Dusk Lumiris

forum rpg pokemon ● region et intrigue originale ● strat basique (+ fair play)
keyboard_arrow_up
keyboard_arrow_down



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-40%
Le deal à ne pas rater :
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + Casque filaire ...
29.99 € 49.99 €
Voir le deal

Répondre au sujet
❝Try to feel remorse ft. Cayden
Invité
Invité
Anonymous
Identité du dresseur
Trophéespassez la souris sur les icones
Certains jours, Callum se levait avec la conviction qu’il n’aurait pas dû.
C’était comme une impulsion, une révélation qui ne prenait racines dans aucun événement logique, mais qui découvrait tout son sens au fil de la journée. Parfois, c’était trois fois rien.
Parfois, c’était aussi con que la réception d’une mauvais commande au fast-food du coin ou qu’une flaque d’eau un peu trop ambitieuse sur son chemin… Mais parfois.
Parfois, c’était un peu plus sérieux que ça. Enfin, à la hauteur de ce que Callum pouvait vivre comme drame au quotidien : une transaction qui tourne mal, son trois fois rien de possessions vandalisé, une nouvelle facture qu’il ne pouvait payer. Dans la vie bordélique et mal rangée de Callum Freylinger, les esquisses de désastres planétaires étaient à l’image de leur victime : fades et insipides.

Et il en avait conscience, Callum.
Mais que pouvait-il y changer?

C’était la malignité du destin qui l’avait jeté entre les griffes de la pauvreté, dans les méandres d’une vie minable. Callum, lui, n’avait rien demandé.
Il subissait. Tout simplement.
Et à l’y entendre parler, il n’existait aucune porte de sortie pour les gens comme lui. Il n’y avait que l’enfer sans fin, qu’une succession de conneries qui, plus tôt que tard, auraient raison de sa peau.
L’albinos mourrait jeune. Pas aussi jeune que sa sœur, mais certainement pas aussi vieux que son frère.
Voilà les grandes lignes de l’avenir qui se dessinait pour lui.

Dans le transport pour Port-Corail, Callum baisse son regard vers son téléphone. Au travers les fissures qui zèbrent l’écran, il tente de déchiffrer les lettres censées former des mots que son attention ne parvient pas à déchiffrer.
Il ne s’aidait pas, il le savait. Sous ses yeux, c’était déjà le bordel.
Au travers les éclats de verres brisés, c’était l’apocalypse.
Mais il n’allait pas plier. Il ne savait pas contre quelle force il s’élevait ni de quel combat il souhaitait ressortir vainqueur, mais Callum refusait de plier l’échine face aux compositions déstructurées. Il refusait de faire réparer l’écran brisé de ce portable sitôt maltraité et déprécié.

« J’espère qu’il y sera... », murmure balancé à tout vent tout va, mais sans doute davantage au minisange perché non loin sur son épaule.

La dernière fois qu’il s’était rendu sur place, Callum avait été accueilli par le cris de l’airmure et les aboiements des démolosses. Dans une certaine mesure, ce n’était pas peu dur d’admettre qu’il n’avait pas apprécié l’accueil… Ou plutôt, l’absence d’accueil puisque Cayden n’avait jamais été foutu de lui ouvrir la porte.
Il s’était questionné Callum.
À savoir si son frère s’était émancipé, s’il avait décidé de couper le dernier fil qui les reliait, s’il en avait eu assez.
Il avait réfléchi, ça ne lui ressemblait pas… Et sa seule conclusion, plutôt que de se remettre en question, avait été de décréter que Cayden était tout simplement absent. Malheureusement pour la bonne conscience, il avait eu raison.

C’était la raison pour laquelle il lui avait proposé de se rencontrer ailleurs. À un moment où il serait là.
Où ils seraient là.

Ah, il n’avait pas précisé pourquoi il souhaitait le voir.
Si ses souvenirs étaient bons, les SMS décrétaient un paquet de conneries sur l’importance de passer du temps entre frères, de se retrouver pour alimenter les liens familiaux.
Il lui avait sûrement dit qu’il lui manquait, aussi.
Lui, son frère aîné. Le dernier Freylinger qui ne s’était pas évaporé. Parce qu’il y avait toujours maman et papa, mais qu’il ne gardait qu’eux qu’un nom et qu’une image. Ce n’était pas tout à fait ça. Leur avait-il seulement reparlé depuis qu’il avait quitté le cocon familial, depuis qu’il avait appris à… voler? Callum n’avait jamais vraiment pris son envol.
Il avait essayé puis il s’était écrasé sur le bitume mal entretenu d’une ruelle malfamée. Ce jour-là, le cadet s’était probablement brisé les deux ailes.

En sonnant son arrêt, Callum arque le dos en dévisageant les autres passagers.
Parfois, il était un animal. Parfois, il dégageait une sauvagerie à nulle autre pareil. Ça s’expliquait difficilement, mais quelque chose dans son regard puait la bestialité de ceux qui n’ont plus rien à perdre.
Parce qu’il était l’un de ceux-là, l’un de ces pauvres martyr que la vie n’a jamais cessé de faire souffrir.

Débarquant par la porte arrière, Callum s’avance dans le chemin menant à Porte Corail, la porte couleur corail de Port-Corail. Il ne savait pas pourquoi cet endroit (mais le joueur oui), mais la neutralité du terrain lui avait semblé propice à la conversation.
Loin de chez lui et loin de chez Cayden, il était convaincu que les retrouvailles mensuelles seraient un peu moins tendues qu’à leur habitude… Mais peut-être se faisait-il des idées. Callum était toujours tendu.
Il n’avait pas aimé depuis trop longtemps, ne s’était pas ouvert depuis trop de décennies.

En arrivant près de ladite porte, le jeune homme jette un œil tout autour de lui.
Non loin, le rivage est mangé par les vagues. Il a l’impression d’être au bout du monde, de rencontrer l’éternité… Même si ce n’est qu’une rivière. Ou un ruisseau, il ne sait.
Tout du moins, c’est assez d’eau pour que Cassildey s’envole et aille s’y baigner sans accorder plus d’importance à son sauveur, son dresseur ou son colocataire.

Celui-ci soupire alors.

« On est pas ici pour s’amuser... »

Alors pourquoi était-il ici?
How the hell am I supposed to keep myself
When you are so damn far away
And everything feels meaningless
And I am not mine
(c) TakeItEzy & Ellumya
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Identité du dresseur
Trophéespassez la souris sur les icones
« Vraiment, Vénus ? » C’était une poudreuse qui l’avait réveillé alors que dix minutes auparavant, il venait d’éteindre son cadran pour se rendormir. Pourquoi devait-il forcément arriver à l’heure ? C’était juste Callum qu’il allait voir lors d’une des rares journées où il ne travaillait pas au laboratoire. Franchement, qu’est-ce qui justifiait qu’il arrive à l’heure ? Mais Vénus restait à l’affût de tout mouvement pouvant laisser indiquer qu’il allait fermer les yeux pour replonger dans un sommeil perturbé.
« Ok ok, je me lève. » Et un soupir qui se meurt sur les lèvres alors qu’il capitule, qu’il s’asseoit sur son lit en jetant un regard circulaire à la pièce trop bien rangée. C’était que trop révélateur des heures qu’il passait hors de la maison - trop révélateur du temps qu’il passe en dehors. Au laboratoire. À pourchasser un fantôme qu’il n’arrive même pas à frôler du bout des doigts.

Il se lève en laissant un nouveau soupir s’échapper d’entre ses lèvres alors qu’il attrape ses vêtements sur sa commode. Sauter dans la douche pour laisser les pensées affluer. Callum lui avait écrit, s’heurtant à une porte fermée et le cri de l’Airmure surplombant ton domaine - les aboiements des Démolosses ayant sans aucun doute résonner comme unique accueil. À ce moment-là, Cayden était en expédition aux côtés de sa collègue, Ketty, dans la noirceur d’une nuit menaçante. Jamais il ne lui était venu en tête de prévenir son frère de ses déplacements - jamais il n’en avait même eu la moindre envie.
Bien que lui était en mesure de savoir exactement quand il est à tel endroit.

L’eau chaude coulait sur son corps sans parvenir à dénouer les muscles tendus d’avance, appréhendant au maximum cette rencontre. Callum lui avait demandé de le rejoindre devant la porte couleur corail de Port-Corail, prétextant qu’ils devaient passer davantage de temps ensemble, que la relation entre frères était important. En lisant ce texte, Cayden avait haussé les sourcils en se demandant combien de fois Callum allait le prendre pour un con ; combien de fois allait-il agir comme si le scientifique était une des innombrables femmes que Callum décidait de mettre dans son lit ? Bordel, il était son frère et… quelque part, le connaissait mieux que quiconque.
Il finit par sortir de la douche à contre-coeur, mais ne souhaitant pas que l’eau devienne glaciale par la volonté de la chenille de glace qui attendait dehors de la salle de bain, n’appréciant pas la vapeur qui s’étendait dans toute la salle de bain.
S’habillant rapidement, Cayden jeta un regard distrait à l’horloge pas trop loin quand il sortit de la salle de bain. Il n’avait pas encore eu le temps de manger et, à voir comment le temps filait trop rapidement, il ferait bien mieux d’arrêter à un restaurant pour se prendre quelque chose rapidement - et un café au passage. Le café et la cigarette étaient les deux éléments essentiels de son quotidien. Tant et si bien qu’il se donna le temps de prendre une cigarette pour respirer, chasser le plus possible les nuages angoissants d’une rencontre qui se déroulerait sans doute dans la même froideur que toutes les autres. Cayden ne voyait pas comment ça pouvait tourner autrement.

Vénus avait grimper sur son bras, se calant dans son cou, alors qu’il prenait le volant de sa voiture. Hors de question de s’y rendre en transport commun, il était déjà assez tendu comme ça pour en plus se plonger dans le monde réel. Autant rester dans sa bulle le plus longtemps possible - jusqu’à ce qu’il doive affronter les mensonges de Callum qui ignorait encore tout de la surveillance à laquelle il était soumise. Mais comment Cayden pouvait faire autrement ? Il ne voulait pas perdre son frère comme ils avaient perdu Célica.
Après avoir fait l’arrêt prévu au café, c’est le chemin de Port-Corail qu’il prend. Pourquoi Callum n’était-il pas simplement revenu chez lui ? Ça ne changeait rien, l’endroit où ils se voyaient, quand les motivations demeuraient les mêmes et il n’avait pas la capacité de croire en un quelconque changement de la part de son frère.

Le silence résonnait dans l’habitacle.
C’était la vie que menait Cayden ; le silence et l’absence résonnaient cruellement et parfois, quelques paroles s’invitaient. Il ne parlait pas, avant Vénus, s’enfermant dans son mutisme lorsqu’il se retrouvait seul, laissant les bruits de ses doigts sur le clavier, sur la souris, les quelques griffonnements sur le papier, être les uniques sons de sa maison.
Pas de musique. Pas même la radio ou la télévision, pas le moindre fond sonore.

Lentement, la voiture ralentit.
Lentement, elle se gare.
Sans se presser, Cayden en sort.

Appuyer contre la voiture, c’est une nouvelle cigarette qu’il fume; peut-être pour se donner un peu de courage, un peu de contenance. Pour respirer un peu avant qu’il n’aille définitivement rejoindre Callum. Il la jette sur le sol et l’éteint de son pied avant de s’avancer vers la fameuse porte de couleur corail, là où le rendez-vous avait été établi. Il ne lui fallut pas longtemps avant de remarquer son frère qui était déjà arrivé.
« Callum. » Sa voix tranche froidement dans les airs alors qu’il dévisage son frère. Peut-être était-il à la recherche de ce qu’ils avaient autrefois été ? « Pourquoi ne pas être venu chez moi ? Aurais-tu peur de l’Airmure et des Démolosses ? » Clairement, ces pokémons n’étaient pas les plus accueillants, les plus doux ou les plus agréables. Ils n’étaient pas là pour l’être. Il haussa légèrement les épaules.

« Combien ? » Il s’était demandé si sa voix pouvait être plus froide qu’elle ne l’était actuellement, qu’elle ne l’était quand il s’adressait à Callum. Il ne pensait même pas que c’était humainement possible. « Il te faut combien, cette fois ? »
Et alors que Cayden observait son frère jumeau, il se demandait comment ils avaient pu tomber aussi bas. Tous les souvenirs étaient désormais rien que quelques fragments, quelques beaux rêves sur lesquels s’endormir, sur lesquels rêver. Est-ce que le Callum d’autrefois existait encore, perdu profondément dans ce qu’il était devenu ?
Cayden ne saurait pas le retrouver.
tell me all your sweet, sweet little lies
all about the dark places you hide
tell me your problems, make them mine
tell me all your sweet, sweet little lies
(c) TakeItEzy & Ellumya
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Identité du dresseur
Trophéespassez la souris sur les icones
Parfois, c’était à se demander comment il pouvait se tenir face à lui, comment il pouvait garder la tête haute quand tout lui intimait de courber l’échine.
Parfois, c’était à se demander comment Callum pouvait ressentir un once de fierté face à un comportement qui n’inspirait que dégoût et mépris..
Parfois, c’était à se demander comment. Tout simplement.

Il possédait peut-être un regard trop juste sur lui-même, une véritable conscience de toutes les qualités qu’il n’avait jamais manifesté… Mais il n’avait pas honte, ne ressentait aucun manque à sa conscience.
Parce qu’il aimait bien se cacher derrière l’imposition d’une vie ratée.
Après tout : Ce n’était pas sa faute. Beaucoup d’enfants élevés dans les failles d’une famille marquée par le drame et les larmes s’enfonçaient dans les travers de ce monde. Comme lui, ils essayaient souvent de s’en sortir sans jamais réussir et, comme lui, ils se laissaient tôt ou tard abattre par le poids des fatalités.
C’était la vie pour laquelle il avait signé.
L’existence dans laquelle ils s’étaient tous engagés – excepté Cayden. C’était sans doute ce qui, au final, les avait tant séparés. La divergence d’idéaux, leur manière de surmonter un deuil auxquels ils n’auraient jamais dû être confrontés… Peu à peu, le fossé s’était créé entre la peur et l’indifférence.
Peu à peu, ils avaient cessés d’être frères.

Installé non loin de l’eau, le regard perdu dans le mouvement régulier des vagues, Callum écoute les battements de son cœur mêlés au remous énigmatique des flots.
Dans l’attente de son frère, il se permet un rare moment d’humanité pendant lequel il réalise pour une énième fois que la tranquillité lui manque et que la vie hors de l’agitation des quartiers malfamés n’était pas aussi malheureuse qu’il aimait le répéter.
Callum avait de rares éclats de conscience pendant lequel il se demandait à quoi aurait pu ressembler sa vie si Celica ne s’en était pas absentée. En dépit de sa dyslexie et de son orgueil gros comme le monde, aurait-il pu s’en sortir?
Aurait-il reçu le soutien dont il avait besoin, aurait-il été accompagné dans le néant des difficultés? Le cadet n’aimait pas se questionner, s’imaginer la vie à coup de si.
Mais c’était parfois plus fort que lui. Après tout, derrière l’attitude d’enfoiré, le pauvre martyr n’en demeurait pas moins humain.

« Callum. »

Un frisson lui parcourt l’échine, le ramène un peu trop brusquement à une réalité dont il s’était complètement émancipé.

« C’est bien moi! »

Fierté, légèreté presque condescendant alors que l’interpellé se redresse et se retourne vers son frère dont l’unique lien se résume désormais à celui du sang.
Comme à son habitude, Cayden est froid. Il ne dégage pas la moindre joie, la moindre légèreté à l’idée de le revoir… Et c’est malheureusement les retrouvailles auxquelles le plus jeune est accoutumé. Sur ses traits, ni surprise ni déception.
Il savait déjà ce qui l’attendait, quel mécontentement il lui réservait.

Apparemment, ses beaux discours sur l’importance des relations entre frères n’avaient pas fait mouche. Dommage.

« Pourquoi ne pas être venu chez moi ? Aurais-tu peur de l’Airmure et des Démolosses ? »

Et s’ils étaient à l’aube d’un nouveau drame, sauraient-ils se serrer les coudes?
Callum ne s’était jamais interrogé… Sans doute parce qu’il n’imaginait pas quel drame plus important que la disparition de Celica pouvait l’attendre au tournant.
Mais si une telle catastrophe pouvait exister, seraient-ils capable de s’entraider? Sauraient-ils faire preuve de suffisamment d’humanité pour ne pas s’abandonner au creux d’un fossé?
Préféreraient-ils se laisser pour mort?
Oublier ce qu’ils avaient autrefois été?

Lâchant une grimace, Callum s’empresse de secouer la tête en guide de première réponse à sa question :

« Non… Mais j’admet ne pas spécialement avoir apprécié le dernier accueil qu’ils m’ont réservé. »

Il n’avait pas envie.
Pas envie d’être de nouveau confronté aux aboiements et hurlements sous le couvert d’une porte fermée à clé. Il avait préféré demander à Cayden de venir, de se déplacer jusqu’à lui… Peut-être pour s’assurer qu’il existait toujours, qu’il ne désirait pas éternellement le faire disparaître de sa vie.
Au fond, lui-même ne connaissait rien de ses propres motivations ni de ses peurs insensés.

« Il te faut combien, cette fois ? »

Il aurait pu et dû avoir honte.
Face à un comportement bien trop prévisible, Callum aurait dû comprendre qu’il merdait… Mais l’idée ne lui effleura même pas l’esprit.
À la place, il se contente d’une mine exagérément outrée et blessée. Ce genre de mine que les enfants réservent à leurs parents lorsqu’ils sont privés d’une demande longuement formulée et désirée.
Tout est dans l’exagération, le manque de sincérité.

« Ça te semble si difficile de croire que j’ai simplement envie de passer un peu de temps avec mon grand frère adoré…? »

Tout son comportement est dans l’exagération, dans le mimétisme pur.
C’est un rôle. Un mauvais rôle plus est.
Tirant une mine ridiculement crève cœur, Callum confronte son regard à celui de son frère. Il sait que Cayden est humain, bien plus humain que lui… Alors pourquoi est-il si froid?

« Mon proprio menace de me jeter dehors si je ne paie pas mon loyer d’ici demain... »
How the hell am I supposed to keep myself
When you are so damn far away
And everything feels meaningless
And I am not mine
(c) TakeItEzy & Ellumya
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Identité du dresseur
Trophéespassez la souris sur les icones
Parfois, il se disait qu’il devrait être plus compréhensif.
Un peu moins dur, un peu moins froid.
Parfois, il se disait qu’il devrait essayer de comprendre; de le comprendre. Après tout, Callum ne vivait pas une vie aux milles et unes merveilles et Cayden ne le savait que trop bien. En le faisant suivre, Cayden avait pu connaître chaque détail d’une existence que trop misérable - alors, peut-être devrait-il se montrer un peu plus conciliant ?
Tous deux avaient vécu le même drame, les mêmes travers, la même douleur. Tous deux avaient vécu la même disparition, la même panique, le même relent amer qui demeurait dans leur présent, tout en appartenant au passé. Pourtant, devant le ton trop léger de Callum, c’est une amertume qui brûle, qui reste. Une décharge électrique qui parcourt son échine.

Cayden déplorait les temps anciens, déplorait l’ancienne complicité - leurs sourires, leurs mauvais coups. Cayden déplorait leur relation étincelante, et les devoirs qu’il aidait à faire parfois. Une certaine mélancolie, au goût salé de larmes qui n’ont plus jamais coulées depuis ce soir où tout a volé en éclats, demeurait sur ses lèvres. Particulièrement quand son regard dévisageait l’être qui n’avait plus rien d’un frère si ce n’était les liens du sang.  
Saurait-il tout remettre en question si un drame s’apprêtait à faire basculer leur quotidien de nous ? Saurait-il abandonner les rancunes tenaces s’il le fallait ?
Au final, jamais Cayden n’avait cessé de veiller sur Callum. De près ou de loin, à l’aide des gardes du corps et du logiciel de traçage; Cayden n’avait jamais cessé de protéger ce frère. Fallait croire qu’aujourd’hui encore, Callum comptait, Callum était important pour le scientifique qui se tenait droit.

Qui aurait pu croire que ses nerfs auraient été mis à l’épreuve ?
Lui qui partait dans les endroits les plus reculés des grottes, risquant les avalanches. Lui qui se promenait dans la centrale en ruine à la recherche de traces des légendaires, d’indices, de nouveauté. Lui qui était un scientifique assez bien connu, dirigeant les expéditions - même les plus risquées, les plus dangereuses.
Qui aurait pu croire qu’il ne mettait pas les pieds dehors après vingt-deux heures ?
Qui aurait pu croire qu’affronter son frère pourrait l’angoisser suffisamment pour qu’il porte une cigarette à ses lèvres et l’allume ?
Hausser les épaules - comme pour paraître détaché. Loin de tout ça. Loin des explications donnés par son jumeau. Il cherchait, en l’observant, ce qu’ils avaient été autrefois. Il cherchait, en l’observant, une étincelle qui faisait écho à leur relation échouée.

« Ils sont là pour protéger la propriété. Ça aurait pu être un voleur. »
N’est-pas ce que tu es, Callum ? ; venant que pour de l’argent, est-ce qu’on pourrait considérer ça comme du vol ?
Enfin, pour que ce soit du vol, il faudrait que Cayden décide de ne pas lui en donner et que son frère le prenne de force. Pourtant, malgré toutes les années qui avaient passé, le chercheur n’avait jamais cessé de venir en aide financièrement à son frère tout en sachant que celui-ci cherchait la misère dans laquelle il vivait.
C’étaient les seuls moments où Cayden voyait son frère; les seuls moments où il pouvait s’assurer autrement que par des photos, un point sur son téléphone ou les dires du garde du corps, que son frère était bel et bien en vie. En un seul morceau.

Alors il ne pouvait pas couper les vivres. Détruire le seul lien, si frêle, si incertain, qui demeurait entre les deux. Quelque part, Cayden y tenait un peu trop. Malgré la rancune, malgré l’amertume.
Et c’est un rictus sur ses lèvres quand son frère aborde une mimique choquée, déçue. Pensait-il vraiment pouvoir le convaincre ainsi ? « Oui. »
Ce fut la seule réponse qui s’échappa d’entre ses lèvres, toujours aussi froide, toujours aussi tranchante. Pas la moindre chaleur ne se dégageait de sa part alors qu’il laissait la fumée s’envoler dans les airs. « Tu ne le fais jamais, juste vouloir passer du temps avec moi. » Il y a toujours une raison. Et la majorité du temps, pour ne pas dire tout le temps, c’était pour de l’argent. Cayden en avait l’habitude. Il n’y avait même pas une seule trace de reproche dans sa voix. Uniquement l’accueil qu’il réservait toujours à Callum : du froid.
Ça aurait presque pu être confondu avec de l’indifférence, si l’amertume ne s’entendait pas au travers de sa voix, au travers de ses gestes.

« Arrête ce jeu. » Devant la mine crève-coeur de Callum, Cayden retient un soupir de découragement. Callum ne changeait pas au fil des rencontres.
« Ça te va mal, ce théâtre. » Cayden aurait autant pu lui dire qu’il était mauvais acteur, ça aurait revenu au même. Une nouvelle bouffée de fumée, et les cercles qui se produisent dans les airs quand il la rejette, chassant au travers de la toxicité, l’anxiété coulant dans ses veines. « Ça ne me dit pas combien, Callum. Penses-tu vraiment que je me rappelle par coeur du prix de ton loyer ? »

Son regard se pose sur la porte de couleur corail et Cayden se demande.
Cayden se demande comment ils ont pu se perdre ainsi, comment ils ont pu oublier qui ils étaient. Cayden se demande comment les morceaux qui se sont éparpillés un peu partout dans leurs souvenirs pourraient être réparés - il ne sait pas comment le faire.
Callum lui manquait.
Mais pas ce Callum là.

« Il te faut seulement de l'argent pour ton loyer ? »
tell me all your sweet, sweet little lies
all about the dark places you hide
tell me your problems, make them mine
tell me all your sweet, sweet little lies
(c) TakeItEzy & Ellumya
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Identité du dresseur
Trophéespassez la souris sur les icones
Il avait toujours préférer le choix à l’imposition.
Callum était suffisamment intelligent pour connaître la triste fin que l’on réservait aux gens comme lui, aux idiots dans son genre. Même s’il avait essayé de tout son cœur – jeté tout son soul, même s’il avait tout tenté pour gradué dans le système d’un monde hostile, Callum n’aurait pas réussi.
Ne serait-ce que parce que ce n’était pas ce que l’on attendait de lui.
Personne n’espérait d’un idiot dans les rouages d’une société privilégiant les fortunés. Alors à quoi bon essayer?

Callum s’était auto-sabotté pour ne pas laisser la satisfaction au monde de s’en charger… Mais ça, il ne pouvait pas l’expliquer. Et même s’il avait essayé, Cayden aurait-il su l’écouter?
Les sacrifices engendrés auraient été trop importants, trop épuisants. S’il avait voulu embrasser les grandes lignes de sa vérité, il aurait dû admettre des faiblesses dont il n’était pas capable de faire mention… Les lettres inversées, impossibles à déchiffrer, c’était un secret qu’il n’était pas prêt à révélé.
Sans doute parce qu’il craignait d’être identifié comme un enfant brisé, comme un adulte raté. Il ne savait pas, il n’avait jamais su ce qui l’effrayait tant à l’idée d’un mot étiqueté à la moindre de ses difficultés. Callum, il aurait aimé comprendre.
Mais Callum comprenait peu de choses.

Malgré tout, il ne parvenait pas à oublier les temps passés ni les éclats de rire qu’il avait un jour partagé au reste de sa fratrie. Il n’oubliait pas que, en dépit de toutes les difficultés qu’il s’était créé, il avait un jour été un enfant heureux.
Tout comme l’avait été Cayden… Tout comme l’avait été Celica.
Mais de leur bonheur ne subsistait que les cendres nacrées, que quelques braises ardentes et hostiles dont plus personne n’osait s’approcher. Le bonheur n’était bon qu’à faire griller des toasts, et encore.

S’il s’était un jour fait cette réflexion, Callum aurait sans doute cessé d’aimer les toasts.
Parce qu’il ne voulait rien savoir du bonheur, rien connaître de ce sentiment de légèreté qui n’appartient qu’à ceux dont le cœur est lavé de tout crime, de toute larme.

Face à Cayden, il tente de garder la face.
Il y arrive. Parce que même si son jeu d’acteur est mauvais, parce que même s’il exaspère à faire comme si de rien n’était,  Callum est passé maître dans l’art de ne plus ressentir la culpabilité. S’il avait dû se sentir mal, se sentir responsable d’utiliser la réussite de son frère à son avantage, il n’aurait pas commencé hier.
Les prises de conscience soudaines et impromptues, ça n’existait que dans les films, que dans les livres. Dans la vraie vie, les enfoirés l’étaient en toute connaissance de cause.
Dans la vraie vie, on regrettait rarement d’être passé du mauvais côté.

« Arrête ce jeu. »

Froideur.
Froideur qui, à défaut de lui transpercer le cœur, met fin à son petit manège et ses pieux mensonges de fraternité. Redressant légèrement la tête, le cadet admire en silence la dépouille fragile de leur lien décédé.
Les choses ne seront plus jamais les mêmes. Frères, ils ne le sont plus.
Ils ne l’ont jamais été. Ils étaient triplets, pas jumeaux.

« Ça ne me dit pas combien, Callum. Penses-tu vraiment que je me rappelle par coeur du prix de ton loyer ? »

S’il n’avait pas redouté l’infime possibilité selon laquelle Cayden pouvait tourner les talons sans lui donner une infime partie de ce qu’il était venu chercher, Callum aurait sans doute pu répliquer qu’au nombre de fois où il avait payé son loyer, la moindre des choses aurait été de s’en rappeler.
Mais il n’ose pas.
Parce que c’est trop et que même un idiot comme lui sait reconnaître les limites à ne surtout pas franchir.
Parce que même s’il a toujours aimé jouer avec le feu, il estime que certains gains ne sont pas à prendre à la légère… Donc autant faire preuve d’un minimum de respect à l’égard de ce frère à qui il prenait sans jamais redonner.

« Tu as raison... », soupire le plus jeune.

Malgré tout, l’insouciance décadente qui illuminer ses traits ne le quitte pas.
Il n’a pas honte. Pas honte de devoir demander à son frère aîné de régler ses factures, de compléter pour lui les paiements en souffrance qu’il n’est pas en mesure de liquider.
Et pourtant, en tant que trafiquant, Callum n’a pas un mauvais salaire. L’illégalité a un prix… Un prix qu’il préfère investir dans la beauté et le divertissement plutôt que dans les nécessités de la vie.

C’était à se demander si on pourrait un jour le changer.

« J’ai pas mal de dettes avec… des gens du coin. »

Il hésite un moment, se demande s’il a vraiment le droit de prononcer les chiffres qui vont bientôt franchir la frontière de ses lèvres. Comme à son habitude, Callum ne sait pas.
Il n’est pas capable d’estimer s’il s’apprête à se prendre un refus monumental, une porte claquée à même son nez.

« Écoute, j’ai vraiment besoin de ces 267,000p$ », murmure-t-il en redressant légèrement les sourcils dans l’imitation approximative d’un regard piteux. « J’ai pas l'choix, tu comprends ?… Ils m’ont menacé, je suis au pied du mur, Cayden. »

Vraiment?
Et s’il était vrai que Callum était passé maître dans l’art d’accumuler toutes les dettes, était-il seulement autant au pied du mur qu’il le sous-entendait?
How the hell am I supposed to keep myself
When you are so damn far away
And everything feels meaningless
And I am not mine
(c) TakeItEzy & Ellumya
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Identité du dresseur
Trophéespassez la souris sur les icones
Un jour, ils avaient été trois.
Des triplets, un “nous”.
Un jour, ils avaient été trois;
Mais quand le “trois” est devenu “deux”; ça avait sonné faux et il avait fallu devenir “un”. Il avait fallu passer de “nous” à “soi” parce qu’en étant trois, ils n’avaient jamais su comment être moins. Ils ne savaient même pas comment être un.
Cayden ne savait pas comment être un; mais une fois l’harmonie perdue, pouvait-elle vraiment être retrouvée ?
Un jour lointain, dans un passé effacé, brumeux, il aurait souri à ce frère qui se dressait devant lui, lui aurait dit que tout irait bien, qu’ensemble, rien ne pourrait jamais mal aller.
Mais ils n’étaient plus ensembles.

Aujourd’hui, de ce qu’ils avaient été ne demeurait qu’une amère déception qu’il pouvait goûter sur ses lèvres. Aujourd’hui ne demeurait que les nombreuses justifications de Callum chaque fois qu’il tentait de lui faire croire qu’il avait des raisons valables de lui demander de l’argent.
Aujourd’hui, il ne restait que la déception d’un frère plus grand de quelques secondes, peut-être même quelques minutes, quand il posait son regard sur Callum. Une amertume qui restait bien ancrée sur son palais, qui le poursuivait et le hantait aussi violemment que le fantôme de Célica.

Il se demandait ce qui avait brisé entre eux,
Mais il ne se demandait certainement pas comment.

Il en avait vu plusieurs, au fil des années, qui perdaient des êtres chers. Il en avait vu plusieurs dont leur quotidien était rythmé par une terrible absence - et pourtant, leurs relations avec ceux demeurant restaient d’une douceur qui manquait cruellement à la leur. Qu’est-ce qui s’était passé ? Pourquoi n’avaient-ils pas su palier ensemble à une disparition qui les affectaient tous les deux ?
Cayden n’était pas fier de la façon dont il avait géré la disparition de sa soeur, mais… Callum n’avait certainement pas plus essayé d’empêcher un éloignement entre les deux. Désormais, ne restait que la froideur qu’il parvenait à délivrer à son frère. Rien ne pouvait arranger les mots qu’ils se prononçaient mutuellement.

Parfois, Cayden avait le sentiment de tenter de remettre sur le droit chemin un stagiaire récalcitrant. Mais à partir du moment où ce dit stagiaire était tout ce qui lui restait de quelques poussières d’un bonheur d’antan, il ne savait pas comment agir.
Le stagiaire, il l’aurait viré sans davantage de ressentiments. Mais, son frère, il ne pouvait cesser de lui remettre l’argent demandé peu importe le montant.
Parce qu’il était impliqué émotionnellement parlant. Situation dans laquelle il s’arrange de ne jamais se retrouver à son travail. Les émotions, ça entravait aux solutions qui pouvaient être apposées.

Parfois, quand Cayden posait son regard sur Callum, l’envie de le traiter comme n’importe quel autre problème administratif le prenait. Tourner les talons en lui disant de se trouver un travail et de cesser de mettre n’importe qui dans son lit.
Mais quelque chose en empêchait ; parce que Callum était son frère, et que malgré tout ce qui avait pu se perdre dans le néant entre les deux, Cayden ne pouvait cesser de l’aimer et désirer le protéger. Jusqu’à le faire suivre par tous les moyens pour garder un oeil sur lui, sur son quotidien. Respirer la fumée, en rejeter une partie, oublier quelques instants les relations qu’ils ont autrefois entretenus - se concentrer sur la fausse légèreté de Callum pour soupirer.

Il est plus facile d’en vouloir à son frère quand il sait que ce dernier lui ment - comme présentement. Cayden haussa très légèrement les épaules en tirant sur sa cigarette, laissant la fumée sortir d’entre ses lèvres en tous petits cercles. Quelques instants pendant lesquels le scientifique préférait de loin se concentrer sur cette fumée toxique que sur l’être humain tout près de lui.
Comment expliquer à celui qui tentait de se faire prendre en pitié que si ça avait été vraiment le cas, Cayden aurait été tenu au courant ? Il était impossible pour Cayden de dire à Callum qu’il était suivi, et totalement traqué à vrai dire, de sorte à ce que son frère soit au courant de sa vie… sous plusieurs facettes.

« Garde tes justifications pour ceux que ça intéresse, Callum. »
Son ton demeurait glacial alors que les mots franchissaient ses lèvres, sa cigarette à la main, son regard transperçant celui qui avait été autrefois son jumeau. « C’est une somme assez conséquente, tu sais. Qu’as-tu acheté pour avoir autant de dettes ? » Enfonce-toi dans les mensonges, Callum. Cayden attendait, immobile, restant froidement présent.
Est-ce qu’il allait lui donner l’argent ? La réponse était évidemment positive. Néanmoins, il n’allait pas le faire aussi simplement - n’allait clairement pas lui donner le sentiment que c’était une évidence.

Cayden avait pour intention de le faire douter. Donner cette impression qu’il n’allait pas lui fournir le montant demandé.
Quelques instants, quelques secondes, alors qu’il terminait sa cigarette la jetant au sol par la suite pour l’éteindre avec le bout de sa chaussure. « Je n’ai pas fait beaucoup d’heures supplémentaires dernièrement. Je ne sais pas si j’ai assez. »
Je sais mentir, moi aussi, Callum. Cayden haussa les épaules une nouvelle fois en lui faisant signe de le suivre. Quitte à être là, autant observer le paysage et chercher de potentielles informations ou indices. « Je peux te passer la moitié. » La suite sera après un repas. Parce que Cayden savait très bien la pauvre alimentation de son frère. Et que quelque part, malgré tout, Cayden cherchait à prendre soin de lui.

tell me all your sweet, sweet little lies
all about the dark places you hide
tell me your problems, make them mine
tell me all your sweet, sweet little lies
(c) TakeItEzy & Ellumya
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Identité du dresseur
Trophéespassez la souris sur les icones
Il mentait comme il respirait parce qu’il n’avait jamais su comment survivre tout en étant honnête.
Il n’avait jamais caressé la bonne étoile de Cayden, jamais eu la chance de naître suffisamment intelligent pour emprunter un chemin semblable au sien.
Callum était un idiot qui s’assumait, un abruti privé de conscience. Il n’était pas le pion d’une famille, car leur famille avait cessée d’exister le jour où elle avait été amputée de son essence. Pour lui, son frère n’était qu’un illustre inconnu qu’il ne connaissait que de nom… Leur lien, l’indestructible pont censé joindre les âmes jumelles, s’était écroulé quand les flots et le brouillard avaient submergé l’autre rive.
Et pourtant, parfois, Callum se demandait. Il se demandait quel genre de vie ils auraient pu avoir s’ils avaient été trois ou s’ils n’avaient pas échoué à être deux.
La réponse l’effrayait, car elle sous-entendait qu’une autre existence aurait pu s’offrir à lui – que sa triste condamnation n’était qu’un prétexte… Et c’était une réalité à laquelle il ne souhaitait pas être confronté.
Le cadet des Freylinger avait broyé et déconstruit de ses mains la douce chance d’être heureux.
Mais c’était par crainte qu’il n’existe pas d’alternative. Parce que, sa déchéance, il la préférait par choix plutôt que par fatalité.
Si on lui disait soudain qu’il y avait toujours eu un autre chemin, qu’il avait simplement été trop con pour l’apercevoir, alors toutes ses certitudes risquaient de s’écrouler. Il n’était pas prêt à prendre ce risque.
Ni aucun autre.

Alors face à Cayden, il ment.
Il ment parce qu’il préfère décevoir les gens volontairement, parce qu’il apprécie cette déception dans le fond des regards.
Parce qu’il n’a jamais vraiment été du type à relever les attentes.
Malgré tout, il essaie de se prendre au jeu, de moduler sa voix pour ne pas trahir l’indifférence dont il se porte garant à l’idée de dépouiller son frère de tant d’argent. Il essaie de faire pitié, d’expliquer qu’il a besoin d’une telle somme, que c’est une question de vie ou de mort.
La vérité n’est pas belle, mais il n’est pas prêt à la formuler.
Parce que Callum pourrait subvenir à ses besoins; les pokéballs trafiquées font un tabac chez les gens de peu de valeur. Mais Callum vit au-dessus de ses moyens.
Il possède un appartement qu’il paie le prix d’un placard à balais, mais dont les murs sont grugés par la moisissure… Sauf qu’une fois à l’intérieur, la majorité de l’ameublement est encore marqué par l’odeur des magasins dans lesquels il les a acheté.
Callum vit au-dessus de ses moyens, car il ignore comment on gère son argent; comment on survit dans un monde aussi dégoûtant. Il fait n’importe quoi et, au final, c’est Cayden qui, à chaque mois, paie le prix de son immaturité.
C’est ça, sa vie. C’est ça, la vie qu’il a choisie.

« C’est une somme assez conséquente, tu sais. Qu’as-tu acheté pour avoir autant de dettes ? »

Loin d’être déstabilisé, le plus jeune redresse doucement le nez en esquissant un sourire gêné, mais dont l’authenticité est aussi factice que le prétexte qu’il s’apprête à balancer.

« On a voulu lancer notre propre business… Notre propre marque de vêtements d’hiver, mais ça n’a pas fonctionné, sauf que mon collaborateur veut absolument ravoir l’argent qu’il m’a prêté pour l’achat des équipements. »

Callum ne sait même pas quels sont les équipements nécessaires à ce genre de start-up, mais il s’en fout.
Car Cayden ne posera pas de questions, car personne ne croit une seule seconde à son mensonge. S’il s’enfonce, c’est uniquement pour le plaisir d’avoir un prétexte, une histoire à raconter.
C’est pour détourner la vérité, pour parler tant qu’il n’a pas de véritable explication à donner.
Il n’a pas envie que cette conversation berce dans le réel, dans ses véritables motivations. Callum ment pour fuir, mais aussi parce que c’est drôle.
Bien plus drôle de se créer un prétexte que d’admettre vouloir une console dernière génération à quelque 140,000p$ et des poussières.

« Je peux te passer la moitié. »
« Seulement la moitié!? », s’alarme-t-il soudain d’une toute petite voix.

Sans même s’en rendre compte, la surprise et l’inquiétude s’emparent de lui. Si bien qu’il a du mal à reprendre contenance, à remettre le masque qu’il maintenait à la perfection jusqu’à présent.
Toussant, il déglutit alors.

« Enfin, je veux dire; merci, ta générosité me va droit au cœur. Je me débrouillerai pour le ramasser le reste de la somme… »

Sourire crispé, regard aussi inquiet que désabusé. Qu’est-il censé faire avec la moitié de la somme demandé?

« Peut-être qu’en faisant de petits boulots ici et là, j’arriverai à obtenir le montant exacte avant que ses gars ne me tombent dessus… »

Pitié.
Callum cherchait à faire pitié, que cela fonctionne ou que son échec soit humiliant. Son frère n’avait-il dont pas un cœur?
How the hell am I supposed to keep myself
When you are so damn far away
And everything feels meaningless
And I am not mine
(c) TakeItEzy & Ellumya
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Identité du dresseur
Trophéespassez la souris sur les icones
i hope that you hurts more than i do

Quelques poussières d’étoiles dans le creux de leurs mains pour unique résidus de quelques souvenirs merveilleux. De rires en cascades, de sourires, de mauvais coups préparés à trois et aucun pour prendre le crime - pour une solidarité qui les avait toujours lié, pour une présence, pour un trio qui ne pouvait être séparé.
Mais c’était précisément là le problème : ils avaient été un trio. Ils avaient été un trio sans jamais savoir qu’ils devaient apprendre à être autre chose que trois; que de trois ils pourraient devenir deux; que de trois, le pilier pouvait s’effondrer.

Quand est-ce que trois enfants auraient pu prévoir qu’une allait disparaître ? Qu’un jour, les sirènes de police seraient leur accueil en rentrant de l’école, que les devoirs ne seraient plus importants, que les larmes sur le visage de leur mère ne seraient plus que de découragement quand un d’entre eux ne voulait pas écouter ? De trois, à un. Il n’y avait pas eu de transition, le rideau du théâtre ne s’était pas refermé, la page n’avait pas été tournée. La coupure avait été brusque, le rideau était tombé et la page avait été déchirée. De trois, à un. Et Cayden n’avait jamais plus su aimer celui que Callum était devenu - il n’avait jamais plus su aimer ceux qu’ils étaient devenus.

S’ils avaient su se relever, s’ils avaient su être quelque chose - s’ils avaient su qu’ils auraient un jour dû être deux, est-ce que tout aurait été différent ? Pourrait-il un jour penser observer Callum autrement qu’avec ce regard désobligeant, désespéré ? Parce que pour le moment, quand son regard se posait sur son frère, ce n’était qu’avec un amour las. Une haine délavée. Une amertume qui ne s’effaçait pas et une crainte de le perdre aussi - mais ils s’étaient déjà perdus.

Il avait pris une longue respiration emplie de fumées, pour la relâcher dans l’atmosphère, avant de sortir son cendrier portatif et d’y éteindre le mégot qu’il venait de terminer. Il lui fallut toute la volonté du monde pour ne pas reprendre une cigarette immédiatement. Callum le rendait nerveux, Callum le rendait angoissé. D’une relation qu’il n’avait su préserver ne restaient que des cendres, des lambeaux. Et Cayden ne savait pas comment reconstruire ce qui s’était effondré depuis tellement longtemps qu’ils ne possédaient plus rien en commun quand ils se toisaient et que Callum déversait ses mensonges. Pensait-il un seul instant que son frère pouvait le croire ?

« Bien sûr. » Aussi tranchante que la neige que pouvait produire Vénus, sa voix avait tranché l’atmosphère. Des mensonges aussi ridicules les uns que les autres, toujours, à chaque fois. Callum le pensait-il vraiment aussi naïf ? « C’est souvent ce genre d’histoires, avec toi. Et un investisseur qui te menace ainsi, c’est forcément que t’es allé fourrer ton nez dans de l’illégal, pas vrai ? Enfin… admettons que cet investisseur existe. Ce genre de menaces, c’est à la police qu’on les rapporte. » Sourcil relevé alors qu’il ne pouvait s’empêcher de démontrer à Callum à quel point il croyait aux mots délivrés. Alors qu’il ne pouvait s’empêcher de lui montrer qu’il n’était pas du tout attendri, touché. Que ça ne lui faisait rien - bien que Callum ne pouvait pas savoir que Cayden avait la confirmation, la certitude, que cette histoire n’existait pas du tout. Montée de toutes pièces pour espérer avoir un peu d’argent de la part de Cayden.
Argent que Cayden ne pouvait pas s’empêcher de lui donner. C’était son frère, après tout… même si parfois, en le regardant, le scientifique se demandait si c’était réellement son frère. Il n’en avait pas l’air. C’était davantage un étranger qui partageait un lien de sang - mais ça n’avait rien de ce frère qu’il avait eu autrefois. Mais lui aussi, il avait changé, et il se disait que Callum pensait sans doute la même chose de lui.

Qu’est-ce qu’il s’était passé ? Pourquoi n’avaient-ils pas pu se soutenir ? Dans d’autres familles, ce genre de drame rapprochait. Eux avaient été divisés.

« Bon, tu me suis ? On va aller commander un plat à emporter dans un restaurant qui a bien plus de sens que les fast-foods que tu affectionnes tant. » Même s’il avait conscience que c’était davantage un non-choix qu’une véritable passion. Cayden ne pouvait retenir le cynisme qui s’infiltrait toujours inévitablement dans les conversations avec son frère alors qu’il lui faisait signe de le suivre.
Derrière eux s'effaçait alors la Porte Corail, sa couleur disparaissait. Peut-être qu’ils allaient revenir; mais pour le moment, l’important était d’offrir un vrai repas à son frère. « Nos parents ont appelé. Ils ont demandé de tes nouvelles, ils n’arrivaient pas à te joindre. Tu pourrais décrocher quand ils t’appelent. Je ne suis pas un secrétaire en plus d’un banquier. »

Lentement, ils arrivaient à une chaîne de restaurant qui était pas loin du quatre étoiles, même si les plats demeuraient abordables et dans les goûts des clients moins « fancy » que les cinq étoiles. Il entra dans le restaurant en s’assurant que Callum suive et demanda un menu. Connaissant le gérant, il savait qu’il n’aurait pas de difficulté à obtenir des plats à emporter. « Choisis ce que tu veux. »

Callum prendrait sûrement le plat le plus cher de la carte.

you can give the act up now
don’t swear to god, he never asks you



tell me all your sweet, sweet little lies
all about the dark places you hide
tell me your problems, make them mine
tell me all your sweet, sweet little lies
(c) TakeItEzy & Ellumya
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Identité du dresseur
Trophéespassez la souris sur les icones
À quoi bon?
À quoi bon feindre une fratrie qui n’existait plus, à quoi bon se mentir autant à soi-même? Parfois, lorsqu’il caressait l’un de ses rares instants de lucidité, Callum se demandait.
Autant se rendre à l’évidence, cesser de se voiler les yeux et de nourrir des chimères : Cayden ne lui manquerait pas.
S’il venait à disparaître comme Celica l’avait fait avant lui, le cadet ne verserait sans doute pas de larmes pour cet étranger. Pour ce qu’ils avaient été et ce qu’ils ne seraient sans doute plus jamais.

Ils se fatiguaient à faire comme si, à jouer un rôle qu’ils ne maîtrisaient pas.
Ils se fatiguaient à mettre de la poudre aux yeux, à faker leur utopie.

Alors pourquoi n’arrêtaient-ils pas, pourquoi ne se détournaient-ils pas?
Callum l’ignorait. En dehors de parents qu’il tentait de préserver, Cayden était la dernière famille qu’il lui restait. Partir, c’était s’avouer seul au monde, c’était donner raison à la disparition de leur sœur…
Et même s’il se doutait qu’un jour viendrait où les faux semblants ne suffiraient plus les préserver de la séparation, il n’était pas pressé d’y arriver. Pas presser de mettre un terme à leur relation, à quitter un frère comme on quitte un vulgaire ami.

Même s’il s’était douté que son mensonge ne tiendrait pas la route, que le plus intelligent des deux ne goberait pas les bobards du plus idiot, il ne s’était toutefois pas imaginé qu’il lui renverrait la balle de cette manière.
Fronçant légèrement les sourcils, Callum grimace doucement et prononce alors ses premières paroles teinté de sincérité :

Tu sais parfaitement que j’peux pas demander de l’aide aux flics…, ce n’était pas un secret.
Pas pour Cayden dont le sens de la justice clashait dangereusement avec son amour de l’interdit.
Si je rentre dans un commissariat, je sais pas quand j’en sortirai. Y a que toi sur qui je peux compter.
C’était bien la première chose qu’il disait qui n’était pas destiné à plaire ou endormir la vigilance de son frère.
Callum en avait trop fait.
Trop fait pour prétendre à une vie paisible, trop fait pour mêler la justice à ses histoires. Même si, pour le coup, son investisseur était aussi réel que ses problèmes d’argent, sa raison de préférer son aîné, elle, était véritable.
Et il n’avait pas honte de le dire, pas honte de s’exprimer devant un Cayden qui ne ferait rien contre lui.
Même si leur lien relevait davantage de la parodie d’une fratrie, le sang qu’ils partageaient n’en étaient pas moins le même. Ils avaient déjà perdu Celica… Pourquoi courir le risque de perdre Callum au nom d’une justice idéalisée?

Non. Il n’était pas inquiet.
Il n’avait pas peur de Cayden, ne nourrissait pas la moindre méfiance à son égard.
Dommage que ça n’ait pas été réciproque.

Charmé par l’idée de manger autre chose que la nourriture fade à laquelle il était habitué, le jeune homme s’empresse de tendre le bras vers la sortie du monument.
Après vous.
Sourire, sourire qui, à défaut d’être agréable à regarder, projetait l’illusion d’une véritable complicité.
De l’extérieur, ils avaient sans doute l’air proches. Si quelqu’un devait les regarder sans entendre le contenu de leur conversation, il devait sans doute envier la relation entre eux.
Après tout, les fictions n’avaient-elles pas toujours dépeint le lien entre jumeaux comme sacré? Il fallait y être pour ne pas y croire, mais les deux savaient.
Ils savaient que les contes de fées ne préparaient pas à la mort d’un proche et que la disparition d’un membre de la triade suffisait à effacer neuf mois passés dans le même placenta.

Nos parents ont appelé. Ils ont demandé de tes nouvelles, ils n’arrivaient pas à te joindre. Tu pourrais décrocher quand ils t’appelent. Je ne suis pas un secrétaire en plus d’un banquier.
T’as qu’à leur dire que je suis mort, ça devrait pas trop les ennuyer., soupire-t-il en guise de réponse.

Il était conscient que c’était une blague douteuse à faire lorsque l’on avait leur histoire, leur passé… Mais il s’en moquait. Callum était une déception sur tous les plans; savoir qu’il n’avait pas survécu au fruit de sa bêtise ne devrait pas déranger leurs parents et… Il les comprenait.
Lui aussi n’aimerait pas s’avoir comme enfant.
C’était bien la raison pour laquelle il ne répondait plus, pourquoi il évitait tout contact avec eux. Après tout, ressentaient-ils vraiment le besoin de cumuler les déceptions? En tant que descendant, Cayden était largement suffisant.
Le reste n’était qu’un malus.

Le reste était soit mort, soit minable.
Que demander de plus?

En arrivant au restaurant, Callum ne peut s’empêcher de hausser doucement un sourcil en admirant la décoration des lieux et la carte aux noms incompréhensibles.
Incapable de se repérer, il glisse doucement ses doigts le long de sa chemise pour en repositionner le collet puis retrousse le nez.
Ça… Le Carpaccio de bébé Écremeuh aux agrumes et un Pavlova aux fraises et pistaches.
Il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il disait, mais les noms lui semblaient luxueux et  c’était sa seule condition pour les aimer davantage.
Je crève la dalle.
Sent-il le besoin de préciser… Au regard de son alimentation pas toujours admirable, c’était à ne pas en douter.

En vrai, pourquoi tu perds ton temps ici? J’veux dire… T’as forcément mieux à faire, alors pourquoi t’es là? C’est quoi tes intentions…?
How the hell am I supposed to keep myself
When you are so damn far away
And everything feels meaningless
And I am not mine
(c) TakeItEzy & Ellumya
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Identité du dresseur
Trophéespassez la souris sur les icones
Aujourd’hui aurait le même déroulement.
Toujours, la même finalité.
Il allait rentrer avec le même goût amer sur son palais et le coeur étrangement lourd de sentiments jamais compris. Il allait s’installer devant son ordinateur et observer les mêmes informations encore, indéfiniment, en se demandant à quel point;
((à quel point une famille qui avait tout pour réussir s’était écartelée ainsi));
Encore une fois, l’argent quitterait son portefeuille pour rejoindre les mains de son frère - et lui, il se demandera à quoi tout ça mène. Le refrain était épuisant à force d’être répété.

D’une vie aux apparences de perfection, les morceaux s’effondraient. Le séisme semblait bien plus près que prévu - chaque fois que son regard croisait celui de son frère et que les mensonges les entouraient. Que les faux-semblants lui levaient le coeur et que sa voix tranchait, froide, intransigeante, en réponse à celle de celui qui lui faisait face. Celui qui aurait dû être un jumeau.

Cayden prenait tout son énergie pour ne pas reprendre une cigarette; pour ne pas apaiser son angoisse montante par une fumée encrassant ses poumons. Il ne voulait pas que son frère - l’était-ce ? - sache à quel point leurs rencontres le plongeaient sans cesse dans un cocktail explosif d’émotions.
Cayden ne voulait pas que Callum prenne conscience du poison qui coulait dans ses veines, des réveils et insomnies, de l’angoisse injectant les yeux de sang et la fatigue qui s’y mêlait; de l’impossibilité de sortir la nuit sans se sentir traqué, encerclé, condamné. Cayden voulait préserver les apparences d’une vie bien rangée ; mais celle-ci s’établissait dans un climat glacial et une solitude mordante, dans un silence bien trop lourd. Le silence qu’il avait choisi depuis ce qui lui semblait désormais une éternité.

Il avait haussé un sourcil ; Cayden n’avait pas su quoi dire.
Callum pouvait-il réellement seulement compter sur lui ? Alors même qu’il pensait depuis un moment à couper ce dernier lien (à continuer de le préserver - éternel indécis). Il ne savait plus, Cayden, si quelque chose était à sauver d’eux.
Parfois, il se disait que souffler sur les cendres de leur relation était le seul geste qu’il lui restait à faire - que se battre, que s’acharner, jamais ne mènerait à quelque chose. Mais pouvait-il abandonner l’ombre d’un frère ?
Il n’avait déjà plus de soeur.

Ça t’apprendrait peut-être à réfléchir avant de te mettre dans les emmerdes jusqu’au cou. L’empathie, Cayden ne connaissait pas. Pas auprès de cet étranger qui avait toutes les apparences d’un jumeau - il ne savait pas se faire compatissant quand les seules fois où il était contacté, c’était pour jouer les rôles de banquier.
Pourtant, il ne viendrait jamais à l’esprit du scientifique de livrer Callum aux autorités, de le rendre là où il devrait être; derrière les barreaux, malgré tout. Cayden s’accrochait aux vestiges d’un passé et refusait de les laisser lui échapper.
Est-ce qu’il y avait quelque chose à réparer ?
Cayden hésitait.

Il aurait voulu être certain; il aurait voulu pouvoir affirmer sans l’ombre d’un doute que jamais il ne découragerait, que toujours il allait entretenir le seul lien qui les unissait pour le moment parce que quelque chose de bien pouvait en ressortir. Mais les années passaient, et les espoirs flétrissaient. Il n’y avait désormais plus grand chose d’autre qu’une lassitude, une froideur et une amertume.
La nostalgie des anciens moments revenait le soir. Peut-être était-ce pour ça qu’il s’acharnait dans un vide, laissant l’écho de leurs rires anciens se répercuter à ses oreilles ? Mais Cayden ne riait plus. Il ne souriait même plus réellement.

Il n’y eut même pas de sourire pour répondre à celui de Callum, seulement un léger hochement de la tête alors que Cayden passait le premier, vers la sortie, vers le restaurant. Pas le moindre sourire pour entretenir une illusion quelconque. Depuis combien de temps n’avait-il pas souri en présence de ce qui était son frère, par le sang ? Il ne le savait même pas. Merci, Callum. Mais il savait être poli et respectueux, Cayden.

Mais c’est un agacement qui avait naquit en lui quand un soupir s’éteint sur ses lèvres et qu’il lance un regard à Callum. Qu’espérait-il comme réponse de la part du scientifique ?  Fais-le toi-même. Peu importe ce que tu fais, ou comment tu agis, tu restes leur fils. Appelle-les et dis-leur que t’as envie d’être mort à leur yeux pour ne pas à avoir à décrocher, parce que moi, je ne le ferais pas. Ce n’était pas son taff.
Ces appels téléphoniques qui ne dépassaient jamais cinq minutes. En perdant Celica, quelque part, leurs parents avaient perdu également leur deux fils. L’un dans la déchéance et l’autre dans le silence. Ils s’étaient fragmentés, éloignés - et si l’un pouvait être vu comme mort, l’autre n’en était désormais qu’un étranger.

Cayden n’était pas fier; mais il ne savait pas faire autrement.
((hors de question que Callum ait conscience que lui-même n’avait rien du fils modèle))

Indifférent à l’inconfort de Callum, Cayden commande son Magret de Couaneton ainsi qu’un crémeux à la vanille et au bourbon. Lorsqu’il reçut la commande de son frère, il s’empressa de la communiquer.
C’est brusquement qu’il se retourne pour faire face à Callum. Il essaya d’analyser sous toutes les formes ce qui avait été entendu pour en découvrir quelques sens cachés, ne sachant pas du tout comment répondre. C’est vrai, pourquoi il était là ?

Je ne sais pas. Aurait-il dû prétendre, trouver des réponses, une excuse quelconque à sa présence ? Il avait choisi la voie de l’honnêteté.  Peut-être que j’espère qu’un jour, ça mènera à quelque chose. Qu’un jour, ils puissent réellement être frères. Il ne savait pas trop, Cayden, pourquoi il s’accrochait ainsi. Si tu penses à des intentions cachées ou malsaines ou que sais-je, je n’en ai pas. Je ne sais pas pourquoi je persiste à perdre mon temps avec toi, quand c’est toujours la même chose. Mais…

Respirer profondément.
Mais ça me permet de savoir que t’es toujours en vie.

Et qu’il ne voulait pas le perdre.
Perdre le peu qui lui restait d’un semblant de frère.

tell me all your sweet, sweet little lies
all about the dark places you hide
tell me your problems, make them mine
tell me all your sweet, sweet little lies
(c) TakeItEzy & Ellumya
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Identité du dresseur
Trophéespassez la souris sur les icones
Revenir en haut Aller en bas
 Sujets similaires
-
» i still think about you everyday - cayden
» maybe two or three times when i get carried away - cayden
» Une question d'Alchimie [PV] ~ feat Cayden
» "i could never push rewind and erase" - cayden (terminée)
» Our souls are like fireflies, when it is ignited, it burns like a Star - Pv Cayden

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
-
Répondre au sujet
Outils de modération