Cela faisait bientôt une semaine que ça durait. Les solutions ne venaient pas et rien ne s'améliorait. Au départ, les deux femmes avaient pensé que ça disparaîtrait avec le temps ou que ça s'améliorerait. Mais non. Depuis cette nuit affreuse, cette soirée qui était partie de travers, les deux colocataires ne parvenaient pas à sortir de ce cauchemar. Toutes les nuits il revenait chez l'une d'entre elles ou chez les deux.

Camille partageait le lit d'Iris, pour ne plus se réveiller en panique la nuit et devoir traverser la maison pour avoir de la compagnie. Iris était contente d'avoir Camille avec elle parce qu'elle ne pouvait pas traverser la maison quand elle se réveillait en panique. Leur décision de vivre ensemble avait au moins ce mérite, mais Camille se demandait parfois si le cauchemar qu'elles avaient vécu ne découlait pas de cette décision.

Cette nuit où les ténèbres s'étaient invitées chez elles. Camille ne se sentait plus en sécurité, même dans sa chambre, même en sachant que les Pokémons d'Iris, de puissants Pokémons, gardaient la maison maintenant. Elle qui la nuit se change et va errer dans les maisons des gens par simple loisir, leur prenant sans laisser de trace un bijou par moment, n'osait plus s'adonner à cet étrange passe-temps. Dans le noir, tout était possible. Tout pouvait l'attaquer. Tout pouvait s'y cacher, même dans sa propre cachette.

Mais ce rythme ne pouvait plus durer. Camille n'arrivait plus à s'entraîner, à travailler ses tours, à en trouver des nouveaux. Ses yeux s'étaient tellement cernés qu'on aurait des émeraudes au milieu d'un lac turquoise. Quand la maison était trop calme, elle sursautait à moindre claquement. Sa résolution de devenir plus courageuse fonder aussi vite qu'un glaçon dans une coulée ardente.

Il fallait réagir. Et elles le firent. Les deux jeunes femmes décidèrent d'abandonner la maison et ce lieu hanté d'un mauvais souvenir et d'aller ailleurs. Pas définitivement. Mais le temps de récupérer, de se rassurer et d'oublier un peu, en espérant que ce sera suffisant pour revenir vivre paisiblement dans la maison d'Iris. Les deux jeunes femmes en avaient discuté, et avec le froid qui arrivait, une destination s'était imposée : Alola. Les filles allaient partir au soleil et sur la plage, toutes les deux.

Les billets furent rapidement pris. Camille prévint d'un message qu'elle ne pouvait plus faire de spectacle avant un mois, car elle travaillait sur un nouveau tour. Pieux mensonge, mais mensonge tout de même.

Puis bagage, trajet et croisière en bateau. Ces quelques jours en mer rappelèrent à la magicienne sa venue sur l'île. Il n'y avait pas beaucoup de monde sur le bateau sur ce trajet et l'espace qui avait été si grouillant de vie en était bien plus aéré. C'était agréable et Camille se souvint à regret de l'ombrelle de dentelle qu'elle avait perdu dans la mer. Parfois elle sondait l'océan dans l'espoir idiot de le voir flotter non loin.

L'île approchait. La première île de l'archipel ensoleillée plus exactement. Camille ignorait son nom et ça n'avait pas d'importance. La jeune femme voyait déjà les longues plages sous le soleil avec le bruit de la mer. Lumiris aussi avait ce genre de plage, mais elle manquait d'exotisme et surtout, en ce moment, il y faisait froid. En Alola, il faisait encore bon, même très bon. Camille portait un T-shirt et un short, bien que les embruns de la mer lui fassent regretter sa témérité. Mais le soleil la réchauffait de ses rayons.

En plus d'avoir des vacances, Iris va pouvoir réaliser son rêve. Camille n'avait pas de rêve de voyage. Elle ne s'était jamais vraiment intéressée au monde et au beau paysage. Elle était comme une coquille qu'on avait rempli de stéréotype et d'idées préconçues sur les régions du monde. Et parmi ces idées, Alola, il fait beau et bon vivre. C'était suffisant pour la magicienne.

A la suggestion d'Iris, Camille sortit son téléphone et lui montra quelque chose. Il s'agissait d'un site internet de réservation, dans un grand hôtel, avec piscine, spa, grand restaurant, le tout non loin de la mer. La page indiquée que la réservation été déjà faite pour trois nuits et deux chambres.

J'ai déjà réservé. J'ai fait des recherches à celui-là m'a plu. C'est moi qui t'invite. Tu choisiras le suivant.

La notoriété de la magicienne quittait doucement l'île de Lumiris, en grande partie grâce à internet et des vidéos sur le web. Elle avait aussi de bon revenu par différents biais, dont les sponsor. L'un d'entre eux était le gérant de la chaîne d'hôtel. Il lui avait donné des code de réduction impressionnant pour qu'elle vienne dans un de ces hôtels et serait ravi de la savoir à Alola. Elle lui avait envoyé un message pour le prévenir qu'elle allait tester un de ses hôtels et qu'elle était prête à lui rendre l'ascenseur.

Il est possible que je doive donner un petit spectacle de magie un soir. C'est pour la publicité. Signa-t-elle avec un grand sourire. C'était la raison pour laquelle elle avait deux très grosses valises. Quelques affaires pour elle et beaucoup de choses pour un spectacle.

Mais au moins, elle se fera payer et aura une grosse réduction, ou même une chambre offerte.

Les côtes grossissaient à mesure que le navire approchait. Ce n'était pas vraiment perceptible si on les fixait constamment, mais il suffisait de regarder ailleurs un bref moment pour avoir l'impression qu'elles avaient fait un bon en avant, comme si elles jouaient à un deux trois soleil avec l'observateur. Et en discutant avec Iris, Camille avait la distraction parfaite pour voir cet effet.

Mais un autre effet s'abattit sur elle et c'était la déception d'Iris.

Je suis désolée. Je n'y avais pas pensé. Ce ne sera pas grand chose. Juste un soir. Et un petit spectacle.

D'un autre côté, cela leur permettrait d'avoir accès à beaucoup de chose gratuitement dans l'hôtel et donc pour la magicienne de profiter encore plus des choses à l'extérieur. Peut-être qu'Iris n'avait pas de problème d'argent et il fallait avouer que Camille non plus, mais la magicienne était bien au courant qu'un mauvais tour pouvait lui arriver et que ce jour-là, elle se retrouverait sans emploi. Une semaine en béquille pour la jeune femme était gravissime car son corps était son outil à part entière. Alors toutes les économies étaient bonnes à prendre.

Tu auras évidemment une place si tu veux. Il y a toujours une place pour toi dans mes spectacles.

Le son d'un cor se fait entendre depuis le sommet du bâteau alors que ce dernier pénétrait dans le port. Le débarquement n'allait pas tarder et Camille répondu d'un grand sourire à son amie. Elle se plaça derrière le fauteuil pour la mener vers leur cabine afin qu'elles récupèrent leurs affaires, après lui avoir signé son idée. Le navire accosta et les rampes furent tirées. Les deux femmes furent parmi les premiers passagers à descendre et touchaient terre, Camille étant très excitée.

Elle regardait autour d'elle avec le regard brillant et même Milo bondissait partout pour renifler ces nouvelles odeurs. Le port était propre pour le côté plaisance mais un peu plus loin, on pouvait sentir la pêche du jour être vendue. L'architecture était bien différente d'Hoenn et de Lumiris. Camille proposa à Iris de se rendre à l'hôtel à pied, car bien qu'il soit un peu loin et elles chargées, ce serait agréable de pouvoir déjà visiter une première fois la ville.

A travers les rues, elles purent découvrir les échappes et quelques restaurants et évidemment, un élément qui n'échappa pas à Camille : des glaciers. Ce fut évidemment leur premier arrêt, pour que la magicienne puisse se régaler d'un bon trio de parfum sous la douce chaleur du soleil.

Elles arrivèrent finalement à l'hôtel qui était bien plus impressionnant que sur les images et dont l'intérieur donnait l'impression d'un palais de princesse.

La traversée de la ville se fit avec l'ébahissement d'Iris. Ce dernier ne fit qu'exacerbé celui de Camille. La jeune femme ne s'émerveillait pas d'habitude dans les ville qu'elle visitait. Elle les trouvait certes jolies, mais n'en était pas éblouie. L'architecture en l'intéressait pas et l'environnement non plus. Un lieu lui plaisait ou non, plus ou moins qu'un autre, mais ça s'arrêtait là. Toutefois, l'enthousiasme d'Iris était communicatif et pour la première fois de sa vie, la magicienne prenait des vacances avec qulqu'un qui n'était pas de sa famille. Elle n'était jamais partie avec ses amies, car elle n'était pas invitée, bien qu'elle l'ignora. Les exclamations d'Iris mattaient de la joie dans le coeur de Camille et elle s'émerveilla à son tour mais en silence devant tout ce décor nouveau et inconnu. C'était vrai, ce n'était pas comme Lumiris, ni comme Hoenn. La glace était excellente et par ce beau temps, encore plus exquise.

Elles arrivèrent à l'hôtel et Camille avança en poussant Iris sans perdre le bâtiment des yeux, la bouche bée. Il était rare de voir la jeune femme ouvrir la bouche pour montrer une expression. Et elle n'avait pas besoin de mots pour décrire son impression, Iris le faisait à sa place. Elle sursauta en entendant l'hôtesse parlait. Obnibulée par le grand palace, elle ne l'avait pas remarqué.

Elle hocha la tête confirma son identité, surprise d'avoir été reconnue. Mais après une réflexion assez longue, elle comprit que son secret commençait doucement à s'éventer. Elle était célèbre, des gens devaient guetter ses allers et venues et si Camille Gutenberg et Neopolitain était méconnaissable de loin et séparement, on pouvait rapidement reconnaitre l'une dans l'autre en remarquant que Camille entrait et sortait des théâtres mais pas Neopolitain, qu'elles avaient toutes les deux des Evolis. De plus, en dehors de la couleurs des yeux et des cheveux, les deux femmes étaient semblables. Sans oublier que la jeune femme avait plusieurs fois révélé son identité de scène en se présentant à différentes personnes.

La magicienne guida le fauteuil de son amie à travers l'immense hall au lustre de cristal et au sol de marbre. Un vaste escalier habillé d'un tapis rouge montait dans les étages, mais pour cette fois, Camille ne l'empruntera pas. Avec Iris, elle se rend à l'ascenseur et avec une sonnette scintillante la porte s'ouvre. La jeune femme reste un instant immobile, ébahie par la taille de l'ascenseur. Elle se dit qu'on pourrait faire une salle de bain dans la cage. L'ascension est rapide et le couloir qui apparait à l'ouverture des portes n'en est pas moins sublime, recouvert qu'une moquette douce et chaleureuse, la lumière venant de lustre de cristal.

Il n'y avait pas beaucoup de porte sur le palier et la leur était comme les autres : magnifique. A l'aide d'une antique clé ouvragée, Camille ouvre la porte et découvre sa chambre, amenant Iris avec elle avant de la conduire à la sienne, un peu plus loin. Mais la magicienne ne conduit pas son amie immédiatement à sa chambre. Elle la regarda avec un grand sourire et des paillettes dans les yeux.  Puis elle alla se jetait sur le lit, la tête dans les drap, avant de s'asseoir en ramassant le bouquet et de sentir les fleurs. Elle se laissa retomber en arrière, sur le dos, les bras en croix. C'était bien mieux que ce dont elle s'attendait. Et l'expression d'Iris lui confirme qu'elle n'est pas la seule.

C'est incoryable en effet.

Elle signe en se levant pour se rendre vers la bouteille de champagne et des canapées. Elle prend doucement la bouteille et sourit à Iris. Elle reposa la bouteille pour recommencer à signer.

Tu veux t'installer d'abord ou est-ce que tu veux boire un toast avec moi pour fêter notre arrivée?

Elle commence à ouvrir la bouteille juste après. Elle boit régulièrement du champagne, invitée dans des évènements mondains. Mais elle n'avait encore jamais ouvert de bouteille. Elle commença a tirer le bouchon qui sortit avec un bruit éclatant. Camille sursaute mais ne lâche pas le bouchon et son sourire s'aggrandit encore avant de voir la mousse sortir de la bouteille. Elle se dépèche de mettre le débordement dans un verre et en remplir un second. Elle en tend un à Iris afin de trinquer.

On visite?

La magicienne, armée de son verre, se dirigea vers une porte au fond de la chambre. Derrière celle-ci, se tenait une immense salle de bain, plus grande encore que celle de la demeure d'Iris. Un immense miroir doublait l'espace perçut par l'oeil. C'était épousstoufflant. Emerveillée, Camille but une gorgée de champagne et fut suprise de le trouver finement pétillant et très sucré, peu amer. Elle vida son verre avant d'aller s'en servir un nouveau et de goûter à un canapé. Lui aussi était délicieux. Si on ne faisait pas attention, la jeune femme, peu habituée à l'alcool, finira rapidement ivre.

Camille ne buvait pas souvent ni beaucoup d'alcool. Bien sûr, dans les cocktails où elle était invitée, elle prenait un verre, pour faire comme tout le monde, mais elle n'appréciait pas vraiment le champagne. Les bulles avec le goût de tanin ne lui plaisaient pas vraiment. Généralement, elle prenait le verre qu'on lui offrait, ne pouvant refuser pour prendre autre chose, mais si elle pouvait attraper un verre de jus de fruit avant qu'on ne lui propose une coupe, elle n'en était que plus heureuse.

Cependant, ce champagne ne ressemblait pas du tout à celui qu'elle buvait habituellement. Il gardait un petit goût de tanin, mais il y avait surtout beaucoup de fruit et peu de retour alcoolisé. Elle but plus lentement son deuxième verre en faisant le tour de la chambre, regardant la vue. Depuis la fenêtre, elle fit des signes excités à Iris pour qu'elle vienne voir. Du haut de la colline, l'hôtel dominait la ville portuaire. On voyait les toits se jeter dans la mer d'un côté de la fenêtre et la colline descendre vers la plage et la mer en regardant à droite. Les Békipan et les Goélises volaient joyeusement. Le ciel était d'un bleu limpide, qui contrastait énormément avec le ciel gris et couvert permanent de Windoria.

On va voir ta chambre ? Signa-t-elle, ne tenant plus en place.

Elle remplit sa coupe avant de se rendre à la porte de sa chambre et l'ouvres en grand sur le couloir, se dirigeant vers la chambre de son amie.

Elle l'entend pour l'ouvrir et découvrir un décor semblable à ce qu'elle avait dans sa chambre, et pourtant différent. Les couleurs, la disposition étaient différentes mais comme chez Camille, une bouteille les attendait ainsi que quelques amuse-bouches. En revanche, il n'y avait pas de bouquet de roses, et moins de nourriture. Camille le remarqua et avant même qu'Iris puisse faire de commentaire se dirigea avec célérité dans sa chambre.

Elle eut l'impression que les murs ondulèrent brièvement quand elle se retourna brusquement, mais elle se sentait bien. Elle mit cette sensation de chaleur et de chatouillis dans son corps sur le compte de l'excitation, la fatigue du voyage et la joie d'être enfin arrivée. Elle saisit le bouquet qu'il y avait sur son lit et le ramena à Iris. Juste après avoir de nouveau rempli discrètement son verre, hors de vue d'Iris.

Elle le lui tendit avec un grand sourire.

Ils ont oublié le tien. Alors je t'offre le mien. Puis, elle entra dans la chambre pour l'explorer à son tour. Milo et Enya avait fini aussi leur exploration de la chambre de Camille et entreprirent de faire pareil chez Iris.

Camille s'assit d'un bond sur le lit et rebondit un moment, portant sa main de libre aux lèvres. Le lit était très moelleux et on rebondissait bien dessus. Elle se souvenait que plus petite, elle ne pouvait pas sauter sur son lit, parce qu'elle n'en ressentait pas le besoin, mais aussi parce que son sommier était vieux et fatigué, et que les sauts l'auraient certainement détruit. Mais ici, elle pouvait peut-être osé. Elle se laissa tomber en arrière et elle rebondit. Elle fit sauter les baskets de ses pieds et se mit debout sur le lit. Elle commença à sauter, son verre vide à la main avant de se laisser tomber sur le ventre dans le lit, la tête dans les coussins. Elle roula pour se mettre sur le dos et tomba du lit.

Elle ne se fit pas mal et mais resta au sol, riant silencieusement. Elle se releva en se mettant à quatre pattes.

J'adore cet hôtel. Signa-t-elle. Elle n'avait pas répondu à la question d'Iris. Elle n'avait aucune idée du focntionnement du lieu. Ce soir, on pourra essayer le restaurant. Puis on verra si on peut manger dans nos chambres un soir, pour l'expérience.

Elle alla prendre Iris dans ses bras avant de signer de nouveau.

On va explorer le coin ? Je vais chercher ma casquette.

La magicienne se précipita dans sa chambre, en titubant légèrement. Elle finit la bouteille de champagne avant de s'accroupir près de sa valise. Elle en tira sa casquette puis perdit l'équilibre. Elle tomba à la renverse. En temps normal, ça n'aurait jamais eu lieu. Ou alors, elle aurait dû se rattraper d'une roulade arrière. Ce qu'elle essaya de faire. La roulade se passa bien, mais quand elle revint sur ses pieds, elle se releva sans équilibre et recula jusqu'à cogner son dos sur le mur.

Elle porta une main à ses lèvres, pour marquer son rire silencieux et se rendit vers la porte Iris avec peu d'aisance sur ses appuis. Elle ne s'en rendait pas vraiment compte et était en proie à une joyeuse euphorie.

Iris trouva une Camille qui se redressa à son nom, avec un sourire coquin sur les lèvres. Celui d'un enfant qui a fait une petite bêtise, ou une petite blague voir quelque chose qui pourrait être répréhensible. Elle avait la parfaite expression de l'innocente coupable. Elle fit non de la tête regarda la bouteille puis porta sa main à la bouche dans un gloussement silencieux.

Peut-être.

Elle avait presque bu la bouteille sans s'en rendre compte. Le breuvage était tellement bon et différent de ce qu'elle buvait d'habitude qu'elle l'avait bu comme du petit lait.

Non. Fit-elle d'un geste autoritaire, les sourcils froncés. Ne t'en fais pas. Ce n'était pas si fort que ça. Juste la fatigue du voyage et le plaisir d'être là. Je ne suis pas pompette.

Camille ne remarqua pas le ton de réprimande de son amie. Elle marcha vers elle dans ce qu'elle pensa être une ligne droite.

Allons faire un petit tour avant d'aller manger.

Sa casquette trainait par terre alors qu'elle marcha vers la sortie et l'ascenseur. Elle emmena Iris faire un tour des lieux. La magicienne était heureuse et se sentait bien et légère. Elle aurait aimer que le sol soit un peu plus stable sous ses pas et qu'il arrête de venir à la rencontre de ses pieds ou de s'éloigner de manière aléatoire, mais elle trouvait ça amusant pour marcher.

Elles trouvèrent la piscine, un spa payant, une grande salle pour des événements, ainsi qu'un grand parc. Camille eut un peu la tête qui tournait mais cela se calma avec le temps. Le soleil était presque couché lorsqu'elles rentrèrent et cela annonçait une soirée déjà avancée.

Elles allèrent s'installer pour manger. La salle de restaurant était aussi grandiose que le reste de l'hôtel, avec une moquette douce, les tables aux nappes immaculées, l'argenterie, et ses lustres en cristal. On leur proposa une liste de cocktails et Camille en choisit un avec beaucoup de couleurs, impatiente de le goûter. Elle avait un petit début de migraine, mais elle disparut avec l'arrivée de son verre. Camille n'avait pas regardé ce qu'il y avait dedans, mais l'image était joli et la réalité aussi. Elle trinqua avec Iris avant de goûter.

C'était sucré, riche en fruit et la petite brûlure de la l'alcool en était accentué le délice.

On se fait plaisir ce soir, pour fêter notre arrivée. On fera attention demain d'accord ?

Froncement de sourcils. Camille n'aimait pas qu'Iris se désavoue systématiquement. Ce n'était pas sain parce qu'elles étaient alors deux à ne pas avoir confiance en elles et que ce n'était pas aisé de se rassurer mutuellement.

Toi ? Faire tâche ? Ta maison est superbe et tu es magnifique. Si vraiment tu veux te la jouer riche, demain on pourra s'acheter de belles robes de soirée pour faire classe. On sera des princesses.

Le cocktail de Camille fut bu avec une grande vitesse et quand on vint leur apporter les menus, Camille redemanda un autre, d'une autre ressente. Elle eut une petite pensée inquiète pour la facture mais la balayer d'un argument simple. Elle avait les moyens. Et elle était en vacances.

La carte était riche et Camille ne sut pas quoi choisir d'autant que les lignes se mélangeaient sous ses yeux. Elle referma le menu.

Je te laisse choisir pour moi. Je suis trop excitée pour choisir. Et il y a trop de choix. Alors, je te fais confiance.

Elle signa avec un grand sourire. L'homme revint avec son nouveau cocktail et prit leur commande.

C'est vrai qu'on n'a jamais mangé ensemble au restaurant. Tu cuisines bien aussi. C'est de ta faute.

Camille cuisinait assez peu ou alors rarement de la grande cuisine. Et elle n'était pas souvent à la maison. Généralement, elle arrivait pour manger et Iris avait préparé quelque chose. La magicienne n'avait jamais fait attention si Iris cuisinait ou s'il s'agissait de plat préparer. Mais Camille ne passait pas souvent la soirée à la maison, à cause de ses spectacles. C'était aussi l'une des raisons pour lesquelles les deux colocataires n'avait jamais mangé au restaurant ensemble. Camille travaillait le soir, et Iris le jour. Difficile de concilier leurs deux emplois du temps.

Leur plat arriva, sous une cloche et la révélation fut agréable à l'odeur et aux yeux, bien que les portions soient petites. Camille se consola en se disant qu'il ne s'agissait que de l'entrée. Elle mangea doucement, pour savourer, mais sa langue était un peu ankylosée, engourdie par l'alcool. Son cocktail n'était pas très bon avec son entrée.

On devrait boire autre chose que des cocktails avec le plat. Tu devrais demander un trucs bons. Signa-t-elle son verre vide.

Son esprit oscillait entre la fatigue et l'énergie, l'alcool n'aidant pas vraiment. Seule à seule, Camille prit le temps de dévisager Iris. Ce n'était pas souvent qu'elles étaient assise face à face à attendre que quelque chose arrive.

Tu as l'air fatigué. Il était temps que tu prennes des vacances.

Camille fronça les sourcils à la réponse d'Iris. Les vapeurs de l'alcool n'avaient pas encore parfaitement disparu qu'elles revenaient déjà.

Mais nous allons faire bonne impression. Nous sommes classes et de toute façon, on peut bien faire ce qu’on veut.

Les réticences d’Iris n’effleurèrent pas Camille, qui ne voyait pas à mal. Pas cette fois en tout cas. Camille se sentait bien trop libre est prête à faire beaucoup de chose. Elle ne se rendait pas vraiament compte de son euphorie, mais elle était heureuse et voulait en profiter.

Huit ce sera alors. J’ai une faim de loup. Si on ne mange pas assez, je te propose qu’on aille faire un tour en ville pour trouver un dessert ou autre truc. Et tu cuisines très bien. Sinon, je devrais me faire à manger. Ou alors manger tout le temps au restaurant. Ce qui est le cas quand je ne suis pas à la maison. J’aime beaucoup quand tu cuisines. C’est rarement la même chose et c’est toujours bon.

Camille donnait une confiance aveugle à Iris. Si Iris disait que la huit était bonne pour Camille, elle devait avoir raison. Si un vin blanc puis un rosé allait être un bon mélange, alors c’est qu’il fallait commander un vin blanc puis un rosé. Dans cet ordre.

Camille n’avait pas pensé que sa remarque franche et sincère, pouvait blesser son amie. Elle qui s’inquiétait tout le temps, avait été libéré de ce poids grâce au miracle éthylique.

Tu en fais trop. Tu ne te reposes pas assez. Même si en ce moment, dormir n’est pas facile.

Camille craignait d’aller se cacher toutes les nuits dans la maison qu’elle partageait avec Iris. Depuis cette nuit dans les bois, à chercher le Pokémon qu’on leur avait volé, à Iris, Maya et Camille. Le froid, la nuit et la terreur avaient fini de détruire le peu de sécurité que Camille avait en elle en rendant la maison faillible et peu sûre. Depuis, une nuit sur deux, elle se réveillait en sursaut, au moindre bruit, où quand un Pokémon bougeait. Parfois, elle faisait juste un rêve où elle courait après Milo dans les bois. Bien souvent, elle ne se rendormait pas. Elle avait des difficultés à rester éveiller le jour, les répétitions ne se passaient pas très bien. Les vacances étaient devenues nécessaires lorsqu’elle avait failli se blesser en s’entrainant. C’était trop.

Lorsque la carte des plats arriva Camille la lut entièrement sans vraiment comprendre ce qu’elle lisait. Elle avait déjà fini deux cocktails et les bouteilles de vin étaient vides. Les mots se mélangeaient devant ses yeux et la netteté de son regard variait d’une seconde sur l’autre.

La viande rouge pour Iris avec du vin rouge. Cette fois, Camille ne pensait pas apprécier de suivre son amie. Elle se rabattit plutôt que quelque chose de plus local et frais, comme une salade, avec un autre cocktail. Elle avait un peu chaud.

Heureusement, on est là pour se reposer. Après on ira se balader dehors sous la nuit. Ce sera bien.

Comme l’entrée, la salade ne fut pas très copieuse, laissant Camille avec la tête qui tournait et un ventre un peu affamé.

Et si on allait prendre le dessert dehors ? Sinon, on va mourir de fin. Signa-t-elle

Elle se leva et la terre changea son sens de rotation. Elle oscilla un bref moment et réussi à faire un pas en avant puis un deuxième. Le troisième rata le sol, mais les réflexes de Camille était toujours précis et la jeune femme se rattrapa d’une roue sans s’en rendre compte. Elle reprit sa route vers la sortie pour signaler leur départ pour la soirée.

Le monde tournoyait lentement, et la magicienne avait bien l’impression d’être de nouveau sur le bateau par mauvais temps. Elle se retourna à la voix d’Iris et manqua une fois de plus de tomber. Elle n’avait pas l’habitude de boire et ce n’était pas un euphémisme. Elle buvait généralement un verre pendant les cocktails, mais rarement en entier, trop timide pour rester longtemps, ou simplement en demander un autre. Bien souvent, elle n’appréciait pas ce qu’il y avait dans son verre et n’osait pas faire des signes pour avoir autre chose.

Camille s’appuya sur le mur en attendant Iris et hésita un moment à en effet s’accrochait à l’arrière du fauteuil, mais les poignées bougeaient un peu trop à son goût et quand elle essayait de les prendre, le fait de tendre le bras lui donna une nausée. Elle se décida plutôt à marcher à ses côtés, et d’essayer d’avoir la démarche la plus normale possible. C’est à ce moment-là qu’elle se demanda ce qu’était une démarche naturelle. Elle n’arriva pas à savoir comment on pouvait marcher normalement et trouva sa démarche étrange en conséquence. Elle prit conscience de la longueur de ses jambes, de la position de ses pieds et des mouvements de son corps, jusqu’au frottement des vêtements sur sa peau.

En marchant près de son amie, elle regardait autour d’elle, oubliant complètement ce qu’elle cherchait, essayait juste de paraitre normale, ce qui était un échec pour toute personne extérieure. Le sol lui paraissait peu régulier et à chaque pas, elle avait l’impression que le sol se rapprochait d’un coup de ses pieds.

A l’exclamation d’iris, Camille sursautant, en se demandant ce qu’il se passait avant de comprendre qu’elle montrait quelque chose du doigt. La magicienne regarda le doigt, puis remonta dans la direction pointée. C’était un bar à truc et il y avait de la lumière partout. Ce devait être amusant. Elle suivit donc le mouvement et pénétra dans le bar à la suite d’Iris qui s’excusa à chaque fois qu’elle frôlait quelqu’un. Camille regarda le menu afficher la bouche ouverte, d’un air absent et un peu bête.

Ce fut la voix d’Iris qui la ramena dans le présent. Ce qu’elle aimait tant ? Camille rougit brutalement. Qu’est-ce qu’elle aimait tant ? Rien. Non. Peut-être. Puis elle comprit que son amie parlait de glace. Elle hocha la tête d’un nom qui la rendit vaseuse. Elle pointa quelque chose sur la carte. Elle ne savait pas ce que c’était, mais c’était dans les desserts, elle n’avait jamais vu le nom et elle était là pour découvrir des choses.

En temps normal, même en vacances, Camille aurait pris des glaces. Mais les temps n’étaient pas normaux. Et Camille n’était pas dans son état naturel. Elle montra donc avec insistance à Iris ce qu’elle voulait pour que son amie puisse passer commande à voix haute, quand bien même, le serveur avait bien vu de quoi il s’agissait. La magicienne était dans une certaine euphorie. Et elle commanda aussi un autre cocktail de la carte, au hasard, sans savoir ce qu’il y avait dedans.

Camille n’avait même pas lu le nom clairement. Elle n’avait pas compris l’alignement des lettres de ce qu’elle avait choisi. Si bien que quand le serveur annonça le nom, Camille pourtant la main à sa bouche d’un pouffement silencieux. L’alcool rendait l’appellation drôle, alors qu’en temps normal, Camille n’aurait pas pris ce dessert, encore moins avec un nom pareil. Elle s’appuya des deux coudes sur le comptoir, posant le menton sur les mains, regardant le serveur avec un sourire charmeur.

Elle ne prêta pas attention à Iris qui hésitait jusqu’à ce qu’elle demande l’origine des noms. La magicienne changeant de position, pour ne garder qu’un coude sur le comptoir. Elle n’avait pas écouté la réponse, concentrée sur le serveur et sur la musique. En attendant le commandes, elle essaya de se redresser entièrement, mais le monde tourna alors elle changea juste de position comme si c’était ce qu’elle voulait faire.

Je me sens super bien. Je n’ai jamais été aussi bien. C’est super comme vacances. On commence super bien. C’était super bon le repas et les cocktails comme le champagne sont super.


Leur commande arriva dans une magnifique coupelle sur un plateau. Camille sautilla sur place de joie, en tapant discrètement des mains. Elle se saisit du plateau et marchant jusqu’à une table vide, avant de faire demi-tour pour aller chercher Iris, alors que cette dernière demandait où elles allaient manger. La magicienne attrapa la main d’Iris pour la tirer avec elle, oubliant dans son euphorie le handicap de sa meilleure amie. Devant la résistance, elle dévisagea la jeune femme comme si elle la voyait pour la première fois.

Elle resta un moment tétanisée puis elle pris une expression horrifiée.

Je suis désolée. Je n’ai pas fait attention. Excuse-moi, je suis vraiment désolée.

Elle commença à fendre en larme, devant sa bêtise et s’assit à leur table, séchant ses larmes, à grand renfort de main et d’excuse en signe. L’alcool avait rendu son humeur changeante, passant de la joie au désespoir pour une simple inattention. Il ne lui faudrait pas grand-chose pour redevenir contente, mais pas beaucoup plus pour qu’elle s’effondre encore un peu plus dans les larmes.

Et pendant ce temps, les glaces allaient fondre.

L’euphorie laissait place à la panique, puis à la tristesse. C’était aussi incontrôlable que spontané et rapide. La magicienne ne se rendait même pas compte qu’elle était dans l’excès, ni qu’après un rapide coup d’œil, les gens s’étaient détournés de ce faux drame. En réalité, il ne s’agissait finalement que de deux jeunes femmes dont une venait d’arracher l’autre de son fauteuil par accident. Certains avaient bien remarqué la démarche oscillante de Camille, mais ça ne changea rien à leur état d’esprit.

Sans voix, Camille ne provoqua pas plus d’outrage dans la foule. Elle était seule à voir l’horreur de ce qu’elle venait de faire. Jusqu’à ce qu’Iris lève la tête. Elle tremblait, et semblait avoir du mal à parler. Ça n’aida pas Camille à se ressaisir. Il lui fallut quelques secondes avant de se jeter sur son amie pour l’aider à se remettre sur sa chaise. Cette épreuve fut difficile car Camille était ivre, dans un état second et qu’elle ne savait pas vraiment ce qu’elle faisait.

La magicienne, après avoir réussi à installer son amie sur la chaise, non sans la faire rouler en arrière, enlaça Iris.

Camille ne voulait pas rentrer. Elle voulait juste s’allonger au sol et attendre que ça se passe. Sans savoir ce qui devait se passer. Elle avait du mal à avoir les idées claires au même titre que ce fut la voix d’Iris qui lui fit revenir sur terre. Elle était peut-être en train de s’endormir sur l’épaule de son amie alors qu’elle l’enlaçait. L’alcool révélait un nouvel effet sur Camille.

Elle se redressa et hocha la tête. Il devait être tard et les deux femmes étaient ici pour se reposer. Si elles retournaient à Lumiris épuisées, leurs vacances n’auraient servi à rien. De ce fait, Camille se lever et essaya de remettre sa tenue en place et s’essuya les yeux. Puis se retournant, elle découvrit les glaces sur latables et resta là, debout à les fixer stupidement.

La magicienne regarda Iris, puis la table, en alternant pendant un moment. Elle espérait une solution de son amie mais rien ne vint. Alors elle s’assit simplement et attaqua sa glace à grande vitesse pour ne pas la perdre et sans plus attendre, se leva de nouveau une fois fini.

On devrait aller dormir. Je ne me sens pas bien.

Camille avait avalé sa glace trop vite et avait le ventre qui se révulsait à cette situation. Son regard chercha dans la salle un panneau à la signification évidente. Elle ne pouvait pas demander de l’aide parce que ça devenait urgent et qu’elle n’arrivait pas à réfléchir.

Et Arceus soit loué, la femme le trouva. Elle se leva et marcha de plus en plus vite pour pénétrer dans les toilettes. Puis sa tête finie dans la cuvette pendant qu’elle vidait son estomac. Elle resta là à se vider le ventre et se sentir de plus en plus mal et creuse tout en étant de plus en plus légère.

Après quelques derniers spasmes, elle finit par quitter la position agenouillée pour s’assoir dos au mur. Elle respira encore une minute puis essaya de se lever, avec succès. Elle sortit alors, les jambes tremblantes après avoir tiré la chasse d’eau. Elle rejoignit Iris et lui proposa de rentrer à l’hôtel. Elle ne se sentait pas très bien.