Des fois, c'est sympa de sortir un peu de sa ville, surtout quand on a l'intention de conquérir le monde, tout comme toi, Sixtine. Bref, c'était à Artiesta que tu avais jeté ton dévolu, afin de te faire un nom, afin que tout le monde t'admire, afin de devenir la plus grande et la plus forte dresseu... la plus forte anarchiste de cette terre.

Tu descendis du train, en compagnie de Choupinou alors que tu ouvris grands les bras, tel un avion, ou un goélise avant de courir sur les quaies, hurlant à ton habitude que t'allais conquérir le monde. Les gens, en te voyant, s'écartèrent de ton passage, certains grommelant des choses que tu n'écoutas même pas, ainsi que ton rocabot.

Il ne te fallut pas longtemps pour parcourir plusieurs rues avant de débarquer sur un groupe de mecs costauds qui ne semblaient pas très ravis que tu fasses du grabuge sur leur territoire. Non, ça n'allait pas se passer comme ça. Tu ricanes et saute au cou de l'un d'eux.

- Oh, allez !! On peut se partager un peu la rue... juste pour aujourd'hui ?!

Puis tu lui embrassas la joue. Le mec sur qui tu étais fis une grimace et tenta de te repousser. Mais tu le maintenais fermement, tirant alors sur ses joues. Voulant aider son camarade, un des garçons leva le poing avant de le diriger droit vers toi. Voyant le coup venir, tu lâchas ta proie, tombant lourdement sur le sol, les quatre pattes en premier. Ton agresseur finit par trébucher sur toi, tombant droit sur... entre les coussins d'une autre blonde taversant par là.

- Oh ! OH !! C'est pas très gentil de lui faire ça à elle !!

Pourquoi les hommes préféraient celles qui en avaient des plus gros ? Pourquoi c'était jamais toi ? Pourquoi tu leur plaisais pas ? Pourtant, tu faisais toujours tout pour être jolie, toujours pimpante. Mais là, c'était vraiment pas drôle, ça t'énervait, même. Heureusement, la dame, elle semble pas contente aussi puisqu'elle jette le mec pervers sur le sol et les menace. Ah, c'est drôle là, ils se sentent moins fort ? Tu te mets à rire, gênée.

-Eheh... J'crois qu'ils ont perdu toute virilité.

Dis-tu, ce qui ne semble pas du tout plaire à la bande de mecs qui se jettèrent sur la dame. Mais tu ne les laisse pas faire et étend ta jambe pour que l'un d'eux tombent. Choupinou, voyant que ça dégénère, se met à mordre violemment la jambe de celui qui essayait de te maintenir. Sauf qu'il reçut un coup sur le museau et couina. Ah non, pas ça ! Alors, tu mords à ton tour en hurlant.

- TOUCHE PAS A CHOUPINOUUU

Bon, par contre, tu ne pensais pas que ça allait partir plus loin, surtout lorsque tu vis que l'un des hommes sortit une petite lame pour planter la blonde. Tu voulus la prévenir mais elle semblait assez réactive puisqu'elle frappe entre les deux jambes de son ennemi. Aïe, tu as mal pour lui. Tu serres les dents, secouant la main en même temps. Même Choupinou ferme les yeux en gémissant.

- Outch...

Puis la menace. Sauf qu'à ce moment précis, une voiture de police s'arrêta juste devant vous avant que une femme et un homme sortent. Encore les flics ? On dirait que tu étais abonnée avec eux... enfin, tu les cherchais peut-être un peu avec ton comportement. En tout cas, tu te relevas et attrapas la main de la femme pour la tirer vers toi.

- Vite, cours !

Dis-tu, comprenant vite que même si c'était la bande le fautif, vous aviez blessé plusieurs de ses membres et que vous risquez de passer un sale quart d'heure si vous restiez dans cet endroit. Malheureusement, tu ne savais pas trop où tu courrais puisque ce n'était pas ta ville natale mais tu courrais assez vite, entraînement depuis la jeunesse, ça.

Bien que tu connaissais peu la ville, tu savais que chacune était constituée de la même façon qu'une autre, avec des endroits sombres, des bas quartiers... Et c'est exactement dans ce genre de lieu que tu embarquas la femme avec toi, dans une petite ruelle sombre, parsemé de quelques chaglam errants et rattata. Vous vous enfoncez dans l'obscurité avant de vous plaquer contre une grande benne à ordures, vous cachant alors de la vue des policiers s'ils passaient par là. Aussitôt, tu lâchas la fille qui finit par parler. Tournant ton regard cerné et enjoué, tu sombres ses abysses.

- Mais moi, je préfère quand ça fait mal, tu vois. Juste là.

Puis d'un doigt, tu indiques sa poitrine, là où se trouvait son coeur. T'étais énergique, une tornade hyperactive qui aimait s'amuser, rire mais aussi broyer le coeur des gens. C'était dans ta nature, tu n'y pouvais rien.

- Et puis, on s'en est sorties, c'est le principal.

Tu souris avant de secouer ton t-shirt sali par ta chute d'avant. Choupinou, qui vous avait suivi à la trace, finit par se lécher le pelage, nullement gêné par la course-poursuite. Après tout, vous étiez tout deux habitués à cette vie de débauche.

- Moi, j'ai trouvé ça marrant. Surtout quand tu lui as frappé les noisettes.

Tu fixes la fille, nullement gênée par ce qu'elle disait, en vrai, tu étais tellement bloquée dans ta tête que pas grand chose pouvait te blesser. Alors, de nouveau, un large sourire se dessina sur ton visage fou. Tes mains allèrent se fourrer dans tes cheveux, enlevant alors les élastiques qui maintenaient tes cheveux pour les laisser tomber sur tes épaules. Ah, c'était mieux ainsi.

- Je ne parle pas de... tuer. Mais de faire souffrir l'âme. C'est ça qu'est amusant. La mort, c'est pas drôle. Il n'y a rien à en tirer.

Dis-tu. Tu n'as jamais tué quelqu'un de ta vie. Mais tu as déjà connu le harcèlement. C'était ce que tu avais vécu et ce que tu faisais subir à l'école, quand tu y étais encore. C'est un sujet sensible, certe, mais c'est comme ça que tu as appris à survivre, faire du mal aux gens pour se sentir fort.

- Tu te dis que je suis folle. Et oui, je le suis. Mais je préfère plutôt m'amuser que de m'ennuyer. Avoir une vie trépidente, c'est ce qu'il y a de mieux. Sinon, j'aurai trop de regrets plus tard.

C'est comme ça que tu voyais le monde. C'est comme ça que tu voulais vivre, en t'amusant le plus possible quitte à mourir jeune. Sinon, ça en vaudrait pas le coup.

Ah oui mais si les gens meurent, c'est triste, y'aura plus personne après. C'est pour ça que tu ne tues pas. Sinon, avec qui tu pourrais jouer ? Et des regrets ? Oh, t'en a eu, des regrets. Genre, ta famille biologique. Ah ça ouais, tu ne t'ai pas senti aimé là-bas. Et on t'aimait pas trop maintenant encore. Alors, c'est pour ça que t'aimais bien emmerder.

- C'est ça ! Papa et maman se fichaient bien de moi. J'avais pas de jouets, pas d'amis. À part Choupinou. Alors lui et moi, on s'est débrouillé pour trouver des jeux.

Tu attrapes ton chiot, le serrant fortement dans tes bras. L'animal couina sous ta force mais se frotta contre ta joue. Oui, il t'aimait bien, lui aussi.

- Quand on vit dans la rue, on fait avec c'qu'on a !

Bien sûr, tu ne parlas pas du fait que tu avais été adopté il y a quelques années par une petite mafia à voltapolis, qu'ils t'appréciaient malgré ton caractère hyperactive. Tu étais juste une tornade ambulante.

- Puis, je peux pas m'en empêcher !!

Bah oui, quand t'es gamine, tu restes pas longtemps dans la rue, c'est vite connu. Y'a les associations de la protection des enfants, la police... ou bien la mafia qui vient s'en méler. Tiens. Mais t'as quand même passer quelques temps dans la rue et encore, même si tu es adoptée, ça t'arrive pas mal de faire le trottoir, juste parce que c'est amusant.                                                                                                                                                                                                                      

- Normal, mon "papa" m'a adopté dans la rue !

Puis tu fis une grimace. Ah ? Parce que tu avais besoin d'aide ? C'est ce qui c'était passé ? Non, vraiment pas. C'était pas ça. Pas ça du tout. Alors, tes bras se croisèrent pendant que Choupinou renifla, un peu nerveux et provoqué par ce que disait la fille en face de toi.

- Ah mais j'ai rien demandé moi. J'aurai pu me débrouiller toute seule ! C'est le mec qui a voulu te tripoter les nichons, pas moi.

Puis, elle n'avait qu'à pas être sur le chemin où y'a une bagarre qui éclate quand même. Alors, elle a rien le droit de dire parce que toi, t'as vraiment rien demandé. Et t'as toujours été débrouillarde, même s'il fallait rentrer avec des bleus à la maison.

- C'est toi qui a décidé de t'en mêler après, hein. Pis d'abord, on s'connait même pô.