Je m'étais réservée une journée de repos avec mes pokémons. Nous étions rentrés, exténués, la tête remplie de mille choses et à la fois vide.


Cet événement, certes, nous avions sauvé Lumiris, mais il m'avait laissée davantage vide à la sortie qu'à l'entrée. J'étais celle qui avait le moins été touchée. Avais-je fait exprès ? Avions-nous réellement un traître parmi nous ?


Si c'était un des trois autres, il était trop faible physiquement pour réagir, si j'étais dans l'état de la personne en question et que j'étais blessée, il en aurait certainement profité.


Non, c'était voulu pour nous embrouiller, comme la première fois où je m'étais faite avoir.


Ma nuit fut courte, naturellement, elles l'étaient toutes, mais là, j'étais trop pensive et énervée. Comme si j'étais restée sur ma faim. Comme si je n'avais pas réponse à toutes mes questions ; c'était le cas.


Le lendemain, c'était avec détermination et assurance que je rentrai sur le territoire de Capucine, son arène.


« Mes chers pokémons, je vous ai quémandés hier. Maintenant, j'ai davantage besoin de vous aujourd'hui. »


Pour m'accompagner, Gardevoir était derrière moi, semblant énervée aussi. J'avais mes pokémons dans mon petit sac sur le côté, entre l'accoudoir et moi. Mon bleu me tirait mais rien de bien important, l'adrénaline commençait déjà à jouer.


« Capucine Alambra, championne de type Glace, je demande à vous voir immédiatement et à vous expliquer quant à vos agissements concernant les salles de réacteur. »


Gardevoir ouvrit les portes grâce à ses pouvoirs psychiques. Nous avançâmes légèrement. J'avais un regard déterminé, et froid.


Une grande discussion allait avoir lieu.


Je sentais mes pokémons réagir dans leur pokéball, comme s'ils voulaient tous sortir. Mais je n'étais pas là pour mettre à feu et à sang son arène, son lieu de vivre, l'habitation des pokémons.


Sauf si elle ne me laissait pas le choix ou surtout, si elle m'attaquait.

Tout va mal. Tout va toujours mal. Dès que j’approche de quelque chose, tout s’écroule. Je détruis systématiquement ce que j’approche. Léonard ? Je le maltraite en voulant le protéger, je tue pour protéger mon bébé. J’ai vu dans son regard quelque chose de différent quand il a su, quand je l’ai dit.

C’est moi qui ai tué ce mec.

Cette phrase me semble tellement horrible maintenant. Mais c’est ce que j’ai dit, ce que j’ai fait et ce que je suis. J’ai tué. Plusieurs fois. De sang-froid. Je ne regrette rien de ces meurtres. Je n’y ai pris aucun plaisir. J’ai fait ce que je devais. Alors pourquoi, est-ce que je me suis senti coupable quand il m’a regardée ? Pourquoi est-ce qu’ils ne comprennent pas que c’était nécessaire. Je devais le faire.

Tout est trop compliqué. Emmitouflée dans un gros manteau, je me cache dans la réserve. Cela fait plusieurs heures que je suis entourée de Pokémons Glace, qui refroidissent l’air. Le froid est agréable. Le froid me fait sentir vivante. Avec eux, c’est simple. On cherche à manger et un abri. C’est tout.

Mais je ne peux pas vivre comme eux, ni avec eux. J’ai quelqu’un sur qui je dois veiller. Et ce quelqu’un ne peut pas vivre ici. Il sera plus heureux ailleurs. Et certainement sans moi. Mais je ne peux me résoudre à cette idée. Et si je changeai pour lui ?

Avec ses pensées, je retourne à l’arène sur le dos de Pouiky. Sur le chemin, je découvre des traces de pas dans la neige du chemin. Elles sont assez fraîches, sans mauvais jeu de mot.

A force de vivre dans la forêt, j’ai appris à lire des traces. Ça a pris du temps, mais maintenant, je peux affirmer que cette personne est venue il y a bien vingt minutes et qu’elle n’est redescendue.

Et qu’elle est en fauteuil roulant. Et que je sais qui c’est. Mais pourquoi est-ce qu’elle vient. L’arène est fermée pour l’instant, avec l’accord de la ligue. Alors qu’est-ce que me veut… euh… l’autre là. Il n’y a rien à voler dans l’arène, ni dans ma maison. Et venir chercher un abri ici serait absurde.

Je rappelle Pouiky une fois aux abords de l’arène et pénètre sans un bruit par la porte de derrière, celle de ma maison.

Qu’est-ce que tu fais là ? L’arène est fermée. J’accueille plus personne pour le moment.

On ne voit pas mon petit ventre sous mon gros manteau. Petit… pas vraiment, ils commencent à devenir imposants. Et ça ne va pas s’arrêter. Moi, en revanche, je vais devoir m’arrêter bientôt. C’est la mère de Leonard qu’il l’a dit. C’est pour le bien du bébé.

Je regard froidement la fille en fauteuil roulant alors que l’arène semble s’animer de petit cliquetis invisible alors que la horde de Farfuret de Vitia, ma Dimoret rentre avec moi. Impossible de les voir, ni de savoir où ils sont.

J'attendais. Nous attendions. Elle se moquait de moi.


Connaissant le peu de caractère que j'avais vu -et c'était largement suffisant-, je savais qu'elle se moquait de moi, tapie dans sa glace. Je n'avais pas froid, je m'étais habillée en conséquence.


Gardevoir se retourna et je la suivis, Capucine n'était pas là... ?


Je secouai la tête, et mes bonnes manières n'allaient pas partir car j'avais fait tout de même une petite révérence, par respect.


« Vous fermez votre arène pour quelle raison ? Où étiez-vous, il y a quelques jours ? Vous êtes déçue de voir que nous avons défait votre Méga-Blizzaroi ? Que vous n'avez pas réussi à nous battre ? »


Pourquoi je me mettais à douter ? Bien sûr que c'était sa faute... Enfin... Je...


Je secouai la tête, Gardevoir ne semblait pas réagir. Pourquoi ?


Je me questionnais tellement... Comme si j'allais regretter de venir ici presque par intrusion -même si je ne comptais rien voler-. Et cette intrusion n'allait pas finir en belle amitié comme j'eusse connue, une amie chère à mes yeux désormais.


« Pourquoi vous faites comme si de rien était ? »

Pardon ?

Elle commence déjà à me saouler celle-là. Elle squatte mon arène et m’assaille de question.

De quoi tu parles ? Mon arène est fermée avec l’accord de la Ligue pour des raisons qui ne te regardent pas. Je n’ai pas de compte à te rendre. Je ne fais pas comme si de rien était parce que tu es chez moi à t’occuper d’autre chose que tes affaires et que dans cinq minutes, et je suis gentille, il te faudra plus qu’un fauteuil roulant pour rentrer chez toi.

Je serre et desserre mes poings. Il faut que j’aille aux toilettes en plus. C’est insupportable.

Qu’est-ce que tu racontes à propos de Frost. Je ne sais pas qui est ce nous, mais si vraiment j’avais envie de vous défoncer, je n’aurai pas envoyé juste Frost. Tu me prends pourquoi ? Un supervilain de film ? Je vous aurai envoyer au moins la moitié de mes Pokémons pour être sûr. Un Pokémon… N’importe quoi. Alors, voilà ce qu’on va faire. Tu vas gentiment t’excuser.

Respire Capucine, pense au bébé. Ce n’est pas bon pour lui.

Et maintenant tu vas t’expliquer. J’ai eu une longue journée et une très mauvaise croisière qui était censée être paisible. Je n’ai plus de patience et… Je claque des doigts et une agitation se fait sentir dans l’arène. Les protecteurs de l’arène non plus.

Elle marquait un point... Ça m'aurait aussi étonnée qu'elle ne fît appel qu'à UN pokémon, étant donné son armée. Mais cela n'expliquait pas pourquoi c'était comme par hasard un Méga-Blizarroi, chromatique, ressemblant fortement à celui de Capucine.


Mais mes traits ne changèrent pas, je regardai Capucine, et avec l'expérience, il y avait un truc qui la tracassait. Était-elle coupable ?


Et je clignai des yeux, croisière ?


« La croisière ? Celle qui est partie de Lumiris ? Vous... Vous étiez dedans ? »


Impossible. Mais... Sauf que la menace qu'elle tenta n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde. Gardevoir plissa le regard.


« Si vous voulez que ce lieu devienne un violent affrontement, ne crois pas que je baisserai les bras. Et ne me menacez pas. »


Gardevoir regarda autour de nous, sentant effectivement des présences.


« Expliquez-moi comment vous avez pu être dans la croisière alors que vous... »


Je venais de me rappeler quelque chose.


« En demande-je trop de voir Frost en méga-évolution ? »


Si c'était bien lui, il aurait encore de minces séquelles des attaques Feu qui l'avaient mis hors d'état de nuire.

t’es sourde en plus d’être suicidaire ? Oui, la croisière qui est parti de Lumiris. T’en connait beaucoup des croisière qui a invité les champions d’arène et autres danseuses. Et oui, si tu as oublié, je suis champion d’arène.

Je regarde autour de moi en ouvrant les bras, avant de les rabaisser rapidement en me rappelant ce que j’expose en faisant ça.

est-ce que tu as oublié où on est ? C’est une arène ici. La mienne. Les lieux ne craignent pas le combat et moi non plus. Et pour mémoire, c’est toi qui me menaces ou accuse sans raison. Et ne joue pas à ça. Tu n’as clairement pas le niveau pour essayer d’attaquer cette arène. De plus gros adversaires s’y sont cassés les dents.

Le ton ne peut pas continuer à monter. Ça va finir par exploser un moment où l’autre et ça va me causer des ennuis. Parce que l’autre est handicapée, alors va falloir y aller pour convaincre qu’elle est entrée chez moi par effraction et m’a agressée sans raison.

Et je comprends pas ce qu’elle veut.

Alors que quoi ? Je crie. C’est simple, je suis championne et on remet toujours ma place en question. C’est quoi le problème. Je fais trop jeune ? Je suis trop bête ? C’est pas ma faute et j’ai travaillé pour être ici. Je suis championne à part entière et j’ai fait plus pour la région que bien des champions. Ça suffit de me remettre en question sans raison. Et non, tu ne peux pas voir Frost, parce qu’il est je ne sais trop où dans la forêt à s’occuper des Blizzy nouveaux-nés et Cadoizos. Qu’est-ce que tu me veux à la fin ?

Son arrogance, sa froideur, ses provocations...


Pourquoi ?


« Je ne crains pas le combat aussi. Mais je ne m'amuserai pas à le faire inutilement. »


Je pris une longue inspiration, tout était suspect, comme par hasard. Son pokémon n'était pas là, elle voulait que je m'en allasse, elle ne voulait pas répondre à mes interrogations -bon, cela était normal en soi-.


« Je vais essayer de m'exprimer clairement, alors aucun détournement, pas d'interruption, je vous prie. Bien, j'étais à Voltapolis, je suis allée avec un petit groupe dans une des salles des réacteurs. Là-bas, nous avons affronté un Méga-Blizzaroi chromatique ressemblant parfaitement au vôtre, et vous étiez cachée derrière un masque. Même taille, mêmes cheveux, mêmes gestes... sauf que vous n'avez pas parlé. Et là, je viens en ce jour, vous fuyez mes questions, votre pokémon n'est pas là, vous me menacez, comme si j'avais raison. Alors je vais demander dans un geste désespéré ; étiez-vous réellement sur cette croisière ? »


Je me sentais bête, la chevelure d'un Zoruark était réelle ? Je voyais flou, pourquoi j'hésitais soudainement... Mais au moins, elle me retirera mon scepticisme.

Inutilement ? C’est toi qui viens chercher le combat. Et tu es dans une arène ici. Sache qu’on se bat toujours pour rien ici.

Certains argumenteront qu’on vient récupérer un badge, de l’expérience ou autre. Mais tout ceci est inutile. Si on veut apprendre à se battre, on va dans des dojos ou des lieux fait pour. Ici, on ne fait que se battre pour se battre, même si on en tire un enseignement, ce n’et pas la finalité du combat.

Et voilà l’autre qui décide enfin à s’expliquer. Et… je m’en fous de sa vie en faites. Sa petite vie de pseudo héroïne. Elle veut quoi une médaille ? Si j’ai bien compris l’histoire de la centrale, les gars y était tellement peu puissant qu’ils ont tout fait pour envoyer les champions sur la croisière pour avoir le champ libre. Et quand on voit les dégâts causés, les sauveteurs restants n’ont pas été les plus efficaces non plus. Et tout s’explique quand on voit qui on a envoyé. Une handicapée. Génial.

Incroyable.Je lâche. Tu as eu le temps de mesurer la femme masquée et tu me connais si bien que tu pourrais reconnaitre mon Blizzaroi entre mille.Le ton est sarcastique. Bien sûr que j’étais sur cette putain de croisière. C’était sensé être un moment de détente. Tu parles. Le doyen est mort, sa débile de petite fille joue les dictateurs, menace tout le monde. On me menace avec une arme à feu. On manque de tirer son mon bébé. L’autre connard de Narcisse trahit tout le monde et l’autre connasse de Meira lui fait plus confiance qu’à moi. Et elle, personne ne l’emmerde. Mais ouai, ta raison j’ai préféré aller à la central, vous laisser battre mon Blizzaroi et… Qu’est-ce que j’ai fait après ? J’ai disparu ? Est-ce qu’on a trouvait ce que j’ai volé exactement ? Ou détruit ? C’était quoi mon motif ? Faire un frigo géant ? Est-ce qu’il n’y a pas un détail qui t’aurai échappé, inspectrice stupidité ?

Il était très difficile de ne pas garder son sang-froid. Sincèrement. Elle marquait des points au fur et à mesure qu'elle parlait.


Et je ne souhaitais pas me battre.


Gardevoir commença immédiatement à créer une sphère noirâtre dans une de ses mains mais la fit disparaître quand je levai la main.


« Stop. Je suis franchement surprise d'apprendre que vous étiez effectivement sur cette croisière. Vous relevez des points positifs constamment, et êtes assurément exempte des suspicions que j'avais créées. Peut-être me suis-je trompée. Peut-être que cela mérite des excuses. Peut-être ne suis-je qu'une stupide enquêtrice. Vous avez toutes les raisons du monde de m'en vouloir d'être ici. Vous avez eu des séquelles mentales, principalement suite au fait que vous êtes enceinte et que l'inquiétude liée à votre futur enfant est maternelle et donc grandissante et gargantuesque. Mais si je peux me permettre, je n'aimerais pas être l'enfant qui va naître si vous ne changez absolument pas de caractère et manière d'être. »


Depuis quand je disais des choses ainsi ? Je n'allais pas m'excuser, au lieu de m'expliquer calmement, elle devait me prendre de haut et me traiter de tous les noms possibles et ensemble me menacer sauf que je n'allais pas fuir.


Je voulais éviter le combat mais cela risquait de changer, mes pokémons remuaient dans leur pokéball dans mon sac.

Ah ! Voilà qu’elle fait preuve de bon sens. Je sens bien qu’elle rechigne un peu à me donner raison. Mais tout le monde fait ça. On n’aime pas quand j’ai raison. Bon, elle n’est pas non plus super direct. C’est toujours peut-être qu’elle a tort. Non, elle a tort, c’est tout. Mais je ne vais pas le relever. J’ai des choses plus intéressantes à faire, comme trier mes chaussettes.

Je l’écoute tout de même finir son discours. Et mon cœur se sert. D’abord de colère. Mais de qui elle se mêle ? Je n’arrive pas à garder mes pensées claires. De quoi un choc psychologique. J’ai vécu des choses bien plus affreuses, seule. Mais justement, j’étais seule ces fois-là. Rien que moi et Vulca, mais j’étais la seule en danger. Vulca aurait pu se défendre. Sur la croisière, tout aurait pu mal tourner. L’homme aurait pu tirer, me frapper dans le ventre. Moi survivre et pas mon bébé. L’horreur de mes actes qui m’empêche de dormir et me hante la nuit depuis la croisière vient me prendre le cœur.

Je n’ai peur de rien. Je n’ai jamais eu peur de rien. C’est ce que je me suis toujours répétée, même après avoir pleuré à cause d’un petit début d’incendie sans importance. Même quand la plus petite flamme me tétanisait. Maintenant c’est fini ça. Mais la réalité, c’est que je suis terrifiée. Terrifiée à l’idée d’être mère et responsable d’une autre personne.

Je… je… Mes yeux s’embuent de larme alors que je bégaye. Je ne te permets un jugement pareil ! Je crie et fond en sanglot. Toujours debout, dos au mur. Je ne te permets pas de dire que je serai une mauvaise mère.

Mais je le serai. Comme je suis une mauvaise copine pour Leonard. Toujours méchante avec lui, à me moquer à le rabaisser. A le frapper. Mais c’est pour le rendre plus fort. C’est ce que je me répète et dans le fond c’est vrai. Mais c’est aussi parce qu’il est mieux que moi, comme tout le monde et que j’essaye de le rabaisser à mon niveau.

Je ne te permets pas. Je serai une bonne mère. Moi, je serai toujours là. Toujours là pour lui. Il n’aura jamais rien à craindre. Il ne manquera de rien. Il ne sera jamais seul. Jamais.

Je glisse contre le mur, ma voix de moins en moins forte comme pour me convaincre, mais de moins en moins sûre de ce que je disais.

Autant je pouvais m'attendre à une réaction du type, elle me frappait au visage, elle me poussait, ses pokémons attaquaient, mais rien de cela, pas même une menace ou une tentative.


Elle réagissait encore en tant que mère. Désormais, ses réactions et ses dires visaient son statut de mère avant le statut de femme ou petit-amie. Je plissai le regard légèrement, avais-je abusé de mes mots ?


« Vous vous inquiétez énormément de votre enfant. Je ne suis pas maman, je ne peux pas aider et ce serait hypocrite de ma part de donner des conseils. Mais il est encore temps de réagir. Vous avez un homme qui vous aime, des pokémons qui sont vos gardes du corps naturels sans que vous leur disiez quelque chose. »


Mes pokéballs avaient arrêté de bouger, Gardevoir reprit un air plus calme, elle ne se moquait pas. Je ne rabaissais pas à la moindre occasion, moi.


« Mais à vous entendre, vous partez sur la bonne voie. Vous sur-protégez votre futur enfant. »


Depuis quand j'étais devenue psychologue aussi ? Je parlais probablement trop mais je rattrapais mes paroles en lui faisant comprendre que je n'étais non plus une méchante femme qui lui voulait du mal. J'avais été franche et crue... mais au moins ça la faisait réfléchir.

Et si je n’arrivais pas à tenir ma promesse. Si quelque chose m’arrivait ? Pire. Et si mon bébé ne m’aimait pas, et qu’il me rejetait. Qu’est-ce que je pourrais faire ? Il sera seul dans ce monde. Je ne veux pas qu’il finisse comme moi, à découvrir trop tard qu’on peut être heureux avant d’être utile.

Toute cette peur qui me broie tous les jours un peu plus se libère. J’ai peur de ne pas être à la hauteur, comme dans tout ce que j’entreprends. Je ne suis pas une bonne championne, trop froide, trop sévère, trop reculée. Je ne suis pas une bonne serveuse, je ne suis pas une bonne petite amie, et malgré les affaires que j’y mets, je ne suis même pas capable d’écrire et lire correctement. Qu’est-ce qui fera que je serai capable d’être mère.

Le ton d’Iris change radicalement, mais ses paroles ne font qu’insinuer plus de doute encore.

Mais est-ce que c’est une bonne chose ? Et est-ce que c’est vraiment ce que je fais ? Dans la croisière, je me suis battue, en me mettant en danger et lui aussi, alors que j’aurai pu tranquillement rester sur le côté et espérer que ça finisse bien. Et tu ne peux pas me donner de conseil, mais manifestement personne ne le peut. La mère de Leonard essaye, mais ce qu’elle me dit me parait tellement abstrait. Et regarde-moi. Je vis au milieu d’une forêt enneigée et sauvage. Est-ce que c’est bon pour un enfant ? Mais alors où vivre ? Je ne sais pas.

La colère commence à revenir. Je ne supporte pas ne pas savoir, passer pour une fille fragile et dans le besoin. Ma voix devient dure de nouveau.

Et personne ne sait. Et… et… j’ai peur.

Je me demandais honnêtement si énormément de personnes avaient pu voir cet aspect de la championne Glace ? Non. Elle avait mauvaise réputation et j'avais compris pourquoi. Mais la voir ainsi... j'avais presque pitié. Comme si elle gardait énormément de choses pour elle.


« … Sauf votre respect, vous ne pouvez pas vous permettre de rester sur le côté, vous auriez été proie à être attaquée aisément. Cette vision est trop utopique quand nous mentionnons les Mistral. »


Je n'osais pas faire un geste affectueux, je restai proche d'elle mais sans geste tendre.


« Il n'y a pas de norme, ce n'est pas parce-qu'un enfant sera élevé dans les montagnes qu'il sera moins intelligent qu'un enfant élevé dans des zones rurales. Tout est influencé à quatre-vingt-quinze pourcents par l'éducation des responsables légaux, en l'occurrence, vous-même et votre homme. »


Je remis des cheveux en arrière.


« J'ai appris qu'énormément de choses sont apprises sur le moment, même avec des conseils de votre belle-mère, vous aurez vos propres choix, vos décisions, vos faits qui vous sont propres. »


Lire et avoir du bon sens m'aidaient énormément à ce moment-là car je n'avais pas énormément parlé de ce genre de choses avec mes parents alors...

C’est à peine si j’entends les paroles d’Iris. Je ne sais pas ce qui m’arrive. Je crois que c’est ça une crise de panique. Impossible de me calmer. Impossible d’arrêter de pleurer. Ma respiration se fait saccadée. Je me vois abandonner mon enfant, je me vois le blesser. Pire, je vous Leonard nous abandonner. J’imagine des scénarii plus terrifiants les uns que les autres. Il faut que je me ressaisisse, que je trouve quelque chose à quoi me rattacher. Des crissements se font entendre autour de nous et c’est cela qui me fait revenir.

Ma respiration se calme. Elle doit se calmer sinon les Farfurets de Vitia vont attaquer Iris en pensant qu’elle m’a fait du mal. Je me redresse et la regarde. Ses paroles m’arrachent un sourire mauvais, ironique.

Mes faits et mon influence ? Mon souffle est plus régulier et ma voix cesse peu à peu de trembler. La méchanceté reprend le dessus. Tu es donc définitivement stupide. En quoi est-ce rassurant de savoir que je vais influencer mon enfant ? Je ne suis pas intelligente mais je vois bien certaines choses.

C’est un aveu que je laisse échapper sans m’en rendre compte. Si j’étais pleinement honnête avec moi, j’avouerais que je suis même complètement débile. Malgré mes efforts, la lecture ne me vient pas facilement, et mon écriture manuscrite est une catastrophe illisible et ça c’est sans compter les fautes d’orthographes et de grammaires systématiques sur presque chaque mot. Mes connaissances les plus avancées sont sur les Pokémons glace, leur milieu de vie, le combat et les Pokémon Poison. Et je n’excelle réellement dans aucun de ces domaines. Je m’en sors juste par méchanceté et hargne. Je suis une ignorante et j’essaye de le cacher en vain.

N’essaye pas de me mentir. Je suis une mauvaise personne. La preuve est que tu es là parce que tu me crois capable de rejoindre ces salauds de Mistral. Aucune de mes décisions n’est fondée sur la gentillesse. J’ai tué ce gars dans la croisière parce qu’il m’avait menacé. Mais j’aurai pu simplement le neutraliser. L’assommer. Sa mort n’est pas un accident.

Je n’énumèrerais pas le nombre de personne que j’ai gravement blessé parce que je n’ai aucune confiance en la police. Je crois en la punition par l’exemple. Il n’y a pas de justice à mes yeux. Un crime, quel qu’il soit, doit être puni avec une telle sévérité que personne d’autre ne voudra refaire son crime. Alors quel exemple pourrai-je donner à un enfant.

Ma colère augmente à la place de mon angoisse. Cette colère tombe sur iris, alors qu’elle est complètement dirigée vers moi-même, mon père, ma mère, ceux qui n’ont pas été là pour m’aider et me guider. Puis elle s’écroule comme un soufflet devant une révélation.

Je suis un monstre. Ma voix est blanche. Malgré tous mes efforts pour rendre le monde meilleur, je ne fais que le rendre pire. On m’associe aux criminels que je combats sans raison valable. On me traite comme une enfant. Je ne suis l’égale de personne, toujours à part. Je ne devrais pas être là pour mon enfant. Il sera bien mieux s’il n’y avait que Leonard pour l’élever. Mais… je ne veux pas l’abandonner. Est-ce que ça fait de moi une égoïste ?

Je comprenais mieux... J'avais ouvert mes lèvres, j'avais hésité à répondre sèchement. Je la laissais finir. Et j'étais énervée de me dire qu'elle était entre deux caractères, le sien, et celui d'une future maman.

Quand elle finit, je la regardai. Gardevoir avait remarqué les mouvements soudains et plus agités des pokémons aux alentours.

« J'aimerais effectivement éviter une guerre ici... »

Me dis-je à moi-même avant de regarder Capucine. Même si j'étais souriante et avenante habituellement, je fermais mes traits et avais un regard plus sérieux.

« À la fois vous voulez m'écouter, à la fois vous m'envoyez balader, à la fois vous vous tourmentez. Vous êtes une personne indécise, la responsabilité vous fait, il semblerait, peur. Alors que vous tenez une immense terre glacée qui est un lieu de vie et contient votre arène. Vous avez dû tuer, je ne peux pas en dire autant mais j'ai volontairement blessé, des personnes. Au travers de mes pokémons mais je l'ai ordonné. Je l'ai fait pour ma survie et la survie de mes alliés. »

Référence à Mistral et une aventure avec Lise.

« Vous n'êtes égoïste car vous pensez à l'enfant avant vous. Mais vous fuyez. Vous fuyez votre enfant, votre responsabilité, votre futur. Vous vous en voulez d'être une personne détestable qui ne sait s'exprimer qu'avec de la vulgarité, de l'arrogance et de la mauvaise franchise ? Vous pouvez encore changer. »

Gardevoir était prête à agir, que ce fût envers Capucine ou les pokémons.

« Je n'ai rien à dire, mais c'est moi qui suis devant vous actuellement. Je parle en tant qu'humaine et personne. Si vous êtes incapable d'entendre ce que je veux dire, alors que j'essaie de paraître sympathique et avenante pendant que vous m'insultez, me preniez de haut, me rabaissiez. »

Je serrai les poings.

« Vous souffrez, c'est assuré. Et vous ne faites que continuer à tomber dans votre torture maternelle et torturée au lieu de remonter et faire face. Ça me surprend que vous perdiez aussi facilement... votre sang-froid. »

Mon esprit est en ébullition. Ce serait me répéter que de dire que je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. Cette pensée m’angoisse presque autant que de devenir mère. Je ne sais rien et je ne comprends jamais rien. Comment est-ce que je peux éduquer un enfant, m’en occuper correctement ? S’il est aussi intelligent que moi, sa vie sera un enfer, parce qu’il sera tout le temps dépassé par tout ce qui l’entoure. Et s’il est aussi intelligent que son père, qu’est-ce qu’il pensera de moi ? Qu’est-ce que je pourrais lui apporter.

Les paroles d’Iris éveillent en moi des sentiments contradictoires. D’un côté, je crois qu’elle a raison, mais de l’autre, je suis sûre qu’elle a tort. Je ne veux pas entendre ce qu’on dit de moi. Personne n’a le droit de me juger. Personne. Pas même Leonard. Car personne ne m’a aidé quand j’en avais besoin, personne n’a pris la peine de s’intéresser à moi, de s’inquiéter pour moi. Je suis seule et j’ai toujours été seule.

Dégage-toi. Dis-je doucement d’abord. Je ne veux plus la voir. Je ne veux plus voir personne. Va-t-en. Dis-je plus fortement. Hors d’ici. Dégage ! Je crie maintenant.

Elle vient m’accuser d’être de mèche avec Mistral et elle me retourne la tête, me faisant culpabiliser pour… je vais la tuer si elle reste plus longtemps.

Je sursautai soudainement en la voyant me crier soudainement dessus. Je fis signe à Gardevoir de ne rien faire. Non, elle était ainsi et mes paroles l'avaient faite réfléchir, apparemment trop.

« Merci au moins des réponses apportées et de m'avoir accueillie, même si ce n'était pas réellement le cas. Quoi qu'il en soit, je vous souhaite une bonne continuation. »

Je n'étais pas sarcastique, mais neutre. Je n'apportais aucun sentiment, ainsi, je pouvais paraître méchante pour certains, posée pour d'autres. Bref, je me retournai et nous commencions à partir alors.

Étant donné la posture tranquille de ma Gardevoir, je convenais alors que les pokémons de la championne ne comptaient pas nous attaquer. Effectivement, déclencher une bataille inutile, avec de fortes chances de détruire leur environnement naturel, ça ne servait à rien.

J'espérais néanmoins qu'elle prendra de bonnes décisions ; un enfant l'attendait.