Une heure que j’errais dans ces couloirs à la con. Tout ça pour retrouver le manuel d’alimentation pour des normes que mes supérieurs étaient censés connaître. C’était une joie immense et incommensurable, vous n’imaginez pas, vraiment. Au moins, je sortais en journée, et ça me faisait un milieu de semaine où je me permettais de sortir à un autre moment que le soir ou la matinée. J’aurais mes deux jours suivant de libre et rémunérés, après moult négociation. Malgré la situation de crise que nous vivions ici, je savais encore me débrouiller pour gratter mes droits. Et je me retrouvais à une centrale électrique, abandonnée depuis un moment, où le danger semblait permanent - bien plus en apparence qu’en vérité. Bien sûr, dès que l’occasion se présentait, je m’en allais. Lixy était venu avec moi, parce que... je sais pas, je devais trouver ça logique d’avoir un pokémon électrique avec soi, quand on se balade dans un tel endroit. Je m’étais peut-être dit que ça le revigorerait... Quoiqu’il en soit, je m’étais au moins bien habillée pour éviter des quelconque court-jus (sans aller dans des extrêmes comme des gants en caoutchoucs, mes fringues se composaient surtout de cuir et de treillis, limitant le plus que possible les contacts de peau).

L’endroit était grand, et il errait dans le coin quelques Magnetis ma foi somme toute inoffensifs. Le Lixy ne se battait pas, et de toute façon, même s’il en avait envie, il savait ce que j’en pensais. Il était rare que je l’emmène se faire massacrer la tronche, et je me disais me penser bien trop horrible pour lui imposer une vie de combat. Cependant, il est vrai que notre première heure, à part nous balader sans de vrais objectifs clairs et précis, il ne se passait hélas pas grand chose. Entre directions condamnées, et fausses routes, le chemin semblait toujours plus long quand nous essayions d’avancer. Non, ce n’était guère simple. Mais d’un autre côté, ça m’économisait presque huit heures de travail. Donc à cela, je n’avais pas grand chose de plus à rajouter.

Si les chemins semblaient tous interminables, il y a bien un moment où je fus principalement perturbée par du bruit qui ne semblait pas être d’origine pokémon. Enfin, peut-être bien que si, mais j'entends autre chose, évidemment, dans ce que je dis. Par là, j'entends que ça n'avait rien de normal d'entendre un bruit aussi virulent. Et si cela m’éloignait potentiellement du manifeste, je devais bien reconnaître que cela me permettrait peut-être de trouver un autre chemin à emprunter. Ainsi donc, me hâtant le pas et demandant à mon Lixy de venir, c’est en trottinant que nous vîmes un Magnéti en feu passer à côté de nous. Je m’arrêtais un instant quand Rogue me regarda, pensif quant à ce qu’il venait de voir. Je commençais à froncer les sourcils quand je repris le pas, en espérant ne pas voir ce que j’allais voir...

Elle était belle. Non, magnifique. Elle resplendissait et avait l’air d’être autant d’une douceur que d’une chipie. Ses pokémons semblaient être de vrais bêtes prêtes à s’acharner sur la moindre bestiole innocente de ces lieux. Dans le tas, un Cradopeau et Tritox, l’un semblant plus à même de vouloir bouffer des gens que l’autre. Plus discret, un Ramoloss était aussi présent, mais définitivement, le Tritox semblait bien trop fier de ce qu’il faisait. Et moi, bien évidemment indignée...

« Non mais ça va pas non ?! Vous iriez pas vous battre ailleurs, plutôt que devenir faire chier le peuple ici ?! Vous trouvez pas que c’est déjà assez le merdier en ville, vous allez pas niquer ce qu’il reste de stabilité à ce putain de patelin ?! Puis ça vous prend quoi d’agresser les autres comme ça, là ?! »

Si je savais mettre mon orgueil de côté et passer outre les banalités constantes de ce que j’appelle du braconnage, il s’en va sans dire que je ne cautionnais pas, déjà l’exploitation des pokémons, mais encore moins l’attaque de bestioles dans un écosystème où l’on survit grâce à ceux que l’on a un temps maltraité. Si ce lieu m’était particulièrement intéressant, c’était pour ce qu’il était devenu : une sorte de vestige où la nature reprenait ses droits, tout en acceptant sa condition, pour ne pas y être confrontée et abusée une nouvelle fois.

Mais malheureusement, des personnes prêtes à défier cette symbiose venait se mettre dans les rouages d’un système si bien imbriqué, et ça avait le don de me foutre hors de moi. Alors je m’approchais vivement vers elle, qui qu’elle soit, et aussi belle qu’elle soit, je n’allais clairement pas la laisser continuer - surtout que j’étais partie pour une journée tranquille, à probablement boire et fumer en rentrant et à oublier que j’allais passer une journée chiante. Ça me ferait les jambes, au moins. Puis soyons honnête un bref instant... J’avais peut-être un peu trop envie de m’énerver.

« Tu vas fissa dégager de là, ma cocotte, je sais pas d’où tu sors, mais j’ai clairement pas envie que tu vienne foutre un bordel monumental dans le coin, et que ça se répercute sur tout le monde, et sur les bêtes qui vivent ici ! »