te rends même pas compte à quel point vivre sans regarder le prix de ce que tu achètes peut faciliter la tâche. Tu ne n’en es pas conscient, car tes souvenirs te coincent dans ton passé. Ils te soufflent de mauvaises idées aussi, et toi, tu les écoutes. Finalement, tu es beaucoup trop influençable. Tu ne sais pas réfléchir par toi-même, et tu te laisses bercer par les douces illusions et les belles promesses de tes propres démons.

Tu ne te satisfais de rien – ou du moins plus maintenant –. Tu as des rêves inaccessibles, et tu continues de t’en créer de nouveaux. Tu as l’impression que le monde entier est contre toi alors que ce n’est aucunement le cas. Tu te fais des films tout seul, tu alimentes tes délires de par tes illusions insensées et infondées. Tu craches sur ta vie, sans même comprendre que beaucoup de gens rêvent en silence d’avoir ta chance. Tu es respecté – pas par tous ces bourgeois minables, mais par tout le reste de la population qui te connais, et qui te soutient un peu plus à chaque écris publiés –. Tes mots soignent les maux des autres, ta plume berce leur imagination, tes livres les font voyager. Tu aides toutes ces personnes qui ne cessent de te remercier lors des séances de dédicaces. Mais toi, tu ne penses qu’à toi. Apporter du bonheur aux autres ne te suffit pas – tu voudrais qu’on t’en apporte en retour –. Tu es égoïste et, en plus, tu ne laisses personne pénétrer dans ta petite bulle. Alors, comment espères-tu pouvoir connaître la joie si tu ne laisses personne t’aider ? Ton existence tout entière est un véritable dilemme, un casse-tête impossible à résoudre. Tu es bien trop complexe, Achille.

« Deux ans et demi… C’était pas prévu, sa mère était une prostituée que j’ai rencontrée lorsque je suis revenu à Lumiris… Glorieux n’est-ce pas ? »  Tu es plus abasourdi par le fait qu’Ezekiel te fasse une telle concession, plutôt que par les origines de la petite. Tu pensais avoir été trop envahissant en posant des questions, en osant ouvrir la bouche pour détruire ce silence qui te mettais beaucoup trop mal à l’aise, et voilà qu’il te fait par d’une telle chose. Dans quel but ? « Je ne vois pas comment t’as pu croire que je valais quelque chose. » Trouver les mots justes dans ce genre de situation n’est pas chose aisée. Tu soupires, posant un regard attendrit sur Eden. « Peu importe. Aujourd’hui elle est là, elle est adorable, et c’est le principal. Et c’est pas ça qui va me faire changer d’avis. Je reste persuadé que tu vaux mieux que l’image que tu cherches à donner. » Tu t’es peut-être un peu trop avancé en terrain miné. Tu finiras peut-être avec du bitume entre les dents. Mais tu es sincère. Tu es convaincu qu’Ezekiel vaut cent fois mieux que ce qu’il espère laisser paraître. Et tu aimerais bien qu’il le comprenne, qu’il l’entende.

« Je te fais peur ? » Tu as un frisson qui te parcourt le corps. Merde, il a vu. Parce que tu espérais pouvoir cacher ça, alors que c’est écrit en majuscule sur ton front ? Tu n’as pas peur. Mais tu n’es pas tranquille pour autant. Tu as vraiment envie de rentrer chez toi sans égratignures, et tu ne prends pas ses menaces à la légère – le devrais-tu ? Tu ne sais pas, alors tu choisis la défensive –. Un petit rire nerveux t’échappe. « Non, j’ai juste froid. » Tu ne pouvais pas mieux faire comme mensonge ? Oui, l’air n’est pas chaud, mais de là à inventer un aussi gros bobard… Tu sais pertinemment qu’il ne mordra pas à l’hameçon, et tu es bien heureux lorsqu’il te propose une cigarette. « Oui, je veux bien merci.» Tu en attrapes une, tu l’allumes, et tu rends ses biens à Ezekiel avant de tirer une taffe. Et puis, une nouvelle fois, tu lèves la tête vers le firmament étoilé masqué par la lumière artificielle, avant de recracher la fumée, et de soupirer de soulagement. Une bonne dose de nicotine, ça te fait drôlement du bien, ça t’apaise.

« Je ne le fais pas pour toi… Tu as sans doute raison. Très sincèrement, je ne sais pas pourquoi je me donne cette peine. Je ne te regretterais pas s’il devait t’arriver quelque chose ce soir… » Tu serres les dents, un petit sourire au coin des lèvres. Qu’espérais-tu après tout ? A rien, tu n’en attendais pas moins. Et, toi aussi tu te demandes bien pourquoi est-ce qu’il prend la peine de te reconduire jusque chez toi. Il perd son temps. Et puis, peut-être même qu’il habite à l’autre côté de la ville ? Vraiment, cette situation t’embête au plus haut point. « J’ai juste besoin de me convaincre que t’es pas aussi minable que tu en as l’air, que t’es un peu plus que ça, un peu moins comme moi… J’aimerais bien croire que l’un d’entre nous s’en est bien tiré. » Tu arques un sourcil, tandis que tu tournes la tête et que ton regard se pose sur lui. Tu le fixes – apparemment, tu as déjà oublié ce qu’il t’a dit –. Tu n’en reviens tout simplement pas. Jusqu’ici, tu as toujours pensé que tous tes amis avaient sûrement dû réussir à avancer dans leur vie, qu’ils devaient aller mieux. Mais, visiblement, tu t’es planté sur toute la ligne. Ébranlé, tu t’empresses d’emplir une énième fois tes poumons de ce poison dévorant.

« Parce que… tu n’as pas réussi à t’en sortir ? » Tu n’aurais très probablement pas dû poser cette question. Tu détournes alors rapidement le regard vers le sol. « Te sens pas obligé de répondre, ça ne me regarde pas. » Non, définitivement, sa vie ne te regarde pas. Tu es trop intrusif, et, en plus, tu n’es pas en droit de lui poser toutes ces questions. Si tu continues, tu ne vas pas rentrer chez toi en un seul morceau. Mais tu es curieux – inquiet surtout –. Tu te demandes ce qui a bien pu lui arriver en dix ans. C’est qu’il peut s’en passer des choses après tout, regarde-toi. Ta vie a fait les montagnes russes, une fois de plus – ou plutôt, ton tour n’était pas terminé, il ne l’est pas encore d’ailleurs –. Tu as envie de savoir, parce que tu voudrais l’aider au fond – tu continues de croire en tes idioties, l’alcool ne t’aide pas à assimiler visiblement –. Mais, ce n’est pas possible, Achille.

Tu oses malgré tout poser une nouvelle fois ton regard sur lui, les prunelles attristées. Ça te rend soudainement mal de savoir que ton ami d’enfance ne va pas aussi bien que tu l’as imaginé. Et tu t’en veux. Tu t’en veux pour tout. « Désolé de te décevoir, mais je suis lamentable. L’image que je t’ai servie la dernière fois n’est qu’un putain de masque. Un jour, j’ai cru que je pourrais m’en sortir. Et puis, au final, j’ai tout perdu une nouvelle fois… » Tu shootes dans un petit caillou qui se trouve devant toi, et l’envoie valser le plus loin possible. Oui. Avec Nathan, tu avais pensé que tu pourrais aller mieux. Mais il est parti, à cause de toi. Avec Louise, tu avais été un peu heureux. Mais elle est partie, elle aussi. Et puis, maintenant que tu sais pertinemment que plus personne ne veut te voir, que tu ne comptes plus, que tu n’es plus qu’une âme sans but précis, tu as abandonné.

Tu as abandonné ta vie pour la laisser à la douce Faucheuse.
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Tu te sentais sale.
Sale d’être né Fitzgerald, sale d’être toi-même plutôt qu’un autre. C’était insupportable ce sentiment de s’égarer et de s’enfoncer plus profondément à chaque décision… Tout ce que tu faisais était mal. D’aussi loin que tu te souviennes, tu n’avais pas souvenir d’avoir un jour fait un bon choix autant pour toi que pour ton entourage. Tu te loupais constamment, prenais plaisir à décevoir tes proches. C’était rendu plus naturel que respirer, plus simple que de faire 1+1. Te côtoyer était un supplice dont personne ne sortait vainqueur… Pas même toi. Parce qu’au final, tu n’étais pas fier d’être ce genre de personne ; tu ne savais tout simplement pas comment être autrement. C’était une condamnation sur laquelle tu n’avais aucune emprise, aucun contrôle. Les gens tombaient comme des mouches autour de toi et tu ne disais rien… Parce qu’il n’y avait rien à dire. Tu étais un fou du roi, un amuseur public, un être aussi creux qu’amusant. Comble de l’ironie, c’était toi qui te permettais de dire à Achille d’arrêter de se donner en spectacle alors que tu prostituais ton amour propre depuis dix interminables années.  

Tu ne servais strictement à rien, Ezekiel Fitzgerald.

Ça, c’était un truc que tu n’avais pas tardé à comprendre. L’information avait vite tracé son chemin dans le vide de ton intelligence : maintenant, lorsque tu te mentionnais, c’était toujours pour souligner à quel point tu étais misérable. Les preuves ne manquaient pas. Tu avais obtenu la chance de renouer avec un proche ami et, à la place, tu t’étais déféqué dessus comme un abruti en apprenant qu’il était homosexuel : g l o r i e u x. De quoi avais-tu si peur ? Qu’Achille t’agresse ? Qu’il insiste ? Qu’il te donne sa maladie ? En vérité, c’était plus profond que ça : l’homosexualité avait détruit ta vie. Tu te souvenais de leurs mains sur ton corps, de leur haine intensément vibrante de cruauté, de leurs mots justifiant leurs actes par l’aversion de tes préférences… Mais aussi du regard de tes parents lorsqu’ils avaient décrété qu’un gay n’avait pas sa place chez les Fitzgerald. Le traumatisme était ancré en toi, plus vivant que ta propre carcasse. Ça ne partait pas. Même si tu tentais de te convaincre du contraire, te conformer et t’éloigner de cette décadence était la seule solution que tu voyais à tes tourments… Parce qu’au moins, cela te garantissait de ne plus jamais connaître un épisode aussi injuste.

« Peu importe. Aujourd’hui elle est là, elle est adorable, et c’est le principal. Et c’est pas ça qui va me faire changer d’avis. Je reste persuadé que tu vaux mieux que l’image que tu cherches à donner. » Stupéfaction. Décrochant un regard en biais au jeune homme, tu ne peux t’empêcher de rigoler légèrement devant l’absurdité de la situation. Comment pouvait-il tenir un tel discours après tout ce que tu venais de lui faire vivre ? Tu l’avais menacé, insulté, humilié… Mais lui tenait bon. Pourquoi ? Que gagnait-il à s’accrocher à ton poison ? « T’es un peu masochiste sur les bords si tu veux mon avis… » Ça ne te déplaisait pas. Il avait des couilles, il tenait son bout. La plupart des gens t’auraient déjà fait goûter à ta propre médecine et tu n’aurais rien pu dire pour les empêcher… Mais pas Achille. Lui, il persistait à croire à sa version des faits et il était tenace. Tu ne comprenais pas comment on pouvait encore avoir une telle image de toi… Mais c’était rassurant. Rassurant de ne pas être qu’un monstre aux yeux de tous et chacun.

Ça ne te donnait pas envie d’y croire, mais le mensonge était réconfortant.

Car au final, il ne dit sans doute que cela parce qu’il a peur. Même s’il te confirme le contraire, même s’il tente de te faire gober que ce n’est que le froid, tu n’arrives pas à y croire… Parce qu’au fond de toi, tu connais les bailles. Le crime dont on t’accuse, tu ne l’as pas volé. Les mots que tu as craché au visage d’Achille n’ont pas été prononcés sous la menace… Ce sont les tiens à toi et à toi seul. Proposer une cigarette, c’est calmé un peu le jeu, c’est lui faire comprendre que tu ne comptes pas lui éclater les dents aussi facilement… Tu es un animal sauvage et blessé, certes, mais tu ne peux pas laisser libre court à ta violence devant Eden. Elle ne s’en remettrait pas… et toi non plus. Peux-tu vraiment tomber aussi bas aussi rapidement ? Tu t’es déjà battu… Plus d’une fois même, mais jamais tu n’as volontairement agressé un ami (mais c’est sans doute seulement parce que tu n’as pas d’amis). Il y a un monde entre les deux. Tu vaux mieux que ça. Ce soir, pas demain, tu vaux mieux que ça.

« Parce que… tu n’as pas réussi à t’en sortir ? » Tu n’aurais pas dû parler de ça. Tu aurais dû fermer ta gueule, reprendre ta place. Imperceptiblement, ton corps se tend. Soucieux, Eden relève son menton vers toi pour mieux lire sur tes traits la raison de cette tension dans ton bras. « Te sens pas obligé de répondre, ça ne me regarde pas. » Parler à quelqu’un, ça te ferait du bien pourtant non ? À l’extérieur d’Izaiah, jamais personne n’a voulu savoir… et tu n’as jamais voulu t’ouvrir non plus. C’est toi tout craché ça. Accuser tous les autres pour tes propres erreurs, c’est un truc que tu as bien assimilé. À chaque fois, t’as l’air un peu plus con que la veille, mais tu t’en fiches éperdument. T’as plus rien à sauver. T’es déjà en bas de l’estime humaine, t’es rien de plus qu’un déchet pour l’humanité. Évitant soigneusement son regard, tu tires une bouffée de ta cigarette avant de la regarder brûler tranquillement entre tes doigts. Tu pousses un nuage de fumée, tente de perdre ton esprit et tes pensées dans ce geste mécanique. En vain : la question d’Achille résonne dans ta tête, elle fait écho dans ce grande vide existentiel. « Ne joue pas aux imbéciles avec moi… Tu as bien dû te rendre compte au restaurant qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. Mes parents étaient riches Achille…  » Parce que tu n’es désormais plus leur fils. Tu es un orphelin, abandonné par ses vieux au noble âge de vingt-trois ans. « Je n’aurais pas dû finir serveur dans un restaurant. Même si c’est franchement tout ce que je mérite désormais, ce n’était pas ma place. » Tu n’as pas envie de pousser le sujet. Tu n’as pas envie de t’entendre dire que tes parents t’ont déshérité après avoir appris que t’étais gay. C’est pas une vie. Ce n’est pas un truc dont on peut se vanter… Et malheureusement, cela expliquerait trop de choses. Attirer la pitié des gens, ce n’est pas ton truc. Leur colère est plus facile à digérer…

Tout ce que tu voulais, c’était apprendre qu’Achille était mieux que toi. Tu voulais le détester pour ça, lui en vouloir d’avoir volé ta chance… Sauf que ça n’arriverait pas. Cet idiot venait de te voler ton droit à la haine en te prouvant que même en étant plein aux as, on pouvait être minable. (avais-tu vraiment besoin que quelqu’un te le prouve ?) « Désolé de te décevoir, mais je suis lamentable. L’image que je t’ai servie la dernière fois n’est qu’un putain de masque. Un jour, j’ai cru que je pourrais m’en sortir. Et puis, au final, j’ai tout perdu une nouvelle fois… » Tu aimerais le frapper pour ça, mais tu n’en fais rien. Fidèle à toi-même, tu fuis ses iris posées sur toi et tu tentes de disparaître en vain dans le plancher. Ça fait mal à entendre. Tu voulais qu’Achille soit heureux et il ne l’était pas. À quoi pouvais-tu te rattacher désormais ? Tu te sentais vide, si vide. « T’as vraiment pas réussi à tourner la page hein ? » Ce n’était pas un reproche, plus une question. Parce que pour toi, c’était inconcevable d’en arriver là pour des histoires d’adolescents… Il y avait forcément plus que ça. Mais qui étais-tu pour accéder à un tel savoir ? « Qu’est-ce que t’es devenu dans les dix dernières années ? C’est quoi le but à tout ça, en quel nom tu fais semblant ? » Qu’est-ce qui avait forcé Achille à mettre un masque ? Qu’est-ce qui l’avait fait accéder à un tel degré de reconnaissance ? La question n’avait pas encore effleuré ton esprit depuis vos retrouvailles, mais elle était désormais omniprésente. Pour le peu que cela t’intéressait, tu tenais à connaître le parcours d’Achille…

Ce soir, pas demain, parce que demain tu n’en aurais plus rien à foutre de lui.

« Ça me saoule, je n’arrive pas à te comprendre… » soupires-tu en baissant légèrement la tête. Achille, ce grand mystère. Cet être beaucoup trop complexe pour ton absence de capacité cognitive.
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Malgré tout, tu as encore le luxe de t’immiscer dans sa vie, de cracher sur la tienne. Mais jamais tu n’avais imaginé tes amis avoir une mauvaise vie, même après cette soirée-là. Tu pensais qu’ils s’en étaient tous remis, qu’ils avaient tous enfin trouver leur voie – et toi, tu espérais secrètement que, quand tu le reverrais, tout irait bien –. Tu avais espéré qu’ils soient tous heureux. Et jamais au grand jamais tu n’aurais pensé qu’eux aussi ont sûrement du vivre d’horribles moments, en dix ans. Tu es resté avec cette image positive d’eux, et tu la nourrissais de ce désir qui brûlait au fond de ton cœur, celui de les retrouver, le sourire aux lèvres. Et, c’est seulement maintenant que tu n’es pas le seul à avoir vécu dix longues années dans la douleur.  

Qu’est-ce qui a bien pu arriver à Ezekiel ?  Qu’est-ce qui a bien pu le rendre mal ? Tu t’en veux de n’avoir rien vu, il y a deux semaines. La joie de le retrouver qui t’avait submergé avait été si forte, que tu n’avais même pas été capable de faire attention à lui. Félicitations, Achille. Tu as l’air d’un grand idiot égoïste. Finalement, te côtoyer doit être un véritable enfer, et tu ne t’en rends même pas compte. Parce que tu ne penses qu’à toi, tu ne penses qu’à ta petite personne, et jamais tu ne t’interroge concernant le bien-être des autres. Regarde Nathan. Tu ne lui parlais pas, tu ne lui disais rien de toi, et tu étais heureux comme ça. Lui, pas. Lui voulait te connaitre, il voulait t’aider, il voulait te soutenir, et toi, tu n’as jamais voulu l’entendre de cette façon. Tu te disais qu’il n’avait pas à savoir, que vous seriez mieux de cette façon, vivant dans le mystère et les secrets. Lui t’a confessé bon nombre de choses. Et il t’en a longuement voulu que toi, tu ne lui aies jamais fait part de quoi que ce soit. Tu te plaisais ainsi, et c’était tout. Tu as perdu sa confiance petit à petit, et la flamme des premiers jours s’est étouffée, doucement.

« T’es un peu masochiste sur les bords si tu veux mon avis… » Un petit rire t’échappe. Pourtant, il n’a pas vraiment tort. Tu continues encore et encore de te retourner l’esprit, d’alimenter tes fantasmes alors que tu sais pertinemment que ce ne sont que des illusions. Tu crois en des choses qui ne se réaliseront jamais, tu continues, encore et encore, alors que ça te rend malade. Alors, tu te noies, dans le tabac, l’alcool, et ton corps en pâti. Tu te tortures, psychologiquement et physiquement, comme si tu trouvais ta jouissance dans la douleur. Tu es immonde avec toi-même. C’est quand même affligeant, d’en arriver là. « Ne joue pas aux imbéciles avec moi… Tu as bien dû te rendre compte au restaurant qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. Mes parents étaient riches Achille… Je n’aurais pas dû finir serveur dans un restaurant. Même si c’est franchement tout ce que je mérite désormais, ce n’était pas ma place. » Et oui, Achille, un nouvel exemple de ton égoïsme. Tu n’as même pas fait attention à ça, tu n’as même pas fait attention à lui. Et toi qui voulait redevenir son ami ? Mon pauvre, ce n’est pas avec ce genre d’attitude que tu peux espérer regagner sa confiance. Tu es misérable, pitoyable, tu n’es rien tout simplement.

« Je ne joue pas aux imbéciles… » Si, légèrement, mais tu ne t’en rends pas compte, tu ne te rends compte de rien. « Pourquoi « étaient » riches ? » Murmures-tu en détournant le regard. Bon sang, quand arrêteras-tu de parler sans réfléchir ? Quand cesseras-tu ton petit manège insupportable ? Tu es bien parti pour te retrouver avec le nez dans l’asphalte, tu l’auras bien mérité en même temps. Et puis, tu soupires, avant de prendre un ton las. « Arrête donc de te sous-estimer Ezekiel, pour l’amour du ciel. » Toi tu es un déchet. Lui non. Alors, pourquoi continue-t-il de se rabaisser ? Ce n’est pas parce que quelque chose ne tourne pas rond qu’il ne peut pas s’en sortir – parle pour toi aussi non ? –. Enfin, pour ce qui est de ton misérable cas, tu as abandonné. Tu n’as plus la force de te battre, tu as déjà tout donné, tu n’en peux juste plus. Alors, si lui pouvais arriver à ressortir la tête de l’eau, à se hisser sur le radeau, tu pourrais donc laisser la faucheuse t’emporter, en paix. Étrangement, tu as soudainement envie de te battre, pour Ezekiel, pour que lui y arrive. Encore un idéal impossible à réaliser – tu as la mémoire courte, il ne te veut plus dans sa vie –. Mais, tu feras ce qu’il faut, le peu qui est en ton pouvoir pour l’aider, qu’il l’accepte ou non. Ta dernière bonne action avant de te laisser dépérir, réellement.

« T’as vraiment pas réussi à tourner la page hein ? Qu’est-ce que t’es devenu dans les dix dernières années ? C’est quoi le but à tout ça, en quel nom tu fais semblant ? » Un léger sourire, et une mine attristée prennent place sur ton visage. Tu prends une bonne bouffée de nicotine, tout en levant la tête vers le ciel. Oui, tu n’as pas réussi à tourner la page, mais il n’y a pas que ça. Il y a tellement de choses qui entrent en compte, il y a tellement d’évènements qui t’ont profondément touché, qui t’ont fait un peu plus couler, qui t’ont un peu plus noyé, un peu plus privé d’air. « Ça me saoule, je n’arrive pas à te comprendre… » Toi non plus, tu n’arrives pas à le comprendre. Tu n’arrives pas à comprendre ce qui a bien pu lui arriver pour qu’il en soit là aujourd’hui. Pour autant, dois-tu lui faire part de la source de tout ton malheur ? Pourquoi s’y intéresse-t-il désormais ? Tu n’en sais rien, mais, comme on dit, l’alcool délie les langues. Tu penches la tête vers le bas, tu te frottes le front, tu fermes un instant les yeux. « Il n’y a pas que ça… C’est juste que… Ma vie se résume à perdre les gens qui me sont cher. Et j’en peux plus de me retrouver seul à chaque fois, de devoir affronter encore et encore cette même douleur. C’est fatiguant, c’est usant. Et l’argent ne guéri pas ce genre de chagrin, ça ne répare pas les cœurs brisés. » Tu es vide, sans toutes ces personnes qui étaient importantes pour toi. Mais c’est aussi la première fois que tu en parles à quelqu’un.

Plutôt comique comme spectacle, n’est-ce pas ? Tu parles de tes souffrances à la seule personne qui désire ne plus jamais te voir. Peut-être parce que c’est plus facile ? Il n’empêche que la situation reste cocasse. « J’ai pris des mauvaises décisions, j’ai fait de très mauvais choix, j’ai été une personne horrible et j’ai perdu celui que j’aimais. J’ai rencontré une jeune fille, avec qui je me suis lié d’une amitié forte, et la leucémie l’a emporté. » Tu as balancé ces mots, les larmes aux yeux. Tu les essuies bien rapidement, tout en reniflant, et en pressant légèrement le pas. La leucémie, celle qui s’est permise d’emporter ta mère et ton amie, ne te laissant que le souvenir de leur doux sourire. Tu n’as plus rien, si ce n’est des photos que tu ne regardes même plus. Parce qu’elles te font beaucoup trop mal, parce que tu n’as pas la force et le courage.  Tu n’as plus personne pour t’aider à t’en sortir.

« Et toi, qu’est-ce qu’il s’est passé pour que tu en arrives là aujourd’hui ?» Tu ne le regardes même pas, tu fixes juste un point devant toi.

Tu marches, tu déambules comme un pantin désarticulé désormais.  
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Tu n’étais pas un peu… fatigué de tout ça ?
Tu sais Ezy, t’avais pas d’énergie pour ça ; t’en avais jamais eu. T’intoxiquer sans relâche en t’investissant dans des combats immoraux qui ne te regardaient pas… C’était mauvais pour toi. Mais c’était pour ça que tu le faisais, n’est-ce pas ? Tu n’étais pas né de la dernière pluie : tu savais que les émotions comme la colère étaient énergivores et nocives. Pour quelqu’un d’aussi souffrant que toi, ce n’était ni une surprise, ni une découverte récente… Tu avais volontairement choisie cette voie-là parmi toutes les autres, n’est-ce pas ? Parce que tu considérais que tu ne méritais pas mieux, que haïr était la dernière chose que tu savais encore faire correctement… Et parce que la haine était largement moins dangereuse, moins hypocrite que l’amour. Avec elle, pas de surprises : tu savais exactement à quoi t’en tenir. La désobligeance ne semait que la désobligeance sur son passage et c’était exactement l’effet recherché.

Détester tout le monde, c’était s’attendre à un retour de flammes qui ne cachait aucune mauvaise surprise…
Mais ça te fatiguait. En dépit de tes paroles les plus gratuites, tu n’étais pas réellement fait pour détester. Même si c’était une activité à laquelle tu t’abandonnais depuis dix interminables années, ton toi profond n’était pas aussi farouche que tu le laissais entendre. Quand cesserais-tu de faire semblant ? Quand prendrais-tu à nouveau le risque d’ouvrir ton cœur et d’y laisser le vent souffler de nouveau ? Évidemment que ça faisait peur. Être vulnérable, c’était donner la chance aux autres de te manger tout rond… Sauf qu’une vie entière à détester n’en était pas une. Un jour viendrait où tu devais faire un choix : prendre le risque ou mourir seul comme un chien parce que personne ne pourrait accepter ton caractère. Pas même Eden.
Pas même la seule personne que tu croyais éternelle à ton récit…

Tu n’avais pas l’intention de t’ouvrir à Achille comme tu venais de le faire. Que quelqu’un t’accorde une oreille… C’était une grande première. C’était si nouveau, si inusité que tu en avais presque oublié ton agressivité navrante. Te sentais-tu mieux après cette brève ouverture ? Difficile à dire. En toi, les sentiments qui se combattaient n’étaient pas clair. Tu n’arrivais pas à mettre un doigt sur ce que tu ressentais réellement après cette concession… « Je ne joue pas aux imbéciles… » Tu te retiens de rigoler. « Pourquoi « étaient » riches ? » L’envie de rigoler disparait aussitôt. Honteux, tu baisses les yeux. Peux-tu vraiment admettre à un ancien ami que tes propres parents en ont eu marre de toi et que ton nom est dorénavant un sujet tabou au sein des Fitzgerald ? Personne n’a envie de raconter ça à quelqu’un qui vous a connu sous votre meilleur jour… « Arrête donc de te sous-estimer Ezekiel, pour l’amour du ciel. » À cet instant, ta mâchoire se serre jusqu’à t’en faire grincer les dents. Pourquoi… ? Pourquoi refuse-t-il de voir la vérité en face ? Il suffit de t’admirer de la tête aux pieds pour comprendre que tu n’es que l’ombre d’un être humain ! Tu n’avais jamais été très gros, mais depuis le début de la dépression tu avais réussi à t’enfoncer de plus en plus jusqu’à atteindre 53kg… et à ta grandeur, ce n’était pas beau.

C’était laid, c’était à ton image, à l’image de l’homme que tu étais intérieurement.  

« Je n’ai plus de parents… Et eux n’ont plus de fils. » Confis-tu sur un ton détaché. Bottant à ton tour un caillou ayant eu la malchance de se dresser sur ta route, tu prends une grande inspiration afin de sentir l’air frai de la nuit pénétrer tes poumons en feu. « Un journaliste a profité de la renommée de mes parents pour écrire un article sur mon illustre personne dans un magazine à potins… Après ça, ils ont décidé qu’une vie sans enfant était mieux qu’une vie avec un enfant comme moi. » Un enfant gay. Parce qu’au final, c’était le véritable enjeu de ce stupide article… Par appât du gain, ce mec avait consenti à détruire les fondations de ton existence. Par quelques mots bien choisis, il avait réussi à retourner tes parents contre toi et à te faire tout perdre… Il fallait quand même être un sacré génie pour parvenir à un tel résultat. Plus d’une fois, tu avais envisagé de régler tes comptes avec cet idiot… Mais tu n’avais pas pu te résoudre à être aussi minable. Tu avais d’autres chacripans à fouetter, d’autres blessures à guérir. Faire un scandale parce qu’un homme avait écrit la vérité à ton sujet, ça ne te ressemblait pas…

Au fond, ce n’était qu’une défaite de plus à ton tableau. Depuis le temps, tu avais appris à être bon joueur…   T’énerver parce qu’on t’affichait au grand jour, ça ne te ressemblait plus.

Tu aurais aimé comprendre Achlle un peu mieux. Mais c’était impossible. Même si vous vous ressembliez désormais beaucoup, vous n’en restiez pas moins très différents dans la forme… Lui et toi n’aviez pas du tout connu les mêmes épreuves. Tu le voyais à sa gentillesse désabusée, à sa manière d’espérer encore et encore que quelque chose de bien finirait par arriver. Parce que les histoires finissaient toujours bien, non ? C’était comme ça qu’elles étaient écrites, c’est comme ça que le spectateur les désirait… La sienne, la tienne, la vôtre ne pouvait pas faire exception après tout. La finalité de toute cette histoire se devait d’être à la hauteur… Et elle aurait pu l’être, si cette putain de vie avait été un conte de fées. Parce que dans la vraie vie, la dure vie, personne ne croyait aux récits qui finissent bien. « Il n’y a pas que ça… C’est juste que… Ma vie se résume à perdre les gens qui me sont cher. Et j’en peux plus de me retrouver seul à chaque fois, de devoir affronter encore et encore cette même douleur. C’est fatiguant, c’est usant. Et l’argent ne guéri pas ce genre de chagrin, ça ne répare pas les cœurs brisés. » Un sourire inconscient s’ourle sur ses lèvres gercées alors que tu les humidifies de ta langue. Se retrouver seul à chaque fois hein ? Tu ne pouvais pas connaître cette douleur. Toi, tu avais toujours été seul. On ne s’embêtait pas de la présence de quelqu’un comme toi, d’une personne aussi toxique que tu pouvais l’être. Tous les gens qui t’avaient entouré ne t’avaient jamais donné le sentiment d’être le cœur de quoi que ce soit… Très jeune, trop jeune, tu avais appris à faire la différence entre être seul et se sentir seul. Le gouffre existentiel entre les deux était on ne peut plus effrayant. « J’ai pris des mauvaises décisions, j’ai fait de très mauvais choix, j’ai été une personne horrible et j’ai perdu celui que j’aimais. J’ai rencontré une jeune fille, avec qui je me suis lié d’une amitié forte, et la leucémie l’a emporté. » Non… Il y avait eu des gens. Il y avait eu eux puis Nathanael, Izaiah et Eden. Il y avait eu des gens, mais ils n’avaient jamais perduré dans le temps. Ils avaient été aussi éphémères que ta prise de conscience, que ton éclat d’humanité avant que tes parents ne te l’arrachent.  « Et toi, qu’est-ce qu’il s’est passé pour que tu en arrives là aujourd’hui ? »

Au moins, maintenant, tu pouvais un peu mieux comprendre Achille. Enfin… Comprendre c’était un grand mot : tu savais, c’était tout. Tu ne savais plus ce que c’était de perdre des gens, puis de se retrouver seul. Ignorant superbement son retour de question (tu ne veux pas répondre, tu ne veux pas expliquer les emmerdes qui t’ont menés jusqu’à la rue), tu hausses doucement les épaules. « Ta mère n’est pas décédée d’un truc semblable ? Tu devrais choisir des gens qui ont une espérance de vie un peu plus longue si tu veux mon avis. Ça règlerait quatre-vingts pourcents de tes problèmes. » Tu ne réfléchis pas. Tu ne réfléchis jamais. Les mots sortent de ta bouche avec un naturel et une sincérité désarmante… Et tu ne considères même pas leur gratuité. C’est méchant ce que tu dis. Pour autant, tu continus de marcher comme si de rien n’était, ne jetant même pas un rapide coup d’œil à Achille pour admirer sa réaction. Tu t’en fous complètement. Toi, tu as compris que les gens étaient une source de problèmes et qu’on était mieux seul que mal accompagné… Lui finira sans doute par s’y faire. Les gens comme vous ne méritez pas d’être entourés.

« On doit être bientôt arrivés non ? » Demandes-tu le plus innocemment du monde en jaugeant l’environnement qui vous entoure. Le quartier est plus beau que le tien, plus sécuritaire que celui dans lequel tu élèves Eden… Et ça te renvoie en plein visage la réalité à laquelle tu appartiens désormais : t’es un chien galleux, un bâtard que la rue a accueilli comme seule maison.
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Tu as sûrement parlé trop vite.

Tu es en train de regretter.

As-tu bien fait, de te dévoiler au grand jour de la sorte ? Tu n’es pas du genre à faire les meilleurs choix dans ta vie ; celui-ci n’en est qu’un de plus qui se rajoute à ta grande liste. L’alcool t’a délié la langue, peut-être un peu trop. Tu n’es pas du genre à te confier, tu préfères rester vague quant à tes propres émotions – elles t’effraient tellement, et puis, tu ne les contrôles pas ; alors tu as peur d’en faire part –. Mais là, tu n’es plus toi, tu n’es plus le maître de ton propre corps – l’as-tu déjà été ne serait-ce qu’une fois dans ta vie ? –. Tu as trop parlé. Tu t’en veux. Pourquoi donc es-tu venu à raconter ça ? Tu ne voulais pas, et puis, Ezekiel ne doit sûrement en avoir que faire de ce que tu peux bien lui raconter – tu te rappelles ? Tu n’es plus rien pour lui –. Pourtant, ces dernières paroles t’ont échappé. Sûrement parce que, au fond, tu as besoin d’en parler à quelqu’un. Parce que ça te pèse sur le cœur depuis bien trop longtemps, et que, garder ses émotions, les bloquer, ne pas les montrer, finit par les faire exploser encore plus fort un jour ou l’autre.

L’alcool, ça ne te réussissait vraiment pas. Tu ne devrais sincèrement pas sortir, lorsque tu es en état d’ivresse – ça t’éviterait de raconter tout et n’importe quoi à des, ou plutôt la personne qui te déteste –. Tu es déjà sorti de chez toi, avec ta petite gourde rempli d’un divin liquide, que tu aimes ingurgiter tout en étant assis sur un banc, la nuit, avec tes grands amis les lampadaires. Mais, tu n’es pas dans cet état – c’est vraiment la première fois que tu te balades ainsi ; en même temps, tu n’avais pas le choix hein, tu devais aller te procurer de nouvelles bouteilles ? –. Tu n’as pas les idées claires, il faut que tu te reprennes. Sauf que là, tu n’en es plus capable. Tu es au plus bas, et en plus tu n’arrêtes pas de te sermonner toi-même de ne pas avoir eu la langue dans ta poche. On dirait un chien errant battu. Tu fais vraiment peine à voir.

Tu avais arqué un sourcil tout en jetant un coup d’œil vers Ezekiel lorsqu’il t’avait parlé de ses parents. Tu trouvais ça bizarre, car tu ne te rappelais pas avoir lu d’article le concernant – il faut dire que tu as arrêté de lire les journaux depuis dix ans maintenant, parce que l’article concernant la mort de Kattie t’a traumatisé ; tu n’as plus jamais touché un morceau de papier de ce genre depuis ; et puis, les magazines ne t’ont jamais trop attirés –. Mais, tu continues de te demander ce qui a bien pu lui arriver, durant tout ce temps. Tu es curieux – un peu trop –, mais tu n’oses pas poser plus de questions – à quoi ça t’avancera désormais après tout ? –. Tu te dis simplement que ça n’a pas dû être facile, la séparation avec ses parents – tu es presque capable de comprendre, bien que toi, ce fut différent –. Et puis, tu as cessé de te poser des questions, puisque ça ne te regardait pas. Tu avais tout simplement continué de marcher, les yeux vides, sans expression.

« Ta mère n’est pas décédée d’un truc semblable ? Tu devrais choisir des gens qui ont une espérance de vie un peu plus longue si tu veux mon avis. Ça règlerait quatre-vingts pourcents de tes problèmes. » Voilà, pourquoi tu ne veux pas te confier. Parce que tu ne sais pas qu’elle va être la réaction de l’autre. Aurait-il pitié ? Va-t-il s’esclaffer ? S’ouvrir aux autres est une chose dangereuse. Car c’est offrir la possibilité de connaître l’un de ses points faibles. Et c’est ce que tu viens de faire, en beauté, Achille Trinisky. A quoi t’attendais-tu après avoir dit ça ? Qu’il te réconforte ? Cesse donc de rêver, veux-tu ? Parce que là, ça commence à faire trop, beaucoup trop. Ton optimisme à la noix est vraiment ennuyant à force. Tu ne fais que te prendre le retour de flammes, celles que tu as allumé. Alors ne viens pas te plaindre. Serre les dents, comme tu es en train de le faire, et tais toi.

« Ta gueule, Ezekiel. » Tu ne disais rien, jusque-là. Mais tu as cette phrase qui s’est échappée d’entre tes lèvres, en un murmure inaudible. En vérité, tu t’en moques bien de savoir s’il a entendu ce que tu viens de dire ou pas. Tu baisses la tête, et tu accélères le pas. Et puis, tu as toutes ces interrogations qui se bousculent dans ta tête – tu voudrais qu’elles s’en aillent, qu’elles te laissent tranquille ; seul l’alcool pourra y remédier, il faut vite que tu rentres –. Et s’il a raison ? Tu ne sais pas, actuellement tu ne sais plus ce que tu dois penser. De lui, de ta vie, de tout et tout le monde. C’est le bordel, là-haut, dans ta tête – vite, il te faut quelque chose pour annihiler cette sensation désagréable, parce que là, tu n’en peux plus –.

« On doit être bientôt arrivés non ? » Tu relèves ton nez qui était planté dans le sol jusque-là, et tu aperçois à deux pas le bâtiment dans lequel se trouve ton appartement. Bizarrement, c’est comme si un poids s’enlève de ta poitrine – sûrement parce que tu sais que tu vas enfin pouvoir te débarrasser de tout ce qui t’emmerder, que tu vas pouvoir noyer le tout sous les litres d’alcool qui attendent dans ton sac à dos –. Et puis, cette marche du malaise arrive enfin à son terme – ce doit être pour ça que tu te sens aussi soulagé –. Une fois devant la porte d’entrée, tu t’arrêtes, prêt à taper le code. Mais avant, tu te retournes vers Ezekiel, la mine sombre, grave. Tu n’oses même pas le regarder dans les yeux. « Merci d’avoir fait le chemin jusqu’ici. » Et puis, finalement ton regard se pose sur la petite, à qui tu souris, avant de lâcher un « Rentrez-bien. » sans grande conviction. Tu finis par faire volte-face, tapant rapidement le code. Dos à Ezekiel, tu lances un « Au revoir.» tout en serrant les dents. Alors, les voilà ces grands adieux ?

Tu finis par t’avancer vers les escaliers, sans même te retourner, sans même jeter un dernier regard – tu sais que ça te ferait trop de mal –. Tu montes avec difficulté, avant d’arriver devant le pas de ta porte. Tu cherches longuement tes clés dans ta poche, tu as du mal à l’ouvrir aussi. Tu ne cesses de pester contre le monde entier. Et puis, tu finis par rentrer. Tu vas ranger tes précieuses bouteilles dans ton meuble sacré, puis tu t’armes d’une de vodka – puissant poison –. Tu prends également un nouveau verre, et tu te rends dans ta chambre – ah, ton beau mouroir –. Tu t’assois sur ton lit, t’adosses contre le mur, et tu prends une première gorgée – première d’une longue série –. Ton esprit est embrumé, mais la chaleur qui traverse alors ton corps te fait drôlement de bien.

Tu as ton remède.
Tu es sauvé.
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feat Achille Trinisky
« Ta gueule, Ezekiel. » Surpris ? Pas vraiment. À quel moment t’étais-tu dis qu’un tel commentaire pourrait être bien reçu, dis-moi ? C’était gratuit. En l’espace de quelques mots, tu venais de cracher sur la mémoire de tous les gens qu’il avait perdu… Et tu ne l’avais même pas réalisé. Tu avais craché ton venin avec un naturel désarmant, comme si tes propos ne comptaient pas. Comme si rien ne comptait. Tu n'étais pas quelqu’un de bien, tu ne le serais jamais. Plus personne n’avait d’importance à tes yeux et c’était un détachement lourd de conséquences. Dis, Ezy, que pouvais-tu bien penser de l’espèce humaine ? À cette idée, un sourire s’étire sur tes lèvres gercées. Tu n’as plus rien à foutre de l’être humain, que ce soit en bien ou en mal. Son existence te laisse indifférent, tes pairs n’éveilleint plus qu’un soupçon de haine dans ton cœur meurtri.

Achille n’était pas mieux.
Achille était l’un d’eux. C’était un pleurnichard, une autre victime des grandes machinations du destin. Tu savais que la vie aimait bien se jouer de toi, mais tu savais aussi que tu l’avais mérité. Toutes les horreurs que tu subissais aujourd’hui, tu les avais initié toi-même. Tu avais commencé par abandonner tes amis puis tu avais méprisé tous ceux qui n’étaient pas comme toi… Tu avais vu en tes privilèges de naissance le droit de cracher sur tous les autres.
Et c’était un comportement qui t’avait coûté cher.

Cette invitation à fermer ta gueule était méritée. Bien plus méritée que ses confessions, que son risque inconsidéré de s’ouvrir à toi. Achille ne réfléchissait pas. Il ne réfléchissait jamais assez.

En voyant les appartements se sublimer les uns les autres, tu supposes que vous devez être presque arrivés. C’est le genre de quartier dans lequel tu aurais pu habiter avant. C’était un environnement sain dans lequel Eden se serait sans doute épanoui… Si tu avais été un bon père, c’est sans doute proche d’ici qu’elle aurait grandi. Sauf que t’étais un moins que rien. Tu n’étais pas capable de lui offrir la vie qu’elle méritait. T’étais capable de rien.

Achille n’avait rien ajouté de plus. Tu pouvais comprendre. Cette marche lourde de sens semblait enfin tirer à son terme. C’était un soulagement. Un véritable soulagement. Face à la porte d’entrée, Achille se retourne vers toi, la mine sombre. Tu ne le relèves pas : tu t’en fous. Il peut bien te détester et maudire ton existence, cracher sur toi et tout ce que tu représentes… C’est parfait ainsi. Tu n’as que faire du Trinisky et de ses sentiments bien trop fragiles, beaucoup trop simple à heurter. Il ne t’atteint pas. Rien ne t’atteint. « Merci d’avoir fait le chemin jusqu’ici. » Il se retourne alors vers Eden, lui sourit. La gamine ne comprend rien à la tension qui s’alimente entre vous, mais elle se risque malgré tout à répondre à son sourire. Sa main dans la tienne, tu la sens s’agiter légèrement. La connaissant, elle désirerait sans doute s’avancer vers Achille, serrer ses bras autour de lui, le remercier à sa manière... Tu ne sais pas pourquoi elle l’apprécie. Tout ce que tu sais, c’est que ta haine n’a aucune répercussion sur elle… Et ça t’embête. C’est égoïste, c’est méchant ; mais tu aimerais qu’Eden le déteste autant que toi.

Quel genre de monstre es-tu ?

Resserrant ta poigne sur elle, tu l’éloignes imperceptiblement de l’homme. « Rentrez-bien. » Au moins, tu n’auras pas sa mort sur la conscience. Satisfait, tu esquisses un sourire carnassier. Il se retourne, tape le code à l’entrée. Tu ne bouges pas. « Au revoir. » Alors c’est comme ça ? Ce sont les grands adieux, l’ultime au revoir ? Amusement. Il t’agace. Son existence te dérange, fait naître en toi des sentiments que tu ne peux expliquer. « Bonne soirée Achille. » Fendant. Fendant jusqu’à l’os. Désagréable, insupportable. Voilà des caractéristiques qui te siéent si bien. T’es rien, t’es qu’un abruti condescendant qui ne sait plus comment se comporter avec les gens. La douleur des uns fait écho à la tienne et tu aimes ça, n’est-ce pas ? Tu tires satisfaction dans le mal que tu crées en eux.

Devant toi, la porte se claque. Vous restez là quelques secondes, toi et Eden. Plantés là comme des piquets, silencieux comme des tombes : vous fixez cette porte fermée. Il est grand temps de rentrer Ezy. Il est grand temps de rentrer chez toi et de vaquer à tes occupations quelles qu’elles soient.

Dégage de là.
Va t’abandonner aux mêmes péchés que les siens.
Va prouver à tous et à toutes que tu ne vaux pas mieux qu’Achille Trinisky.
Après tout, c’est bien pour cela, non, que tu as fait tout ce chemin ?
Que tu as quitté le confort de ton appartement pour rejoindre la supérette ?
Ne te mens pas plus longtemps.
Va mettre Eden au lit et profite.
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