L'avantage -ou le désavantage- qu'a Arya à travailler dans cette pizzeria, c'est qu'elle lui donne la possibilité de livrer d'un peu partout ; ainsi, quand il se déplace et qu'on a besoin de lui, il n'a qu'à le faire savoir pour qu'on l'appelle. L'inconvénient, en revanche, c'est que sur des longues routes... il n'est pas très adroit. Il déteste être en retard, et lorsqu'il a plusieurs livraisons à effectuer, qu'elles soient au même ou à différents endroits, il lance sans cesse son vélo à toute allure pour ne pas manquer une commande, ou simplement ne pas refroidir les pizzas. N'allez pas croire qu'il fait ça pour les clients, c'est pour les pizzas elles-mêmes... il n'y a rien de plus affreux que de les manger froides.
    Faire un aller-retour entre Fort-des-Songes et Feranium n'était pas vraiment de tout repos pour lui. Il fallait passer par la forêt... Et les forêts n'avaient rien de très pratique pour rouler. Enfin, forêt, c'était un bien grand mot. Mais ça restait handicapant tout de même. Avec sa maladresse légendaire, qu'il ne cogne pas sa roue dans une racine ou ne chute pas tout les trois mètres relevait du miracle. Tout comme ne pas se perdre au bout de quelques minutes. Parce qu'avec son sens de l'orientation qui laissait à désirer... Il avait voulu voyager, mais il devait reconnaître qu'il n'était pas du tout fait pour les voyages. Alors cette fois, puisque le ciel était dégagé, il s'était permis de prendre son temps pour traverser les bois jusqu'à Feranium. C'était rare qu'il soit aussi attentif à son environnement, mais là, c'était une question de survie s'il ne voulait pas se blesser ou perdre ses pizzas en cours de route. Sagement cachée dans son sac-à-dos, Arabesque se balançait gaiement au rythme du véhicule tanguant doucement, passant parfois la tête en dehors de l'ouverture pour observer le paysage défiler sous ses yeux. Arya n'était jamais serein lorsqu'il roulait et dès qu'il sentait que la Rozbouton devenait trop turbulente, il grognait. « Si elle continue de s'agiter comme ça, je vais tomber, elle va tomber, je vais me blesser, elle va disparaître, et on rentrera jamais ! ». Mais elle n'aimait pas rester dans sa Pokéball et il avait abandonné l'idée de l'y cacher depuis qu'elle s'en était sauvée à plusieurs reprises. Pourquoi avait-il fallu qu'on lui confie un Pokémon encore plus têtu que lui...

    Aussi étonnant cela puisse-t-il paraître, la route jusqu'à Feranium s'était relativement bien passée. L'endroit était extrêmement tranquille et le jeune homme s'était même demandé qui commandait encore des pizzas ici en voyant l'apparence atypique des habitations. Enfin, ça n'était l'histoire que d'une seule livraison... mais ça restait tout de même étonnant. Heureusement pour lui, c'était la dernière étape avant qu'il puisse rentrer se reposer et elle lui permettait de visiter un peu les lieux. Malheureusement pour lui, il semblerait qu'il ait un peu trop prit son temps et ce ne fut que lorsqu'il remarqua le crépuscule décliner à l'horizon qu'il comprit qu'il fallait qu'il se mette en route s'il ne voulait pas rouler au beau milieu de la nuit. Et mince, il avait encore fallu qu'il se perde dans ses pensées... Le rêveur qu'il était avait préféré se laisser absorber par la beauté des paysages plutôt que de se soucier du temps qui passait.
    Tranquillement, Arya avait repris son vélo avec le soulagement de ne plus rien avoir à transporter pour cette fin de soirée. Ce n'était pas que les pizzas étaient lourdes à supporter, mais un peu quand même... Et cette chaleur, cette odeur qui se dégageaient quand il roulait et se répandait dans les airs jusqu'à venir titiller ses narines... Quelle torture pour une personne aussi avide de nourriture que lui. Dans ses livraisons, les barres de céréales étaient ses meilleures amies et il les dévorait lorsqu'il avait besoin de faire passer sa frustration de ne pas pouvoir toucher aux délicieux mets dont il s'occupait.
    Mais l'heure tournait et inquiétait de plus en plus le jeune livreur. Il n'allait pas rentrer à temps, c'était certain... Il allait faire nuit avant même qu'il n'atteigne la forêt et les Pokémons sauvages viendraient pour le dépecer tout entier... Avec un grognement, il secoua la tête, l'air renfrogné. À trois reprises, il s'assura qu'Arabesque n'avait pas quitté son sac parce qu'il n'avait pas envie de perdre du temps à la courser dans toute la ville ; et une fois que ce fut fait, il grimpa sur son vélo et s'élança à travers la nature.

    Tout aurait pu bien se passer.
    Tout aurait pu bien se passer si Arya n'avait pas foncé comme un demeuré à travers la forêt et avait pris le temps de regarder autour de lui. Résultat ; un vole plané de quelques mètres, un vélo abîmé et une cheville foulée. Par chance, son sac avait amorti la Rozbouton qui allait parfaitement bien et se dandinait autour de lui et son téléphone n'avait rien, à part une légère fissure sur l'écran. C'était mieux que de l'avoir complètement cassée... En revanche, pour lui, c'était une toute autre histoire. À peine posa-t-il le pied à terre qu'un couinement de détresse le prit à la gorge et il dut se rattraper à l'arbre le plus proche pour ne pas chuter. Et il avait beau regarder autour de lui, il n'arrivait pas à situer l'endroit où il se trouvait. Quelle idée, aussi, d'être passé par les sentiers dérobés pour ne croiser personne plutôt que d'avoir emprunté le chemin principal... Mais son regard se fit de plus en plus inquiet. La nuit n'était toujours pas tombée, mais là où il était, il faisait sombre et se repérer tout seul allait lui poser quelques difficultés. Il fallait qu'il retrouve son chemin le plus vite possible...
    Relever son vélo lui demanda presque un effort surhumain ; mais c'était une chose nécessaire s'il voulait pouvoir se déplacer avec une cheville foulée. Au moins, il avait un support sur lequel s'appuyer. Ça ne l'empêcha pas de tourner en rond durant de longues minutes sans trouver de point de retour qui le ramènerait sur la bonne voie. Il crut bien un instant qu'il allait finir par se perdre pour de bon et ne jamais s'en sortir...
    Et puis il y eut un bruit.
    Comme un bruissement de feuilles, mais qui semblait indiquer davantage des pas humains que ceux d'une quelconque créature. Le visage d'Arya passa de l'inquiétude au soulagement tandis qu'il pianota quelques mots sur l'écran de son téléphone et s'élança au travers des arbres du mieux qu'il pouvait. Il y avait une silhouette, une silhouette humaine, la silhouette de quelqu'un, quelqu'un qui allait pouvoir l'aider ! C'était un véritable torrent de soulagement pour le pessimiste qu'était le jeune garçon. En plus, la jeune femme sembla s'être arrêtée un instant et il en profita pour se précipiter vers elle en manquant de tomber à plusieurs reprises, s'accrochant à son épaule pour attirer son attention, braquant la lumière de son portable sur elle.

    Bien sûr qu'on aborde pas un inconnu en se précipitant sur lui sans prévenir ou dire quelque chose. Mais là, c'était une question de vie ou de mort et Arya n'avait pas vraiment eu le choix. Il voulait se sortir de là le plus vite possible, ce n'était pas avec une cheville tordue et un vélo cassé qu'il allait réussir. En revanche, il ne s'était _vraiment_ pas attendu à ce que l'inconnue réplique et le frappe avec autant de force. Un cri de douleur à peine audible s'échappa des lèvres du jeune homme qui était de toute évidence encore assez fragile et manqua de peu de tomber à la renverse, se soutenant simplement le poignet de l'autre main. N'importe qui aurait dit qu'il sur-réagissait ; mais il ne le faisait pas exprès, il avait été vraiment surpris... Et ça faisait mal. Très mal. Vraiment très mal. Sur son visage se dessina un regard plein de détresse et d'incompréhension, fixant la jeune femme avec l'air apeuré. Parce que oui, il en était sûr, c'était une jeune femme qui lui faisait face et même s'il ne la voyait pas très bien, il n'avait pas trop de mal à comprendre que son physique contrastait complètement avec la force incroyable qui l'avait touché.
     Mais ce ne fut pas ça qui préoccupa le plus Arya.
     C'était son téléphone.
     Son téléphone, son seul et unique moyen de communication. Bon, c'est vrai, c'était un peu de sa faute... Elle n'aurait jamais fait ça si la lumière de son portable ne l'avait littéralement pas agressée. Mais au point de le casser ? Sérieusement ? Si c'était vraiment ça, non seulement il allait devoir dépenser des sommes astronomiques pour le faire réparer mais en plus, ça ne lui faciliterait pas du tout la tâche. Cette fois clairement paniqué, il se laissa chuter au sol, à quatre pattes, ignorant complètement la jeune femme, tâtant la terre du bout des doigts pour essayer de le retrouver. Un soupir de soulagement lui échappa alors qu'il le récupéra dans ses mains ; jusqu'à ce qu'il essaie de l'allumer. Une fois, deux fois, cinq fois... Son visage se décomposa. « Bordel, pourquoi il s'allume pas ?! ». Pour couronner le tout, l'écran était brisé de fissures, cette fois. S'il restait tant bien que mal de marbre, à l'intérieur de lui, c'était un torrent de larmes complet qui se déversait. Qu'est-ce qu'il allait faire... Il voulait espérer de tout son cœur que c'était simplement la faute d'un manque de batterie mais il en doutait fortement. Il était bon pour le faire réparer ou en racheter un nouveau... Il allait tout perdre... Elle n'allait pas le comprendre et le prendrait sûrement pour un fou quand il essaierait de lui parler... Il allait mourir ici, tout seul, en plein milieu de la nuit, dévoré par des fantômes ou dépecé par des pokémons sauvages... Mais la question de la jeune femme le ramène brusquement sur terre et il se redresse, rangeant son téléphone couvert de terre dans la poche de son pantalon. Clignant des yeux, Arya la dévisage longuement, réfléchissant à la meilleure manière de s'exprimer. Il ne savait pas quoi faire pour qu'elle le comprenne et ne parte pas en courant... Et c'était bien la première fois qu'il ne se fichait pas que quelqu'un l'ignore. Prenant une grande inspiration après un lourd moment de silence, ses lèvres s'entrouvrirent lentement et doucement. Très doucement.

-P-P-Per... Per... du...

    Ce fut le seul mot qui parvint à sortir de sa bouche avant qu'il ne soit pris d'une douleur incroyable qui lui fit porter sa main à sa gorge, et il fut secoué d'une toux brutale qui le fit s'agiter un peu. Les joues complètement rouges, il secoua la tête, l'air désolé, attrapant timidement le bras de la jeune femme pour lui faire comprendre qu'il n'avait aucune envie qu'elle ne s'éloigne de lui. Mais malgré sa peur, la situation avait quelque chose de terriblement cocasse. Il était tout seul, perdu, suppliant l'aide d'une jeune femme beaucoup plus petite et semblant bien plus féroce que lui. Il n'avait pas le choix, il n'était vraiment pas doué pour se repérer... mais à se comporter comme ça, il ressemblait davantage à un chiot abattu qu'à un jeune adulte de dix-huit ans.
    Soupirant longuement, il recula légèrement et tenta de prendre un air plus serein, même s'il n'avait vraiment pas l'air rassuré du tout. Un peu hésitant, il compris qu'il faudrait très vite qu'il fasse comprendre à cette inconnue qu'il était muet s'il voulait espérer qu'elle l'aide.

-Je suis muet.

    Les signes qu'il lui adressa ne relevaient pas du langage des signes ; il s'agissait plutôt de gestes simples visant à aller à l'essentiel et à lui faire comprendre le plus important. Cependant, un éclair de génie traversa son esprit et il s'empara de son sac qu'Arabesque venait de faire rouler vers lui. Et si, par chance, il avait toujours son bloc-notes avec lui ? Il fouilla quelques secondes à l'intérieur et soupira de soulagement, constatant qu'il lui restait encore quelques feuilles et un crayon. Mais est-ce qu'elle allait arriver à le lire, ce serait une toute autre histoire... Il griffonna quelques mots le plus vite possible et lui tendit la feuille, l'air toujours aussi affolé.

    Arya n'allait pas aimer cette jeune femme.
En fait, il était presque sûr qu'il n'allait pas l'aimer du tout.
Elle fait comme tout les autres.
Son regard est tantôt froid et dur, tantôt lassé. Elle doit penser qu'il se moque de lui. Elle ne semble pas comprendre ce qu'il veut lui dire alors que ses mains s'agitent en signe de désespoir, qu'il essaie simplement de lui montrer qu'il a besoin de son aide et qu'il peut à peine poser le pied par terre. Pourquoi fallait-il que tout le monde soit toujours pareil... Pourquoi est-ce que personne ne voulait le prendre au sérieux, pour une fois ?
Dans quelques minutes, elle allait partir, et il allait mourir seul au milieu des bois. Il en était sûr. Certain, même.
Pff... il n'avait peut-être même pas besoin de son aide, de toute façon. Elle devait bien rire de lui et ses grands gestes qui ne ressemblaient pas à grand-chose et lui donnaient l'air d'un imbécile. Mais ça n'était pas sa faute. Elle avait cassé son portable ! Comment est-ce qu'il pouvait tout lui dire, maintenant ? Déjà que pour un mot, il avait l'impression que sa gorge allait se briser et qu'il allait s'étouffer tant ça lui faisait mal... Peu importe tout les efforts qu'il ferait, il n'arriverait jamais à reparler et il le savait. Ça n'était pourtant pas faute d'essayer parfois...
    Mais alors qu'il se perd dans ses pensées à se plaindre de cette inconnue et de son manque de bonté, son regard change d'un coup. Elle semble... plus douce, plus attendrie. Comme si la terrible sentence du garçon avait réussi à tout changer. Bon sang, elle avait compris qu'il était muet... Elle n'était peut-être pas si méchante que ça, au final. Elle semblait même avoir envie de le protéger. Arya n'aimait pas vraiment les gens qui le prenaient en pitié... Mais là, il n'avait pas trop le choix. Elle acceptait de l'aider, alors il devait accepter qu'elle l'aide. Ça n'aurait aucun sens, de la repousser alors qu'elle était prête à lui apporter son soutien désormais.

-Merci...

    Un signe simple, en réalité il ne s'agit que d'un hochement de tête entendu ; mais aussitôt lui eut-il dit ça qu'elle gaffe encore et sa remarque lui fait l'effet d'une douche froide. Comme s'il n'avait pas compris... Mais à entendre, c'était encore moins agréable. Il entendait bien à son ton pourtant qu'elle n'avait pas vraiment voulu lui faire de reproche, que c'était simplement une mise en garde... Pourtant la situation était un peu trop bizarre pour que le garçon se sente pleinement serein, surtout en présence de la jeune femme.
Et ses pokémons, alors...
Il tourne la tête brièvement pour se poser sur trois silhouettes imposantes qui lui font froid dans le dos. Il en frissonne même de peur et pense un instant à prendre ses jambes à son cou, mais la douleur lui rappelle qu'il ne peut pas vraiment se déplacer pour l'instant. Il était vraiment stupide. Inutile. Il ne servait à rien.
    Dans un élan de rage envers lui-même, il s'empare de la gourde que lui tend la dénommée Sayo-hee -drôle de nom, mais c'était plutôt mignon- et l'avale presque d'une traite, soupirant longuement en la lui rendant. Il restait encore un peu bouleversée par son attitude qui venait de changer du tout au tout ; et il ne savait pas vraiment s'il devait lui faire confiance ou au contraire, s'en méfier. Mais pour le moment, la suivre était sa seule option alors c'était ce qu'il ferait.
Arya couine imperceptiblement quand les pokémons de Sayo-hee l'approchent. Ça y est, ils vont le dévorer. C'était un piège et ils vont le dévorer, il veut s'enfuir, disparaître, devenir une souris... Mais il n'en est rien et ce n'est qu'au bout de quelques longues secondes qu'il comprends qu'ils sont simplement là pour l'aider et le transporter. C'est en soupirant qu'il ramasse son sac et Arabesque qui se trouvait encore dedans, et se hisse non sans difficulté sur le dos de l'un d'eux qui le ramènent jusqu'au campement de la jeune femme. Alors elle connaissait les lieux ? C'était bon à savoir. Il en profite pour griffonner quelque chose sur un bout de papier et, dès qu'il se laisse tomber à terre, il le lui tend.



    Une fois qu'il se sentit plus serein, le jeune homme s'assit au sol et en profita pour soupirer longuement. Il n'était plus seul. Ça faisait une sécurité de plus et il n'en était pas mécontent.



    Il finit par secouer la tête, ramenant son bout de papier contre lui. Il aurait pu se sentir serein s'il n'avait pas entendu un cri lointain sortir des fourrés, lui glaçant littéralement le sang. Pris de peur, il se recroqueville sur lui-même, se mettant à trembler complètement.
« Pas de panique Arya, c'est juste le bois qui est comme ça, y'a pas vraiment d'esprit... »
Arya n'espère pas beaucoup d'habitude ; mais aujourd'hui, il espérait vraiment que ce soit ça et rien d'autre.

    Le regard d'Arya s'anime à la vue de la barre chocolatée, et son estomac se met à gargouiller bruyamment.
...c'est vrai, il avait faim. L'odeur des pizzas livrées l'avait affamé et il n'avait toujours pas mangé, et la peur causée par sa chute et sa blessure avaient même fini par lui creuser le ventre un peu plus qu'il ne l'était déjà. Il en oublie même le cri plaintif qu'il avait entendu au travers des bois pour récupérer la précieuse gourmandise, qu'il s'empresse de dévorer comme s'il avait attendu ça toute sa vie et comme si cela faisait des mois qu'il n'avait rien avalé.
    Et tandis qu'il mâchonne distraitement le précieux bien tant convoité, il écoute la jeune femme bien plus petite que lui et pourtant bien plus imposante de par sa présence et par son assurance. S'il elle l'avait effrayé quelques minutes plus tôt, il doit bien reconnaître maintenant qu'elle est plutôt rassurante et il se calme instinctivement, se sentant tout de suite en confiance. De toute façon, c'était soit il l'écoutait et la suivait, soit il se perdait dans la forêt avec le risque de ne jamais s'en échapper...
Il n'y pouvait rien, c'était plus fort que lui d'avoir peur.
Il avait toujours vécu en ville, dans sa petite maison dans un quartier tranquille, et son appartement l'était tout autant. Il n'avait aucun sens de l'orientation et ne s’égarait jamais vraiment dans la nature... Ce jour-là était donc une exception.
Pourtant, un détail le fait tiquer dans ses paroles et il s'empresse de griffonner quelque chose.



   Arya essaie de sourire mais le cœur n'y est pas, trop préoccupé pour ça.
Cependant, lorsque la flamme du Dracaufeu se rapproche de lui, il soupire de soulagement lorsqu'il voit mieux et se déclare à lui-même que les escapades dans la nature, ça n'est définitivement pas fait pour lui. Qu'est-ce qu'ils vont faire, maintenant ? Est-ce qu'ils vont rester ici jusqu'au matin, est-ce qu'elle va l'aider à sortir avant la tombée de la nuit ? Sayo-hee n'avait pas l'air spécialement pressée de repartir... Elle avait tout d'une combattante ce qu'Arya, lui, n'était pas du tout.
Au moins, ses paroles avaient le mérite de le faire s'inquiéter un peu moins... Mais elles ne chassaient pas ses idées noires et paranoïaques pour autant.
Le point positif c'était qu'avec tout ça, il n'avait plus à bouger sa jambe et sa cheville ne lui faisait plus trop mal. Docilement, il la laisse l'examiner alors qu'il se soucie plutôt de terminer sa barre de chocolat le plus vite possible -béni soit le ciel de lui en avoir apporté une autre, les siennes dans son sac avaient sans doutes finies écrasées et immangeables.
    Puis, à sa question, il hausse un sourcil avec l'air un peu perplexe, mais elle ne le vexe pas pour autant. C'est vrai, elle a raison, faible comme il était au milieu d'une nature sauvage, il ne faisait certainement pas le poids et il le savait mieux que quiconque. Il soupire alors, conscient qu'il lui devait des explications.
Et puis bon... elle semblait déjà le trouver suffisamment étrange comme ça, il fallait qu'il change la donne.



    Comme si elle avait senti qu'il parlait de lui, la petite Rozbouton jaillit du sac pour venir se blottir contre le torse du garçon, lui arrachant un sourire attendri. Quand il angoissait, elle avait toujours le don de le rassurer et il en était plus que ravi. Profitant de ce petit moment de calme, il fouille ses affaires et à force de recherches, il met la main sur quelques friandises spécialement faites pour elle. Et puisqu'elle partage le même appétit que son dresseur, elle les dévore sans se faire prier et sautille de satisfaction.
Contrairement à lui, Arabesque ne semble pas si inquiète, voir pas du tout, même. Pourtant, elle est perdue au milieu des bois avec une inconnue et des Pokémons à la carrure bien plus imposante que la sienne, mais elle ne s'en soucie pas. Elle continue de se blottir contre lui et il la câline en soupirant, elle qui lui demandait toujours beaucoup d'attention -et il lui en donnait toujours beaucoup.
Il finit cependant par lever la tête, brûlant de poser une autre question à Sayo-hee.