Ses yeux étaient rivés sur les papiers qu'elle tenait dans ses mains, un sourire béat sur son visage si pâle, si blanc. Il lui était difficile de croire que c'était réel, qu'elle allait enfin pouvoir atteindre du bout des doigts ce rêve et le tenir entre les mains, le serrer contre son coeur. Difficile de croire que toutes les demandes, toute la paperasse, aient porté fruit. Difficile de croire que pour une fois dans sa vie elle allait réussir quelque chose. Et pourtant, elle ne rêvait pas. Elle tenait entre ses mains les papiers lui donnant les dernières autorisations nécessaires pour utiliser la maison qu'elle avait décidé d'acheter pour son refuge. Elle qui avait tant économisé à cet égard, qui avait tant travaillé pour pouvoir mettre de côté, qui avait oublié de vivre afin d'y arriver un jour, y était enfin et elle ne parvenait pas à y croire. Ça lui semblait bien trop beau pour être vrai. Mais elle allait devoir se rendre à l'évidence : les papiers qui se trouvaient actuellement dans ses mains étaient véridiques, officiels. Elle avait réussi.
Son coeur avait doucement accéléré et ses yeux brillaient. Des étoiles étaient apparus dans ses yeux et c'était la première fois depuis toujours où elle se sentait véritablement heureuse, où les démons étaient éclipsés véritablement pour une réelle cause et non pas par une euphorie qui n'avait pas tant lieu d'être. Elle allait pouvoir accomplir ce qu'elle avait toujours voulu accomplir, mais allait-elle seulement être à la hauteur de la tâche qu'elle se demandait ? Rapidement, le bonheur fut éclipsé à son tour par les doutes qui la prenaient à la gorge et les étoiles furent affaiblies par des nuages sombres dans son regard bleu. Elle n'avait jamais été à la hauteur, pourquoi serait-ce différent cette fois-ci ? Qu'est-ce qui viendrait justifier le fait que cette fois, elle le soit ? Il n'y avait aucune raison pour qu'elle réussisse au long terme. Elle n'avait rien de spécial, n'avait aucun talent sinon celui de s'attirer des emmerdes, alors était-ce vraiment une bonne idée de s'embarquer dans une telle histoire ? Pourtant, elle l'avait toujours voulu, avait toujours souhaité faire une différence à son échelle pour les pokémons égarés, pour les pokémons blessés, pour ceux ayant eu autant de chance qu'elle dans leur vie. Pour ceux comme Pixel.
Seulement si elle se lançait là-dedans maintenant seulement pour se casser la gueule le lendemain, est-ce que ça en valait vraiment la peine ? Ne perdrait-elle pas de l'argent, de l'énergie et du temps ? Elle ne savait plus ce qu'elle devait faire. Tout en elle lui criait de ne pas hésiter, de se bouger jusqu'à la maison déjà achetée pour cette merveilleuse occasion, de ne pas attendre et de ne pas penser, mais les doutes étaient apparus si rapidement et elle se retrouvait maintenant figée sur la table de la cuisine du premier étage, là où ses amies résidaient, à fixer les lettres qu'elle avait lu encore et encore jusqu'à presque les connaître par coeur. Elle ne bougeait pas, elle n'esquissait pas le moindre mouvement, sursautant lorsque Pixel sauta sur la table et s'approcha d'elle pour recevoir quelques caresses qu'elle lui offrit sans attendre. Lâchant ainsi les papiers qui gisaient maintenant sur la surface dure de la table. Elle regardait le vide tout en flattant distraitement l'Eevee qui ressentait le désarroi de sa maîtresse sans en comprendre la cause et essayait du mieux qu'il pouvait de l'apaiser un minimum.
Elle savait qu'elle aurait dû être entièrement heureuse et ne pas se poser autant de questions, ne pas s'embêter de toutes les réflexions qui traversaient maintenant son esprit, mais tout ce qu'elle touchait tombait en pièces, s'envolait en cendres. Alors comment pouvait-elle s'engager dans une aventure sans appréhension, sans craindre que ses pas soient entravés par des difficultés qu'elle n'allait pas être en mesure de surmonter parce que comme le disait si bien les voix, elle n'était qu'une pauvre lâche incapable ? Une lâche qui n'aurait jamais rien dans cette vie parce qu'elle ne méritait rien justement. Elle ne savait pas comment croire en ses capacités quand toute sa vie on lui avait répété dans sa tête qu'elle n'en avait aucune si ce n'était celle de tout détruire autour d'elle, de tout échouer, de n'être rien de plus qu'une pauvre merde qui ne méritait que l'absence de réussite et l'absence de vie. Soupir mourant sur ses lèvres, elle prit une gorgée de café noir en levant la tête sur Ellende qui venait d'entrer dans la pièce.
« Hey..»
Sa voix était légèrement faible puisque toute sa concentration était dirigée vers les papiers et ce que ça comprenait. Ce que ça voulait dire. Elle ne pouvait penser à rien d'autre. Pixel s'approcha d'elle et donna un coup de tête sur sa main qui était maintenant posée sur la table et, en tassant la tasse et les papiers, elle lui donna un câlin, le serrant longuement en trouvant en ce petit être une source de réconfort. Elle reposa son regard sur son amie après coup et sourit doucement.
« J'ai reçu les papiers. Ils sont positifs. Je peux ouvrir mon refuge. J'ai toutes les autorisations nécessaires. »
Lys avait la désagréable sensation que n'importe qui à sa place aurait sauté de joie en le disant, se serait montré si impatient d'aller installer tout pour que le refuge puisse ouvrir et commencer à fonctionner. Elle avait la désagréable impression qu'elle ne réagissait pas du tout comme elle le devait maintenant que tout était en règle, en ordre et qu'elle pouvait atteindre ce rêve qu'elle avait côtoyé pendant toutes ces années. Et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'être emplie de doutes, de craintes et appréhensions et d'être si peu enthousiasme soudainement. Le disant comme si on venait de lui annoncer qu'elle ne pouvait rien faire.
J’attends avec la même impatience que Lys. Parce qu’elle devrait bientôt recevoir les résultats, pour sa pension. C’est beaucoup de papiers qu’il faut envoyer aux administrations, tout le monde ne peut pas se le permettre. Et en plus, ça ne fait pas beaucoup de temps que nous habitons ici à Lumiris. De mon point de vue, ça pourrait très bien être négatif. Je m’y suis fait. Je me prépare toujours au pire, je suis comme ça. Ça m’évite d’être déçue par la suite. Je prévois toutes les options, bonnes ou mauvaises, et j’essaie de trouver des solutions de secours pour chacune. Et si je veux ce refuge pour pokémons abandonnés, alors je l’aurai. Je suis déterminée, c’est ce qu’on dit souvent. Mais je parviens toujours à mes fins.
Je dois aider Lys avec tout ça. Elle aurait pu tout faire elle-même, mais alors ça ne lui aurait pas laissé beaucoup de temps à côté pour faire autre chose, entraîner ses pokémons et avoir quelques loisirs. Et puis c’est plus sympa de le faire à plusieurs. Lilith aussi nous aidera, pour la suite. Comme tous les jours, je passe voir Lys, je monde dans son étage. Puisqu’on se partage une maison, chacun a un étage ; Lilith et moi le deuxième, et Lys le troisième, tout en haut. Alios le Chacripan monte avec moi, curieux de savoir ce que je fais. Akteon – le petit Marisson – aussi finit par monter, avec un peu plus de difficultés. Il a du mal avec les escaliers, à cause de ses pattes trop courtes. Mais il est si enthousiaste et optimiste, il n’abandonne jamais.
Je me demande si Akteon ne passera pas la plupart du temps dans le futur refuge. Son optimisme pourrait faire du bien aux pensionnaires qui séjourneront chez nous. Et puis s’il n’y a pas d’escaliers, ce sera sans doute mieux. J’entre alors que Lys est en train de lire son courrier. Elle relève les yeux, pensive, câlinant son Évoli.
« J'ai reçu les papiers. Ils sont positifs. Je peux ouvrir mon refuge. J'ai toutes les autorisations nécessaires. »
Je hoche la tête. C’est une bonne nouvelle. J’ai envie d’un thé, un Oolong fruité. Je me demande si Lys en a, parce que c’est du thé qu’on ne trouve pas n’importe où. Elle, elle est comme Lilith, plutôt café. Quoique ça lui arrive de boire du thé aussi. Mon Marisson apprécie le thé et les infusions. Et les plantes, de manière générale. Alios lui, il préfère les déterrer.
« Super nouvelle ! T’aurais pas du thé ? Oh, il faudra dessiner le plan du refuge. J’aime bien faire des plans. »
Et dessiner, de manière générale. Même si j’ai un niveau plus élevé en maquettes qu’en dessin pur, je ne me débrouille pas si mal. J’ai déjà hâte de commencer. Je ne suis pas vraiment architecte mais je me débrouille, je crois. J’aime bien construire des trucs.
« Ah, Akteon aussi aime bien le thé. Mais il le préfère sans qu’il soit infusé. Du coup, il a mangé le contenu des sachets qu’il nous restait. »
D’où notre manque de thé. J’irai en racheter. Akteon approuve joyeusement comme si c’était un compliment, tandis qu’Alios, sur la table, le regarde d’un air hautain. Le Marisson, il s’en fiche. Il reste positif, quelles que soient les circonstances. Enfin, il y a des raisons d’être joyeux aujourd’hui. Lys a reçu ses papiers. Ce n’est pas rien ! Code (c) Sun
Elle aurait aimé être en mesure d’être aussi heureuse qu’elle le devrait. Être en mesure de sourire, de sauter de joie, de montrer autant d'enthousiasme que ce qu'on attendait sans doute de sa part maintenant qu'il était certain qu'elle pouvait faire son refuge en toute légalité. Mais elle ne pouvait pas. Les craintes étaient si présentes qu'elle n'arrivait pas à se réjouir. Sa gorge était serrée et son ventre se tordait, lui donnait des nausées alors qu'elle essayait de garder une respiration adéquate. Elle n'était pas certaine qu'elle serait capable de faire ce qu'elle avait toujours voulu faire, après tout elle ratait toujours ce qu'elle entreprenait et rien ne venait justifier que cette fois-ci, ce serait différent. Elle était toujours assise sur sa chaise, elle n'avait pas bougé, n'avait pas tenté de se précipiter pour aller tout préparer, non. Elle était restée bien assise, Pixel dans ses bras, et elle avait même enfouie sa tête dans le pelage réconfortant de son compagnon de route alors qu'Ellende enregistrait mentalement les paroles que la jeune femme qui s'était incrustée dans leur maison venait de lui dire.
Pendant tout ce temps, alors qu'elle attendant les papiers, elle s'était dit que ce ne serait pas possible, que ce serait négatif, qu'elle visait trop haut comme toujours. Elle s'était dit qu'elle n'obtiendrait jamais les autorisations nécessaires, qu'elle en demandait bien trop alors qu'elle venait tout juste de poser les pieds à Lumiris. Elle s'était attendue à ce qu'on lui refuse en grosses lettres agressives son projet et pourtant, il était accepté. Et elle n'était point capable de se réjouir comme il le fallait. Il fallait croire qu'elle n'était jamais satisfaite. Elle devait être horrible à vivre, à ne jamais se contenter de ce qu'elle avait et que lorsqu'elle avait ce qu'elle désirait, elle n'était pas plus heureuse. Elle finit par relever sa tête et se relever de sa chaise pour se pencher ensuite et regarder sous la table pour apercevoir alors son Sancoki qui se retrouvait sous la table. Elle se dit alors que ce serait un bel endroit pour son petit pokémon eau, le refuge, parce que Aly était très enthousiasme et adorable et même s'il se montrait trop sensible et facile à pleurer, son énergie et son caractère pourrait faire du bien aux pokémons abandonnés et blessés qui étaient en réhabilitation pour retourner dans la nature ensuite.
Et puis ça permettrait à Aly de se sentir utile, parce que le pokémon escargot n'était pas le pokémon le plus rapide et que le garder toujours dans ses bras devenait lourd à la longue, alors il se retrouvait dans la pokéball assez fréquemment. Il ne le reprochait pas à Lys, semblant comprendre. Même Pixel ne restait pas très souvent sur sa tête ou dans ses bras, mais Pixel était capable de la suivre lorsqu'elle marchait parce qu'il était bien plus rapide qu'Aly. Et Lys savait très bien que son Sancoki avait de l'énergie à revendre et pourrait vouloir faire du bien, faire le bien. Il n'était pas méchant du tout et aurait plus d'intérêt à rester au refuge que l'Eevee qui était beaucoup plus sauvage. Même si très utile quand elle soignait des pokémons. Elle tendit la main pour caresser Aly légèrement avant de se relever.
Lys était heureuse de voir que son amie Ellende était enthousiasme face à la nouvelle et sourit face à la demande cette jeune femme avec qui elle partageait cette maison. Ellende et Lilith habitaient à l'étage du bas et elle, au troisième étage. Elle était très reconnaissante envers elles deux d'avoir accepté qu'elle s'installe ici. Elles auraient très bien pu refuser, après tout. Mais ce ne fut pas le cas et aujourd'hui, elles allaient pouvoir aider Lys à construire ce refuge même si cette dernière était très incertaine face à la suite des événements. Elle se dirigea vers les armoires près du réfrigérateur et sortit plusieurs boîtes en métal coloré avant de les déposer sur la table. Lys jeta un regard à sa tasse de café vide et brancha la bouilloire pour ensuite appuyer sur le bouton afin de faire chauffer l'eau et sortit deux infuseurs à thé. Elle préférait de loin le thé en feuille plutôt que celui déjà emballé en sachet. En plus, ça gaspillait bien moins de plastique. « Tu veux lequel ? J'ai du thé Rooibos, du Oolong, des Infusions de fruits, ou encore des classiques thés noirs et verts. J'ai même du Oolong au sirop d'érable ! Il est vraiment bon. » C'est d'ailleurs celui-ci qu'elle décida de se faire et s'apprêta à remplir son infuseur.
Elle sourit de nouveau doucement face à la remarque d'Ellende. Lys ne savait pas ce qu'elle aurait fait sans ses amies, parce que sincèrement, elles étaient douées pour ne pas la laisser tomber dans ce gouffre sous ses pieds qui était toujours bien présent. L'énergie d'Ellende donnait de l'espoir à Lys et l'aidait à être un peu plus enthousiasme face à ce projet qui était maintenant en train de se concrétiser. C'était bien agréable de se dire qu'enfin, elle réalisait un rêve, un projet, quelque chose qu'elle désirait et Ellende l'aidait à ne pas s'enfoncer dans ses doutes sans même le savoir. Elle respira profondément et rit doucement face à la dernière remarque. Ça ne l'étonnait pas du petit Marisson qui semblait très espiègle même si Lys ne le connaissait pas beaucoup. « Il est adorable ! On ne peut pas vraiment lui en vouloir. Attends ! » C'était vrai que Lys trouvait ce comportement strictement adorable et elle riait de bon coeur en attrapant un bol de verre et y mit deux cuillères de thé aux fruits qu'elle présenta au petit pokémon tout en saluant Alios et lui assurant que lui aussi était adorable. Qu'elle l'adorait. « J'espérais que tu dises ça pour le plan ! J'aurais bien besoin de toi parce que moi, je suis pas très douée pour ça. J'ai déjà acheté une maison à trois étages pour le faire, mais je compte faire beaucoup de rénovations pour l'adapter. Je préférais ça que de bâtir tout de A à Z, ça aurait pris trop de temps. » Et ce n'était pas l'argent qui manquait. Plus maintenant. Elle avait énormément économisé dans ce but précis. Et elle commençait à se sentir excitée. À oublier ses doutes et ses craintes. À laisser l'euphorie du moment la diriger.
Akteon nous observe en souriant. Alios ne semble pas sourire, lui. Il est plutôt méprisant, comme d’habitude. Enfin, ça ne veut pas dire qu’il ne nous aime pas. Ça veut juste dire qu’on est d’abord des esclaves avant d’être autre chose. Un paillasson, un coussin, un distributeur de croquettes. Je suis beaucoup de choses pour lui, c’est certain. Akteon nous admire, lui. Surtout parce qu’on garde des fines herbes dans des pots, et qu’il adore ça. Et le thé. Surtout le thé, mais ça l’excite. Peu importe, aujourd’hui c’est la fête. On pourrait peut-être s’offrir une pizza, pour fêter ça ! Je leur proposerai, à Lilith et à Lys, qu’on se rejoigne toutes les trois ce soir autour d’une bonne pizza. Commandée, bien sûr. Les restaurants, très peu pour moi ; je n’aime pas les bruits, ni les gens, ni tous les mouvements, ni toute forme d’interaction sociale, d’ailleurs.
Lys me propose de nombreux thés. Je ne savais pas qu’elle en buvait tant. Moi j’aime ça, mais Lilith… Eh bien un peu moins. Pas du tout, même. L’odeur des feuilles infusées lui fait froncer le nez à chaque fois. Et elle refuse que je l’embrasse si je viens d’en boire, aussi. Ou si je mange des bonbons chimiques. Elle en mange aussi, mais les siens ne la dérangent pas. Pourtant, j’imagine qu’il y a autant de sucre et de colorants que dans les miens !
Alors qu’elle laisse l’eau chauffer, elle offre au petit Marisson un peu de son thé dans un bol. Akteon est aux anges. Il a de la chance d’être tombé sur nous, certains dresseurs auraient été moins conciliants avec lui. Lui, il a besoin de douceur, d’un environnement calme, quelques présences. Et du bonheur. J’espère qu’il sera heureux avec nous. Alios l’est, je crois, même si parfois son regard de tueur laisse penser qu’il désire tous nous assassiner dans notre sommeil. Je sais qu’il n’en fera rien. Sinon, qui lui donnera son bol de lait de temps en temps ? Ou des friandises ? Qui sera son esclave, s’il nous tue ?
Je me décide pour le thé, après quelques secondes de réflexion. Parfois, il faut essayer, même si j’ai un peu peur – je choisis donc la dernière proposition de mon amie.
« Je crois que je vais goûter celui au sirop d’érable. »
Ça venait de chez elle, ça. Mais j’aime bien essayer de nouvelles choses, comme les fruits inconnus qui poussent de l’autre côté de la planète.
Bon, revenons-en à notre plan. Comme elle a déjà une maison toute prête, on va devoir analyser les pièces déjà présentes. Car il y aura forcément une salle de bain, et surtout, des pièces avec des arrivées d’eau, d’autres sans, différentes tailles, et peut-être aussi une hauteur de plafond différente. Du moins pour le dernier étage, sous le toit.
« Super ! Alors première chose, ce soir ce sera pizza tous ensemble. Ensuite, tu as déjà les plans des pièces ? Ou des photos, ce sera un bon début. Il faudra un endroit cuisine, pour entreposer la nourriture et la préparer, une pièce d’eau pour laver les pokémons – peut-être la même pièce que la salle de soin, ou à côté, ce sera plus pratique. Salle de jeux, et puis évidemment les “dortoirs”. »
Je me rends compte que je parle un peu vite, tellement je suis excitée à l’idée de tout créer. Il ne faut pas oublier, c’est mon domaine, la création ! J’adore m’impliquer dans un projet. Enfin, celui de mes proches surtout. Alios lève les yeux au ciel, et décide d’aller voir ailleurs, jugeant la conversation trop inutile à son goût. Il y a sûrement de quoi jouer ailleurs, plutôt qu’écouter les humaines parler de choses dont il ne comprend pas. Code (c) Sun
Elle n'avait jamais eu énormément de rêves, de véritables rêves à caresser du bout des doigts tout en sachant qu'il demeurait possible de les atteindre, de les réaliser. De les voir s'exécuter un jour devant ses yeux épuisés et vidés de toute envie de poursuivre dans cette vie effrénée. Enfin, ce n'est pas tout à fait exact. Lorsqu'elle n'était encore qu'un enfant qui voyait la vie au travers d'un filtre noir et blanc, elle rêvait de devenir importante, de marquer les esprits, elle rêvait d'être quelqu'un, qu'on se souvienne d'elle pour toujours, marquer l'histoire et voir son nom imprimé en grand sur les manuels d'histoire des futurs élèves. Mais ces désirs illusoires et fous s'étaient vus rapidement délavés par ce train de vie qui avait arraché tellement de morceaux de son coeur, et avait laissé de son être qu'une carcasse se traînant difficilement jour après jour. Aujourd'hui, elle voyait l'un de ses seuls rêves ayant survécu se réaliser sous ses yeux encore plus éreintés qu'ils l'étaient auparavant. Des yeux encore plus vides et atteints, rouges et cernés par une fatigue qui ne s'en allait jamais. Qui demeurait bien ancré dans son corps, dans son être tout entier.
Mais cette fatigue n'importait plus, là, maintenant, en cet doux instant alors que la réalité s'infusait à petites gouttes dans ses veines, lui donnant cette excitation euphorique qui laissait son imagination bouillir et déborder. Plus rien n'importait d'autre que ce projet pour lequel elle avait tant travaillé, pour lequel elle s'était perdue dans des océans de paperasses, elle qui avait toujours détesté remplir des papiers, toujours détesté appelé, se renseigner autant, et communiquer avec des êtres humains qu'elle ne connaissait pas. Elle avait pris sur elle, dépassé ses capacités, elle s'était surpassée pour tenter d'atteindre et attraper entre ses mains un rêve qu'elle avait nourri depuis sa plus tendre enfance, ce seul rêve réaliste qu'elle caressait du bout des doigts, rêvassant, sur les bancs de cette école alors qu'elle n'avait que huit ans et que le monde lui paraissait être une menace immense. Il faut dire que les enfants pouvaient rapidement se montrer cruels les uns envers les autres et qu'elle avait été la cible des plus médisants quand elle n'était qu'un corps meurtri par des mains l'ayant parcouru, caressé, s'étant incrustés là où elles n'auraient pas dû se trouver. Un esprit sali et honteux de vivre et d'avoir vécu. Un esprit s'enfermant dans un silence, une promesse toxique empoisonnant l'existence.
Son sourire s'était doucement imposé avec une certitude grandissante sur ce visage si pâle, si blanc, qui contemplait les papiers étendus sur la table, et son regard s'était empli de petites étoiles merveilleuses et si brillantes. Dans ses veines, ce n'était rien de plus qu'un concentré d'énergie qui lui donnait envie de sauter partout, de se mettre à courir ou encore même d'éclater de rire sans la moindre raison. Mais pourquoi pas ? Elle était en vie, après tout, et elle pouvait rire. Elle pouvait courir. Elle pouvait sauter ou encore s'écraser sur le sol et faire un ange dans une neige imaginaire. Parce qu'elle était en vie. Ne fallait-il donc pas profiter du fait que ses poumons puissent encore inspirer et expirer, et que ce corps se battant tous les jours pour continuer d'assumer les fonctions ait été en mesure de supporter encore un peu la vie de telle sorte à ce qu'aujourd'hui, elle puisse être face à une réalisation de l'un de ses rêves ? Oui. Elle comptait définitivement en profiter.
Elle sourit face à la réaction de son amie Ellende, mais frissonna. De la pizza. Un nid à gras et à calories. Et elle respira profondément. Et elle accepta. Elle lâchait prise. Elle allait manger de la pizza, elle allait même profiter. Parce qu'elle était heureuse. Parce qu'elle devait fêter ce refuge, ce rêve se concrétisant. Elle devait profiter, fêter et elle devait vivre tout simplement. Alors oui ! Ce soir, ce sera une pizza bien grasse et elle allait le déguster. Sans arrières-pensées. Sans culpabilité. Sans comportements compensatoires. Elle allait vivre ce soir. « Une bonne pizza ! Tu as une idée de la saveur ? J'ai goûté une pizza poulet - bruschetta une fois et c'était vraiment bon. Enfin. » Elle réfléchit aux autres paroles prononcées tout en préparant le thé au sirop d'érable d'Ellende. C'était un thé qu'elle affectionnait tout particulièrement. « Attends, j'ai les plans de base de la maison et j'ai imprimé des photos. » Elle se mit à fouiller dans les papiers, suivie avec attention par le regard protecteur de son Eevee puis tendit les dits papiers à Ellende, tout sourire. Elle sautait presque sur place tant elle était excitée. Un véritable enfant le matin de Noël. « Pour la salle de jeu, j'ai pensé à en faire trois ! Une salle de jeu basique, une salle de jeu où la température sera beaucoup plus base avec peut-être un peu de neige, pour les pokémons glace et eau, et une salle de jeu avec une température plus élevée pour les pokémons sols, roches et ceux qui veulent de la chaleur ! Ensuite, je me disais que faire trois chambres serait une bonne idée ! Pour séparer les pokémons selon les gravités des blessures, comme ça ce sera plus simple d'agencer et on saura à quoi s'attendre dans telle ou telle chambre et quoi amener quand on fait le tour de garde. » Son esprit était en ébullition et elle-même parlait suffisamment rapidement pour être essoufflée. Elle prit le temps de prendre une gorgée de son thé et respirer. « Mais pour ce qui est de l'agencement, je ne sais pas encore, c'est assez flou dans ma tête. Tu as d'autres idées ? »
Un thé au sirop d’érable, franchement. Au départ le thé c’est pas censé être des feuilles et euh… Bon, d’accord, puisqu’on y met des fruits et même parfois des écorces, pourquoi ne pas mettre de la sève ? Et au départ, le sirop d’érable c’est quand même de la sève, donc… Théoriquement ça passe. Et moi je suis jamais contre du thé sucré. Je hoche la tête lorsqu’elle me parle des pizzas. Bon, au moins, elle a accepté – je sais qu’elle a des troubles du comportement alimentaire, alors même si je n’allais pas la forcer à avaler de la pizza, je suis contente qu’elle accepte et que nous puissions fêter ça avec un bon repas. Bon, le thé au sirop d’érable est succulent. Et la pizza au poulet doit l’être aussi, au moins, elle ne m’a pas sorti un truc trop bizarre comme… La pizza Alolienne, avec des baies nanana dessus. Et toutes les pizzas que Lilith adore. Les trucs les plus bizarres qui puissent exister sur la planète.
Enfin bref, du coup, nous verrons ce soir pour les pizzas. Pour l’instant, je vais me concentrer sur le refuge, et les plans que me tend mon amie. Je souffle dans ma tasse de thé, pour le refroidir un peu, ce qui a pour unique effet d’embuer totalement mes lunettes. D’habitude, je ne porte pas de lunettes, je vois assez bien, mais elles ont une protection contre la lumière des écrans, et c’est bien pratique. Parce que je fais pas mal d’écran, quand même. J’attends que la buée se dissipe sur les verres, avant de prendre les feuilles et photos pour étudier un peu tout ça.
La maison semble immense. Enfin, en tout cas, bien plus grande que celle où nous habitons. Mais on fait avec les moyens qu’on a ! Et puis pour y vivre, je n’ai pas besoin de beaucoup de place. Je dors ici, le reste du temps, je suis dehors ou en train d’étudier sur mon ordinateur. Même si, j’avoue, parfois j’aimerais avoir plus de place. Au moins, Alios, Farfalla, Loki et Akteon, les pokémons qui cohabitent – ceux de Lilith et moi – auraient plus la place de courir partout. Là, nous sommes obligées de les sortir régulièrement au parc, pour qu’ils se défoulent. Mais tant que je ne travaille pas, je ne pourrai pas me payer de maison plus grande. Et au moins, on est bien placés : à côté, il y a une clinique pour pokémons, quelques cafés et restaurants… Tout le nécessaire.
« Oui, ce sont des bonnes idées ! Moi aussi j’en ai, j’en ai toujours plein. »
Lui faisant signe d’attendre un peu, je sors un stylo de mon sac. Je prends toujours de quoi écrire sur moi, et j’essaie en général d’avoir un carnet, pour pouvoir dessiner ou écrire si j’ai du temps ou une inspiration soudaine. Et je griffonne quelques schémas sur une feuille, pour le plan du futur refuge, qui va bientôt ouvrir d’ailleurs. Enfin, ça ne dépend que de nous et de notre motivation, mais je crois que ça va aller vite ! Et je tends le papier à Lys.
Je lui explique rapidement les idées :
« La salle d’accueil sera, évidemment, à l’entrée. Comme il y aura des visiteurs et des présences, je pense qu’il vaut mieux mettre la salle de soin et les chambres dans le fond, comme là. Et puis si on met la salle de soins ici, on peut placer les deux chambres avec les pokémons les plus blessés ici et là. Comme ça personne ne peut y entrer sans être invité ! Et si on met les salles de jeux devant, les visiteurs pourront entendre les pensionnaires heureux qui s’amusent. »
Bien sûr, ce ne sont que des idées. Et la salle de bain est déjà placée, la petite pièce avec les points d’eau. La disposition me paraît bien, avec l’idée de trois chambres et trois salles de jeux. En tout cas, le nombre de pièces fonctionne bien avec les idées de Lys. Code (c) Sun
Son cerveau fonctionnait à cent à l'heure. Elle ne tenait plus debout et elle essayait de gérer cette énergie, mais il fallait dire que ce n'était pas évident. Elle avait toujours eu de la difficulté à gérer son énergie et pouvait parfois apparaître une personne impossible à faire tenir en place. Mais ce n'était pas grave. Elle avait une bonne raison d'être comme ça actuellement ! Son rêve devenait réalité. On ne viendrait pas lui reprocher d'être excitée alors même que ce qu'elle avait toujours voulu être en mesure de faire devenait bien plus qu'une possibilité, mais belle et bien une réalité palpable, avec des papiers lui prouvant qu'elle ne rêvait pas. Une nouvelle gorgée du thé à l'érable pour prendre le temps de respirer, de réfléchir, de ne pas se précipiter. Parce que c'était là un de ses plus grands défauts : elle se précipitait. Elle ne prenait pas le temps de se poser et elle se lançait tête première dans à peu près tout. Mais là, maintenant, elle devait prendre le temps. Ellende allait l'aider à se gérer.
Lys lui faisait confiance. Par ailleurs, elle savait très bien qu'Ellende avait un esprit qui fonctionnait tout autant que le sien, et ainsi possédait toujours des idées. Ce qui ne pouvait qu'être une bonne chose actuellement. Elle allait pouvoir aider son amie à qui elle offrait l'étage de sa maison à construire les plans de son futur refuge. Lys était contente et reconnaissante d'avoir Ellende et Lilith à ses côtés. Elle les adorait.
Elle observait les photos et les plans de la maison qui étaient étalées devant leurs yeux et elle ne pouvait s'empêcher de sourire. C'était si beau, et tellement magique, de se dire que tout ça, c'était à elle et que ce serait un refuge pour lequel elle aura énormément travaillé. Elle hocha la tête alors qu'Ellende lui disait d'attendre et se mit à griffonner quelques trucs sur un carnet qu'elle venait de sortir. Lys trépignait d'impatience. Mais elle se contentait un minimum et se montrait patiente tout en buvant quelques gorgées de son thé qui était chaud, mais pas brûlant non plus. Qui était bon. Lorsqu'elle put enfin voir ce que son amie dessinait à même le carnet, elle eut un sourire encore plus grand. Ellende avait su percevoir exactement ce qu'elle attendait du refuge et l'agencer en quelques instants. C'était parfait.
« C'est parfait ! Je le voyais exactement comme ça ! T'es parfaite ! » Un merveilleux sourire sur ses lèvres alors qu'elle prenait Pixel dans ses bras et le serrait fort, partageant ainsi sa joie explosive avec son Eevee. Elle finit par le déposer sur la table pour pouvoir le flatter tout en jouant avec les papiers quelques instants. « Le deuxième étage de la maison sera personnel. Ça me permettra d'entreposer tout ce dont j'ai besoin à même le refuge et tout. » Elle reprit sa tasse de thé pour reprendre des gorgées tout en regardant autour d'elle. Elle ne savait pas quoi faire de ses mains, de son corps, pas plus qu'elle ne savait forcément quoi dire maintenant. « J'ai vraiment hâte que tout soit enfin mis en place et de l'ouvrir ! Ce sera super ! »
Je relève les yeux, pensive. J’espère ne rien oublier. C’est compliqué, de penser à tout, mais j’ai l’habitude de gérer de petits projets. Là, c’est un grand projet, et nous n’avons pas le droit à l’erreur ! Je pense que ça ira, c’est juste étrange de se dire que cette fois, c’est un gros projet professionnel, et pas un projet pour s’amuser, un loisir. C’est bien plus que ça. C’est vrai que nous sommes adultes, avec les responsabilités qui vont avec, et les libertés, aussi… Je reprends ma tasse pour en boire une nouvelle gorgée. C’est sucré et chaud, ça fait du bien. Tout en reposant la tasse sur la table – suffisamment loin des papiers en cas d’accident – je lève le regard vers mon amie. Elle sourit. Elle semble vraiment heureuse, en cette seconde précise. Si bien que j’aimerais que le temps ne s’arrête pas, qu’on reste là, encore, à contempler ces gribouillages sur un papier. Un avenir.
Bon, je suis loin d’être parfaite, mais ce n’est pas grave. Tant mieux si c’est ce qu’elle attendait. Moi aussi j’ai hâte que le refuge puisse ouvrir, j’ai envie de l’aider avec ça. Même si ce n’est pas mon projet, c’est quelque chose qui me tient à cœur, et si je peux l’aider et qu’elle accepte mon aide, eh bien… Nous ferons une équipe. Pourquoi ne pas lancer un site internet, aussi ? Et… Non, il ne faut pas s’emballer. Chaque chose en son temps. Aujourd’hui, il faut déjà faire les papiers correctement et puis il faudra préparer le refuge, l’intérieur de la maison, pour que tout ressemble à ce qui est prévu.
Lys m’explique que le deuxième étage entreposera ce dont le refuge aura besoin. Un lieu personnel, où personne hormis elle n’est censé aller. L’espace est suffisamment grand au premier étage pour qu’elle puisse laisser ses protégés courir et gambader. Lys a attrapé son pokémon, Pixel, pour le serrer dans ses bras. Il doit être heureux lui aussi, pour sa dresseuse. Et même s’il ne comprend pas tout, au moins nos pokémons ressentent notre joie. C’est ce qui est bien avec les pokémons, ils peuvent ressentir chacune de nos émotions. Ils peuvent partager leur joie avec nous, nous réconforter si nous sommes tristes. Aujourd’hui, l’heure est à la fête. Et Alios ne comprend pas tout ce qu’on raconte, par contre, il y a fort à parier qu’il a bien compris le mot “pizza”...
« Moi aussi, j’ai trop hâte ! On pourra t’aider, avec Lilith, si t’as besoin d’un coup de main ! Ménage, déménagement et même site internet… »
Les weekends, et même un peu n’importe quand, moi je peux aider à transporter des meubles et à emménager. Et à faire d’autres tâches directement au refuge, aussi. Il faudra voir comment la maison se présente, en tout cas, peut-être qu’on devra repeindre et mettre un nouveau parquet. Et puis il faudra faire le ménage, de fond en comble, avant de tout installer. Ça, c’est beaucoup de boulot, nous le savons. Pourtant nous débordons d’énergie.
Je vais aller prévenir Lilith, pour la bonne nouvelle, et aussi pour les pizzas. Ça fait deux bonnes nouvelles, au final. En tout cas, la meilleure nouvelle du point de vue d’Alios, c’est la pizza. Le Chacripan saute sur la table et renifle les papiers. Il ne sait pas exactement ce qui nous rend aussi euphoriques, et ce ne sont pas les papiers qui l’aident à comprendre. Tant pis. Alios a besoin de voir pour comprendre, toucher, explorer. Il pourra venir au futur refuge lui aussi, pour nous donner un coup de patte.
« Je vais dire à Lilith qu’on mange pizzas ce soir, avec toi, et… Je te laisserai lui annoncer la nouvelle ! »
C’est mieux de garder un peu de suspense, et c’est mieux si c’est Lys qui annonce la grande nouvelle. Même si elle va s’en douter, puisque Lys attend depuis un moment la confirmation pour pouvoir ouvrir le refuge en toute légalité. Oh, j’ai hâte que tout soit fini et qu’on puisse admirer ça ! Le refuge va être génial, j’en suis sûre. Ni une, ni deux, je salue Lys en ponctuant d’un “à tout de suite !” avant de filer en direction de notre étage, pour prévenir ma copine. Code (c) Sun
L’euphorie se mélangeait à l’angoisse et l’incertitude d’être à la hauteur. Tu n’avais pas l’habitude de mener des projets à terme, tu finissais toujours par abandonner, par les laisser tomber et maintenant, tu pouvais. Tu pouvais ouvrir le refuge, tu avais toutes les autorisations et surtout tu allais le faire . Alors tu étais anxieuse, nerveuse et énervée. Excitée. C’était un cocktail d’émotions que tu n’avais pas pour habitude de gérer. D’aller jusqu’au bout. Tu ne savais pas du tout comment ça allait se passer, comment ça allait se dérouler. Mais tu avais tes amies à tes côtés pour te soutenir et avec elles tu allais pouvoir y arriver. Tu en étais certaine, tu faisais tout pour en être certaine. Tu travaillais tellement sur ta personne pour ne pas laisser les doutes prendre tout ton être, t’envahir.
Les plans étaient faits, la maison achetée, les permis obtenus. Tout ne pouvait que bien aller désormais. Tu avais Ellende à tes côtés, de même que Lilith et tu pouvais t’accrocher au bonheur qui prenait place dans tout ton être. Doux bonheur, gentil bonheur. Tu n’allais pas le laisser s’en aller, le laisser fuir. Pas aujourd’hui, pas tout de suite. Tu allais en profiter pour le temps qu’il était là. T’allais profiter de sa présence avant qu’il ne s’efface dans l’océan de tes démons, profiter de sa douceur. De cette chaleur qui envahissait tout ton être actuellement alors que tu caressais ton compagnon de route, ce merveilleux Eevee si loyal, si gentil.
Dans tes bras, Pixel comprenait que quelque chose d’important était en train de se produire. Il ne comprenait pas forcément ce que c’était, mais il ressentait le bonheur qui t’avait envahi et il était content avec toi. Et c’était tout ce qui comptait. Il finit par grimper sur ta tête et regarder Ellende, tout heureux de cette ambiance énergique et ensoleillée qui vous entourait. Rien n’aurait pu le rendre plus heureux en cette journée. Et ce fut un sourire encore plus grand qui se dessina sur ton visage quand Ellende t’informa qu’elles pouvaient t’aider pour tout ce qui était nécessaire. Pour toutes les préparations que vous alliez devoir vous coltiner avant l’ouverture du refuge.
« J’aurais besoin de votre aide, c’est sûr ! » Tu ne pouvais pas tout faire toute seule et puis Ellende était très douée au niveau du codage. Tu savais très bien qu’elle allait pouvoir te faire un merveilleux site internet qui donnait envie. Après tout, le boulot qui restait à faire était phénoménal et grand. Tu ne pouvais pas tout faire toute seule si tu voulais pouvoir ouvrir bientôt le refuge. Tu ne serais pas capable d’attendre. Tu devais nettoyer de fond en comble pour être en règle, changer certains matériaux, tout faire. Tu voyais l’immense tâche de travail qui se déroulait, et tu avais cette envie de tout laisser tomber, tu en étais presque décourager. Mais non. Tu allais tenir, ne pas lâcher prise, ça te tenait tellement à cœur que tu ne devais pas abandonner. Tu n’allais pas abandonner.
Sourire toujours sur les lèvres, tu hochas vivement la tête. « À tout de suite ! » Pixel sauta sur la table et, à l’instar d’Alios, il renifla les papiers en se demandant tout ce que ça pouvait signifier. Tu savais que les pokémons allaient comprendre lorsqu’ils pourraient se promener dans le refuge. D’un geste précis et rapide, tu rangeas les papiers dans une pochette avant de mettre les enveloppes de thé au compost. Un baillement te signifia que la fatigue prenait ton corps, mais ce n’était pas grave, tu avais l’habitude après tout. Tu mis l’eau à chauffer dans la bouilloire dans l’optique de te faire un café plutôt qu’un thé. Oui, ton sang était empli de caféines. Tu avais hâte d’annoncer la nouvelle à Lilith.