Il fait beau, dehors, et tu décides donc de sortir, d’aller prendre l’air. Tu t’armes de ton carnet à dessin, tu enfiles un manteau et voilà que t’es à l’extérieur, n’ayant bien évidemment pas non plus oublié ton écharpe pour te prémunir du vent qui n’est plus si doux que ça à cette période de l’année. Heureusement, le soleil brille dans le ciel, ce qui rend la journée un peu plus agréable, assez pour que tu ais envie d’aller t’inspirer des décors de la ville dans laquelle tu vivais depuis quelques temps maintenant pour éventuellement poser le tout en peinture. T’es donc assise à l’extérieur d’un café, sur une table, un chocolat chaud reposant devant toi et ton carnet posé sur tes jambes tout en ne te souciant que très peu de ce qu’il y a autour de toi, concentrée sur les traits que tu poses sur le papier.

C’est donc pour cette raison que tu sursautes lorsqu’un pokémon apparaît devant toi. Sa présence fait aussi réagir Tomas, ton Statitik, qui reposait tranquillement sur ton épaule, dans ton écharpe, comme à son habitude. Il ouvre les yeux, agite ses petites pattes, alors que toi, tu regardes le pokémon faire, au début avec une certaine douceur. - Tu t’es perdu ? Un peu confuse, sachant qu’il est rare de voir un pokémon sauvage en ville. Ou, tout du moins, t’as pas souvenir d’en avoir croisé au détour d’un café.

Toutefois, et à ton plus grand désarroi, plutôt que de te répondre, le pokémon en question attrape la feuille sur laquelle tu dessinais depuis un petit moment pour la déchirer et la faire disparaître. Tu restes silencieuse, quelques instants, surtout surprise de ce qu’il vient de se passer, incapable d’articuler quoi que ce soit. Du moins, dans un premier temps. Parce que, l’instant suivant, t’es plus aussi calme, même que ta voix s’élève, perturbant le calme des autres clients de l’endroit. - Oh mais tu crois faire quoi toi ?? C’est quoi ton problème ?? Il en faut peu, pour t’énerver. Surtout ces temps-ci, t’es pas de super humeur lorsque t’es seule, parce que t’en reviens souvent à des pensées désagréables que tu préfères éviter. Alors tu t’énerves un peu plus rapidement, t’es un peu plus prompt à réagir sur le coup de l’émotion. Comme en ce moment.

Ton regard passe de la Mimiqui à la jeune femme qui vient d’apparaître, qui s’adresse au pokémon comme si c’était le sien. Sa dresseuse ? Tu penses. Et c’est pour ça que tu t’adresses directement à elle. - Hey, ça te tente pas d’apprendre à dresser tes pokémons pour éviter qu’ils fassent chier les autres ? Ça manque de classe, ça manque de tact, directement tu l’accuses. Normal que tu as envie de dire, c’est son pokémon qui vient de déchirer le dessin sur lequel tu y as mis du temps. - Sauf si t’es toute aussi mal élevée que ton pokémon ? T’es mécontente. Ça se voit. Ça s’entend aussi dans la façon dont tu siffles tes mots.

Elle s’excuse mais c’est pas vraiment ce qui t’importe. Parce que ses excuses ne te rendront pas ton dessin. Ses excuses ne changent pas ce qu’il s’est passé et, surtout, ne parviennent pas vraiment à calmer l’énervement que tu as senti monter en toi en voyant tes efforts réduits en poussières. Donc tu enchaînes sans trop te soucier de ses excuses, l’accuse autant elle que son pokémon d’être mal élevée, le ton plus sifflant, presque venimeux. Et ça ne va pas en s’améliorant alors qu’elle-même s’énerve. - Tu te fous de ma gueule ?! Elle a clairement fait exprès. Plus tranchante, semblant ne pas accepter la réplique. - Elle a surgi de nulle part et elle a déchiré ce que je dessinais, tu peux pas me dire qu’elle a pas fait exprès. Sauf si, vraiment, elle se foutait de ta gueule. Chose qui, décidément, ne semblait pas très bien passer avec toi.

Tu te montres presque dédaigneuse lorsqu’elle lève un doigt vers toi. Lorsqu’elle te menace. Parce que t’es bien des choses, Jade. T’es généralement gentille. Du moins, t’essaies de l’être dans la majorité des cas. T’es une fille marrante, une fille qui n’aime pas se prendre la tête. Une bonne vivante. Une fille qui aime rire. Mais pas maintenant. Parce que t’es aussi impulsive. Un peu trop émotive. Et t’as cette mauvaise manie de rapidement répondre aux provocations. - Ah ouai, et tu comptes faire quoi ? Continuer de me pointer du doigt ? T’es décidée à continuer de la chercher, parce qu’elle, elle t’a trouvé. Elle t’a rapidement trouvé, même. Deux phrases, un ton désagréable, et ce fut suffisant. - De ce que je sache, le problème ici, c’est ton pokémon de merde, pas moi, mais vas-y, continue pour voir. Toi t’as rien fait de mal. Enfin, maintenant si, parce que tu l’as un peu insulté mais, à la base, rien de tout ça n’est de ta faute.

Ou, tout du moins, c’est ce que t’aimes bien te dire. C’est bien évidemment pas parce que tu as mal réagi, parce que tu as réagi au quart de tour surtout, que t’en es arrivée là. C’est jamais de ta faute, de toute façon. Donc ça ne peut qu’être celle du Mimiqui.

Tu laisses entendre un rire jaune. Un rire presque mauvais et, surtout, terriblement sarcastique, lorsqu’elle tente encore de défendre sa Mimiqui. T’es pas de bonne humeur et ça se voit. Déjà que, ces derniers temps, t’es partagée entre différentes émotions conflictuelles, du genre qui t’empêchent de bien dormir, l’inconnue qui se trouvait devant toi a simplement eu le malheur de jeter de l’huile sur le feu. Et si tu aimerais dire que c’est rare que tu t’énerves, la vérité c’est juste que, d’ordinaire, tu préfères ne pas trop te prendre la tête. Mais pas aujourd’hui. Pas alors que tu avais eu envie de te détendre et de ne plus penser à rien, tout ça pour que ton travail soit gâché par une Mimiqui mal élevée. - Ah, donc tu vas me dire que le décor de ce café l’énerve ? Auquel cas, t’as qu’à la garder dans sa pokéball si elle ne sait pas se tenir. Parce qu’au final, c’était tout ce que tu avais dessiné, les alentours du café et ceux se trouvant ici et là sur les tables. Ceux occupés à vous regarder à l’heure actuelle.

Le regard levé vers celle qui te fait face, t’es presque certaine que ses menaces ne sont que des menaces dans le vent. Sans doute parce que t’as pas pour habitude d’être confrontée à des personnes violentes, parce que toi-même tu ne l’es pas. Tu parles beaucoup, tu parles fort, mais t’as pas souvenir d’avoir déjà frappé qui que ce soit. Enfin, non, ça c’est faux. Tu t’étais souvent battue à l’école, souvent avec les garçons plus grands que toi qui cherchaient à embêter Juniper, ta meilleure amie. Mais ça, c’est de l’histoire ancienne.

Sauf que, finalement, ce n’était pas que des menaces dans le vent. Parce que tu sens un poing venir frapper ta mâchoire, te forçant à reculer d’un pas ou deux. T’es surprise. T’es vraiment surprise. Et c’est pas une bonne surprise. C’est le genre de surprise qui ne fait que t’énerver encore plus. Tu te souviens pas de la dernière fois que tu t’es pris un coup. Ça fait quand même quelques années de ça. Et ça fait tout aussi longtemps que tu n’as pas répliqué. Pas par les poings du moins. Tant pis, semblerait-il que t’allais devoir t’y remettre aujourd’hui. - Mais t’es folle ou quoi ?? C’est ce qui traverse tes lèvres maintenant que tu t’es remise du coup. - T’as vraiment un problème. Pour le moment, tu n’oses pas frapper. Tu te tiens droite, l’air fière, en la dévisageant, t’approchant même d’elle pour te tenir face à elle. - Et ce problème, c’est clairement pas moi. C’est ton stupide pokémon qui m’a agressé. Puis toi parce que t’es toute aussi stupide qu’elle.

Tu ne fais définitivement rien pour calmer la situation, pour éviter de te reprendre un coup. Non. T’as presque encore qu’elle te frappe à nouveau, ça te donnerait une bonne raison de répliquer.

Tu pourrais être vexée de ses paroles. Peut-être même que tu le serais si tu n’en avais pas autant rien à faire de ce que les autres pouvaient bien penser de toi ou de ton art. Parce que tu ne dessines pas les autres, pas plus que tu ne peins pour les autres. Ce que tu fais, c’est pour toi. C’est pour t’exprimer. C’est peut-être parfois pour montrer aux autres comment est-ce que tu vois la vie, leur faire comprendre ta vision des choses au travers tes couleurs, mais ce n’est jamais pour leur plaire. Donc t’en as vraiment rien à faire de ce qu’elle peut bien penser de ce dessin qu’elle n’a pas vu. - Si c’est pour ça qu’elle a déchiré mon dessin, elle devrait t’arracher le visage tellement que tu ressembles à rien. Et c’est pas parce que tu n’es pas vexée que ça t’empêche de répondre, bien au contraire. Parce que, même si t’es pas vexée, t’es franchement énervée.

Vous vous faites face sans que ni l’une ni l'autre ne s'abaisse à nouveau à la violence. Pour le moment, que tu te dis, parce que ces paroles ne font qu’alimenter ce feu qui brûle en toi, cette colère qui se lit dans ton regard. Surtout qu’elle semble prête à en découdre, c’est ce que tu comprends lorsqu’elle repousse son pokémon, l’empêchant ainsi d’intervenir entre vous deux. Ça te fait sourire. Un sourire mauvais. Le genre de sourire que tu arbores rarement, entre un amusement malsain et un énervement certain. - Oh, c’est toi qui s’occupes de moi ? Que tu lui craches bien au visage. - Prends pas des grands airs parce que tu m’as mis un coup. Surtout que, la prochaine fois, tu n’hésiterais pas à répondre.

Tu peux pas retenir ton rire. À nouveau, t’éclates de rire devant elle, comme si elle t’amusait. Comme si elle te semblait terriblement ridicule. - Tu parles, tu parles, mais franchement, c’est tout ce que tu sais faire ? Tu devrais pas la chercher. Pas comme ça. Pas alors qu’elle t’a déjà collé son poing à la figure. Mais c’est plus fort que toi. - Gneuh gneuh si tu me cherches, woof woof j’aboie fort regarde comme je fais peur. Dans une imitation risible de celle qui te fait face, prenant même une fois un peu plus perchée, un peu plus ridicule, te moquant sans aucune honte d’elle. Tu devrais peut-être pas. Tu devrais plutôt tenter d'apaiser les tensions. Mais t’as pas envie. Pas en ce moment. Pas alors que tu en veux à son Mimiqui. Pas alors que t’es presque tentée de la frapper, parce qu’elle a porté le premier coup, semblant finalement seulement attendre le moment où tu pourrais répondre sans t’en sentir coupable.

Est-ce que t’es jalouse ? Pas du tout. C’est pas vraiment un sentiment que tu connais parce que, pour ça, il faudrait que tu ais quelque chose à envier aux autres. Qu’ils aient quelque chose que tu n’as pas. Mais, te souciant très peu de l’avis d’autrui, t’es très bien dans ta peau, très bien avec ta personne et tu considères surtout être assez jolie et que tu as de ces silhouettes qui font tourner les regards sur son passage. Tu te contentes donc d’hausser un sourcil, toujours aussi moqueuse, sans toutefois réponse à la provocation, préférant l’ignorer plutôt que de lui donner l’idée qu’elle ait pu avoir raison.

Puis, finalement, c’est pas comme si t’avais vraiment autre chose à ajouter, pas comme si t’en avais vraiment l’occasion. Parce que tu continues de la chercher et que, finalement, tu la trouves à nouveau. Elle te répond d’un coup dans le ventre qui vient te couper le souffle et qui te force un peu à te pencher vers l’avant.

Oh.
Elle voulait donc jouer.

Ton sourire s’étire alors que, finalement, malgré la douleur, t’es presque amusée. Ton sang s’est échauffé et, maintenant qu’il n’a fait qu’un tour, tu sembles mourir d’impatience à l’idée de répliquer. T’es pas violente de nature, toutefois, t’es sanguine et, surtout, terriblement impulsive. Ça te ramène à l’époque où tu défendais Juniper des autres cons. Sauf que, cette fois-ci, il n’y a pas Juniper à défendre mais il y a tout de même une pauvre conne dans l’équation. Tu te redresses donc pour la repousser, les mains sur les épaules en la forçant à reculer. - Je disais que t’es complètement tarée en plus d’être stupide. Ouai, rien pour améliorer la situation, donc.

Surtout que ce n’est pas ce que tu cherches à faire. Tu l’envenimes même en venant utiliser la technique spéciale de l’aîné Shelby, à savoir une violente balayette dans les jambes et ce, dans l’optique de la faire tomber. Comme quoi t’as appris du meilleur.

Tu l’as mis au sol et t’es même assez surprise de toi-même. Surprise d’y être parvenue. Surprise d’avoir tapé assez fort. Mais bon, semblerait-il que ce n’est pas suffisant, parce qu’elle t’attrape, te ramène à son niveau, tente même de te blesser. Elle y parvient, même, frappant ici et là, alors que tu tentes d’en faire de même, répondant sans trop de soucier de ce que tu frappes. T’es juste en colère. En colère contre elle. En colère contre son Mimiqui à la con. En colère parce qu’elle ne t’a pas écouté. En colère parce que son pokémon a réduit à néant un travail que tu aimais bien. En colère parce qu’elle est stupide, parce qu’elle est bornée, sans doute tout autant que toi. Tu grimaces lorsqu’un coup t’atteint, tente à nouveau de répliquer, sentant toutefois ce goût métallique dans ta bouche, signe que tu as peut-être une lèvre fendue.

Et alors que tu as le poing levé, que tu tentes de revenir par-dessus elle, tu sens une main attraper ton bras puis une autre main s’emparer de toi pour te soulever. T’es pas bien grande, pas bien lourde non plus et il n’est pas difficile pour l’homme de s’interposer et de te forcer à t’immobiliser. - Ça suffit vous deux ?? Une fois un peu plus forte se fait entendre, celle d’un homme, sans doute celui qui t’a attrapé. Ou celui qui vient de se mettre entre l’abrutie et toi, tu sais pas trop. Dans tous les cas, même si t’essaies de te débattre, de retrouver ta liberté, c’est peine perdue. - C’est elle la conne qui m’a frappé ! Comme pour te dédouaner de toute responsabilité. Après tout, t’as rien fait, c’est elle la coupable avec son Mimiqui de merde.

Tu l’accuses sans honte aucune, parce que tu la considères comme entière coupable de l’actuelle situation. Toi, tu n’es qu’une victime. T’as été victime de son Mimiqui puis victime de sa colère. T’y es pour rien si elle est conne et que son pokémon l’est aussi. Toi, t’as fait que de te défendre de ses coups. T’as fait ce que toute personne normale aurait fait dans cette situation. Donc non, vraiment, t’y es pour rien et c’est ce que tu ne te gênes pas de lui répondre. - Bah t’avais qu’à pas me frapper ! Tout ça alors que tu te débats encore, sans grand succès, l’homme semblant décidé à ce que tu ne sautes pas au visage de celle se trouvant devant toi. - T’avais aussi qu’à mieux surveiller ton putain de pokémon de mort là. Ouai, t’es encore sur cette histoire. T’en démorderais pas. Pas tout de suite du moins. Dans les prochaines minutes sans doute, mais pas maintenant.

Tu devais encore faire le deuil de ton dessin.

- Parle pas comme si c’est quelque chose que tu pouvais faire. T’assommer ou te tuer. Parce que si elle est un peu plus grande que toi, si ses coups ont fait mal, assez pour te fendre la tête et peut-être te laisser des ecchymoses, tu penses pas être si faible que ça non plus. - Mais ouai, j’ai pas non plus fini de discuter avec elle. L’homme derrière toi fini par te relâcher et tu manques presque de tomber vers l’avant comme tu n’avais pas fini de te débattre. - Je me gênerai pas pour appeler la police. C’est tout ce que l’homme fait savoir avant de retourner à sa table. Dommage pour toi, t’as pas peur de passer une soirée en garde à vue, surtout pour une idiote comme elle. - Donc ouai, t’as pas fini de me parler, vas-y, qu’est-ce que tu veux me dire ? En direction de celle qui te fait face, des paroles crachées avec un certain dédain.

Tu la dévisages, les sourcils froncés, acceptant toutefois de rester silencieuse pour cette fois-ci. C’est pas l’envie qui te manque de répliquer, de lui cracher au visage que tu parlerais de son pokémon de merde comme tu le voulais, mais non. Cette fois-ci, tu restes silencieuse, tu évites de jeter de l’huile sur le feu, surtout maintenant que quelqu’un vous a forcé à vous séparer. Ce même quelqu’un qui garde un regard sur vous, comme s’il était prêt à intervenir si l’une de vous deux sautait à la gorge de l’autre. Et puis, peut-être qu’elle n’a pas tort en affirmant que tu ne pourrais rien lui faire, que tu étais sans doute trop faible ou encore pas assez inexpérimentée pour ça lorsque venait le temps de te battre, toutefois, tu te retiens de le dire. Surtout qu’au final, tu penses avoir réussi à lui placer un ou deux bons coups. Des coups qu’elle a sûrement dû sentir passer.

Un soupir s’échappe de tes lèvres alors que tes prunelles claires se posent sur la Mimiqui. Celle que t’as envie de jeter au bout de tes bras. - Elle semble même pas désolée. Que tu grinces entre tes dents, ton regard passant du pokémon à la dresseuse. - Puis même toi tu sais même pas pourquoi est-ce qu’elle doit s’excuser. Donc franchement, tes excuses hypocrites, tu peux te les mettre dans le cul. T’es un peu plus calme, même si ça ne semble pas très apparent. C’est juste que tu n’aimes pas l’hypocrisie. Pas du tout. Et tu préfères qu’elle se taise plutôt qu’elle te présente de fausses excuses. Alors t’attends. T’attends de voir si elle va essayer de comprendre ou si elle va se contenter de te rejeter la faute, venant même croiser tes bras sous ta poitrine, signe au moins que tu ne tenterais pas de la frapper à nouveau.

Un soupir s’échappe de tes lèvres. Ça va, maintenant que t’as arrêté de gueuler, maintenant que tu n’es plus dans le feu de l’action, t’es soudainement un peu plus calme. C’est toujours comme ça avec toi, de toute façon. Tu t’énerves rapidement et tu te calmes tout aussi rapidement. Puis elle s’excuse et t’as envie de croire qu’elle est sincère. Après tout, vu les coups qu’elle t’a mis lorsqu’elle était mécontente, tu te dis qu’elle a pas trop la tête de quelqu’un d’hypocrite. Est-ce que tu lui pardonnes pour autant ? Tu sais pas. Tu sais pas trop. Parce que t’es encore vraiment embêtée, parce que ça t’emmerde d’avoir perdu tout ce temps pour un dessin qui, finalement, était désormais déchiré. T’avais juste voulu occuper un peu ton esprit, laisser parler ton esprit artistique et passer une bonne journée.

Comme quoi c’était raté.

- Non, c’est bon. Tu réponds un peu sèchement, plus que tu l’aurais voulu. - C’était rien de bien important, je dessinais le café pour pouvoir m’en inspirer pour un possible tableau. Parce que quand bien même t’aimes le dessin, ton truc à toi, à la base, c’est la peinture. C’est ça depuis que t’es toute jeune, depuis que ton père t’a appris à mettre tes mains dans de la peinture avant de les déposer sur une toile. - Je comprends juste pas pourquoi est-ce qu’elle m’a agressé comme ça en fait ?? Maintenant que t’es plus calme, que la colère semble être passée, c’est la confusion qui reste. Oui, voilà, tu peux pas t’empêcher d’être confuse. Après tout, t’étais assise calmement, tu vaquais à tes occupations, alors pourquoi est-ce que la (stupide) Mimiqui t’avait pris pour cible ?

Tu fronces un peu les sourcils, un peu surprise du retournement de situation. Après tout, tu ne t’étais pas attendue à tant d’enthousiasme de sa part alors que tu lui partages ce pourquoi t’étais en train de dessiner et ce que représentait l’oeuvre que tu avais posé sur cette feuille qui avait été déchirée par la Mimiqui. Cependant, la surprise laisse place à un sourire alors que tu ne peux pas rester fâchée bien longtemps, pas alors qu’elle aussi se montre plus calme. - Ouai, c’est vraiment cool. Tu dis ça avec le sourire, avec cet enthousiasme qu’on te reconnaît bien, comme si la colère précédente et votre bagarre n’avaient jamais eu lieu, comme si tout ça était déjà une vieille histoire qui ne valait plus la peine d’être mentionnée.

Attentive à ses paroles, tu comprends alors le problème. Ou, tout du moins, ce qui a pu motiver sa Mimiqui à s’en prendre à ton dessin. La jalousie ? C’est pas vraiment un sentiment que tu connais, pas quelque chose que tu comprends, mais t’imagines que c’est une raison plus ou moins légitime qui expliquerait la façon dont son pokémon s’est comporté avec toi. - D’accord, d’accord, bah eh, de toute façon, c’est pas grave j’imagine. Après tout, c’est trop tard donc… Autant que je passe à autre chose. T’hausses les épaules, l’air de lui dire que ce n’est pas vraiment important. Tu l’as dit, ton dessin est perdu, déchiré, tu n’es pas spécialement tentée de le recommencer et tu sais que ni elle ni son pokémon pourraient vraiment te le rendre donc… Tant pis. T’allais devoir vivre avec le fait que tu avais perdu ton temps sur quelque chose qui n’avait finalement mené à rien. Ce n’était pas comme si c’était la première fois que ça t’arrivait de toute façon. - Mais, eh… Je ne vous pardonne pas. Le vous étant son pokémon et elle. - Pas tout de suite du moins. Si tu m’offres un chocolat chaud, je peux peut-être considérer de te pardonner. Le tout en affichant un petit sourire en coin, clairement plus amusée qu’énervée.

T’hausses les épaules. - Ouai, peut-être, mais bon, même si je t’en veux et que je gueule, je veux dire, je peux juste pas récupérer le dessin. Et bon, t’es un peu dramatique, t’as quelques tendances lunatiques, tu vrilles rapidement et t’as le sang chaud mais, finalement, lorsque tu retrouves un brin de capacité cérébrale, t’aimes pas spécialement perdre ton temps. Et là, continuer de lui en vouloir et de la considérer comme responsable de tous les maux du monde, vraiment, ça ne t’apporterait rien d’autre que plus de frustration. Et bon, tu préfères passer à autre chose, ne pas te prendre plus la tête que ça, refusant toutefois de lui pardonner aussi facilement que ça l’affront. Après tout, tu ne peux pas lui pardonner sans effort de sa part.

Par contre, si elle t’offre un chocolat chaud…

Ça te fait sourire, la façon dont elle s’adresse à sa Mimiqui. Pas parce qu’elle abuse ou la maltraite mais juste parce qu’elle semble reconnaître que, en effet, son pokémon avait fait une connerie. Tu la laisses donc faire sans rien ajouter, observant la carte pour te choisir à boire. - Je pense vraiment que ce sera juste un simple chocolat chaud. Le tout avec le sourire, parce que t’es définitivement une enfant qui préfère ça au café ou encore pire, au thé. - Enchantée Maya ! Tu peux m’appeler Jade. Malheureusement, t’es pas certaine de si t’allais te rappeler de son nom, mais ça, c’est juste que t’as une terrible mémoire des noms. C’est pas que tu veux la vexer, pas que tu ne l’apprécies pas (car bon, tu commences à bien l’apprécier), juste que… C’est comme ça. - Tu fais aussi du dessin ? Après tout, elle a parlé de ses trucs, qu’elle aussi, elle serait en colère, alors tu supposes que ça doit être un truc similaire. C’est une façon comme une autre de lancer la discussion.

D’ordinaire, tu essaies peut-être de gratter un peu plus lorsque tu es invitée, d’accompagner le chocolat chaud d’un truc à manger, mais bon, pour le coup, t’évites de trop abuser. Après tout, elle n’était pas obligée de t’offrir quoi que ce soit, t’as juste ajouté le breuvage dans tes négociations sur si tu comptais la pardonner ou pas. Tu t’intéresses ensuite un peu à elle, parce qu’elle semble comprendre un peu ton sentiment. Est-elle aussi une artiste ? À ses mots, tu comprends que non. Ou, tout du moins, que, si elle l’est, ça ne doit pas être ni le dessin ni la peinture. La sculpture non plus, ça aussi ça demande pas mal de patience. Cependant, sa Mimiqui semble, elle, savoir dessiner, un minimum du moins. En la voyant sortir, feuille de papier à la main, quelques traits griffonnés pour reprendre tant bien que mal (surtout mal) celui qu’elle avait déchiré un peu plus tôt, tu ne peux pas t’empêcher de laisser entendre un rire. Ça n’a rien de méchant ni de moqueur, ça t’amuse surtout. - Oh, merci. Tu l’observes quelques instants. - Ça devrait me suffire comme base pour un tableau. Tu acceptes donc le dessin, le pliant pour pouvoir le ranger dans ton sac avant de reporter ton regard sur le duo.

Le serveur revient à votre table pour déposer votre commande et tu peux donc profiter du chocolat chaud, ce qui te fait plaisir, surtout après un peu d’action comme précédemment. Comme lorsqu’elle t’a collé son poing à la figure. Heureusement qu’elle n’y était pas allée trop fort, il aurait été dommage d'abîmer un si joli minois. - Est-ce que tu pratiques un art ? Peut-être que tu te trompes aussi et qu’elle ne touche à rien de près ou de loin artistique. Mais bon, tu te dis que c’est une bonne façon de faire la discussion, de t’intéresser à elle puis, t’es curieuse, donc une pierre deux coups.