Le regard sévère d'Arsen laisse exprimer un autre sentiment. Tu n'arrives pas à savoir de quoi il retourne Ethan. De la lassitude ? Une forme de haine ? Du regret ? De la peur peut-être. Et cet éclat... serait-ce un début d'excitation ? Impossible à savoir. Tu es trop loin, et le combat vient de commencer.

Tes deux attaques s'enchaînent sur l'Arbok, qui ne reste pas immobile à encaiser. Il s'avance vers ton Lougaroc lorsque les Lames surgissent du sol. Une d'entre elles le frappe violemment sous le menton, mais le Pokémon Poison ne recule pas au contraire. Il s'enroule autour de ce nouveau pic rocher et et passe au suivant avant de redescendre au sol. Il a à peine ralenti et continue son avance sinueuse. L'éboulement le faire disparaître de ton regard, mais il refait surface entre deux rochers, bien plus proche de Lougaroc que tu ne t'y attendais. Et surtout, bien plus vite.

Il surgit des blocs comme un clown sort de sa boite.

Arbok. Regard Médusant ! s'écrie alors Arsen. Le Pokémon avait bondit sans bruit si bien que la voix de la championne éclate comme un tonnerre. Il y a quelque chose dans son ton que tu pourrais reconnaître, comme quelque chose de casser.

Ouvrant des grands yeux et une grande gueule, Arbok foudroie du regard le Lougaroc, qui s'en retrouve paralyser. Le Pokémon continue son vol et passe au-dessus du Lougaroc. Ce dernier le suit des yeux. Arbok à son Zénith, crache une bile noir et mauve qui frappe le Lougaroc en plein visage. Une odeur de brûler se fait sentir alors que le Pokémon rampant atterrit au sol. En serpentant, il s'éloigne de son adversaire et se dresse entre Lougaroc et toi. Il se redresse prenant de plus en plus de taille. Il est impressionnant comme ça.

Le regard énigmatique d’Arsen se posant sur les landes, celle-ci rompt le silence d’un soupir.
Ses iris embrassent le toit des maisons plongées dans la pénombre, s’inquiètent du sommeil agité des habitants de Mirawen.

Cela faisait désormais un an que la championne refusait obstinément d’ouvrir ses portes aux challengers venus prétendre à son précieux badge poison… Elle savait que ce comportement n’était pas digne de son statut et qu’elle ne rendait pas justice aux préceptes qui la qualifiaient, mais elle n’avait pas pu faire autrement.
Depuis les événements de la croisière, Arsen vivait dans la crainte des gens qui l’entouraient.
Sa confiance était difficile à gagner et ses yeux, avides d’une légèreté qui ne l’avait jamais désignée, s’arrêtaient rarement sur les gens qu’elle rencontrait… Depuis ce jour, plus rien n’était pareil.
Elle avait toujours eu une vie mouvementée, avait toujours gratté un peu de chance dans sa malchance, mais la trahison de Narcisse résonnait en continu avec le coup d’extincteur qu’elle avait reçu de ses mains. Si elle ne pouvait plus placer sa confiance dans les champions de la région… Alors entre les bras de qui pouvait-elle se permettre de tomber?

Lumiris était une pomme pourrie. Elle était d’apparence délicieuse, mais son cœur était rongé par la putréfaction. Elle puait, se désagrégeait d’un simple regard.
Arsen l’avait bien compris.

Abandonnant son poste, la jeune femme glisse une main dans ses cheveux afin de dégager son cou des mèches venues s’y loger puis jette un œil vers l’horloge qui domine la pièce. Vingt-trois heures cinquante.
Elle t’attendait dans dix minutes et, désormais, elle ignorait difficilement la nervosité qui la gagnait. Relevant fièrement le menton, elle quitte la pièce.
Ses talons claquent dans les couloirs vides, résonnent contre les murs colorés de son palais.
Pour la première fois depuis une éternité, Arsen progresse sans hâte vers l’arène au cœur de son sanctuaire. Le regard dur, mais le corps transit de grâce, elle ignore les tableaux qui, dans la dernière année, ont accompagné son cheminement. Quelque chose dans sa ce retour aux sources, dans cette valse endiablée avec la peur, lui est réconfortant… Après tout, n’était-elle pas née pour tenir ce rôle? Être championne était sa seule raison de ne pas choisir les planches et la lumière des projecteurs.
Ici, dans son élément, elle avait transformé sa propre existence; offrait sa meilleure performance.

En continue.
Et ce malgré les semaines de silence ininterrompues.

Arrivée dans la pièce, Arsen franchit en quelques pas déterminés la distance qui la sépare de son extrémité de terrain. Surtout, ne rien laisser paraître du trouble et de la crainte d’être rouillée.
Elle était championne de type poison depuis tant d’années… Là où elle avait vu Naia, Aidan, Zéphyr et bien d’autres supernovas être détrônés, elle, n’avait jamais quitté les hauteurs de sa tour d’ivoire. Même son inactivité n’avait pas suffit à la déloger de ce premier rôle tant mérité.

La pièce n’avait pas encore joué son dernier acte et il n’était pas question pour Arsen d’être remplacée tant qu’elle n’aurait pas terminé. Elle n’était pas prête à offrir au public son dernier chant du cygne…

Quelques minutes plus tard, lorsque tu repousses les portes de son arène, elle arque un sourcil hautain. Est-ce une blague?
D’un claquement de doigts, la pénombre qui dominait la nuit s’abandonne à la clarté relative des lanternes qui s’illuminent tour autour du terrain. D’un œil dur, Arsen laisse son regard te balayer de la tête aux pieds alors que son menton se redresse davantage à chaque seconde passée.

« Oh, je sais parfaitement qui tu es... »
Oh, tu sais, Ethan, tu n’étais plus inconnu au bataillon. La jeune adulte avait eu vent de tes victoires contre Hayato, contre Yokoss et, surtout, contre ce cher Aidan. Maintenant, c’était face à elle que tu te tenais, c’était à l’obtention de son badge que tu prétendais…
Ton profil l’avait suffisamment intriguée pour qu’elle t’ouvre les portes de son domaine, pour qu’elle brise la solitude que la méfiance avait érigé. Réalisais-tu à quel point tu étais privilégié, chanceux de pouvoir l’affronter? « J’ai beaucoup entendu parler de toi, tu sais. », siffle-t-elle en esquissant un sourire mystérieux.

D’une main aux gestes imprimés par des années répétées, la belle saisit une première pokéball qu’elle jette sur le terrain. Le flash de lumière qu’elle dégage lorsqu’elle s’ouvre pour libérer son prisonnier est presque douloureux dans la pénombre ambiante. Les rétines doivent en souffrir, mais son Arbok semble, quant à lui, heureux d’être appelé… Si on en croit le langoureux sifflement qui s’échappe de sa bouche à l’instant où il entre sur le terrain. Ne me fait pas regretter de t’avoir ouvert les portes de mon arène.

Comment veux-tu faire quelque chose de correcte avec un amateur pareil.

Puis la championne poussa un hurlement de rage. Les Lames de roc agitaient encore du désordre à la saleté. Cela allait prendre des heures au ménage pour remettre l’arène en l’état. Et son Dardagnan, ce qui n’était pas une grande surprise pour la championne, ne fit pas long feu. Arsen savait depuis le début qu’elle ne pourrait pas gagner. Seul son Tentacruel avait une réelle chance contre l’équipe de Bunji, complètement de type sol.

Son Pokémon tomba sous l’attaque et elle le rappela immédiatement. L’attaque Psycho frappa le rayon rouge, et la bouche du trépassable se referma sur le vide laisser par son Pokémon.

Il suffit ! C’est quoi cet acharnement ? Venir avec une équipe à son avantage ne fait pas de toi un bon dresseur. Prend se badge et va-t-en. On a du ménage à faire.

Elle lança son badge vers Bunji et s’en alla appeler une équipe d’entretien.