Les sbires qui venaient d'arriver semblaient être des admins, ou du moins, des gens haut gradés. Pas des sbires nuls, quoi. Je souris. Enfin un peu de challenge.
« On te laisse la chance de te rendre. » « Ahah. Vous êtes trop gentils. Kheops ? »
Le Golemastoc me regarde.
« Utilise Séisme. » « Golemastoc ! »
Je sais que je risque de faire beaucoup de dégâts, même au bâtiment, mais c'est ce que je peux faire de mieux. Il y a désormais des Démolosses et des Arbok dans les parages, je ne peux pas me permettre d'effrayer encore plus mon Pokémon qui ne supportent pas les Démolosses. Déjà qu'il ne se sent pas à l'aise...
« Mais tu es folle ? » « Oui. »
Pourtant, ils ne se défilent pas. Alors j'enclenche le mécanisme d'auto-destruction. Kheops lance sa capacité Séisme sur les Pokémons adverses et comme c'est super efficace, la plupart d'entre eux sont K.O., mais pas tous. Du coup, je demande à mon Pokémon de faire Trépignement pour les finir. Kheops se gonfle, déterminé à vaincre ses adversaires tout en affrontant sa peur. Mais c'était l'attaque de trop.
Mes pieds tremblent. Le Nord du repère va bientôt s'effondrer, je le sens. Je pense que j'ai sous-estimé la puissance de mon Golemastoc. En même temps, vu son caractère, on pourrait croire qu'il soit doux comme un Wattouat. Mais il est fort. Un peu trop fort.
L'homme en face de moi n'était autre que mon père. La personne que je hais sans doute le plus au monde, tant elle m'a fait souffrir depuis que je suis jeune.
Tu n'as aucun droit de m'appeler ainsi.
Je fixai cet homme, le regard remplit de haine. Je n'avais qu'une seule envie : lui casser sa sale gueule.
C'est toi qui m'as envoyé ce foutu message. Pourquoi ?!
J'avais besoin de te revoir. J'ai appris que tu étais toujours en vie. Quel père ne s'en ferait pas pour son fils, après tout ?
Se faire du souci pour moi ? Il se fout de la gueule du monde, ma parole. C'est à cause de lui que je n'ai jamais connu ma mère. À cause de lui que j'ai été contraint de mener une vie au sein de la Team Plasma. J'ai perdu près de vingt et une années de ma chienne de vie. Et là, je repense à l'écriteau sur la porte de ce box.
Tu dois être content : on t'a offert mon box après ma mort. Et n'essaie pas de me faire croire que tu te soucies de moi. Tu ne l'as jamais fait en vingt et un ans. Alors pourquoi m'envoyer ce message ? POURQUOI MAINTENANT ?!
… J'imagine que j'espérais pouvoir rattraper le temps perdu et me faire pardonner.
C'en était trop. J'étais désormais hors de moi. J'allais m'approcher de mon père quand, tout à coup, le sol se mit à trembler. Cela devait être Aria et son Golemastoc. La secousse fut si puissante que le repaire menaçait maintenant de tomber en ruines.
J'agrippai l'homme en face de moi par le col et lui colla un énorme coup de tête dans le nez, qui se cassa aussitôt. Il se tordait maintenant de douleur au sol.
La Maison va être détruite. Tu seras certainement enseveli sous les décombres. Ça ne devrait pas trop te poser de problèmes, à toi qui a passé ta vie dans ce trou à rats.
En même temps que je faisais mes "adieux" à mon père, j'écrivais un texto à Aria :
Sortez vite. Rdv dehors.
Je regardai une dernière fois mon père recroquevillé par terre. Seifer et Ticlik commençaient à s'affoler derrière moi et me disaient de me dépêcher. Je tournai les talons sur cet homme que je haïssais et, sans me retourner, refermai la porte du box.
Je ne sais pas comment je vais faire pour déverrouiller la porte avant que l'établissement ne s'effondre. Il faudrait que je sorte immédiatement, mais je ne peux pas laisser Shinzo en arrière non plus. Que faire ?
Au même moment, mon téléphone vibre. C'est lui justement, il nous donne rendez-vous dehors. Je suppose qu'il y a une sortie, là où il est. Tant mieux, du coup je me casse d'ici.
« Kheops, utilise Dynamopoing. Pas le temps de faire le tour. »
Il fracasse donc le mur derrière lequel il y a la sortie de secours. Je l'avais remarqué en passant par ici, mais je ne pensais pas qu'elle allait m'être utile.
Je me retrouve donc dehors après que mon Golemastoc m'ait rapidement pris dans ses bras pour me porter à toute vitesse à l'extérieur. Alma nous a suivi sans problème, mais je ne vois toujours pas Shinzo. Alors je le cherche, je l'appelle, et après plusieurs minutes, je le retrouve. Je suppose qu'il a eu plus de mal que moi à sortir, mais au moins, il est sain et sauf.
« Tu n'as rien.. ? » Ma voix est inquiète, mais mon visage reste impassible. « Je suis désolée pour... ce ravage. Ce n'était pas prévu. Tu as pu trouver ce que tu voulais ? »
Je lui fais signe, par la même occasion, de me suivre. Nous devons trouver un endroit dans lequel nous ne serons pas à découvert, qui sait quel genre de personne rôde autour du repère de la Team Plasma. Je ne veux pas prendre de risque.
Je culpabilise un peu, je ne comptais pas non plus détruire une partie du bâtiment. Même si au fond, ils le méritent.
Bizarrement, je n'avais aucun remord de laisser mon père derrière moi alors qu'il était voué à une mort certaine. J'éprouvais en revanche un certain regret à voir toute ma vie tomber en ruines sous mes yeux. La nostalgie, sans doute.
Mes Pokémon et moi courions vers le fond du dortoir des gradés. Peu de personnes le savaient, mais il existait une ancienne sortie de secours ici. À l'aide de Seifer, nous avons abattu un mur qui donnait justement vers ce passage. Il était encore plus étroit que l'entrée principal. Pour gagner du temps, je rappelai mes Pokémon dans leurs Pokéball. La sortie était en haut d'une échelle.
J'étais enfin sorti de cet enfer. Quelques mètres plus loin se trouvaient Aria et ses Pokémon. Ils vinrent tous à ma rencontre. Ils avaient l'air d'aller bien.
Bof. Hormis quelques égratignures et tout un pan de ma vie détruit, je n'ai rien.
Quoi que j'en dise, la Team Plasma faisait quand même partie de moi. J'avais beau les haïr, eux et leurs idées, j'ai vécu à leur côté durant de nombreuses années. Ça me faisait drôle de me dire que maintenant j'allais enfin pouvoir tirer un trait définitif sur tout ça.
Hm. Pauvre Shinzo. Ce voyage est plus... intense que prévu. De base, nous voulions simplement flanquer une raclée aux sbires pour qu'ils laissent Shinzo tranquille et au final on se retrouve avec un bâtiment dans un piteux état, et un père un peu con sur les bords qui a menti à son fils pour je ne sais quelle raison. Ça ne me regarde pas, de toute façon, mais si ce dernier se trouve encore à l'intérieur du repère, il a peu de chance de s'en sortir. Je retiens que Shinzo n'a pas tenté de lui sauver la vie.
« Et bien, ça nous fait un point en commun maintenant. » Je réalise que je réfléchis à voix haute, puis je secoue la tête. « Hm. Oublie ça, partons d'ici. »
Je suppose que Shinzo connaît un moyen plus rapide que la route pour rejoindre le port. Ceci dit, je compte bien passer la nuit à Unys. Il se fait tard, et j'ai besoin de me reposer après tout ça. Shinzo aussi, certainement.
« ... Est-ce que ça va aller ? »
Je ne sais pas trop quoi lui dire. Je ne sais même pas s'il considère que son objectif soit atteint. Je ne sais pas quel était son objectif, en fait. J'ai appris beaucoup trop de choses en une seule journée, ça me fait bizarre.
Un point en commun, a-t-elle dit ? Elle aussi aurait laissé son père mourir ? Ou l'aurait-elle simplement tué ? Quelle importance. Ça ne me regarde pas, après tout. Dans l'immédiat, il fallait qu'on file d'ici. Et vite.
On peut passer la nuit à Unys, si tu le souhaites. Je connais un endroit où l'on sera tranquille.
J'ai préféré ne pas répondre à la question d'Aria. Parce que moi-même je ne savais pas vraiment comment j'allais exactement. Je me suis juste contenté d'acquiescer de la tête avant de lui emboiter le pas. Il se faisait tard. Il ne fallait pas trainer si l'on voulait atteindre la planque avant la tombée de la nuit.
Avant que tu ne poses la question : il s'agit d'une ancienne planque que j'avais fait construire pour les jours où je ne voulais pas rester au repaire de la Team Plasma.
Nous quittions donc la forêt direction la montagne. L'entrée était située sur un sentier rocailleux à plus ou moins mi-chemin du pic.
Shinzo me dit qu'il a fait construire une planque dans une montagne et que nous pouvons y rester pour la nuit. ... J'aurais préféré dormir dans un lit douillet, mais je vais m'en contenter. Après tout, l'important c'est qu'on soit tranquille jusqu'au lendemain matin pour pouvoir repartir à Lumiris sereinement.
Nous arrivons finalement à sa fameuse cachette secrète. Je m'attendais à pire, honnêtement. Il s'ait d'une cabane assez grande pour nous accueillir tous les deux, ainsi que nos Pokémons. Bon... Peut-être pas Golemastoc, non plus.
« Merci pour tout, Kheops. » Le Pokémon hoche la tête en fermant les yeux pour démontrer sa joie. Je le fais ensuite rentrer dans sa pokéball. « Pour le coup, on ne risque pas de nous trouver ici. »
En effet, sa planque est bien... planquée. Nous entrons à l'intérieur, Alma observe les environs et je fais de même. Il y a de quoi vivre quelques jours ici, c'est déjà pas mal.
« J'espère que ma présence ne te dérange pas trop. »
Je crois que Shinzo a besoin d'être un peu seul pour le moment, ou peut-être pas, je n'en sais rien. Je n'arrive pas à savoir ce qu'il ressent. Enfin. Je serai là pour lui s'il le souhaite, mais dans le cas contraire, je pourrai me débrouiller pour trouver le chemin de la ville la plus proche.
La marche ne fut pas si longue que ça, en fin de compte. Je pense que c'était essentiellement dû au fait que j'étais perdu dans mes pensées. Beaucoup de choses se sont passées depuis hier et ma vie s'en est vue être chamboulée. Je me suis surpris à nous mener jusqu'à ma planque machinalement. Je ne réfléchissais pas du tout à où je marchais.
Il s'agissait d'une cabane en bois aux allures de refuge de haute montagne. Ce n'était pas un hôtel cinq étoiles, mais il y avait à l'intérieur le nécessaire pour vivre et y être à l'aise quelques jours. Nous pourrons nous reposer sans risque d'être emmerdés jusqu'au lendemain, ici. J'appelai Ticlik pour qu'il puisse nous rejoindre. Il alla dire coucou à Alma qui se trouvait sur un pouf, près de la cheminée.
Pourquoi tu dérangerais ? Tu m'as énormément aidé aujourd'hui. C'est franchement la moindre des choses.
Nous avions en quelques sortes accompli ce pour quoi nous étions venus ici, à Unys. Et pourtant, je sentais comme un vide en moi.
Il dit que je ne le dérange pas, que c'est la moindre des choses. Je suis d'accord, mais je sens aussi qu'il ne se sent pas bien, et je peux parfaitement comprendre. Cependant, je n'ai pas envie de le rendre encore plus malheureux. Comment pourrais-je y parvenir ? Je n'en ai aucune idée, mais bon, sait-on jamais.
Je m'approche du dresseur, pour qu'il m'entende bien, mais aussi pour laisser Alma jouer tranquillement avec Ticlik sans la déranger avec notre conversation. Je lui parle doucement, mais avec une voix calme.
« Shinzo, je vois bien que ça ne va pas. Tu ne voudrais pas vider ton sac, pour une fois ? »
Même si on ne se connaît pas énormément, il peut me faire confiance. Je ne compte pas aller le balancer à qui que ce soit. Son passé ne me regarde pas, et visiblement, il n'a plus envie de faire parti de la Team Plasma, il ne partage pas leurs objectifs. Alors pourquoi aurai-je une raison de le trahir ? Je ne serais même pas venue à Unys avec lui si je me fichais complètement de ce qu'il vit.
« Je veux juste que tu sache que tu peux compter sur moi. »
Je pense qu'il le sait déjà, mais je me sentais obligée de le lui rappeler. Il vit quelque chose de difficile en ce moment, et malgré sa carapace, je me doute que ça doit être assez tourmenté dans sa tête en ce moment.
Je repensais à comment j'en étais arrivé là, et plus particulièrement à cette journée hors du commun. J'étais dans un coin de la planque et je regardai par la fenêtre. Mes yeux ne transmettaient aucune émotion. J'étais simplement perdu dans mes pensées.
Aria vint me tirer hors de mes songes pour me demander à nouveau si tout allait bien. Que si je le voulais, je pouvais me confier à elle sans aucun souci. C'était très gentil de sa part mais… me confier sur quoi, au juste ? Elle savait déjà tout de ma vie à Lumiris et de mon ancienne vie en tant que membre de la Team Plasma que je m'efforçais de cacher aux yeux du monde.
Je ne sais juste pas trop quoi dire. J'imagine que ça passera avec le temps.
Ce n'était pas contre elle ni même une question de confiance. Après ce que nous avions traversés ces dernières vingt quatre heures, j'avais pris conscience que je pouvais, si je le voulais, me confier à Aria. Cela étant dit, je ne cessais de me demander qui était-elle réellement. Son existence est tintée de mystères.
Je te ferai signe si jamais je trouve quoi dire.
Toujours en regardant par la fenêtre, j'esquissais un léger sourire. Même si à l'heure actuelle je ne me sentais pas au mieux de ma forme, il était indéniable que je venais de me débarrasser d'un gros poids.
Sur cette pensée, je regardai l'heure sur mon téléphone. Il était déjà tard et demain nous allons devoir effectuer le voyage de retour pour Lumiris. J'allais nous faire profiter une dernière fois de l'un de mes contacts dans la région afin d'écourter la croisière : un yacht privé qui nous permettait d'effectuer la traversée en une semaine au lieu de deux.
Je vais te chercher le nécessaire pour dormir. Je reviens.
Je soupire doucement. Décidément, Shinzo ne sera jamais décidé à parler. Tant pis, je suppose que c'est ancré dans son comportement, je vais arrêter d'insister, du coup.
« Comme tu veux. » Me contentai-je de répondre.
Le jeune homme me dit ensuite qu'il va chercher le nécessaire pour dormir, à quoi je réponds à l'aide d'un simple hochement de tête pour démontrer mon accord. Alma et Ticlik reviennent près de moi, alors j'esquisse un sourire au trousseau de clés et que tapote doucement la tête à ma Brocélôme chromatique.
Lorsque Shinzo revient avec les couvertures, les oreillers et tout le matériel requis pour tomber dans les bras de Morphée, je le remercie en m'abritant comme un burritos.
« Pfiou. Cette journée était fatigante, quand même. »
C'est un prétexte, mais si je me suis abritée ce n'est pas à cause de la fatigue. Je n'ai pas de pyjama avec moi, et j'ai horreur de dormir avec mes vêtements que j'ai porté à journée même. Alors je vais dormir en sous-vêtements, je m'en fiche. Shinzo ne peut pas me voir de toute façon ! Bon, je pense que les mouvements que je fais en essayant de me dévêtir ensevelie sous la couette sont un peu suspects, mais ce n'est pas très grave. On fait ce qu'on peut. Alma ne rate cependant pas une occasion de se moquer de sa dresseuse.
Je m'absente donc le temps d'aller dans une petite pièce à côté. Je reviens les mains pleines d'oreillers et de couvertures. Les couchettes étaient déjà installées.
Je n'eus pas le temps de préparer les lits qu'Aria se jeta sur l'un d'eux et s'emmitoufla dans une couverture. À en juger par ses mouvements à peine dissimulés, j'en déduis qu'elle était en train de se déshabiller.
Tu sais qu'il y a une salle de bain avec une baignoire ? Je peux te donner une serviette, si tu le souhaites.
En y réfléchissant, il aurait peut-être été plus judicieux de l'en informer plus tôt. Bwarf. Tant pis. Elle peut toujours se rhabiller ou se balader en mode bonhomme michelin. Pour ma part, j'étais exténué et je n'allais clairement pas faire long feu. Ticlik avait d'ailleurs déjà pris place dans la couchette que nous allions partager. Lui aussi devait être sur les rotules.
Clairement, oui. C'est pour ça que je ne vais pas tarder.
Sur ces mots, je me mis d'ailleurs à bailler sans ménagement en ouvrant grand la bouche. J'étais beaucoup trop fatigué pour faire attention aux rites de bienséance.
Il y avait une salle de bain ? Ah oui. Bah, dans tous les cas, ça ne change rien, puisque je ne veux pas me changer. Je veux juste me mettre à l'aise pour dormir, autrement dit, en sous-vêtements. Autant le faire maintenant et pouvoir dormir directement après.
Shinzo avait l'air exténué. Tant mieux, au moins il ne portait pas attention à moi. Après tout, je partage la même pièce qu'un jeune homme pour une nuit, c'est un peu tendancieux quand on y pense. Mais bon, personnellement, je compte bien dormir et rien d'autre. Je suis morte de fatigue.
« De même. » Je m'installe confortablement, en tournant le dos à mon compère, Alma se plaçant près de moi. « Repose-toi bien, tu en as besoin. »
Sur ces mots, je fais mon possible pour bien m'enrouler sous la couette afin de ne laisser aucune parcelle de peau en ressortir, et je ferme les yeux. Mon lit à Kishika est plus confortable, mais cela fera l'affaire pour cette nuit. Alma est déjà en train de dormir comme une souche, et je compte bien suivre son exemple.
Il ne nous fallut pas longtemps pour nous endormir, à tous les quatre. J'appris une chose cette nuit : les souches d'arbre ronflent. Après, j'étais beaucoup trop fatigué pour que ce la m'empêcher de trouver le sommeil.
Le lendemain matin, j'étais debout aux aurores. C'était un rythme que j'avais pris. Je n'avais plus besoin de mettre de réveil depuis plusieurs années déjà. Ayant parfaitement conscience qu'il était encore très tôt, je laissai tout le monde dormir. Je pris un sac à dos et sortis du refuge afin de m'aventurer dans les bosquets, plus haut dans la montagne. Je revins une heure plus tard avec des fruits et des baies de toutes sortes que je déposai sur la table pour les autres.
Je me suis simplement contenté de prendre une pomme et je suis monté sur le toit de la planque afin d'observer le levé du soleil en attendant le réveil des marmottes. J'aimais beaucoup m'installer ici quand je vivais encore à Unys. C'était mon petit rituel du matin quand je ne dormais pas à la Maison. Je me rends compte que je prends toujours autant de plaisir à le faire.
Je m'allonge donc sur le toit légèrement en pente du refuge et croque dans la pomme cueillie tout à l'heure tout en profitant du spectacle à l'horizon.
Je me réveille doucement, ouvrant petit à petit mes paupières encore battantes. Je vois que la couverture est complètement déplacée, je ne sais pas comment j'ai dormi, mais je suis à découvert alors premier réflexe, je tire la couverture sur moi. Mais je réalise que Shinzo n'est plus dans la pièce, et qu'il y a un tas de fruits et de baies sur la table. Je suppose qu'il s'est levé tôt parce qu'il avait faim. Mais maintenant, il est parti où ? Chasser le Keunotor ? Enfin, je profite de son absence pour me rhabiller convenablement. Alma se réveille quelques minutes après moi, et se met à léviter dans la maison, avant d'attraper une baie à se mettre sous la dent (qu'elle n'a pas, mais... enfin).
« Shinzo t'es là ? »
Pas de réponse. Cela me confirme qu'il est bien dehors. Je prends mon sac dans lequel j'ai rassemblé mes affaires et, en attrapant une autre baie, je franchis la porte pour aller retrouver le fugueur. Je m'apprête à aller faire le tour de la planque lorsque j'entends du bruits au-dessus de moi. Je constate donc que Shinzo est en train de se reposer sur le toit.
« Et bien, on a la tête dans les nuages ? »
Ceci était une blague très drôle d'une demoiselle à peine réveillée le matin.
Je m'assois par terre, sur l'herbe, attendant mon acolyte. Pendant ce temps, Alma vient se réfugier dans mes bras. Je pense qu'elle commence à avoir hâte de rentrer, et moi aussi. Unys est une belle région, mais Lumiris me manque et mon chez-moi aussi.
Admirer le levé du soleil de ces hauteurs était toujours aussi agréable. Va falloir que je trouve un endroit similaire à Lumiris. Je me rends compte que ça me manque. Sur cette pensée, j'entends Aria qui sort du refuge. Elle était déjà prête pour le départ. Ça tombe bien, moi aussi. Je sautai donc du toit.
Qu'est-ce que tu racontes ? Il n'y a pas de nuage, aujourd'hui.
Bordel, je suis toujours aussi drôle. Je faisais comme si je n'avais absolument rien dit et fermait à clés le refuge. Ticlik, Alma et Aria étaient tous les trois en train d'attendre. Je passai donc devant cette troupe direction un petit village au bas de la montagne. J'allais nous épargner le voyage jusqu'à Port Yoneuve à pieds, en plus de peut-être faire plaisir à Aria.
Une fois arrivés en bas, à l'entrée dudit village, je demandai à Aria de patienter quelques instants. Elle n'en savait rien mais j'allais chercher notre prochain moyen de locomotion : un Grodrive et une nacelle de montgolfière. Celui qui nous emmènerait à Port Yoneuve était la même personne qui allait nous prêter le yacht. Il s'agit d'un éleveur de Baudrives et de Grodrives.
Allez, tout le monde à bord ! On décolle pour Port Yoneuve.
En effet, il n'y a pas de nuages, mais c'était une expr- enfin bref... Je suppose que c'était une tentative d'humour, mais vu comment il raconte ses blagues, j'ai toujours l'impression, aux premiers abords, qu'il est sérieux. Cela porte à confusion.
Shinzo nous mène à un village où il connait quelqu'un qui peut nous permettre de se rendre au Port sans user nos chaussures. Parce qu'on va pas mentir... Un kilomètre à pied, ça use les souliers ♫
« On va voyager en Grodrive ? J'adhère. »
Le Pokémon en question semble heureux de pouvoir nous aider à atteindre notre destination. Il n'est pas seul, d'ailleurs, un Baudrive se trouve à l'intérieur de la nacelle. J'approche ma main du ballon spectrale pour pouvoir le toucher et lui adresser une caresse, en guise de salutation. Oui je caresse un ballon. Je caresse tous les spectres, même ceux qui ne peuvent pas se matérialiser.
« Il ne te rappelle pas quelque chose, Shinzo ? » dis-je en faisant allusion à notre mission au cimetière, là où nous nous sommes rencontrés pour la première fois.
Nous arrivons beaucoup plus rapidement au Port que lorsque nous avons fait le chemin du port jusqu'au repère. Je remercie chaudement l'éleveur, ainsi que son Baudrive et son Grodrive avant de me diriger vers le bateau, presque prêt à partir. Ça pour un timing...
« Unys ne va pas trop te manquer une deuxième fois ? »
J'observe les environs encore une fois avant de monter. Après tout, ce n'est pas tous les jours que j'aurai l'occasion de voir une région comme Unys. Je reviendrai peut-être, mais cette fois-ci, ce sera pour faire du vrai tourisme.
Sans grande surprise, la voyage en Grodrive plaît à Aria. Voyons ça comme une façon de joindre l'utile à l'agréable : on gagne un temps fou, on ne se fatigue pas et notre fanatique des Pokémon spectres est comblée. Quelle ne fut pas sa tête lorsqu'elle vu le Baudrive qui nous attendait aux côtés de mon ami, dans la nacelle. Cette fille est peut-être la seule personne que je connaisse qui s'amuse à caresser un ballon spectral.
Celui est beaucoup plus gentil, par contre.
Cette satanée mission au cimetière. Quel calvaire c'était, n'empêche. Des hordes de spectre, un Fantominus qui s'est allègrement foutu de nos gueules. Et au final c'était une mission durant laquelle je me suis pas mal ennuyé. Il n'y avait pas de réel challenge. Faudrait vraiment que j'envisage d'arrêter de me plaindre, un jour.
Nous arrivions donc à Port Yoneuve et notre Yacht nous y attendait déjà. Aria dit au revoir à mon ami éleveur et ses Pokémon et se précipite presque à bord du bateau de plaisance. Pour ma part, je discute quelques peu avec lui, étant donné que je n'aurai pas l'occasion de revenir de si tôt. En fait, c'était surtout lui qui me donnait ses dernières recommandations concernant son Yacht. Il a vraiment peur que je le lui rende dans un état pitoyable. Je lui rappelai gentiment que j'avais fait appel à un marin expérimenté. Les salutations terminées, je rejoins Aria sur le yacht.
Si, Unys va me manquer. Et certainement plus que la première fois que je suis parti.
Sur ces mots, le moteur du bateau vrombit et nous quittons doucement le Port. Il ne fallut que quelques minutes pour qu'unis ne soit plus qu'un petit point à l'horizon. Le plus gros du voyage restait à faire. Heureusement pour nous, ce n'est pas l'espace qui manquait et il y avait de quoi divertir humains et Pokémon à bord.
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