Comme prévu, la belle est sortie avant Lionel de l’hôpital, et le temps lui a paru incroyablement long. La solitude le pesait horriblement alors même que les aides soignantes et sa famille passaient régulièrement le voir. Et les repas déjà pas bien appétissants lui ont semblé plus infecte que jamais.

Mais aujourd’hui, c’est le grand jour, le lion est libre. Les points de sutures en moins et la perspective délicieuse de partager un repas avec Ekaterina lui donnent une pêche d’enfer. D’ailleurs, il s’est sans doute un peu emporté en sortant sa tenue casuelle préférée. Un jean sombre, un t-shirt blanc, une veste en cuire noir et des boots. Pour compléter le look, ses longues dreads sont nouées en un chignon brouillon dont quelques mèches s'échappent pour encadrer son visage. Malgré le style décontracté, il s’est bel et bien cassé la tête pour savoir si tout était en ordre, au point de s’en dépiter lui-même.

Le brun discute avec le docteur des soins et autre recommandations d’usage quand son visage s’illumine. Elle est là ! Sans attendre, il s’excuse auprès du spécialiste et trotte vers la scientifique qui est..Ouah ! Bien entendu, un large sourire et le regard pétillant accueille sa partenaire de galère.

-Salut ! Tu es délicieuse ! Enfin..Je veux dire, ça me semble délicieux ! Tu es quand même ravissante ! Hm..On y va ?

Mentalement, le Jefferson s’insulte. C’est quoi ce comportement d’adolescent qui s’emmêle les pinceaux ?! Il prend une longue inspiration pour se calmer avant de lancer un sourire en coin à l’intention de sa compagne, lui tendant même le bras pour qu’elle le prenne.

-Excuse moi, je suis peut-être un peu trop heureux de sortir. J’ai hâte de voir ce qu’ils ont au menu, et passer un peu de temps en ta compagnie. On a pas beaucoup parlé de nous, ça serait peut-être l’occasion de le faire ?

Pourvu qu’il ne soit pas trop lourd, mais la violette l’intrigue. Elle semble toujours vouloir paraître froide et distante, mais ya quelque chose de brûlant sous la carapace..Un peu comme l’Islande, figée à la surface, mais tumultueuse en dessous.

La réponse de la belle a le don de soulager le dreadeux dont les lèvres s’étire un peu plus. Et sa main posée sur son bras pour le trajet -bien trop court à son goût- le fait discrètement frissonner. Ya pas à dire, quelque chose de chimique et très fort se passe entre eux. Les hormones sont connues pour rendre les gens fous après tout. Mais Lionel sent que c’est un peu plus que ça, il ne veut pas juste découvrir chaque centimètre de sa peau, enregistrer le son de sa voix quand elle se laisse pleinement aller non. Il veut aussi graver le moindre de ses sourires, découvrir chacune de ses facettes, garder ses rires comme un trésor précieux. C’est sans doute pour ça qu’il est aussi maladroit. D’habitude c’est une attirance modérée, beaucoup d’hormones, très peu de discussion, et encore moins de vêtements.

En chemin ils discutent quand même brièvement, le brun lui dit que c’était horriblement long sans sa partenaire de galère, que la nourriture lui avait même semblé encore plus écoeurante. Le tout en imitant l’aide soignante gênée qui était venue lui présenter ses excuses personnellement, et accessoirement lui demander si il était libre à la sortie. Mais que maintenant, il se sent mieux, les plaies se sont bien refermées même si les cicatrices nouvelles sont fragiles et encore gonflées pour le moment. Et surtout, que pour rien au monde il aurait voulu fêter cette liberté nouvelle avec quelqu’un d’autre.

Une fois installés à une table particulièrement bien placée, à l’écart sans pour autant être collée au mur ou autres décorations. Lionel demande à Ekaterina ce qu’elle souhaite boire avant de commander lui aussi quelque chose pour se désaltérer. Allez savoir pourquoi, mais sa gorge est aussi sèche que le désert d’Hérésis. Il prend donc le temps d’observer les alentours, une ambiance assez chic, mais chaleureuse. Les serveurs semblent aussi à l'affût du moindre geste de la part d’un client, et aussi très aimables. Nul doute que les pourboires sont bons ici. Finalement, son regard ambré se pose dans celui mordoré de sa compagne. Arceus doit l’avoir béni pour lui permettre de respirer le même air qu’une femme aussi exceptionnel.

-Que me conseilles tu ? Tout m’a l’air divinement bon ici.

Quand ils ont tous les deux décidé ce qu’ils souhaitaient manger, le Jefferson s’approche un peu malgré la table qui les sépare. Le temps que les plats arrivent, il compte bien en apprendre plus sur la délicieuse femme face à lui.

-Alors, tu fais quoi dans la vie ? A part traquer les méchants dans une robe de soirée j’entends.

Son regard pétille d’une certaine malice, l’idée d’imaginer la scientifique en tenue moulante pour combattre le crime, bien que particulièrement plaisante, ne colle pas vraiment avec l’image qu’il se fait d’elle. Remarque, à ses yeux, la déshonorer est sans doute un crime passible de mort, ça serait déjà plus probable. Cette conclusion accentue son air amusé, bizarrement, Lionel ne peut pas l’imaginer comme méchante ou comme gentille, il la voit plutôt comme un personnage neutre, agissant selon la situation et ses envies.