Ça aurait pu être une journée cool, si on ne m'avait pas coltiné le rôle de "guide" pour un dude que j'ai jamais vu. C'est pas que je n'aime pas les nouveaux, j'ai été moi-même de cette engeance il y a quelque temps, mais je n'aime pas qu'on me force à les "éduquer". En plus le vieux con qui m'en a parlé, il ricanait comme si sa mère avait mis un chapeau avec un Défaisant dessus, genre, c'était la meilleure blague de l'année. Non, Dude, ce n'est pas drôle, je ne sais pas ce qui te fait rire, sérieux ...

On m'a un peu expliqué, comme quoi, c'est un vieux qui est "nouveau" dans le domaine et qu'il va falloir que je le guide un peu. Genre, je n'ai que ça à foutre, vraiment. Ma vie se résume à aider des bouffons que j'ai jamais vu, que je ne connais pas et qui n'ont certainement (j'en mettrais ma main à cramer par un Dracofeu) pas envie d'être guidé par moi. Non, vraiment, c'est magnifique, je suis tellement heureux, je tiens plus en place. Notez le sarcasme.

Alors Ari sur l'épaule - je pense que c'est sa place attitrée, surtout depuis qu'il est un peu plus fort qu'avant - je sors de chez moi en embrassant la joue de ma mère. C'est important de faire savoir à ceux qu'on aime qu'ils comptent pour tout (surtout pour moi qui risque de me prendre une savate dans la tête si je le ne fais pas).

C'est donc affublé d'une épaulette en forme de Moustillon et d'un survêtement (de marque, mais qui ne paye pas de mine) que je pars à la conquête de cette terre inconnue : l'éducation du nouveau.

J'arrive à l'heure dite sur la place dite. Ce n'est pas difficile, je suis un habitué à présent, je ne me perds plus dans les dédales de la ville. Bref, j'arrive à l'heure à mon point de rencontre, et je vois un dude qui semble attendre que je me pointe. En même temps, c'est le seul pecnot qui piétine sur place, donc je ne pense pas m'avancer en disant que c'est sûrement mon rencard. Enfin, ce n'est pas un date, mais on se comprend.

"Yo. T'es Edwin ?" je demande en m'avançant vers le mec, une main levée en guise de salutation. Je m'attends pas à grand chose, mais je vais quand même faire mon possible pour ne pas passer pour un connard de prime abord.

Aristote lâche son propre salut, émettant un 'mooooouuuuuu' assez puissant et remuant sa petite patte en guise de bonjour. Tu casses mon groove, Bro, j'essaie de paraître intimidant là, pour le nouveau. J'aurai dû amener ma Mimigale, j'aurai eu l'air plus brute ...

Au moins, il est poli, tout du moins c'est ce que je pense quand il se met à causer. Souvent, les "adultes" ( et j'entends par là les gars et les meufs qui ont seulement quelques années de plus que moi) pensent qu'il peuvent me prendre de haut du fait de leur âge, de leur vécu et/ou de leur statut social. Dude, si c'est pour me faire marcher dessus, autant mordre un bon coup, hors de question que je me laisse faire.

"Ouais, on t'as pas demandé ton avis dude, et on m'a pas demandé le mien. " je commente quand il me parle de sa galère. Ouais, je n'aimerais pas être à sa place, ça pue cette histoire. Genre, le bizutage, ce genre d'odeur nauséabonde.

On n'a pas encore vraiment commencé à causer que son (sa ?) Tarsal s'avance. D'après la présentation, il s'agit bien d'une femelle. Et elle a l'air vachement fier d'elle. En la voyant bomber son torse transpercé, mon Moustillon en fait de même, tentant de se gonfler pour paraître plus gros qu'il ne l'est. Ce n'est pas un concours de bodybuilders les gars, on se calme ok?

Je présente également Aristote, qui se permet un 'STI!" satisfait une fois sa présentation finie. Ouais, on sait que t'es heureux, pas la peine de le crier sur les toits. J'ai une réputation à maintenant, dude.

"Moi c'est Harvey Parker, mais appelle moi Harvey." je déteste quand on m'appelle par mon nom de famille, j'ai l'impression que je vais prendre cher. Y a que les profs et ma mère en colère qui disent mon nom de famille; ma mère disant mon nom complet, signale une soudaine nécessité à la course ... Très loin.

"Ferrant, hein." je me permets d'être irrespectueux, parce que je ne peux pas blairer cette vieille fouine. Ce mec est le genre qui lèche le cul des plus forts et qui se permet de marcher sur ceux qu'il pense plus faibles que lui. Non, je ne peux pas le sentir, y pas à dire.

"Ouais, ça ne m'étonne pas de ce bouffon. Il aime bien foutre la merde là où y en a pas." je parle comme je veux et si ça plaît pas, ben c'est pareil. Je ne vais pas mâcher mes mots pour un mec que je ne connais pas, la seule personne qui me forcera à bien parler ... c'est, encore une fois, la lionne de notre famille : ma mère.

Finalement, je lui fais signe de me suivre. On va aller se poser sur un banc pour parler de ce qu'il faut faire. Et puis ce n'est pas comme si cette initiation à la joie de la ville pourra se faire en une seule après-midi, alors autant planifier tout ça. J'aime bien avoir un fil à suivre, un truc qui me permet d'anticiper les choses. Les surprises, je n'apprécie pas trop.

Une fois devant le banc sur lequel j'ai jeté mon dévolu, je fais signe au mec de s'asseoir et à sa Tarsal d'en faire de même. Ari' ne se fait pas prier, lui, et élit domicile sur mes genoux. Une main sur sa tête, je me remets à cause.

"Va falloir qu'on prévoit plusieurs jours, genre pour aller dans les endroits à voir, pour voir les trucs à faire ou pas faire dans la ville, les gens à fréquenter ou non." je souris de mes canines à cette dernière partie, je vais passer pour un élitiste, mais y a des gens qu'il faut connaître et d'autre qu'il faut éviter.

Je lève un sourcil quand il me parle de combat. Ok, je peux comprendre, j'ai vraiment la tête d'un mec qui passe son temps à se battre, mais est ce que Ari', lui, à la gueule d'un Pokémon de combat ? Je baisse la tête sur mon Moustillon, avant de la relever et de sourire de manière presque dérisoire au mec qui me fait face.

"Je fais pas de combat." c'est court au droit au but, mais je précise quand même "Pas avec mes Pokémons en tout cas."

On ne sait jamais, certaines personne confonde le fait de ne pas faire de combat Pokémon avec une envie d'être écrasé.

Pour être honnête, je suis pas à mort sur ce genre de délire, faire que les Pokémons se battent pour le sport. Qu'un Pokémon en attaque un autre pour le bouffer, c'est une chose, mais que je ramène le mien dans une arène pour être filmé en train de se faire démonter, ça en est une autre. Je ne suis vraiment pas fan.


Ses questions suivantes sont déjà plus saines et carrément dans mes cordes, qu'il s'agisse de bouffe ou de paperasse. Ayant anticipé la merde qu'est l'administration estudiantine, et pour éviter des aller-retour totalement débiles, je suis passé à l'Académie avant de venir ici pour récupérer ses différents badges et formulaires à remplir et papier à conserver. Qu'ils m'aient tout donner dit bien à quel point ils en ont rien à foutre ...

"Pour le matos plus lourd faudra aller direct à l'académie, pour le léger ..." je me tourne et sors le tout de mon sac "Voila pour toi, dude." je termine en lui tendant le tout, mis dans une pochette transparente.

Je comprends pas qu'on lui ait pas tout donné en main propre, mais ça pue le sabotage. Enfin, pas mon problème.

"Pour la graille ... t'es tombé sur le bon mec !" je lui fais un grand sourire plein de dents en me levant et en étirant mes bras croisés qu dessus de ma tête.

"Ari et moi, on est des experts de ce côté la ! Et puis on a qu'à commencé par ça !" le dit Pokémon à sauté à terre quand je me suis levé, et à présent tourne sur lui-même, excité par la perspective de la nourriture. Oui, c'est un glouton, mais on peut pas lui en vouloir avec l'environnement dans lequel il a grandi.

"T'as des trucs que tu bouffes pas, mec ? " je demande, au cas où. Imaginez que je l'emmène dans un endroit qui sert des plats épicés et qu'il ait le palet d'un chat. On sera bien rendu tiens ...

Y a pas à dire, il n'a pas de pot ce mec. Allergique à de la bouffe ? Le cauchemar. Non, je préfère être allergique à tout sauf à de la nourriture.

"T'en fais pas mec, je juge pas. Boire, fumer, chacun son kiff, tant qu'on me crache pas sa clope dans la gueule, tout va bien !" je souris ce petit sourire de canine, que seuls mes gens avec des canines un peu plus long que la moyenne sont capable de faire; un sourire de tigre un peu.

"Je peux payer, ok ? C'est pas les nouveaux qui casquent, faut pas me prendre pour un bouffon Dude. " je secoue la tête de refus, ça ne marche pas comme ça, ok ? Y a des codes à suivre, et les "anciens" payent, c'est comme ça.

Aristote sous le bras (ou sur l'épaule plutôt), je commence à marcher vers la ce qui s'apparente à la sortie de cet endroit. Va falloir qu'on marche un peu, parce que je n'ai pas pris de véhicule perso pour venir ici.

Quand il me demande mon number one de la bouffe, je suis assez gêné, parce que lui dire que la meilleure bouffe que j'ai jamais mangé, c'est mon père qui l'a faite, ça fait un peu neuneu, non ? Bon, au pire, il a une succursale dans la ville, donc je devrais pouvoir l'y emmener. Je me contente d'un sourire mystérieux, ça marche bien ça, pour faire genre, je sais quelque chose que tu ne sais pas, yahahha.

"T'as un ride ? " je demande au cas où, on ne sait jamais. Tout le monde ne marche pas à pied dans ce monde (ou à dos de pokémon). S'il faut prendre les transports en commun y a no problème, mais bon, ça va être un peu plus long.

Je sens bien qu'on a pas mal d'atomes crochus avec ce mec, on va rapidement devenir pote, même avec la différence d'âge. Mais y a toujours des surprises dans la vie, donc je reste quand même sur mes gardes. Je ne suis pas con, malgré ce que mon apparence de Joke laisse entendre.

"Appelle-moi Harv', y a que mes parents qui m'appellent Harry, donc le fait pas." je dis avec un air sérieux, mais qu'un tic à la lèvre, en bas à droite, trahis. Ce n'est pas une blague, et à chaque fois que mes potes l'entendent, ils se foutent de ma gueule. Donc autant prévenir que guérir, merci de ne pas m'appeler comme ça !

Une bécane, hein. Je devrais peut-être passer mon permis moto un de ces quatre, mais j'avoue que je suis plus intéressé par un Pokémon à chevaucher. Genre un Arcanin ou Tauros pour le sol, et bien sûr chaque élément aurait son Pokémon, un pour le vol et un pour la navigation. Je pense qu'une fois qu'Ari aura évolué, on ira surfer ensemble, il sera bien assez gros pour supporter mon poids, après tout.

"Je vois, pas de bol mec." je lui tapote l'épaule pour le consoler, il a vraiment pas cul, c'est à croire que le sort s'acharne.

Hum, je vois qui porte la culotte dans ce couple Pokémon/Dresseur. M'enfin, je ne juge pas, il semblerait que ce soit nécessaire. Si ce mec m'avait appelé Harry, on aurait jamais pu être pote. Je me serais senti obligé de lui pourrir sa vie scolaire ... et peut être le reste aussi.

Je roule des yeux à son ton taquin, est ce qu'il me prend pour un gosse ? Sérieux, est ce qu'il me prend pour un morveux parce qu'on n'a pas le même âge ? Alors que j'ouvre la bouche pour répliquer, je la referme tout aussi sec avec un clic et un regard qui tue. Petit Prince ? Sérieux ?!

"C'est pas parce que mes parents sont riches, que ça fait de moi un prince." Zéro shame, j'avoue. Je n'ai pas honte de mes parents et de ce qu'ils ont accomplis dans la vie, donc ça me dérange jamais d'étaler leur fortune. Et j'en profite aussi, le bouseux qui a dit que l'argent ne résout pas tout était sûrement pauvre. Je connais que deux trucs que le fric est incapable de résoudre : la mort et le meurtre. Si quelqu'un veut vraiment votre mort, il vous tuera même si vous lui proposez tout votre argent, quant à la Mort ... qu'est-ce qu'elle a à foutre de votre fric ? Ouais, le fric ça ne résout pas tout, mais ça aide vachement quand même, si tu veux bien vivre.

"On va donc prendre le bus et aller chez Albert." je reprends en me dirigeant vers l'arrêt de bus.

"Albert, c'est le coin des étudiants, c'est pas cher, c'est pas vieux et par-dessus tout, y a des réducs sur la bière et les sodas. " je continue à lui expliquer.

Ah, on a de la chance, le bus s'arrête devant nous juste quand on arrive à l'arrêt. Je grimpe dedans, m'installe direct sur un siège. Pourquoi je ne scanne pas ma carte ? Parce que c'est un horaire ou personne viendra vérifier, les contrôleurs sont tous soit entrain de pioncer ou de bouffer, alors je me sens pas du tout obligé. De toute manière le bus est automatisé et pratiquement vide, on est presque plus dans un tram que dans un bus.

Des messes basses, tant de messes basses. Je sais qu'ils se foutent de ma gueule, mais je me contente de rouler des yeux. Ça ne mérite pas de commentaire, et puis de toute manière la bave de Cradopaud n'atteint pas le Roucarnage en vol. Hmmm, ouais.

On est assis et tout va bien, jusqu'à ce que ce bouffon de premier se mette à hurler Rock N'Roll comme s'il était à un concert de Piers ? M'enfin, je ne juge pas, enfin, j'essaie. Non, vraiment, j'essaie. Bon, je juge, ce n'est pas possible autrement, je facepalm en le voyant faire.

Je dirais que ça va faire 3 ans que je suis dans le coin. On ne dirait pas, mais le temps passe vite. Plus on vieillit et plus le temps s'accélère, c'est un peu comme si la vie était pressée d'en finir. Oh, je ne devrais pas avoir ce genre de penser, c'est un peu lugubre. Passons à autre chose, ça vaut mieux.

J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais je n'ai pas le temps d'en placer une que je suis interrompu par un mec en uniforme. C'est une blague ? Depuis quand ces bouffons sont en poste à cette heure-là ? En plissant des yeux, je constate qu'il s'agit bien de contrôleurs, et pas de flics. Déjà une bonne chose de faite, les contrôleurs ça se gruge, les flics ... moins.

"Je sais pas pourquoi ils sont là, mais ce sont des contrôleurs."

Je pense rapidement aux solutions qui s'offrent à nous, courir ou payer semblent être les seuls disponibles. Je vois les trois uniformes s'approcher lentement de nous, comme des prédateurs sur d'attraper leurs proies. Ils nous prennent pour des débiles, ou ils pensent qu'on n'a pas ce qu'il faut pour se barrer ? Parce que vu le physique de mon coloc de bus et le mien, on peut se tirer en courant si on prend le bon timing.

"Mec, tu cours vite ?" je lui demande d'un ton bas, pour ne pas être entendu des mecs qui s'approchent lentement, mais sûrement de notre place. Encore quelques secondes et on arrive à l'arrêt suivant, si on s'y prend bien, on saute dehors une fois la porte ouverte et on peut s'en sortir sans être chopé. Les Contrôleurs ne courent pas vraiment après les fuyards, ils sont pas formés pour ça.

Bien, au moins on sera pas chopés pour aggravation d'un cas simple. Ils sont presque sur nous, même pas encore, quand le bus commencer à s'arrêter. Je décolle lentement mon cul du siège, un pied en arrière et une main sur le dos en plastique, près à sprinter.


Je tape une main sur son genou, trois doigts sortis. Quand la porte commence à s'ouvrir j'en ferme un, quand la voix de la bonne femme préenregistrée se fait entendre j'en ferme un second, et quand le mec en uniforme au plus gros bidon commence à ouvrir la bouche, je tape mon poing sur le genou d'Ed et me lève en me servant du siège.


Une fois tous les deux levés, je me jette vers la porte arrière du bus enfin ouverte. Un Grand "HEY, STOP !" se fait entendre derrière nous. Je me fais la réflexion que si on était sortie tranquillement sans faire de vague, ils ne nous auraient sûrement pas calculés. Mais, ah, c'est bien moins excitant, non ? Toute l'adrénaline de la situation se joue sur le fait que les mecs nous aient vus.


Un éclat de rire m'échappe, mais je n'y peux pas grand-chose. Je saute hors du bus, certain que l'autre gars me suit, mais je regarde quand même par-dessus mon épaule pour m'en assurer. Faudrait voir à ce que je ne perde pas le "filleul" la première journée, ça serait ballot. Mais au moins, c'est sûrement une première journée qu'il n'oublira pas de si tôt, entre le bizutage bureaucratique et la course poursuite par les trois petits cochons, on a de quoi commencer une histoire assez marrante.


"Cours Mec, t'arrête pas ! " je m'exclame en sautant sur le trottoir et en tournant derrière l'abri de bus. Je peux voir les contrôleurs tenter de pousser les gens qui leur bloquent l'accès à la porte, vociférant pour qu'on les laisse passer, afin de pouvoir venir à notre poursuite. Même s'ils sortaient, ils n'iraient pas très loin, tout ça n'est pas bien dangereux, mais c'est une petite excitation qui fait du bien, parfois.

On court comme des malades, pas parce qu'on a particulièrement peur de ces bouffons, mais parce que l'adrénaline nous pousse à voler. On s'envole dans une course libre qui est plus due à l'euphorie du moment qu'un une réelle crainte de l'uniforme.

"STOP STOP !!!" hurle le seul mec qui continue à nous poursuite. Je dois dire que je suis surpris, ont ils ajouté une formation sur le sport pour les contrôleurs ?

Mais non, après quelques minutes de compétition, lui aussi abandonne l'affaire en vociférant et nous traitant de tous les noms. J'aimerais lui faire savoir que je ne suis pas né hors mariage, merci, mais je me contente d'éclater de rire et de tourner un coin, Ed toujours dans la course.

"C'était couru d'avance !" non, pour une fois, ce jeu de mots n'est pas choisi, c'est sorti tout seul. Mais si on doit comparer un sportif qui s'entraine tous les jours et un mec qui passe son temps à déambuler entre les sièges de bus, c'est sûr qu'il n'y a pas vraiment de compétition.

Quand il me demande si on est toujours sur le bon chemin, je jette un coup d'œil autour de moi et constate qu'on a légèrement dévié du chemin, mais rien de bien grave.

"Va falloir marcher un peu, mais on est pas très loin." on n'est, après tout, pas resté très longtemps sur ce bus. Pour ainsi dire, on a dû faire 3 arrêts avant d'être éjecté ... ou plus de fuir comme des voleurs.

Je commence à avancer, Aristote sautillant autour de mes jambes en avançant, toujours excité par l'expérience. Ouais, on ne dirait pas comme ça, mais c'est un petit chenapan qui aime faire des bêtises. Ce n'est pas le dernier à participer quand on doit faire des conneries avec les Bros.

"Ah." je fais, en pointant un magasin d'un doigt, sur notre droite, sans m'arrêter pour autant.

"Ce machin vend des customs sympas sur pour les pokémons, et c'est pas trop cher. J'ai un Bro qui ne jure que par ce shop." je continue en signalant le nom. Louis est un grand fan de cette enseigne, il trouve les trucs les "plus mignons" dedans, apparemment.

Je continue à avancer d'un pas soutenu, mais pas trop rapide, pointant du doigt quelques enseignes intéressantes que nous croisons sur le chemin vers le café/pub.

On finit (enfin) par arriver devant Chez Albert, et je peux voir que c'est déjà bien blindé. Comme d'hab', quoi.

"Ouais, t'étonnes pas, c'est toujours plein." Ai-je vraiment besoin de le préciser ?

Il me prend pour Houdini ce gars, ou quoi ? Je roule des yeux vers le ciel et lui fait signe de me suivre. Chez Albert, c'est bien, mais comme je le disais plus tôt, c'est toujours plein. Alors que si tu avances un peu et que tu tournes dans la ruelle juste en contre bas, et que tu t'enfonces un peu dans ce qui peut sembler ressembler à un truc un peu glauque, tu arrives rapidement devant un endroit qui s'appelle "Togepi's Salon". Je ne sais pas pourquoi ils se sont pommés là, ils auraient plus de succès dans la grande rue, mais ils sont là, et ils sont accessibles et rarement pleins.

"C'est moins populaire, mais avec les gars, on ira plus là. Fait pas gaffe au nom." je commente. Parce que, ouais, on dirait un nom de café pour meuf, le genre bien rose et bien barbie. Enfin, ça n'empêcherait pas Louis d'y venir, il kiffe ce genre de trucs et je ne juge pas. Mais ça me pique sérieux les yeux quand je dois rester dans ce genre d'environnement.

Je pousse la porte et fait signe à Ed' de me suivre. Dans ce café - parce qu'on ne peut pas vraiment l'appeler autrement - les pokémons sont à l'honneur. Des photos encadrées de manière délicate semblent sortir des murs, le tous sur un amalgame de boiseries qui n'est pas sans rappeler les anciens cafés de la royauté. Il n'y a pas beaucoup de fenêtres et une ambiance assez feutré, qui mène à ce qui est bien sur un bar. C'est un bar à café, qui ne sert que peu d'alcool, mais on passe quand même pas mal de temps ici.

"Ça plaît pas à tout le monde, mais c'est calme." je dis tout en prenant place et en faisant un signe de la main au barman (caféman ?) qui répond avec un sourire. Avec les gars, on peut être considéré comme des habitués, donc il doit reconnaître ma tête. Je m'enfonce au fond de mon siège avant de regarder mon voisin.

"J't'ai vendu Chez Albert parce que c'est populaire, mais si je dois choisir, j'suis pas un grand fan de ce genre d'endroits." je ne suis pas un hipster, mais j'aime être dans un endroit calme quand je bois quelque chose. Si c'est pour entendre que Jenifer s'est fait Lola alors qu'elle sortait avec André, et qu'André est au courant, mais qu'en fait, il fait semblant parce qu'il veut se venger, franchement, ça ne m'intéresse pas.

"J't'ai tiré ici, une fois qu'on aura but un truc, dis moi si t'as des endroits que tu veux voir." je regarde l'heure tout en continuant. Ça devrait le faire, je n'ai pas toute la journée à lui considérer, mais encore quelques heures ça devrait pouvoir se faire.

"C'est un deal ! " je ricane en lui tendant le poing, pour qu'il y tape le sien. Oui, ça serait intéressant de visiter la cote avec quelqu'un qui s'y connaît.

Quand il me fait savoir, avec zéro subtilité, qu'il a la dalle ... un grand sourire plein de dents se profile sur mon visage. Ouais, on ne dirait pas, mais ils servent à bouffer ici aussi. Ce n'est pas du 3 étoiles, mais genres des tartines chaudes, des crocs monsieur, des trucs de brasserie en gros.

"T’en fais pas mec, ici y a de quoi se mettre sous la dent !" je le rassure quand, même, secouant la tête de gauche à droite en ricanant. Ouais, je ne suis pas une hyène, mais je suppose qu’on est cousin.

"T’es sérieux ?!" je demande, atterré, quand il me dit qu’il n'a pas de logement de la part de l’université. C’est une blague ? Y a grave de la place là-bas, comment ils ont fait pour pas lui en trouver ?

"Pourtant encore hier, j’ai vu des demandes de colocs sur le panneau ..." je sais pas quoi dire, est ce qu’il se fait pourrir, ou il veut juste pas vivre en colocation ?

"Sinon je connais deux ou trois hôtels, ouais … c’est quoi ton budget ? " je lui demande lentement, tout en prenant la carte dans la main. L’ouvrant à la première page … Bon ok, il n'y a qu’une page, c’est presque une brochure !

"Mec, on en vient ?" je le regarde de manière incrédule, quand il me dit qu’il veut une visite du campus, avant de me foutre de notre gueule. On aurait dû commencer par là, mais j’ai pensé que le staff lui ferait la visite. Autant pour moi, j’en attends trop de ces bouseux.

Je remarque qu’il dévie sur son pokémon qui … a pris résidence dans une montagne de coussin. Le regard envieux qu’il lui jette n’a rien de discret, alors je me dis qu’il doit être pété. Jetlag et tout, je suppose.

"On n'est pas obligé de tout faire aujourd’hui, on peut prévoir ça sur le week-end si tu veux pioncer, vieux. " je lui dis de manière compatissante, avant de faire signe au barman qu’il m’envoie un serveur. Celui-ci soupire de manière exagérée et nous envie une stagiaire qui nous demande ce qu’on veut consommer. Pour moi, ça sera un croc-madame et un Coke. Je finis par me tourner vers mon acolyte pour qu’il passe également sa commande. C’est ainsi que commence la fin de cette visite.

Ok, on peut dire que ce genre de conversation est le type qui me l’aurait foutu mauvaise. Sérieusement, la bureaucratie est parfois ce qu’il y a de pire. Et là faut croire qu’en plus ils lui ont fait un petit dans le dos et ont fait exprès de le pourrir. Vraiment, comme s'il n'y avait pas assez de merde dans la vie sans avoir des pouilleux qui en rajoutent.

"Bro … t’es sûr que t’as pas tué une sainte dans ta dernière vie ? " Comme ils disent dans le sud, Karma is a bitch . Du coup, si t’as merdé dans ta vie antérieure, ça peut expliquer que tu sois victime de merde dans celle-ci. Enfin, c’est une blague, je crois pas à ce genre de trucs, mais c’est fun d’imaginer ce que tu as pu être avant, non ? Imagine que t’ais été un pokémon, ça changerait la vision du monde !

"T’en fais pas va, je vais te trouver le truc. " je sors mon portable pour scroller rapidement les hôtels que je connais, en regardant que les prix ne soient pas exorbitants. Je dois avouer qu’en tant que fils de riche, je fais pas souvent attention à ce que je dépense. Mais j’ai des potes qui, s’ils ne sont pas pauvres, sont pas non plus les enfants de Crésus, alors j’ai su m’adapter.

"Tu vas faire quoi en attendant du coup ? " je lui demande tout en sortant un papier et un stylo pour noter deux ou trois hôtels qui devraient convenir. Ce n'est pas que l’Académie soit la fin de toute chose, mais quand tu t’étais fait à l’idée d’y aller, t’entendre dire que tu peux aller poser ton cul ailleurs parce que tous tes papiers ont été brûlés (ou quelque chose comme ça), je suppose qu’il y a un moment de flottement ou tu te demandes ce que tu vas faire de ta vie.

"C’est pas mal touriste, y a des trucs sympas à visiter sur l’île !" je me retiens de ricaner, ça ne serait vraiment pas cool de ma part.

Je lui tends la liste et bois un coup de ma boisson, avant de décimer mon plat. Ce n'est pas que cette histoire ne me concerne pas, mais pour tout dire, je ne peux pas y faire grand-chose. Il est bon de savoir ne pas s’accrocher aux choses qu’on ne peut pas changer et s’attarder sur celles qu’on peut manipuler, sinon on devient fou d’anxiété.

"Ces trois hôtels sont pas mal, y en a un sur le côté de la ville, l’autre en centre-ville et le dernier est dans un coin un peu reculé, un truc de famille qui fonctionne plutôt bien. Sont pas super chers, mais si tu veux un truc plus huppé, tu me dis, jte cherche ça ! " on sait jamais, peut-être qu’il est pété de tunes et qu’il veut ses draps en soie.

Hochant la tête de haut en bas, je finis par la secouer de gauche à droite. Je suis rendu avec ce mec, sérieux, je sais déjà qu’on va devenir potes.

"Mec, on se fera une sortie avec les autres, comme ça, tu auras plusieurs points de vue. Y a moyen que tu préfères d’autres trucs, non ? "

Je ricane légèrement après ça. S’il aime les mêmes trucs que Louis, je m’en irai dans l’au-delà, tenant mon ventre en hurlant de rire. Ouais, si ce mec aussi aime les petits trucs mignons, roses et à froufrous, l’axe de tout ce qui est normal dans le monde penchera. Y a moyen que les Miaouss finissent par dominer le monde…

Finissant ce qui se trouve devant moi et jetant la tête en arrière pour boire la dernière goûte de ce breuvage des dieux (non, j’exagère, mais ça toujours rire Aristote quand je dis ça), je pose le tout convenablement pour un accès facile à celui qui débarrassera.

Me levant et posant un billet sur la table, je me penche vers Edwin.

"Tu m’appelles quand tu veux mec. Tu veux que je te raccompagne à l’arrêt de bus ? "

Je ne pense pas qu’il ait réellement besoin de moi, mais la bienséance demande que je lui propose cette possibilité. Je remonte mon sac sur l’épaule et fait un signe d’au revoir au Barista. J’attends la réponse de ce nouveau-possible-prochainement-futur-bro avant de me diriger vers la porte.