And sometimes, I feel like I'm broken inside and it hurts so bad
I think there's nothing out there, but still... we go. | Izaiah
Les mains dans les poches, je traîne un peu les pieds ;la capuche rabattue sur mon visage empêche pas la neige de tomber.
Sunyra c'est paisible, ça l'a toujours été je crois. Glisser mes yeux sur le paysage apaise un peu ma lourdeur, j'essaie de me sentir léger mais les pensées noires ne veulent pas me quitter. Elles s'accrochent toujours comme du poison, même quand on fait ce qu'on peut pour les oublier. Je sais pas vraiment ce qui m'a pris, de sortir, cette fois, c'était un peu comme un élan, une pulsion ravivée par les souvenirs d'autrefois. Les flocons tombaient au dehors et je les voyais s'écraser, teinter les bâtiments d'une blancheur irréelle qu'on admirait souvent quand on était gamin,
et que j'aime encore maintenant
alors que j'ai perdu mes yeux d'enfant.
Rester enfermé ça commence à m'atteindre, je crois. Je sais pas si je vais mieux -où si je suis juste un fantôme dépassé par les sentiments et que je sais juste plus comment m'exprimer, comment pleurer. Ça fait un moment que j'y vis, à Sunyra -c'est pas que j'aime plus Artiesta, mais depuis que j'ai quitté mon travail je peux plus vraiment y vivre seul, c'est juste ça. Une ancienne collègue qui vit plus vraiment dans son appartement ; elle m'aide un peu, elle m'héberge le temps que j'arrive à trouver quelque chose de mieux.
L'hiver, c'est étrange pour moi. Je le redoute toujours comme on redouterait n'importe quoi, mais lorsqu'il menace de s'enfuir et disparaît doucement, je le regrette et je me dis que j'aurais voulu qu'il ne s'efface pas. C'était toujours là qu'on partageait les meilleures choses ;
je me souviens encore de la première fois où on s'est disputé une bataille de boules de neiges et que t'en as touché aucune, parce que tu visais moins bien que moi,
de la fois où on s'est retrouvé coincés dehors parce qu'on avait raté nos trains et qu'un peu comme deux idiots, on a dormi sous un porche entassé l'un sur l'autre, que y'avait que la froideur de nos mentaux et la chaleur de nos corps pour nous faire nous sentir un peu mieux.
Quand j'y pense, on avait tellement grandi cette fois-là, et je me serais jamais douté que quelques mois plus tard tu serais plus là.
Je suis mélancolique, aujourd'hui ;
je le suis toujours depuis que tu es parti.
Mains dans les poches je continue d'arpenter les rues de la ville, le silence bercé par le murmure du vent qui fait rougir mes joues et pleurer mes yeux. Et parfois y'a quelques cris d'enfants, ces enfants qui jouent dans la neige et courent après les flocons, qui savourent l'instant volé que j'ai toujours cherché sans jamais le trouver.
C'est fini, je crois, ces temps-là,
et j'aurais beau espérer aussi fort que je le veux je les récupérerais pas.
Mes pas dans la neige laissent des empruntes qui disparaissent trop vite pour que je les devine ; les flocons sont pas forts mais tombent par milliers et refusent de laisser des traces, comme s'ils refusaient la simple idée qu'un passé puisse exister et qu'ils ne faisaient que le balayer. Ces rues, je les connais bien, j'y venais souvent il y a quelques mois. Mais maintenant c'est plus pareil, maintenant y'a rien qui me retiens là et j'avais juste besoin d'une excuse pour y mettre les pieds -mais je me suis perdu, encore une fois.
J'ai jamais mis les pieds au Safari, même avant je voulais pas vraiment y faire un pas. Mais... ça me fera pas de mal, je crois. Une immensité de Pokémons perdus au milieu d'une réserve naturelle -j'ai toujours aimé être seul à leurs côtés, l'enfermement me l'avait fait oublier.
Mais je crois qu'il y a rien, là-bas ;
est-ce que ça pourra vraiment m'aider ?
Peu importent tout les efforts du monde, les pensées parasites ne veulent pas m'oublier. Je crois que ça me fera pas les chasser.
Pourtant j'y vais -j'ai envie de croire, pour une fois, pas continuer de m'apitoyer.
Alors mes doigts glissent sans lever la tête et je paie mon entrée, je franchis les portes et j'avance, sans vraiment savoir où aller.
Il fait froid, encore ;
mais le temps est doux, il l'est toujours à Sunyra. Devant moi c'est juste une gigantesque étendue de verdure blanchie par le temps, où mes pas m'ont entraîné un peu par hasard et où le peu de lueur que dégageaient les nuages se retrouve happé par le rideau des feuilles qui couvrent les arbres. Toute cette neige c'est lumineux et sombre à la fois, ça me rappelle des moments dont j'arrive pas à faire le deuil alors que ça fait déjà des mois.
Pourquoi tu t'arrêtes pas de me hanter, Joshua ?
C'est comme si tu étais toujours là, près de moi, que tu me reprochais mes doutes et mes erreurs, et je peux pas oublier ce que j'ai fais de mal alors que je le voulais même pas.
Et mon mutisme empêche un grognement rageur de sortir de mes lèvres, il y a juste mon pied qui frappe et soulève un peu de poudreuse qui me recouvre le visage. Un soupir, un murmure de désespoir, et je m'empêche de peu de m'effondrer au sol pour m'asseoir -j'ai les jambes trop lourdes déjà, mais je sais que je gèlerais si je faisais ça.
J'ai laisser mes compagnons chez ma collègue -j'ai pas voulu leur infliger la cruauté du temps, la froideur de mes humeurs. Perdu au milieu de cette nature si douce et si sauvage à la fois j'erre, un peu partout, comme ça, sans réellement savoir où aller parce que je sais pas vraiment ce que je fais là. C'est même pas un pokémon, que je cherchais, au final,
c'était juste la tranquillité.
Et il y a quelque chose d'agréable à cet air qui m'accable, j'ai l'impression que d'un coup le temps se fait un peu plus doux, et mes mèches rebellent ne supportent plus la neige qui les tâche. Et alors je lève enfin les yeux -c'est vrai qu'il est beau, cet endroit. Mes nuits passées à survivre et mes journées passées à cesser d'exister m'ont fait oublier ce que c'était, parfois, de profiter de la beauté que dehors nous offrait. J'aimais bien, sortir, avant que tu sois plus là. Alors mes pupilles glissent sur les arbres entre lesquels je m'engouffre, les buissons qui s'agitent doucement et qui cachent des choses que je ne vois pas ; sous eux l'herbe est plus verte, les feuilles empêchent la neige de s'y faufiler.
Debout à errer encore je suis vagabond, un vagabond qui sait toujours pas où trouver sa place. Au bout de mon escapade les troncs disparaissent et laissent finalement place à une étendue éparse, un peu d'arbustes ça et là, pas grand chose, quelques rochers sur lesquels se reposer. Et encore une fois il y a mes yeux qui sont lourds et mes forces qui me lâchent -mon sommeil désastreux me rappelle que je marche jamais aussi longtemps, d'habitude, et je suis fatigué de pas le supporter. J'ai plus de force et je titube, je m'approche du premier appui que je peux trouver ; un roc solide, et je m'y laisse glisser, je me fiche bien de la neige sur mes vêtements et qu'elle puisse les abîmer. Mon corps aime pas que je le laisse jamais se reposer et aujourd'hui, alors que la neige engourdi mes sens, il arrive à m'y forcer. Ces coups de fatigue c'est pas les premiers -je suis plus un être qui vit de jour, tout ça j'y suis plus habitué. Je peux pas lutter ;
et je me laisse emporter,
sombrer.
Et dans le voile brumeux qui recouvre mes yeux je vois une silhouette,
elle est lointaine mais se dessine peu à peu et elle s'approche,
je sais pas vraiment ce qu'elle me veut.
L'inconscience me fait rêver ;
c'est toi, qui vient me voir, Joshua, t'as décidé d'enfin te montrer ?
Ta voix... elle a changé.
Peut-être parce que j'y suis plus vraiment habitué.
Et le désespoir me fait tendre la main, je voudrais agripper quelque chose mais c'est juste l'air qui file entre mes doigts que j'obtiens.
Ft. Izaiah
-Arya signe en italique
-Arya écrit en gras
-Arya pense entre « »
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