Fin de l'automne, météo qui se gâte, froidure qui s'installe confortablement au fond de son fauteuil et légumes d'hivers. Une saison souvent dite de transition, la liaison entre l'été et l'hiver... Pourtant, ça a toujours été de loin ma préférée.

Non pas en raison de la météo, de la pluie et des feuilles mortes glissantes qui jonchent les pavés. En réalité, c'est surtout une nostalgie liée à l'enfance je pense : les feux de cheminée et les livres. Les seconds souvent devant les premiers d'ailleurs. Car la mauvaise saison, le mauvais temps, c'est avant tout une excuse de plus pour se plonger dans un bon bouquin au lieu de la sempiternelle excursion familiale et dominicale. Ajoutez à cela les potages divers, la nuit qui tombe vite et les manteaux noirs classieux : vous obtiendrez une saison où il fait bon d'être au chaud chez soi, à boire un verre entre amis ou au cinéma nocturne.

Mais trêve de mondanités, il n'est pas encore l'heure pour cela. Aujourd'hui, nous sommes effectivement dimanche, mais c'est travaux pratiques au programme. Concrètement, je participe aux fauchages tardifs de certains champs à proximité de Kishika. Enfin, Kirin et Zodjah surtout, qui s'en donnent à coeur joie pour tailler, trancher et faucher les longues toges à qui mieux-mieux.

- "Kirin ! J'apprécie ton enthousiasme mon grand, mais évite d'écraser les tas que vous avez déjà fauchés s'il te plaît.Il faudra qu'on les amène au village tout à l'heure, et ils faut qu'ils restent en bon état !"

Le Zoroark hoche la tête d'un air contrit, mais ne tarde pas à se replonger dans la compétition féroce qui l'oppose à sa rivale du jour... Et donc à piétiner de nouveau allégrement les fleurs séchées.

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'Chromatique' :

Et paf la voiture plutôt.

Enfin non, j'exagère un peu, mais Zyl veille comme à son habitude au grain (de tournesol, ha ha), et laisse tomber son chargement de tiges coupées en lévitation pour brutalement dévier et la voiture et la course de l'imprudent pokémon, évitant le pire. Le véhicule fait une embardée avant de décoller dans les airs, à la grande stupeur effrayée du conducteur qui essayait de piler net pour ne pas écraser le Vivaldaim. Heureusement qu'il ne roulait pas très vite à cause du tournant, sinon Zyl n'aurait pas pu freiner sa course sans lui rompre les cervicales...

- "Hé ! Vous allez bien ? Heureusement que tu étais là Zyl, c'était moins une."

Alors que je cours vers le véhicule déposé en douceur dans le champ, l'Alakazam grimace pour toute réponse, guère emballé par son sauvetage. Freiner une voiture dans de telles circonstances sans blesser le conducteur est compliqué, et le contrecoup de sa débauche télékinétique se fait déjà sentir. La migraine ne va pas tarder s'il ne se repose pas un moment...

Ça tombe bien, le conducteur n'a pas l'air très emballé à l'idée de repartir de suite. Blanc comme un linge, le retraité à la barbe foisonnante a les mains crispées sur le volant, le corps complètement tendu. Quand j'arrive à sa hauteur, il finit par sortir de sa vieille guimbarde, manifestement guère dans son assiette.

- "Vindiou ! C'est la dernière fois que je touche à cette camelote, juré craché ! La vache, j'ai encore les genoux qui en font des castagnettes ! Il nous a pété une durite l'autre à foncer sous mes roues comme ça ? Malotru ! Topinambour des villes ! Je vais t'apprendre à-"

- "Monsieur,est-ce que tout va bien ? Zyl a pu vous faire léviter au dernier moment, ma-"

- "Ça va fiston, ça va, j'ai mon postérieur qui fait bravo mais ça va. Laisse moi plutôt faire la morale à cet emplumé de... Sacripristouille, le bestiau est quand même blessé en plus ! Non de non, je te jure..."

Effectivement, le Vivaldaim en question a l'air un peu sonné, et marche comme s'il était ivre au beau milieu de la route. Complètement groggy sous le choc de sa violente rencontre avec le fossé en bordure de la nationale. Il va falloir le faire sortir de là...

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