Camille ne comprit pas la remarque sur les T-shirts larges. Ce n’était pas vraiment sa marque. Elle était magicienne. Sa tenue était au contraire ajustée au maximum, et s’il fallait choisir quelque chose, ce serait plutôt l’ombrelle sa marque de fabrique. Mais les T-shirt large. Elle aimait bien en portait quand elle était au repos et n’avait pas grand-chose à faire. Sa perplexité était visible sur son visage. C’était une tenue négligée, qui l’aidait d’autant plus à garder l’anonymat puisque personne ne ferait attention à elle ou le lien avec son identité de scène.

Les quatre années étaient passées très vite pour Camille avec assez de coup dur dans sa carrière. Son travail avait payé et sa discrétion aussi. Quelques bonnes rencontres et son sens du spectacle avait fait le reste. Sa passion devait certainement se ressentir dans ses prestations et elle commençait à réfléchir à diversifier ses spectacles. Elle aimait la magie mais son rêve restait la coordination. Elle ne voulait pas juste devenir célèbre, même si c’était l’idée. La magie n’était pas le meilleur moyen pour l’être de façon aussi éclatante que par la coordination. C’était ça son rêve être une coordinatrice célèbre.

Et être célèbre donnait accès à certains passe-droits, à certains lieux. Camille n’avait plus vraiment de force, ni d’énergie. Elle aurait volontiers voulu rester vautrer dans son épuisement et sa souffrance. Mais l’idée c’était glisser dans son esprit et maintenant, ça en devenait une idée fixe. Massage, bain de vapeur, sauna et peut-être juste baignade dans de l’eau chaude. Cela méritait bien un dernier effort. Et ensuite, Arceus savait quand elle sortira de sa torpeur à nouveau.

Je connais un endroit. On y va.


Elle voulait bien y aller, mais elle n’avait pas la force de s’y rentre à pied, chose qu’elle faisait d’habitude. Elle commander un taxi par message et s’arracha du canapé.

Elle partit sans un bruit vers sa chambre pour aller chercher le nécessaire. Elle revint et proposa deux maillots de bain à Maya. L’un était un deux pièces, l’autre un une pièce de sport. Elle laissa son amie choisir et garda le second. Elle chercha aussi deux serviettes et le taxi arriva.

Il les déposa à l’adresse que Camille lui montra à l’écrit, non sans un regard énervé et agacé pour la magicienne. Elle l’ignora, question d’habitude. Beaucoup de gens étaient peu agréables et compréhensifs avec son mutisme. Ce n’était plus une surprise pour elle.

Le bâtiment des bains était magnifique. Bien que moderne, il était de pierre blanche, avec une grande porte. L’intérieur abrité une piscine où venaient s’ébattre enfants et familles, faire des longueurs. Un second bassin était plus pour la détente, rond et l’eau y était plus chaude. Il y avait aussi deux mini bain à bulle.

Camille arriva et montra une carte et Maya. La personne à l’accueil lui sourit et hocha la tête. Le duo avança sans autre forme de procès, vers les vestiaires, remplis de cabine et de rangement.

Le mensonge de Maya à l’encontre du chauffeur de taxi et de sa surdité factice fait froncer les sourcils à Camille. De l’extérieur, on pourrait croire qu’elle se demande ce que Maya peut bien dire et ce que répond le chauffeur. Parfois, la magicienne se demandait si sa vie n’aurait pas été plus simple si elle avait été sourde. Les gens se seraient sentis obligés d’apprendre à communiquer autrement. Mais elle aurait été bien plus isolée. Mais la solitude ne la gênait pas vraiment. Elle se demanda tout de même si Iris ou Maya lui aurait parlé tout de même si elle ne pouvait pas les entendre.

Si j’avais vraiment été sourde, est-ce qu’on serait devenu amie ?

Le trajet se passa et comme lui permettait sa carte et sa renommée, Camille pouvait sans payer plein tarif, amener Maya avec elle.

Même pas en rêve.

La gestuelle était évidente pour le message transmis. Camille n’allait certainement pas laisser Maya lui rembourser les quelques pokédollars que l’entrée lui avait coûté. Ça aurait été ridicule, absurde et gênant.

Elle fit signe à Maya avant de s’engager dans une cabine. Il ne fallut pas longtemps à la magicienne pour se dévêtir entièrement et se revêtir du maillot de bain deux pièces que Maya lui avait laissé. Ce n’était pas la meilleure tenue pour faire des longueurs sportives, mais pour ce que Camille voulait faire, elle n’avait pas mieux. Lors de la proposition à son amie, Camille avait espéré que Maya choisisse le plus simple.

Elle sortit de la cabine, mit ses affaires dans un casier et attendit. Les jambes lourdes, elle commençait aussi à ressentir les crampes dans le reste du corps. Et a trouvé le temps long. Elle s’approcha plusieurs fois sans bruit de la cabine de Maya, pour écouter si son amie était toujours là, mais le bruit à l’intérieur signalait bien que oui. Mais elle hésita à frapper pour savoir s’il s’agissait bien de Maya, et qu’elle n’attendait pas un inconnu ici, et que son amie l’attendait plus loin, peut-être au niveau des douches. Là aussi, elle hésita à aller voir, mais se retint. Si Maya sortait dans l’intervalle, elle ne la retrouverait peut-être pas après.

Finalement, la porte s’ouvre pour révéler Maya, au grand soulagement de Camille. Le maillot de bain était un peu trop grand pour son amie, ce qui lui donnait un air de petite fille. Mais Camille n’avait pas mieux à proposer.

Elle guida donc son amie jusqu’au douche, où elle passa rapidement sous l’eau.

Puis la salle avec le bassin fit son apparition. Haute de plafond, ce dernier était en coupole peinte d’une scène antique. Au niveau normal d’un planché, un balcon courait tout autour de la pièce pour mener à de petites pièces. C’était de ce balcon qu’on pénétrait dans la salle avant de descendre un escalier aux marches anti-dérapante. Le bassin en lui-même était rond, et de petite taille, fait pour se prélasser. Le long des murs, on pouvait voir des bassins plus petits, certains étant des jacuzzis, d’autres des bons chaud. A côté de certaines portes en bois avec sauna indiqué dessus, il y avait de petits bains avec de l’eau très froide dedans. D’autres portes indiquaient des hammams ou des douches.

Les salles du balcon étaient des soins particuliers : massage, bain de boue ou autre. Mais ça n’intéressait pas Camille. Elle descendit les marches avec prudence pour se rendre vers un des bains chauds libres et s’y glissa avec délectation.

La magicienne s’allongea en silence, comme si elle se refusait de faire le moindre remous dans l’eau, ni provoquer le clapotis d’eau. Elle s’allongea avec une certaine satisfaction sur un des lits de pierre immergés, et ferma les yeux. L’eau chaude de la douche prise à la maison avait été agréable mais rien ne pouvait remplacer le plaisir d’un bain chaud. Cette baignade allait certainement aider à la lutte contre les courbatures ou au moins, détendre la jeune femme au-delà de toute mesure.

Elle ouvrit un œil lorsque Maya prit la parole et hocha la tête avant de sortir ses mains de l’eau.

Ils sont assez prisés, mais je suis une habituée. Dès que ça se libère, ils viendront nous chercher ici ou dans le sauna.

C’était l’un des avantages de faire toujours la même chose. Quand elle venait, Camille se prélassait toujours dans les deux mêmes endroits et prenait toujours un massage. La magicienne avait montré une porte non loin.

Pour éviter d’être gênée par ses cheveux dans l’eau, la magicienne les avait attachés en un chignon serré, dont quelques mèches s’échappaient tout de même.

Dans l’eau, Camille bougeait assez peu et semblait dormir, mais elle était pleinement consciente de ce qui l’entourait et écoutait chaque bruit des lieux.

Au bout de quelques minutes, elle proposa à Maya d’aller dans le sauna, mais c’est à ce moment-là qu’un homme en T-shirt et short vint les chercher pour les massages. Camille sortit avec la même souplesse que son entrée et suivit l’homme à l’étage.

La petite pièce comprenait une petite alcôve pour déposer de potentiel serviette et peignoir mais la température dans la piscine était bien assez chaude pour ne pas avoir besoin de pareil accessoire même pour Camille. Dans la pièce, on avait disposé deux lits de massage, rendant la pièce assez étroite. La lumière tamisée et une douce odeur de cire chaude offrait déjà une détente musculaire.

Un jeune homme et une jeune femme se tenait respectivement à côté du lit de gauche et de droite. Camille se dirigea vers sans hésiter vers le lit de droite, après avoir souri à la masseuse qui lui sourit en retour. C’était un échange silencieux de connivence. C’était toujours la même masseuse qui s’occupait de Camille. Parfois, la magicienne attendait longtemps, mais elle avait fait comprendre qu’elle était patiente.

Camille s’allongea sur la table, sans prêter attention à Maya.

Bien que ce ne soit pas dans ses plans, Camille pouvait bien s’endormir ici. Sa tête ne passera jamais sous l’eau, car elle était bien callée. Elle fit juste un signe du pouce à Maya, sans lever la main pour signifier qu’elle avait bien reçu le message.

Quant à être une célébrité de la piscine, c’était bien là, la seule célébrité de Camille. Elle était connue dans les lieux qu’elle fréquentait et pas ailleurs. C’était là toute la puissance de l’anonymat. Elle s’interrogea très brièvement si les fans se demandaient où disparaissaient leur idole entre deux spectacles, mais jusqu’à présent, elle n’avait jamais été importunée par l’un d’entre eux.

Lorsque l’heure du massage arriva, Camille ne nota même pas le trouble de Maya devant son masseur. Elle savoura avec plaisir les délices des mains délicates mais musclées de la jeune femme, laissant son corps définitivement se ramollir.

Une fois le massage fini, elle remercia d’un signe de tête la masseuse et sortit avec Maya. Elle aurait bien voulu lui demander comment ça s’était passé, mais, elle n’avait pas le force de bouger les bras. Elle montra d’un petit signe de tête, la porte d’un sauna, où elle pénétra pour s’asseoir le bois chaud des marches-banc intérieures.

C’était brûlant, mais la pièce était vide. La magicienne fit un effort pour tourner un petit sablier et s’installer confortablement.

Habituellement, les gens prenaient leur sauna nu, mais Camille n’appréciait pas vraiment ça. Il n’y avait aucune indication qui obligeait à garder son maillot de bain en revanche. Mais jusqu’à présent, Camille n’avait jamais eu de mauvaise surprise. Elle était très souvent seule dans cette pièce.

Rapidement, la chaleur la fit suer, chassant les dernières traces d’huile de massage de son corps

Camille était bien trop détendu et fatiguée pour bien saisir le mécontentement de forme de Maya. Celui-ci glissa sur l’esprit de la magicienne comme de la vapeur sur son corps, c’est-à-dire sans laisser de trace. La jeune femme avait sa masseuse habituelle et n’avait jamais pensé à changer. C’était le hasard qui avait fait que plusieurs foit de suite, dès le début, elle était toujours massée par la même personne et finalement, le côté casanier de Camille avait encore une fois gagné au point qu’on savait qu’elle voulait la même personne. La magicienne ne savait pas si on la jugeait ou on se moquait d’elle dans son dos, mais dans cet endroit, elle n’y pensait pas vraiment. A l’extérieur, l’avis des autres comptaient, ici, il n’y avait que son bien-être.

Assise dans le saune, sur le bois brûlant, d’abord au point d’en être légèrement douloureux puis finalement d’en être agréable, Camille hocha la tête à la proposition de Maya. Faire ça plus souvent, pour Camille, aurait été difficile, mais le faire avec Maya ou Iris, ce n’était pas une idée absurde. Un vague questionnement sur la capacité d’Iris de faire ce genre de chose vola légèrement dans son esprit mais disparu rapidement.

Elle commençait définitivement à se détendre et même à somnoler, ce qui n’était pas une bonne idée dans ce four. Cependant, les propos de Maya suffirent à la faire reprendre pleinement possession de ses moyens, pour mieux les perdre, désarmée par les paroles de son amie, et à rougir, si c’était possible par cette chaleur. Elle refusait de comprendre ce que disait Maya et se regarda le cœur en baissant la tête, luttant contre l’envie de cacher sa peau visible avec ses mains.

Maya continua à la déstabiliser en changeant partiellement de sujet parlant des effets bénéfiques sur la beauté du saune, chose qui n’avait pas d’importance pour Camille, car elle venait ici pour se détendre et le plaisir pas pour rester jolie.

Et Camille fut définitivement déboussolée lorsque Maya parla de leur travail en scène ensemble. La magicienne ne pouvait que hocher de la tête, espérant que son malaise ne sera pas visible. Elle ne savait pas quoi répondre à ça. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elles pourraient faire dans leur spectacle. Elles avaient déjà leur costume et suivait un entrainement, mais cela ne leur sera peut-être pas utile. Camille n’avait jamais travaillé en équipe, et n’avait jamais regardé un spectacle de Maya, ce qui en faisait une très mauvaise amie au passage. Elle ignorait complètement ce que faisait Maya sur scène en réalité et refusait catégoriquement de lui montrer des tours de magie et donc de l’intégrer dans l’un d’entre eux.

Elle hocha donc la tête, bêtement, ne sachant pas quoi répondre, la peau se parant de perle de sueur lentement.

Le sablier se vide doucement dans la salle surchauffée et la sueur perlée doucement le corps des deux jeunes femmes. Finalement le dernier grain quitta le globe supérieur pour s’écrase sur ses semblables quelques millimètres plus bas. Camille le constata après quelques instants et fit signe à Maya qu’il fallait y allait.

A la sortie du sauna, Camille fit preuve d’un courage surprenant, bien que pour elle, ça n’en était pas. Elle ne faisait que suivre le rituel et alla donc se plonger dans un bain d’eau glacée, frissonnant à l’entrée, mais elle ne ralentit pas en descendant l’échelle.

Elle s’immergea entièrement puis ne laissa que sa tête hors de l’eau pendant qu’elle se baignait doucement dans cette eau bien trop froide. Rapidement, la désagréable sensation de froid disparut pour laisser place à un sentiment d’étourdissement et un certain confort jusqu’à ce qu’elle commence sérieusement à avoir froid aux mains et aux pieds.

Elle sortit alors du bain, avec l’impression que sa peau s’était durcit ou s’était recouverte d’une épaisse couche de bois. La magicienne marcha calmement jusqu’au bassin de la piscine où l’eau chaude lui parut agréablement brûlante et elle se laissa couler puis flotter alors que les sensations revenaient dans tout son corps.

Alors qu’elle sortait de l’eau avec Maya, cette dernière proposa une soirée entre fille, qui était probablement déjà prévu, au moins dans la tête de Maya, mais Camille s’attendait plutôt à le faire chez elle plutôt que chez son amie. Mais cela ne la gêna pas outre mesure et elle hocha vivement la tête.

Il faudra qu’on repasse par chez moi dans ce cas, pour que je récupère des affaires.

Après un passage au vestiaire, les deux jeunes femmes sortent dans la douceur printanière. Alors qu’elles marchent dans la rue, elles rejoignent une avenue passante, avec de nombreux restaurant, boutiques, et bar. En passant devant l’un d’eux, l’odeur de la nourriture provoquant un évènement rare chez Camille. Un évènement que la magicienne n’appréciait pas, et qui la dégoutait profondément. Son ventre laissa échapper un gargouillement. Elle qui ne supporte pas les bruits produits par son corps, la voilà prise sur le fait et trahit pas son ventre. Impossible pour elle de nier, car à moins que Maya ne soit devenu sourde, son amie ne pouvait pas ignorer ce bruit.

Mais il fallait avouer que l’odeur était plus qu’alléchante et que les plats que certaines personnes dégustaient déjà étaient alléchants. Elle regarda Maya en rougissant, gênée par le bruit de son ventre, qui répéta son outrage en grondant une fois de plus.