Ça fait combien de temps que tu attends ? Trop d’après toi. Tu commences à t’énerver, à t’impatienter. Définitivement, quelque chose ne tourne pas rond. La personne qui t’a donnés rendez-vous a l’aquarium est normalement du genre à être à l’heure et à prévoir tout, en plus de prévenir en cas de problème. Et la, rien en vue. Rien sur le portable. Tu t’es faite légèrement plus belle aujourd’hui en plus, à croire que tu attendais inconsciemment quelque chose. Et le joli collier que Kat' t’as offert te va toujours aussi bien.
Finalement tu sens Macha tirer sur ta robe, doucement. Ça te fait encore un peu bizarre de la voir autant changée. Ce n’est plus un mimiqui, mais la tienne, un mimiqui unique avec un déguisement fait par vos soins. Elle a eu le design et tu l’as aidé, et tu penses que Kat et Magic l’ont aide également. Elle est magnifique. Madeline attire également ton attention, mais elle le fait mentalement. Décidément tu es bien dans la lune.
"Ah bah enfin !"
C’est ce que tu dis en te retournant visiblement exaspéré. Sauf qu’il y a un peu erreur sur la personne.
Ton visage se décompose un peu. C’est pire. Tu te dis que c’est un de ses gars qui te voient seule et qui décident de t’inviter (quand ils ne s’invitent pas), comme ça. C’est un peu flatteur, mais tu déclines toujours (et parfois avec véhémence) leur offre. Et s’ils insistent, un bon coup de pied dans les noisettes règle le problème.
Mais la, ça n’est pas le cas. Tu te calmes un peu et reprends des couleurs.
"Comment ça perdu ? T’n’as pas le plan ? J’attends quelqu’un moi."
Macha est déjà en train de discuter avec son pokémon, Madeline te juge un peu, Marmelade pionce dans ton sac à main, et lui il a une tête de chien abattu et apeuré.
Tu pousses un long soupir.
"Enfin bon, je présume que la personne que j’attends a oublié. Tu veux voir quoi."
Tu fais un effort pour arracher un sourire. Dire ce que tu pensais tout bas à voix haute, ça pique, quand même.
les lumières artificielles de l'aquarium illuminent les pièces et tu avances fébrilement à travers elles, le coeur qui bat la chamade lorsque tes yeux s'immiscent dans ceux des étrangers autour de toi et tu ne peux que les détourner pour les noyer dans ton propre reflet, celui que tu te contentes de regarder à travers ces vitres claires tu marches Marceau sans vraiment faire attention, tu cherchais un lieu pour te détendre, pour ne pas avoir à subir la pression environnante mais voilà qu'aujourd'hui ne semblait pas être le bon jour les enfants et les pokémons qui s'échappent entre tes jambes, les plus grands qui te bousculent et le regard dur des anciens, tu as l'impression d'être en trop comme si toi Marceau, tu étais ce centre d'attention nonchalant, désagréable qu'on veut détester mais il n'en est rien, ce n'est que dans ta tête et tu dois t'efforcer de le répéter, comme un mensonge que tu voudrais transformer en réalité et dans ce domaine, tu t'y connais les mensonges tu y fais face tous les jours, tu nages dedans jusqu'à te laisser couler pour ne plus jamais en revoir la surface cette surface lisse où glisse les vérités auxquels tu ne crois pas, que tu ne crois plus c'est un pas, puis un autre, des mains qui s'entrechoquent contre les tiennes et Macbeth dans ton sac bandoulière, tu surveilles que lui s'amuse, que le spectacle lui convienne lorsque tu t'arrêtes lorsque quelqu'un semble évoquer un spectacle d'otaria dans les salles à l'extérieur, l'ambiance tamisée à l'intérieur te ravive plus que celle de l'extérieur les lumières naturelles du jour qui tapent contre ta peau et te font frissonner, les paupières qui se ferment à chaque fois que le soleil entre en contact avec toi et pourtant tu en as l'habitude mais la lumière cogne différemment quand tu travailles Marceau tu ne saurais dire pourquoi, comment peut-être parce que c'est comme si tout d'un coup tu étais à découvert, que tout le monde pouvait lire en toi comme un livre ouvert, découvrir ce que tu caches réellement derrière ton masque de chair cet affreux visage que tu dois prendre chaque jours avec toi, que tu rêves d'arracher pour ne plus jamais être reconnaissable les couinements de Macbeth te sortent de ta torpeur -il vient mordre ton poignet jusqu'à y laisser une marque et tu comprends vite ce qu'il veut alors tu souffles et Marceau, t'enjambes les marches, tu grimpes et tournes à droite puis à gauche, longes ce long couloir mais tout se ressemble et tu finis par perdre le fil comme si tu étais déconnecté de la réalité la respiration qui se veut plus bruyante, le cœur qui manque de rater ses battements et tes mains qui viennent nerveusement s'embrasser lorsque tu regardes autour de toi il n'y a que des gens ensembles -des couples tu supposes, tu paniques tu ne sais pas où aller et là ton regard percute celui d'une fille, plus petite que toi, drôlement jolie alors Marceau tu avales difficilement ta salive, t'essaies de la faire glisser dans ta gorge sans t'étouffer c'était comme si l'écume des mers venait s'engouffrer en toi pour t'empêcher de respirer d'aligner les choses comme elles devraient être mais tu avances le visage peiné, les yeux presque larmoyants -parce que t'es comme ça Marceau un rien te provoquerait presque de l'urticaire, ça te serre la poitrine et tes yeux perlent seuls d'eux même
tu bafouilles que tu es perdu ,que tu ne sais pas où aller et cette fille te répond avec hargne, alors Marceau tu hausses les sourcils, tu serres tes poings et détourne les yeux -tu te sens bête, idiot, demeuré, abruti tous les adjectifs possibles Marceau tu ne comprends pas pourquoi elle est aussi agressive avec ta personne alors que tu ne réclames qu'un peu d'aide, tu veux simplement faire plaisir à Macbeth alors tu aspires et inspires, les épaules qui se soulèvent et s'abaissent au même rythme et le cœur en désaccord en surface à te regarder tu serais presque à t'écrouler mais ta voix elle, elle perce le silence de la salle brillant de néons, elle s'élève sans trembler, sans ciller
Le spectacle des otarias... S'il-te-plaît..Je veux faire plaisir à Macbeth, mais je me suis perdu en remontant l'étage en dessous....
tes yeux hésitent comme des lâches, tu ne regardes pas cette fille parce qu'elle est trop pour toi, trop tout qu'elle était bien trop belle pour que tes yeux ne se posent sur elle et que sa voix cognait trop fort pour toi, qu'elle écrasait des vérités sur le visage des autres, qu'elle annonçait qui elle était alors que toi Marceau tu ne fais rien, tu ne dis rien tu laisses l'eau couler tout en te laissant porter par le courant jusqu'à te noyer
Désolé pour ton rendez-vous.. Normalement le spectacle commence dans dix minutes... Je peux te payer un truc à manger pour te remercier, Macbeth à faim de toute façon.
ses phalanges terminent les embrassades et son index pointe plutôt la direction d'un distributeur -Macbeth adore l'eau gazeuse mais aujourd'hui Marceau, t'étais à l'ouest et tu n'as rien pris à ce pauvre petit chou alors tu comptes bien te rattraper et tu vas aussi la remercier même si elle, elle n'a pas l'air des plus ravies
Il fait pitié. C’est le truc qui reste coincé dans ta tête. Tu as l’impression qu’il fait tout, volontairement ou non, pour ça. Lui il doit se faire souvent marcher dessus, et tu penses que c’est possible physiquement parlant. Ho, il n’est pas méchant, juste maladroit, mais ça le rend un peu détestable. Et puis tu étais déjà de mauvaise humeur. Au moins sa voix est ferme, à défaut d’être agréable à entendre. Tu imagines si jamais il t’avait abordé pour "cette" raison. En vérité, avec in tel comportement, tu aurais accepté, par curiosité. N’est-ce pas ce que tu fais en acceptant de l’aider ? Ce n’est pas que par bienveillance. Tu n’as pas envie d’être seule même si tu ne le dire jamais, visiter cet aquarium en solitaire serait un échec. Et puis il a l’air amusant. Utilisable.
"Tu as de la chance, je comptais m’y rendre."
Pas maintenant à la base, mais autant faire d’une pierre deux coups. Les otarias, surtout femelles bien évidemment, sont aussi magnifiques que leur chant.
"Si tu penses le remplacer, tu peux toujours courir."
Tu es presque agressive, toujours en colère d’être "abandonnée". Et toujours sa manière de parler, de détourner le regard… Toi qui fais un complexe sur ta taille, voir un gars qui fait une tête de plus que toi détourner les yeux, c’est satisfaisant. Dommage que tu ne comprends pas que c’est pour une autre raison que ta "domination féminine" et ton caractère affirmé. Le rose de ses joues et sa gêne devraient pourtant te mettre la puce à l’oreille. Madeline, elle, n’est pas dupe et s’en amuse silencieusement avant de converser avec ce fameux Macbeth. Enfin une personne qui aime le théâtre, tu te dis également. Si jamais tu finis par comprendre la véritable cause, tu seras aussi flattée (tu sais que tu es jolie, mais c’est toujours sympathique à entendre) que gênée (parce que c’est en public) avant d’internaliser tout ça et de répondre plus ou moins agressivement et négativement (parce que ça a été "formulé" un garçon). C’est pour cette dernière raison que tu refuses, temporairement du moins, sa proposition.
"Plus tard, sauf si tu comptes arriver en retard. Moi non."
Sans un mot de plus, tu vas dans la bonne direction, l’invitant implicitement à te suivre. Le rythme produit par les épaisses semelles de tes bottines (pour compenser ta petite taille) est rapide, presque militaire. Tu es pressée après tout. Tu veux également le perdre. Pourtant tu ralentis un peu, discrètement, quand tu ne l’entends moins galérer derrière toi.
"Si tu en plus tu es lent on ne va pas s’en sortir."
Vous arrivez à bon port au bon moment, c’est à dire pas en avance et ça t’énerve. Tu commences à jouer des coudes afin d’être devant, les meilleures places, te frayant un passage. Tu finis assez proche, le troisième rang c’est déjà pas mal. Et c’est avec surprise que tu le vois s’assoir à côté de toi. Tu es à nouveau bizarrement partagée : il ose s’assoir à côté de toi, il est plus débrouillard qu’il en a l’air s’il a réussi à suivre le passage que tu as ouvert, et c’est bien, tu n’es pas seule. Mais cette dernière pensée, tu la ressens à peine. La, tu le fixes, comme si tu attends quelque chose de lui. La réponse à ce dilemme interne peut-être ? Tu ne sais pas vraiment. À lui de te satisfaire, tu n’es pas vraiment d’humeur à trop réfléchir. Ensuite tu pourras l’ignorer et te concentrer sur le spectacle.