Il faisait beau, c'était le retour des chaleurs et des rayons de Soleil, peut-être des coups de Soleil pour les moins chanceux, et de la possibilité de sortir les petites tenues... ou de se baigner dans la mer dans une température idéale.

En ce jour, je ne portais d'un short marron et une petite chemise colorée à fleurs, bien évidemment entrecouverte et des lunettes de soleil, mes cheveux flamboyants toujours aussi impeccablement coiffés. Oui, au delà de mettre des tenues beaucoup plus confortables, il était aussi impératif que je continue à sortir seulement lorsque j'étais apprêté. Je devais à tout prix que trop de photos de moi bourré circule sur la toile plus que des photos où j'étais préparé, puisque je ne pouvais plus séparé mes activités nocturnes de mes activités diurnes si j'osais dire, comme je le faisais à Lavandia.

Ce temps était, ma foi, plus simple. Je pouvais être un étudiant presque modèle d'un côté et de l'autre être ce fêtard de l'extrême et le coureur de jupons et de shorts que le milieu de la nuit connaissait sous le nom d' "Iros". Dorénavant, la notoriété acquise grâce à cette expérience d'un an à Alola et désormais ce contrat à Lumiris avec cette agence, m'offrant la possibilité d'avoir une sûreté financière grâce à ce pseudo "CDI" puisque j'étais l'un des visages de la marque - je devrais peut-être tenté d'évincer Emilio ou Pétaouchnock de la tête de file maintenant que je ne craignais plus de perdre mon contrat -, faisait que je ne pouvais plus me cacher sous une fausse identité. Les gens me connaissaient trop et j'étais l'image de mon agence. Et je devais être un type vachement bien puisqu'il continuait de me fréquenter alors que j'étais décris comme l'un des plus grands fêtards d'Artiesta.

Vous imaginez bien que je n'étais pas à Port-Corail pour des vacances, hein. J'étais évidemment là pour le travail, le travail le plus cool du siècle. Mon agence m'avait invité pour un shooting estivale sur la plage. Ils espéraient sûrement concurrencer les clichés pris à Alola, ceux qui les avaient séduits et m'avaient permis d'échapper mon retour à la vie misérable d'étudiant sans avenir certain, me permettant alors de continuer de vivre mon rêve de mannequin.
Sur ce shooting, je n'étais évidemment pas seul. Diamante était avec moi. Skurro avait dû attendre sur le côté car il n'entrait pas dans les codes du "canon" selon l'agence mais ma Goupix carrément. Mes managers la voulaient partouuuut et Sofia, ma jeune photographe aux cheveux verts et aux yeux orangés, était très loin d'être contre de tout ceci. Elle aussi, en plus de craquer sur moi, elle était totalement sous le charme de Diamante qui en jouait éperdument. On pouvait dire que Diamante était devenue ma nouvelle partenaire en mannequinat, remplaçant alors... Mara.

Mara, première starter, ma Candine, si belle et insouciante - comme je l'étais dans mon enfance -, qui était tombée terriblement malade en arrivant à Lumiris. Elle était le symbole même du contrat et en la perdant, j'avais perdu la confiance de mes managers. J'avais réussi à redorer ce contrat grâce à ma collaboration avec la star internationale Melody, ce coup de pouce médiatique ayant été très utile, et ma Goupix avait permis d'arranger totalement le tir. Désormais, je ne craignais plus de perdre ce contrat si cher à mes yeux, je pourrais donc me permettre plus de choses, tenter encore plus et proposer toujours plus.

Bref, il était temps que j'arrête à repenser à ma vie, surtout à ces moments les plus tumultueux. Ces épisodes marquants m'avaient permis d'être là où j'étais aujourd'hui et c'était l'essentiel. Ici, à Port-Corail, et actuellement je devais poser pour Sofia à la plage. Je ne devrais pas me laisser aller à la nostalgie, j'avais une très belle vie ici dorénavant. Ah et soyez s'en sûr, le fan service sera assurer, lors de ce shooting, Sofia ne m'interdit pas longtemps de pouvoir enlever ma chemise. Même si, garder sa chemise sans boutons, c'était tout aussi sexy. Tellement d'opportunités avec les chemises, voilà pourquoi j'adorais en porter. Et Diamante, même si elle avait un charme différent que Mara, apportait quelque chose de vraiment... flamboyant. Nous étions vraiment un bon duo, deux êtres brûlants et vibrants ensembles. Waouh, c'était beau et intense.

Après quelques heures, Sofia prit enfin la peine de me libérer. J'adorais poser, pas de problème là-dessus mais la partie d'après était toujours la meilleure. En fonction de l'horaire, on pouvait me payer le restaurant ou alors comme mon shooting était terminé et si je n'avais pas d'autres responsabilités, je pouvais flâner pendant que les managers faisaient leurs rendez-vous entre directeurs pour parler d'argent. Comme ça, après, on me ramenait à Artiesta gratis.
Bon, je pouvais aussi rentrer par mes propres moyens mais Skurro et Impa pourront démontrer que cela ne s'était pas bien passé entre mon shooting matinale de Windoria et celui d'après-midi de Voltapolis où j'avais décidé de ne pas prendre le bus commun pour rester avec la fille avec qui j'avais shooté... et il pleuvait affreux. Je m'étais perdu. Donc pour m'éviter cela, j'évitais vraiment de louper les horaires de retour.
Sur ces révélations, il était temps de débriefer un petit coup. Encore une fois, Sofia me fit des éloges sur mes performances et le rendu des photos qui étaient, sans conteste, sublimes. Diamante et moi-même étions magnifiques, mais enfin voilà, c'était un fait et personne n'était pas au courant de ce fait absolu. Quoi ? Sofia était juste professionnelle ? Je préférais toujours penser qu'elle bavait sur moi, ce pourquoi elle tâchait d'être ma photographe personnelle dans l'agence alors qu'ils étaient trois.

— Ouais, ouais... Merci Sofia. T'as vu ? Les photos sont géniales. Les managers vont adorer, on est d'accord ? Après... vous n'avez pas n'importe quels modèles non plus. Mais... tu crois qu'on peut y aller maintenant ? Le sable m'appelle... mais pas pour poser haha.

Diamante agit de la même manière que moi, se calquant sur mes mouvements. Je la formais à tout ceci. C'était une étoile montante. Mara, j'avais eu des années à la préparer, pour Diamante, je n'avais eu que quelques jours pour la préparer au lumière des projecteurs, aux clics des photographes. Elle devait donc être formée sur le tas et... j'espérerais qu'elle s'habituera. Ceci dit, elle avait déjà l'air d'adorer l'attention qui était portée sur elle. Son charme naturelle, sa mignonnerie, si elle en doutait éventuellement quand je l'avais capturée, ce n'était plus du tout le cas aujourd'hui.

Sofia sonna le gong de la délivrance et je pus me libérer de mes contraintes pour n'être qu'un simple touriste durant les dernières heures. Ah... que c'était cool la vie d'artiste.

—  Diamante, Skurro, on va se poser à la plage ? J'ai bien envie de bronzer un peu. L'été arrive, faut que je récupère des couleurs.

Mes deux amis étaient ravis. Nous nous installions sur des serviettes qui représentaient des marques que l'on voyait partout en placement de produits. Je m'étais permis de jouer avec le sable avec Skurro, cet éternel joueur innocent. Puis... j'étais retourné sur la serviette aux côtés de Diamante, appréciant elle aussi le soleil sur son pelage roux.

On s'amusait parfois à regarder les passants et se glisser quelques commentaires désobligeants.

Shooting terminé, il était temps de se prélasser à la plage. J'allais sûrement rejoindre Skurro et Impa qui s'amusaient dans le sable derrière moi, proche de la mer, histoire de me baigner un peu. Je profitais de ce temps pour me rapprocher de Diamante, ma Goupix, qui prenait visiblement autant de plaisir que moi à juger les autres. Du moins, si elle ne les dénigrait pas, elle adorait se dire supérieure aux Pokémons qui traversaient aux côtés de leur dresseurs qui allaient parfois vers la plage ou continuaient à se balader dans la ville.

Je fus interpellé par une jeune femme, venue me reprendre sur mes propos désobligeants face aux passants et passantes alors que ceux et celles-ci n'entendaient rien.

—  Ce n'est rien. On s'amuse, d'autres le font bien.

Je ne m'étais même pas permis de me retourner, dédaigneux, jusqu'à ce qu'elle poursuive... Quoi ? On me reconnaissait ? C'était très courant depuis ma collaboration avec Melody et mon nouveau duo avec Diamante. Je l'avais regardé brièvement, c'était vraiment une sublime femme, comme j'en croisais peu dans ma vie, sans pour autant que cela me rappelle des choses.
Elle me demandait depuis combien de temps étais-je ici, à Lumiris ? Etait-ce une fan ? Si c'était le cas, elle devrait savoir que cela fait quelques mois que je m'étais installé dans la région... Je commençais à avoir quelques suspicions.

— Oui, c'est bien moi, Caleb Firestorm. Depuis quand ? Vous... vous me connaissez à la suite de quelle représentation ? Depuis mon année à Alola ? Je suis à Lumiris depuis Mars.

Je m'étais entièrement retourné, mettant en avant mon corps si parfaitement sculpté face à la demoiselle - ce qui était mieux pour regarder son interlocuteur. En outre, si j'étais précédemment dédaigneux, je devenais rapidement très mielleux désormais que je savais que je parlais à une fan, potentiellement.

Une... fan ? En étais-je sûr ? Ses prochaines indications bouleverseront peut-être tout ce dont je croyais. Ces traits, ces yeux, cette finesse, cette grâce... pourquoi avais-je cette étrange sensation de familiarité ?
Si je paraissais confiant en toute circonstance, les traits de l'indécision commençaient à apparaître sur mon faciès. Ma Goupix, cette graine de star, adaptait ses mouvements aux miens : Si au début, elle était devenue très professionnelle en faisant une petite démonstration artistique avec ses flammes pour saluer la jeune femme, restant fière... désormais, elle semblait perdue dans la posture à adopter.

"Vous me vexez de m'avoir oubliée".
Ces paroles... Je ne faisais rapidement plus le fier, je n'aimais pas blessé les gentes dames. Ses mots avaient oubliés ses précédents qui auraient du gonfler mon ego en tant normal. Si elle le disait, c'était que je devais l'oublier. Je ne devais pas oublier ! Caleb, il fallait que tu te souvienne maintenant !
Ses souvenirs... Désormais, j'en étais sûr. Elle appartenait à ma vie d'avant, avant Alola donc... à Lavandia ou Illumis. Ma vie avait commencé à avoir du sens au sein de la ville d'Hoenn, commençant alors à reprendre le contrôle de ma vie. Oui, je l'avais perdu de mes dix années jusqu'à ma majorité. Même mes amis n'étaient pas choisi au hasard, alors elle devait appartenir à ma vie où j'avais recommencé à devenir libre : Lavandia, le milieu universitaire.
Son commentaire à propos de ma Goupix me ramena à la réalité, tandis que la vérité venait de prendre le TGV jusqu'à mon cerveau.

— Bien sûr que Diamante est douée. C'est mon Pokémon haha !

Le renardeau flamboyant se dressa fièrement, crachant quelques flammèches de manière à donner l'impression qu'elle jonglait avec sa tête, avant de les détruire avec sa queue... sans oublier son hairflip.
La jeune femme fut embêtée par un petit Barpau, déduisant alors que c'était le sien. Une femme aussi sublime, d'une douceur et d'une minutie au sein de chacun de ses mouvements, avec un Barpau... Les ressemblances étaient trop nombreuses pour que je puisse nier.
Elle avait promis à son Barpau qu'elle viendrait jouer avec lui et mon instinct me poussa à accélérer mon souvenir. Je connaissais cette femme, elle n'était pas n'importe qui et... aucune des femmes que j'avais pu courtiser ne lui arrivaient à la cheville. Oui... je savais et au même moment où elle prononça son nom, je prononçais le sien.

— Hitei Ucha.
— Hitei Ucha.

Oui... je me souvenais. Les derniers fragments de ma confiance impétueuse disparut, mes airs supérieurs également. Ce n'était pas une fan, ou alors... c'était moi son fan numéro un.
Alors qu'elle m'expliquait de nouveau les origines de notre rencontre, les souvenirs me submergeaient. Ces souvenirs que j'avais si longtemps enfouis, ils réapparaissaient tous. Je ravalais ma salive, les yeux brillants. Impossible... j'étais en plein rêve, ce ne pouvait être réel.

— Hitei... Je n'avais jamais pensé pouvoir te revoir. C'est vraiment toi ? Quand je t'ai aperçue, il y a quelques minutes, je ne voulais pas y croire. Est-ce que je rêve ? Oui, c'est ça... je suis en plein rêve !

J'étais ému et cela faisait longtemps que j'avais assumé et accueilli ce genre d'émotions. Hitei serait bien la seule depuis longtemps à avoir ce privilège de voir au-delà des masques.

— "Petit temps" ? Nous nous sommes fréquentés un certain temps quand même. Cela m'avait paru si court et si long à la fois. Deux ans, cela peut être long comme court en fonction de sa propre perception.

Un sourire sincère et significatif se dressa lentement sur mes lèvres, tandis qu'une larme coula sur ma joue.

— Je suis si content de te revoir. Si le Destin nous a rapproché de nouveau, ce n'est pas pour rien. J'en suis persuadé.

Hitei Ucha, ce n'était pas n'importe quelle femme. Elle était la femme que j'avais le plus aimée, que je n'avais jamais véritablement désirée. Elle était la seule femme à avoir dompter l'Indomptable, celui qui se proclamait incapable d'aimer.

Si je n'étais pas sûr que cela soit elle, craignant que je l'avais oubliée, celle-ci semblait avoir oublié combien de temps nous nous étions fréquentés. Je me renfrognais, évidemment vexé. Mes yeux se mirent à briller d'une certaine tristesse, une vérité que je peinais encore à m'avouer.

— En même temps, nos regards l'un envers l'autre n'étaient et ne sont toujours pas similaires. Ce n'est guère étonnant alors que tu n'ai pas la notion du temps, je n'ai jamais été aussi important pour toi que tu ne l'as été à mes yeux. Et puis... lorsque l'on chasse le naturel, il revient au galop.

Je ne la regardais pas, tâchant d'être stoïque, malgré cette chose que je détestais sur mes yeux, prenant l'apparence d'un léger filet invisible et scintillant. Je savais que je devais me ressaisir, Diamante était perturbée de me voir aussi vulnérable.
Heureusement, son rire cristallin et ses remarques me firent revenir à la réalité, un sourire apparent de nouveau sur mes lèvres.


— Oui, j'ai réussi à... repasser le cap. Tu sais, j'avais des difficultés à contenir mes Pokémons, à les éduquer. C'est Skurro, mon Capumain, qui m'a redonné le goût à l'exercice. J'ai encore beaucoup à faire pour savoir éduquer une équipe mais je suis sur la bonne fois, les Rangers m'aident beaucoup. Ah, et j'ai très hâte que Beauty devienne une magnifique Milobellus, elle pourrait ainsi tenter de rivaliser à ta sublime beauté divine.

Je souris comme un idiot dès lors qu'elle exprima cette appréciation réciproque. Avais-je été trop dur tout à l'heure en lui répondant ? Je chérissais Hitei plus que tout sur cette Terre, et parfois, lorsque l'on affectionnait trop, il pouvait nous arriver d'être méchant comme nous étions trop sensible à ce que cet être puisse dire ou faire. Ceci dit, je préférais me concentrer sur ces informations-là, je ne voulais pas parler de Mara à Hitei, cela casserait le moment si idyllique qui commençait à s'installer.
Toutefois, en voyant Beauty, je ne pouvais évidemment pas faire abstraction de nos souvenirs communs. Si sa Barpau posait des questions sur Mara, je serais dans l'obligation de répondre.

Et... c'était fou de voir qu'elle n'avait pas changé. Elle était restée masseuse et la passion pour son métier n'avait pas changé, arborant les mêmes motivations. J'étais évidemment bien placé pour savoir qu'elle avait de véritables doigts de fée et qu'il était très compliqué de résister à un être divin pareil, surtout après l'une de ses prestations. Un frisson me parcourut le dos, souvenir de ces sensations exceptionnelles.

— C'est beau de voir que rien à changer. Tu pensais déjà comme cela à l'époque. Dans un autre contexte, résultant de l'intime, j'ai le même avis : le donneur de plaisir donne autant qu'il en récupère. Autrement, je continue ma carrière de mannequin. Après Lavandia, j'ai gagné ce concours me permettant un an d'expérience  de mannequinat à Alola. Clairement, ces clichés m'ont fait explosé, c'est ce qui m'a permis d'établir un nouveau contrat ici. Je vais te la faire courte, mais avec le drame de Mara, j'ai cru que mon rêve allait s'achever mais grâce à mon duo avec Melody et ma rencontre avec Diamante, ma Goupix, je ne crains plus de ma disparition. Ah et aussi je suis un barman ultra reconnu d'Artiesta dans un bar LGBT+, tu me connais, j'adore ambiancer les foules !

Si j'avais parlé sexualité au début, il n'y avait aucun sous-entendu. Je parlais de manière paisible, sans aucune allusion ou propos mal placé. Si j'étais passionné également en parlant de mes métiers, je tins difficilement à masquer totalement la peine que j'avais pour ma Candine, tombée terriblement malade à mon arrivée à Lumiris. Il m'en était arrivé des vertes et des pas mûres en arrivant dans cette région mais au moins, j'avais réussi. J'étais là, ici et maintenant.
J'étais avec Hitei, les fantômes du passé n'avaient pas le droit de m'assaillir maintenant, je devais profiter à fond. Je ne pouvais donc pas refuser une baignade avec elle et son Pokémon. Et, elle en avait parfaitement conscience comme elle n'attendait même pas ma réponse !

— Oui, je vous rejoins de suite. Je ne pourrais point refuser une baignade avec une personne telle que vous, Hitei. Allez, les amis, on va à l'eau !

Impa, ma Sepiatop, était déjà dans l'eau avec Skurro, mon Capumain. Si ce dernier était ressorti pour venir à notre rencontre, taper un check avec Diamante, nous retournions dans l'eau. Le renardeau flamboyant jouait non loin à gratouiller le sable ou mettre sa tête dans les trous qu'il creusait.
J'entrais doucement dans l'eau, me mouillant la nuque, comme un gentil garçon... non, bah non. Je courais comme un fou dans l'eau, éclaboussant tout autour de moi, avant de fondre dans l'eau de mer, me rafraîchissant à la manière d'un coup de fouet.

Je jouais un peu avec mes deux Pokémons, les éclaboussant doucement. D'accord, avec le bro', on tentait de se couler mutuellement, mais voilà il y avait quand même quelqu'un de beaucoup plus mastoc que l'autre. Je me tournais ensuite vivement vers Hitei.

— Alors, elle est bonne, non ? Dépêche toi de te mouiller, sinon c'est moi qui m'en charge !

Je commençais à m'approcher lentement, préparant mes mains pour l'éclabousser, un air sadique sur les lèvres.
D'un autre côté, Impa semblait chercher la Barpau, ayant l'envie de jouer avec elle. Enfin... étrangement, j'avais davantage confiance en la manière de jouer de Skurro qu'Impa, elle qui était si vicieuse.

Un sourire me faisant trois fois le tour des oreilles apparut dès lors qu'elle me complimenta. Enfin, dire que quelqu'un était fascinant, c'était un compliment, nan ? Je préférais le prendre comme cela, en tout cas. Cela me faisait chaud au cœur de savoir que j'avais aussi de l'importance à ses yeux. Mais... méritais-je une once de son attention ?

— Mais... Hitei. Comment puis-je te fasciner ainsi ? Comment puis-je avoir une importance ? Je ne suis qu'une raclure de la pire espèce. Je ne sais pas ce que c'est que d'être gentil, serviable. Il n'y a qu'avec toi que je me sens bien, il n'y a qu'avec toi que j'ai l'impression d'être... bien.

Mon regard s'était perdu dans le flou de l'horizon, quelque part entre la mer et le ciel, entre mes pensées et la réalité, cette subjectivité et cette objectivité. J'adorais qui j'étais, mais étais-je vraiment heureux comme je vivais ? Revoir Hitei m'avait fait un choc, j'avais une grande prise de conscience.
Elle se souciait de moi, de mon bonheur, par rapport aux autres gens et... même elle reconnaissait que je n'étais pas quelqu'un de fréquentable.

— Tu vois... même toi tu le dis que j'ai un comportement pu... pué... Bref, je ne sais pas ce que ça veut dire, mais j'imagine que ce n'est pas très flatteur. Sinon, oui, on fait tous des erreurs mais d'autres en font moins en tout cas. Tu es si sage, je t'envie d'avoir une vie aussi tranquille et saine.

Pendant que je lui expliquais mes dernières années de ma vie et ma situation actuelle, je crus l'entendre prononcer le nom de ma première starter, ma Candine chromatique. Je souris lorsqu'elle m'applaudit et me saluais pour mes démarches et professions. Je me permis de répondre au sujet de Mara, mais je ne laissais pas l'émotion m'envahir. Nous allions nous baigner, nous déprimerons plus tard.

— C'est vrai. Mais on le serait si tous les êtres humains n'étaient pas cons. Chacun sa connerie, pour ma part. Mara... c'est ma starter, ma Candine. Tu sais, elle était toujours là quand on se voyait. Elle chantait et dansait inlassablement. Aujourd'hui, elle est bloquée à l'hôpital de Nemerya à cause d'une maladie grave. J'espère qu'elle pourra sortir vite.

Les yeux brillants, je souriais en parlant de Mara que j'aimais d'un amour inconditionnel, j'aimais Skurro de plus en plus avec la même intensité. J'étais heureux que Skurro ne soit pas jaloux, pour Mara je ne savais pas.
Bon allez, il était temps d'aller se baigner. J'étais trop content de retrouver Hitei pour laisser mes démons m'assaillir. Ce n'était pas en ce jour que mes problèmes de conscience devaient surgir, ça c'était durant mes insomnies.

Go à l'eau et hop courir pour mouiller tout le monde alentour ! Je me sentais évidemment obligé de tenter de l'éclabousser. Mais c'était drôle que j'avais tant de mal à le faire vraiment, ce n'était pas comme si je considérais Hitei comme une chose fragile qui pourrait se briser en un contact mais... mon corps n'acceptait pas de lui nuire. D'accord, éclabousser quelqu'un n'était pas une nuisance, surtout à un ami, mais pour mon corps, ce n'était pas totalement acceptable pour Hitei, celle que je voulais chérir, prendre soin plus que la prunelle de mes yeux. Je savais que je devais oser davantage.

Je vis alors la Barpau d'Hitei se rapprocher d'Impa, ma Sepiatop. Cette dernière l'accepta évidemment. J'étais plutôt rassuré que Skurro soit là pour temporiser les malices d'Impa. Je profitais également de ce temps d'égarement d'Hitei, trop concentrée sur son Pokémon, pour évidemment la pousser dans l'eau, l'entraînant dans ma chute.
Toutefois, je ne la faisais pas tomber, je la retenais dans mes bras pour ne pas qu'elle chute totalement. Nos visages étaient proches. Je me permis de remettre ses cheveux derrière ses oreilles pour ne pas qu'ils puissent la gêner. Des éclats de rire sincère s'échappaient de mes lèvres.

— Bah alors... Tu sais qu'il ne faut pas tourner le dos de son adversaire, enfin haha.

Cela serait mentir de dire que je n'avais pas envie de l'embrasser mais... c'était différent qu'avec les autres femmes et les quelques hommes. Je ne la dévorais pas d'un regard de Némélios, je ne voulais pas la dérober de ses vêtements restants, je ne voulais pas nécessairement de contact. En réalité, si je voulais l'embrasser, c'était pour lui apporter une intense affection, lui transmettre cette passion romantique qui se déversait en moi, très loin du volcan ardent que j'étais habituellement. Je me sentais juste mignon et innocent actuellement, cette sensation était si paisible et si saine.

Je devrais peut-être arrêter de la regarder comme ça. J'allais finir par la gêner... et je ne voulais absolument pas la déranger ! Je l'aidais à se relever et la lâchais délicatement. Je lui renvoyais un peu d'eau pour fuir vers Skurro et jouer avec lui, avant de revenir vers elle, comme si de rien était.

Je lui avais reparlé de Mara dès lors qu'elle avait mentionné son nom. Telle une perche tendue, je n'avais pas hésité à lui rappeler des choses. En réalité, je n'évitais aucune brèche la concernant car parler d'elle me permettait d'aller mieux. Son était n'était pas des plus meilleurs mais il ne déclinait pas, c'était déjà ça. Je ne pus m'empêcher de lui répondre, les yeux brillants :

— Bien sûr qu'elle s'en sortira ! C'est Mara !

Mais en réalité, malgré tous mes espoirs, un fragment de doute m'assaillait. Je savais qu'il y avait un risque, même minime, qu'elle ne puisse pas y échapper... Et à chaque fois que j'osais y songer, mes ondes positives étaient assaillies.
Mon arrivée à Lumiris était un exutoire, Hitei l'était force dix mille, alors je devais me concentrer sur ça,
sur les petits bonheurs de la vie... De toute façon, je commençais déjà à m'autoriser à vivre sans elle, c'était ce qu'elle aurait voulu. J'étais un soleil et Mara ne voudrait surtout pas me voir s'éteindre... et je ne m'éteindrais jamais, j'étais si flamboyant que l'extinction était impossible.

Nous décidions ensuite de nous baigner. J'avais rejoint Skurro et Impa dans l'eau tandis que Diamante était restée sur la berge en s'amusant à s'écarter de l'eau le plus vite possible lorsque les vagues revenaient tacler le rivage.

Après mes attentats fourbes, Hitei eut l'idée de se venger. Je laissais venir librement ses ripostes, riant de bon cœur à chaque tentative. Skurro, consciencieux, faisait plutôt attention à Beauty et jouait avec elle, Impa avait une version du jeu différente, aussi espiègle qu'elle était.

— Mais tu sais que tu m'as déjà ! haha.

J'étais obligé de lui sortir ce genre de phrases tendancieuses, même si je riais fort, même si je savais qu'il n'y aurait jamais rien. J'adorer jouer, peut-être qu'un jour, la seule personne que j'ai aimée m'ouvrira une petite brèche.

Alors que l'on jouait tous ensemble, je remarquais également quelques moqueries fusées parmi les baigneurs, en l'occurrence de la part d'enfants mais aussi de quelques adultes immatures. J'étais très loin d'être très fin mais je n'aimais pas que l'on s'en prenne à Hitei. S'attaquer à Beauty, c'était indirectement s'attaquer à elle... Donc, je venais les voir, de toute mon autorité, puissante et virile.

— Par contre les calculatrices, vous jugez mais vous serez les premiers à baver lorsqu'elle aura évolué en Milobellus. Peut-être que l'un d'entre vous en deviendra un en évoluant mais... visiblement, y'a peu de chance.

D'un geste désinvolte, je me retournais fièrement alors qu'ils s'étaient tous tus face à ma punchline légendaire. Je fusais et sautais sur Impa, qui s'était amusée à enchaîner Skurro avec ses tentacules. Celle-ci n'apprécia pas trop d'être surprise par derrière mais, encore très chatouilleuse, elle le libéra peu de temps après. Skurro me sauta dans les bras et j'entendis alors la proposition d'Hitei qui ne tarda pas à m'envoyer de l'eau.

— Quoi ?! Mais attend, Hitei ? Mes Pokémons ne sont pas nécessairement avec moi. Si Skurro est un allié sans faille, ce n'est pas le cas des autres, surtout d'Impa haha. Alors, coup d'av...

Je me pris l'eau en pleine figure et sans attendre, je répliquais. Je vacillais lorsqu'Hitei fondit sur moi et que je crus bien qu'elle était déterminée à me couler. Sans attendre, Impa se vengea et elle dégaina ses tentacules pour m'emmener vers le fond et me mélanger avec le sable.

— AAAAAAAAAAAAAHaaaaaah...!! Blooop... Bloooop.

Je contrôlais immédiatement ma respiration, avant de réunir mes forces pour me maintenir debout et la tête hors de l'eau, un sourire de défi aux lèvres. J'arquais même un sourcil vers Hitei.

— Tu vois, je t'avais dit que je n'avais pas que des alliés parmi mes rangs. Impa va toujours du côté des plus offrants.

Skurro tentait le maximum pour la déloger. Mais que ferait Hitei en me voyant ainsi enchaîné, me débattant vaillamment pour me libérer.

J'étais en train d'irradier. Hitei me rendait fou. Et le pire... elle me le rendait si bien que je n'attendais rien en retour.

J'avais retrouvé Hitei, et nous jouions dans l'eau, comme dans mes rêves  les plus fous. Ou presque... je n'avais sûrement pas pensé qu'un Pokémon machiavélique s'amuserait à tendre ses tentacules pour me maintenir dans cet espace aquatique, me donnant à peine la possibilité de respirer. Impa était si vicieuse, et je ne m'attendais pas qu'elle puisse me mettre à l'épreuve autant ; elle qui était si affectueuse avec moi. C'était presque comme l'Eros et Thanatos.

J'entendis Hitei motiver sa Barpeau pour me libérer de l'étreinte de ma Sepiatop et cela me fit accroître mon sourire. Gare à moi de ne pas ouvrir la bouche lorsqu'Impa m'emmenait vers le fond, que je ne m'étouffe pas haha !

J'attendis son deuxièmement cri de véhémence pour m'activer, conjointement à l'effort de Skurro pour me libérer de tout.

— Aaaaaah ! Impa, maintenant, ton règne est terminé. Je reprends les commandes !


Et là... les liens commencèrent à glisser et céder le long de mon corps. Sans attendre, je chopais Impa la tête en bas en riant et félicitais mes alliés et nouvelles alliées.

— Yeah ! On a réussi ! La Sepiatop diabolique a été vaincu !

Je la lançais de toutes mes forces dans la mer et Skurro fusa jusqu'au Pokémon Ténèbres et Psy qui roucoulait doucement dans l'eau au loin.
Durant ce temps, je nageais en battant des bras pour avancer mon corps vers l'arrière. L'air de rien, je nageais et pataugeais dans l'eau, m'approchant lentement d'Hitei, sans la moindre animosité.

— T'as vu Hitei, je suis trop fort ! me vantais-je en faisant contracter mes biceps comme un culturiste,  toujours aussi modeste. Et merci à toi aussi ! Sans toi, je n'aurais jamais pu me libérer eheh !

Et sans attendre, je fondis sur elle, n'ayant aucune peur du contact, pour l'arroser et l'envie dans l'eau, submergeant nos corps.
Une fois remonté à la surface, je lâchais, malicieux :

— Eheh il faut toujours se méfier  de l'eau qui dort ! Mais sinon, toi Hitei, qu'est-ce que tu deviens à Lumiris ? Est-ce que tu as des rêves, des envies ?

Un sourire affectueux et sans aucun doute amoureux se dessinait sur mes lèvres tandis que mes yeux retombaient sous le charme des siens auquel je vouais une adoration sans faille à m'y plonger.