S’il y avait une chose que son appartement à Nemerya ne lui permettait pas, c’était de laisser ses Pokémons en liberté car certains, comme son Métalosse et son Dracolosse, étaient bien trop massif pour être laissé à l’intérieur. C’est pour cela que, lorsqu’il en avait l’occasion, le Pulsar quittait la ville et s’éloignait vers des endroits moins peuplés où il pouvait faire sortir ses compagnons et les laisser se balader à leur guise.

Aujourd’hui était un de ces jours où il n’avait rien à faire et par conséquent, il avait décidé de se rendre du côté de la route 9, pas très loin de Kishika, pour passer un peu de temps avec ses Pokémons. C’était un coin un peu paumé, il était certain de ne déranger personne.  Il en avait même profité pour s’entraîner avec eux. Maintenant qu’il était Champion d’arène, il ne pouvait pas se permettre de se la couler douce. Il avait une réputation à se bâtir et hors de question de donner une première impression négative aux dresseurs de Lumiris. Il avait par conséquent redoublé d’effort pour maintenir ses compagnons en forme. Il avait donc mis l’accent sur certains de ses Pokémons psy pendant que les autres, moins sollicités, étaient libres de se balader dans les environs.

« Ca suffit. On s’arrête là. »

Les heures avaient défilé à toute vitesse et la montre du Pulsar indiquait désormais seize heures. Il était temps de mettre un terme à cette session d’entraînement. Cthulhu et Chrom étaient épuisés après qu’il leur ait demandé de fournir autant d’efforts. Il rappela ceux-ci dans leur Pokéballs et laissa tranquille les autres, à savoir Krang, Levia, Mephisto et Charlie. Eux étaient encore en forme et leur dresseur les laissa profiter d’un peu de temps libre.

« Ne vous éloignez pas trop. » lâcha-t-il sur un ton paternel.

Suite à ces directives, il s’assit contre un arbre non loin et surveilla sa petite troupe. Ils n’étaient pas du genre à faire des bêtises mais ce n’était jamais une mauvaise chose de garder un œil sur eux. Seul Kranf, son Métalosse, demeura à ses côtés où il s’installa et ne fit plus un bruit. Malgré le fait qu’il soit une grosse brique d’une demi-tonne, on pourrait presque oublier son existence quand il restait immobile comme il le faisait actuellement.

Assis en tailleur, Auguste regardait distraitement les nouvelles depuis son téléphone et suivait également ce qu’il se passait sur les réseaux sociaux. Il ne s’y déroulait pas grand-chose d’intéressant et le Pulsar se contenta de prendre une photo de Krang avant de glisser de nouveau son portable dans sa poche. Après avoir passé tout ce temps dans le nord, il lui était agréable d’avoir droit à un temps aussi doux. Loin de faire chaud, les températures étaient néanmoins très supportables et avec une veste, il faisait même bon.

Ainsi installé, le Ranger profita du confort offert par sa position. Ces derniers jours avaient été des plus éprouvants. Lui aussi était épuisé et la fatigue ne tarda pas à le rattraper. Sous le regard protecteur de son Métalosse, Auguste s’assoupit pour une sieste imprévue au milieu de nulle part.

Vaguement dérangé par quelque chose lui frôlant le crâne, Auguste pencha la tête sur le côté dans une vaine tentative de s’en débarrasser. Peut-être était-ce une feuille, auquel cas elle était désormais tombée le calme revenait. Il ne s’écoula pourtant pas plus de cinq secondes avant que cette sensation ne revienne. A mesure qu’il s’éveillait il avait de plus en plus l’impression que quelque chose se débattait dans ses cheveux. Un insecte ? Possible. Toujours sans ouvrir les yeux, le Pulsar leva la main pour aller déloger l’importun de là où il était. Il tressaillit en refermant le doigt sur quelque chose de froid, au toucher semblable à de la peau. A n’en point douter, il s’agissait d’une autre main et aux dernières nouvelles, ce n’était pas la sienne.

Ni une ni deux, il saisit le poignet étranger et fit basculer son propriétaire en avant, de sorte qu’il tombe face à lui et puisse voir qui était ce délinquant capillaire. Une réaction qui pouvait sembler bien inhabituelle pour une personne douce comme Auguste mais il ne fallait pas oublier qu’il venait de se réveiller et que dans ces conditions, il vivait cela comme une infraction de son espace personnel.

« Que… ? »

Il avait posé ses yeux pas encore tout à fait ouvert sur la bête l’ayant agressé. Une femme. Jeune, peut-être une adolescente ou alors une adulte qui faisait moins que son âge. Elle avait des airs de ressemblance avec Marie, les deux ayant une peau chocolatée ainsi qu’une chevelure immaculée. Si la coordinatrice se comportait comme une sauvage, l’inconnue, elle, s’habillait comme telle.

« Ça vous prend souvent ? »

Le ton était doux malgré ce qu’il venait de se passer. S’il ne pensait pas avoir réagi de manière exagérée, il ne croyait pas non plus que la demoiselle pensait à mal. Elle jouait juste avec ses cheveux. Si la raison était inconnue au Ranger, il reconnaissait qu’elle n’avait pas essayé de lui faire du mal ou de s’en prendre à ses affaires, sans quoi Krang aurait déjà réagi. Le Métalosse était toujours installé à côté de son dresseur et suivait la scène avec intérêt. S’il n’avait pas bougé malgré l’arrivée de l’inconnue, c’est qu’il n’avait pas vu en elle un danger potentiel.

Toujours un peu méfiant, il lâcha le poignet de la sauvage où étaient à présent visibles les traces de ses doigts, l’ayant agrippée sans retenue lorsqu’il l’avait fait basculée. Il espérait ne pas lui avoir fait mal.

« Désolé. Vous m’avez pris par surprise. »

Il ne put continuer car son attention fut attirée par un grognement à quelques mètres de là. Cet endroit était décidément devenu bien animé ! A l’orée du bois se tenait un Kangourex, visiblement inquiet, dont le regard était posé sur une version miniature de lui-même – sans doute son petit. Celui-ci, emporté par sa curiosité, s’approchait du Métalosse. Il avait l’air intrigué par ce qu’il voyait et il ne semblait pas craindre le moins du monde les humains. C’était rare pour un Pokémon sauvage. Sa mère était davantage méfiante et le Pulsar comprit très vite que si quelqu’un ici avait la capacité d’être dangereux, c’était elle.

« Krang, lève-toi. »

Le Pokémon obéit sans discuter et se dressa sur ses pattes, surprenant le petit explorateur qui tomba sur son derrière. Il couina de stupéfaction et prit ses jambes à son cou pour retourner dans les jupes de sa mère. Cette dernière attrapa son enfant, le fourra dans sa poche ventrale et disparut dans les bois sans demander son reste, satisfaite que son petit n’ait rien eu. Avec tout ça, Auguste en avait oublié sa terroriste du cuir chevelu.

Si les premières phrases prononcées par l’inconnue avaient fait hausser un sourcil à Auguste, la suite confirma ses craintes. La personne face à lui ne semblait pas très à l’aise dans cette langue, preuve en était ses construction grammaticale bancale. Voilà qui ne faciliterait pas la communication entre eux. Elle semblait toutefois connaître certains mots, faire passer un message pouvait être possible. Il lui  faudrait pour cela utiliser des phrases simples et concises mais il souhaitait quand même essayer.

Les premiers mots n’avaient pas encore franchi ses lèvres que déjà, la délinquante capillaire s’était retournée et portait son attention sur quelque chose que ne voyait pas le Pulsar. N’ayant aucune idée de ce qu’était un « Rasska kifouli » si ce n’est que ça ressemblait à un gargouillement, il laissa sa curiosité prendre le pas et se leva afin de jeter un œil sur ce qui intéressait tant la jeune femme. Il s’agissait d’un petit Pokémon tout plat. Il avait l’air un peu ridicule. Auguste ne put s’empêcher de sourire.

« Un Limonde. »

Il s’était accroupi à côté de la créature et face à la demoiselle. C’était donc cela qu’elle appelait un « Rasska ». Elle baragouinait bien quelques mots dans la langue commune mais elle ne semblait pas connaître le nom de la bestiole pour autant. Ainsi, le Ranger pointa un index vers le Pokémon sauvage.

« Limonde. » déclara-t-il en détachant chaque syllabe avant de se pointer lui-même du doigt, « Auguste. »

Sa manière à lui d’indiquer son nom. Il s’assurait ainsi de ne pas se voir appelé Shakalaka ou un autre borborygme ayant la même consonance. Dans ce genre de situation, il n’était pas vraiment sûr de la manière dont il devait aborder la conversation avec cette étrangère. Il opta pour les présentations. Aussi, après avoir signifié comment lui et le Pokémon s’appelaient, il tendit son doigt vers la demoiselle.

« Et toi ? »

S’il le pouvait, Auguste lui poserait tout un tas de questions. Qu’est-ce qu’elle faisait là, toute seule, perdue au milieu de nulle part ? Pourquoi était-elle aussi légèrement vêtue alors que les températures étaient loin d’être adaptées pour cela ? Etait-ce une touriste égarée ?

« Qu’est-ce que tu fais ici ? » demanda-t-il finalement en articulant aussi clairement que possible.

Avec tout ceci, il n’avait même pas remarqué le Mystherbe un peu plus loin, ce dernier cherchant à attirer l’attention des deux humains. Son manège dura quelques secondes, puis, voyant que personne n’en avait rien à faire, il se découragea et retourna dans les bois d’où il venait. Actuellement, cette inconnue était infiniment plus intrigante qu’un Mystherbe.

« Limonde. » répéta-t-il cette fois sans séparer les syllabes.

A voir la difficulté avec laquelle elle avait prononcé cela la première fois, cette jeune femme ne devait connaître le nom de la bête que dans son dialecte. Rasska. Auguste admettait que cela sonnait bien et sous cette dénomination, il était impossible d’imagine qu’un être aussi… plat se cachait. Elle avait une façon bien à elle de parler et le Pulsar ne put s’empêcher de sourire lorsqu’il l’entendit prononcer son prénom. Il ne se moquait pas, bien loin de lui cette idée. Il trouvait juste cela amusant.

Elle lui confia s’appeler Sahara et fit même la présentation de son Gringolem – ou peu importe le nom de cette espèce dans sa langue natale. D’ailleurs, Shen était-il son surnom ou simplement le nom que portait cette race de Pokémon ? Le Ranger penchait pour la première solution mais il n’en mettrait pas sa main à couper pour autant.

La suite fut un peu plus confuse. Elle connaissait les rudiments dans la langue commune mais sa manière de former des phrases était pour le moins hasardeuse et cela ne facilitait pas la compréhension. Auguste dut se répéter mentalement sa phrase pour tout comprendre. S’il avait bien saisi, elle venait d’une tribu appelée Sanamään et elle était chargée de trouver des élus. Cette histoire d’élus ne manqua pas de surprendre le garçon, qui leva un sourcil tant il était étonné. Elle n’utilisait peut-être pas le bon terme, vu ses lacunes dans la langue utilisée, et cet élu n’était sans doute pas à prendre dans le sens de « Messie ». C’était drôle, quand même, elle donnait ainsi l’impression de mener une quête divine.

« Kifouli, Limonde ? » demanda-t-il, peu convaincu, « Il te plait ? »

Les goûts et les couleurs… Il ne jugeait pas les préférences de Sahara. Après tout, lui-même avait certains Pokémons considérés comme laids selon les standards habituels et pourtant, à ses yeux, c’étaient de superbes compagnons. Puisqu’elle ne semblait pas équipée pour capturer un Pokémon selon les moyens traditionnels, Auguste lui tendit une Pokéball afin qu’elle marque ce Limonde comme étant le sien. Si la bestiole lui plaisait, elle n’avait pas à se gêner.

« Prends-le avec toi, alors. »

Le regard qu’elle lui lança à ce moment-là fit craindre à Auguste qu’elle ne sache pas ce qu’était une Pokéball et encore moins comment s’en servir. Il existait encore des gens à cette époque n’ayant jamais rencontré un tel objet ? Il lui fallut quelques secondes pour réaliser et au final, venant de quelqu’un se présentant en parlant de sa tribu, cela n’était guère étonnant. De quel trou perdu pouvait-elle bien venir… ? S’il en jugeait par sa tenue bien trop légère pour l’hiver et sa peau halée, il aurait misé sur le désert. Jusqu’à présent, il avait toujours supposé l’intégralité de la population de Lumiris « civilisée » mais il avait visiblement tort.

« Comme ça. »

Il venait d’appuyer sa propre Pokéball contre l’énorme Métalosse afin de le rappeler à l’intérieur. La barrière de la langue entravant des discussions complexes entre eux, Auguste avait décidé de lui explique en lui montrant l’exemple pour ensuite l’inviter à faire de même avec la sphère métallique qu’elle tenait toujours en main. C’était sans doute la façon de procéder la plus simple s’il voulait s’assurer d’être compris et maintenant que la démonstration était faite, il attendait de voir Sahara capturer son Rasska Kifouli.

Le visage de Sahara adopta tout un tas d’expression, passant de la curiosité au désespoir. Son interlocuteur avait du mal à croire qu’une Pokéball pouvait même quelqu’un dans un tel était mais en prenant un peu de recul, il saisissait les raisons de telles réactions. Croyait-elle son Limonde disparu à tout jamais. De ce point de vue-là, il venait de commettre un suicide puisqu’il s’était lui-même enfermé dans la Pokéball. L’idée fit sourire Auguste, à la fois étonné et attendri par la jeune femme.

« Du calme, il est dedans. » lâcha-t-il afin de la calmer.

Elle, elle essayait d’ouvrir la sphère métallique en tirant dessus telle une forcenée. Heureusement que ces engins étaient solides… Le Pulsar ne s’en mêla pas tout de suite. Il préférait attendre qu’elle trouve seule la solution à son problème. N’était-ce pas la meilleure manière d’apprendre ? Le Limonde tout juste capturé ne lui en laissa cependant pas le temps puisqu’il sortit seul, sans que ne l’ait ordonné sa dresseuse. Hm. Il prenait déjà de mauvaises habitudes. Auguste interdisait cela à ses Pokémons. Il était préférable de les voir attendre bien sagement jusqu’à ce qu’il ait besoin d’eux.

Sahara releva la tête vers lui. Elle paraissait confuse et le confirma en lui demandant à quoi servait cet appareil. Le Pulsar eut un sourire paternel tandis qu’il cherchait les mots pour lui expliquer le plus simplement possible.

« C’est une Pokéball. » commença-t-il, « Ça sert à transporter tes Pokémons partout avec toi. »

Il releva un pan de sa veste pour mettre en évidence les cinq Pokéballs accrochées à sa ceinture – six en comptant celle de Krang qu’il avait en main. Parmi elles, seules trois contenaient un Pokémon. Oui, Auguste se souvint qu’il avait laissé ses compagnons se balader dans les environs. Il leur avait commandé de ne pas trop s’éloigner et vu à quel point ils étaient obéissants, le Champion ne douta pas une seconde qu’ils soient dans les parages. Il porte dès lors deux doigts à sa bouche et siffla le plus fort possible. Un premier cri lui répondit, puis un deuxième et enfin un troisième. Une trentaine de secondes plus tard, Charlie, Mephisto et Levia étaient tous les trois revenus auprès de leur dresseur.

« Vous voilà. Allez, revenez. »

Il les fit rentrer à tour de rôle dans leur Pokéball. Là où se tenaient les imposants Pokémons qu’étaient un Braségali, un Laggron et un Dracolosse, il ne restait plus rien. Comme s’ils ne s’étaient jamais trouvés là. L’homme replaça chaque Pokéball à sa ceinture avant de se retourner vers Sahara.

« Tu vois, j’en ai six et je peux les emmener partout. C’est pratique pour les grands Pokémons. » conclut-il avant de pointé le Gringolem du doigt, « Si Shen évolue, il sera énorme. Le mettre dans un Pokéball pourrait être une bonne idée. »

Il avait encore une fois parlé très lentement et une fois sa phrase finie, il se rendit compte qu’il avait tendance à beaucoup utiliser ses mains pour communiquer avec la demoiselle au teint hâlé. Que ce soit pour indiquer le nombre six, montrer une Pokéball ou mimer le terme « énorme », il faisait de son mieux pour qu’elle le comprenne.

« Rassk- Enfin, Limonde. Comment vas-tu l’appeler ? »

Il avait demandé cela en s’approchant de Sahara jusqu’à s’accroupir de nouveau à ses côtés. Très délicatement, il lui prit le poignet et l’amena à lever la main dans laquelle elle tenait sa Pokéball. De sa main libre, il réajusta la prise de la jeune femme sur la sphère métallique jusqu’à être satisfait de la manière dont elle la tenait.

« Voilà. Comme ça. Tiens-la fermement. En la pointant vers Limonde, tu peux le faire rentrer à l’intérieur. Pareil pour le faire sortir, mais tu la pointes vers le sol. »

Auguste pinça les lèvres tant il avait du mal à se retenir de rire. Elle avait décidé d’appeler son Limonde Saa, nom censé signifier « Esprit Protecteur » dans son dialecte. Imaginer un tel Pokémon comme une entité gardienne prêtait à sourire. C’était très drôle. La plupart des gens ne baisseraient même pas les yeux s’ils venaient à croiser un Limonde et pourtant, il semblait être un trésor aux yeux de Sahara. Il fallait dire qu’avec son apparence particulière et son physique peu adapté au combat, il ne trouvait pas grâce auprès de beaucoup de dresseurs. Tant mieux s’il s’était trouvé une dresseuse prête à l’aimer envers et contre tout.

Guidée par le Pulsar, Sahara parvint à faire de nouveau entrer Saa dans la Pokéball. Bien qu’elle ait déjà assisté à ce phénomène, elle n’en demeura pas moins surprise de voir le Pokémon disparaître sous ses yeux pour être aspiré dans la sphère qu’elle tenait en main, au point d’en tomber sur les fesses. Lui qui avait toujours connu et utilisé des Pokéballs, voir des telles réactions le divertissait plus qu’il ne l’admettrait jamais.

« Tu t’y feras. Tu en veux une pour Shen aussi ? »

Tant qu’ils y étaient, autant lui proposer de faire les choses à fond. Elle-même savait qu’une fois évolué, il deviendrait gigantesque au point de ne plus pouvoir aller partout. On ne pouvait pas se trimballer avec un Golemastoc comme on le ferait avec un Pikachu. Vu la taille de ses Pokémons, Auguste n’avait pas d’autres choix que de les garder la plupart du temps dans leur Pokéball. Son appartement serait un Capharnaüm sans nom s’il les laissait s’y balader Librement. Son plancher ne tiendrait probablement pas la demi-tonne que pesait son Métalosse…

« Je vais te montrer comment on s’en sert avec les Pokémons sauvages. » dit-il en tapotant sur l’épaule de Sahara pour attirer son attention.

Il pointa alors son doigt vers un arbre non loin d’eux. Si la jeune femme faisait suffisamment attention, elle pouvait y remarquer un Venipatte remontant le long du tronc, à la recherche d’un coin un peu plus tranquille. Le Pulsar trouvait cette espèce de Pokémon beaucoup trop adorable même s’il s’agissait d’insectes venimeux. En capturer un serait un bon exemple à montrer à Sahara, elle comprendrait ainsi que c’était là une manière simple et efficace d’obtenir un nouveau Pokémon.

« Regarde. » lâcha-t-il en se remettant debout, « Il te suffit de la lui lancer dessus. »

Joignant les actes à sa parole, le Champion visa le petit Pokémon avec une Pokéball. Celle-ci, lancée avec précision, rebondit sur son dos et le happa dans la seconde qui suivit. Satisfait de son lancer, Auguste envisagea une carrière dans le baseball avant de se souvenir qu’il n’avait aucun attrait pour cette discipline. Bref. Ce n’était pas important, seul comptait le Venipatte.

« Ça ne réussit pas à chaque fois. »

Il espérait néanmoins que ce soit le cas. Rien de mieux qu’une réussite du premier coup pour montrer l’exemple à sa jeune apprentie.

Telle une enfant bien sage, Sahara avai souligné qu’elle regarderait la démonstration avec attention. Tant mieux car après tout, c’était pour elle qu’il se donnait la peine de montrer l’exemple. Lui, il savait attraper des Pokémons depuis des années, pas elle. Suivre les instructions du Ranger était dans l’intérêt de la jeune femme.

Un Venipatte sauvage avait été désigné pour ce petit exercice. Il n’avait pas l’air bien agressif, en dépit de son apparence incitant à la précaution. Il était toujours avisé de faire preuve de prudence lorsqu’on manipulait ce genre de Pokémon car leur venin était dangereux. Par conséquent, Auguste se tenait prêt. Si jamais la capture échouait et que l’insecte décidait de ne pas se laisser faire, l’homme avait un Pokémon à portée de main. Prudence est mère de sureté, disait-on.

Les craintes du Pulsar n’eurent heureusement jamais le temps de se réaliser car une fois le Venipatte touché par la Pokéball, cette dernière retomba au sol où elle remua quelques secondes avant de s’immobiliser. Le Pokémon ne s’en libèrerait pas. Les lèvres du Champion s’étirèrent en un joyeux sourire tandis qu’il avançait pour récupérer la sphère métallique. Une fois en main, il la tendit vers Sahara pour lui montrer le résultat.

« Réussi ! Eheh, du premier coup ! » annonça-t-il, fier comme un Bekipan, « Tu as suivi ? Ça te permet d’attraper plein de Pokémons, beaucoup plus facilement que si tu n’avais pas de Pokéballs. Je te conseille d’apprendre à t’en servir si tu comptes prendre d’autres compagnons. »

Il n’osait même pas imaginer la galère que ce devait être avant que les gens ne se mettent à en utiliser. Heureusement qu’ils avaient accès à ces petits gadgets qui, il fallait bien l’avouer, rendait la vie des dresseurs plus aisée. La jeune femme avait l’air d’avoir saisi le principe mais il n’était pas certain qu’elle change ses habitudes et se mette à faire usage des Pokéballs. Enfin, ça, ça ne le regardait plus.

« Et donc, tes Kaefra, tes élus, là… Tu les cherches depuis longtemps ? Je crois que tu ne trouveras personne ici. Les gens n’habitent pas dans les bois. »

Auguste avait l’impression d’avoir prononcé une phrase très bête. Evidemment que les gens ne vivaient pas dans les bois mais si Sahara se trouvait ici, elle ne le savait peut-être pas. Cela paraissait invraisemblable au Ranger mais bon, était-ce vraiment étonnant de la part de quelqu’un n’ayant jamais vu une Pokéball de sa vie ?

« Ils ressemblent à quoi ? Enfin, qu’est-ce qu’ils font, ces élus ? »

Trouver des élus devait sans doute être une tradition de sa tribu. A quelles fins ? Auguste ne pouvait qu’émettre des suppositions mais il pensait que ce devait être une espèce de rituel de passage à l’âge adulte. Il avait vu cela dans différents récits et films. Puis, Sahara avait l’air d’être en fin d’adolescence, ça collait.