La Route 4 n'est pas vraiment une zone de travail pour Kanan. À vrai dire, son travail reste plus centré aux proximités de Feranium et non Windoria. Mais bon, pas le choix quand Grynberg exerce encore ce métier. Pas pour le bien des humains mais pour ceux des Pokémons. Disons que le rebelle est assez agacé d'avoir aidé d'innombrables personnes pour au final être considéré comme d'un outil, d'une chose, d'un objet servant juste à rendre service aux gens sans rien en retour. Au final, peut-être que le métier de sapeur-pompier n'était pas fait pour Kanan. De toute manière, son job de ranger est bien plus épanouissant que de combattre le feu, cet ennemi, cette abomination qui a emporté son ami Caninos...

Souhaitant oublier ce mauvais souvenir, Kanan n'hésite pas à appuyer sur le champignon, l'accélérateur de sa moto afin de se rendre au plus vite à la Route 4. Il est en retard, suite à une panne de réveil et comme toutes personnes idiotes, le monsieur roule vite pour arriver à l'heure. C'est ça être motard visiblement. Défier la loi à longueur de journée pour n'être que vitesse, ne faire qu'un avec le vent, se sentir libre.

Comme convenu, le jeune homme arrive à l'heure pour prendre son service au Poste. Déjà en uniforme, Kanan boit très vite son café et emprunte déjà la Route 4 en compagnie de son Lixy, de Mordred. Il effectue des rondes de plusieurs heures dans la journée, verbalisant toutes personnes osant polluer la nature. Que ce soit de jeter des déchets, de cracher en pleine cambrousse, ou bien de dégrader la nature blessant des arbres ou arrachant des fleurs protégées. Le ranger est impartial et il ne changera pas. Il adore la nature, il est amoureux des forêts, bref les villes et les grandes agglomérations ne sont pas faites pour lui.

C'est au milieu de la journée, faisant une pause près d'un arbre que Kanan donnant le repas à son Lixy, fini par apercevoir une silhouette s'approcher de lui. Une forme qui ne correspond aucunement à un Pokémon. Enfin c'est pour Kanan une moitié de vérité car sur l'épaule de la demoiselle se trouve un Larméléon...

« Bonjour madame. » lâche d'une voix neutre Grynberg en effectuant au passage d'un signe de tête en guise de salutation. De ces deux mots, Mordred se met à hérisser doucement son poil, protégeant avant tout son repas plutôt que son maître.

La moindre des politesses est de saluer une personne, surtout lorsque le jeune homme porte un uniforme représentant un service du bien public. Même si Grynberg possède pas mal de mauvais souvenirs à différentes personnes et à cause de son ancien métier de sapeur-pompier, le gaillard continue à être courtois. Heureusement, cela ne va pas le mettre en danger ni même rendre sa journée encore plus misérable qu’avant. Qu’elle est son code de vie ? Travailler, protéger la nature et ses êtres vivants (en ne comptant pas l’humain) pour être payé et vivre un jour de plus. Il n’espère aucune gratitude de la jeune femme, ni même un fragment de sourire. En fait, même des insultes ou des éléments bien irrespectueux ne lui feront ni chaud ni froid, il restera impassible, reprenant ses activités comme-ci de rien n’était. C’est du moins ses idées que Kanan s’est fixé après avoir été dégoûté de pas mal de personnes que ce soit ses propres collègues aux gens qu’ils rendaient service. Alors, le solitaire pose simplement ses billes ténébreuses sur la jeune femme en gardant ce visage qui ne souhaite guère être expressif, par peur d’être encore déçu des réactions des gens inconnus. Kanan ne pipe pas un mot, s’apprêtant à reposer son attention sur Mordred qui arrête de grogner pour manger à nouveau, cependant il ne réalisera pas ce geste, cette action…

Une question chavire la curiosité bien rare du ranger qui dirige ses orbes bleu roi sur la femme qui se demande si elle ne l’aurait pas vu quelque part. Il hausse les épaules, ne trouvant pas vraiment d’élément concret pour appuyer sur l’affirmation de la question. « Navré, votre visage ne me dit rien madame. » dit-il en plissant ses iris pour porter plus d’intérêt sur l’inconnue possédant des mirettes extrêmement verdoyantes à en faire jalouser plusieurs prairies. Non. Son visage ne lui dit rien. La faute d’avoir côtoyé d’innombrables individus au cours de ses nombreuses missions. Néanmoins. Bizarrement. L’émeraude scintillant de ses orbes semble ne pas être étranger au fond de la mer des cristaux de Kanan.

Le grognement de Lixy refait surface après le bêlement d’un Cabriolaine. Peut-être souhaitait-il saluer la petite troupe mais le chat garde sa nourriture au péril de sa vie, ami ou ennemi Mordred n’y fait pas la différence. La bouffe s’est sacré selon lui. Puis, la plainte de la femme surpasse le grognement du chat électrique. Un Négapi, ce petit voleur, ose dérober la chaussure de cette citoyenne de Lumiris. Sans réfléchir, de sa ceinture Kanan y attrape une corde pour la manipuler sous forme de lasso. Quelques moulinets et l’objet attrape non pas le Pokémon mais le bien de l’inconnue. Sans un mot, la ranger récupère la chaussure pour ensuite la tendre à sa propriétaire. « Voilà. »

Un seul mot, pas un de plus, la faute à sa manie d’avoir tourné le dos aux gens, préférant observer les Pokémons et l’environnement. Si Kana Grynberg est un iceberg, Lixy quand à lui effectue des meilleurs pas en se frottant à la cheville de la jeune femme tout en l’observant pour quémander de l’attention. Enfin bon, Kanan sait très bien qu’il ne s’agit pas de cela. Le félin a dû sentir de la nourriture et s’il montre son joli minois c’est simplement pour quémander à manger. Sérieusement…ce chat électrique est un démon. « Mordred, je t’ai dit de ne pas quémander de la nourriture. » gronde le ranger qui visiblement…n’arrive pas à se faire obéir car le Lixy l’ignore.

Récupérer la chaussure à l'aide d'un lasso est une chose aisée, simple, facile pour le ranger qu'est Kanan Grynberg. En réalité, plusieurs mois de travail pour réussir des lancés aussi simplets. Bien entendu, le garçon garde le silence, ne se vantant aucunement de son action comme beaucoup de personnes peuvent le faire. Il se contente simplement de rembobiner ou plutôt réenrouler son lasso de sa main à son épaule pour effectuer des parfaits cercles. En attendant, le solitaire écoute de ses oreilles attentives les dires de la demoiselle détenant un langage assez particulier qui arrive à donner un faible sourire au ranger. Nullement de la moquerie, mais plus de l’agréable surprise. Accrochant l'objet sur sa ceinture, Kanan s'apprête à lui répondre mais son chat électrique lui coupe la parole...

Vraiment ? Réellement ? Est-ce que Grynberg est bien témoin de cette scène devant ses billes froides ? Il faut croire que oui. Mordred, ce petit malin, il a senti voir repéré à des kilomètres à la ronde ce qui allait se passer en faisant ses yeux de chat botté. Il se frotte à la demoiselle pour non pas des cajoles mais de la nourriture. Tout simplement. « Je pense que ce n'est pas... » commence à dire l'ancien pompier avant de recevoir un regard noir en coin de son ami à quatre pattes. Une attitude visant à stopper net son maître pour que Mordred profite de la gentillesse de la porteuse du regard émeraude. Un simple soupir se dégage du propriétaire de Lixy. « C'est gentil de votre part, madame. » fini par avouer Kanan en étant du coup un peu surpris de la gentillesse de cette inconnue. Ça court pas dans les rues ou du moins dans la campagne.

Le regard un peu absent, mort, de la mer gelée de Kanan se fige sur l'éclat verdoyant de la prairie de cette Raiponce. Elle se présente sous l'identité de Caitlin McDunn et cette dernière précise même vivre à Feranium dans une ferme. Le genre d'endroit où le loup ne s'y est pas rendu. Sûrement parce que Hoenn en manque. « Kanan Grynberg, ranger Pokémon. Je suis également de Feranium. » dit-il simplement en supposant que son lieu de logement actuel ne doit pas avoir d'importance ni même de la ville où il vit actuellement au final.

Mais ce n'est plus le cadet des soucis du solitaire car si le Ponyta ne dérange guère le ranger, le Tiboudet en revanche met en alerte Kanan Grynberg. Cependant, il se fige il est paralysé en découvrant Caitlin qui décide de devenir un barrage, un bouclier, une protection pour le ranger contre la boue souhaitant salir ses vêtements, son visage. De cette scène, son passé revient le hanté. De ce fameux jour où Caninos a protégé Kanan des flammes avant de mourir par la suite... L'homme est sans voix, non pas blessé de cet acte mais complètement déboussolé. Il tombe sur un genou, pose sa main gantée sur son front tout en serrant ses dents. Une goutte de sueur froide perle le long de sa tempe pendant qu'une Pokéball vole pour avaler Ponyta. Une danse s'effectue, assez mouvementée pour au final mettre en échec la capture du Ponyta sauveur car il a protégé Caitlin de la boue. À la manière d'une chevalier servant.

Reculant un peu de cette scène imprévue, découvrant que le Tiboudet s'éclipse en douce comme un fuyard s'ouvrant à la peur, Kanan ordonne d'un hochement de tête à son chat de surveiller Caitlin si le poney décide de changer de masque. Comme les gens font. Du côté lumineux pour prendre celui de l'obscurité. Mais au lieu de cela, Mordred monte sur un arbre puis se lèche la patte avant droite pour signaler à son maître qu'il n'a pas envie d'ouvrir les griffes...

Elle demande si le ranger va bien et ce dernier reste toujours sans voix. Son esprit visualise à nouveau cette lourde et démoralisante scène. Où Caninos venait de pousser Kanan pour le protéger de l’éboulement d’un immeuble. Il se souvient encore des hurlements de douleur, d’agonies du chien, de son ami, de son frère, de la moitié de son cœur. Le pompier avait sauvé une vie en désobéissant à un ordre pour au final perdre pour toujours Caninos, à la manière du Karma qui s’abat sur le rebelle. Pendant quelques secondes, le corbeau est absent, prisonnier de sa vision, puis peu à peu, il revient à la réalité en découvrant une fine main qui tend un cookie. Doucement, Grynberg lève son visage pour redécouvrir celui de la jeune femme de tout à l’heure. Pourquoi cette gentillesse ? D’habitude les gens ne pensent qu’à eux, oubliant très vite les personnes sans intérêt. D’un petit râle d’agacement d’avoir été victime de son passé, Kanan se relève puis doucement attrape le gâteau avec soin. « Merci, votre cookie suffira. » dit-il en essuyant par la manche de sa veste bleue la sueur perlant depuis son front. Il est ensuite assez surpris des dires de Caitlin. Qu’elle lui aurait proposé de se reposer un peu dans sa ferme tout en prenant un truc chaud. D’habitude, on propose ce service à des personnes qu’on connaît et non à des inconnues. La gentillesse de cette étrange rencontre rend très confus le solitaire. « Ne vous donnez pas ce mal. Je ne tiens pas à être une gêne pour votre journée. » répond Kanan en détournant son regard, ressentant un infime embarras de cette situation totalement rare et étrange pour lui.

Du haut de son perchoir, baillant grandement, le Lixy décide de se lever, de s’étirer longuement comme si cet effort était très dur à réaliser. Une fois fini, Mordred s’approche du tronc de l’arbre, pose ses pattes avant dessus et commence à y faire ses griffes. À mi-chemin de son action, il bouge sa petite tête en sentant la présence d’un autre Pokémon. Ses mirettes d’or s’écarquillent lorsque son maître s’apprêtant à manger son cookie, se fait voler par l’ennemi juré du chat : le chien. En effet, un Couafarel saisit le gâteau entre ses dents par l’intermédiaire d’un bond majestueux digne des concours de beauté. La nourriture est engloutie dans son estomac et à cet instant Mordred crache de colère tout en hérissant ses poils. Ses pupilles noirs se dilatent et son pelage ressort de l’électricité. Les gens comprendront que Mordred souhaite venger son maître. Sauf qu’ils se trompent. Lixy est fâché d’avoir été devancé par le canidé qui en voyant un éclair s’abattre près de lui, s’enfuit à toute vitesse en jappant de peur.

De cette action, Kanan soupir doucement puis se frotte la joue en étant impuissant du comportement de son Pokémon. Il ne dit pas un mot, sachant pertinemment que Mordred ne va pas l’écouter, lui qui est dans sa période d’adolescence. Le jeune homme sort ensuite un sachet qui contient des poffins. Il en tend un à Caitlin. « C’est pour vous. Caitlin, essayer de le donner à Ponyta. » propose le corbeau qui dispose toujours de ces sucreries dans son sac. Ce n’est pas lui qui les confectionne, ce genre de truc sert juste à approcher des Pokémons qui pourraient être blessés car le rôle d’un ranger est également de veiller sur la santé de ces créatures sauvages. « Pour en revenir à ce que vous venez de dire tout à l’heure, il est fort possible que nous nous soyons déjà aperçu en ville ou même parlé. Je m’excuse par avance mais avec mon métier, croiser des gens est un quotidien et j’oublie vite ces derniers après mes journées… » Oui, un réflex d’oublier les gens car majoritairement c’est une protection…

Il s'était reculé par précaution par un pas en arrière tout en ayant une goutte de sueur froide sur la tempe droite lorsque Caitlin semblait monter sur ses grands chevaux pour donner une remontrance au solitaire. Le Ranger ne dérangeait aucunement la journée de la fermière et mieux vaut pour lui de ne pas recommencer à émettre cette supposition. Bien des femmes peuvent être redoutables mais le corbeau préfère autant se mesurer à un incendie plutôt que de Caitlin. Souriant par malaise, les mains tendues pour tenter d'apaiser le Tauros en face de lui, il ne pipe aucun mot pour éviter de rendre en furie la jeune femme. Puis, lorsque le calme revient, le Tauros se métamorphose en quelque chose de beaucoup plus doux à la manière d'un Papilusion par exemple. Mais à regarder de plus près, Caitlin porte une beauté rivalisant avec la prairie verdoyante parsemée de fleurs ou encore des immenses forêts porteuses de couleurs différentes par le temps d'automne. Pendant une seconde, le Ranger se mit presque à rougir en se perdant dans le regard verdoyant de Mcdunn mais son côté effacé préférait prendre le dessus.

En tout cas en changeant de sujet le Poffin semble faire effet car le Ponyta semble apprécier encore plus la fermière. Ça rend jaloux au loin le Lixy qui braille en haut de son arbre pour attirer l'attention de son dresseur. Une fois le regard gelé sur lui, le chat électrique s'assied, puis de sa patte droite il montre sa gueule ouverte. Mordred a encore faim et s'il continue dans cette lancée il sera obèse... Remuant négativement son visage en guise de réponse, Kanan manque de se prendre un éclair qu'il esquive de justesse. Oh. Il veut jouer ? Bien. Mordred l'aura voulu. De sa poche, le Ranger sort une Poffin différent de celui donné au Ponyta. Rien que de l'avoir découvert de sa poche, Mordred bondit sur Kanan pour gober l'aliment...

Serait-ce un relâchement aux caprices de Lixy ? Non. Car voyez-vous, lorsque Mordred se caresse le ventre en appréciant la sucrerie, son visage se met soudainement à rougir. La nourriture épicée n'est pas appréciée par Lixy et ne le sera jamais pour ce dernier. La vengeance est un plat qui se mange...épicé pour Kanan Grynberg. La victime se tortille de droite à gauche, victime de la supercherie de son maître. « Ne t'en fait pas. » dit-il à Caitlin pour approuver le tutoiement. « Il va s'en remettre, ce n'est pas dangereux pour lui. »

Observant l'oiseau danseur au loin, Kanan lui offre également un Poffin pour la remercier de ce show gratuit et merveilleux à regarder. Son attention se porte ensuite sur Pascal le Larméléon de la jeune femme. Il ressemble à un gardien à la limite d'être jaloux de conserver son trésor. « Je dois malheureusement te laisser. Ma patrouille n'est pas terminée et j'aimerai éviter d'être à nouveau à dos de mes supérieurs. » annonce Kanan avec lassitude. Il tend ensuite une carte professionnelle où se trouvent ses coordonnées téléphoniques. « Il est rare que je donne cela à quelqu'un mais si jamais tu désires revoir Lixy. Je pense qu'il t'apprécie. » dit-il en préférant éviter de parler de lui, par habitude et par protection d'être à nouveau déçu...des relations humaines, bien que cette jeune femme arrive à surpasser cela dans le bon terme. Ce qui est extrêmement rare pour le Ranger. « Au plaisir de te revoir et occupes-toi bien du Ponyta, même si j'ai pas de soucis à me faire là-dessus. » Réactivant sa radio, adressant un signe de tête par salutation à Caitlin, le solitaire reprend sa route en prenant dans ses bras son chat tout en lui massant le ventre pour l'aider à aller mieux.