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Les dossiers s'empilent. Qui aurait cru un jour que je dise une phrase pareille ? Pas moi en tout cas. Il y a un an, je savais à peine lire et écrire mon nom était un épreuve qui faisait appel à toute ma concentration et aujourd'hui, me voilà en train de remplir en moins d'une journée, un formulaire administratif. Seule qui plus est. Personne pour écrire à ma place, personne sur qui déchargeait ma colère. Jusqu'à présent j'arrivais toujours à faire tout remplir par un autre. J'étais, et suis toujours, une personne désagréable, qui pousse les gens à ne pas trop discuter à accepter leur sort. Quand je disais : Vous n'avez qu'à le remplir vous-même, j'ai autre chose à faire, personne n'avait l'audace de me résister. Surtout après les paroles peu agréables qui avaient précédé.

Aujourd'hui, j'ai rempli le document. Je demande officiellement l'arène Poison et son déplacement à Voltapolis. La réponse ne va pas tarder. On va me dire qu'elle est déjà occupée et qu'il faudra pour cela que je remplace Arsen, la championne inutile de l'endroit. Ce ne sera pas difficile. Alors je répondrais que je confirme vouloir un défi de remplacement, en justifiant du bon nombre de badge et en inscrivant le bon nombre de Pokémon du bon type. Ensuite, je n'aurai plus qu'à annoncer à Ethan qu'il peut prendre ma place. Cette idée me rend triste. L'arène de Glace est mon royaume. J'y ai créé une forêt, une faune et j'y ai construit ma vie. Mais maintenant, ma vie est ici, dans le confort pour Ange, auprès de Leonard à Voltapolis. Sans oublié que la ville a besoin de moi. Après la chute de la Centrale, elle a été laissé à l'abandon et peu à peu, c'est la jungle qui s'installe.

Je marche d'un bon pas, Vulca à mes côtés. Je rentre à la maison, retrouver ma fille et Leonard. Les temps d'éloignement sont de plus en plus long, maintenant, je peux passer une journée sans m'inquiéter tout le temps pour Ange. Je pense à elle tout le temps et je veux toujours revenir à la maison pour m'occuper d'elle, mais j'arrive à résister à cette envie et à faire autre chose de mes journées. C'est pas mal non ?

Poussant la porte, je me dirige tout de suite vers la chambre de mon enfant, à l'étage. En passant, je vérifie qu'elle n'est pas dans son parc. Non, bien dans sa chambre. Je la regarde jouer dans son lit. Elle a tellement grandi. Elle marche à quatre pattes et même sur ses jambes avec de l'aide. Elle a une belle chevelure corbeau, comme moi et ses yeux violets se remplissent peu à peu de malice alors qu'elle ne nous fait de petites blagues et que son rire emplit les pièce comme mon cœur.

Coucou Ange. Maman est rentrée.

Je lui fait des baisers pendant qu'elle balbutie des maman. Je la repose le temps d'aller voir Leonard. Je descends dans son atelier, mais il n'y est pas. Un rapide tour de la maison et je le trouve dans la chambre, en train de faire un sac. Il le remplit avec ses affaires et une certaine urgence.

Je le regarde avec un air perplexe.

Tu pars quelque part ? Ce n'était pas prévu ça. Qui te demande encore de traverser le pays ? La valise est bien grosse pour une simple sortie sur l'île, mais je préfère ignorer ce détail.

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Il a l’air pressé. Pour peu qu’on lui ait annoncé un super projet, un Pokémon un peu plus vert que la moyenne ou un caillou qui brille, Leonard serait excité comme ça. Peut-être même plus. En tout cas, il serait pressé. Mais je connais le garçon. Je le connais très bien, bien plus qu’il ne le croit, et bien plus que je ne le pense. Il n’est pas dans son état normal. Il est pressé mais dans l’urgence. Pas dans l’empressement.

Son hésitation me fait penser à un enfant pris sur le point de faire une bêtise.

Je dois partir.

C’est tout ? Lui qui parle tout le temps. Il est toujours là à me raconter ses projets, ses plans, son futur voyage. Parfois il défait sa valise au lieu de la faire dans son emportement. Il vit toujours les choses au moins trois fois : avant qu’elle n’arrive, pendant et dans ses souvenirs. Alors pourquoi il doit juste partir.

Mon sang se glace et tout se fige en moi. Mon cœur se serre. Il doit partir. Sa phrase ne laisse pas la place à une explication. Son choix est arrêté. Il ne part pas juste en voyage de quelques jours. Il part.

Non.

C’est impossible. Il doit être fatigué. Le contrecoup d’Ange. Notre fille fait ses nuits maintenant. Mais il parait qu’après un effort ou un grand stress, on subisse une fatigue encore plus grande. C’est ce que je me dis et me répète. Il est juste fatigué et doit partir faire quelque chose d’important. Peut-être une pièce pour sa machine qui ne veut pas arriver et qu’il doit aller chercher.

C’est le raisonnement de mon cerveau pendant que mon cœur hurle de panique. Un bref éclair de ce conflit intérieur traverse mon regard.

Tu dois partir où ?

Ma voix est blanche. Je le vois bien ; Il marmonne, il grogne. Ce n’est pas Leonard. Il met des choses dans le sac, en retire.

Tu rentres quand ?

La peur de mon cœur transpire légèrement dans ma voix. Je remarque sa larme. Mais je reste là, debout, raide, devant la porte, les bras ballants. Qu’est-ce que je suis sensée faire ? Leonard pleure. Il ne pleure pas d’habitude. Il rit. Est-ce que je dois le prendre dans mes bras ? Est-ce que ses parents sont malades ? Est-ce qu’il est malade ?

J’aimerai ajouter autre chose. Mais ma gorge est trop serrée. J’ai connu la panique et la terreur devant les flammes. Une terreur qui paralyse, qui est incontrôlable et dépasse tout. Aujourd’hui, c’est une autre peur qui m’étreint. Plus primaire, plus ancienne. Je peux toujours réfléchir, mais mes pensées tournent en rond, prises dans une boucle qui ramène toujours à la même conséquence et qui ne voit qu’une raison.

J’ai envie de lui dire de ne pas partir, mais je n’arrive pas à respirer correctement. Je prie pour que je me sois fait un film. Que je me trompe. J’espère que Leonard va me répondre qu’il revient demain. Il part à Nemerya ou chez ses parents. Rien de grave. Mais je sais qu’il n’en est rien.

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Il ne répond pas. Pourquoi est-ce qu’il ne répond pas ? D’habitude il répond. Même fatigué il répond. Il a toujours une réponse. Et là, il me regarde et ne dit rien.

Mon cerveau a beau essayé, il ne trouve plus rien à dire. Il n’a plus argument à opposer à mon cœur. Toutes mes peurs reviennent et tout ce que j’ai voulu fuir réapparait. Les raisons pour lesquelles je ne m’attache pas aux gens, pourquoi je déteste les autres, pourquoi j’ai toujours vécu entourée de Pokémon et pas d’humains. Parce que ça fait mal.

Je regarde l’homme qui partage ma vie continuer à faire sa valise et ne rien dire. Il m’ignore. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Je sais que je ne suis pas la plus gentille, ni la plus douce. Que je le frappe quand je ne sais pas comment réagir. Mais je change. Je le sens. Et puis… on était en train de fonder une famille. Il n’aurait pas fondé une famille s’il ne m’aimait pas. Il a dit qu’il m’aimait. Je lui dit que je l’aimais.

Leonard. Ma voix se brise.

Je sais ce qu’il va faire et je suis terrifiée. Je ne comprends pas pourquoi il fait ça, ni pourquoi il le fait maintenant. Je déglutit et prend une inspiration bien trop courte.

D’un ton raffermi, je reprends la parole.

Leonard. Ne pars pas.

Mon regard est redevenu dur, mais à la fin de la phrase, le violet de mes yeux se remplit de tristesse et de désespoir. Mon expression dure s’effondre après un bref moment d’existence.

Ne me quitte pas. Je peux faire des efforts. Je m’améliore. Je vais encore m’améliorer. Ne m’abandonne pas. Je t’en prie.

J’ai toujours su qu’un jour ou l’autre, il en aurait eu marre, il en aurait eu assez. Mais j’ai toujours refuser ce fait. Et j’ai tout fait pour retarder ce moment, en essayant d’être plus… d’être moins… violente. D’être gentile, polie. De comprendre ce qu’il disait. M’intéresser à ce qu’il faisait. Je comprenais rien, mais ce n’était pas ma faute. J’ai essayé. J’ai fait tout ce que je peux. Mais ce n’était pas assez.

Maintenant il veut partir. Et il ne veut même plus me parler.

Il ne veut plus me parler. Il ne veut même plus me parler !

La colère vient chasser la peur. Ce vieux réflexe de défense vient pour me sauver. Pas de désespoir possible. Mon corps se tend, et ma mâchoire se crispe. Pourtant, il ny a pas le froid cruel de mon regard. Juste une absence de tout. Je ne sais pas quoi faire.

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Le cauchemars continue. Cette tourmente, cette torture. Rien de cela ne peut être vrai. Leonard qui part, c'est l'enfer qui s'ouvre devant moi. C'est le malheur qui revient. Après tant d'année de souffrances, je pensais en être enfin libérée. J'étais heureuse et ma vie n'allait qu'en s'améliorant.

Alors pourquoi ? Pourquoi part-il ? Pourquoi ne me parle-t-il pas ? Qu'ai-je fait pour mériter ces châtiments ? Qu'ai-je fait pour ne pas avoir le droit au bonheur ? Pour qu'on me montre ce qu'il y a de beau, qu'on me laisse le frôler, le caresser et qu'on me l'arrache juste après.

Ce n'est pas possible. C'est surréaliste. Leonard est trop gentil pour me faire ça. Leonard m'a fait une promesse. Il a promis d'être toujours là. Il me l'a promis. A moi mais aussi à Ange. Il l'a promis.

Pourtant, il est là, à faire un sac. A ne pas me répondre. Il ne part pas pour un bref séjour.

Si il part pour une semaine mais n'ose pas me le dire pour que je ne me fâche pas. Il va me sourir comme un idiot et me dire que ce n'était qu'une blague une mauvaise plaisanterie. Qu'il revient dans deux semaines. Cette pensée ne tient pas debout et s'effondre à chaque fois que j'essaye de l'énoncer pour me rassurer.

Il part. Il ne veut plus me parler. Il prend son sac et sort. Il me passe à côté, comme si nous étions de parfaits inconnus. Nous ne sommes pas de parfaits inconnus. Il est tout pour moi. Nous avons un enfant ensemble. Nous formons une famille. Mon monde n'a de sens qu'avec lui à l'intérieur. Il est tout ce en quoi je crois. Il est tout ce à quoi j'aspire.

Je dois l'attraper. L'empêcher de faire un pas de plus. L'obliger à partir. A rester. Pourtant, je suis immobile, incapable de bouger. Si je l'attrape qu'est-ce que je fais ? Je le secoue jusqu'à ce qu'il parle ? Je le frappe pour qu'il reste. Il part parce que je le rends malheureux, à cause de mon sale caractère. Mes efforts ne suffisent pas et je vais essayer de le garder en lui montrant tout mes défauts. Non. Je ne peux pas.

Des larmes commencent à couler sur mes joues. Je me sens tellement impuissante. Abandonnée et seule. De nouveau.

Il a promis. Il a promis qu'il serait là toujours. Qu'il ne me laisserait pas.

Mais Leonard a déjà rompu une promesse avant. Celle de ne pas se battre. Alors pourquoi tiendrait-il celle-ci ?

Parce que je l'aime et que je veux qu'il tienne sa promesse.

Je me retourne brusquement. Il est déjà dans l'escalier. Je me précipite au sommet des marches.

Leonard ! Je t'en supplie. Dis-moi pourquoi tu pars ! Ou ne le dis pas mais reste. Pitié.

Les sanglots secouent chacun de mes mots.

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Mais qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi ce cauchemar ne s’arrête pas ? Les questions viennent de nouveau s’agglutiner dans mon esprit. Comme avant. Quand j’étais seule et que je ne comprenais pas le monde. Comme avant, quand personne n’était là pour m’expliquer ou me tenir la main. Des questions, toujours des questions et pas de réponse. En quelques minutes, je vois ma vie remonter dans le temps, revenir à ce qu’elle était avant. Avant Lumiris. Avant Leonard. Avant qu’une lumière m’aide à marcher sur un chemin plus calme et droit.

Je me lance finalement derrière lui. Il est déjà en bas de l’escalier. Presque à la porte. C’est décidé, je vais l’attraper et le forcer à rester. Je l’enfermerais dans la cave s’il le faut. Mais je ne veux pas qu’il me quitte. Je ne veux pas qu’il m’abandonne. Je refuse d’être abandonnée encore une fois et plus que tout. Je veux qu’Ange ait une famille complète. Je veux qu’on ait des photos avec elle entre nous. Je veux l’emmener au parc d’attraction. Et je veux le faire avec son père aussi. Qu’importe le prix. Leonard est à moi.

Je quitte la dernière marche pour voir Leonard près de la porte d’entrée.

Leonard. Je t’interdis de partir. Tu m’entends ! Je t’interdis de passer cette porte !

La colère fait vibrer ma voix. Une colère désespérée et bouillante. Ce n’est pas ma rage froide habituelle. Pas de ton cassant, imposant un silence par sa dureté. C’est un hurlement. C’est une vociferation incontrôlée. Mes yeux violets lancent des éclairs et je tremble de tout mon corps.

Il s’arrête. Ça marche. Il va arrêter sa connerie et revenir à la raison.

Un éclair de lumière blanche m’éblouit et Arnold fait son apparition. A quoi est-ce qu’il joue ? Le Pokémon me bloque la vue. J’essaye de le contourner mais il m’empêche de passer. Je pousse un cri de rage et pousse le Tortank. C’est absurde. Jamais je n’aurai fait ça. Le Tortank ne bouge pas. Je redonne un coup d’épaule sans effet.

Arnold ! Laisse-moi passer. Dégage!

Me battre avec lui à l’intérieur et dans mon état serait catastrophique. Heureusement que ça ne me vient pas à l’esprit. Il serait tellement facile de mettre ce Tortank hors de mon chemin. Mais mon esprit ne fait plus sens. Mes idées ne vont pas jusqu’à leur aboutissement, elles se mélangent et se fracasse, comme moi je me jette sur le ventre blindé du Pokémon. Je frappe de façon désordonnée, poussée par la panique de voir Leonard partir.

Leonard ! Leonard!

Je continue à crier à m’en casser la voix. Un pleur se fait entendre à l’étage. Mais je ne l’entends pas. Je n’entends que Leonard qui s’éloigne de moi.

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Je tambourine en vain le ventre du Pokémon, insensible, inamovible, patient. Il me regarde de haut, mais ne semble pas vraiment comprendre non plus. Je ne sais pas. Je m'en fous. Je veux Leonard. Il s'en va. Il m'abandonne et je ne peux rien faire pour le garder. Si seulement ce Tortank me laissait passer. Si je pouvais le rattraper. Je suis sûre que je pourrais tout réparer. Je vais changer. J'arrêterai de le traiter d'idiot. J'essayerai de comprendre ce qu'il fait avec plus d'énergie. Je serai plus gentille avec les gens qui viennent. Tant qu'il reste avec moi.

J'entends la porte qui s'ouvre et ce bruit suffit à provoquer un autre déclic. Il ouvre la porte. Il s'en va vraiment. Ce cauchemar ne s'arrête pas. Il empire. De plus en plus de détails le font ressembler à la réalité. Mais ce n'est pas possible. Je vais réussir à le rentrer et me réveiller. Il sera là, dans le lit et Ange m'aura réveillée. D'ailleurs, ce sont ses pleurs que j'entends, dans la réalité. A travers mon rêve. Je ne vais pas tarder à me réveiller mais avant, je dois attraper Leonard. Je dois l'empêcher de partir du rêve. Je dois le garder prêt de moi.

La porte claque. Ce n'est pas un rêve, ni un cauchemar. Mes mains me font souffrir le martyr, mais moins que mon ventre qui se tord dans tous les sens. Mes instincts reprennent les choses sous leur contrôle. Je contourne rapidement le Tortank, qui est trop gros pour se déplacer facilement dans la maison.

Leonard !

Je me jette sur la porte.

Leonard !

Je l'ouvre en grand.

Leonard !

Il n'est plus là. Je ne le vois déjà plus dans le jardin. Il n'est plus là.

Leonard !

Je cours jusqu'à la barrière. Il n'est plus en vue.

Leonard ! Leonard !

Ma voix se casse et se brise. J'éclate en sanglot qui ne veulent pas s'arrêter. C'est un torrent, c'est un enfer. J'ai envie de me griffer, de m'arracher la peau pour que le cauchemars s'arrête. Mais je sais bien que tout cela est réel. C'est impossible, et pourtant ça à lieu. A genou devant le jardin, ma voix s'enraille alors qu'elle répète le seul mot qui tourne dans ma tête.

Leonard.

De moins en moins, fort, de plus en plus en pleure. Je reste là, prostrée. Lorsque plus aucun son ne sort de ma bouche, mes lèvres répètent encore ce nom qui était tout pour moi. Cette lumière qui s'enfuit et ce plein qui se vide. Je n'entends que mon chagrin, et ne souhaite que mourir. Qu'ai-je fait de ma vie, sinon faire du mal aux gens au point qu'ils me laissent tous tomber.

Mais un autre son arrive à transpercer ma détresse. Des pleurs qui ne sont pas les miens. Des pleurs qui ont besoin de moi. Des pleurs qui viennent de quelque chose que j'ai fait de ma vie et de quelqu'un que je ne blesserai jamais.

Je me retourne et me précipite vers la maison. D'abord, à quatre pattes, dans ma précipitation, je manque de tomber et de m'affoler, me poussant vers l'avant à l'aide de mes bras. Je pénètre dans la maison en trombe, toujours pleurant, me cognant aux murs. Je monte les escaliers, rate une marche et me frappe le menton en glissant mais ça n'arrête pas ma course. J'entre dans la chambre d'Ange et m'arrête.

D'un geste brusque je retire mes larmes de mon visage, mais de nouvelles viennent les remplacer. Je marche vers le landau et prends Ange dans mes bras.

Chut... tout va bien. Tout va bien mon amour. Maman est là. Il n'y a aucune raison de s'inquiéter. Pas de raison de pleurer. Je suis là. Je serai toujours là. Maman ne t'abandonnera jamais. Toujours là. Pour toujours.

Mes sanglots cassent ma voix alors que je répète cette phrase, pour me rassurer, pour me convaincre. Je m'asseois par terre, serrant mon œuf contre moi. Vulca vient s'allonger contre moi aussi et je reste là.

Tout va bien mon amour. Maman est là. Elle sera toujours là. Pour toujours. Pour toujours.

Mon Ange se calme et s'endort dans mes bras. Mais moi, je continue à pleurer. Tremblant de froid, fixant la porte de la chambre et dessinant dans ma tête, une silhouette qui s'estompe peu à peu.