La maison semble si vide depuis des mois. J'ai essayé de la remplir, mais rien y fait. Seule la présence d'Ange la rend vivable, mais c'est une maison trop grande pour deux humains. Qu'importe le nombre de Pokémon que j'y loge ni l'activité que j'y fais, elle reste froide, immuable. Mais je ne peux pas la quitter. C'est au-dessus de mes forces. Moi qui ai passé ma vie à ne jamais m'attacher à rien hormis à mes Pokémons, je me retrouve incapable de changer de maison. Peut-être parce que c'est ma maison. Au même titre que je n'arrive pas à me séparer de l'arène de Glace, pourtant si loin de ma vie. Ce sont des poids morts qui me ralentissent, je le sais, je le sens. Tant qu'ils sont là, je ne peux pas me consacrer à d'autres projets et je m'épuise peu à peu. Toute mon énergie va à ma fille et ce qui me reste à m'entraîner.
Je devrais me débarrasser de tout ça. Laisser le passé derrière moi. Aller de l'avant. Mais je n'y arrive pas et quoi que je me dise, c'est surtout de la peur. J'avais quelque chose. J'ai quelque chose encore. En faisant un pas de plus, je sais ce que je perd, je ne sais pas ce que j'y gagne. Je n'avais jamais ressenti ça par le passé. Je ne veux pas le ressentir. Ce bonheur illusoire m'a empoisonnée bien plus que mes Pokémons les plus toxiques.
Comment avancer ? Pourquoi avancer ? Avec qui ?
Epuisée par mes nuits d'insomnie, où ces questions me hantent, je ne me lève que pour m'occuper d'Ange. En un an, elle a tellement grandi, tellement changé. Elle marche maintenant. Elle court même. Elle babille des sons sans aucun sens, que je fais semblant de comprendre en souriant. Je lui lis des histoires. Tous les soirs, un nouveau conte. Je me suis aussi habituée à la présence du Funécire à ses côtés. Elle joue avec mon Malosse et ma Goupix, tout comme avec tous mes Pokémons. Ce serait tellement merveilleux s'il ne manquait pas quelque chose. Si je ne me sentais pas si seule. J'espère qu'Ange ne le ressent pas et qu'elle est vraiment heureuse.
Aujourd'hui, après lui avoir donné à manger, je l'ai recouchée et je profite de sa sieste pour m'entraîner. Tous mes Pokémons Poison sont là, à l'exception d'Incubus. Mon Ectoplasma me manque aussi cruellement. C'est un de mes plus vieux compagnons, un envoyé de ma mère, pour me guider. La vie est fade sans ses mauvaises blagues. J'ai avec moi Albio aussi, et quelques uns de mes Pokémons Glace. Nous nous sommes mis au fond du jardin, pour déranger le moins possible Ange pendant qu'elle dort. J'ai son babyphone pas loin pour l'entendre en cas de problème.
L'entraînement est rude. Il n'est pas question aujourd'hui de se battre mais d'éviter les coups. Il faut rester insaisissable et réussir à toucher son adversaire. Pour moi, c'est difficile d'atteindre mon adversaire Pokémon, mais j'utilise des objets que je trouve pendant mes roulades.
Nous allions passer à la même chose mais en faisant des équipe lorsqu'une partie de mes Pokémons, ceux à l'ouïe la plus fine a tourné la tête vers la maison. Je me précipite sur le babyphone mais n'entends rien. Je regarde mes Pokémons puis finalement, le son me parvient aussi. On dirait des motos qui s'approchent vers nous.
C'est assez rare d'avoir du passage car la maison est loin des grands axes mais pas impossible. Des gens se baladent dans le coin après tout. La maison et son jardin sont en retrait de la route elle-même, il est donc peu probable qu'ils nous trouvent. J'aime ma tranquillité et l'isolement. Si je trouve la maison trop calme et vide en ce moment, ce n'est pas pour autant que je veux voir des gens. C'est d'autres choses dont j'ai besoin, et je refuse d'accepter ce quelque chose.
Je reste un moment immobile, à écouter les véhicules, et comme mes Pokémons ne se détendent pas, je reste sur le qui-vive. Qu'est-ce que c'est que ces gens chez moi ? Ils ne sont pas chez moi, pas encore, mais je n'aime pas ça. Pas plus que d'habitude, il faut l'avouer, je reste toujours agressive quand on rôde autour de chez moi.
Puis le bruit de moteur, après avoir augmenté s'arrête. Ça, ce n'est pas normal. Je vois tous mes Pokémons se tendre un peu plus, comme en réaction à ma propre méfiance. Puis d'un coup, Vulca mène la charge. Elle pousse un Rugissement et se précipite vers la maison, suivie de tous lesuatres. Je ne reste pas en reste et court avec eux. Je ne sais pas ce qu'il se passe exactement, mais ce n'est pas normal.
Puis il y a un bruit de vitre qui se casse et je ralentit puis m'arrête alors que mon cœur se serre et mon sang se glace. Il y a un vrombissement qui se fait entendre. Un bruit que je connais et que je pensais ne plus craindre. Un bruit qui me paralysait autrefois et que me paralyse de nouveau. A travers les vitre de derrière, je vois le jeu de lumière, je vois les danseurs orangés. Je vois les flammes qui s'attaquent à ma maison. Elles sont avides et si j'étais en état de réfléchir, je saurais qu'elles sont provoqués par des liquides inflammables qui aident le reste de la maison à s'enflammer. On est en train de brûler ma maison.
Mes Pokémons Eau commencent à combattre les flammes, en vain, pendant que les autres font le tour et j'entends les combats. Mais je reste sourde à tout ça. La terreur bloque mon esprit et mes yeux s'écarquillent.
ANGE !
Je me mets à courir. Je n'ai plus peur du feu en tant que telle. J'ai peur du feu comme prédateur, comme tueur. Il en veut à ma fille. Les images de ma mère me viennent à l'esprit et me donne la force d'avancer.
Je ne réfléchis plus. Je fracasse une vitre, la plus proche, celle qui me permet de faire le trajet le plus court jusqu'aux escaliers. J'aurai pu passer par la porte ouverte. J'aurai dû le faire. Je n'aurai pas perdu de temps, et je ne me serais pas blessée. Mais je dois aller au plus vite. Je ne sens pas les coupures ni le sang qui commence à couler. Juste la fournaise autour de moi, et la peur qui me donne envie de vomir.
Des pleurs descendent de l'étage.
Mon bébé ! Ne t'en fais pas ! Maman arrive !
Je crie, je me répète et en trois foulées je suis à l'étage. Je ne cours pas, je vole, je me téléporte. Je m'explose contre la porte, plus que je ne la pousse et déboule dans la chambre de ma fille, de mon être cher. Sans hésitation, je me penche sur elle et la bras dans mes bras et commence à la berceau. La panique reflue, maintenant que je la tiens dans mes bras. Pour mieux revenir. Il faut sortir d'ici. Dans le berceau, une flamme bleu. Deux pensées : il s'en ai fallut du peu pour que Ange ne brûle à cause de cette étrange flamme et il ne faut pas oublier cette bougie. Je saisis le Funécire sans m'en rendre vraiment compte.
Tout va bien. Maman est là. Je te protège.
Non, je ne la protège pas. Je vais la sauver, mais contre cet ennemi, je ne la protège pas. Je ne peux que fuir. Elle le sait car elle pleure encore. Il y a un craquement puissant et le sol tremble. Le feu est avide et dehors, j'entends les bruits des combats. Je n'ai pas le temps d'y réfléchir. Je sors, et commence à descendre l'escalier, mais il s'effondre sous mes pieds. Je traverse les marches en flamme, mais mon corps protège celui de ma fille. Mes pieds touche le sol et je tombe sur les genoux, me roulant autour d'Ange. Des débris s'écrasent sur mon dos, mais je compte jusqu'à deux, me relève. Mais quand je m'appuie sur ma jambe droite, elle cède sous mon poids et une douleur fulgurante me traverse le corps. Je manque de m'effondrer mais retombe sur les genoux. Je sers les dents et regarde ma jambe. Je ne comprends pas ce que je vois, mais ce n'est pas joli.
Je réfléchirai plus tard. Je pousse de nouveau sur ma jambe gauche et me propulse en avant. Je mets mon poids sur ma jambe droite et cette fois, je pousse un cri de douleur et m'effondre sur le sol brûlant. Je pousse un râle de douleur, mais j'ai protégé Ange, même dans ma chute. Ses pleurs me donnent de la force. Je me redresse encore et cette fois, c'est à peine si je mets du poids sur ma jambe droite. Mais chaque mouvement m'arrache un râle et une grimace.
Cependant, je ne vois que la porte d'entrée et la nécessité de sortir Ange d'ici. Je n'entends pas derrière le bruit des flammes, les bruits de combats, ni le bruit des motos qui repartent. Il n'y a que la porte et l'enfer qui se déchaîne autour de moi. Il n'y a que moi, Ange et la mort imminente. Et finalement, la porte.
Je m'écroule elle, l'épaule en avant et actionne la poignée avec mon coude, glissant contre le bois. La clenche se baisse, puis je me laisse tomber en arrière, gardant la poignée coincée par mon coude et la porte s'ouvre. Une puissante bourrasque me fait perdre l'équilibre. Je n'entends même pas mon cri de douleur alors que je tombe sur le côté droit. C'est à peine si je vois l'extérieur, la fumée faisant pleurer mes yeux.
Mais finalement, je suis dehors. Je sors, tant bien que mal, jusqu'à ce que je sente qu'on me soutient. A la fourrure, je reconnais Albio, mais sensation étrange, ses poils sont chauds plutôt que frais. De l'autre côté, il fait chaud aussi et les poils sont plus courts, plus rêches. Je ne comprends pas quel Pokémon est à mes côtés. Mais je passe un bras autour d'Albio tout en portant Ange et il me traîne loin de la maison.
Enfin, je m'écroule au sol, sur le dos. Je pleure autant de la fumée que de la peur et de la douleur. Mais j'ai encore assez de force pour m'occuper de ma fille.
Chut. Tout va bien. C'est fini. Maman est là. C'est fini. Nous sommes sauvées.
Après quelques instant, ma vue est moins souffle et je découvre que ce n'est pas Albio qui m'a aidée. C'est une superbe Feunard qui me regarde et dans ses yeux, je reconnais immédiatement Vulca. Ma Pokémon a changé en évoluant, ça devait arriver un jour, mais elle reste toujours ma meilleure amie et ma protectrice. Je tends une main tremblante, noir de suifs et avec des brûlures vers elle, et doucement, elle vient prendre une timide caresse.
Une ombre se dresse de l'autre côté. Je tourne la tête pour découvrir une vision d'horreur. Je me tends puis le reconnais. Héphaïs. Ce cauchemar devenu rêve, ce souvenir douloureux et aimant. Héphaïs est déjà un Démolosse. Peut-être que finalement je suis morte et que je vois autre chose que la réalité.
Mais un craquement sinistre me fait relever la tête. MA peau me tire et donne l'impression qu'elle se déchire sous l'effort mais je veux voir. Je veux voir ma maison, mon bonheur, mon refuge, s'effondrer. Les poutres cèdent et le toit écrase les étages et il ne reste que des murs partiellement tombés. Je continue à bercer Ange qui pleure contre moi.
Tous les sons me parviennent atténués. Le monde s'obscurcit. J'ai tellement mal que je ne ressens plus rien. Je voudrais seulement dormir.
Un petit coup de langue et de truffe me raccroche à la réalité. Je ne peux pas rester là comme ça. Je ne peux pas juste abandonner comme ça. Si je dors maintenant, personne ne sauverai Ange. Ce n'est qu'un bébé humain et aussi intelligent que soit mes Pokémons, ils ne pourront rien faire.
Je sors mon téléphone.
Les doigts tremblant, je trouve le seul numéro pouvant m'aider.
J'ai la bouche sèche, et parler ne me sera pas possible. Alors, j'écris les deux mots que je peux.
Aide moi
Puis il part. Je n'ai pas le temps d'espérer que la destinataire le reçoive. Ma tête retombe et je respire lentement, plongeant dans des ténèbres sans rêve.
Je devrais me débarrasser de tout ça. Laisser le passé derrière moi. Aller de l'avant. Mais je n'y arrive pas et quoi que je me dise, c'est surtout de la peur. J'avais quelque chose. J'ai quelque chose encore. En faisant un pas de plus, je sais ce que je perd, je ne sais pas ce que j'y gagne. Je n'avais jamais ressenti ça par le passé. Je ne veux pas le ressentir. Ce bonheur illusoire m'a empoisonnée bien plus que mes Pokémons les plus toxiques.
Comment avancer ? Pourquoi avancer ? Avec qui ?
Epuisée par mes nuits d'insomnie, où ces questions me hantent, je ne me lève que pour m'occuper d'Ange. En un an, elle a tellement grandi, tellement changé. Elle marche maintenant. Elle court même. Elle babille des sons sans aucun sens, que je fais semblant de comprendre en souriant. Je lui lis des histoires. Tous les soirs, un nouveau conte. Je me suis aussi habituée à la présence du Funécire à ses côtés. Elle joue avec mon Malosse et ma Goupix, tout comme avec tous mes Pokémons. Ce serait tellement merveilleux s'il ne manquait pas quelque chose. Si je ne me sentais pas si seule. J'espère qu'Ange ne le ressent pas et qu'elle est vraiment heureuse.
Aujourd'hui, après lui avoir donné à manger, je l'ai recouchée et je profite de sa sieste pour m'entraîner. Tous mes Pokémons Poison sont là, à l'exception d'Incubus. Mon Ectoplasma me manque aussi cruellement. C'est un de mes plus vieux compagnons, un envoyé de ma mère, pour me guider. La vie est fade sans ses mauvaises blagues. J'ai avec moi Albio aussi, et quelques uns de mes Pokémons Glace. Nous nous sommes mis au fond du jardin, pour déranger le moins possible Ange pendant qu'elle dort. J'ai son babyphone pas loin pour l'entendre en cas de problème.
L'entraînement est rude. Il n'est pas question aujourd'hui de se battre mais d'éviter les coups. Il faut rester insaisissable et réussir à toucher son adversaire. Pour moi, c'est difficile d'atteindre mon adversaire Pokémon, mais j'utilise des objets que je trouve pendant mes roulades.
Nous allions passer à la même chose mais en faisant des équipe lorsqu'une partie de mes Pokémons, ceux à l'ouïe la plus fine a tourné la tête vers la maison. Je me précipite sur le babyphone mais n'entends rien. Je regarde mes Pokémons puis finalement, le son me parvient aussi. On dirait des motos qui s'approchent vers nous.
C'est assez rare d'avoir du passage car la maison est loin des grands axes mais pas impossible. Des gens se baladent dans le coin après tout. La maison et son jardin sont en retrait de la route elle-même, il est donc peu probable qu'ils nous trouvent. J'aime ma tranquillité et l'isolement. Si je trouve la maison trop calme et vide en ce moment, ce n'est pas pour autant que je veux voir des gens. C'est d'autres choses dont j'ai besoin, et je refuse d'accepter ce quelque chose.
Je reste un moment immobile, à écouter les véhicules, et comme mes Pokémons ne se détendent pas, je reste sur le qui-vive. Qu'est-ce que c'est que ces gens chez moi ? Ils ne sont pas chez moi, pas encore, mais je n'aime pas ça. Pas plus que d'habitude, il faut l'avouer, je reste toujours agressive quand on rôde autour de chez moi.
Puis le bruit de moteur, après avoir augmenté s'arrête. Ça, ce n'est pas normal. Je vois tous mes Pokémons se tendre un peu plus, comme en réaction à ma propre méfiance. Puis d'un coup, Vulca mène la charge. Elle pousse un Rugissement et se précipite vers la maison, suivie de tous lesuatres. Je ne reste pas en reste et court avec eux. Je ne sais pas ce qu'il se passe exactement, mais ce n'est pas normal.
Puis il y a un bruit de vitre qui se casse et je ralentit puis m'arrête alors que mon cœur se serre et mon sang se glace. Il y a un vrombissement qui se fait entendre. Un bruit que je connais et que je pensais ne plus craindre. Un bruit qui me paralysait autrefois et que me paralyse de nouveau. A travers les vitre de derrière, je vois le jeu de lumière, je vois les danseurs orangés. Je vois les flammes qui s'attaquent à ma maison. Elles sont avides et si j'étais en état de réfléchir, je saurais qu'elles sont provoqués par des liquides inflammables qui aident le reste de la maison à s'enflammer. On est en train de brûler ma maison.
Mes Pokémons Eau commencent à combattre les flammes, en vain, pendant que les autres font le tour et j'entends les combats. Mais je reste sourde à tout ça. La terreur bloque mon esprit et mes yeux s'écarquillent.
ANGE !
Je me mets à courir. Je n'ai plus peur du feu en tant que telle. J'ai peur du feu comme prédateur, comme tueur. Il en veut à ma fille. Les images de ma mère me viennent à l'esprit et me donne la force d'avancer.
Je ne réfléchis plus. Je fracasse une vitre, la plus proche, celle qui me permet de faire le trajet le plus court jusqu'aux escaliers. J'aurai pu passer par la porte ouverte. J'aurai dû le faire. Je n'aurai pas perdu de temps, et je ne me serais pas blessée. Mais je dois aller au plus vite. Je ne sens pas les coupures ni le sang qui commence à couler. Juste la fournaise autour de moi, et la peur qui me donne envie de vomir.
Des pleurs descendent de l'étage.
Mon bébé ! Ne t'en fais pas ! Maman arrive !
Je crie, je me répète et en trois foulées je suis à l'étage. Je ne cours pas, je vole, je me téléporte. Je m'explose contre la porte, plus que je ne la pousse et déboule dans la chambre de ma fille, de mon être cher. Sans hésitation, je me penche sur elle et la bras dans mes bras et commence à la berceau. La panique reflue, maintenant que je la tiens dans mes bras. Pour mieux revenir. Il faut sortir d'ici. Dans le berceau, une flamme bleu. Deux pensées : il s'en ai fallut du peu pour que Ange ne brûle à cause de cette étrange flamme et il ne faut pas oublier cette bougie. Je saisis le Funécire sans m'en rendre vraiment compte.
Tout va bien. Maman est là. Je te protège.
Non, je ne la protège pas. Je vais la sauver, mais contre cet ennemi, je ne la protège pas. Je ne peux que fuir. Elle le sait car elle pleure encore. Il y a un craquement puissant et le sol tremble. Le feu est avide et dehors, j'entends les bruits des combats. Je n'ai pas le temps d'y réfléchir. Je sors, et commence à descendre l'escalier, mais il s'effondre sous mes pieds. Je traverse les marches en flamme, mais mon corps protège celui de ma fille. Mes pieds touche le sol et je tombe sur les genoux, me roulant autour d'Ange. Des débris s'écrasent sur mon dos, mais je compte jusqu'à deux, me relève. Mais quand je m'appuie sur ma jambe droite, elle cède sous mon poids et une douleur fulgurante me traverse le corps. Je manque de m'effondrer mais retombe sur les genoux. Je sers les dents et regarde ma jambe. Je ne comprends pas ce que je vois, mais ce n'est pas joli.
Je réfléchirai plus tard. Je pousse de nouveau sur ma jambe gauche et me propulse en avant. Je mets mon poids sur ma jambe droite et cette fois, je pousse un cri de douleur et m'effondre sur le sol brûlant. Je pousse un râle de douleur, mais j'ai protégé Ange, même dans ma chute. Ses pleurs me donnent de la force. Je me redresse encore et cette fois, c'est à peine si je mets du poids sur ma jambe droite. Mais chaque mouvement m'arrache un râle et une grimace.
Cependant, je ne vois que la porte d'entrée et la nécessité de sortir Ange d'ici. Je n'entends pas derrière le bruit des flammes, les bruits de combats, ni le bruit des motos qui repartent. Il n'y a que la porte et l'enfer qui se déchaîne autour de moi. Il n'y a que moi, Ange et la mort imminente. Et finalement, la porte.
Je m'écroule elle, l'épaule en avant et actionne la poignée avec mon coude, glissant contre le bois. La clenche se baisse, puis je me laisse tomber en arrière, gardant la poignée coincée par mon coude et la porte s'ouvre. Une puissante bourrasque me fait perdre l'équilibre. Je n'entends même pas mon cri de douleur alors que je tombe sur le côté droit. C'est à peine si je vois l'extérieur, la fumée faisant pleurer mes yeux.
Mais finalement, je suis dehors. Je sors, tant bien que mal, jusqu'à ce que je sente qu'on me soutient. A la fourrure, je reconnais Albio, mais sensation étrange, ses poils sont chauds plutôt que frais. De l'autre côté, il fait chaud aussi et les poils sont plus courts, plus rêches. Je ne comprends pas quel Pokémon est à mes côtés. Mais je passe un bras autour d'Albio tout en portant Ange et il me traîne loin de la maison.
Enfin, je m'écroule au sol, sur le dos. Je pleure autant de la fumée que de la peur et de la douleur. Mais j'ai encore assez de force pour m'occuper de ma fille.
Chut. Tout va bien. C'est fini. Maman est là. C'est fini. Nous sommes sauvées.
Après quelques instant, ma vue est moins souffle et je découvre que ce n'est pas Albio qui m'a aidée. C'est une superbe Feunard qui me regarde et dans ses yeux, je reconnais immédiatement Vulca. Ma Pokémon a changé en évoluant, ça devait arriver un jour, mais elle reste toujours ma meilleure amie et ma protectrice. Je tends une main tremblante, noir de suifs et avec des brûlures vers elle, et doucement, elle vient prendre une timide caresse.
Une ombre se dresse de l'autre côté. Je tourne la tête pour découvrir une vision d'horreur. Je me tends puis le reconnais. Héphaïs. Ce cauchemar devenu rêve, ce souvenir douloureux et aimant. Héphaïs est déjà un Démolosse. Peut-être que finalement je suis morte et que je vois autre chose que la réalité.
Mais un craquement sinistre me fait relever la tête. MA peau me tire et donne l'impression qu'elle se déchire sous l'effort mais je veux voir. Je veux voir ma maison, mon bonheur, mon refuge, s'effondrer. Les poutres cèdent et le toit écrase les étages et il ne reste que des murs partiellement tombés. Je continue à bercer Ange qui pleure contre moi.
Tous les sons me parviennent atténués. Le monde s'obscurcit. J'ai tellement mal que je ne ressens plus rien. Je voudrais seulement dormir.
Un petit coup de langue et de truffe me raccroche à la réalité. Je ne peux pas rester là comme ça. Je ne peux pas juste abandonner comme ça. Si je dors maintenant, personne ne sauverai Ange. Ce n'est qu'un bébé humain et aussi intelligent que soit mes Pokémons, ils ne pourront rien faire.
Je sors mon téléphone.
Les doigts tremblant, je trouve le seul numéro pouvant m'aider.
J'ai la bouche sèche, et parler ne me sera pas possible. Alors, j'écris les deux mots que je peux.
Aide moi
Puis il part. Je n'ai pas le temps d'espérer que la destinataire le reçoive. Ma tête retombe et je respire lentement, plongeant dans des ténèbres sans rêve.