Il y a quelques semaines, Leonard avait contacté Capucine. Ce n’était pas pour prendre de ses nouvelles, ni lui déclarer une nouvelle fois les sentiments qu’il avait pour elle. Au ton de sa voix, Leonard était sérieux.

« Capucine, je sais que tu es maintenant une Championne d’arène. J’aurai aimé être ton premier Challenger mais… je ne peux pas. Je vais donc m’absenter quelques temps pour faire des choses « idiotes » comme tu aimes me le répéter. La prochaine fois que tu me verras, ce sera dans ton Arène. »

Ne pouvant pas tenir une conversation après une telle déclaration, Leonard avait raccroché. Il savait qu’elle n’aimerait pas ça. Mais il espérait qu’elle comprendrait que pour garder sa volonté et sa motivation, il devait agir de la sorte. C’était pour que lui et sa famille soit digne de la bataille qui s’annonçait. C’était parce qu’il l’aimait qu’il s’infligeait, et qu’il lui infligeait ce comportement.

Leonard s’était donc entraîné. Le choix de ses pokemons pour la bataille à venir n’avait pas été faite de façon tout à fait réfléchi. Il avait décidé d’en appeler à ces plus anciens compagnons et donc, à ces plus puissants. Car Capucine ne supporterait pas qu’il vienne en la sous-estimant.

Le temps était donc passé. Leonard avait envoyé sa demande officielle de façon indirecte. Puis il s’était rendu à Windoria. Devant les portes de l’arène, il s’était arrêté. Lévitant sur son côté comme à son habitude, Esmeralda avait attendu patiemment que Leonard prenne une grande inspiration pour se motiver à faire le pas.

Il entra dans l’arène et découvrit là où habitait Capucine. Là où elle avait pris des responsabilités et, dans le même temps, trouver un moyen de canaliser sa colère à travers des batailles que tout le monde respectait et comprenait.

« Capucine ? C’est moi. Leonard. »

La question et les deux phrases avaient été prononcé avec un ton de voix mal assuré. Avec un soupçon de peur à l’idée de retrouver son amour après une telle déclaration froide et une telle fuite à son encontre.

« Je suis Leonard Sextant et je viens affronter la Championne de Glace ! »

Il avait inspiré une nouvelle fois pour pouvoir élever la voix et déclarer fermement ses intentions. C’était formel mais il le fallait. Il fallait qu’il brise –temporairement- le lien chéri qui les unissait.

Résumé:

Equipe:

J’étais installée depuis peu de temps quand Leonard m’avait appelé. Je ne l’avouerai jamais, mais ça m’avait fait terriblement plaisir. Le fait de lire son nom sur mon téléphone m’avait fait plaisir. Ce qu’il a dit beaucoup moins.

Il ne peut pas être mon premier challenger. Ce n’était pas très grave, même si ça voulait dire en réalité qu’il ne viendrait pas me voir tout de suite. Ma tête avait envie de hausser les épaules, mais mon cœur était très déçu. D’habitude mon cœur a juste le droit de bien fermer sa gueule. Mais depuis quelques temps, il l’ouvre très souvent. Mais après, partir faire des choses idiotes…

J’étais en train d’ouvrir la bouche pour lui dire qu’il n’en était pas question mais il m’a raccroché au nez. Il est sérieux ? Il m’a raccroché au nez. Le… Je… J’ai lancé mon téléphone à travers la pièce en hurlant. Puis je l’ai récupéré, essayé d’appeler Leonard et il ne m’a pas répondu. Il va tellement me le payer. J’ai hurlé pendant longtemps contre cet imbécile.

Mais finalement, il a su se faire pardonner. Je crois. Je ne suis pas sûre. Mais aujourd’hui, c’est le grand jour, il vient enfin à l’arène. Et je l’attends en me demandant s’il ne va pas se perdre dans la forêt. Pas d’inquiétude à avoir là-dessus, j’ai placé des Pokémons pour qu’il ne se perde pas et ne se fasse pas attaquer. Il vient me défier, pas explorer le coin ni se faire manger.

Je l’attends donc dans mon arène. La zone de combat est creuse de quelques marches. Et je suis assise à l’envers sur mon grand trône : les pieds en l’air contre le dossier, le dos là où l’on s’assoit, les cheveux, en natte, pendant dans le vide. Sur mon ventre, il y a Vulca avec qui je joue. Elle essaye de me manger les mains et moi, je la chatouille de l’autre.

Derrière mon trône, une statue de glace se dresse. Elle représente une femme, au visage bienveillant, mais sérieux, les bras ouverts comme pour embrasser l’arène. Ses traits ressemblent un peu aux miens, mais sont ceux de ma mère. Je suis ici grâce à elle, et j’aimerai qu’elle puisse voir ces combats.

Finalement, les grandes portes s’ouvrent et je vois Leonard entrer timidement. Je souris avant de prendre un air sérieux, avant qu’il ne voit mon sourire. Je me rassois correctement sur mon trône. Il est tellement idiot. On dirait un enfant.

Je dois encore réprimer un sourire lorsqu’il essaye d’être sérieux.

Je me lève et parle d’une voix autoritaire.

Je suis Capucine Alambra, la championne de Glace. Puisses-tu être digne de ce palais.

Je libère Albio, mon Feunard Blanc. Immédiatement, son talent s’active, et la grêle commence à tomber dans l’arène. Les températures, déjà froides, diminuent encore. Albio pousse un hurlement et une myriade de couleurs se reflète sur les murs de glace de l’arène. C’est son attaque Voile Aurore. Le combat peut commencer.

Résumé:

Règles de l’arène:

Mettre le feu ? Dans une arène de Glace ? Dans mon arène ! Avec son sale Pokémon ! Je serre les points et les dents. Je sens Vulca me passer entre les jambes et je la rattrape avant qu’elle n’attaque. Entre mes dents, je lui murmure de laisser faire Albio.

Mais quand je vois l’attaque feu frapper mon Feunard, je ne peux m’empêcher de reculer de peur. De faire un peu en arrière. Mais quand les flammes disparaissent, mon Feunard est toujours debout, presque indemne. Le voile aurore fait effet, même sous le soleil.

Mais Albio crie et la lumière du soleil qui filtre à travers le toit de glace disparait. Du plafond de glace, de l’eau commence à tomber. Ce n’est pas mon climat préféré, loin de là, ni celui de mes Pokémons, mais pour la suite, c’est un avantage.

Albio, Hydroqueue.

Le Feunard bondit et frappe la saloperie de Démolosse. Son attaque est d’autant plus violente qu’il pleut, et que la différence de niveau entre les deux Pokémons est importante.

Je me retiens d’hurler des insanités à Leonard. Il le sait. Il sait que ma… peur… du feu et ma haine des Démolosses. Est-ce qu’il s’en sert pour me déstabiliser ? Il va me le payer.

Résumé:

De façon surprenante, le Démolosse est encore debout. Et ce monstre utilise Toxik, sa vague touche Albio. C’est très lâche. Même un aveugle verrait la différence de niveau entre nos deux Pokémons, avec la pluie, il n’aurait jamais pu résister. Je pense que Leonard triche. Mais qu’importe.

Son Pokémon est tellement épuisé que sa seconde attaque passe complètement à côté d’Albio, qui se décale légèrement pour laisser passer son adversaire. Alors que le Démolosse passa devant lui, j’ai vu mon Feunard me regardait et dans son regard, j’ai vu une confiance immense, de la volonté et je crois qu’il m’a fait un clin d’œil. Et frappe son adversaire.

Son attaque Retour est d’une puissance jouissive et le Démolosse s’écroule sous cette attaque pleine d’amour.

Après son attaque, l’arène commença à scintiller de milles éclats. Des éclats magiques se préparaient à fondre sur le premier adversaire qui sera apte au combat.

règle:

Manfred. Son Mangriff avec un nom tout pourri. Leonard a un don pour donner des noms pourris à ses Pokémons. Tout le monde appelle ses Pokémons de façon bizarre et certains parents aussi appellent même leurs enfants de façon bizarre.

Le Mangriff vient à peine de mettre les pieds sur le terrain, que les éclats qui illuminent l’arène viennent le frapper en un chaos monumental. Le pauvre Pokémon n’a pas le temps de comprendre quoi que ce soit, cependant, il arrive à sortir de l’attaque qui lui tombe dessus et enchaine avec des mouvements que je connais très bien. Une attaque Danse Lame. Ils sont très nombreux à s’en servir de cette attaque et elle est d’une puissance terrifiante.

Pourtant, je ne m’inquiète pas plus que ça. Je trouve Leonard désolant. Manfred semble déjà bien éprouvé par l’attaque Eclat Magique d’entrer de jeu et le Voile Aurore est toujours actif. Son Pokémon de type Normal craint certes peu de chose d’Albio en dehors de la force brut, mais Albio craint encore moins de chose que lui.

Dès la fin de sa danse, Manfred se jette sur Albio et lui donne une série incroyable de coups. Mais chaque impact semble amorti et quand le Mangriff s’éloigne, Albio semble secouer par l’attaque mais encore debout. Le poison le fait grimacer et je sais qu’il ne tiendra plus très longtemps. Leonard va l’avoir à l’usure, à moins que je joue une nouvelle carte.

Albio, utilise Repos.

Le Feunard se mit à courir dans l’arène et disparait devant l’un des quelques piliers, ajouts récents à la décoration de l’arène. Ils sont très proches des murs et l’un d’eux à une petite niche à ses pieds que les Farfurets utilise ou les Grelaçon.

Mon Feunard s’y cache pour s’y endormir. Son poil redevient luisant et son souffle se calme. On peut l’entendre grogner dans son sommeil. Puis comme un somnambule, il charge Manfred et le frappe d’une attaque Représailles, en utilisant son attaque Blabla Dodo.

C’est la première fois que j’utilise ce combat, repos et Blabla Dodo. Et je pensais que Leonard serait un peu plus fort que ça. Je l’ai entrainé et depuis le temps, il aurait pu progresser un peu plus. Mais non. Albio tient tête à deux de ses Pokémons, sans grande difficulté, il faut se l’avouer.

Résumé:

Son Magriff tient bon encore mais la différence de niveau et bien trop importante entre lui et Albio. Surtout qu’Albio est en pleine possession de ses moyens. Il ne lui reste que quelques instants de sommeil encore avant de se réveiller.

Cela laisse à Leonard le temps de faire des dégâts à Albio mais il n’a pas assez de puissance pour passer le voile aurore d’Albio et…

Mais t’es complètement débile ou tu le fais exprès ? Réfléchis à ce que tu fais abruti !

Il vient de lancer une attaque Insecte sur un Pokémon Glace et Fée. C’est complètement absurde. Et son attaque Exploforce pourrait être dangereuse. S’il n’y avait pas le voile aurore et si Albio n’était pas de type fée.

Leonard ne veut pas gagner. Ou alors il n’a pas le niveau de mon équipe. Si Albio tombe, j’enverrai peut-être un Pokémon moins fort.

Toujours dans son sommeil, Albio utilise Blabla Dodo. Cette attaque s’exprime d’abord par une absence de réaction et quand Manfred s’approche pour frapper, Albio le frappe par surprise par une Feinte.

Cela devrait être plus qu’il n’en faut pour mettre son Pokémon hors de Combat.

Albio prépare une nouvelle attaque Blabla Dodo. Quel que soit son adversaire, un rayon de glace semblable au couleur du voile aurore vienne frapper son adversaire. C’est une attaque Onde Boréale. Elle est très belle cette attaque.

J’espère que Leonard va prendre le combat un peu plus au sérieux que ça. Pour l’instant, il ne fait que faire souffrir ses Pokémons pour rien.

Résumé:

Son Magriff finit enfin par tomber. Il va falloir le mettre en soin intensif, car il a encaissé bien plus qu’il ne pouvait le faire.

ENFIN ! Leonard envoie un Pokémon puissant et avec l’avantage du type. Maintenant on attaque les choses sérieuse…

Représailles ? Sérieusement ? On va considérer que c’est pour utiliser la contre-attaque. Mais encore une fois le Voile-Aurore amortit l’attaque. Mais même Voile Aurore ne sauvera pas Albio de la suite et…

Sérieusement Leonard ?

T’es un idiot ou quoi ? Arrête d’être débile. Une attaque combat sur un Pokémon fée ? Punaise réfléchis deux secondes. Tu as un putain de Pokémon Acier. Double avantage sur Albio.

Albio retourne de lui-même dans sa Pokéball. Il doit considérer que son combat est terminé. Il a subit assez de dégâts.

Je libère donc Pouiky, ma Mammochon. Leonard n’est pas venu pour prendre mon, juste pour épuiser ses Pokémons et les blesser. Je ne lui laisserai donc aucune chance.

Pouiky, Abîme. C’est le moment de tester la résistance de mon arène. J’ai fait des modifications dans la structure pour que le bâtiment survive aux attaque de Pouiky.

Alors qu’une faille s’ouvre dans la zone de combat, les murs et le plafond tiennent bon.

Je n’ai pas besoin de donner un autre ordre, Pouiky sait ce qu’elle doit faire.

Lucario n’a aucune chance, soit Abîme le met KO, soit l’attaque Trépignement qui suit en viendra à bout.

Résumé:

Mais qu’est-ce que tu parle de se battre à la régulière ? Viser la faiblesse de son adversaire, c’est se battre à la régulière. Frapper aux hasards est un manque de respect. Ça montre juste que tu ne te bats pas sérieusement, soit par bêtise soit par suffisance. Alors arrête d’être un débile !

Je m’emporte autant que lui. C’est frustrant. Je sais que c’est un idiot, mais il est capable de réfléchir. Et là, il chouine en se cachant derrière des excuses. Bon, en tout cas, son Lucario est hors-jeu. Le combat se rapproche de sa fin. Il a déjà perdu la moitié de son équipe, contre seulement un Pokémon de mon côté.

Il libère son Steelix et je retiens ma respiration. Allègement. D’accord, il augmente sa vitesse. Cela lui permet de ne plus être trop lent par rapport à Pouiky. Les Pokémons Glace sont particulièrement rapides malgré leur taille massive. Et enfin… Queue de Fer.

Pourquoi tu ne l’as pas envoyé contre Albio ! Grégori aurait fait bien plus de mal à Albio que ton monstre et tu aurais pris un avantage certain dans le combat, rien que sur le plan mental. Ce que tu fais n’est pas se battre à la régulière mais envoyer tes Pokémons à l’abattoir au pif.

C’est juste de la souffrance Pokémon. Me battre est mon métier, et mes Pokémons subissent mon mode de vie, mais je fais mon possible pour ne pas les mettre en difficulté. Et parfois, ils se portent volontaire pour des affrontements impossibles. Mais ce que fait Leonard, c’est innocemment envoyé ses Pokémons se faire casser les dents.

Pouiky, Malédiction. Puis Piétisol.

J’espère que cet idiot apprendra de notre combat. De nos combats. Un jour.

Résumé:

Un rictus de colère déforme mon visage. C’est tout ? C’est tout ce qu’il a dans le ventre ? Ma voix se glaciale et tranchante.

Depuis que je te connais, je t’ai toujours demandé de ne pas te battre. J’ai essayé de t’apprendre à te défendre à contrecoeur, pour passer du temps avec toi. Je connais ta famille. Je connais tes Pokémons. Et je sais que vous feriez n’importe quoi les uns pour les autres. Mais ça ne justifie pas que tu fasses le tour des arènes sans raison. Ça ne justifie pas ton absence de logique de combat. C’est un fait. Et je te blesserai sur ça, encore et encore. Jusqu’à ce que tu arrêtes de vouloir te battre et que tu me laisses le faire à ta place. Jusqu’à ce que tu arrêtes de vouloir être quelqu’un d’autre, que tu essaies d’être comme tout le monde. Tu n’es pas comme tout le monde. Et tu ne sais et ne sauras jamais te battre, malgré ton intelligence. Tu aurais dû envoyer Gregori dès le début contre Albio. Même si ton infâme monstre aurait pu faire l’affaire, il n’avait pas assez d’avantage. Steelix aurait tenu tête aisément à Albio et aurait donné du fil à retordre à tous mes Pokémons.

Ma voix est blanche. J’ai envie de le gifler pour que ça rentrer dans sa tête.

Arrête de vouloir te battre. Ou alors accepte d’apprendre. Je ne suis pas la meilleure des professeurs et je ne suis certainement pas… une fille… intelligente. Ce que je sais, j’ai du l’apprendre seule en prenant des coups et je ne veux pas que tu apprennes de la même manière.

Je prends une grande respiration en voyant Leonard pleuré avant de lui crier dessus.

Et par Arceus arrête de pleurer ! Tu vas avoir des brûlures sur les joues.

Je cours vers lui et lui prends la main. Viens, le combat est fini. Viens te réchauffer dans la maison.

Je ne sais pas trop quoi faire d’autres que le faire passer par la porte au fond de mon arène pour le mener à la petite pièce qui me sert de cuisine, chambre, salle à manger et salon.

La pièce est chaude. Il y a un poêle à bois contre l’un des murs complètement en béton. Une porte à côté mène à la salle d’eau, construite en sous-sol. Il y a une baignoire, des toilettes et surtout, un sauna.

Dans la pièce à vivre, il y a mon lit, à gauche en arrivant, la cuisine de le fond à gauche, une table avec une chaise en bois et un fauteuil. Le poêle à bois est à droite avec la seconde porte. Derrière nous, il y a la porte qui mène à l’arène mais aussi une qui mène directement vers l’extérieur.

Viens. Assis-toi. Je vais te faire un chocolat chaud.

Je l’installe dans mon fauteuil, rare privilège. Je sors une casserole, du lait et fait chauffer le lait sur le poêle. Je casse une tablette de chocolat dedans aussi et laisse chauffer avant de revenir vers Leonard.

Tu n’as pas besoin de repartir. Pourquoi tu voudrais repartir ? Ici ça pourrait être chez toi aussi. Reste avec moi.

Ma voix est douce. Je le regarde puis descend dans la salle d’eau. Je reviens avec une serviette et une petite sacoche.

Ne bouge pas.

J’inspecte ses joues. Tu es un idiot. Avec le froid qu’il fait, l’eau gèle très vite. Il faut éviter le plus possible de baver, ou de pleurer. Ou de transpirer. Sinon, on a des brûlures. Ne me demande pas pourquoi, je ne sais pas. Manifestement, le gel ça brûle.

Je lui masse un peu les joues avec une pommade.

Reste avec moi. Et je te montrerai comment arrêter de perdre tes Pokémons.

Je regarde Leonard perplexe. Encore heureux qu’il veuille rester avec moi. On est censé former un couple et on ne se voit jamais. J’ai l’impression que j’ai dû le traumatiser pour qu’il veuille rester avec moi.

Puis un sourire vient éclairer mon visage. Il ne veut pas combattre. Ça veut dire que j’ai gagné ? Qu’il ne voudra plus se battre du tout ? Qu’il ne se mettra plus en danger comme un idiot et croire qu’il va pouvoir se sauver par la force ? Il va rester en sécurité ?

J’ai envie de lui hurler dessus. Bien sûr que ça fait mal de souffrir et bien sûr que ça fait mal aux autres de se battre. Il y a toujours des coups qui s’échangent et des gens pour les recevoir.

En revanche, pourquoi est-ce qu’on se bat ? Je ne sais pas. Tout ce que j’ai pu voir dans la nature se bat. Pour survivre, pour se nourrir, pour se protéger. Rien n’est pacifique par nature. Tout a une part de violence, même Leonard hélas.

Tu es sûr que tu vas bien ? Parce que… j’ai failli travailler dans un bar qui proposait ce que tu dis. Ça m’a l’air assez déviant et surtout pervers comme idée.

Je ne sais pas s’il comprend ce que je dis, ou s’il comprend ce qu’il dit ou si on se comprend l’un l’autre, mais j’ai bien l’impression qu’il parle de… relation entre humains et Pokémons dans une mêlée générale non ?

Je penche la tête.

On gagnerait des points à venir te réchauffer ? Genre comme dans mon arène ? Tu te tiens au milieu et tu attends qu’on te réchauffe ? Et c’est chacun son tour ou tous en même temps et tu choisis le plus chaud ?

Je n’ai pas compris le message de Leonard, mais Vulca oui. Elle lui saute sur les genoux pour avoir de l’attention.

Il ne fait pas si froid ici en plus. Et si…

Tu veux voir mon sauna ? Si tu as froid, tu va vite te réchauffer à l’intérieur.

Oublier son idée d’arène pacifique ? Evidemment. C’est tellement stupide que ça ne pouvait sortir que de son esprit. Et il n’est même pas sûr de ce qu’il dit. Quant à ce que je comprends, c’est bien suffisant pour ne plus avoir envie d’en parler.

Je reste ici parce que j’ai un boulot à faire. Et que c’est ma maison ici. J’ai une forêt, une maison et des Pokémons. Et ça n’a rien à voir avec ton père qui ne me fait pas peur du tout. Juste si je peux éviter de le voir me juger ou approuver ce que je fais c’est mieux. Et aussi éviter ta mère qui est bien trop gentille. Punaise, pas la peine de savoir de qui tu tiens.

Je lui attrape la main et l’entraine avec moi vers le sauna. J’ouvre la porte qui ne mène pas à l’exétieur ou à l’arène et descends les marches, jusqu’à la salle de bain. Elle est bien propre, et presque aussi grande que la pièce du dessus. Une partie porte en verre transparente mène à une pièce murée de bois.

C’est là. Evidemment que c’est là. Et il y a la plus pour une dizaine de personne. La chaleur est coincée par le sol, puisque nous sommes en souterrain et pour éviter de tout surchauffer, la salle de bain à un complexe réseau de ventilation naturelle, la gardant au chaud mais pas trop.

Je me déshabille complètement et invite Leonard à venir avec moi dans le sauna. A peine j’ouvre la porte que vulca s’y précipite alors que je prends la vague d’air chaud dans la figure. Je m’enfonce dans la pièce et m’installe sur un banc de bois. Mes poumons me brûlent déjà.

Après une sortie longue dans la neige et le froid, c’est super agréable de venir ici. Ou alors de prendre un bain. Un grand bain chaud. Parce que j’ai une baignoire aussi. Je suis super fière de ma baignoire aussi.

Pour le combat d’arène, je pense qu’on peut dire que tu as perdu.

La victoire est mienne. Je pousse un soupir.

Mais qu’est-ce que s’en fout que la victoire est mienne. Le but normalement c’est qu’on ressorte d’une arène en ayant progressé surtout quand on a perdu. Je ne te comprends vraiment pas.

Je m’enfonce sur les marches en bois. C’est brûlant, ce n’est pas confortable. Et il fait chuad. Chaque respiration est une brûlure dans mes poumons. Mais ça a un côté agréable. Sentir la sueur perler sur sa peau sans effort.

Je sens le contact de la main de Leonard sur la mienne et la serre doucement. Ça aussi c’est agréable.

Je m’apprête à le remercier mais mon regard se glace. Il ne me crois pas capable d’avoir bâti tout ça seule.

Il n’y avait pas d’ancien champion. Ma voix est suffisamment glaçante pour refroidir la température du sauna. C’est moi qui ai construit l’arène et le sauna. Il n’y avait rien ici. J’ai mis en place la réserve et suis intervenue pour bien faire comprendre aux gens de Windoria qu’ici, ils n’ont pas leur place. C’est d’ailleurs la vraie raison d’être de cette arène. Personnellement, être championne n’est pas le métier de mes rêves. Passer mon temps à affronter des gens qui rêvent de récupérer un petit bout de métal ridicule. Très peu pour moi.

Je pousse un soupir et caresse distraitement Vulca. Elle ne transpire pas. Pas une goutte. J’ai déjà connu des Pokémons dont le poil s’humidifiait à la chaleur et ça devenait peu agréable. Mais pas Vulca.

Ici c’est bien. Il n’y a personne de méchant le plus clair du temps. Il faut juste être sincère et honnête. Quand on essaye de tricher dans la forêt, on se prend toujours un retour de bâton terrible. C’est pour ça que je suis bien ici. Il suffit d’être fort et honnête. Il n’y a pas ça ailleurs.