La nuit tombait doucement sur Windoria que tu avais fini d’installer ton petit campement d’observation. On aurait presque pu dire que c’était du suicide de t’aventurer en montagne pendant la nuit, cependant, ce n’était pas ta première fois.
Car vois-tu, tu étais astrologue. Et tu préférais faire tes propres recherches et regarder les alignements des étoiles toi-même pour faire tes cartes du ciel, plutôt que de te fier à ce qu’internet disait. Noël approchait, et tu avais quelques clients qui t’avaient demandé des prédictions, tu te devais d’observer les astres. Bien emmitouflé dans ton écharpe et ton parka, tu étais prêt à braver les grands froids de Windoria. Tu étais seul, bien sûr, Puppy n’avait aucunement la tolérance pour supporter des températures aussi extrêmes. Tu l’avais donc laissé aux soins de ta colocataire, qui t’avait d’ailleurs fait une petite crisette parce que tu ne la laissais pas venir avec toi.

La vérité, c’était que tu avais besoin de t’éloigner un peu de l’énergie très accaparante de la petite Marguerite en manque d’attention. Depuis qu’elle avait emménagé, tu avais eu de la difficulté à trouver un moment où tu pouvais être seul. Et… en vrai, tu aimais être seul, tu en avais besoin pour recharger ta batterie sociale. Mais Marga était un peu trop… trop. Et tu trouvais ça difficile la plupart du temps.
Oh, tu l’adorais. Elle amenait beaucoup de vie dans ton appartement. Mais…
Voilà.

Tu allumais ta lanterne que tu finissais de poser ton téléscope au sol pour le relever vers le ciel; à Windoria, la vue n’était pas comme les autres. Le ciel était clair, dégagé, les étoiles brillaient plus que n’importe où à Lumiris. C’était sans doute pour cela que tu t’étais équipé pour venir ici. Et d’ailleurs, tu pouvais observer qu’en ce beau mois de décembre, Vénus entrait en rétrograde ! Tu notais doucement dans ton calepin, en soufflant pour toi-même.

« Quelle merveilleuse nouvelle pour les signes d’Eau… »

Tu ricanais timidement alors que tu continuais d’observer l’alignement des astres et des Éphémérides, comparant le tout avec les cartes du ciel de tes quelques clients, notant les signes que tu voyais bien clairement, en étudiant sagement les emplacements.

Comment pouvais-tu ne pas remarqué que tu étais épié ? Que ta présence semblait déranger une autre personne ? Tu étais si absorbé par tes pensées, si concentré dans tes recherches, que tu n’avais même pas remarqué sa présence…
Tu ne l'avais même pas entendue.
Tu pourrais être en danger que tu ne t'en rendrais même pas compte. Comme si le monde, aussi dangereux était-il, autour de toi, n'existait pas.

La lueur de ta lanterne éclairait et réchauffait ta peau pâle alors que toi, tu prenais des notes sur ce que tu apercevais dans le ciel. De belles choses, des opportunités, des soins spirituels… Oui, ta cliente qui était Cancer serait ravie d’entendre ces nouvelles que tu allais lui apporter. Tu continuais d’écrire tes notes, que tu remarquais une lueur s’ajouter à celle de ta lanterne, chose qui t’intriguait soudainement alors que tu relevais les yeux pour tomber nez à nez avec… Une Momartik ? La présence de ce Pokémon te prit de court, tu sursautais un peu alors que tu faisais un pas en arrière. Mais tu réalisais assez rapidement que ce Pokémon n’était pas offensif, elle ne faisait que t’observer, peut-être même voulait-elle t’aider ? Tu soufflais doucement sous ton soulagement, que tu fermais ton calepin pour observer cette belle rencontre. Était-elle sauvage ?

« Oh ! Bonsoir, toi. Est-ce que je te dérange ? Je n’ai pas de nourriture sur moi… Mais si tu veux rester regarder les étoiles avec moi, tu peux ! »

Tu ne savais pas si le Pokémon comprenait ce que tu disais, et tu ne connaissais pas non plus la faune locale qui entourait les montagnes de Windoria, mais tu ne te sentais pas en danger. Si ce Pokémon te voulait du mal, il t’en aurait sûrement déjà fait. Tu rouvrais ton carnet pour reprendre ton travail, qu’une voix pas si lointaine que ça te prit par surprise. Tu sursautais, alors que tu sentais ton anxiété te prendre d’un coup. Cette voix était froide, soudaine, sèche. Tu dérangeais visiblement cette personne.

« J-Je…! »

Tu balbutiais nerveusement des excuses alors que tu essayais de reprendre proprement ton souffle. Du calme, Ludwig. Tu n’étais pas en danger, cette personne n’était pas armée et ne semblait pas particulièrement dangereuse. Elle était seulement agacée, sans doute, tu pouvais l'entendre dans son ton de voix.
Tu prenais une grande inspiration par le nez, que tu reprenais doucement tes esprits petit à petit, étouffant ta soudaine crise de panique sous une pression que tu te mettais toi-même. Tu relevais ton regard azuré maussade sur cette personne.
La faible lueur de la lanterne et de la flamme de Momartik te permettait de mettre une grossière image sur cette personne devant toi. À la voix, c’était clairement une femme, assez grande et élancée, avec des cheveux courts blancs et un teint pâle… Tu arrivais à entrevoir ses yeux, mais pas assez pour mettre une couleur dessus.

« Pardon… Suis-je sur un terrain privé ? Veuillez m’excuser, je ne m’en étais pas rendu compte, je peux partir. »

Pourtant, tu étais habitué à la montagne, à cet endroit spécifique particulièrement, et c’était un lieu public pendant… des mois, pour ne pas dire. Peut-être avait-il été acheté récemment par cette jeune femme ? Tu te sentais rougir, comme gêné par la situation.

« Je ne faisais pas de grabuge, je ne faisais qu’observer les étoiles et la position des astres. Je suis habitué de le faire ici, la vue est… incroyable. On ne peut voir rien de tel ailleurs à Lumiris. »

Tu t’empressais de rapatrier toutes tes notes, peut-être paniquais-tu un peu trop vite ? Mais tu étais si gêné de déranger cette personne…

Pourquoi étais-tu stressé ? Étais-tu intimidé ? Tu ne devais pas être intimidé.
Tu étais principalement entouré de femmes. Habituellement, tu étais trop brisé par le souvenir que Béatrice t'apportait, et tu te considérais émotionnellement invalide. Jamais tu ne pensais être proche d'une autre femme.
Mais pourquoi celle-ci te mettait dans tous tes états ? Tu prenais le temps de la regarder, l’espace d’un instant, probablement nerveusement.
Elle se fondait parfaitement au paysage blanc. Son teint était pâle, elle avait un corps qui semblait frêle, fragile, et pourtant, elle semblait si assurée. Des cheveux tenus courts, blancs comme de la neige, et des yeux argentés, un regard si vif qu’il te rappelait la lame d’un couteau. Elle ferait peur à n’importe qui. Des types anxieux comme toi, elle n’en ferait qu’une bouchée. C'était la première impression qu'elle donnait. Pourtant ?
…
Elle restait là. À essayer de te convaincre qu’elle n’était pas un monstre. Et soudainement, tes amazonites s’adoucirent, et la tension dans tes muscles se dissipait. Tu prenais le temps de respirer, alors que tu sentais tes joues rougir légèrement.

« Jamais je n’aurais prétendu que vous l’êtes. »

Tu lui souriais, légèrement. Et si son Pokémon semblait l’encourager à regarder les étoiles avec toi, peut-être que cette Momartik voyait quelque chose que vous ne voyiez pas tous les deux ? Shiva, qu’elle s’appelait, selon sa dresseuse. Tu souriais. Elle te rappelait de ne pas être formel, c’était généralement ton cue qui te disait que tu pouvais tutoyer une personne. Elle te prévenait aussi que c’était dangereux, une attention qui venait te toucher légèrement.
Cette étrangère, qui pourtant semblait si froide, s’inquiétait-elle pour toi ?

« Je suppose alors qu’on peut rester ensemble ? Ça pourrait éviter les dangers, de veiller l’un sur l’autre. »

Et puis, même si tu travaillais, un peu de compagnie ne te ferait sans doute pas de mal. Tu lui adressais un dernier sourire chaleureux que tu venais l’inviter à prendre place plus près de toi, près de ta lanterne aussi, ta seule source de chaleur. Même si le froid ne te dérangeait pas plus que ça, le mois de décembre se faisait particulièrement mordant. Vous restiez tous les deux dans le silence, que toi tu prenais des notes, et tu écoutais ta nouvelle invitée susurrer de faibles vers. Était-elle poète ? Tu pris un moment pour t’arrêter, et l’écouter.

« La Lune m’est aussi réconfortante. C’est beau, ce que tu dis, j'aimerais pouvoir m'exprimer ainsi... J’aime beaucoup la poésie, mais je ne te cacherai pas que je suis meilleur pour la réciter en musique plutôt que pour l’écrire. »

Tu fermais ton calepin pour prendre une pause de ton travail, que tu venais agripper une tasse thermo qui contenait ta dose habituelle de thé Earl Grey que tu aimais tant. Ça t’en prenait toujours un peu pour passer au-travers des rudes et froides soirées, à la montagne.

« Je m’appelle Ludwig. »

Tu te retournais vers elle pour lui poser une question, avec autant d’anxiété que tu ressentais. Parce que cette fille, tu avais envie de la connaître. Cette fille qui était probablement aussi brisée que toi. Cette fille que, même si elle ne le pensait sans doute pas, tu la trouvais magnifique. Cette fille qui avait le même cœur poétique que toi.
Elle avait quelque chose de spécial, et ton intuition te criait de t’y accrocher. Ce n’était pas une coïncidence.

« Et toi ? Est-ce que… Je peux te demander ton nom ? »

Elle pourrait ne faire qu’une bouchée de toi. Elle était très probablement plus forte, plus vorace que toi, sans aucun doute. Tu n’étais qu’un jeune garçon qui était là pour regarder les étoiles et calculer la carte du ciel d’une de tes clientes. Si tu lui proposais de rester, elle répondait froidement dans un langage détourné que tu étais le seul qui avait besoin de protection. Elle connaissait ces montagnes par cœur et elle savait se défendre, selon ses dires.
Que ça n’en devienne pas une habitude.
Cette dernière remarque te faisait sourire alors que tu rangeais ta gourde, en posant tes amazonites sur elle.

« Je prends ça pour un oui, alors. »

Tu repoussais cette fameuse mèche rebelle cendrée pour venir dégager ton front alors que tu retournais à tes calculs et tes observations, tu pensais bien l’avoir entendue réciter de la poésie. Évidemment, tu devais sans doute l’avoir froissée car elle s’était un peu frustrée lorsque tu l’avais complimentée. Peut-être touchais-tu une corde sensible ? Tu lui jetais un regard un peu triste, mais qui se voyait désolé.

« Oui, tu as raison. Excuse-moi. Puis-je blâmer le vent de me susurrer de belles pensées ? »

Tu te faisais un peu taquin dans ton ton, mais tu ne voulais tout de même pas embêter cette pauvre fille. Après tout, rien ne l’obligeait à rester avec toi et pourtant, elle était assise dans la neige à regarder le ciel. À essayer de comprendre le monde comme toi tu le comprenais. Mais c’était un peu plus complexe, comment tu voyais les choses. Peut-être que pour elle, les astres ne faisaient partie que d’un magnifique décor qui vous éclairait, qui lui inspirait douceur et mélancolie ? Alors que toi, tu pouvais voir la vie, décrire une personne, comprendre et psychanalyser les gens… Une bête croyance qui, pourtant, t’avait appris beaucoup de choses.
Tu t’étais présenté et tu avais osé lui demander son prénom. Et elle te répondit qu’elle s’appelait Alex. Tu rougissais alors que tu baissais les yeux en hochant la tête.

« C’est noté. Enchanté, Alex. »

Si tu te sentais te faire un peu plus timide, tu t’éclaircissais la gorge pour forcer ton attention ailleurs alors que tu t’enfouissais à nouveau dans tes notes. Comme pour faire diversion de cette gêne, de cet étrange sentiment de curiosité envers cette jeune femme si fermée qui se présentait à toi. Tu ne voulais pas la faire fuir. Même si son énergie était froide, tu pouvais sentir un enfant intérieur qui se mourrait pour un peu de chaleur. Peut-être qu’elle n’était pas si différente de toi, et pour ça, vous aviez par défaut une connexion spirituelle mutuelle ?
Rien n’arrivait pour rien. Pas en présence des astres. Et si tu regardais la Momartik admirer les étoiles avec sa dresseuse, tu te décidais à faire un pas de plus.

« Si tu regardes attentivement juste ici, tu pourras voir une étoile briller plus fort que les autres. C’est la planète Vénus qui est en rétrograde. Bon… C’est un phénomène beaucoup moins visuellement intéressant qu’une Éclipse… »

Tu lui pointais ladite étoile, puis tu la regardais l’espace d’un instant. La lune éclairait ses joues et faisait briller ses yeux argentés, laissant d’elle un portrait parfaitement imparfait qui t’était digne de la plus belle œuvre d’art. Tu sentais un frisson caresser tes épaules; le froid, peut-être ?

« La rétrograde d’un astre a un grand impact en astrologie. Je ne sais pas si tu t’y intéresses, mais moi, ça me passionne. Enfin… J’aimerais bien en faire mon métier, mais vois-tu, c’est complexe de développer une carrière dans ce genre de domaine… »

Tu soufflais, alors que tu secouais la tête, comme gêné, d’un coup. Avant de prendre une longue pause.

« Pardon. Je partage trop, et ce n’est pas très intéressant... »

Tu avais tendance à projeter tes valeurs, ta bonne foi et tes intérêts sur les autres. Tu te disais que, parce qu’elle était là et qu’elle s’était présentée à toi, peut-être qu’elle voudrait être ton amie. Parce qu’elle restait, elle s’intéressait à qui tu étais et qu’elle s’intéresserait à toi qui papote sur les étoiles pendant des heures. Tu n’avais pas socialisé depuis des années, et tu n’avais pas vraiment d’amis. À vrai dire, si ce n’était pas de Marguerite, tu n’en avais aucun, car tout le monde t’avait tourné le dos depuis que tu t’étais isolé.
Et même si, pour toi, la vie t’envoyait un signe en mettant cette fille sur ton chemin, peut-être que ce n’était pas réciproque. Si l’idée simple te décevait, ça devait rester une potentielle option. Tu devais apprendre à la connaître.

« Dis… Que fais-tu dans la montagne, à cette heure ? Si ce n’est pas trop indiscret de te demander. »

Elle te regardait dans les yeux. Il s’agissait de la partie la plus vulnérable d’un inconnu, tu te disais. Partagiez-vous un moment poétique, intime, même ? Vous n’étiez que deux purs étrangers, pourtant, le moment n’avait presque pas l’air réel. Elle t’était étrangère, et pourtant, tu ne ressentais pas ce danger imminent. Cette pression qui t’était imposée et qui te criait de fuir, comme tu fuyais n’importe qui tu rencontrais.
Tu te sentais presque en sécurité.
Malgré cette aura si… Imposante. Peut-être venait-elle bien compléter la tienne ?
Je ne saurais te dire, Ludwig. Mais elle t’écoute, et elle est intriguée par toi. Elle veut que tu lui parles. Tu sentais tes joues brûler sous la gêne suite à sa demande. Elle semblait intéressée (l’était-elle vraiment…?) et elle avait l’air d’aimer comment tu lui parlais. Et pour toi, rien ne touchait plus ton âme que de parler des étoiles, de ces connaissances vastes qui constituaient ton monde. Et malgré les rougeurs qui venaient complimenter ton teint, tu te voyais sourire légèrement, mais pourtant sincèrement.
Tu pouvais voir refléter en elle cette petite personne passionnée, avec les merveilles qui lui éclairaient les portes de l’âme. Peut-être était-ce son enfant intérieur qui était intrigué par les astres, tu ne pourrais deviner. Mais tu étais heureux de partager. Pour cela, tu venais t’asseoir à côté d’elle. Juste assez près d’elle pour que vos épaules se touchent, ce n’était pas voulu de ta part évidemment. Tu n’étais pas une personne envahissante de base, mais tu voulais lui montrer le monde au-travers de tes yeux, autant que possible.

« L’astrologie, c’est complexe. L’alignement des astres lorsqu’une personne nait en dit énormément sur la personnalité, c’est ce qui fait que nous sommes un être à part entière. Ce n’est pas une science exacte, mais elle m’a souvent prouvé raison et je m’y accroche car je veux comprendre et aider les gens… »

Tu venais détourner timidement le regard vers Alex.

« Chaque planète et chaque maison représente une partie de toi. Tu fais partie de cet univers et il te donne des cadeaux; les qualités et les défauts. J’ai étudié assez pour comprendre au-travers du ciel… Vénus, par exemple, est la planète de l’amour et des émotions. Selon le ciel de ce soir, Vénus entre en rétrograde ce mois-ci, et cela influence des aspects de la vie de certains signes, bien que tout le zodiac n’en soit victime. Les relations, souvent le retour d’amour passé, ou de nouvelles rencontres… Des amitiés qui viennent à terme. Le ménage d’un cercle se fait tout seul, tout ça, souvent à cause de l’énergie qui nous entoure, faute des astres. »

Tu déviais les yeux avant de rougir, comme concerné par ce que tu venais de dire.
De nouvelles rencontres ?
…Le ciel avait-il un crucial message à vous faire passer à toi et Alex ? Parce que même si vous étiez côte à côte, un peu trop près, perdus dans la neige à regarder les étoiles, cette étrangère ne te tournait pas le dos.
Le scénario était presque romantique, et pourtant, elle ne t’avait pas repoussé.

Ta planète Vénus, à toi, se trouvait en Capricorne; tu étais une personne sentimentale et fragile. Tu disais souvent avoir besoin de profondeur, et pourtant, le moment était pire que profond. Et cette réalisation t’amenait à détourner les yeux pour venir nerveusement jouer avec l’une des mèches de tes cheveux cendrés. Tu n’allais pas te créer de fausses idées ou d’attentes, quand même… Tu tentais de te dire qu’il ne s’agissait que d’une étrange attraction esthétique.
(Mais pourtant, tu sais que les astres ne t’ont jamais menti.)

Tu étais peut-être un peu trop prudent, tu espérais la revoir, mais tu n’osais pas déranger. Mais qu’est-ce que tu aimerais ça. Tu n’avais pas eu ce sentiment envers une autre personne depuis Béatrice… Même Marga, avec qui tu vivais, ne te faisait pas ressentir ça.

« Quel jour es-tu née, Alex ? Je ne pourrais pas te calculer ta carte du ciel complète ce soir, mais… Je suis curieux de connaître au moins ton Soleil. »

Elle était mystérieuse, cette aura pourtant si puissante te rappelait celle d’un signe de Feu. Tu aurais dit Bélier, mais son orgueil te rappelait étrangement le Lion.
Selon tes hypothèses, vous étiez donc tous deux sous l’influence élémentaire du Feu. Peut-être que le futur vous réservait une relation passionnelle, une flamme qui brûlerait pour le meilleur et pour le pire, même si ce n’était qu’une amitié. Les relations sociales, c’était plus que noir ou blanc pour toi, il s’agissait plus souvent de zones grises.

Tu lui posais une question, qu’au départ elle te répondait froidement. Tu sentais sa voix trembler sous l’émotion; Alex était-elle troublée par quelque chose ? Toi qui étais terriblement empathique, tu ressentais directement cette étrange détresse qui l’habitait. Tu remarquais ses yeux perlés sous la peine. Tu te doutais que tu touchais une corde sensible, et tu te risquais à venir poser une main sur son épaule. Rien de trop invasif, simplement un contact qui se voulait bienveillant et rassurant.

« Pardon… Tu n’as pas à te justifier, si c’est un sujet sensible. Tu n’as pas besoin de m’en parler. »

Il y avait des choses dont, toi aussi, tu n’aimais pas parler. Et c’était une pression qui t’avait été imposée au-travers des nombreuses séances de thérapie auxquelles tu avais fait face, il s'agissait un stress que tu n’aimais pas transmettre aux autres, qu’ils fassent partie de ta vie ou non. Et si tu voyais la peine miroiter dans ses yeux, tu ne pouvais que te rappeler ce désir criant de vouloir s’échapper le plus vite que tu pouvais. Tu pouvais sentir l’épaule pourtant frêle de cette fille; une corpulence pourtant fragile, pour une personne aussi forte qu’elle l’était. Tu te disais qu’elle était elle-même une métaphore, un poème à elle toute seule. Tu venais soupirer alors que tu relâchais ta prise pour ne pas trop l’envahir.