Mais non, il faut bien me faire une raison. J'ai accepté cette mission, pas question de la prendre à la légère et de venir en touriste. Ce qui inclue non seulement de se rendre sur place, mais aussi de prendre un peu mes marques en inspectant les alentours. Sait-on jamais, je remarquerais peut être quelque chose d'utile pour demain...
...
Bon bon, d'accord, en réalité je suis surtout nerveux. Vous avouerez tout de même qu'il y a de quoi, non ? Une mission commando secrète pour aller déloger les Mistrals d'une de leur planque, ça reste un sacré morceau... Qui plus est, mes vieux et pénibles souvenirs sur la précédente organisation criminelle ne ratent évidemment pas l'occasion de trotter dans ma tête depuis plusieurs jours. Enfin, je dis vieux, mais cela fait moins de deux ans... Parfois, j'ai l'impression que c'était dans une autre vie, parfois que c'était hier. Toujours est-il que le constat est clair : j'ai besoin de prendre l'air en cette veille d'opération, sinon je n'arriverais vraisemblablement pas à dormir.
Direction le volcan donc, Keiko et Sergeï sur mes talons. Ce sont les seuls qui avaient l'air de vouloir marcher un peu, les autres sont trop concentrés sur les enjeux de demain (Zyl, c'est toi que je vise) où dorment déjà (le reste). Même le Sarmuraï, d'ordinaire habitué à faire des bonds et se déplacer tel un agent secret, se contente ce soir de marcher calmement à nos côtés, comme s'il savourait l'air de cette fraîche soirée.
"J'ai peur pour demain. Vraiment..."
La phrase est sortie toute seule, trop lourde pour être gardée en tête éternellement. Elle fait d'ailleurs écho à l'humeur de la Mysdibule, elle aussi soucieuse. Il est rare de la voir dans cet état... D'habitude, elle reste toujours de marbre et garde la tête froide, mais ce soir elle a visiblement du mal à cacher ses inquiétudes. Le Sarmuraï lui ne montre rien, comme à son habitude. En revanche, il finit par lever une patte alors que je tentais un sourire rassurant vers Keiko, comme pour indiquer qu'il est toujours là.
Respiration.
J'hésite à lui répondre, mais aucune phrase spirituelle ne me traverse l'esprit, et je ne suis de toute façon pas d'humeur à endosser mon rôle de magicien pour l'instant. Le silence s'installe donc, et je finis par reprendre la marche sans rien ajouter, les yeux et l'esprit ailleurs.
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