J’ai froid. Tellement froid. Tout le temps. Sans arrêt. Il y a comme un vide tout le temps. Je ne comprends. Je ne comprends plus. Je n’ai jamais été la plus intelligente. On ne m’en a jamais laissé l’occasion. On ne m’a jamais appris à être intelligente, à faire comme les autres. Alors j’ai toujours refeuser l’aide des autres, d’apprendre d’eux, puisqu’ils n’avaient jamais eu ce besoin avant. J’ai rejeté l’aide de Yokoss, me contentant juste de vivre chez elle en échange de corvée.

Mais il y a eu un grand bouleversement dans ma vie. Encore un. Encore lié à un homme. Le troisième. Le premier m’a abandonné sans que je ne puisse le comprendre. Le deuxième m’a trahi et je l’ai compris trop tard. Et finalement le troisième… il a changé ma vie mieux que les autres. Il a construit ma vie plutôt que la détruire. C’est ce que je croyais. Il m’a montré comment regarder les étoiles plutôt que le sol. Voir comme elles brillaient la nuit plutôt que comment elles s’éteignaient le matin. Il m’a appris à faire confiance. Un peu. A lui en tout cas. Pas trop aux autres. On a construit des projets, on les a commencés. Puis il est parti. A cause de moi cette fois. Parce que je n’ai pas su changer assez vite. A cause de lui parce qu’il a voulu que je change et n’a pas voulu m’accepter comme j’étais. Il a voulu que je sois une autre pour qu’il soit heureux. Il m’a fait croire que je pouvais suffire alors que ce n’était pas vrai. Je ne lui suffisais pas. Je ne suffis jamais aux autres.

Tant pis pour eux. Je me suffirais à moi-même et à ma fille. Je serais une mère présente, je lui ferai confiance et elle pourra me faire confiance. Je la soutiendrai, je ferai tout pour elle et son bonheur. Je n’ai besoin de personne d’autre.

J’ai juste besoin de… j’ai besoin de retrouver mon courage, ma confiance en moi. Pour le bien d’Ange. Et d’avoir chaud. De combler ce vide qui me remplit un peu plus chaque jour. Ou vide. Je ne sais plus. Je recommence à me poser des questions. Sur tout. Je ne comprends plus rien. Il y a encore deux mois, je ne me posais plus trop de questions. Maintenant, elles reviennent en boucle. Toujours les mêmes. Toujours des pourquoi. Et jamais de réponses.

J’ai toujours détesté le sable. Le désert et le pire endroit où me cachait. Où fuir un instant la réalité. Ange est en sécurité. Elle est à l’abri. Elle est à la crèche de la ligue. C’est la première fois que je laisse mon bébé à des inconnus. Mais je n’ai personne d’autres à qui la laisser. Je n’en ai pas pour longtemps. Je cherche juste un moyen de… je ne sais pas. De ne plus souffrir. De remplir se vide. Peut-être qu’en affrontant quelque chose que je déteste, comme la chaleur et le sable, ça ira mieux.

Je retrouve le puit enseveli. Celui que Léonard avait découvert, et qui a mené à une grande exploration de tous les Eclipses. Ce puit que j’ai exploré, enceinte de Ange. Il y avait tant de choses mystérieuses à l’intérieur. Tout un bâtiment ancien aujourd’hui disparu sous le sable. Il y avait aussi ces Pokémons et leur étrange monument qui a disparu brutalement. Ce sont des souvenirs douloureux maintenant. A partir d’ici, je ne sais pas où allait alors qu’au loin, Vulca se roule dans le sable.

Une femme arrive. C'est pas possible. Même au milieu du désert, je ne peux pas être tranquille. Pourquoi l'univers s'évertue à m'envoyer des gens ? Je n'aime pas les gens, j'aimerai ne pas être un aimant à gens. Qu'ils restent loin de moi, pour longtemps. J'espère qu'elle va continuer sa route et qu'elle ne va pas s'arrêter.

Et si elle s'arrête. Fait chier. Et elle me parle. C'est chiant. Et de quoi elle parle ? Faire tomber quelque chose ? Où ça ? Dans le puit ? Je la vois regarder dans le puit et je fais de même sans comprendre. Elle est complètement débile ou comme ça se passe dans sa tête ?

Le puit est comblé jusqu'à 3 m sous le sol. On peut tomber dedans et en ressortir sans difficulté. Il ne donne plus d'eau depuis longtemps. C'est d'ailleurs pour ça qu'il n'y a pas d'oasis autour et que du sable. Et du soleil. Pas une zone d'ombre. Heureusement que j'ai une casquette et de l'eau.

Je ne prends pas la peine de répondre. Pour quoi faire ? Elle dit n'importe quoi et je ne veux pas la voir. Je ne la connais et son existence même m'insupporte. Il ne manquerait plus que je lui fasse la conversation. Je me tourne, lui présentant mon dos. C'est là que je vois que l'horizon bouge. Mais il ne bouge pas comme d'habitude avec la chaleur. Il y a un gros truc marron de visible. Et ça s'approche très vite. Qu'est-ce que c'est ?

Puis la réponse me vient. J'ai la même chose à mon arène, mais en blanc.

Il y a une tempête de sable qui approche.

Ce n'est pas mes vieux os qui me préviennent mais bien le mur de sable qui s'approche à toute vitesse. Impossible d'y échapper. Je me tourne vers le puit et me jette dedans en poussant l'inconnue avec moi.

Colle toi au mur. lui dis-je.

On n'a pas le temps de trop patienter. Le vent vient hurler autour de nous et le sable avec. On est aveuglé rapidement et au cœur de la tourmente. Je libère Oster, mon Nidoking pour qu'ils nous aident et nous couvre. Il n'est pas beaucoup plus grand que moi, mais son épaisse carapace le protège du sable. Je pourrais aussi faire appel à Pouiky, mais la Mammochon risque d'être une gêne dans l'espace restreint du puit.

D'un coup, trois bruits sourd se font entendre. Je regarde derrière Oster pour découvrir trois Pokémons sauvages qui ont été emporté et jeté dans le puit avec nous. Des Darumacho. Et ils sont décidés à ne pas partager l'abri avec nous.

Une tempête de sable. Mais c’est pas possible. On aurait pu croire que je suis restée calme, et maîtresse de mes réactions. C’est vrai qu’en y repensant, j’ai poussé l’autre dans le trou et je me suis collée au mur comme si je savais ce qu’on devait faire. Mais c’est faux. J’ai été trop débile pour réagir correctement, trop débile pour savoir comment réagir correctement et surtout surprise de voir ce truc marron et sableux nous foncer droit dessus. Si j’avais eu une once d’intelligence, j’aurais surtout Pouiky pour qu’elle nous protège et avec Orster, ils nous auraient fait un vrai abri. Oster est à peine plus grand que moi. Qu’est-ce que je croyais faire avec lui ?

Maintenant ont doit faire face à trois Pokémons Feu. Ça craint, mais ça craint, en pleine tempête de sable. Bien sûr, je n’en ferai qu’une bouchée, avec Pouiky et avec Oster. N’importe lequel de mes Pokémons peut vaincre un Pokémon sauvage. Même Vulca que je tiens dans mes bras, en pleine tempête de sable, dans l’océan ou n’importe où, leur ferait la peau. Mais voilà, si je bouge, je me bouffe du sable et je ne supporte pas ça. Quel enfer.

Et là, la tempête s’arrête. Et il se met à pleuvoir. Monde de merde. Je n’aime pas le sable et surtout je déteste le sable mouillé. C’est insupportable. Mais elle vient d’où cette pluie. Du Léviathor. Logique. Punaise, j’aurai pu faire pareil. J’aurai pu faire appel à Pouky pour qu’elle fasse grêler. Ou à Testa pour qu’elle fasse pleuvoir. Mais je suis trop débile. Je vais fracasser ses Pokémons.

Les Trois Darumacho, après un petit coup de bowling se préparent à attaquer de nouveau sous la pluie. Oster leur fait face mais ils sont surtout attirés par le Léviathor. Ils sont complètement stupides. Ils ne font pas le poids contre un Pokémon Eau de cette taille. Mais ils sont manifestement énervés et ils en veulent.

Alors qu’ils bondissent dans les airs pour une nouvelle attaque, venant de tous les sens. Le vent se lève de nouveau, emportant le sable avec lui et les nuages gorgés de pluie. Cette tempête n’est pas naturelle. Le sable revient dans mes yeux et sur mes vêtements mouillés ; Ça fait chier. J’aimerai engueuler l’autre pomme qui a fait tomber la pluie, mais si j’ouvre la bouche, le sable va rentrer dedans.

Je libère Pouiky, hors du puit, et Testa dans le même temps. Ma Crustabri ne craint pas le mauvais temps. Elle tire un puissant jet d’eau sur un des Darumacho qui s’en vole et disparait dans la tempête. Pourvu qu’il aille loin et ne revienne pas. Il y a du grabuge hors du puit. Ma Mammochon doit chercher l’origine de la tempête.

Deux boules grise ou bleu tombent dans le puit. On dirait des billes de Darumacho. Je les vois vaguement préparer quelque chose qui ressemble à une attaque Psy. C’est trop bizarre.

Son léviathor se débrouille vraiment bien on dirait. Autant qu’on peut le voir, parce qu’avec la tempête de sable, ce n’est pas facile de voir des choses. Après, un Pokémon de cette taille, c’est logique qu’il arrive à s’occuper de trois pauvres Pokémons sauvage. Mais leur retour est préoccupant. On dirait mon Darumacho, mais en plus calme. Parfois, il se met aussi en boule, mais il crache du feu partout. C’est souvent parce qu’il est énervé et par le contrôle. Mais là, eux, c’est presque comme s’ils dormaient. C’est très étrange.

Et là, y a la terre qui tremble. Ça pourrait être Pouiky qui se bat. Mais, elle y mettrait tout son cœur, son poids et celui de la horde qui traine dans la réserve. Une horde. Je ne connais pas le désert assez pour savoir quel genre de Pokémon peut y trainer mais s’il y a d’immense groupe de Pokémon chez moi, alors il doit y aussi en avoir dans le désert. Certains Pokémons aiment les terrains inhospitaliers et vivre avec leurs semblables. On a donc un point commun sur deux et ce n’est pas l’amour des autres.

L’autre rappelle son Léviathor. Mais pourquoi ? C’est maintenant qu’on aurait besoin de lui. Et pourquoi elle court vers moi ? Est-ce qu’elle me menace ? Mais c’est quoi son problème ? Oh non. Elle me signale un danger de mort. C’est plus logique. Et qu’est-ce qu’elle veut faire ? Me rentrer dedans ?

Elle est sérieuse là ? Elle vient de me prendre le poignet ? Elle est sérieuse donc. Mais personne ne me touche. Personne ne me dit quoi faire. Je suis assez grande pour prendre mes propres décisions et surtout pour qu’on ne me touche pas. Personne ne me touche. Plus personne ne me touchera et certainement pas sans mon accord. Je plante mes appuis et d’une torsion du bassin bloque tout mouvement possible. Si elle ne me lâche pas, elle finit par terre, derrière moi. Si elle me lâche, alors elle peut continuer de fuir.

Dans le sable, je ne suis pas sûre, non, je suis certaine de ne pas pouvoir distancer des Pokémons en furie, encore moins dans une tempête de sable. Les affronter ce n’est pas la solution non plus. Il ne reste qu’un pari.

Je mets mes doigts pleins de sable dans la bouche et siffle de toutes mes forces, avant de libérer Albio. A son apparition, la température baisse, mais pas suffisamment pour provoquer de la grêle. Le choc des énergies du froid et du chaud provoque l’assourdissement du tonnerre. Testa se dresse entre moi et la horde qui approche de plus en plus vite. Mes deux Pokémons glace se concentre et lance une attaque Laser-Glace devant eux, commençant la formation d’un mur, fragile mais qui devrait ralentir les Pokémon. Puis une immense silhouette fend le rideau de sable. Pouiky est arrivé.

Au milieu des grains de sable, du givre fais sont apparition puis de petit bloque de glace. Autour de nous, c’est un micro climat frais qui se crée alors que les attaques montent un mur de plus en plus épais, en forme de V. Nous reculons peu à peu à mesure qu’on l’épaissit, et qu’il fond à l’avant. Oster de son côté, ne sait pas quoi et faire et je ne sais pas trop lui faire faire.

Le troupeau arrive et le pari est ouvert. J’en vois surgir de chaque côté du triangle de glace. Certains en frôle les bords, puis un premier choc frappe la glace. Il y en a un qui ne l’a pas assez bien évité. Mais ça tient.

Puis un nouveau choc se fait entendre. Plus fort, suivi de raclement. Il y en a un qui essaye de grimper on dirait ? Ou alors il s’est complètement foiré. Il y a encore quelques coups, mais la glace tient bon, maintenu par mes Pokémons. Fuir une horde ne marche jamais. S’ils courent c’est pour fuir quelque chose, pas pour attaquer deux pauvres personnes qui trainent. Même pour défendre leur territoire, il n’y a pas tant de mouvement que ça.

La lutte entre le chaud est le froid est terrible. Mes Pokémons le gagnent peut à peu, mais pas assez vite. Le mur ne pourrait jamais tenir s’ils le percutent de plein fouet, bien que le but soit de créer un obstacle à éviter plutôt qu’un vrai mur de protection. Ce n’est que de la glace après tout, fait dans un climat chaud et à la va vite. Alors que le mur s’élève, la température baisse peu à peu puis la chute s’accélère. On est loin d’avoir arrêté la tempête, mais la glace arrête de suinter dès son apparition. La raison ? C’est que la fuyarde a décidé de rester et prête main forte à mes Pokémons. Avec encore son Léviathor et un autre Feunard blanc. Les quelques coups que prend le mur ne le font pas tomber et le tremblement du sol se fait moins intense, décroissant. On arrive à la fin de la horde.

Mais il y a quelque chose d’autre. Je ne me souviens pas quoi. Il y avait un autre danger j’ai ce sentiment que ce danger-là va nous revenir droit dans les chevilles. Mais impossible de me souvenir quoi… Les Darumacho ! Ils sont devenus quoi ? Ils étaient en train de lancer une attaque et puis je les ai perdus de vue. Dans cette tempête, ce n’est pas difficile. Mais du coup, est-ce qu'ils ont fuit ? Ont-ils suivi la horde ? Ont-ils été massacrés par elle ? Ou bien est-ce qu'ils traînent toujours dans les parages ?

Appelez ça comme vous voulez, septième sens, instinct, divination ou intelligence, mais en tout cas, lorsque l'attaque tomba, je ne regardais pas dans la bonne direction. C'est l'impact alors que le souffle de la tempête s'atténuait qui m'a fait tourner la tête. Une série de trois attaques vinrent frapper le Léviathor, comme si les attaques des Darumacho arrivaient seulement maintenant et oh... oui... des attaques Presciences. Évidement, ça fait sens. Et le Léviathor en était la cible première et comme il est revenu, c'est sur lui qu'elles retombent. Les attaques sont atténuées par le mur lumière, comme quoi, l'autre idiote n'a pas oublié les attaques comme moi et s'était préparée au pire. Bah... il en faut par moment, des gens pas trop stupides.

La tempête se calme aussi vite qu'elle est apparue, entraînée par la horde qui fuit quelque chose, mais quoi, je n'en vois aucune trace.

On ne devrait pas rester là. Si ton Léviathor va bien, on bouge, sinon, met-le dans sa Pokéball. Ces Pokémons fuyaient quelque chose et je n'aimerais pas le croiser.

Je rappelle, mes Pokémons, ne gardant que Vulca à mes côtés. Pouky n'aurait aucun problème à se déplacer dans le désert mais si on veut être invisible, il voit mieux éviter de se balader sur un gros Pokémon, tout comme ma Crustabri. Quant à Albio, la chaleur ne lui sied pas vraiment et surtout, il va avoir du sable dans toute sa fourrure et j'aimerai limiter les dégâts même si c'est vain. Et mon Nidoking risque de nous ralentir. En cas de besoin, je pourrais rapidement faire appel à eux.

Je prends la direction de la horde, laissant le puit derrière moi. Je ne sais pas qui est cette fille, mais elle se débrouille assez bien. Elle fait peut-être partie de ses personnes qui ne font pas la tournée des arènes et qui devrait. Ne serait-ce que pour me redonner de l'espoir dans les dresseurs, et espérer qu'il n'y a pas que des débiles avec des Pokémons feu pour affronter des Pokémons Glace.

Mais qu’est-ce qu’elle fait avec son Léviathor ? Okay, je m’en fous. Je commençais à me dire que cette fille pouvait être intéressante, mais en faite, elle est complètement dérangée. Comme quoi, même si les gens ne semblent pas débiles, c’est qu’il y a un problème quelque part. Et elle, elle a fait preuve d’un peu de bon sang et là, elle se fait mordre le bras par son Léviathor. Complètement givrée et pourtant je m’y connais en givrée, je suis la championne de Glace.

Ce n’est pas tant que je ne veux pas savoir qu’on vient de voir une horde de Pokémon se barrait en courant. Ce terrain, je ne le connais pas et il n’est pas à mon avantage, pas avec les Pokémons qui m’accompagnent en tout cas. Et s’il y a un groupe d’humain assez menaçant pour faire fuir tous ces Pokémons, je ne pense pas qu’on pourra y faire quoi que ce soit.

Ce n’est pas mon genre de laisser s’enfuir des criminels, et c’est bien mon genre d’être têtue et violente quand il s’agit de braconnier. Mais c’est aussi mon genre de ne pas risquer ma vie contre un adversaire dont j’ignore tout. C’est un coup à se faire exploser, et peut-être mourir. Et je n’ai pas le droit de mourir. Je n’ai pas le droit de risquer ma vie. Il y a quelqu’un qui compte sur moi. Et qui compte pour moi.

Si tu veux aller voir, vas-y, je ne te retiens. Mais je ne te sauverai pas la peau une deuxième fois. Moi, j’ai une fille qui m’attend. Je ne vais pas risquer ma vie sans savoir contre quoi et quel danger, en étant déjà mal préparée.

Je reprends ma route sur les traces de la horde. Il va peut-être falloir que je trouve une solution pour partir plus rapidement des lieux. Mais au loin, il y a un bruit sourd et répété qui se fait entendre. On dirait que quelque chose court. Et que ça se rapproche. Je me retourne pour voir en effet quelque chose nous foncer dessus. Fuir n’est de nouveau pas une option, c’est bien trop rapide. Aucune de mes Pokémon ne pourra me porter et surtout pas emmener Dalia en même temps. D’autant plus que je sais pas ce que c’est mais si c’est un Pokémon, il peut tout de même nous tirer dessus à distance.

Je libère mon équipe pour un nouveau combat. Je ne sais pas ce qui nous attends, mais me je tiens prête à tout. C’est quoi ce Pokémon ? Il est immense. J’en ai jamais vu comme ça. Si ! Dans un livre, avec Suicune. Mais j’ai pas vraiment regardé ce Pokémon, je préfère Suicune.

Mais pour l’heure, c’est lui qui me fonce dessus et pas Suicune. C’est quoi comme Pokémon. Attends, est-ce qu’il s’éloigne maintenant ? Il a légèrement changé de direction et ne se rapproche plus. Il est tout de même super rapide.

C’était quoi ça ?

Je ne suis même pas surprise par son manque de gratitude. C’est comme son intelligence, elle a dû oublier d’en prendre. Si elle ne voit pas quand je lui ai sauvé la vie, c’est qu’elle ne survivra pas la prochaine fois qu’elle se fera charger par une horde. Sérieusement, un merci aurait suffi. Mais j’imagine que ça doit lui arracher la gueule. J’aurai dû la laisser courir et la regarder se faire piétiner quand elle se serait vautrée et que les Pokémons lui auraient marché dessus sans la voir. Attends, mais je ne l’ai pas retenu. C’est elle qui a essayé de m’entraîner et heureusement que je ne l’ai pas suivie. Non seulement, elle a essayé de me tuer, mais en plus, elle n’accepte pas d’avoir eu tort.

C’est juste une bourrine sans cervelle en fait.

Et la voilà qui déballe sa science. Oui, c’est Entei, nananana. Apprend à te débrouiller seule et on verra après, mademoiselle je sais tout.

Mais il faut avouer que la description du Pokémon me terrifie. Pokémon Feu pouvant faire entrer en éruption un Volcan. C’est un monstre. Peut-être qu’il faudrait le traquer pour le détruire. C’est un vrai danger ce Pokémon. Si jamais il faisait entrer en éruption le volcan de l’île, ça pourrait menacer la réserve et Ange. Mais il fait peur à des troupeaux entiers de Pokémons, c’est qu’il est très dangereux. Encore plus que moi certainement. Je ne voudrais pas l’affronter maintenant. Surtout pas mourir brûler. Tout sauf ça.

Bien, maintenant, on sait ce qui a fait fuir les Pokémons et tu es toujours en vie. Youpi. Tout le monde est content. Dis-je d’un ton cassant, avant de poser un regard méprisant sur la jeune femme.

Je reprends ma marche. Je veux rentrer chez moi maintenant. Je suis restée trop longtemps loin de ma fille et je n’ai pas trouvé la paix que je cherchais. J’ai juste maintenant une envie folle de taper cette débile et la crainte qu’Entei réveille le volcan de l’île et menace de tous nous brûler.

Endroit de merde. Je lâche en colère. Je n’ai pas toruvé ce que je voulais ici.

Et en plus, je viens de me faire casser les pieds par une inconnue. Même au milieu du désert il y a quelqu’un pour m’emmerder.

Et puis l’autre, qu’est-ce qu’elle vient foutre ici ? On a pas idée de se perdre dans le désert. Grogne-je.

Mon sang se glace à sa réplique. Je me fige et plante mon regard violet et froid dans le sien. Ma mâchoire se crispe alors qu’elle vient juste d’utiliser ma hantise. Je suis ici pour essayer de fuir cette incertitude. Trouver la force de continuer et de donner le meilleur pour ma fille. Et cette garce, qui n’en fait qu’à sa tête, ose parler d’une chose qu’elle ne connait pas et ne comprend pas.

Je t’interdis de parler de ma fille. Tu parles encore une fois de ma fille, une seule allusion. Et je te tue. Je te jure que je te tue. Tu. Ne. Parle. Pas. De ma fille.

Ma menace faite, je reprends mon chemin. J’espère qu’elle a compris le message, car je ne fais pas de promesse en l’air. Et que j’ai parfaitement les compétences pour la tuer. Tuer quelqu’un, c’est facile, un humain encore plus qu’autre chose. Je l’ai déjà fait, et je sais le refaire.

Alors que je râle dans ma barbe, elle répond à la question que je ne lui ai pas posée. Mais pourquoi les gens se sentent obliger d’exister ? Ils peuvent pas juste se contenter de ne pas me parler et me foutre la paix. Je ne prends même pas la peine de lui répondre. Je ne lui parlais pas de toute façon. Pour moi, la discussion est close. Pas la peine de la prolonger.

Le problème, c'est qu'elle me suit. Et ça va vite me saouler. Le désert est pas assez grand ? Il a pas assez de bord ? Non, bien sûr que non. Pourquoi laissez à Capucine un peu d'espace et de paix. Si on mettait quelqu'un avec elle, histoire qu'elle pète bien un câble. Seule. Je veux juste être seule. Et m'arracher ce poids de la poitirne !

Putain pourquoi j'ai l'impression de glisser dans le sable. Mais, punaise, pourquoi je m'enfonce aussi vite et c'est quoi tout ces Taupikeur et Triopikeur. Le sable enveloppe ma tête et ce n'est vraiment pas agréable, je vais étouffer. C'est peut-être pire que la mort par brûlure. Mais je ressors et tombe dans les ténèbres. Le sol est en pierre, ça a l'air taillé sous mes doigts. Un glapissement m'apprend que Vulca et prêt de moi.

Après une grande inspiration, je demande à mon Pokémon un peu de Lumière. Une flammèche timide puis plus longue nous éclaire, le temps que je sorte mon téléphone de mon sac et allume ma lampe. Dès que la lumière artificielle apparaît, ma Goupix cesse et je respire mieux.

Nous sommes dans un tunnel, ou un long couloir couvert, tout en pierre taillé. Et merde. On est dans l'autre ruine de machin. Le truc qui s'est enfoncé dans le sable avec presque nous dedans. Je lève la lumière et les yeux au plafond. Un fin filet de sable coule, mais si le monde fonctionne bien, on devrait être juste sous un trou. Or, ce trou est bouché par un gros bloc et plein de petits, certainement remis en place par les Pokémons qui nous ont fait tomber ici.

Faut pas rester là. Le plafond peut nous tomber dessus ou le couloir s'enfoncer trop loin dans le sol. Oh non. J'oubliais. Tu as des tendances suicidaires. Alors reste ici pour voir comment ça se passe.

Je m'avance dans une direction. De toute façon, il n'y a rien de mieux à faire. Tout ce que je veux, c'est trouver un autre point d'accès. Je pourrais faire appel à mes Pokémons, mais je crains de déstabiliser la structure et qu'on se retrouve tous ensevelis sous le sable. Je marche donc dans cet étrange couloir. Etrange parce qu'il n'y a rien sur les murs, pas de décoration et qu'il semble s'étendre à l'infini.

Dans mes souvenirs, les ruines étaient assez jolies. En fait, les couloirs étaient assez courts, et avec des murs en plâtre. C’est vrai beaucoup de plâtre était tombé au cours du temps, mais on pouvait en voir des traces. Ici, il n’y avait que des murs de pierre. Sérieusement, il va où ce couloir.

Ici. Il va jusqu’à cette salle ronde, en coupole, ouvrant sur un escalier complètement ensablé qui monte et de l’autre côté, un escalier ensablé qui descend.

Et merde. Faut pas descendre. On risque de se prendre la ruine sur la gueule encore une fois.

Elle me suit. Pas folle la meuf. Elle est suicidaire mais peut-être pas tant que ça. Ou alors, c’est la direction la lus intelligente. Je ne sais pas, j’ai choisi d’aller par là par hasard. Peut-être que l’autre côté est bouché et qu’on ne peut pas aller plus loin. Je n’ai rien vu, mais si c’est le cas, j’ai bien fait sinon j’aurai eu l’air stupide à m’engager d’un côté pour revenir sur mes pas.

Dans la salle, le chemin vers la surface est clos et c’est bien emmerdant. J’aurai bien voulu remonter à la surface. Mais il est difficile de savoir à quelle profondeur on est ici, sans oublier que creuser directement vers le haut va affaiblir la structure, faire tomber du sable sans en connaitre la quantité et même après, il faudra réussi à remonter. Déjà atteindre le plafond pour mes Pokémons, ce ne sera pas facile.

Non, il faut trouver une autre solution. Mais descendre ne me plait pas. Il faut parier que plus bas, le couloir continue et qu’on trouve un autre puit, un escalier, un accès à la source, si une telle chose existe encore. Peut-être qu’il faudrait creuser à l’horizontal, tout en gelant le sable. Essayer de faire une cave de glace dans le sable et remonter doucement. Je ne sais pas trop. Mais c’est la solution ultime je pense. J’espère qu’on n’aura pas à en arriver là, mais s’il le faut, je sais que je pourrais le faire. Je dois sortir de là, qu’importe le coût.

Toute à mes réflexions, l’autre m’interrompt pour une question. Je la regarde puis son téléphone. D’abord, je ne comprends pas. Pourquoi est-ce qu’elle me montre une photo d’un mur. Puis je remarque les trucs écrits dessus. Je regarde la femme. Je suis sensée reconnaitre quelque chose ou c’est encore une de ses conneries ; Puis après un second regard je remarque le truc.

Bah non. C’est quoi ? J’ai déjà vu des trucs incompréhensibles dans le coin. Mais je sais pas si ça ressemble à ça. A part pour les derniers trucs, le CAX3. Je crois bien que c’était tout le temps là.

C’est les mêmes trucs que dans la ruine qui s’est écroulée. Si ça se trouve c’est la même langue. Ou la même personne qui l’a signé.

Alors, je vais encore redresser tes priorités, mais si tu peux arrêter de poser des questions débiles et sans intérêts et te mettre à réfléchir à un moyen de sortir d’ici. Vivant de préférence. Parce que la ruine risque de s’effondrer sur nos têtes d’une seconde à l’autre. Et j’ai pas envie de mourir ici. Alors t’es gentille mais je vais m’occuper de ma survie d’abord et de tes questions plus tard.

Ne pas trop me tracasser ? Elle en a d'autres des conseils comme ça ? On est dans un souterrain qui menace de s'effondrer à tout instant. Et je ne dois pas me tracasser ? Elle ne tient vraiment pas à la vie on dirait. Même si Ange n'existait pas, je me tracasserais. On est perdue dans un lieu inconnu et dangereux. Et je ne veux pas mourir. Je pousse un soupire plutôt que de répondre. Je ne peux pas compter sur elle.

Je fais le tour de la pièce, inspecte les murs, pousse doucement par endroit, pour voir si ça tient bien. Je regarde la zone ensablée, m'en approche et l'inspecte. Impossible de savoir comment c'est au-dessus. J'aimerai bien faire remonter un Pokémon dans le sable pour voir ce qu'il y a plus haut. Peut-être qu'il suffirait de creuser pour remonter à la surface. Ce serait simple, efficace et sûr. Hélas, mes Pokémons sont bien trop grands pour le faire sans danger.

Soudain, un tremblement se fait entendre du côté de l'autre. Je libère immédiatement Oster et Testa pour réagir à tout effondrement supplémentaire.

[color:2d3b=#9900ff<)Qu'est-ce que tu fous ? Crie-je.

La réponse est qu'elle ouvre un passage secret. Je ne vois pas l'intérêt d'un passage secret ici. Qu'est-ce qui pourrait mériter un passage secret ? Surtout nécessitant un mécanisme complexe d'ouverture. Pourquoi un couloir mènerait à une salle avec un escalier et y mettre une porte cachée. C'est absurde. S'il y en a un chez moi, c'est parce qu'il y a des choses qu'Ange ne doit pas voir ou jouer avec. Sinon elle se blesserait même si maintenant, elle est trop jeune pour que ce soit le cas. Mais là, dans une ruine souterraine, pourquoi ?

Je pousse un râle d'agacement, mais c'est le seul chemin possible, alors il faut y aller. Le passage est un étroit, à peine plus large qu'un placard. Sauf que qu'il n'y a rien dedans. C'est une longue chute libre dans les ténèbres.

C'est quoi ce truc ? Un monte-charge ?

Je regarde l'autre de haut en bas. Elle est plus grande que moi, mais pas assez grosse pour ne pas passer et avoir une réplique acerbe. Descendre sera compliqué mais quand j'éclaire vers le haut, il n'y a pas de doute possible, il y a des briques, c'est donc le dernier étage.

Et merde. On est obligé de ne pas aller dans le bon sens.

Je rappelle Oster et Testa qui ne pourrait pas se faufiler à l'intérieur. La descente n'est cependant pas longue. Pas plus de deux étages qu'on peut descendre, le dos au mur, les bras et les jambes en pression de l'autre côté. Ce n'est pas agréable mais ça marche bien. En bas, il y a un autre mur qu'on ouvre sans problème. Mais sous mes pieds, le sol à une drôle texture. Il y a des trucs dans le cagibi où on est descendu et ça confirme la théorie du monte-charge.

Nous arrivons dans une nouvelle salle ronde vide. Comme celle du dessus, avec un escalier, le même certainement, lui aussi rempli de sable. Cependant, la sortie de cette salle n'est pas un couloir. Enfin, si. Je sais pas. Ça mène sur un couloir mais ouvert sur un de ses murs. Je veux dire qu'il y a un toit, un mur, mais l'autre mur, c'est un muret avec des colonnes et c'est ouvert sur une cour carrée. C'est super bizarre. J'ai déjà vu ça la dernière fois. Mais maintenant que j'y pense, ça sert à rien. Alors oui, c'est joli, mais c'est débile. Et la cour fait une dizaine de mètres de côté, avec un toit transparent. On y voit le plafond de verre et le sable derrière. Si ça cède, on est dans de beaux draps.

Sans déconner. Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? C'est des humains qui ont construit ça dans le désert, mais ça a été habité par des Pokémons. Mais en fait c'est super grand. Je passais qu'il y avait qu'un palais, mais là... Y a aussi cette construction. Et pourquoi c'est sous le sable.

C'est à ce moment que je remarque un détail. On y voit très clair. Très très clair. Comme si on était en plein soleil alors qu'il n'y a que ma lampe pour nous éclairer. Je regarde autour de moi et découvre que les pierres sont incrustées de petits miroirs, qui renvoient la lumière et font briller l'espace comme en plein jour.

Qu'est-ce que c'est que ce délire ?

Dans l’autre truc, ça ne ressemblait pas à ça. Un peu dans la construction, mais nous n’avions pas la lumière comme ça. C’est très pratique en tout. Bêtement, je me dis que comme il y a de la lumière, je peux couper mon téléphone, mais quand je le fais, tout s’éteint et je me traite intérieurement d’idiote et rallume immédiatement la lumière.