Ma quête de frisson n'avait plus de limite. Depuis quelques temps, la ville de Fort-des-songes me fascinait. Une ville mystérieuse, lugubre, abandonnée : Il y avait tout pour un scénario de film d'horreur, surtout si on y ajoutait les lieux environnants.
Bon d'accord, elle me terrifiait mais je devais l'explorer. Comme j'ai conquis de mes yeux et de mes paumes Sinnoh, je devais conquérir Lumiris. La peur me rendait aussi paradoxalement excité et Kyora semblait désormais impatiente de s'amuser un peu dans un décor… disons orignal, vraiment pas banal, et chargé d'une atmosphère peu rassurante.
  Accompagné de ma fidèle acolyte, nous nous sommes rendus à Fort-des-songes en… overboard du futur ! - Eh ouais, vive la Recherche ! J'ai placé un petit carré bleu acier, recouvert d'une croix bleu électrique, et dominé par une enceinte lumineuse orangée en forme de cercle. J'ai appuyé dessus et une planche de skate est apparu, armé de deux réacteurs aux extrémités arrières et un autre plus petit mais imposant juste un peu plus loin suivant un schéma triangulaire, crachant des flammes bleues. Comme les trucs badass provenant du futur, il y avait des filets de lumières jaune-orangés qui suivaient la machine // un peu comme dans Tron // avec quelques luminaires oranges sur le dessus.
Sautant sur la planche en lévitation, nous avons fusé avec assurance et élégance vers la ville de l'Étrange.




  Une fois avoir mis pied à terre au plus proche des habitations, le skate se replia, reprenant sa forme rectangulaire, et je le glissais dans mon sac à dos. Ma Tarsal se détendit et reprit sa place sur mes épaules.
  L'ambiance si cosy, si citadine et animée de Nemerya venait de disparaître, laissant place à une ère de solitude nocturne. Seulement quelques lampadaires éclairaient les rues, les maisons étaient toutes sauf accueillantes. Les ombres des habitations n'arrangeaient rien, les lampadaires n'offraient qu'un ridicule halo de visibilité.
 Je marchais avec la plus grande prudence à Fort-des-songes, Kyora aussi discrète que possible, bien au chaud à l'orée de ma si chère cape noire.
 Une maison aux pierres rouges, teintée de jaune comme si un soleil minimaliste avait été gravé, fissurée à certains endroits, m'intrigua particulièrement. L'entrée semblait avait subi une attaque Explosion, en vue de l'ouverture dénuée de porte où se dessinait des courbes sur les côtés logiquement  droits.
J'entrais à pas de loup dans cette endroit couvert de poussière et de toile de Minigal… j'entendais d'ailleurs les crissements de leurs mandibules et de leurs pattes dans l'obscurité. Un trou au plafond laissait traversé la lumière lunaire et éclairait légèrement l'espace, démontrant un escalier en bois fragilisé menant sûrement à un étage, et quelques meubles du quotidien vieillis ou endommagés. Kyora sortait sa tête du col de la cape, regardant les petits Pokémons comme les minigals, les rattatas, etc. qui y avaient trouvé refuge avec une curiosité appuyée.
  Puis, un bruit métallique attira mon attention au fond de l'habitation, là où les ténèbres semblaient avoir complètement conquis les lieux. Sans peur, j'approchais, jusqu'à ce qu'un autre bruit de vaisselle retentit à l'étage. Je me retournais vers l'escalier où certaines planches étaient tombées.
J'y allais à tâtons puisque je tanguais à moitié. Kyora tira sur mon col, expressément, retenant obligatoirement mon attention. Un Pokemon Spectre venait d'apparaître, me faisant sursauter. Je sautais de surprise, atterrissant de l'autre côté d'un trou, me faisant gravement vacillé.
  Dans l'élan, je me suis dépêché de rejoindre l'étage. Un deuxième Fantominus venait de le rejoindre. Des objets furent déplacés et laissés tomber avec fracas, faisant grimper mon baromètre de terreur. Comme si deux fantômes farceurs n'étaient pas assez, un autre clôtura le trio.
  Agacée, Kyora se mit à rugir, espérant faire fuir ses adversaires. Sans attendre, elle sauta sur mes épaules, jaillissant de ma cape, et elle renvoya certaines poteries qu'on nous avait envoyées. J'étais si fier de l'avoir, même si elle devait être désespérée face à mes réactions ridicules.
Malgré tout son (futur) potentiel, cela n'allait pas suffire. C'était bien rigolo les trois Fantominus qui semblaient juste jouer, mais pour couronner le tout, un Spectrum venait d'apparaître. Plutôt hargneux, voire agressif, il déchargea plusieurs sphères de ténèbres qui avaient tout sauf l'air accueillant. Pire encore, il fit voler les armoires vers nous.
 Kyora s'activa sur mes épaules, agitée. Elle ne pourrait pas faire grand-chose, même les Fantominus avaient fui et les petits Pokemon avaient dû faire la même chose ou s'étaient tapis dans l'ombre, histoire de ne pas subir les foudres de ce Pokémon agressif.
 Dès lors que des flammes violettes jaillirent du sol, consumant le plancher, je n'hésitais plus et prit mes jambes à mon cou. À grandes enjambées, je dévalais les escaliers et courrais en dehors la ville maudite en direction des bois.
 Détail important, je ne savais pas que je me dirigeais vers les bois hurlants. Peut-être que j'étais un petit génie, mais je n'avais pas pensé de totalement étudier ma localisation.
Ces bois, surtout de nuit, n'arrangeaient rien sur le sentiment d'angoisse qui émanait de la ville. Entre les arbres aux ombres terrifiantes qui ressemblaient à des monstres, les murmures étranges ou les cris des damnés, n'offraient aucun sentiment de sécurité.
« Quelle idée d'avoir voulu entretenir mystère en restreignant mes recherches…  » soupirais-je, dépité.
 Kyora, malgré son coup de flippe face au Spectrum, semblait approuver avec sa manière condescendante ma mauvaise idée.

 Rapidement, j'entendis des branches craquées. Il manquait plus que ça : Des Pokémons s'approchaient d'un pas rapide, fusant sur moi. C'était trois petits bonhommes aux bras de feuilles, recouverts d'une crinière blanche, se mouvant avec une agilité surprenante. Des Tengalices.
Sans pouvoir m'en empêcher, un cri s'échappa de ma bouche. Et par instinct défensif, je me mis sur un genou, les mains autour de mon visage. Kyora venait de jaillir de ma cape, des ondes mentales s'échappant de son corps.
 Tout à coup, je sentis une vague de froid s'abattre sur moi, ma Tarsal ayant le réflexe de s'enfoncer au plus profondément dans ma cape. Le sol s'est mis à geler, rafraîchissant considérablement mon enveloppe corporelle. Qui avait fait ça ? Ou qu'est-ce qui avait fait ça ?
Difficilement, d'une à cause de la crainte et deuxièmement à cause du gel, je me relevais. Après tout, il faisait désormais frisquet pour une soirée estivale.
 Une voix féminine venait de m'interpeller. Tendu jusqu'au moindre nerfs, je me suis peu à peu retourné. Même si mon corps était crispé, ma tête devait arborée un minimum de sérénité, histoire de ne pas lui montrer la poule mouillée que j'étais. Par chance, le gel bloquait mes mouvements et empêchait mon corps d'exprimer cette peur. Je claquais des dents, nous dirions que c'était à cause du froid.
 La jeune femme au visage glacial était accompagnée d'un Feunard d'Alola et d'un Démolosse. Tandis que son renard de givre semblait plus affectueux, son chien des ténèbres ne semblait guère amical, comme s'ils s'agissaient de deux antipodes.


— Je… j'en savais rien. Je ne sais pas ce qu'il se passe ici. Je ne suis qu'un explorateur en herbe en quête de sensation forte.

  Je m'approchais avec prudence. Ma démarche était si lente à cause du gel, c'était horrible. Encore plus horrible, je me concentrais à mort pour ne pas bégayer en claquant des dents en parlant.

— Qu… Qu'est-ce que c'était que ça ? Les Pokémons ne sont pas aussi agressifs si je ne m'abuse ? Enfin, après, peut-être que c'est le cas dans cette partie de la région. Sinon, moi, c'est Khoren et vous ?

Je n'aurais voulu l'avouer mais cette dresseuse m'impressionnait. J'étais sûr qu'elle m'avait pisté depuis longtemps. J'étais sûr de faire face à une puissante dresseuse.

J'avais froid. Je ne pouvais que penser à ça. Peut-être que cette obsession m'avait fait oublié quelques détails importants, en l'occurrence auprès de ma sauveuse, mais peu m'importait. Ce fut une délivrance de la souffrance dès lors que son Démolosse crache des flammes pour réchauffer l'atmosphère si glaciale. Je sentis Kyora me tapoter le dos avec une chaleureuse rigueur, j'en déduisis qu'elle aussi, elle s'était réchauffée.
Par ailleurs, c'était plutôt impressionnant de voir ces Tengalices tombés d'épuisement, croulant dans l'inconscience jusqu'à ce qu'ils récupèrent.
Dès lors qu'elle appela son Lucario, je compris alors que je n'aurais pas dû être attaqué par ce trio de Tengalices. Quelque chose avait dû les rendre agressifs, j'en étais pratiquement sûr désormais.
Ensuite, elle daigna me répondre. Cependant, avant même qu'elle ne se présente, grâce aux reflets des flammes, j'avais correctement vu son visage. Je l'ai reconnue, mes yeux grandissants ont forcément dû me trahir. Oui, je faisais face à une dresseuse de renom, une championne qui plus est. D'ailleurs, cet air supérieur aurait dû me mettre sur la voie, typique du personnage, de mémoire.
Malgré tout, je décidais de flatter son ego - autant que je la joue ami-ami, c'est toujours profitable de ne pas avoir de relations conflictuelles -, en profitant pour exprimer ma gratitude.


— Enchanté Lise Gray, je vous remercie de m'avoir porté secours. Je suis sûr que vous éluciderez ce problème pour la sûreté de tous ces promeneurs !

Sa prochaine réplique ne pouvait qu'amplifier ma détermination guidant ma vie entière, me poussant à dépasser mes limites, ce qui engendrait ce genre de scénarios digne des meilleurs films d'action. Je m'avançais vers Lise, d'un pas décidé, ignorant ce décor horrifique et lancer le regard le plus puissant que j'avais en réserve.

— Je suis toujours en soif d'aventures, toujours prêt à me dépasser. Et ne t'inquiète pas, je suis tout en finesse ! (Je gloussais à moitié, lui laissant l'immense plaisir d'interpréter cette phrase, avant de reprendre mon sérieux presque solennel :) J'ai été attaqué par ces Pokémons qui n'étaient pas dans leur état normal, je suis désormais concerné par cette affaire. Je peux t'épauler, mais c'est surtout que je dois t'épauler.

Sans attendre, ma Tarsal jaillit de ma cape. Je l'attrapais en plein vol. Elle débordait d'énergie, bougeant ses bras vivement pour exprimer son enthousiasme. Visiblement, elle ne me laissait pas le choix non plus ! J'allais devoir faire face à mes engagements, l'aventure de ma vie n'en sera que plus folle !
La dénommée Lise Gray tourna ensuite son regard au plus profond des bois. Un Gardevoir apparut subitement devant nous, presque affolé. Je compris vite que c'était une femelle à son appellation mais surtout qu'il y avait eu un problème. Un gros problème.
J'entendis Kyora glousser de l'arrivée fracassante du Ténéfix.
Je me précipitais à sa suite, presque aussi inquiet que sa dresseuse qui prit les devants pour préserver sa protégée. Ma Tarsal sauta de mes bras pour s'approcher de sa congénère évoluée, la rendant directement compatissante envers elle. Je le sentais, elle désirait l'aider, mais elle ne pouvait pas faire grand-chose.

Me prenant ensuite par le poignet, sans même demander mon reste, je me laissais tirer jusqu'à un arbre beaucoup plus imposante que les autres. Sa poigne était bien trop forte pour me dégager de toute façon. Après tout, j'étais une force fourbe comme un Arbok, pas un guerrier avec une force brute.
Je compris alors que des pas approchaient. Des pas de personnes bien trop décidés pour n'être que de simples promeneurs. Fort heureusement que la jeune Lise eut la merveilleuse idée de nous cacher derrière cet arbre car ce n'était point des Rangers. Ils ne semblaient pas non plus arborer les costumes de la Team Mistral, mais ils semblaient tout de même appartenir à une organisation. Un logo jaune les liait, calqué sur le dos de leur tenue sombre, masqués pratiquement des pieds à la tête. Leurs masques de Carnaval étaient franchement magnifiques.
En captant leurs murmures, j'en déduisis qu'il s'agissait d'au moins deux femmes, n'arrivant à analyser la troisième personne. La première, avec deux couettes imposantes teintées d'un violet presque bordeaux, aux cheveux rouge vif, et la seconde aux cheveux longs et lisses d'un rose fuchsia, vraiment belles. Oups, je ne devrais pas autant admirer des personnes aussi louches.
Elles se dirigeaient vers un endroit de manière trop discrète et rapide pour ne pas s'en trouver intriguer.
Par ailleurs, Tarsal entre mes jambes n'arrêtait pas de s'agiter. Secouant la tête de gauche à droite vivement entre ses mains, comme si elle tentait de s'émanciper d'une douleur ou du moins d'une gêne persistante. Je penchais plus pour une gêne, sinon elle serait déjà en train d'hurler… Ah non, elle était si stoïque, c'était moi qui hurlais à la mort pour une simple épine dans le pied ou que je me tapais le coin d'un meuble.

— Il semblerait que quelque chose dégage des ondes qui perturbent les sonars des Pokémons aux capacités psychiques. Et ça doit être tout proche, Kyora n'éprouvait aucune gêne avant de s'approcher du secteur de l'arbre. Peut-être que nos amis en savent plus, dis-je en la regardant, arquant un sourcil. Nous devrions peut-être les suivre, t'en penses quoi ?

De toute façon, mon choix était vite fait. Kyora se dirigeait déjà vers elles de toute façon. Je feignais à peine l'effort de la retenir.

Les ondes, elles étaient fatales, si efficaces pour brouiller les sonars. Je n'osais même pas inspecter les technologies dans mon sac, avec la crainte que cette chose qu'ils détiennent puissent également les brouiller.

— L'agitation de nos Pokémons pourraient affecter notre discrétion, s'ils ont la faculté d'augmenter la puissance des ondes émises… songeais-je à haute voix, l'air grave.

Pour appuyer mon propos, alors que Lise s'approchait de l'arbre, la Gardevoir venait de disparaître et réapparaître dans les bras de sa maîtresse. Je compatissais clairement pour son état, ça ne devait pas être très agréable…

— Clairement. Kyora s'est aussi agitée, mais maintenant, ça a l'air d'aller un peu mieux, comme si c'était supportable, acquiesçais-je avant d'hocher la tête avec sérieux.

Tandis que je réfléchissais aux meilleures stratégies à aborder ou aux pires scénarios possibles et inimaginables en voyant Kyora échauffer ses poings, Lise semblait se refaire une beauté avant de commencer les choses sérieuses.
Une fois apprêtée, elle se tourna vers moi pour m'expliquer deux, trois, petites choses sur les environs, ignorant volontairement la première partie de la question.

— Un complexe abandonné ? Ça serait une planque parfaite pour un gang aux dessins douteux… et je suis prêt, je te l'ai dit, assurai-je avec un aplomb presque insouciant, avant de lui esquisser un sourire, léger. J'ai bien une pokéball pour Kyora mais elle ne supporte vraiment pas y entrer. En vue de son excitation, son envie de faire feu, comment dire que là… ça semble mal barré. Elle ressortira deux secondes après ! Elle est super stoïque : Rien que pour ne pas y entrer, elle serait capable de faire comme si elle ne ressentait rien face aux ondes.

Ensuite, elle s'avança vers moi, peut-être un peu trop proche. Je ne m'attendais pas à cette scène… qui remit en doute tout ce dont en quoi je croyais jusqu'à là, me retenant mortellement de ne pas perdre l'équilibre.
Lise Gray s'était mise à ma hauteur, son Lucario à nos côtés, me plantant son regard perçant dans les miens si… changeants, versatiles. Je comprenais que je n'avais plus le droit à l'erreur et que mon choix déterminerait à jamais mon futur à Lumiris.
La pression montait. Mes pupilles venaient de se dilater au fur et à mesure qu'elle débitait ses paroles. Elle me testait, elle voulait s'assurer que j'étais capable de l'accompagner, que j'étais capable de rétablir la justice.
Lise mettait sa confiance en moi, en moi putain ! Qui étais-je pour pouvoir prétendre l'accompagner ? Je n'étais qu'un dresseur débutant avec qu'un seul Pokémon ! Je ne pourrais jamais être utile…
Un seul Pokémon… Mais je n'avais pas n'importe quel Pokémon, un Tarsal, ma Tarsal. Celle que j'ai sauvée d'une invasion d'oiseaux charognards en n'hésitant point d'affronter le danger. Je pouvais faire quelque chose, j'étais capable de le faire.
Je ne devais pas avoir peur. J'avais confiance. Confiance en Kyora, confiance en Lise et ses Pokémons. Nous allions y arriver. J'étais là pour rétablir la justice, sauver des êtres en détresse, et sûrement pas là pour pleurnicher sur la légitimité de mon action ! J'allais agir pour ne plus croupir dans l'ombre de moi-même, l'heure du réveil a sonné.
Mes pupilles noires se rétractèrent et je lui répondis, d'une voix amplifiée d'assurance et d'espérance :

— Non, je n'ai pas peur. Je ne suis pas là pour tomber, mais bien pour gagner. S'ils ont osé s'en prendre à des Pokémons, surtout à Kyora, je ne les laisserais pas faire. Lise, tu ne le regretteras pas, je te le jure (Un sourire malicieux apparut lors de ses derniers mots, et pris un air quasi stratégique :) Intelligent, oui, plutôt. J'ai pas mal de gadgets qui pourraient être utiles dans mon sac. Autrement, si on reste suffisamment près d'eux, on pourrait continuer à les traquer. Mais suffisamment éloignés quand même pour ne pas que ça affecte négativement nos Pokémons aux capacités psychiques, histoire qu'ils gardent le signal. Je suis pratiquement sûr qu'ils le ressentent. Ceci dit, je peux toujours sortir mon mini-satellite portatif pour le capter.

« Cette expérience, ça prouvera bien à mes tuteurs que je suis capable d'aller sur le terrain ! Que j'ai mes outils ! » Eux qui m'avaient toujours considérés comme pas suffisamment expérimentés pour sortir de l'enceinte universitaire.

Mon regard traversa l'horizon. Au-delà de la brume ambiante, quelque chose se tramait. L'épouvante était toute proche, la tension de l'instant décisif était palpable, il était temps de découvrir les horreurs qui se déroulaient ici sans impunité. La Psychose ne tarderait point à nous rattraper.

Bien sûr que j'avais une certaine crainte. C'était même un instinct de survie biologique. La peur est un instinct de survie car par le biais du doute, elle nous permettait de nous questionner pour s'assurer qu'on ne faisait pas n'importe quoi et donc rester en vie !
Je fus tout de même rassuré que le test de Lucario se soit bien déroulé. Je me détendis largement.

– La peur nous rappelle qu'on est toujours vivant, mais il ne faut pas la laisser nous paralyser, récitai-je avec un sérieux philosophique, voire héroïque, avant de poursuivre de manière plus légère. Évidemment que je veux leur faire face. Ils s'en prennent à des Pokémons sauvages ! À des gens ! Et Kyora s'est retrouvée dans leurs filets. Je te dirais que je n'aime pas me mettre en danger mais ce sont mes aspirations, et mes choix qui en découlent, qui poussent ma vie dans un danger presque perpétuel. Je ne suis pas à mon coup d'essai, et j'essayerais d'être à la hauteur de ton nom.

Peut-être que j'en faisais trop, que j'amplifiais les faits, mais peu m'importait. Je voulais assurer, donc j'allais assurer.
Ensuite, je la suivis. Nous nous enfonçions toujours plus profondément dans la forêt, les hululements des Hoothoots s'amplifiaient, j'entendis quelques Cerfrousses, mais globalement peu de bruits retentissait de cette partie de la forêt un peu plus sombre. Malgré tout, le décor avait changé : Il faisait nuit, peu de bruits, la brume s'était légèrement épaissie...
Je regardais Lise fouiller dans son sac qui semblait rempli d'indispensables et y sortit deux lampes torches. La jeune femme m'en tendit une, que je pris avec joie. La lumière lunaire, c'était bien, mais pas très utile ce soir.
Ensuite, je consultais ma Tarsal plus en détail - parce que je la tenais à l'œil tout de même au cas où en tant que dresseur responsable et soucieux du bien-être de ses Pokémons. [/i]

— Elle ressent encore les ondes. Et comme je le prédisais, si nous sommes suffisamment éloignés, presque excentrés dans la zone d'influence des ondes, la douleur est faible, largement supportable. Nous approchons. Ceci dit, elle ressent une source plus puissante un peu plus loin qu'une petite mobile… Semblerait-il que le trio doit s'approcher de l'endroit pas trop loin d'ici.


Je secouais la lampe, tapant dessus pour l'allumer, comme dans un film d'horreur. Le filet lumineux jaillit de la lampe… pile sur un fantôme imposante ! Un Ectoplasma !
Je sursautais, pris de court, exprimant presque un léger gémissement retenu par mes dents serrées autour de mes lèvres pour ne pas hurler et détruire notre discrétion.
En levant son bras, je compris que je ne devais point bouger. Mais qu'elle ne s'inquiète pas, c'était la dernière chose qui m'était venue à l'esprit. Ceci dit, Kyora venait instantanément de glisser sur mon dos pour se placer devant moi, prenant son côté protecteur très à cœur. Toutefois, elle n'était pas en position d'attaque, elle était plutôt contemplative, voire dubitative.
L'instant suivant, l'Ectoplasma s'écroula, son corps victime de soubresauts incontrôlables.

— C'est étrange comme état… comme s'il était éprouvé après une tentative de fuite. Mais oui, il reste sauvage et puissant, sait-on jamais
(confirmai-je d'un air sombre, avant de regarder Nymphali, que je caressais par instinct pour la saluer :) Oui, je vais assurer vos arrières. Il ne faudrait pas qu'il ait attiré le trio. D'ailleurs, vérifie s'il y a un mouchard ou quoi que ce soit, on sait jamais.


Oups, le stagiaire se permettait de donner des ordres. Après tout, le domaine de la technologie, je le connaissais, autant que ça serve.
Après avoir jaugé la situation, avec un regard appuyé sur le trio Gardevoir-Ectoplasma-Lucario, je salus Lise de la tête - comme un militaire -, et je m'écartais un peu pour surveiller la zone. Nymphali restait à mes côtés, Tarsal emmitouflée dans ma cape au niveau du col par sûreté.
En théorie, il ne devrait pas y avoir de problème. J'espérais que Lissa analyserait rapidement la situation pour glaner les informations qui nous intéressaient.

Cependant, Kyora se mit à frémir dans ma cape, ressentant beaucoup plus fortement les ondes. Nous avions dû nous approcher du trio… ou pire, ou mieux en fonction du point de vue, le complexe abandonné ou tout autre QG. Et évidemment, j'eus l'envie de nous rapprocher du signal. Nympahli ne devait sûrement pas trouvé cela très prudent mais dans son intérêt, peut-être devrait-elle suivre le duo d'inconscients que sa dresseuse lui avait demandée de protéger.
À l'horizon, au milieu d'une clairière je remarquais le trio du gang étranges qui se dirigeaient vers une espèce d'antenne à plusieurs branches avec des panneaux solaires et un socle noir. Je m'enfonçais plus profondément dans les buissons pour me fondre dans la verdure obscure.
J'espérais que ce n'était pas ce que je pensais… S'il existait un réseau d'antennes qui géraient chacune une zone des Bois Hurlants… sinon nous étions foutus.
Alors qu'ils pianotaient sur le clavier interactif, l'un d'entre eux reçut un appel sur leur talkie-walkie. Rapidement, la femme aux longs cheveux rose fuchsia et l'homme se détachèrent du groupe et partir dans notre direction.
Quoi, nous ?! Ah, non, ouf... ils changeaient de direction tout de même. Leur direction, malgré qu'elle soit très approximative, était tout de même bien ciblé vers la zone de Lise et l'Ectoplasma. Je regardais Nymphali, Kyora comprenant sans même un regard ou un geste.

— Il faut qu'on fasse quelque chose. Soit on assure notre mission et on s'attaque aux deux dresseurs mais on connaît pas leurs niveaux... ou on profite du fait que l'autre fille soit seule et concentrée pour la prendre par surprise...


Étais-je vraiment en train de consulter l'avis d'un Pokémon que je ne connaissais pas ? Oui, parfaitement. L'avis de Kyora ne m'intéressait pas, elle allait vouloir s'attaquer direct aux deux dresseurs. Mais moi, personnellement, je ne voulais pas mourir. Ou alors du moins, pas tout de suite, et pas comme ça.

Peut-être que je m'étais un peu éloigné, mais j'avais le sentiment d'avoir fait le bon choix. J'avais le sentiment d'avoir échappé à un guet-apens.
Les deux membres du gang s'éloignaient, je pouvais désormais réfléchir tranquillement… sans risquer de me faire tuer. Et ainsi, les décisions que je prendrais iront dans ce sens.
La femme pianotait toujours sur son clavier. Programmait-elle la machine ? Récoltait-elle les données de l'antenne ? Je devais essayer d'en prendre le contrôle coûte que coûte. Ça nous serait crucial pour la suite. Comme ça, nous pourrons enfin découvrir ce qui se trame ici.
Par ailleurs, le stoïcisme de Kyora m'impressionnait. Nous étions si proches d'une antenne, dont les ondes émises étaient plus puissantes que le gadget tenu par le trio louche, et Kyora restait si impassible. Autrement, je savais que je ne pourrais point l'envoyer faire n'importe quoi. Si, toutefois, je pouvais lui faire faire quelque chose.
Je me rabattais sur Nymphali. J'étais bien décidé à écarter la jeune femme de l'antenne et partageais cette volonté avec mes alliées.

— Nylia… Tu crois que ça serait possible de la désorienter ? Par exemple une attaque pouvant l'empêcher de voir, amplifiant le brouillard ? Après il faudrait pouvoir l'attaquer avec une attaque suffisamment puissante pour la repousser et la sonner !

Nymphali semblait comprendre ce que je lui disais. Après tout, je me rappelais de la mission que lui avait donnée sa dresseuse et rajoutais, assuré :


— T'en fais pas, on ne se mettra pas en danger si on use correctement de l'effet de surprise. Et puis, elle est toute seule, tu pourras me protéger facilement.


Je lui laissais quelque minutes de répit puis je lançais un caillou de toutes mes forces à l'opposé. Il ricocha dans un arbre à l'autre bout de la clairière et fusa vers les buissons, faisant bouger les feuilles suffisamment longtemps et puissamment pour donner l'illusion d'une présence.
Intriguée, la jeune femme sortit une de ses Pokéballs et un Baggiguane apparaît. Ensuite, elle se dirigea vers le bruit avec son Pokémon.
Une fois engagée, nous nous approchions dans la plus grande discrétion. Nylia lança sa première attaque et un brouillard rosée s'ajouta à la brume ambiante.
Vivement, alors que les deux ennemis comprenaient peu à peu ce qui se passaient, Nymphali sauta dans les airs en tournant la tête, faisant voler ses couettes et rubans, et des rayons d'étoiles jaillit de sa gueule en direction des ennemis. L'attaque brassa l'air et la brume s'échappa légèrement, rendant les lieux plus visibles.
J'entendis le baggiguane s'énerver et il sauta sur nous, les poings et pieds en action, prêts à nous démolir. Nylia se plaça devant moi et une barrière de protection apparut, le Pokémon adverse se le prenant de plein fouet.
Sans même lui donner un quelconque ordre, Nylia fit de nouveau voler ses couettes et une énorme sphère ténébreuse jaillit de sa gueule et fusa sur nos ennemis, bravant le brouillard bicolore.
Le baggiguane se prit l'attaque de plein fouet et, gémissant de douleur, il s'effondra, tandis que le brouillard rosée se dissipait peu à peu.
J'entendis alors Lise hurler mon nom. Serait-ce de la panique que j'entendais dans sa voix ? Dans un autre contexte, j'en aurais souri malicieusement, mais pour le coup, mon attention était ailleurs. Également, je conservais une discrétion plus ou moins tangible et je comptais la garder. J'aimerais éviter d'avertir les Bois Hurlants entier de mon plan, de ma présence.
Le vent chassait alors la brume rosée, dévoilant une femme du gang à à peine deux mètres de moi, armée d'un couteau. Pris de cours, Nylia n'aurait sûrement pas le temps de réagir… Et Kyora ne pourrait rien faire.
Elle me sauta dessus, le poignard dirigé vers moi. Par instinct, je levais ma jambe pour lui assigner un coup de pied et un croisé, avant de pratiquement basculé à la renverse.
Avant de me trouver bloqué sous son corps, je roulais au sol pour m'écarter. Et avant qu'elle me donne un coup de couteau, Kyora se mit lentement sur moi et lança le Choc Mental le plus risqué de toute l'histoire.
La jeune femme vacilla quelques instants et Nylia en profita pour lancer son meilleur Choc Psy dans un geste quasi inespéré. Des sphères psychiques apparurent autour d'elle et fusèrent sur son corps avant d'exploser et d'être éjectée plus loin, le corps étrangement noirci.
Ouf, c'était terminé.

Mon cœur battant à la chamade, j'essayais de reprendre le contrôle de mon souffle. La jeune femme devait être juste bien, bien sonnée.
Cependant, quelques minutes après, Kyora s'écroula, lâchant un gémissement de souffrance comme je ne lui en avais jamais entendue, comme elle ne se serait jamais permise en temps normal. Je la pris dans mes bras, lui exprimant le fait que j'étais désolé d'être aussi exigeant et qu'inconsciemment je l'avais conditionnée a toujours être au top même lorsque cela n'allait pas.
Les yeux dans le vague, je sortis sa Pokéball, et elle ne broncha même pas à sa vue. Même, elle hocha la tête positivement et son front tomba sur le boutou de la sphère bicolore. Kyora perdit sa couleur, son enveloppe corporelle, et son esprit fut aspirée par son réceptacle pour un repos bien méritée.
Je séchais les larmes coulant sur mon visage d'un revers de la main et me relevais. Je caressais Nylia et lui assurais que la mission s'était bien déroulée et que je n'avais rien. J'étais sain et sauf, après l'avoir gracieusement remercier. Après avoir fouillé dans mon sac, il me restait quelques friandises - alors réservées à Kyora - que je lui tendis.
Ensuite, je me dirigeais vers l'antenne et me plaçais devant le clavier et l'écran. Les design étaient assez minimalistes, je devais les comprendre en peu de temps. Une montagne d'informations défilaient devant mes yeux, confirmant mes théories : Plusieurs antennes étaient éparpillées dans le périmètre, agissant chacune sur une zone, et évidemment elles rejoignaient un seul et même point d'énergie terriblement puissant.
Rapidement, je compris les mécanismes de l'antenne et après quelques codes modifiés, j'inversais l'effet des ondes. Au lieu de brouiller les ondes psychiques, elles les amplifieront et donc augmenteront leurs pouvoirs associés. Kyora n'en profitera pas, mais Lissa oui, et les autres Pokémons agissant sur l'esprit.

Bon, comme on pouvait s'y attendre, la tour de contrôle récupéra bien vite le contrôle de l'enceinte et… accentua les douleurs émises par les ondes. Alors, je sortis mon mini-satellite portatif et mon ordinateur pour le connecter à la machine. J'y injectais quelques programmes et je me livrais à un duel d'informatique pour éjecter la tour de contrôle, neutralisant les effets des ondes durant ce bras-de-fer.
Dans tous les cas, j'attendais que le brouillard supplémentaire se dissipe, que Lise revienne.
Autrement, si le duel informatique ne donnait rien de bon, Nylia serait toujours prête à la faire exploser.

Je me battais toujours contre le signal de la base centrale, désireux de prendre le contrôle permanent de l'antenne. Peut-être aurais-je dû la détruire ? Mais je voulais me montrer utile auprès de Lise, aussi utile qu'un dresseur débutant puisse l'être. J'étais sûr qu'elle allait adhérer à l'idée de prendre le contrôle de l'antenne pour utiliser l'arme de nos ennemis contre eux-même.
Nylia tournait autour de moi, perplexe. Elle guettait les environs. Je la sentais inquiète, mais je ne sentais aucun ennemis près de nous.
Non loin de là, des hurlements et des explosions élémentaires jaillissaient. Des affrontements faisaient rage. Sûrement que Nylia s'inquiétait pour sa dresseuse, que l'on entendait presque clairement à quelques mètres de là, au-delà de la barrière naturelle de buissons et les arbres, créé par la clairière ou du moins autour de celle-ci.
Ensuite, une étrange lumière jaillit lors des affrontements à quelques lieux de là, devenant de plus en plus puissante à en devenir aveuglante, absorbant toutes autres sources lumineuses. La sphère monta dans le ciel, éclairant toute la zone, attirant les Pokémons se trouvant dans les alentours vers celle-ci. Puis, la pression arrive à son paroxysme et la sphère explosa, envoyant une onde de choc destructrice… au même niveau qu'une bombe nucléaire.
L'onde de la destruction traversa le champs de bataille et rejoignit rapidement la clairière. Sans attendre, Nylia me poussa au plus loin de l'antenne, m'arrachant avec mon PC et lança l'Abri le plus express et défensif que j'avais vu de ma vie.
La lumière me traversa, l'onde destructrice tapant contre la barrière de protection que Nylia maintenue comme elle pouvait avant qu'elle ne se brise et laisse traverser les revers résiduelles de l'onde.
Dans la foulée, j'entendis une autre explosion non loin de là. Le Pokémon Fée fut incapable d'invoquer une nouvelle protection, épuisé par l'effort de minimiser les dégâts mortels de l'onde mortelle.
Déjà légèrement envolé par la première pression, je me j'étais sur Nylia, la prenant dans mes bras, me mettant dos à l'explosion de l'antenne, pour la protéger comme elle m'a protégé.
Puis… plus rien.

Dès lors que je rouvris les yeux, toujours plissés à cause de la lumière aveuglante, les oreilles bruyantes à cause des acouphènes, je découvris le décor après l'attaque destructrice et potentiellement mortelle. Tous les Pokémons contrôlés par l'antenne seraient effondrés et se réveilleront dès qu'ils se seront reposés de leurs blessures
Un vrai no man's land. Tout autour, il n'y avait plus rien : Plus d'arbre, plus de buisson, plus aucun végétal et juste une zone de terre sans vie. Je roulais sur moi-même pour changer de côté et découvris à quelques mètres une montagne de débris métallique.
Revenant à mon côté initial, Nylia se trouvait à mes côtés. Elle semblait usée, blessée certes, mais cela avait l'air d'aller. Peut-être que mon geste lui avait permis de survivre à l'impact de l'explosion de l'antenne, nettement moindre que l'onde mortelle. Je voulais me relever, poussant légèrement sur mes bras, mais ils vacillèrent, je retombais immédiatement sur le sol avec violence.
Pour assurer un lien amical et rassurant, je rapprochais ma tête afin que mon front colle le sien.
Sans m'en rendre compte, la Pokéball de Tarsal s'était échappée de ma ceinture et Kyora s'était échappée après coup. Même so elle n'avait pas subi les attaques, elle restait sacrément endommagée par les efforts récents, alors elle se glissait péniblement sur le sol pour s'approcher de son maître tremblant et gémissant de douleur.
Autrement, je ne savais pas où était mon ordinateur mais… je m'en fichais, en vue de la deuxième explosion, je n'étais plus sûr qu'il soit performant.

Ensuite, des faisceaux lumineux traversèrent l'ombre. Rapidement, j'aperçus une silhouette titubante. J'essayais de forcer de nouveau pour me relever, mais je n'y arrivais pas. Je ne savais pas à quoi je ressemblais, mais j'imaginais ne plus être au mieux de ma forme et au max de mon style !
Sans pouvoir la voir, Kyora était derrière moi, à moitié debout, entièrement pétrifiée, les yeux livides, comme si quelque chose l'avait bloqué et que « le programme .exe avait cessé de fonctionner ».

J'essayais de sourire à Lise, même si je devais juste avoir une tête d'idiot inconscient. En réalité, j'étais si groggy que j'avais l'air d'être complètement bourré... un bourré euphorique.

— Je… je sais pas. J'ai… j'ai appuyé sur quelques boutons, je pensais pouvoir retourner l'arme contre nos ennemis… Et, au moins, on a plus d'ennemi !

Il était vrai, les corps de nos poursuivants avaient été désintégrés en poussières, nous avions eu de la chance. J'espérais que la douleur interne allait vite passer. Toutefois, savoir que Lise était de nouveau là me rassurait. Je savais que tout n'était pas perdu... Les ténèbres ne m'avaleront pas même si je voyais une petite poignée d'ombres spectrales approcher.

Le moins que l'on puisse était que la piqûre de rappel de Lise me remit les idées en place. J'effaçais rapidement les derniers brides de cet état comateux, groggy, et pathologiquement euphorique. Piqué au vif, je sentis un regain d'énergie suffisamment important pour pouvoir me hisser et sauter sur mes jambes. Certes, encore flageolantes mais au moins j'étais debout.
Les sourcils froncés, à deux pas de Lise, je la pointais du doigt.

— « Réfléchis avant d'agir » ? « RÉFLÉCHIS AVANT D'AGIR » ? Si je n'avais pas réfléchis, je serais mort depuis longtemps ! T'as qu'à sonder l'esprit de Nymphali si tu me crois pas. Je pensais juste pas que ça allait être si fort pour que Lissa perde le contrôle ! (J'adoucis ensuite ma voix, je ne supportais pas les conflits et cet élan d'énergie m'avait fatigué, ébranlant mon corps :) J'essaye de rester en vie, j'essaye qu'on reste en vie, alors merci évite ça avec moi. J'suis pas aussi puissant que toi… Alors j'essaye d'être utile comme je peux…

Ma voix s'amenuisait au fur et à mesure de la réponse. Je ravalais un sanglot et essuyais le filet d'eau qui venait d'arriver sur mes yeux, histoire qu'il ne se transforme pas en fleuve déchaîné. La faiblesse ne m'était pas permise, pas ici, pas avec Lise. Son Lucario m'avait donné sa confiance. Je ne pouvais lui décevoir.
Ensuite, je vis Kyora, sa Pokéball à côté d'elle. Voir que je me mouvais semblait lui avoir rendu sa vitalité. Elle s'approcha de moi, comme une désespérée qui venait de récupérer sa partie manquante.
Les Pokémons sensitifs de Lise ressentirent quelque chose. Un autre danger approchait. Pas encore ! Je n'avais pas eu le temps de me remettre, encore moins Kyora !
Tarsal dut le sentir aussi et elle s'activa pour se coller à ma jambe.
J'asquiesçais d'un air sec.[/i]

— Oui, je peux tenir debout. J'suis pas cassé, j'ai pas encore dit mon dernier mot. T'en fais pas.

Un rire enfantin et sournois retentit, faisant glacer mon sang. Le rire se transforma en souffle dans notre cou. Réactive, Lise me tira hors du courant d'air que je sentais dans mon dos, Kyora s'accrochant toujours à ma jambe. J'allais me prendre un coup de couteau, sapristi !
Notre nouvelle ennemie était une femme à l'allure enfantine, aux longs cheveux lisses de la couleur brune claire, aux yeux d'un bleu profond, habillée d'une tenue d'étudiante… Nous faisions véritablement face aux esprits de gamines flippantes dans les films d'horreur, surtout avec son teint blafard là !

Je sentais Lise s'enflammer à cause de la pression. Je lui tenais le bras en lui assignant une légère pression - je ne pouvais pas faire mieux de toute façon - et je lui chuchotais à l'oreille d'une voix des plus affables.[/i]

— S'il te plaît… ne la provoquons pas…

La femme renchérissait, nous dissuadant de riposter ou de répliquer verbalement. Quelque chose me disait que nous devions véritablement nous méfier d'elle, elle n'était pas nette. Mon instinct me hurlait de m'en protéger. Je mettais au moins mon visage en évidence et me raclais la gorge, usant de ma concentration pour que ma voix ne flanche pas à cause de la douleur interne et irradiante.

— Ceci étant, ce sont vos inventions… qui ont causé ça. Je suis impressionné par vos machines. Quelle potentielle ! Je me demande bien… quel peut-être vos motivations, vos desseins, tout ce plan… si intriguant. Haha. Nous vous serons tellement plus utiles vivants que morts.

Mon assurance n'était que factice mais elle avait le luxe de faire son effet. Peut-être permettrait-elle de gagner du temps, ou du moins de faire croire que j'étais maître de tous mes moyens.
Peut-être qu'elle était puissante mais nous étions deux… Enfin il restait surtout Lise avec son équipe. C'était gérable, sans doute.
… ou pas.

Une masse sombre venait d'apparaître dans les ténèbres environnantes. Un Noctunoir sillonnait les alentours prêt à nous happer dans l'ombre, comme si c'était un jeu pour lui. Je l'entendais rire sournoisement dans la pénombre.
La phrase de Lise me fit rire. La force du rire me fit tressaillir me forçant à m'appuyer sur elle avant de récupérer l'équilibre.

— Lise… Tu veux que je bouge où, sérieux ?

Je ris sans détour car même si je le voulais, je ne pourrais partir nulle part.
Au même moment, les assauts du Noctunoir fut de plus en plus corsés. Au début, Lise ou ses Pokémons m'aidaient à esquiver mais d'autres ennemis apparurent.
Des Fantominus rejoignirent la battle, forçant les autres Pokémons à nous défendre de leurs petits assauts faibles mais mesquins.
À partir d'un moment, l'armée de balles fantomatiques grandissante, l'attention générale des Pokémons et sans doute de Lise fut occupée, laissant Kyora et moi-même sans défense.
Tandis que les Fantominus occupaient mes alliés, je voyais Noctunoir s'approcher de moi, remarquant l'air sadique de la Leader ennemie. Lentement mais sûrement, il arriva jusqu'à moi, sans que personne ne puisse rappliquer. Ou alors, il sera trop tard.
Noctunoir lança une attaque, un filet de ténèbre dans ma direction, j'essayais d'esquiver en me tournant. Puis, il enchaîna avec une attaque Psy inévitable.
Kyora sauta en l'air et lança un Choc Mental désespérée, déjà traumatisée de ne pas avoir été là pendant la double-explosion. Sans surprise, elle finit éjectée...

— KYORAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!

Dans un geste passionnel et dramatique - et un cri tout autant déchirant -, je sautais dans sa direction. L'attrapant avant qu'elle ne devienne hors d'atteinte et roulais au sol avec elle.

— Je suis perdu... soufflais-je d'une voix presque inaudible en voyant la masse spectrale revenir à l'attaque.

Impossible de me lever, Nocturnoir fondit sur moi et les ténèbres m'engloutirent. J'avais... disparu de la surface de la planète.

Avant d'être aspiré par le Noctunoir, les seules images et sonorités qui me revenaient étaient mon cri de détresse et Lise qui avait fusé sur moi… oooh, un rappel sensoriel, je me souvins aussi de son index frôlant le mien avant d'être aspiré, mes yeux désorientés plantés dans les siens.
Avais-je peur ? Je n'en étais pas sûr. Je n'étais plus sûr de rien au niveau émotionnel. Je me sentais juste perdu, à cause de tous ces changements si abruptes, sans pourvoir prendre le temps d'analyser ce qui venait de se passer. J'étais donc tourmenté mais pas forcément apeuré… c'était peut-être une bonne chose d'être dans le gaz au niveau émotionnel, comme ça je ne pourrais pas être bloqué à cause d'une crainte ou d'un manque de confiance.
Mais désormais, tout était noir, et je n'avais conscience de rien autour moi. Je ne reconnaissais plus mon enveloppe et encore moins mon environnement. Je n'avais plus l'impression d'exister, d'être mort.

C'est alors que tout à coup, une voix transcendit ce cocon mortuaire.

« Khoren, nous allons te sortir de là, mais en attendant, fais de ton mieux pour survivre. »

Cette phrase signa mon éveil. J'ouvris les yeux, reprenant conscience de mon corps. J'étais en position fœtus, les bras croisés autour de mes jambes, la tête enfoncée dans mes genoux. Le noir, le vide, les ténèbres. Il n'y avait autour.
Je tendis les bras d'un geste bref et déplia mes jambes par la suite. Une sphère de lumière apparut, j'aperçus brièvement les Bois Hurlants et ses occupants courant comme s'ils étaient en pleine course-poursuite, avant que la lumière s'agrandissent et chassent les ténèbres. Je roulais sur moi-même faisant un salto.
La lumière me traversa et je découvris un nouveau décor. Une forêt à perte de vue, une clairière avec quelques champs dont au centre se trouvait un espèce de sanctuaire surélevé. Tout de pierre rouge et bleue d'un temps révolu construite, il démontrait un autel où se trouvait trois statues à l'effigie des Pokémons légendaires de Lumuiris, reliées par un croissant de lune de marbre blanc brillant et pailletée d'or. Des piliers, parfois droits, ou ondulés comme des tentacules, stylisés au possible, contouraient le cercle de l'Autel surélevé. Une aura mystique émanant de toute part du lieu.
J'atterris au sein de ce décor bucolique, effectuant une roulade avant de me mettre dedans. Rapidement, je vis des silhouettes humaines se dessiner près de l'orée de la forêt, tandis qu'à l'horizon quatre congénères s'occupaient des champs, qui s'approchèrent de moi.

« Oooh notre Créateur nous a envoyé un nouveau fidèle ! » lança le premier, un grand homme habillé d'une longue coiffe de plumes bleues à la la manière des Indiens, recouvrant son uniforme.

« Nous devons lui faire visiter le lieu ! Cet havre de paix ! » renchérit un autre, hyper énergique, avec une coiffe de plumes rouges nettement moins imposante, allant jusqu'aux épaules.

« Voici le Sanctuaire d'Exilarius ! La terre promise de Malus, notre dieu-protecteur ! » présenta un autre, coiffée de plumes jaunes recouvrant simplement ses cheveux.

Je remarquais alors que la coiffe de plumes semblaient une coutume courante ici, même les agricoles semblaient en porter, et la longueur devait dépendre de l'ancienneté ou du prestige.
Ils m'intimèrent de m'installer dans le cercle incurvée face à l'autel, et rapidement les agricoles réapparurent à l'orée de la forêt et nous rejoingnirent.

— Euuuh, vous n'étiez pas à l'opposé ? m'exprimai-je, perplexe.

« Non, on a toujours été là, derrière nos trois frères » répondit le premier à la longue coiffe de plumes vertes.

Et, tandis qu'ils semblaient tous trouver ça normal, ils se mirent à tourner autour de moi avec une danse étrange comme s'ils effectuaient un rituel.
Coiffe bleu, coiffe verte, et mini-coiffe jaune restèrent auprès de moi à me faire des trucs comme un rituel de bienvenue. Avec leur collier à fleurs, et la coiffe de plumes noires près de la pointe et violette près de l'extrémité. Ils chantaient, mais moi je m'inquiétais.
Je n'avais jamais entendu parlé d'une tribu au sein des plaines et forêts mystiques d'Exilar.

— Mais… Y'a pas de tribus autochtones dans les terres d'Exilar. Les cours que j'ai eus dessus sont formels.

« Nous sommes au Sanctuaire d'Exilarius, pas d'Exilar… » répondit Coiffe-jaune, plutôt hésitant.

Après un petit débat, ils finissent par dire que ce Sanctuaire appartient aux terres d'Exilar.
Une femme aux plumes rouges qui dansait venait de me dire de lâcher prise et de me laisser porter par le pouvoir du rêve. Et ils devenaient de plus en plus persistants, leur euphorie était si communicative, leur mode de vie avait l'air si simple et coordonnée… cela donnait envie de se laisser aller et oublier qui on était.

Cependant, un détail me fit revenir à la réalité. Je ne savais pas ce que les adeptes portaient mais en dessous de leurs affaires ou… Je ne voulais pas savoir ce qu'ils avaient ajouté sur leur vêtement, mais je crus découvrir une texture et un logo que je connaissais plus que bien sur Coiffe-Jaune, et non loin du logo de la célèbre fédération leur secteur était notifié « Bois Hurlants ». La révélation apparut devant mes yeux. Khoren… C'étaient les Rangers disparus, sombre idiot !

Durant la cacophonie du rituel, le lieu sembla soudain pris d'incohérences, des glitchs, et je ressentis un lien psychique avec quelque chose que ce lien revienne vers l'autel et fasse apparaître une image des alentours des Bois Hurlants. Je ne le savais pas à l'instant précis car l'espace entier était en train de m'intégrer à sa réalité pour m'effacer, mais c'était la vision du Noctunoir.
L'image passa sur ma coéquipière. Tant que j'avais encore les idées plus ou moins claires, je devais en profiter et passais ma tête dans la sphère intemporelle.
Je lui adressais, comme un message hors du temps et de l'espace, sans espoir que cela arrive à son propriétaire.

— Lise, j'ai retrouvé les Rangers disparus ! Je vais essayer de les libérer de là ! Et s'il te plaît… rappelle-toi de moi…

Le ton de ma voix devenait de plus en plus bas, jusqu'à ce qu'elle se taise, comme pour préserver le peu qui pouvait encore l'être et le décor environnant reprit toute mon attention, m'imergeant de nouveau dans l'univers. Quelques instants après m'être retiré de cette bulle de communication entre deux réalités que l'image s'évaporait tout comme le visage de la jeune femme dans mon esprit.
Revenant à moi, je revoyais le logo des Rangers et tout ça me revenait.
Je sautais pour me remettre debout et criais pour dépasser le niveau sonore :

— Vous n'êtes pas des adeptes d'un culte, vous êtes les Rangers disparus des Bois Hurlants ! Arrêtez tout ! Réveillez-vous !

Je n'étais pas sûr que cela allait faire son effet mais déjà, tout le monde s'était arrêté et se posait énormément de questions. Certains semblaient avoir des flash de lucidité, ceux dont les coiffes de plumes étaient les plus basses en l'occurrence.

Les Rangers disparus s'étaient bloqués, leur esprit tournant à plein régime, comme s'ils questionnaient enfin toutes les actions qu'ils avaient faits jusqu'à là. Les Rangers aux courtes coiffes de plumes semblèrent recouvrir plus facilement une certaine lucidité tandis que les autres, en particulier ceux ayant la coiffe bleu et l'autre verte, semblaient sentir le trouble mais ne pas comprendre.

Au début, ils paraissaient tous plus ou moins perdus. J'ai alors décidé de me concentrer sur les plus lucides, me disant à juste titre qu'il serait plus facile à réveiller de l'illusion. Ainsi, grâce à l'effet de groupe, peut-être qu'on pourra préserver notre mémoire individuelle en consolidant et surtout empêchant la mémoire collective de se dissoudre à jamais.
Alors, je répétais :

— Vous êtes des Rangers, des protecteurs des humains et des Pokémons. Nous avons été emmenés ici par je-ne-me-rappelle-plus-qui, mais nous venions d'un endroit, d'une forêt aux allures lugubres, genre un peu flippantes…

Je laissais alors les Rangers appréhendés les informations, les laissant remonter au conscient pour qui c'était possible, avant de faire une pause pour proposer une révélation qui découlait directement de ça.

— Ce qui signifie que cet endroit n'est pas réel ! Exilar…ius n'existe pas ! Nous devons nous échapper d'ici. Cette illusion doit cesser.

En premier lieu, une cacophonie de points de vue contradictoires se déclencha. Les plus atteints tentèrent de ramener le groupe à la raison, enfin leur raison, en me faisant passer pour un fou.
En second lieu, quelques têtes hochèrent négativement de la tête. Les trois ayant des coiffes les plus courtes me donnèrent raison. Lise croyait en moi, elle ne m'oublierait pas dans les méandres de l'amnsésie onirique, je devais être fort pour les persuader.
Par ailleurs, deux d'entre eux venaient d'apparaître derrière moi. Une femme qui avait l'air d'en avoir dans le ventre, habillée comme une chasseuse badass, aux cheveux blancs, aux traits rouge de maquillage sur le visage pour renforcer ses traits durs, avec une coiffe de plumes grises allant jusqu'à la moitié du crâne, accompagnée d'une jeune fille chétive, aux cheveux blond foncé, avec une coiffe de plumes bleu polaire. Ces deux femmes, en plus d'exprimer leur présence, venaient de confirmer qu'elles voulaient s'échapper d'ici, s'échapper du contrôle, ne plus vouloir faire des choses sans qu'elles n'en aient envie… comme un Sims, avec un jeune homme à la coiffe de plumes roses.

Nous étions quatre à prendre conscience que ce lieu était une illusion, donc j'en avais conquis trois, mais le bloc Coiffe Bleu-Verte-Orange (les trois plus longues, la dernière étant une femme) continuaient d'influencer les foules.
Comprenant que le débat s'éterniseraient, je décidais donc de prendre connaissance de ce lieu auquel j'avais été téléporté.

« Nous vivons dans ce Sanctuaire pour nous préserver des monstres qui vivent dans les contrées voisines, protégés par notre Dieu… Enfin, je crois. » expliqua alors Coiffe-Jaune, sûrement un futur meneur de troupes puisque les autres neutres semblaient l'écouter.

« Oui, des monstres veulent notre mort, même les plus mignons. Surtout, nous ne devons pas nous approcher du lieu maudit non loin d'ici si nous ne voulons pas déclencher la colère de notre dieu et condamner cet havre de paix à l'apocalypse » réitéra Coiffe-Bleu.

— Mais… il n'y a pas de monstres ici, ce sont des Pokémons ! Ce ne sont pas des monstres. Enfin certains si, mais d'autres sont des amis. Mes amis, vos amis ! Où sont les vôtres ? m'écriais-je, effaré par le codage de l'illusion.

Évidemment les Coiffes majoritaires tendèrent à dire que tout ceci n'était que des aberrations. Mais Coiffe Grise et Coiffe Bleu Polaire exprimaient le contraire, elles avaient le vague souvenir d'être entourées par des « monstres alliés » qui les protégeaient et qui s'appréciaient mutuellement.

Par la continuité du débat, je compris alors que le lieu maudit était alors un Colisée, atteignable par une longue route correctement dessinée. C'était presque trop facile.
Par ailleurs, j'avais réussi à ramener Coiffe-Jaune de notre côté car j'ai eu une révélation : Je me suis souvenu d'une affiche de disparus, ou à moins que ça ne soit Lise qui m'en ai parlé brièvement, où se trouvait son visage. Son nom était Isaak, Il était le meneur de zone, et désormais lucide, il comptait être le meneur de l'illusion d'Exilar.
Cependant, ce lieu effrayait tous les Rangers. Même si nous avions démystifié le côté malédiction, il ne cessait de les apeurer. Alors, j'ai été obligé, avec le soutien et le partage de la bravoure de Coiffe-Jaune et Coiffe-Grise, de les motiver avec un discours. Je n'aurais jamais fait ça si je n'étais pas en danger de mort ou plutôt d'effacement. S'ils voulaient se libérer de l'illusion, récupérer leur vie, leurs Pokémons, ils devaient se battre pour dénicher l'erreur permettant de casser le 4ème mur et retourner dans la réalité.

Une fois entraînés et armés à bloc, faisant resplendir une parfaite armure de combattants et des armes aiguisées, certes primitives, nous partions à la conquête du Colisée fantôme. Préparés, nous étions prêts à faire face à n'importe quel subterfuge de Noc… Nocquoi ? enfin bref, le truc qui nous avait emmené ici.
Une fois sur la route, notre mémoire commença à s'effilocher et le processus d'imprégnation de l'illusion s'accéléra. C'était épouvantable, une douleur mentale sourde, nous faisant perdre tout ce dont en quoi on croit. Pour tenter de palier à ça, nous répétions tous ensemble quelques phrases rappelant qui nous étions et ce que nous étions venus cherchés pour ne pas oublier.
Le pouvoir d'amnésie était de plus en plus puissant au fur et à mesure qu'on s'approchait du Colisée, nous forçant à augmenter la sonorité. Désormais que le bâtiment était suffisamment près, nous hurlions pour nous donner du courage et ne surtout pas oublier. Les coiffes s'étaient développées activement, par exemple la mienne montait jusqu'à la moitié du crâne, peut-être plus. Certaines personnes perdaient le fil sur le trajet, mais on arrivait plus ou moins à reprendre.

Puis, un cri d'épouvante s'échappa du Colisée puis des masses sombres s'échappèrent de ses murs. Une armée de squelettiques fantomatiques fondit sur nous.
Peut-être que je ne savais plus qui j'étais avec leur uniforme similaire, avec qui j'étais, ce pourquoi j'étais là, mais j'étais attaqué et j'allais devoir me défendre. De toute façon, je me fichais un peu de me perdre dans mes pensées, quelqu'un avait promis de ne pas m'oublier.
Bien sûr que si, je savais qui j'étais : J'étais un futur partisan du Sanctuaire d'Exilarius, entourés d'adeptes, et nous étions en train de combattre les démons du lieu maudit qui nous obligeaient de vivre cachés.

La bataille faisait rage. Je combattais vaillamment avec Coiffe-Grise, une véritable guerrière née, avec sa disciple, Coiffe-Bleu Polaire, qui ne se débrouillait pas mal non plus.
Grâce à quelques attaques unies, nous parvenions à faire quelques percées et entrer dans le lieu maudit. Avec l'aide de Coiffe-Rose, Coiffe-Jaune et moi-même avions même réussi à nous dégager du revers de fantômes qui voulaient nous dégager de leur territoire.
En s'enfonçant plus profondément, bravant la masse ténébreuse à contre courant, nous arrivions sur les couloirs entourant la Destination Finale. Il n'y avait pas d'ennemis dans ce cercle, ni dans les cinq entrées menant au grand cercle de sable… où se tenait un autel maléfique où tournoyait une tornade noire. L'esprit du Mal incarné se trouvait là.
Nous retrouvions Coiffe-Bleu et Coiffe-Vert avec Femme Coiffe Rouge. En avançant, prudemment pour Coiffe-Jaune et moi, un rire machiavélique retentit. La tornade grisâtre devint noire et rapidement un esprit jaillit. Un démon énorme, ressemblant vraiment à quelque chose que j'avais déjà vu… Comme un vague souvenir d'avoir été attaqué par ça avant d'être emmené ici. Le démon nous menaça, prêt à nous voir combattre, prêt à nous renvoyer à Exilarius.
Avant de quitter l'ombre du couloir, je m'arrêtais. L'aura que j'avais senti tout à l'heure, ce lien, qui était passé de moi à ici à l'Autel du Sanctuaire, elle était toute proche.

— Non, je ne viens pas avec vous. Si c'est votre combat, allez-y, mais moi, mon attention est demandée ailleurs , déclairais-je, d'une voix glaciale, avant de me relâcher, parler avec une certaine douceur. Je sens qu'on m'appelle, ce lien, ressentez-le. Nous devons aller voir, je ressens au plus profond de moi que nous en aurons besoin pour détruire le roi des monstres.

Les Coiffes majoritaires déclinèrent et voulurent nous obliger à les suivre. Coiffe-Jaune refusa de les suivre, son corps changeant de direction.

« Le nouveau a permis cette expédition, car vous aviez trop peur de franchir le pas. Nous lui devons beaucoup. Je lui fais confiance, je suivrais ses instincts. »

Déterminé, il dévisagea ses supérieurs directs et repartit en sens inverse, sur mes talons.

À nous deux, ressentant ce lien, nous arrivions rapidement au point le plus culminant. Une embouchure amenait jusqu'à des sous-sols. Nous découvrions un petit labo avec des écrans disposés de toutes parts, dont un énorme ordinateur formé en une pyramide d'écrans, des fils de différentes tailles et grosseurs allant de toute part, avec une grosse porte de fer blindée avec un hublot.
Par ce hublot, je vis une immense pièce avec pleiiiin de tubes remplis d'un liquide étrange. Semblait-il que des monstres se trouvaient enfermés dedans. Le lien que je ressentais n'avait jamais été aussi puissant.
Nous devions trouver un moyen d'entrer. Et vite. Avant qu'on ne décède tous ici, que le roi des monstres nous ramène dans notre Sanctuaire-prison. Je tapais lentement sur le clavier près de la porte en espérant pouvoir le cracker.
Rapidement, j'ai pu voir que visiblement je m'y connaissais. Mes doigts connaissaient ce genre d'engins et je m'étais rapidement transformé en petit génie en informatique. Malgré tout, avec une dizaine de minutes, je n'avais réussi à déverrouiller qu'un code sur trois, le deuxième étant cracké à la moitié.
Tandis que j'entendais les cris effroyables des fantômes approcher, je me disais que je n'aurais jamais le temps de cracker le code. Au moment le plus culminant, soit que le premier fantôme venait d'arriver près à nous cueillir, l'aventurière d'Exilarius débarqua ! Explosant les fantômes environnant, et jetant l'eau en provenance de sa gourde naturelle sur la machine.
Court circuit, celle-ci implosa et la porte s'ouvrit.

« C'est bien mignon d'être habile avec ses doigts mais parfois la méthode barbare est plus rapide. » souria-t-elle, satisfaite, rapidement suivie par sa disciple qui défendait l'entrée avec des nunshakus.

Puis, nous entrions à l'intérieur, découvrant les tubes contenant les monstres de toutes tailles, de toutes couleurs, autant badass que mignons, retenus dans ces cylindres remplis d'un liquide ambrée, retenus par des gros fils. Des bulles d'oxygène sortaient de leur bouche. Un sentiment de familiarité s'empara de moi. Ce n'était pas des ennemis, mais bien des alliés.
Surtout celle-ci, dans ce tube illuminée de violet, tandis que les autres étaient rouges. Je m'approchais de ce tube, une petite forme humanoïde blanche avec une tête recouverte d'un chapeau vert et deux éléments rouges. Je mis ma main dessus, tandis que Coiffe-Jaune s'approchait d'un tube ou un espèce de canidé blanc à la peau bleu sombre s'y tenait.
Mon animal ouvrit les yeux, des étincelles de joie s'éveillant directement au sein de ceux-ci. Il me reconnaissait. Non, pardon, elle… Kyora.
Puis, les fantômes entrèrent dans la pièce, éjectant Coiffe Bleu Polaire jusqu'à nous, Coiffe-Grise la rattrapant de justesse. Les tubes se brisèrent à cause de leurs attaques psychiques. Des colosses d'acier ou de roche, des dragons oranges, et d'autres monstres comme des canidés ou des humanoïdes de glace, s'éveillèrent, prêts à fondre sur la masse ténébreuse.
L'énergie émanant de cette scène raviva certains souvenirs, emmenant une lucidité partielle, et une sphère intemporelle apparut à mes côtés. De nouveau cette forêt sombre, ces affrontements et… cette femme de lumière.
Je n'arrivais pas à me rappeler de son nom, ou de quoi que ce soit, mais c'était important.

— Qui que vous soyez, j'ai retrouvé les Pokémons alliés ! Nous allons pouvoir détruire le roi des monstres et nous libérer de son emprise !

Pokémons ? Je ne savais même pas ce que c'étaient. Ces monstres en seraient donc ? Sans pouvoir espérer en apprendre plus sur mon existence, juste le temps d'une réponse qui pourrait être déterminante pour la récupération de mes souvenirs, la communication inter-espace se stoppa.
Sous mes mains, le tube où se tenait Kyora vint à se fissurer et se briser. Je la pris dans mes bras comme Isaak prit son Pokémon dans les siens. Sans véritablement comprendre, je venais de me retrouver avec une garde-du-corps prête à tout pour me sortir de là, prête à tout pour faire payer à notre roi des monstres le traitement que j'avais subi.

 Kyora, ce monstre… ah non, pardon, ce Pokémon, était donc ce chaînon au sein de lien qui me permettait de contacter l'autre monde. L'autre monde… non, la réalité. Kyora était mon repère réel ici. J'étais dans une simulation auquelle je devais m'échapper. Avec tous les Rangers. Je devais quitter Exilarius.
Je stoppais directement le type avec les plumes jaunes en lui rappelant qu'il s'appelait Isaak et non pas leur pseudonyme vraiment étrange. Ce rappel lui fit se souvenir, son Pokémon semblait avoir ficelé sa mémoire, comme moi avec Kyora. Tant que notre partenaire principal sera là, nous n'oublierons pas.
Coiffe Grise s'approchait d'un Pokémon humanoïde bleue tout fin style caméléon et un insecte tranchant rouge (Lézargus & Cizayox), tandis que Coiffe Bleu Polaire s'approchait d'un Pokémon espèce d'écureuil blanc et rouge grave vénère et un humanoïde noir super agile avec des mèches roses (Mangriff & Farfuret), et un humanoïde-poulet de feu venait de rejoindre Isaak (Braségali). Et, en plus, des petits Pokémons sortirent des tubes de verre.
Par la suite, des dragons orangés (Dracolosse et Dracaufeu), de grands oiseaux (Hélédelle & Étouraptor), des dinosaures musclés, (Carchakrok, Tyranocif), un chien géant de feu et un colosse blanc et vert de glace (Arcacin et Blizzaroi), une dame de neige, un ninja vert et une araignée rouge, fusèrent hors de la salle contre les Fantominus et les Spectrum. Les Pokémons de mes coéquipiers nous servirent de rempart pour nous échapper de la salle où était retenue captifs nos partenaires de vie. Kyora sur mes épaules, suivant mes coéquipiers de près, nous profitions également des passages créés par les dragons grâce à leurs rayons destructeurs.
Nous réussions à nous échapper des couloirs pour rejoindre l'arène. Les dragons nous ayant escortés rejoingnirent leurs maîtres, Coiffe Bleu et Coiffe Verte, qui s'avéraient visiblement ravis qu'on ait désobéi. Forcément, au delà de la lucidité apportée, c'était quand même bien pratique des dragons ! Face à un démon immense pareil !

Après un affrontement à effectif réduit, nos alliés Rangers rappliquèrent et les Pokémons bloqués par l'armée fantôme dans la salle prison arrivèrent, avant de se rejoindre au point le plus culminant de la dimension : l'arène, plus spécifiquement le roi des monstres.
Les Pokémons titanesques se déchaînèrent sur le roi des monstres. Rapidement, après quelques ripostes, celui-ci se mit à grandir, jusqu'à ce que nos Pokémons titanesques deviennent presque ridicule à côté de lui. Et le décor autour de nous disparut, ne survivant alors à la fascination que le dôme de tous les défis. Un véritable boss de fin, reconnaissable pour tout joueur de jeux confondus. .
L'énergie causée par autant d'éléments étrangers, autant dresseurs que Pokémons, créa un paradoxe qui brisa le quatrième mur de manière conséquente, par rapport à mes deux expériences dernières.
Au même moment où la sphère intemporelle apparut, alors nettement plus grande, je vis la jeune femme aussi brillante et explosive qu'une météore, visiblement en mauvaise posture :

J'entendis mon nom, hurlé à en crever, avec des injections qui me disaient de me dépêcher. Elle… elle était en mauvaise posture, je devais me dépêcher. Nous devions retrouver la réalité.
Je criais à mon tour, tandis que Kyora réagissait positivement à l'apparition de la jeune femme - elle était même trop énergique, comme si elle ne supportait plus d'être dans ce faux-monde avec un maître qui perdait les pédales -, tandis que la mémoire me revenait, non falsifiée.

— LIIISEEEEE !! ON ARRIVE !! ON DÉTRUIT LE NOCTUNOIR ET ON RETOURNE AUX BOIS HURLANTS !!

« NOUS SOMMES LES RANGERS, ET IL EST PAS NÉ CELUI QUI VOUDRA NOUS ABATTRE !!  » s'exclamèrent-ils, tous en cœur.

Son ton si bas était effrayant, la situation devait vraiment être critique. Ceci étant, cet échange venait de réveiller ma bravoure. Le temps pressait, il fallait faire vite.

Une fois la communication terminée, je fis rapidement taire les fameux   « C'est Lise Gray ?! Qui ça ? La championne Fée ! Non, Spectre, elle a changé ! Oooh mais elle est connue !  Genre, c'est ta coéquipière, toi ? Mais t'es un bleu !  » OK, j'ai un peu abusé sur la fin car malgré le fort impact de réel subit par le paradoxe qui leur a remis pas mal d'idées en place, ils avaient encore tout de même les effets de simulation qui tentaient de les garder
accrocher.

Je terminais alors sur un :

— Lise nous attend derrière Exilarius. Elle est venue pour vous aider, et j'ai décidé de l'accompagner. Alors, ne la décevons pas, et détruisons ce Noctunoir !

« NOUS VRAINCRONS !!  » s'exclamèrent le groupe, surtout les êtres masculins, tandis que les deux femmes badass esquissaient juste un sourire des plus satisfaits.

Puis, les Pokémons fusèrent sur le Noctunoir géant, prêts à tout pour lui mettre la misère. Les Rangers formaient une équipe, la coordination était leur maître-mot, leur cohésion était parfaite. Kyora servait justement de rouage flou représentent le petit taux d'improvisation permettant de détourner l'attention de l'adversaire qui pensait avoir trouvé la stratégie utilisée.
Peut-être était-il immense, peut-être qu'il avait tous les droits dans sa dimension, il n'en restait pas moins un être ayant des qualités… et des limites.
Tout comme une simulation ne peut être parfaite, des incohérences s'y étaient trouvées, me permettant de déjouer son sort d'adaptation ou d'ancrage à sa fausse réalité.
Tout comme un Pokémon peut changer son apparence pour être le Pokémon le plus imposant et le plus effrayant au possible, il restait au final le même au fond, dans son essence.
Alors, Noctunoir pouvait être aussi géant qu'il le voulait, il ne pouvait pas pour autant faire face à déjà de très bons Pokémons individuels, mais en plus à une équipe de Pokémons coordonnés et surentraînés. Le facteur numérique allait lui causer sa perte.
Même Kyora, l'élément perturbateur, parvenait à être utile. Une parfaite fonction de perturbatrice, de chiante en fait. Peut-être qu'elle n'était pas puissante, elle pouvait tout de même très fortement gêner et déconcentrer.
Après un combat épique, nécessairement long - même si, rappelons que le temps s'écoulait toujours plus vite dans une dimension que dans la réalité, heureusement pour Lise -, le Noctunoir explosa et un trou noir se forma. Les Pokémons, même les non-volants comme Kyora, les dresseurs, dont moi, se mirent à voler dans le décor, comme si la pesanteur venait de largement se détendre. Et… nous fûmes aspirés dans le vortex.
Un Vortex où nous fusions à la vitesse de la lumière, un couloir sombre et galaxie où des images de lieux de Lumiris apparaissaient comme en l'occurrence les Bois Hurlants et des Pokémons qui ressemblaient énormément aux Spectres ou autres ayant appartenus au gang.

Citation :

Dans la réalité, Noctunoir avait cessé de combattre, luttant pourtant déjà contre un mal intérieur durant le combat final. Désormais, il se frappait avec violence, hurlant à en mourir, subissant de violents spasmes, avant de tous nous recracher. Totalement K.O jusqu'à la prochaine décennie au moins.

Je vis alors la lumière au bout du tunnel, la vitalité revenait signant ce retour à la réalité.

Il faisait froid, je ne voyais pas rien. Je dormais. Je sentais des corps autour de moi, beaucoup, même au-dessus, peut-être même en dessous. J'entendais Lise hurler, je devais me réveiller, retourner au conscient.
Avant quelque chose qui aurait pu sûrement nous être fatal, je reçus un choc mental puissant, me réveillant instant, me remettant immédiatement les idées en place (Kyora, tu le pairas).
Puis, je roulais au sol, revenant près d'un mur. Je regardais autour de moi : Devant, au milieu, se tenait la carcasse du Noctunoir, tout rabougri ; et de manière excentrée, les Rangers se tenaient prêts à agir, prenant des positions badass, les Pokémons à leurs côtés.

— Kyora, t'étais pas obligé de m'attaquer, hein… t'aurais pu me réveiller autrement , râlais-je en silence.

Comme par hasard mais VRAIMENT comme par HASARD, j'avais apparu et m'étais déplacé non loin de Lise. J'avais l'air en pleine forme, aussi enthousiasme et malicieux que jamais.

— Ça va Lise ? T'es prête à démolir du méchant ? On a une bonne team de Rangers prêts à en découdre. Ils ont quelques soucis à régler avec eux, si tu vois ce que je veux dire. Surtout elle.

La femme badass qui m'avait très longuement aidé dans la simulation regardait les deux méchants comme si elle allait les poignarder après les avoir torturé jusqu'à ce qu'elle n'aurait plus d'idées pour le faire. Isaak n'était pas en reste non plus, mais c'était nettement moins marqué.
Mon regard balaya la scène : Nous avions deux gros méchants bien sapés, des Smogos et des Smogogos à moitié morts et des Pokémons prêts à nous mettre la misère, les Pokémons de Lise aux effets très ambivalents (Vive les Spectres, l'espoir est en vous), et une équipe de Rangers aux Pokémons surpuissants prêts à faire mordre la poussière.

Mon sentiment de fierté ne pouvait être plus grand d'avoir accomplis cette prouesse. Dorénavant, la Psychose devait cesser, ma seule motivation était de sortir d'ici vivant.

Sans savoir pourquoi, un pauvre pressentiment sans doute, je savais que j'allais passer un sale quart d'heure. Sauf que je me sentais trop frais pour calculer mes imprudences commises durant toute la nuit, oupsiiii.
Disons que le rire de la Championne Spectre me mit sur la voie, bizarrement, puis son regard de tueur. Par contre, j'ai pas survécu à une simulation qui a essayé de me tuer à chaque instant pour me faire tuer par celle qui m'a embrigadée là-dedans, donc, donc… qu'elle se détende un peu.
Son regard de tueur et la fureur qu'il y avait dans ses pupilles se transféra dans ses mains. Ses mains aggripèrent mon col, me secouant légèrement. Et la déferlante s'abattit sur moi, ayant l'effet d'une douche glacée.
Je comprenais alors que sous cet énervement, Lise n'était pas seulement reloue, mais surtout méga inquiète et qu'elle avait subi pas mal d'horreur quand je n'étais pas là. Je décidais alors de rester calme, conservant ma fonction légendaire de diplomate, et arrangeais d'abord mes pensées. Après avoir tourné sept fois ma langue dans la bouche, celle-ci s'ouvrit.
Entre temps, celle-ci m'avait lâché, et s'était plus ou moins excusé. Du moins, venant de Lise, je prenais ça comme des excuses.

— Alors, Lise, j'ai été capturé par Noctunoir, envoyé dans une simulation, où les Rangers ont été aussi enfermés avec leurs Pokémons. Il avait créé un univers, des codes, visant à nous aliéner à ses rêveries. J'ai réussi à m'en défaire et à rattacher les Rangers à la réalité. Et Noctunoir est hors d'état de nuire, l'Ennemi a alors perdu l'un voire leur plus grand élément. (Je pris ma respiration, soudain pris d'empathie pour celle que je prenais pour une immortelle dans tous les sens du terme :)
Je suis désolé. Tu étais seule, avec tes Pokémons, tandis que moi, j'étais bien entouré… même si on a voulu m'aliéner… (Ma voix se fit de nouveau forte, pleine d'assurance, une vraie cette fois :)
Nous n'avons pas terminé. Mais on va réussir. Le vent a tourné, j'en suis certain.

Ensuite, je la vis se tourner vers la sbire et lui subtiliser son badge d'accès électronique. J'exclamais une onomatopée de joie, que je tentais de cacher. Mais c'était trop génial, nous allions avoir accès à tout, TOUT, vraiment TOUT !
Entre temps, la femme badass parmi les Rangers, aux cheveux gris, un peu plus âgée que les autres (à moins que ça ne soit les épreuves qui aient forgé son visage ?), se tourna vers moi qui pour exprimer son soutien envers moi.

Rapidement après, Lise se sentit évidemment obligée de s'adresser aux Rangers, avec un sentiment de supériorité qui m'exaspéra au plus au moins. Alors, juste après sa tirade, qu'on pourrait prendre qualifier de diatribe, même si je comprenais son attention (Un bleu était parvenu à libérer une équipe de Rangers surentraînés), je me permis de contrer ses propos, en informel. Mauvaise idée de montrer une mésentente en public lors d'un duo. Ceci étant, les Rangers se chargeaient déjà de répliquer en grognant, demandant un minimum de respect.
Derrière elle, prenant la tête de la marche, je me permis de lui souffler, d'une voix qui ne se voulait pas spécialement méchante mais qui restait quand même acerbe :


— Tu sais, la personne la plus puissante du monde pourrait se faire attraper si elle subit un plan très minutieusement préparé. La fourberie défit toute puissance et n'a pas de limites. La personne la plus insignifiante pourrait t'abattre un jour, si elle prépare suffisamment bien son coup, si son plan n'a aucune faille.

Peut-être que ma réflexion n'allait pas lui plaire, surtout en l'incluant dedans, mais la prochaine n'allait pas me plaire non plus. Alors comme ça, nous étions quitte. Au fond du couloir, après quelques foulées, nous étions devant un boîtier de commande, prêts à entrer au cœur du QG… donc, nécessairement, au cœur des problèmes.

Suite à sa dernière prévention, Kyora sautilla sur mes épaules, énergique et immensément enthousiasme à l'idée de casser des bouches, visiblement dans le même avis que moi.

— J'ai déjà failli mourir. J'ai sauvé une équipe entière en risquant ça. Je ne compte pas mourir, je vais rester en arrière, mais tu ne pourras pas me forcer à rester éternellement sur le banc de touche. Compris ?

J'affichais de nouveau le fameux sourire satisfait qu'elle voulait tant me faire retirer, la fixant avec une assurance presque suicidaire, et d'un geste soigné et stylé, je remettais ma précieuse cape en place, en attendant que je puisse rejoindre les lignes arrières. Battle de badass attitude enclenché.

  Je vis Lise hocher la tête pour chacune de mes remarques et propositions. Elle n'avait pas l'air de s'en ficher et cela n'avait pas l'air de la mettre en rogne non plus, j'étais content d'avoir pu m'exprimer sans avoir risqué d'avoir déclarer la IIIème Guerre Mondiale.
  Je fis un mouvement de tête bref pour spécifier que moi-même j'étais prêt suite à son ultime appel. Je savais que nous risquions gros, que tout allait se jouer prochainement. Je devais être prêt, je n'avais plus le droit à l'erreur. Puis, nous entrions au cœur du QG, le complexe abandonné des Bois Hurlants réhabilité en base de super-méchants aux desseins tout aussi lugubres que les lieux dans lesquels nous nous trouvions.

  Lugulabre ouvrait la voie, nous éclairant le chemin et Exagide protégeait sa dresseuse qui se tenait non loin de moi. Malgré nos petites altercations et surtout mes contestations, j'étais plutôt rassuré de la savoir aussi proche... mais, j'étais bien trop fier pour le lui dire. Ceci dit, je comptais continuer à marquer des points. Désormais que j'étais sorti de l'ombre pour servir la lumière, je ne comptais plus être invisible, je ne voulais plus être dans la masse. Je voulais continuer à me démarquer.

  Après les deux minutes les plus longues de ma vie à cause du silence de mort et la tension palpable, nous arrivions devant une grande porte blindée mais transparente. Bravant la pénombre, nous pouvions voir des centaines voire des milliers de cages étaient assemblées, retenant une multitude de Pokémons diverse et variée. Bizarrement, ils paraissaient tous épuisés, ou au moins usés.

  Nos observations s'affinaient. Des sbires véhiculaient dans les allées, suivant des rondes, pour veiller au bon fonctionnement de l'organisation. Un Caninos, qui visiblement avait encore de l'espoir de s'échapper malgré la fatigue interne extrême, tapait la cage avec vivacité et l'un des sbires sillonnant la zone attira l'espèce de bâton noir et ce qui semblait être une décharge jaillit et le Caninos s'écroula suite à un gémissement de souffrance. Ce genre d'actes semblaient monnaie courante ici, cela me répugnait sans vergogne. Pire encore... des câbles semblaient être reliés aux cages où étaient retenus les Pokémons en détresse. Mais, oui, c'était bien sûr ! Leur énergie était drainée pour alimenter au bloc central le plus grand que je n'avais jamais vu de ma vie. Je vous jure, il était gigantesque.
  Je fulminais intérieurement, regardant Kyora postée sur mon épaule. J'étais en colère pour ces pauvres bêtes, Kyora aussi car elle ne supportait pas cette "chance" d'être aussi bien traitée par rapport à d'autres comme ceux-là, et j'étais prêt à leur faire payer. Je murmurais des jurons à l'encontre du gang avant d'enfin débiter une idée intelligente.

- Vous pensez que c'est grâce à cette énergie, cette magie, qu'ils alimentent les antennes de contrôle et brouilleuses d'ondes psychiques ? Et du coup aussi, tout le reste du complexe. Donc... si on l'arrête ou le détruit, plus de sécurité, plus de main mise dans l'entièreté des Bois Hurlants... et plus de Pokémons qui souffrent de l'Humain qui les instrumentalise... Maintenant, plus qu'à se la jouer discret pour y parvenir.

  J'avouais que je n'étais pas tenté de détruire le bloc centrale. J'étais un inventeur, les technologies me passionnaient, j'étais capable de créer n'importe quoi avec trois fois rien alors imaginez avec autant de matériaux, une infinité de possibilités !
 J'entendis ensuite les directives de Lise, que j'écoutais évidemment avec attention. J'allais me la jouer tranquille. OK, j'avais dit que je voulais briller... mais j'allais devoir attendre. La patience était l'une des clés qui nous permettraient de sortir de cet endroit, je ne pouvais pas me précipiter. J'avais déjà frôlé la mort et j'avais entraîné tous mes compagnons dans ma chute, je ne pouvais me permettre de recommencer. J'attendrais juste le bon moment pour frapper. Nous frapperons intelligemment ensemble.


- J'ai Tarsal, j'ai un type Psy ! Par contre, nous devrons trouver un moyen de libérer ces Pokémons... c'est atroce de les voir dans de telles conditions.

J'avouais aussi être super touché par ce que je voyais, c'était atroce. Je ne pouvais m'empêcher d'imaginer Kyora dans ces cages à leurs places... j'étais obligé de leur venir en aide.

Ensuite, Lise glissa le badge dans l'emplacement prévu à cet effet et la porte s'ouvrit à minima, une légère lumière apparut à cet effet au niveau du sas et un à un, nous traversions. Plutôt rapidement, pour ne pas que la porte se referme sur nous. En chuchotant, je m'adressais à l'assemblée.


- On devrait former des petits groupes, ça serait peut-être plus simple... Comme ça, on aura moins de chance de se faire avoir.

 Cependant, malgré l'accord collectif, quelques sbires commençaient à rappliquer, faisant tranquillement leur ronde, nous forçant à nous disperser de tous les côtés pour ne pas être découverts. Je me faufilais dans les allées, collé aux murs, m'enfonçant dans le côté "réserve de matériel" avec des murs et des rideaux en tissus pour les ouvertures. Mes pas semblaient avoir attirés un sbire, tellement j'étais doué. Mais ça, vous le saviez déjà. Mais le pire restait à venir. La réserve ressemblant à une salle moyennement grande avec des blocs d'immenses armoires au milieu, ce qui formaient des îlots auxquels se cacher autour.
Je tournais autour des îlots de la Réserve, désireux de berner le sbire. Je le faisais tourner en bourrique dans la réserve. Je l'entendais pester "Putain, encore un petit Molosse ou un truc du genre... Va falloir que je le capture pour les Patrons ! Raaaarg !", alors qu'il faisait des tours dans la Réserve. Je me glissais alors entre deux îlots d'armoires pour inspecter de plus près mon homme. C'était un type à la coupe au bol, bleu turquoise, je dirais même bleu-vert, au teint blanc, et aux yeux de la même couleur, portant un uniforme sombre, se partageant entre les teintes non considérées comme des couleurs au sens artistique, avec une lettre en or sur le torse et un logo stylé derrière.
  Kyora sauta de mon épaule et s'amusa à faire voler plein d'éléments un peu partout de manière incontrôlée à cause de ses Chocs Mentals et elle fondit entre les étagères afin que le sbire perde sa place. L'attaque fut suffisamment bien placé pour que cela ait l'air d'un coup de vent, normal ou anormal, par le biais des trous dans le plafond ou dans la bâtisse du complexe abandonné. Par ailleurs, il fut rapidement désorienté même s'il parvint après un certain temps à retrouver sa trace. Cette diversion me permit de récupérer une casserole rouillée, sans que cela ne soit remarqué.
Puis, ma marche furtive m'emmena juste à côté du sbire. Finalement, nous formions l'angle, moi entre deux îlots et lui sur les allées principales de la pièce. Je n'en étais pas spécialement fier mais je brandis la casserole et je tapais avec. Sans un bruit, il vacilla et son corps s'effondra.
  Avant que son corps ne s'écrase et que les parties métalliques de sa combinaison ne résonnent, je le portais pour le faire échouer en silence. Puis, veillant à ce qu'il soit bien assommé - malgré le léger filet rouge qui tâchait ses cheveux turquoise -, je me pris alors de le déshabiller. Kyora revint vers moi, sans même que je puisse l'entendre et m'aida à retirer l'uniforme et l'enfiler par dessus mes vêtements en évitant le plus de bruits possibles. Ensuite, je pris le corps que je plaçais dans l'armoire la plus au fond, en bas, sous une pile de rouleaux d'affiche et de feuilles dans l'idée de le cacher.
Je rangeais ma cape dans mon sac à bidules à contre-cœur, mais je ne pouvais la garder au-dessus mon uniforme... les sbires n'avaient pas d'accessoire, tout était bon pour les déshumaniser en les conformisant.

 Une fois ceci fait, je me dirigeais vers la sortie de la Réserve... avant de palper mon corps, principalement les poches de l'uniforme pour y repérer ce que j'y cherchais : son badge, et pour récupérer le bâton-taser du sbire. Puis, je sortis calmement, d'abord en longeant les murs par sûreté. J'espérais pouvoir rapidement retrouver une tête familière, je n'étais pas spécialement rassuré. Quel était la suite du plan ?