C'est passé à la télévision hier soir, des gens se font attaquer dans les îles de la péninsule Ex'quisses par des pokemon sauvages. Ils s'en prennent principalement à des ouvriers venus de Mirawen pour commencer la construction d'un complexe hôtelier. L'annonce de la nouvelle au journal m'a complètement captivé, et j'y vois tout à coup une nouvelle opportunité pour me mettre à l'écart de ma carrière. Le maire de Mirawen recherche des volontaires pour aller enquêter là-bas, et voir si il est possible de trouver une solution. Et si j'allais proposer mon aide ?

Je me suis décidée très vite, même si il a fallu que je bataille avec John et Travis pour qu'ils me laissent partir seule. J'ai fait mon sac rapidement, surtout j'ai pensé à prendre une tente, un duvet et pris mon petit pokemon adoré avec moi. Au fond de moi, j'espérais vraiment avoir la chance d'en croiser d'autres...

Quand j'arrive sur la petite plage, le bateau n'est pas encore prêt, et le départ n'aura pas lieu avant 1 heure, à cause de la marée trop basse. Qu'importe ! J'ai bien le temps d'aller piquer une petite tête avant d'embarquer ? Je longe la plage jusqu'à trouver le bon endroit où poser ma serviette, et libérer le petit pokémon de sa boule. Il s'en extrait avec un petit cri de joie.

Je sors mon drap de plage et l'étale sur le sable. Il me faut à peine quelques secondes pour me retrouver en maillot de bain, et m'enfoncer dans l'eau tiède de la crique, sous les appels paniqués de Chand'L.

"Mais ne t'en fais donc pas, je ne risque rien !" lui dis-je dans sa direction. "Décidément, l'eau te fera toujours peur !... Quelques brasses et je sors !"

Je prends le large vers le Torii planté au milieu de l'eau, en croisant quelques pokemons aquatiques, qui passent juste en dessous de moi, ne semblant même pas remarquer mon existence. Quelques goélises fendent gracieusement les airs. Il faudra que je revienne ici un jour, pour tenter d'en capturer.. Je finis par ressortir de l'eau et vais me sécher au soleil. Enfin rhabillée, et de longes gorgées d'eau plus tard, me voilà prête à rejoindre le bateau ! Il y a peu de monde, surtout du matériel pour l'île je suppose...

Voici donc le navire qui va nous amené sur l'île de la discorde ! Je le regarde en réfléchissant à ce que je ferai une fois arrivée là-bas. Moi qui voulait m'éloigner un peu plus du quotidien imposé par ma retraite loin des médias, voilà que je m'apprête à endosser le nouveau rôle d'enquêteur. Et maintenant que je me retrouve devant le bateau censé me conduire là-bas, je dois bien avouer que je ne sais pas du tout de quelle façon je vais devoir m'y prendre. J'hésite un instant à franchir la passerelle, et je pose finalement un premier pas sur elle : ça y est je me lance.

L'embarcation n'est pas très grande et beaucoup de matériel y est embarqué. Je me faufile entre des caisses et les autres passagers pour essayer de trouver un siège libre. C'est là que je me fais quasiment bousculer par un gigantesque pokemon jaune et noir. Son propriétaire se précipite pour s'excuser à sa place, alors que le perturbateur a l'air particulièrement embarrassé et même un peu maladroit. Leur air blasé me fait venir un rire incontrôlable que je tente de masquer du mieux que je peux.

"Y a pas de mal vraiment... Mais vous faites une de ces têtes ! J'ai presque l'impression que ça vous arrive souvent ! Hahaha..."

Sur mon épaule, Chand'L nous regarde les uns après les autres, sa tête enflammée ne comprenant pas vraiment ce qu'il se passe, ni pourquoi je rit ainsi, ce qui ne fait que renforcer mon amusement. Je me laisse tomber sur une caisse en essuyant mes yeux car des larmes de joie coulent sur mes joues.

"Ahaha ! Désolée vraiment... C'est... Nerveux... Désolée"

Au bout de quelques longues minutes, je parviens quand même à me calmer et tend la main vers le jeune homme, en finissant d'essuyer mes larmes de l'autre.

"Pardon... Je m'appelle Nivris, et lui c'est Chand'L." dis-je en désignant le funécire du coin de l'oeil. "Il faut m'excuser, c'est la première fois que je participe à ce genre de mission et... Je suis un peu nerveuse. Tu viens pour aider les habitants avec cette invasion de pokemon sauvages toi aussi ?"

Si j'ai vu juste, j'espère qu'il acceptera de répondre aux trop nombreuses questions que je me pose. Et avec un peu de chance, il est plus habitué que moi à résoudre ce genre d'affaires, et pourra me donner quelques conseils, ou mieux : me proposer de le suivre...

On peut dire que l'entrée en matière a plutôt été fracassante, et comme à mon habitude, ce genre d'incident me fait plus rire que pleurer. Ma maladresse est presque une légende par chez moi, alors quand ça tombe sur quelqu'un d'autre, je ne peux pas m'empêcher de rire, c'est comme ça... J'arrive finalement à me calmer au bout de quelques minutes, en voyant que l'autre personne a l'air de quelqu'un qui le prend mal, et je ne veux surtout pas me mettre quelqu'un à dos dans ces circonstances. Spruelo, puisque c'est son nom, me présente ses pokémons, tous de type électriques à ce qu'il me semble. Je tombe particulièrement en admiration devant celui qui s'appelle Chargeur.

"Oh tu es un elektek c'est bien ça ?" dis-je en me mettant à sa hauteur, un grand sourire aux lèvres. Je me redresse en en me tournant vers le jeune homme. "Mon meilleur ami possède un élekid, c'est son évolution n'est-ce pas ? Ce qu'il est beau, tu as de la chance !"

Alors que l'embarcation quitte enfin le port, mes yeux se détachent à regret du pokémon pour se poser brièvement sur les autres. Ils forment une drôle d'équipe je dois bien l'avouer. Je ressens comme une gêne entre eux, le même genre que celle qui m'unit à Bug. j'ai presque l'impression qu'ils ne s'entendent pas très bien. Je sors de ma poche mes autres compagnons et les laisse aussi quitter leur petite ball.

"A près Chand'L, il y a Criquette que je viens tout juste d'avoir et que je ne connais pas encore très bien, et Bug avec qui j'essaie de vaincre ma phobie des insectes... Ce n'est pas tous les jours faciles et on est encore dans la phase où l'on essaie de s'apprivoiser..."

Fidèle à son habitude, Criquette encore très endormie, ouvre en grands ses larges mâchoires, dans un long baillement, puis elle se tourne, tombe sur le côté et commence à ronfler bruyamment. La gêne m'envahit et je tente en vain de la réveiller du bout de ma chaussure, tout en reprenant la conversation en cours, l'air de rien.

"Le combat ? Tu penses que ça sera la seule alternative ?" dis-je en faisant une petite moue ennuyée. "J'espère qu'on trouvera une autre solution, je n'aime pas trop devoir blessé les pokémons... Après tout, ils étaient là bien avant nous... Et j'ai la ferme intention de savoir pourquoi ils attaquent les habitants tout à coup."

J'appréhende totalement la mission à présent, je dois bien avouer que même si l'idée de devoir ma battre contre les sauvages m'a effleuré l'esprit, je n'y avais pas réellement pensé comme seule alternative au problèmes qu'ils causent sur l'île. Un long soupir soulève ma poitrine alors que l'air du large balaie mes cheveux. J'aperçois au loin la masse sombre de l'île qui se détache du bleu de la mer. Mes doigts se croisent nerveusement maintenant, et un étrange sentiment me noue le ventre : et si je m'étais trompée en venant ici ?

"J'espère en tous cas qu'il n'y aura pas de blessés et que tout rentrera dans l'ordre rapidement... Je crois qu'on a plus qu'à attendre de savoir ce que le maire de l'île veut exactement." Tu... Tu as prévu d'enquêter tout seul, ou tu accepterais une partenaire comme moi ? J'avoue que je ne suis pas très à l'aise maintenant qu'on se rapproche de notre objectif... "

Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce Spruelo n'est pas bavard, et la gêne m'envahit un peu plus quand je me rends compte qu'il n'y a que moi qui parle, ou presque. Après m'être un peu trop extasiée sur l'elektek, avoir présenté mes compagnons de route, et m'être aperçue que visiblement ma présence l'ennuie, je décide de reporter toute mon attention sur l'objet de notre mission. je ne sais pas exactement ce qui nous attend sur la plage dont nous nous approchons, mais ce qui est certain c'est que je compte bien mettre tout en oeuvre pour faire le moins de victimes possible.

Peut-être suis-je trop naïve pour espérer régler le problème qui lie les pokémons sauvages aux habitants de la presqu'île, surtout que nous ne savons pas exactement la cause de tout ce désordre. Quoiqu'il en soit, je suis prête à relever le défi, et espère me montrer à la hauteur de ce qu'on attend de nous. Le jeune homme m'adresse un tout autre discours que celui que j'avais envie d'entendre : pour lui la situation est trop tendue pour que les relations entre les habitants pokémons et humains se règlent d'elles-mêmes et sans violence. Et notre débarquement va malheureusement lui donner raison...

A peine le bateau a t-il touché le sable que des cris et des fracas s'élèvent en direction du village. Je me tourne alors vers mes petits compagnons et les encourage pour qu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes.

"Si il n'y a pas d'autre choix que celui de se battre, nous le ferons ! Nous allons aider ces gens qui comptent sur nous !..."

Quand je me retourne, Spruelo est déjà en train de courir vers les ennuis, à la suite de ses pokémons qui ont déjà l'air de vouloir en découdre. Pas possible, je suis déjà à la traîne ! Une main posée sur le bord de l'embarcation, et l'autre attrapant fermement Criquette, je saute par dessus et me lance à la suite du jeune homme que je ne veux pas perdre de vue. Bug a déjà pris de l'avance et Chand'L me survole comme à son habitude, prêt à me défendre... Une chose est sûre alors que je rejoins l'autre équipe : il est absolument hors de question que je sois un boulet pour lui.

Quand nous arrivons aux abords du village, nous percevons des cris de ce qui semblent être un immense chantier à ciel ouvert, et nous voyons immédiatement l'origine du remue-ménage. Des ouvriers sont pris pour cible par des queuloriors sauvages, qui mettent le site sans dessus-dessous. Des groupes entiers de pokémons s'attaquent aux machines à l'arrêt, escaladent les bâtiments en constructions pour en faire tomber les outils et les matériaux. Et de l'autre côté nous assistons au spectacle des ouvriers essayant de se protéger et de rester hors de portée. Quelques machopeurs essaient de contenir la horde déchaînée mais ils sont clairement en sous-nombre.

"Spruelo :! Attention à ta gauche !"

Mon cri sort instinctivement de ma gorge quand j'aperçois un des assaillants bondir en direction du jeune homme, le pinceau de sa queue tournoyant et prêt à frapper. Bug est encore une fois le premier à entrer en action et d'un simple appel de la voix, il s'envole et fonce tête baissée sur le queulorior pour le percuter en plein saut d'une de ses puissantes charges.