Wild but not shyft. sahara & adagio₪ Renouer avec le passé. C’était ce que Flame avait l’impression de faire : pour la deuxième fois en moins d’une semaine, il laissait derrière lui les lumières et les bruits de la ville au profit du calme des champs. Mais il n’osait quitter les routes pour le moment, se contentant de s’y balader sans but précis. Les écouteurs dans les oreilles, il sortait quelques fois son téléphone le temps de répondre à un message ou à un appel. C’était comme s’il s’éloignait de la civilisation, mais… pas trop non plus. Il suffit que l’on goûte une fois au confort de la vie en ville et de la technologie qui y règne pour ne plus vouloir s’en détacher. D’un certain côté, Flame réalisait qu’il se sentait dépendant. Ils l’étaient tous. Un homme perdait son téléphone et il perdait tout. N’importe qui paniquait s’il ne sentait plus au fond de sa poche ce petit objet plat et tactile, et il serait plus regretté que tout autre objet. Flame n’était pas du genre à revenir aux sources. Il aimait trop sa vie d’aisance, la vue de l’immense baie vitrée de son studio luxueux qui offrait une plongée sur les lumières de la ville, les nuits blanches passées dans les rues Artiesta. Mais d’un autre côté, la nature l’attirait inexplicablement. Le jeune brun se trouvait ainsi étiré entre deux mondes, celui des lumières et celui de la paix. La ville était toute sa vie ; mais l’inconnu était terriblement attrayant pour le curieux qu’il était et, dans son cas, il se matérialisait sous la forme du monde sauvage. Cette fois, c’était cap sur le village Kishika. Il y était déjà allé avec des amis mais, cette fois, seul Adagio l’accompagnait. A vrai dire, partout où il allait, Flame était accompagné ; que ce soit ses amis, des connaissances ou de simples admirateurs un peu collants. Il avait sa bande, son clan, son harem, appelez-ça comme vous le souhaitez. Il n’avait pas l’habitude de se retrouver seul. Cela lui permettait de souffler, ce qui ne lui était pas désagréable ; mais ça lui était… étrange. Inhabituel. Devant lui, Adagio marchait d’un pas assuré. Il était comme Flame : il aimait la ville, mais chaque sortie dans la nature semblait vivifiante pour lui et encourageait son dresseur à en refaire. Le caninos, déjà de grande taille pour son espèce, avait besoin d’espace.
Flame avait le nez baissé vers son écran et lisait un message lui proposant de participer à une sortie le lendemain lorsqu’il aperçut vaguement quelque chose devant lui, du coin de l’œil. Il leva la tête : une fille, qu’il prit d’abord pour une enfant à cause de sa taille, venait d’en face. D’une pression de doigt, il coupa sa musique en gardant néanmoins ses écouteurs et siffla son pokémon.
- Adagio ! Reviens par ici, mon grand.
Le caninos n’était pas agressif, loin de là, mais peut-être risquait-il d’effrayer la demoiselle. Certaines personnes avaient peur des pokémons après tout. ₪ 2981 12289 0
Les pieds encore dans le sable, le nez au vent et le sourire immense, la demoiselle avançait joyeusement. Elle avait croisé les tentes des habitants d’Herisis, les saluant d’une manière peu assurée à cause de sa faible maîtrise de la langue locale puis, après avoir profité de cette courte interaction pour tenter de demander où se trouvait la tribu voisine - ils n’y avaient pas comprit grand-chose, il fallait l’avouer - elle fut affublée d’une carte. Sauf que Sahara n’avait pas vraiment comprit à quoi ce bout de papier coloré pouvait servir, sans comprendre même après avoir demandé, elle en avait conclu que c’était sûrement un dessin protecteur ou quelque chose comme cela. Toute joyeuse, la demoiselle avait fait deux trous aux extrémités de la grande carte Lumirienne, glissé un fil dedans et enfilé le tout. Actuellement donc, Sahara se promenait avec une carte de Lumiris sur le dos en pensant que cela la protégerait également des mauvais esprits.
« Té suariss orisha pori ? » Fit la demoiselle dans sa langue natale en posant ses prunelles rubescentes sur Shen qui la suivait tranquillement, l’observant longuement avant d’hocher la tête.
Le sourire de la demoiselle devint alors un peu plus grand et elle laissa un petit rire s’échapper d’entre ses lippes tandis qu’ils quittaient enfin les abords du désert. Inspirant l’air nouveau, la demoiselle scruta les alentours, se baissant pour toucher le sol qui n’avait rien à voir avec le sable, bougeant ses pieds nus. C’était étrange, c’était si différent de tout ce qu’elle connaissait. Sahara se redressa, levant les mains vers les cieux avant de pousser un petit cri de joie, la carte dans son dos s’agita doucement sous la brise… un peu fraîche d’ailleurs ! Elle referma soudainement ses bras devant elle, en croix, l’air de grelotter.
« Rakis ! Rakis ! » Se plaignit alors la jeune fille en baissant son regard vers son acolyte qui s’empressa d’approcher, enlaçant les jambes nues de sa dresseuse qui souriait à nouveau, lui tapotant le haut de la tête avant de se remettre en route.
Après maintes contemplations et exclamations vis-à-vis des lieux, le regard de la Sanamään se posa devant elle où une bête tigrée se trouvait. Elle se stoppa soudainement et frappa joyeusement dans ses mains, pointant du doigt le Caninos, passant son regard de Shen au canidé.
« Fuke ! Fuke ! » Elle s’approchait déjà du Caninos quand le son d’une voix lui fit relever la tête. Elle fronça ses sourcils, fixant d’un drôle d’air l’être humain devant elle.
C’était un homme mais habillé d’une telle manière que Sahara était extrêmement choquée. Pourquoi n’avait-il pas de peintures, pas de bijoux protecteurs ? Et qu’avait-il dans ses oreilles, entre ses mains ? Surprise, la demoiselle l’observa longuement avant de poser son regard sur Shen, hésitante. On lui avait dit qu’elle rencontrerait d’étranges humains, qu’elle verrait des choses étonnantes mais elle n’avait jamais pu clairement s’imaginer que ce serait ainsi !
« Kaefri ! Oh… B-… Bon… Jour ! » Elle le sortit difficilement mais ses prunelles se mirent à briller quand elle y parvint tandis qu’elle agitait sa main, saluant l’inconnu.
« Ton Fuke ? Lui, ton Fuke ? »
Si les Pokémon avaient des noms évidents pour chacun dans les autres parties du monde, les Sanamään avaient leurs propres noms et voilà que les Caninos n’étaient pas du tout appelés de la même façon au sein du Désert Ardent ! Puis, fixant à nouveau le garçon, elle approcha assez rapidement et leva une main pour essayer d'attraper les étranges fils pendant de ses oreilles, l'air sincèrement choquée.
« Quoi ça ? » Demanda t-elle dans son accent sifflant, accentuant le "ç" comme un serpent.
Wild but not shyft. sahara & adagio₪ La gamine ne parut pas avoir peur du caninos puisqu’elle s’en approcha. Adagio hésita un bref instant avant d’obéir à son dresseur et de revenir près de lui. Il s’assit fièrement aux pieds de l’homme sans quitter l’inconnue du regard. La jeune fille leva la main et lança un mot inconnu ; Flame distingua tout juste un bonjour à la fin de la phrase, difficilement prononcé. Il haussa un sourcil ; une étrangère ? Ce ne serait pas bien étonnant. La personne en face de lui était habillée d’une bien étrange manière, à commencer par sa tenue particulièrement courte. Venait-elle de la plage ? Elle permit néanmoins au jeune homme de s’apercevoir qu’il s’était trompé ; cette silhouette et ces formes ne pouvaient pas appartenir à une gamine. Il s’agissait juste d’une adolescente ou d’une jeune femme de petite taille. Mais ce qui intrigua Flame davantage, plus encore que sa tenue, était tout le reste. Le corps de la fille semblait être recouvert de peintures ou de tatouages ainsi que de bijoux étranges. Il aperçut même un grand bout de papier qu’elle portait dans son dos, comme un sac. Un papier mêlant le bleu, le vert et le brun… une… carte de la région ?! Drôle de façon de s’en servir. Peut-être comptait-elle se protéger le dos du soleil ainsi ?
Ce genre d’absurdité était à deux doigts de faire rire Flame, mais il s’abstint car la fille s’approchait. Elle prononçait encore une fois des mots qu’il ne comprenait pas.
- Ton Fuke ? Lui, ton Fuke ?
Le temps de décrypter ce qu’elle disait et de s’apercevoir qu’elle pointait du doigt son pokémon, la jeune fille s’était glissé près de lui et tentait de saisir les fils de ses écouteurs, l’air choqué.
- Quoi ça ?
Bon. En plus d’avoir à faire à une illettrée exhibitionniste, Flame se trouvait en face d’une personne qui n’avait jamais vu de téléphone. Il ne se serait pas douté que certains endroits pouvaient encore être dépourvus de technologie. Même les habitants des villages les plus reculés du Johto en avaient, ou du moins connaissaient leur existence… Peu désireux de se faire arracher les oreilles si la demoiselle les attrapait, il retira en vitesse ses écouteurs et les rangea dans la poche de son sweat avec son téléphone. Curieux, il détailla la fille de son regard ambré.
- Tu viens d’où toi, exactement ?
Il avait parlé normalement, d’un débit rapide, et il douta après-coup que l’inconnue l’ait compris. Il ajouta, en montrant du doigt le caninos à ses pieds :
- Lui pas « Fuke ». Lui, Adagio. Moi, Flame, ajouta t-il en posant son doigt sur son torse. Il haussa un instant les sourcils avant de pointer la jeune fille. Et toi ?
D’où pouvait-elle bien venir ? Flame, de nature curieuse, avait déjà laissé de côté sa surprise ou son sarcasme du début et était bien déterminé à le découvrir. ₪ 2981 12289 0
La demoiselle recula vivement sa main devant le geste du garçon qui mettait ses écouteurs et son portable à l’abri. Elle pencha un peu sa tête, la bouche formant un “o” parfait d’étonnement, la main en l’air. Attardant son regard sur les vêtements du jeune homme, elle recula d’un pas et fronça ses fins sourcils clairs, retroussant son nez fin, essayant de déterminer ce qu’il pouvait bien porter. Tiens…. Et qu’avait-il sur le nez ? Sahara loucha, observant ce qui était en réalité, tout simplement des lunettes. Dans tous les cas, les premières paroles de son interlocuteur furent trop rapides pour la jeune fille qui prit un air ennuyé.
« Pas comprendre. »
Sahara échangea un petit regard avec Shen qui haussa ses épaules en argile, il n’avait pas non plus comprit grand-chose. A vrai dire il ne pigeait absolument rien de la langue de Lumiris et attendait toujours que sa chère amie traduise pour lui en Sanamään, cependant il voyait bien à l’air dubitatif de Sahara, qu’elle n’avait rien comprit non plus. Heureusement, la suite fut bien plus abordable et la sauvageonne eut un immense sourire, visiblement très heureuse de comprendre les propos du garçon.
« Moi Sssahara, enfant Sssolaman… Hmmm, moi être Sssanamään, élue ! » C’était un peu brouillon ? Dans tous les cas elle était plus satisfaite, c’était la toute première fois qu’elle parlait avec un étranger. « Lui Shen, ami. »
Elle pointa le petit Gringolem du doigt et il leva un bras, saluant d’une main le jeune homme puis le chien tigré à ses côtés. Finalement, la demoiselle souriante se mit à tourner autour du dénommé Flame, tirant un peu sur ses vêtements, toute curieuse de découvrir ce qu’il portait. C’était si étrange, à quoi servait ce genre de vêtements ? Sahara se retrouva devant lui et elle leva doucement une main, posant un doigt au milieu des lunettes du garçon.
« Quoi être ? » Elle eut un petit rire. « Toi… Bissare. » Ou plutôt, Bizarre. Mais on pouvait bien lui pardonner quelques défauts de prononciation, non ?
Wild but not shyft. sahara & adagio₪ Comme Flame s’en doutait, la fille n’avait pas compris un seul mot de sa première phrase au débit rapide, mais les présentations eurent l’air d’avoir plus de sens pour elle. Le jeune homme put comprendre, malgré un s un peu trop prononcé, que la jeune femme se nommait Sahara et son pokémon, Shen. Il eut plus de mal avec le reste ; il fronça les sourcils. Solaman ? Sanamaquoi ? Il échangea un regard avec Adagio et lu dans ses yeux la même incompréhension. Elle débarquait d’où, exactement ? Sahara souriait désormais et se mit à tourner autour de Flame, qui se contenta de la suivre du regard, amusé, n’osant bouger comme dans la crainte d’effrayer un animal sauvage. La fille semblait particulièrement intriguée par ses vêtements, ce qui n’était pas étonnant vu le peu qu’elle portait. Elle s’intéressa soudainement à ses lunettes aux vitres teintées, que Flame emportait souvent lors des jours ensoleillés afin de protéger ses yeux clairs.
- Quoi être ? Toi… bizarre, conclut-elle avec un petit rire.
Flame rit doucement. Elle était amusante au final, cette fille. Bizarre mais amusante. Restait juste à savoir de quelle planète elle venait. Il retira ses lunettes et les lui montra, expliquant en articulant lentement :
- « Ça » protéger… yeux… du soleil.
En même temps qu’il parlait, il pointa du doigt, tour à tour, ses yeux dorés à découvert puis le soleil. Il mit les lunettes devant les yeux de Sahara afin qu’elle puisse constater la teinture sombre des verres. Flame se garda bien pour autant de les lâcher : ces lunettes étaient de marque, ça lui avait quand même couté quelque chose et ce, même s’il était plutôt riche. Mais il supposait que ça n’était pas la peine d’expliquer le concept de « cher » à son interlocutrice. Mais à son tour de poser les questions. Il baissa son regard curieux vers la fille aux cheveux blancs et fit, d’une voix toujours claire et lente :
- Toi, d’où venir ? Quel endroit ?
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HRP:
Il ne faut pas se référer à mon avatar, l'image n'est pas totalement fiable car Flame n'a pas de lunettes x) en revanche ayant les yeux sensibles, ça lui arrive souvent de porter des lunettes de soleil :B
Sahara recula légèrement, fronçant ses sourcils quand Flame retira ses lunettes de son nez en lui expliquant à quoi cela servait. Elle suivit ses gestes avec attention et s’attarda un peu sur le soleil, l’observant de ses prunelles rubescentes.
« Pori… Pori, gentil ? Pourquoi protéger ? » Elle se faisait cette réflexion pour elle-même, l’air de tenter de réfléchir pourquoi les hommes d’ici voudraient se protéger les yeux du soleil, ou plutôt, de pori comme on disait dans sa langue.
Elle releva la tête et regarda donc à travers les lunettes, ses yeux s’écarquillèrent tandis que les commissures de ses lippes s’agrandissaient à nouveau. Pourquoi voyait-elle aussi sombrement, soudainement ? Riant légèrement, Sahara passa une main de l’autre côté des lunettes, s’amusant de cette étrange fonctionnalité. C’était un artefact magique ? Une diablerie de ces terres inconnues ? Mais pourquoi les hommes ici cherchaient à voir plus sombre ? Sahara haussa ses épaules et plongea son regard dans celui de Flame quand celui-ci se penchait un peu vers elle.
« Désssert… » Tenta t-elle sans pouvoir se dépêtrer de son accent, elle appuya son mot en se retournant un peu pour montrer au loin, les prémices du désert ardent. Elle fit quelques pas dans cette-direction, sa cape-carte flottant un peu sous ses mouvements tandis qu’elle s’enthousiasmait. « Moi, Sssanamään, désssert ! »
Elle se frappa le torse deux fois, pointant ensuite à nouveau le désert en souriant largement. Son regard passa plusieurs fois de l’horizon à Flame avant qu’elle ne le fixe sur ce-dernier.
« Sssanamään, tribu désssert ! »
Renchérit-elle, essayant de détailler un peu ses paroles pour faire en sorte qu’il comprenne un peu mieux. Elle se mordit la lèvre inférieure puis se rapprocha du jeune homme, croisant ses bras et l’observant d’un air taquin.
Wild but not shyft. sahara & adagio₪ L’utilité des lunettes de soleil sembla échapper à Sahara, même lorsqu’elle découvrit la teinture des verres. Elle devait être habituée au soleil, comme le laissait d’ailleurs deviner sa peau sombre. Au moins, elle semblait parfaitement comprendre ce que Flame lui disait, chose qui rassura ce dernier. Il n’avait pas trop l’habitude de communiquer avec des signes alors si la jeune fille connaissait la base du vocabulaire de sa langue, il allait pouvoir se débrouiller avec ça. Elle avait un fort accent et une prononciation du s digne d’un sévipère, mais ce n’était déjà pas si mal pour quelqu’un qui semblait venir de nulle part. L’adolescente montra un point au loin, plus au sud.
- Désssert… Moi, Sssanamään, désssert !
Désert ?! Flame n’en connaissait qu’un ici, à Lumiris. Le Désert Ardent. Il savait en effet, pour avoir étudié la carte de la région en large et en travers lorsqu’il était étudiant, qu’une centaine d’individus vivaient dans ce désert, rassemblés dans un village nommé… Heresis, ou quelque chose comme ça. Il y avait brièvement songé en voyant Sahara ; la couleur de sa peau et son ignorance des objets les plus communs pouvaient se rapporter à Heresis –non, Herisis. Ces gens-là vivaient bizarrement, reclus de la société et du monde moderne. Mais même ce peuple parlait la langue universelle. D’où venait Sahara ? D’un village plus lointain encore, ignoré de tous et oublié des cartographes ? « Sssanamään » ne lui disait rien non plus. Sans doute son nom de famille ou le nom de son village. Il s’apprêtait à lui poser la question lorsque la jeune fille ajouta :
- Sssanamään, tribu désssert !
Ah. Tout s’expliquait. Quelle était l’exacte différence entre un village et une tribu ? Les villages avaient rarement leur propre dialecte, songea Flame. Un village, c’était souvent paumé, mais noté sur les cartes. Une tribu… si elle était petite, son existence était bien souvent inconnue. Le brun se contenta d’hausser les épaules pour communiquer son ignorance.
- Moi pas connaître Sanama… euh, namamään.
Elle venait donc du désert. Drôle d’endroit pour grandir, si hostile, si chaud. Cette gamine n’avait jamais connu le confort d’une maison ; c’était une idée si étrange pour Flame.
- Toi ? Tribu de toi ?
Elle s’était rapproché davantage et considérait Flame d’un air taquin. Ce dernier appréciait l’expression malicieuse de ses yeux, des yeux d’une couleur proche des siens mais plus chaude encore ; cela lui changeait de l’air coincé, hagard ou trop sérieux d’une grande partie des citadins. Oui, finalement, il l’aimait bien, cette drôle de fille du désert.
- Moi ? Pas tribu. Ici, il désigna la direction opposée à celle du désert puis engloba le monde d’un geste de la main, chez nous, pas de tribu. Tribu seulement dans le désert.
Comment définir son mode de vie en quelques mots simples ? Comment décrire la ville à quelqu’un qui ne connaissait ni les gratte-ciel, ni les magasins, ni même le béton et l’asphalte ? Son téléphone. Le petit objet plat avait des chances de susciter une nouvelle vague de questionnement chez Sahara, mais tant pis ; Flame n’était pas pressé. Il pianota un instant sur l’écran, consulta sa galerie et tomba enfin sur une photo de la ville. Un bout de route, un coin de rue, les immeubles au loin ; c’était suffisant. Un groupe de personne traversant la route figurait même sur la photo et présentaient une échelle en vraie grandeur, entre la taille d’un homme et celle des colonnes de bétons tout autour. Il tourna le téléphone vers Sahara pour lui montrer l’image. De crainte d’utiliser des mots compliqués, il prit son temps pour articuler lentement.
- Ça, « ville ». Comme une tribu, mais en beaucoup plus grand. Très très grand. Il pointa du doigt la direction opposée à celle du désert, semblant désigner un endroit lointain, bien qu’en réalité il n’ait aucune idée d’où se trouvait la ville. Peu importait, c’était pour illustrer. - Loin d’ici. Je vis là-bas.
Il glissa un coup d’œil discret vers la carte que portait la fille. Il pouvait toujours lui montrer où se situaient la ville et le désert. Savait-elle seulement ce que ces dessins signifiaient ? ₪ 2981 12289 0
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