Le membre 'Dusk' a effectué l'action suivante : Modération

---

'Chromatique' :

Sous les yeux des spectateurs, se déroule un évènement presque insignifiant mais pourtant bien poétique : les lanternes qui flottent au gré des vagues sont telles un miroir des étoiles dans la voûte céleste et seul le bruissement du vent accompagne le silence de la fraiche nuit d’automne. Il n’y a pas besoin de parler, simplement de contempler les humains rendre hommage à la nature, et la nature le leur rendre en sublimant leur rituel. L’obscurité ne serait qu’éphémère, tout comme la lumière des astres et la flamme des bougies qui flottaient sur l’eau. Tout comme le passage d’une créature mythique, qui ne quittait que temporairement son royaume cosmique pour se poser sur les flots, éclairé par les offrandes faites à la mer. Éphémère, tout comme le rêve du garçon endormi qu’il avait emporté avec lui, et déposé au pied des vagues et éphémère, comme le sommeil dans lequel il l’avait plongé avant de lui faire traverser le chenal. Les lumières colorées s’éloignaient du corps ensommeillé avec la marée descendante ; elles commençaient un long chemin, là où celui de l’enfant venait de se finir ; elles allaient illuminer d’autres rêves alors que lui, n’allait pas tarder à s’éveiller.


Brille brille petite étoile,
Dans la nuit qui se dévoile
Tout là-haut au firmament,
Tu scintilles comme un diamant.

Brille brille petite étoile,
Veille sur ceux qui dorment en bas.


Ce que j’ai vu lorsque j’ai ouvert les yeux, ce n’était pas une étoile filante, j’en suis certain. Je l’ai vu s’élever vers les cieux, majestueux malgré son âge vénérable, il filait au loin, loin des hommes, loin des curieux, loin de moi aussi. « Merci » avais-je murmuré à son attention. « Merci aussi » avais-je soufflé à mon petit maître-nageur, qui revenait à lui en même temps que moi. Les rêves que j’avais fait étaient les plus doux qu’il m’avait été donné de faire depuis l’accident. J’avais vu de si belles histoires que je ne pourrais pas les raconter sans leur faire perdre de leur éclat.

J’ai fermé une nouvelle fois les yeux, pour me promettre de ne pas oublier ce que je venais de voir, de me souvenir de cet instant précis. Quand la nuit est tombée, qu’il fait froid, que je suis trempé jusqu’aux os, il y a toujours au moins une chose merveilleuse qui plane non loin …
Il avait beau être déjà tard, il était grand temps pour moi de me lever : j’avais dormi longtemps auprès du dragon protecteur et je n’avais aucune idée de l’endroit où je me trouvais à présent. En pleine nuit et trempé, je n’allais pas offrir de beaux remerciements à l’être céleste qui m’avait sauvé la vie…

En m’aidant de mes bras, je me mis debout sur mes deux jam- AÏE ! Sur une jambe et demie plutôt, car ma cheville droite était terriblement douloureuse. Je ne m’étais pas rendu compte que c’était aussi douloureux dans l’eau, mais une fois sur la terre ferme, il était difficile pour moi de m’appuyer dessus. Alors en attendant de faire quelque chose, je me tenais en m’appuyant simplement plus fort sur l’autre, qui s’enfonça alors un peu plus dans le sable.

Sur la mer, je voyais des dizaines de veilleuse voguer au gré des flots : quelqu’un avait déjà remercié Draïeul … Je souris, en espérant que, de là-haut, il admirait la mer comme les humains admiraient le ciel et les constellations. Bonne nuit Draïeul, je n’oublierais pas votre aide.

Le spectacle était époustouflant, mais Mustébouée, en tirant sur mon bras me ramena à des considérations plus pragmatiques : nous ne voulions pas attirer les Bacabouh vers moi, ni tous les autres pokémons que l’on pouvait croiser sur une plage inconnue au beau milieu de la nuit et je m’en retournai alors, boîtant le long de la berge en retenant mes gémissements. Mes pieds s’enfonçaient dans le sable et, lorsque c’était sur ma jambe droite que je devais me supporter, j’avais du mal à pousser dessus pour faire le poids suivant. Les traces de mes pas dans le sable reflétaient bien mes claudications : il était clairement visible que je trainais la patte que m’avait brisée le chasseur qui s’en était pris à moi. J’avais vu une lumière plus loin, et, à l’instar d’un bateau ayant repéré la lueur d’un phare, je me dirigeais dans sa direction sans même avoir pu apercevoir la moindre silhouette derrière.

Le membre 'Dusk' a effectué l'action suivante : Modération

---

'Chromatique' :

À chacun de mes appuis je retenais une complainte en sifflant entre mes dents. Bon dieu que cette bestiole m’avait mal ! Heureusement que la plage n’était pas déserte, j’avais un espoir de pouvoir compter sur la bonté d’un illustre inconnu pour m’aider à rejoindre la ville qui ne devait pas être bien loin. L’île sur laquelle se trouvait Port-Corail n’était pas si grande et je me voyais déjà être arrivé dans un lit confortable et douillet, tout cela était presque derrière moi ! Tout comme l’envie de passer aux toilettes est de plus en plus pressante lorsque l’on s’approche de la porte, je commençais à avoir vraiment besoin d’arrêter de marcher sinon, j’allais m’effondrer et devoir finir à cloche-pied.

C’est seulement lorsque j’arrivai trop près du promeneur et de sa lanterne que pour pouvoir espérer m’en cacher sans qu’il ne m’ait vu que je me fis une réflexion qui aurait dû caresser plus tôt mes pensées : à cette heure-ci, sur une plage vide et sombre, pouvait-on vraiment faire confiance à un étranger pour aider une personne en danger ? C’était trop tard pour penser le contraire de toutes façons : je l’avais vu, il m’avait vu et il avait vu que je l’avais vu…

Je claudiquai donc jusqu’à lui, en faisant mine de rien mais, malgré mes efforts, ma démarche trahissait ma jambe blessée. Une fois face à sa silhouette, j’essayais de l’observer : c’était un garçon, pas très grand mais il me dépassait tout de même. Il n’avait pas encore parlé et moi, j’étais un petit peu essoufflé ; même si je m’étais reposé, j’avais passé ma journée à nager contre le courant, échapper à des monstres marins et boîter dans le sable m’avait rapidement rendu haletant.

« Bonjour... » avais-je glissé dans un souffle épuisé. « J'ai besoin d'aide.»

J’aurais dû dire bonsoir, il faisait déjà nuit après tout ! Et puis j’aurais peut-être dû expliquer ce que je faisais là, à me promener en plein milieu de la nuit, trempé et éreinté sur une plage déserte, cela l’aurait sûrement encouragé à m’expliquer lui aussi ce qu’il faisait avec sa lanterne sur cette même plage déserte !

Étrangement, mon inquiétude avait rapidement cessé de se porter sur celui qui se tenait face à moi et dans la lumière pour se reporter vers l’ombre qui m’observait au cœur de la nuit. Ses grondements étaient menaçants et son regard me glaçait le sang ; il rôdait, guettait et se tenait prêt à bondir cela ne me rassurait pas du tout.

« C’est … C’est votre pokémon n’est-ce pas ? Il ... il ne mord pas ? »

Non bien sûr, sa mâchoire pouvait briser ce qu’il restait de ma jambe en un seul coup de crocs mais il ne mordait pas ! Je n’étais vraiment pas rassuré à l’idée qu’il puisse me sauter dessus mais j’espérais que, s’il était domestiqué, cela signifiait que si le seul autre individu sur cette plage n’était pas malveillant, Rouchon et moi n’avions plus rien à craindre. Car mon Mustébouée avait beau être vaillant, je doutais qu’après cette journée, il soit capable de tenir tête à un combattant aussi féroce que le canidé tapi non loin.

HRP:

Le membre 'Dusk' a effectué l'action suivante : Modération

---

'Chromatique' :

Le garçon à la lanterne était plutôt taciturne. J’avais engagé la conversation en espérant me montrer sympathique et qu’il ait envie de m’aider mais il avait à peine répondu en sifflant entre ses dents. Quant au chasseur nocturne qui trépignait derrière lui, il me confirmait indirectement qu’il était bel et bien, et heureusement, apprivoisé. Je n’arrivai simplement pas à concevoir l’idée qu’une créature de son gabarit puisse avoir peur d’un si petit Mustébouée : Rouchon était tout sauf menaçant ! Surtout à ce moment précis : nous étions éreintés, désorienté et moi blessé ; c’était plutôt à nous de nous montrer inquiets.

Avant même que je puisse protester que nous étions bien inoffensifs, il avait fait demi-tour pour se diriger vers la mer et y déposer la seule source de lumière de toute la plage. Je voyais au loin les autres lanternes qui s’éloignaient et je me demandais pourquoi il avait pris le soin d’envoyer autant de flammes sur l’eau. Comme je ne voulais pas le brusquer, je n’ai pas posé cette question : il avait l’air si concentré lorsqu’il l’avait fait qu’en expliquer la raison aurait probablement fait perdre la magie de ce petit rituel qui nous avait définitivement plongé dans le noir : il ne restait plus que la lune et les étoiles pour guider nos pas.

Par chance, l’inconnu s’était proposé à son retour pour me raccompagner vers la ville la plus proche en m’invitant à grimper sur son dos. Bien qu’un peu mal à l’aise à l’idée de lui demander de me porter sur une longue distance, la douleur lancinante qui remontait à travers ma jambe me criait de le laisser faire. S’il s’était proposé, c’était qu’il en avait la capacité non ? Je n’étais ni grand, ni bien épais et pour une personne un petit peu musclée, me porter sur son dos ne devait pas représenter un si grand défi. Le faire pendant longtemps et en marchant dans le sable, c’était déjà plus complexe…

La pointe d’humour qu’il avait laissé transparaître dans sa voix en m’annonçant que Yukan -que je supposai être son compagnon à quatre pattes- ne me mangerait pas si je grimpais sur ses épaules ne m’avait étrangement pas rassuré : j’avais déjà échappé à deux chasseurs aujourd’hui et risquer de me faire dévorer une troisième fois aujourd’hui ne faisait clairement pas partie de mes plans.

Rouchon ne voulait pas rentrer dans sa pokéball et préférait marcher à petit pas à nos côtés : il ne faisait pas plus confiance à Yukan que l’inverse et les deux semblaient se tenir à l’œil l’un et l’autre. Moi par contre j’avais passé les jambes de part et d’autre du dos de l’inconnu et je m’aidais de mes bras, encore ankylosé par l’effort, pour me tenir à lui et me maintenir le plus droit possible. Je voulais réduire ses efforts autant que possible.

En le serrant dans mes bras de la sorte, l’on aurait dit un Dodoala collé contre son arbre. Je pouvais sentir son parfum : une odeur qui n’avait rien d’artificielle. Il portait avec lui les effluves sauvages de la nature, comme si son chemin à travers la brousse s’était imprégné dans les tissus de ses vêtements et contre sa peau. C’est là que je réalisai que je ne le connaissais toujours pas et que, l’un pour l’autre, nous n’étions toujours que des étrangers. Je voulais mettre un nom sur cette odeur et sur le sentiment de sécurité qui m’entourait maintenant que j’étais monté sur son dos.

« Je m’appelle Ambroise. »

Avais-je soufflé, le moins fort possible pour éviter de lui percer les tympans : dans cette position, ma bouche était bien plus proche de son oreille et je ne voulais pas être désagréable. Je n’avais pas non plus formulé la question logique qui suivait, songeant simplement qu’il me dévoilerait son nom en retour.

HRP:

Le membre 'Dusk' a effectué l'action suivante : Modération

---

'Chromatique' :

« C’est joli Akari » avais-je murmuré, plus pour moi-même que pour le complimenter : ce n’était pas lui qui avait choisi comment il voulait s’appeler. C’était un prénom avec des sonorités plutôt douces, aussi agréable au palais qu’à l’oreille et que j’associai immédiatement aux étoiles qui avaient veillé sur mon sommeil.

J’avais beau faire des efforts pour peser le moins possible sur ses épaules, je sentais ma tête dodeliner et je devais me concentrer pour éviter que mes bras ne glissent et rester bien accrocher à son dos comme un petit Dodoala. D’autant qu’au-delà de la fatigue, c’était aussi la faim qui commençait à se faire ressentir et les borborygmes dans mon ventre étaient plus bruyants que ma propre voix.

Quand mon généreux porteur s’est penché pour me montrer quelque chose de l’épaule, je n’avais même pas regardé dans cette direction, trop occupé à me reposer sur lui et à lutter contre le sommeil. Ce n’était pas très grave, je n’avais pas eu besoin de voir de qui il parlait pour comprendre que c’était le surnom de Mustébouée qu’il voulait connaître.

« Il s’appelle Rouchon … Comme un bouchon, mais roux… »

Il ne voulait pas dire grand-chose ce surnom mais pourtant, il y avait beaucoup d’émotion dans ma voix. C’était un ami précieux et si j’étais encore en vie sur cette plage, c’était en grande partie grâce à lui. Je lui devais beaucoup, beaucoup plus qu’un simple petit surnom. Je devrais l’appeler mon héros ou mon ami mais aucune de ces dénominations ne lui convenait mieux que Rouchon : un petit bonhomme joueur et flamboyant.

« Et votre ami à vous Akari ? Comment il s’appelle ? »
Il ne m’avait pas confirmé que la bête l’accompagnait bel et bien mais comme il m’avait assuré que nous ne risquions rien, je supposais qu’ils devaient bien se connaître…

Le membre 'Dusk' a effectué l'action suivante : Modération

---

'Chromatique' :

La progression d’Akari, le garçon qui m’était venu en aide n’était pas simple : non content de devoir marcher dans l’obscurité et de devoir grimper la colline, il avait un poids mort sur les épaules. A chaque fois qu’il glissait, je craignais que nous ne tombions tous les deux et que, au lieu d’un blessé, nous devenions deux à devoir trouver de l’aide au beau milieu de la nuit. Heureusement, cela n’arriva pas : il savait ce qu’il faisait et parvenait toujours à se rattraper sans que je ne l’emporte dans une chute.

Je n’avais plus besoin de m’inquiéter désormais : j’étais entre de bonnes mains. Akari faisait de son mieux pour m’amener en lieu sûr et le terrifiant Yukan était de notre côté. Il rôdait, partait en éclaireur et s’assurait que notre épopée ne soit pas interrompue. Si quelqu’un voulait s’en prendre à nous, il devrait être sacrément courageux pour oser faire face au rôdeur.

La montée de la digue n’était pas simple mais, après des efforts admirables, nous étions enfin parvenus à son sommet. De là-haut, nous pouvions voir les lueurs de la ville briller dans la nuit. Nous n’avions franchi que le premier obstacle mais cela était déjà encourageant : maintenant, il fallait avancer la lumière lentement mais sûrement, en laissant le sable et la mer derrière nous. À cette heure, les lanternes devaient déjà être bien éparpillées et le dragon haut dans les cieux.

« Je peux essayer de marcher un peu sur le sol plat. »

J’aurais pu le proposer plus gentiment mais sur le moment, les mots étaient sortis tous seuls de ma bouche. Je ne voulais pas qu’Akari s’épuise à me porter plus longtemps qu’il n’en était capable. J’avais beau être léger pour un garçon, c’était une chose de m’amener jusqu’au bout de la plage, c’en était une autre de rejoindre Port-Corail et sa clinique… Nous avancerions peut-être un petit plus rapidement si j’avais quelqu’un sur qui m’appuyer quand je posais mon pied blessé au sol.

HRP: