Autrefois vivait ici le peuple du nord. Fier peuple vivant en osmose avec la glace, le froid, la neige et leurs divinités. Cet équilibre se trouva chamboulé lorsque le feu fut découvert. Et la guerre éclata. Une fois, puis une autre fois. Parmis ce peuple se trouvait une famille. Pas forcément célèbre, une famille parmis tant d’autres. Fier guerriers et fermiers de Feranium, défendeurs de leurs terre, des traditions, ils livrèrent bataille lors de la première guerre et si des pertes furent à déplorer dans leur rang, il est une guerre plus terrible et déchirante qui éclata au sein de la famille.

La branche dure, Mistral convaincu. Fervent défenseur du froid, des divinités de glace.

La branche souple, entre froid et chaleur. Louant encore les divinités du froid tout en louant celle du volcan.

Un conflit qui brisa le lien entre une fratrie, la scindant. La ferme fut détruite lors des affrontements et de nouvelles vies furent perdues. Tout aurait pu empirer si la mère ne s'était pas interposée entre les deux aînés. Tout aurait pu empirer si elle ne s'était pas mise entre eux, si elle n'avait pas pris le coup.

Sacrifiant sa vie pour arrêter la guerre de sang.

La fissure ne put cependant se refermer et d'un commun accord le plus âgé , donnant naissance à la branche dure quitta Feranium pour Windoria, laissant les terres dévastées des McDunn à son frère et ceux qui restaient à ses côtés.

Les années passèrent, la ferme sortie de nouveau terre comme un défi au refus de sombrer. Les années passèrent alors qu'éclata la seconde guerre. Quelques McDunn y prirent part, creusant encore plus profondément la déchirure familiale. Entre guerre et règlement de compte.

Pourtant, le simple souvenir du sacrifice de Caitlin réussi à limiter les dégâts au champ de bataille, les survivants retournant dans leurs fiefs respectifs.

Une paix relative s'installa… Et le temps défila, chaque branche de son côté, sans contacts…..une fissure irréparable.



Salut, moi c'est Caitlin, Caitlin McDunn, de Feranium. Enfant du pays, née un jour de printemps dans les bruyères alors que mam's croyait pouvoir batifoler dans les bois à 8 mois de grossesse. Aînée d'une fratrie de 4 enfants tous nés dehors. Mam' a dû trouver ça marrant d'accoucher dans l'herbe et visiblement ça gênait pas pap's.

Bref.

La famille est ancrée sur ces terres depuis toujours et si je ne parle pas de l'histoire de nos ancêtres, si je ne parle pas de Mistral, j'en reste pas moins fière de mes origines. On a fait le choix de pas choisir de camp, on a fait le choix d'accepter la glace et d'accepter le feu et je dois bien dire que c'est ce qui me fait avancer.

C'est ce qui me fait espérer aussi. Je voudrais vraiment qu'on renoue, qu'on reforme la famille, mais plus, j'aimerais tellement que ces deux éléments si opposés se mêlent, s'associent. J'ai toujours été convaincue qu'on a besoin des deux pour vivre. Alors même si je reste à la ferme, même si je pars pas forcément au front quand des incidents Mistral sortent, je garde tout jusqu'au jour où je serais prête.

Enfin c'est bien beau tout ça mais vous avez peut-être envie d'en savoir plus non ? Enfin.. Plus que le fait de savoir que mon premier matelas c'est de la mousse.

Donc, chuis née au printemps, dehors, c'est pap's qui a dû gérer tout seul. Sacré moment. Ils en rient encore. J'ai grandis à la ferme des parents de mam's, entouré d'une bonne part de la famille, au milieu des Ecremeuh, moumouton, poussifeu, cabriolaine et le verger d'arbres à baies.

Pleine de vie, mon enfance c'est surtout résumé à courir les bois, les rues de Feranium, escalader les arbres, les maisons. Je compte plus le nombre d'engueulades parce que j'étais sur le toit d'un bâtiment en ville. Construction de cabane dans les arbres, petites guerres amicale de gang des rues en culotte courte, défis en tout genre mais jamais de manière mauvaise. D'ailleurs, dès que je pouvais aider j'étais là et même si je courais en plein marché à faire gueuler la laitière, ils savaient aussi me faire confiance pour toutes tâches que je pouvais faire.

Et j'étais aussi jamais loin de mes amis. Toujours là à la fois pour leurs conneries que pour soigner les bobos ou les encourager. Voir leur gueuler dessus quand ça dépassait les bornes.

D'une fidélité et d'une loyauté sans faille.

L'école c'était la croix et la bannière. J'avais des échardes dans les fesses et le seul moyen de capter mon attention fut de me foutre à la fenêtre, ouverte. Et encore. Bref, j'étais pas une élève assidue au grand désarroi de mam's, professeur de son état. Par contre je fais la fierté de pap's y paraît, à être plus versée dans le tir que le calcul savant.

Ouais le tir. Zavez bien lu. Mamy m'a appris en premier pis pap's a prit le relai. Depuis mes 8 ans. Faut commencer tôt qu'ils disent et je dois dire que j'aime bien péter les tuiles lancées en l'air. Rassurez vous, j'ai encore jamais foutu de plomb aux fesses, pour le moment. Je préfère passer par la case poêle à crêpes avant. Ça marche bien.

Stoirm Tine, mon surnom. Tempête de feu. Ça me fait rire mais peut-être pas faux.

Ma vie fut simple, rythmée par la rue, les fêtes. Joyeuse, sans problèmes. Une vie vraiment simple en osmose avec la terre, les saisons. Et c'est une vie à laquelle je suis profondément attachée, raison pour laquelle la mutation de mam's à Nemerya passa mal. Très mal. On allait m'arracher à ma terre, ma ville, mes amis. Ma simplicité pour une ville, le bruit. J'avais 12 ans quand on déménagea et pour tenter de me canaliser, on m'envoya en pension. Oh j'en garde de bons souvenirs, bataille de polochon, débarquement chez les gars lorsqu’ils étaient sous la douche (c’est bien marrant ça, zavaient le chic pour toujours se foutre sur le savon par terre). Ma terre me manquait cruellement tant et si bien que mes parents abandonnèrent l'idée de m'avoir près d'eux.

Je fus de retour à 16 ans et j'ai continué un peu ma scolarité avant de me plonger définitivement dans le travail de la ferme. Mes grands parents vieillissaient, fallait reprendre les affaires et hors de question de laisser nos terres. J'appris donc à leurs côtés jusqu'à reprendre l'affaire à mes 25 ans.

Il n'y eu rien de particulier, de changé, je courais toujours un peu les rues, j'étais de retour. Il y eu juste… Cette histoire, qui a mal fini. J'ai cru, naïvement. J'ai cru naïvement avoir le droit à une histoire, j'y ais cru, les mots, les gestes. Tout était là, ça semblait magique, naturel.

Je me suis fait avoir.

J'avais 22 ans quand il m'a fait comprendre que les filles dans mon genre étaient simplement destinées à l'amusement. Trop simple pour monsieur, trop dans la terre, trop garçon manqué bien que j'ai commencé à porter autre chose que des pantalons. La poêle a volé ce jour là sauf que le mal était fait.

Edelweiss vint au monde cette année là, dans la neige, au pied d'un arbre alors que je cherchais un cabriolaine enfui. Une petite perle de vie qui m'a permis de ne pas sombrer. Elle n'était pas voulue, pourtant...je l'aime cette petite.

Mon quotidien a pas tant changé, mes grands parents ont pris leur retraite même s'ils vivent encore là, bien trop contents de veiller sur ma fille. Et moi ? Oh j'ai repris mon entrain, ma bonne humeur et cette simplicité qui me tient tant à coeur entre le patinage sur cet étang gelé, les soirée à écouter Ronald, mon frère jouer du violon, les danses et les chants autour du feu, dans la cours.