Quelques nuages, un peu de vent frais, beaucoup de ciel bleu. Une belle après-midi d'août, pas trop chaude ni animée. La plupart des gens sont encore en vacances, et le pic de tourisme de la ville est déjà passé depuis quelques jours. Lentement, les choses rentrent dans l'ordre, la vie normale reprend son cours.

Quelque part non loin de la fontaine Poissirène, un homme en noir finit par s'assoir avec difficulté sur un banc après avoir boité pendant de longues minutes. Le mouvement final lui a d'ailleurs arraché une grimace de douleur alors qu'il a machinalement voulu attraper l'accoudoir de sa main droite alors que tout son avant bras est engoncé dans une attelle.



...



Les minutes passent. Le blessé, plutôt jeune, tente de lire son journal, mais ne trouve vraisemblablement pas de position idéale pour à la fois tenir la Volte Électrique ouverte au bon endroit, tourner les pages et ne pas trop solliciter son corps meurtri. Au bout d'encore quelques essais infructueux, l'homme jette l'éponge dans un soupir, laisse tomber la feuille de choux à côté de lui et se contente de regarder les passants, le regard morne. Accident à la plage ? Traumatisme de l'avant bras dû à une chute sur les pistes de ski dan une région éloignée ? Blues de rentrée d'un cascadeur au chômage technique ? A vous de voir...

Plusieurs jours étaient passés depuis son arène et notre étoile du soir avait reprit la route pour retourner à Lumiris centre. Néanmoins, elle s'arrêta à la grande ville de Voltapolis. La raison? Pas une en particulière, car mis à part quelques courses pour son amie Yokoss, elle n'y était jamais vraiment restée et peut être ferait-elle quelques emplettes ici ou voir si une quelconque personne avait besoin d'un service ou d'une quelconque aide rémunérée. En effet, Sayo-Hee n'avait pas trouvé encore d'emploi fixe et sa situation actuelle à vadrouiller, ne lui permettait pas de prendre n'importe quel poste.

C'est en flânent ainsi dans les rues, qu'elle tomba sur une tête connue. Ce derniers ne l'avait pas encore vu, se battant avec son journal, mais à sa vue, la belle plante ne pu s'empêcher de sourire à ce doux souvenir. Roy, l'un des premier homme qu'elle avait rencontré à son arrivé dans cette région et l'avait bien aidé sans même la connaître, au même niveau que la Rousse. Depuis ce jour, elle ne l'avait pas revu, et tant de choses avaient changer. Notre guerrière avait vécue tant d’aventure et de situation inexplicable. Bien sur, l'une des plus apparente était l'évolution de son salamèche en reptincel qui l'accompagnait toujours et n'avait pas changé sur ce point, il ne supportait pas sa Pokeball et craignait pour la vie de sa dresseuse.

Enfin, heureuse de pouvoir retrouver ce jeune homme, elle le contourna pour ne pas qu'il la voit arriver. Discrètement, elle s'approcha encore sans se faire voir, et à tout juste un mètre de lui, posa ses mains sur ses hanches, avec un grand sourire radieux sur le visage, s'exclamant:

-Alors on profite du temps et du calme?



Bien évidemment, alors qu'elle était dans son dos, elle ne parvenait pas avoir son regard morne, et son épuisement. Elle ne pouvait pas savoir ce qui lui était arrivé et encore moins ce qu'il avait pu vivre récemment. Après tout, comment pouvait-elle connaître les dernières nouvelles? Sayo-Hee allait vite se rendre compte que sa bonne humeur allait probablement prendre une douche froide et que son sourire allait disparaître. Les prochaines heures n'allaient pas être aussi radieux que le temps...

Les minutes passent.


...


Une voix féminine se fait entendre, mais l'homme ne bouge pas, trop perdu dans ses sombres pensées. Il lui faut plusieurs secondes pour considérer l'éventualité que l'interjection lui était potentiellement adressée, puis l'homme commence à se retourner sur son banc pour voir ce qu'il en est. Mauvaise idée, son corps meurtri proteste sous la tension.

Grognement étouffé. Soupir, puis il se lève avec précautions pour pouvoir se retourner et faire face à son interlocutrice. Quelques secondes de silence le temps d'inspecter l'inconnue, puis le souvenir remonte et il la reconnaît.

- "C'est une façon de voir les choses... Mais je n'irais pas juste qu'à dire que j'en profite."

Pas de bonjour, de formule de politesse ou de tour de magie, je ne suis vraiment pas d'humeur. Je me contente donc d'un simple signe de tête avant de retourner m'assoir avec précautions sur le banc. Non pas que je garde un mauvais souvenir de notre dernière rencontre, mais le moment est surtout mal choisi. Me lever a mis en évidence mon infirmité du moment, argument généralement efficace pour couper court à toute tentative de discussion sur la pluie et le beau temps.

Pour une fois que je ne cherche pas à avoir du public, ce serait quand même un comble qu'elle ne saisisse pas le message...

Alors que Sayo-Hee s'attendait à ce qu'il se retourne et la voit avec son grand sourire sur le visage. Celui qu'elle interpellait ne réagissait pas. Après tout, il est vrai qu'elle ne l'avait pas nommé, mais elle pensait être suffisamment proche pour qu'il comprenne qu'elle s'adressait à lui. A moins, qu'il était plongé dans ses pensées, ce qui était fort plausible. Mais l'étoile du soir allait être surprise et pas d'une manière agréable, bien au contraire.

Alors que Roy se décida enfin à tourner son attention vers elle, l'amazone comprit que quelque chose n'allait pas et qu'il souffrait. Non seulement physiquement, mais aussi intérieurement. Que lui était-il arrivé durant tout ce temps. Son sourire s'évanouit bien aussitôt, momentanément inquiète pour lui.  L'homme quand à lui garda le silence, comme s'il essayait de la remettre dans le contexte, elle aurait pu s'en vexer, mais il n'en était rien. Roy ne semblait être plus que l'ombre de lui même, une âme en peine, dont la douleur du corps n'était que la partie immergée de sa véritable peine. L'amnésique tenta un pas en avant, mais fut arrêter dans son élan, alors qu'il s'exprima enfin, avant de lui tourner le dos à nouveau pour s'asseoir.

La brune reste un moment immobile à le contempler, alors que son reptincel la regardait tour à tour avec le jeune homme. Lui n'avait pas la même émotion envers lui, surtout que de son point de vue, il manquait de respect à sa dresseuse, quelques flammes jaillirent de sa bouche, énervé. Ce qui fit revenir à elle la belle plante, qui lança un sourire triste à son compagnon, avant de lui grattouiller le cou. Ceci eut pour l'effet de le détendre, mais Sayo-Hee, même si elle ne savait pas y faire, n'était pas du genre à abandonner, surtout lorsqu'une connaissance, voir un ami était dans le besoin. Elle avait un grand sens de la justice et toujours dans le désir d'aider autrui, et ceux même malgré eux parfois. Pour conclure, elle était têtue et bornée. Elle avait apprécié son interlocuteur à leur première rencontre, il avait beaucoup aidé et offert une aide...En d'autres termes, il lui avait tendu une main, et elle lui était redevable.

Plus assurée, même si elle n'avait aucune expérience avec ce genre de situation, elle s'avança dès lors vers lui et vint s'asseoir à côté de lui, en balançant ses jambes d'avant en arrière, en sifflotant légèrement. Elle ne fit aucun mot, regardant le ciel. Même si elle n'était pas douée pour consoler les gens, elle y travaillait dure, et garder un sourire franc, sincère et encourageant sur le visage... Mais bien sûr, le jeune homme allait être du genre à l'ignorer à tous les coups. Alors peu patiente, elle prit les devants, en posant sa main sur l'épaule pour attirer son attention. Pas de mots de prononcés mais un regard qui voulait tout dire. Une présence qui se voulait rassurante. Un message pour lui signifiait qu'elle était là et prête à écouter...

Bien évidemment, l'intéressée ne saisit absolument le message. Ou l'ignore superbement, ce qui est non seulement probable mais également pire.

...

Un ange passe.


Oh, je me doute bien de ce que va suivre, et cela me fatigue d'avance. Au vu de sa réaction, elle ne va très certainement pas lâcher le morceau facilement, et deux options s'offrent dont à moi. Rester mutique et refuser tout dialogue déjà. Voir carrément me montrer méprisant ou insultant. Simple et efficace, mais à double tranchant. Si elle se vexe, elle risque soit de se mettre en colère... Soit de planter sa tente jusqu'à en savoir plus.

...

Un doute plane.

Seconde option, vider mon sac pour que sa curiosité et/ou compassion soit satisfaite. Je ne suis en réalité même pas obligé de raconter la vérité. Un mensonge brodé sur le fil, quelques regards tristes et mes meurtrissures physiques suffiraient à en convaincre plus d'un, et cela sans même compter mes talents d'acteur.



...


Le doute percute l'ange dans le dos, et les deux disparaissent dans le ciel sans laisser de traces. Accident en plein vol, aucun survivant. Déprimant.


...


"J'apprécie ta sollicitude, mais je préfèrerais rester seul. Je porte le deuil d'un de mes pokémons... Et entre ça et ma nouvelle collection de blessures, j'ai vraiment juste besoin d'air. De beaucoup d'air."

Pas de mensonge finalement, juste une porte de sortie honorable offerte. Elle peut s'en aller avec les honneurs, elle aura fait sa part des conventions sociales. Voir même plus que ce qui est normalement fait pour un inconnu rencontré une seule fois par hasard sur les routes.

Cela dit, rien qu'évoquer vaguement les évènements récents me fait mal, et je tente tant bien que mal de refouler mes larmes. Je n'ai jamais considéré qu'il était honteux pour un homme de montrer ses émotions et de pleurer, mais nous sommes assis sur un banc public en pleine ville. Quand il s'agit du magicien grandiloquent en pleine représentation, c'est facile, je peux être aussi expressif que nécessaire. Mais quand il s'agit juste de Roy...

"Putain de Mistrals..."

La phrase n'est qu'un murmure entre mes dents serrées, mais elle était trop violente pour rester à l'intérieur plus longtemps. Ce qui n'empêche pas me corps de se tendre alors que mon visage se serre en un rictus de colère.

Le silence régnait entre les deux protagonistes. Un silence religieux, toutefois rompu par le bruit des passants. Mais Sayo-Hee, malgré son impulsivité, savait être patiente avec ce qu'elle appréciait. Oui, elle allait peut être vite en besogne, mais notre amazone était ainsi... Entière. Quand elle aimait, ceci pouvait être rapidement, et quand elle aimait pas, elle ne se gênait pas pour le montrer non plus. Dans tous les cas, elle gardait le silence, attendant qu'il s'exprime lorsqu'il en aurait envie, attendant à côté, grattouillant par moment la tête de son nouveau Reprincel.

Mais la raison de son état tomba, tel un marteau sur la tête. Mais elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle entendait. Oui, les petits créatures n'étaient pas immortels et invincible. Mais, au vu de ses blessures, son compagnon n'était pas mort de vieillesse ou même de maladie, mais alors que c'était-il passé? Son regard devint vide, pendant un instant, avant de reprendre conscience et poser son regard sur son fidèle ami. Le perdre aurait été la plus grande souffrance pour l'amnésique, elle ne pouvait donc que comprendre ce qu'il ressentait, et elle s'empara de son ami machinalement, pour le serrer contre elle. Que pouvait-elle lui dire? Elle n'était pas doué pour réconforter les autres. Après tout, elle pensait être une véritable machine à tuer. Alors essayer d'être l'épaule sur laquelle on pouvait s'appuyer était à l'opposé de ce qu'elle semblait être. Mais comment pouvait-elle affirmer cela, alors qu'elle n'avait toujours rien trouvé sur ses souvenirs.

Elle continua à regarder le jeune homme, se demandant bien ce qu'elle pourrait faire.Et alors qu'elle aperçut les yeux humides de son interlocuteur, elle se sentait défaillir. Elle n'avait jamais agit envers des personnes au bord des larmes. Et se senti démunie. Elle voulait être forte pour les personnes qu'elle appréciait et elle ne s'arrêtait pas sur le fait qu'un homme puisse pleurer, puisque pour elle on était humain avant tout. Le voyant aussi triste, elle serra ses mains sur son jean, impuissante.

Mais la seconde qui allait suivre aller tout changer, un simple mort allait éveiller la guerrière qu'elle était, lui rappelant même la promesse qu'elle avait fait à un certain ancêtre. La tristesse s'assécha tout de suite pour laisser place à une vive colère. Elle se redressa d'un bond, les mains serraient et le visage transformait par une véritable haine.

Elle commençait à comprendre! Roy avait du rencontrer cette équipe mistral. Ce même ennemi que Jericho lui avait parlé. Le groupe à abattre, alors même qu'elle ne l'avait pas encore rencontré.Mais cet adversaire lui donnait une raison de plus à les pourchasser et les anéantir. Elle se tenait devant son ami, les lèvres s'ouvrant et se fermant, sans qu'aucun son ne sorte, son corps tremblait légèrement. Et finalement, elle s'exprima:

-Mistrals? Tu les as rencontré? Ils sont les responsables de ton état et de ...de ...La disparition de ton ami?

Elle avait besoin de l'entendre, d'avoir une confirmation sur ses doutes. Mais l'attente était si insupportable, elle avait besoin d'en savoir plus. Savoir qu'il y avait peut être une chance pour le pokemon et surtout pour le monde. Mais l'émotion de cette annonce causa tant de troubles, que sans se rendre compte, elle contractait tellement ses poings que ses ongles pénétraient l'intérieur de ses mains, déclenchant un saignement abondant. Le liquide rouge se mit à se répandre le long de ses doigts et de ses corps, avant de s'écraser au sol. elle qui était ici pour le réconforter, voilà qu'il avait déclenché en elle son instinct de prédation. Mais allait-il même lui répondre...Ou prendre peur ?

La tournure de phrase et l'euphémisme dans sa question me font brusquement rire. Un rire faux, sec et cynique, qui heurte les oreilles plus qu'autre chose. Mais le ressentiment est trop fort, c'est la colère qui parle.

- "Qu'est ce que tu crois, qu'ils lui ont offert des cookies et un oreiller pour dormir ? Que ces blessures, je les ai eus en glissant sur une feuille morte en allant leur apporter des croissants ? Évidemment qu'ils sont responsables de sa disparition comme tu dis. Presque autant que ma propre stupidité, c'est dire !"

Par habitude, j'accompagne la fin de ma tirade d'un grand geste du bras, ce qui provoque une nouvelle vague de douleur dans mon autre bras et mon bassin meurtris. Nouvelle preuve de ma bêtise s'il en fallait une. Ah il est beau le fier magicien des rues, l'enseignant charismatique ! Tout dans l'apparence, rien dans le crâne. Pas une once de bon sens, rien, le vide intersidéral. N'importe quel abruti avec deux neurones connectés aurait sur que cette mission surprise contre les Mistrals était du suicide. Mais non, toi tu te laisses convaincre comme une fleur, tu y vas que tu t'en tireras comme toujours avec une jolie pirouette et un mot d'esprit... Quand on voit le résultat, on ne peut d'ailleurs qu'applaudir chaudement. Sacré performance dis donc, chapeau l'artiste !




...




Il me faut un moment avant d'émerger de nouveau de mes propres accusations et me rendre compte de la colère de la jeune femme. Irritée contre moi ou juste contre les Mistrals ? Potentiellement les deux. Au pire, je m'en fous. Qu'est ce qu'elle va faire de toute façon ? Me gifler ou partir en croisade seule contre une mafia tout entière ? Même dans ses rêves les plus fous où elle arriverait à les démanteler, ça ne me rendrait pas Keiko...



...




"J'ai voulu participer à une mission secrète contre une planque Mistral. Résultat, nous étions attendus dès le départ par un joli comité d'accueil. Le reste n'a été qu'une lutte pour s'échapper de ce traquenard... Et me voilà. Mais à quel prix..."

La voix est blanche et atone. Je ne sais plus si je suis en colère, cynique ou juste mort de chagrin.


...


Suite au silence pesant qui s'installe, je m'agite sur le banc, mal à l'aise.  J'en ai à la fois trop et pas assez dit. Alors, pour me donner contenance (ou bonne conscience, à vous de voir), je fais sortir Salem de sa pokéball et la garde dans mes bras. Pour une fois, ça n'a rien de difficile, au contraire. Elle d'habitude si agité et joyeuse, on dirait à présent un autre pokémon. Vide.

Même les enfants comprennent parfois que quand la mère ou la sœur disparaît sans laisser de trace et que personne n'ose en parler, c'est qu'elle ne reviendra pas.

La sauvagerie. Oui tel était le qualificatif qu'on pouvait donner à Sayo-Hee à cet instant. Elle se moquait des rires, du cynisme de son interlocuteur. Elle voyait rouge et avait un désir de sang. Cette fois-ci, elle n'avait plus aucune limite et elle ne craignait plus ce qu'elle avait pu être ou ce qu'elle pouvait être. Au contraire, elle désirait s’accaparer de ce potentiel en elle pour le libérer et anéantir leurs ennemis. Son corps tremblait de la tête au pied, alors que son visage était tiré par une fureur animal. Le sang continuait à perler le long de sa main pour venir rejoindre les gouttelettes au sol, tâchant ce dernier d'une couleur rouge vive. Même Reptincel tentait de tirer sur les vêtements de l'étoile du soir... En vain!

Seules les paroles de Roy eut l'effet d'un électrochoc et la ramena à elle, avant que ses démons intérieurs ne prennent possession de son corps. Son corps se relâcha légèrement, alors qu'elle sentie une grande fatigue la gagnait, probablement sous l'effet de l'émotion. Elle garda le silence à ses paroles. Elle ne lui en voulait pas de parler ainsi...Elle le comprenait même. Mais qu'avait-il fait là bas? Et qu'est-ce que ces ignobles personnes lui avaient fait? Mais ce n'était certainement pas le moment de lui demander cela. Et pourtant sa question silencieuse eut la réponse attendue. Pourquoi n'avait-elle pas été mise au courant de cette mission? Pourquoi Jericho ne l'avait pas prévenu d'une telle possibilité d'arrêter cette organisation. Elle avait promis de lutter et d'affronter les dangers. Et pourtant, elle restait encore en arrière. Elle se rendait compte... Compte qu'elle était encore faible. Ses amis et elle n'avaient pas pu s'entraîner encore suffisamment pour faire le poids. Elle regardait le sol honteuse face à cette vérité. Elle n'osait, à cet instant, pas regardé son interlocuteur dans les yeux. Et réfléchissait perdu dans ses pensées, le poing toujours fermé, alors que la douleur commençait à se faire sentir à l'intérieur de sa main. Elle ouvrit celle-ci et le sang reflua plus abondamment. Elle regarde le liquide ainsi s'échapper, sans parvenir à ôter son attention de ce spectacle.

L'amazone entendait bien le pokemon sortir de sa ball, mais ne réagit pas. Son esprit semblait ailleurs et si loin. Elle refermait ses mains avec violence, éveillant plus encore la douleur de sa main. La douleur, un sentiment que personne ne voulait ressentir. Et pourtant une émotion si forte, si puissante qu'on pouvait se servir. Une preuve aussi que nous étions vivant et pas mort. Elle tourna son visage, vers la coquille vide qu'était devenu Roy. Elle ne supportait pas cela. Cette vision de l'homme qui était si charismatique à ses yeux, n'était plus que l'ombre de lui même.

-Je suis triste pour toi et je peux réussir à comprendre ce que tu ressens... Mais... Mais... Que fais-tu à présent? T’apitoyer sur ton sort? Attendre que ces hommes reviennent pour finir le travail?Je ne connaissais pas ton ami, mais crois-tu qu'il aimerait te voir ainsi? S'il t'a suivit là bas, c'est qu'il croyait en tes projets et désirait sûrement arrêter ce groupuscule. Et peut être qu'il y a encore une chance de les arrêter. N'est-ce pas ce que tu désires? Surtout à présent qu'ils t'ont enlevé ton ami? Non, tu préfères laisser sa disparition vaine?

Sa voix d’abord faible devenait de plus en plus assurée et puissante. Elle n'était pas tendre probablement, et même un peu sèche assurément. Elle n'était pas le genre de filles à plaindre autrui et ne savait pas forcément réconforter les personnes. Non, c'était un fait! Mais elle était par contre déterminée et prête à se battre jusqu’au bout, plus encore pour une personne qui l'avait tant aidé. Alors s'il fallait le secouer, elle le ferait.

-Si toi tu as abandonné, je continuerais. Oui, je continuerais pour toi et tout ceux qui ont perdu quelqu'un durant cette journée. Je me moque des difficultés, je porterais sur moi votre douleur et vos peines si vous désirez. Il y a encore de ça quelques mois, je me suis éveillée dans ce monde, sans me rappeler de quoique se soit. Et cette région et ses habitants m'ont ouvert les bras et m'ont accueilli.Tu as été l'un des premiers à le faire et tu es devenu quelqu'un d'important à mes yeux. Alors abandonnes, si tu désires, mais en la mémoire de ton ami et pour toi, je continuerais. Oui, je ne cesserais de poursuivre votre combat, vous avez été là pour moi quand j'en avais besoin, et je serais là pour vous...Roy Lamb, je te le promet, je n'aurais de cesse que de chasser ceux qui t'ont fait souffrir.

A cet instant, comme une promesse, elle leva sa main ensanglantée, sa main ouverte au début, il pouvait voir qu'elle était totalement ouverte, alors qu'elle refermait son poing, dans un léger rictus de douleur, mais la lueur de son regard ne faiblissait pas. Elle était déterminée! Et même si elle était compréhensif, elle voulait revoir le Roy qu'elle avait connu, même si ceci prendrait du temps. Elle restait ainsi, quelques secondes, avant d'ajouter dans un souffle, plus pour elle même:

-Vous ne savez pas de quoi je suis capable...

Peut être était-il venu le moment d'éveiller ce qu'elle redoutait...

- "Oh juste ciel, épargne-moi le couplet habituel et les violons ! Qu'est ce que tu crois que je peux faire, seul et dans cet état ? Nous étions plus d'une vingtaine à participer à l'opération ! Avec des dresseurs compétents dont même certains champions d'arène ! Et tout ça pour quoi ? "

La morale à deux centimes à base de "ce n'est pas ce qu'elle voudrait" et autres "tu vas vraiment rester là à t'apitoyer sur ton sort ?", c'est digne des romans de gare. La réalité est bien plus pragmatique : Keiko est morte, et se fiche donc de savoir ce que je fais ou ce que je pense puisqu'elle n'est plus en mesure de faire quoi que ce soit tout court. Les bons sentiments ne la feront pas revenir, un point c'est tout. Ni me suicider contre les Mistrals d'ailleurs.

"Libre à toi de participer à la prochaine boucherie si tu veux, je suis sûr qu'ils seront ravis d'avoir une jolie volontaire dans leurs rangs. Ils ont eu quelques baisses d'effectifs bizarrement ces temps-ci, dont tu seras accueillie à bras ouverts... Va donc te faire trahir joyeusement dans une mission sans espoir, et on verra si tu es toujours aussi optimiste à ton retour !"

Sa promesse grandiloquente m'énerve plus qu'autre chose. Moi aussi, il y a quelques jours, j'aurais volontiers tenu ce genre de discours, mais à présent je vois à quel point c'est futile. La plupart des gens se contenteront de donner un coup de main au prochain assaut Mistral, et considèreront avoir fait leur part en stoppant un pokémon affolé ou un sbire. Ceux qui s'impliquent réellement, eux ils ne reviennent pas, ou en tout cas pas indemne. Alors vas-y, sors tes grandes déclarations de bonne foi, on te regarde...

La seule chose qui me retient d'en rajouter une couche est une petite Spectre qui lâche un gémissement suite à ma voix trop forte et cynique, et je baisse la tête pour regarder Salem. La petite Spectre a une fine larme rouge qui coule de son œil unique. Tentant de me calmer pour ne pas la faire pleurer davantage, je me mets à la bercer un moment en silence avant d'enfin reprendre d'une voix égale.

"Fais ce que tu veux, ce n'est pas à moi de te dicter ta conduite. Mais épargne-moi les leçons de morale et la compassion à la guimauve, d'accord ?"

Le sol. Il y avait encore quelques mois, elle ne connaissait rien de cette région, de cette vie. C'est ici même qu'elle avait fait sa seconde naissance...Non, une seconde chance. Peut être était-ce dans l'ordre des choses d'avoir oublié son passé. Pour recommencer tout à zéro. Cette terre, ces personnes lui offrait l'opportunité d'une seconde chance, elle le savait à présent. Peu importe ce qu'elle avait pu faire avant, on lui montrait une nouvelle voie, un nouveau chemin! Peut être devrait-elle payer sa dette ainsi. Personne ne savait de quoi elle était capable, même elle ne le savait pas. Mais elle commençait à le sentir, une force en elle. Tout ce qu'elle avait pu apprendre, l'arme qu'elle avait peut être été. Le mal qu'elle avait pu causer, elle pouvait se servir de tout cela. Oui, elle était forte, elle le savait au fond d'elle. Mais cette seule force ne suffisait pas, de cela elle en était certaine. Mais peut être qu'ensemble? Peut être que l'ennemi essayait de diviser tous leurs opposants pour agir en toute quiétude. Une flamme s'allumait dans ses yeux. Maléfique ou bénéfique...Elle ne devait faire qu'un. Ce sol qui l'avait adopté demandé son paiement.

Pourtant à cet instant, Roy s'exprima, l'obligeant à lever son regard froid. Elle n'était à ce moment plus la même personne. Plus cette jeune fille explosive, entière et sincère... Elle était autre chose. Froide et implacable. Oh oui, elle aurait pu faire peur à n'importe qui à cet instant. Elle écouta les paroles de celle qu'elle considérait comme son ami, mais son attitude était bien différent, son regard meurtrier, distant. Elle le laissa finir, ne cessant de le regarder.Puis lorsqu'il finit enfin, le silence s'installa à nouveau.

Un adage disait que nous avions tous un démon en nous. Parfois, la vérité n'était jamais aussi proche. Sayo-Hee se perdait dans ses ténèbres, et pourtant, une nouvelle lueur étincela dans ses yeux une fraction de secondes, les visiteurs s'étaient pour la plupart éloignés, regagnant leur chez eux. Et le peu qui restaient aller bientôt partir sous la peur. Car l'étoile du soir se leva en un instant, et son poing fusa sur le visage "du magicien". Violent, méthodique et rapide. Il pouvait essayer d'éviter, mais au vu de ses blessures, ceci lui causerait probablement autant de douleurs. Elle se retrouvait au-dessus de lui, le regard vide. Et sa voix froide et étonnamment calme retenti doucement, pour seul destinataire son camarade.

-Si tu as abandonné...Si tu ne sers à rien... Apportes leur le reste de tes amis pour accélérer leur projet. Si plus personne ne s'oppose à eux, c'est la fin de Lumiris n'est-ce pas? Alors pourquoi retarder cela et offre leur le reste de tes amis! Tout est perdu, pour toi? Tu ne veux plus souffrir?

L'ombre en elle prenait le dessus. Elle réfléchissait plus comme une machine. Suivant la logique du magicien. S'il ne servait à rien se poursuivre la lute, autant arrêter tout de suite et donc abandonner totalement. Offrir aux mistrals, ceux qu'ils désiraient. Après tout, si personne ne s'opposer à eux, l'accident de Roy allait se répéter à tous les dresseurs et à tous Lumiris. Plus personne ne pourrait se cacher. C'est ce que signifiait Roy en cet instant, dans ses paroles.

Elle rapprocha son visage aussi proche qu'elle le pouvait, sentant son souffle sur le sien et possiblement  lui aussi.  Chuchotant quelques mots:

-Je peux abréger tes souffrances, si tu le désires. Tu n'auras plus à voir le mal que fera les mistrals. Je peux terminer ce qu'ils ont commencé et te tuer...

Elle s'éloigna légèrement de lui en plongeant son regard dans le sien, froid comme la mort. Reptincel lui même semblait terrorisé, essayant de tirer sur les vêtements de sa dresseuse et poussant des gémissements. Dans son état et au vu de l’entraînent inhumain de Sayo, il n'avait aucune chance...Elle n'était plus elle même. Pourtant à cet instant un fait étrange se déroula. Autour de son cou, une lumière pulsa légèrement et plus fortement. L'étrange objet que lui avait donné le dominant s'illuminer. L'amazone commençait à se tenir la tête, comme si elle souffrait intérieurement et après plusieurs longues secondes, un flash aveugla la brune. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, c'est comme si elle s'éveillait d'un rêve, mais cette fois-ci la scène se déroula dans son esprit, tel un rêve. Elle avait honte, mais encore plus de Roy.

Elle attrapa par le col le magicien, ses yeux ayant repris toutes ses émotions, et son caractère explosif refaisant surface. Elle n'avait plus la patience avec lui et elle allait lui dire finalement ses quatre vérité pour le réveiller:

-Roy, Tu me fais honte. Et même si tu ne le crois pas ton ami doit se retourner dans sa tombe. J'avais vu un homme bon à notre première rencontre. Mais tu es prêt à donner sur un plateau d'argent Lumiris, tu es prêt à sacrifier quiconque irait au combat pour l'avenir de cette région et fermer les yeux dessus? Tu n'es plus rien, tu n'es qu'une ombre et une coquille vide. Tu me dégoûtes et finalement peut être que cet état tu le mérites, cette souffrance n'est rien comparé à ce qui pourrait arriver!

Elle le secouait dans tous les sens se moquant de la souffrance physique qu'elle lui causait. A l'inverse de la Sayo-Hee froid et ténébreuse, elle était cette fois-ci explosive et ne mâchait pas ses mots. Chacun d'eux étaient comme des petit poignard pour essayer d'ouvrir les yeux à celui qu'elle considérait comme son ami.

-Si je dois mourir, je vendrais chèrement ma peau, car je préfère savoir que j'ai perdu la vie en résistant que devenant un mouton ou un esclave.

Elle le lâcha, sans savoir s'il allait tomber au sol ou se retenir, et s'assit sur sa chaise ou banc. Respirant rapidement dû à l'émotion. La vraie Sayo-Hee était de retour, entière et qui ne cachait pas ses émotions. Elle le fusilla du regard, avant d'ajouter:

-Je veux retrouver le Roy que j'ai vu la première fois. Pas ce vulgaire lâche et faible devant mes yeux.J'ai envie de partir, en espérant que lorsque tu te réveilleras tu viendras me retrouver... Malheureusement, je dois rester car j'ai besoin de tout savoir sur votre opération. Racontes moi tout, pour éviter que ceci ne se reproduise!

Elle n'allait plus avec des pincettes, finie d'essayer de le réconforter. Il souffrait, elle le comprenait. Il se moquait d'elle et la provoquait, elle s'en foutait même si le second acte fonctionnait.Mais probablement pas de la manière qu'il avait désiré. Non, l'avenir était en jeu, elle allait donc droit au but...

J'ai bien eu le temps de lever le bras en un vague réflexe que me voilà déjà par terre. Je n'ai pas vu le coup venir, et la surprise mêlée à ma faiblesse actuelle a suffi à me faire perdre l'équilibre. Autant dire qu'avec mes blessures, la chute est douloureuse, et un éclair me transperce le bras alors que je tente de me réceptionner maladroitement. Le tout me fait lâcher un grognement, et je reste à terre, groggy sous le choc.

- "Oumph... Non mais ça ne va pas ou quoi ? J'ai un bras fracturé et une jambe abîmée, et tout ce que tu trouves à faire c'est en rajouter une couche ?! Qu'est ce que vous avez toutes à utiliser la force physique dès que vous êtes contrariées à la fin ?"

Clairement un cri du cœur alors que je la dévisage avec un mélange d'incompréhension et de colère. Cette situation me rappelle clairement de mauvais souvenirs avec Idris et une certaine fille à moitié sauvage... Non, ça ne c'était pas bien fini, et me retrouver dans une position similaire alors que je suis en plus déjà blessé n'est absolument pas à mon goût. Joli euphémisme...

"As-tu seulement écouté un traître mot de ce que je viens de te dire ? Tu crois vraiment que je peux faire quelque chose dans mon état ? Sérieusement, je n'ai pas mérité d'avoir un peu de tranquillité pour faire mon deuil et soigner mes blessures ? Si j'étais désespéré au point de vouloir me suicider, j'aurais sauté d'un pont sans ton aide, merci bien ! Juste un peu d'air bordel, est ce que c'est trop demand-"

La violente lueur noire dans mon dos finit par me faire tourner la tête. Oui, une lueur noire, c'est l'adjectif qui se rapproche le plus du phénomène qui émane de la silhouette grandissante. Silhouette qui au passage s'agite beaucoup. Vraiment beaucoup. Elle ne tient d'ailleurs pas en place, et soudain un Noctunoir surgit de l'ombre pour foncer vers la jeune femme.

Salem se sentait perdue. Perdue et triste, car Mama-Fée n'était plus là et ne voulait pas revenir pour une raison inconnue. Elle avait bien demandé à tout le monde où elle était passée ou si elle avait fait une grosse bêtise, mais personne ne voulait vraiment lui expliquer ce qui c'était passé. Elle avait eu beau se mettre en colère, hurler, pleurer et appeler à l'aide Mama-Fée, rien à faire. Elle avait disparue, et ne reviendrait pas.

Alors quand la bipède rose a frappé Donne-biscuit, ça a été le déclic. La goutte d'eau qui fait déborder le vase. La petite Skélénox a réalisé que si la puissante et rassurante Mysdibule n'était plus là pour protéger le garde-manger, alors c'était à elle d'agir. Alors avec un hurlement, la Spectre mute violemment à deux reprises avant de te foncer dessus.


A postériori, j'aurais pu réagir. J'aurais pu appeler Salem pour tenter de la retenir. Mais non. J'ai délibérément laissé faire, évitant même de faire intervenir un de mes pokémons pour calmer le jeu. On parlait de Salem là pourtant, la catastrophe ambulante. Volonté de ne pas brider son élan en la voyant enfin cesser de se morfondre ? Simple plaisir de voir la jeune femme se faire rendre la monnaie de sa pièce avec les intérêt ? Probablement plus le second que le premier. Et je n'ai aucun remord.

Spoiler:

L'amnésique ne se souvenait que vaguement de ce qui s'était passé, lorsqu'elle était plongée dans les ténèbres. Toutefois, elle ressentait encore l'effet de la fatigue et du goût amer dans la bouche dû à la déception et à l'amertume. Et cela n'allait pas aller en s'arrangeant, alors que le jeune homme n'écoutait même pas la suite de ses paroles.

Celui qu'elle considérait comme un proche était noyé dans le chagrin et la colère et la situation s'envenimer à chaque secondes. Elle avait écouté ce qu'il avait à lui dire. Elle avait entendu chacune de ses remontrances, ses critiques. Et elle avait envie de lui répondre à chacune d'elles. Oui, il ne pouvait rien faire dans l'état actuel des choses. Mais il avait abandonné, il l'avait même  dit explicitement juste avant. Et le temps était justement ce qui semblait faire défaut à cette région. Il ne pouvait rien faire pour l'instant, c'était une chose, mais il ne pouvait baisser les bras. Le deuil? Parfois, il fallait le faire après. Après que le pire soit évité et ce n'était pas en agissant ainsi, qu'il y parviendrait.

Tout ce qu'elle voulait, c'était lui faire un électrochoc, mais comment pouvait-elle y parvenir, alors que le magicien était totalement aveuglé. Elle ne savait plus quoi faire avec lui et se sentait momentanément vide et bien triste. Mais la situation s'aggravait encore. Du coin de l’œil, elle aperçut une forme s'approchait vers elle, une silhouette qui changea en quelques secondes pour devenir un véritable spectre qui la prenait pour cible. Et Roy ne réagissait pas, comme s'il désirait ce qui allait suivre. Cette pensée la blessa, et elle se mit à regarder le sol, désespérée. Acceptée t-elle le sort que lui destiné celui qu'elle considéré presque comme un ami?

Mais alors que l'ombre était prêt à frapper, une volute de fumée ou plutôt une vraie purée de pois envahit la scène, brouillant la vision du pokemon en colère. Mais aussitôt, une boule orangé percuta le spectre pour l'éloigner de sa cible. Après quelques secondes seulement, le brouillard se dissipa et Reptincel s'interposa entre la créature noire et son amie. Il poussa toutefois un cri violent, sans aucune raison en apparence, hormis peut être pour essayer d'impression le spectre.

Pourtant, comme en réponse à son appel, ses sphère rouge s'ouvrit au même moment, et toute sa fine équipe apparut à ses côtés. Prêt à protéger leur dresseuse contre l'ennemi. Point désireux de combattre, mais ne resterait pas sans rien faire. Même Mithra, le vieux pokemon plein de sagesse posait ses yeux mystérieux et indescriptible sur Roy et son camarade. Essayant possiblement de faire cesser cette folie.

De son côté, l'Amazone relava le visage droit vers son interlocuteur, son regard était pénétrant et mélancolique. Comme si tout le poids du monde était sur ses épaules, comme si son passé était un véritable poids pour elle. Elle avança d'un pas, puis un second. Pour bientôt s'exclamer doucement:

-On en est à ce point? Mistral a déjà gagné... Ils ont réussi à nous diviser au lieu de faire front commun.Quand je t'entend, je me demande à quoi ça sert de continuer... De vivre... Ils ont gagné. Ils ont prit ton ami, il n'était que le premier d'une longue liste à venir, avant de tous disparaître? Et nous faisons le travail à leur place!

La brune avança encore, dépassant la ligne protectrice de ses compagnons, ces derniers surpris de son geste. Ils la regardaient tous muet.

-Tu ne peux rien faire pour l'instant, peut être! Mais n'abandonnes pas, je te le répète! Ce deuil ne sera pas le dernier si nous les arrêtons pas! Guéris, mais peut être poursuivrons nous ton deuil, après... Mais... Mais je t'ai écouté...Roy Lamb... Oui, je t'ai écouté...

Elle laissa ses mains sur les côtés, paume vers le ciel, alors qu'une larme apparaissait dans ses yeux.

-Tu es devenu si sombre, au point de laisser ton compagnon faire le sale boulot. Tu te caches encore derrière leur puissance, pour te protéger toi et me blesser, voir me tuer? Si tu continues à te cacher derrière eux...Tu les perdras, encore... Mais si tu désires, que je souffre, si tu as besoin de me croire quand je dis que je suis prêt à souffrir et y laisser ma vie pour vous tous... Je vais te faire entendre raison... Roy!

Elle écarta ses mains une nouvelle fois, montrant une posture la rendant vulnérable, alors qu'elle poursuivit encore sur cette voix douce et triste à la fois.

-Mes amis derrière moi, ne se mêleront pas et te laisseront faire. Alors je veux l'entendre de ta bouche. Je veux que tu en sois responsable, et pas que la vision obscurcit par la haine de ton pokemon me frappe. Si tu es perdu, à ce point, donne l'ordre à ton spectre de me tuer ou me blesser! Si tu veux que je souffre, je souffrirais alors. Je te montrerais ma conviction!Mais s'il y a encore un espoir, prouves-le et retiens le!

Elle était déterminée, peut être folle, mais son regard n'exprimait aucune hésitation. Peut être était-elle un peu folle au final. Mais elle voulait savoir s'il était prêt à laisser faire tout cela. Allait-il la décevoir une nouvelle fois? Allait-il la blesser consciemment? Un mot...Un geste... Et tout pouvait changer.

-Ordonnes lui, Roy! Frappes-moi avec ta haine et ta colère

Elle lui hurlait cette directive, l'oppressant peut être un peu. Elle voulait savoir.... Savoir, s'il y avait encore un espoir pour lui et pour cette région. Ou si Mistral avait finalement gagné et l'avait emporté. Elle commençait à serrer des dents, se préparant à recevoir un choc quelconque...

Spoiler:

La Noctunoir se fait momentanément stopper par le Reptincel, et voit ensuite toute une ligue se dresser entre elle et sa cible. 1 contre 5 ? On parle de Salem là, même en temps normal elle serait capable de foncer tout droit sans réfléchir plus que ça à l'équilibre des forces et ses chances de réussites. Alors dans l'état de fureur aveugle dans lequel elle est à présent plongée, l'imaginer faire autre chose est par définition hautement improbable. L'arrêter n'est juste pas possible à l'heure actuelle. La voilà d'ailleurs qui charge sa cible en hurlant... Avant de se retrouver devant un gros rocher, quelques mètres plus loin.

A défaut de pouvoir (ou de vouloir la stopper), j'ai préféré faire sortir Zyl de sa pokéball pour qu'il l'a téléporte en évite tout incident. Salem se jette donc contre les grosses pierres qui entourent la place et les mitraille de coups de poings jusqu'à les réduire en poussière, encore et encore. La municipalité devra investir dans de nouveaux moyens pour empêcher que les voitures ne passent dans cette rue piétonne...
Hochement de tête pour remercier l'Alakazam qui dévisage la jeune femme avec sa méfiance habituelle, puis gros silence.

Enfin, si on fait abstraction du bruit de roches concassées et des hurlements.

- "J'avoue ne pas savoir pas quoi commencer. Peut être par le fait que tu es totalement cinglée ? J'ai effectivement envie de te faire taire pour enfin avoir la paix, pas de te tuer. Tu vois dans quel état est Salem ? Sérieusement... "

Une pause.

"Tu prétends m'avoir écouté ? Je demandais simplement à avoir la paix et tu t'es entêtée. Tu répètes que j'ai abandonné tout espoir et je ne sais quoi quand je me tues à te dire que j'ai avant tout besoin de repos, de calme et de temps pour faire mon deuil. Évidemment quand dans mon état actuel je ne vais pas retourner affronter les Mistrals ! Je te le dis, je le répète et je le martèle une bonne fois pour toute : pour l'instant, je souhaite juste me reposer et panser mes plaies. Pour le reste, je verrais plus tard. Est-ce que tu comprends ce que je dis où il faut que je te l'écrive en gros pour que tu arrêtes ton psycho-drame délirant ?"

Le ton est relativement calme, plus chargé d'incompréhension envers son attitude que d'agressivité. Réellement, son comportement et son discours me dépassent. J'y réfléchis un moment, avant de finalement tenter une comparaison :

- "Imagine une mère qui découvre que son fils Tom fait du skate à pleine vitesse dans la rue. Elle le gronde, lui explique que c'est dangereux, et s'énerve encore plus quand Tom lui explique que c'est son ami Yan qui lui a conseillé cette activité car c'est amusant. "Et si Yan te disait de sauter d'une falaise parce que c'est amusant, tu le ferais ?" lui demande t-elle."

Je laisse les bras au ciel avant de reprendre :

"Qu'est ce que Tom doit répondre à ça ? Ça n'a strictement rien à voir, c'est totalement disproportionné et le garçon n'a jamais affirmé une chose pareil. Aussi je te le répète : je ne compte pas m'ouvrir les veines ou laisser les Mistrals me prendre mes pokémons un par un, ou quoi que ce soit dans le genre. Je n'ai jamais affirmé ça. J'ai simplement dit que dans mon état je n'irais pas combattre de nouveau, et que j'ai besoin de temps pour panser mes blessures. Est-ce que cette fois c'est clair ?"

A quelques mètres de là, les bruits d'impacts se calment avant de cesser peu à peu. La Noctunoir a pulvérisé tous les rochers des environs, et sa frénésie s'apaise enfin, la laissant exténuée. Je finis donc par m'approcher d'elle pour vérifier qu'elle ne s'est pas blessée. Quelque part, je pense sincèrement que déverser de la sorte sa rage ne peut que lui faire du bien. Ou en tout cas, c'est toujours mieux que son apathie des derniers jours...

Elle attendait le choc, commençant à croire que son compagnon était perdu. Elle voyait l'ombre s'approchait d'elle à grande vitesse, et pourtant elle ne bronchait pas, comme si elle acceptait son sort et son destin. Peut être un peu théâtrale sur les bord, et pourtant, elle pensait chacun de ses mots et tiendrait sa parole.

Pourtant, le coup ne viendrait jamais. Aucune douleur, aucune résistance à opposer rien. La scène s'était passé le temps d'un clignement d’œil. La masse ténébreuse avait subtilement disparut sous ses yeux, pour à priori apparaître un peu plus loin alors qu'elle s'acharnait sur de la roche, faisant fuir les derniers rares spectateurs.

Mais l'étoile du soir se met à rechercher la personne ou la créature responsable de cela, avant de croiser le regard de l'Alakazam, qu'elle avait déjà croisé. Silencieux, tous les deux, elle ne prit pas une seule fois la parole, mais inclina la tête afin de le remercier, un regard respectueux sur le pokemon psy. Ce dernier se moquerait bien du signe de la jeune femme, mais celle-ci était ainsi et ne changerait pas.

Toutefois, le calme s'interrompit bien rapidement, au grand désespoir de Sayo-Hee qui appréciait ce silence religieux, alors que Roy s'approcha d'elle. Mais leur discussion n'était pas finie, et surtout, elle voyait finalement de l'espoir encore. Après tout, n'était-ce pas lui qui avait invoqué son compagnon pour intervenir. Elle poussa un soupir discret, avant de se tourner vers lui, un léger sourire plus serein sur le visage. Étrange réaction dirait certain! Pourtant, il était d'une logique imparable. Elle l'avait poussé à bout, pour qu'il réagisse et se réveille enfin. Et finalement, elle voyait qu'il n'avait pas abandonné malgré ses paroles précédentes. Car oui, même si il s'emportait légèrement envers elle, et commençait à l'insulter de cingler, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir ce petite sourire fatigué et épuisé. Peut être que sa transe précédente l'avait d'ailleurs plus atteinte que prévus.

Pourtant, elle écoutait, alors que toute adrénaline se dissipa de son corps, et qu'elle se sentait de plus en plus faible. Chaque paroles glissaient sur elle, mais elle ne réagissait pas. Repassant tout son discours dans sa tête, trouvant que le magicien se contredisait beaucoup sur l'instant. Peut être était-ce son "réveil" ou peut être préférait-il faire abstraction à ce qui l'avait dit précédemment.

Après tout, son dialogue avait bien changé à présent. Il n'était pas prêt pour l'instant à se battre, mais sous-entendait que quand il récupérerait, il agirait peut être à nouveau ou du moins ne baisserait pas des bras. Et qu'il lui fallait juste du temps pour digérer toutes ses informations et faire son deuil. Loin de l'image qu'il donnait juste avant, alors que ses paroles résonnaient encore dans sa tête...

~"Libre à toi de participer à la prochaine boucherie si tu veux, je suis sûr qu'ils seront ravis d'avoir une jolie volontaire dans leurs rangs. Ils ont eu quelques baisses d'effectifs bizarrement ces temps-ci, dont tu seras accueillie à bras ouverts... Va donc te faire trahir joyeusement dans une mission sans espoir, et on verra si tu es toujours aussi optimiste à ton retour !"~

A cet instant, elle le sentait, le magicien baissait les bras et ne voulait plus continuer. Mais à présent, il avait changer quelque peu, rendant plus heureuse la belle guerrière. Elle le vit se rapprocher de son ami qui s'était lui même calmé, alors qu'elle le suivait du regard. Et finalement, elle reprit la parole d'une voix faible et sans force:

-Je crois que tu ne m'as pas écouté non plus. Je n'ai jamais dis qu'il fallait aller les chercher tout de suite, après tout, on ne sait rien de ce qu'ils font ou le lieu où ils se cachent. Je voulais juste pas que tu laisses d'autres personnes à aller à laboratoire et que tu abandonnes même après que tes blessures se soient refermés...Nous ...Nous avons tous souffert...

Sa phrase resta en suspens, alors qu'un voile apparut devant ses yeux. Son corps la meurtrissait, alors que rien ne lui arrivait. Était-ce son corps qui se remémorait des douleurs du passé. Ce passé dont elle ne se souvenait de rien? Ce passé qui la hantait, alors qu'elle avait découverte d'être une arme humaine. Du moins, commençait t-elle à le supposer? OU était-ce tout autre chose. Oui, ils avaient souffert, et oui ceci n'allait pas s'arrêter ainsi. L'ancêtre, qu'elle avait croisé: Jericho, avait lui aussi souffert mais était prêt à s'opposer à une apocalypse à venir et aux mistrals. Peu à peu, les informations envahirent son esprit, à une vitesse que son cerveau ne semblait plus pouvoir tout retenir. Néanmoins, elle se focalisa sur Roy, son seul repère encore pour se raccrocher, alors que le monde autour d'elle semblait tourner.

-Je veux t'aider...

C'est la seule chose qu'elle réussit à dire, en faisant un pas vers l'avant, prête à le prendre dans ses bras, comme pour le réconforter. Et dire qu'elle n'était pas la personne des plus tactile, montrait que ce geste était important pour elle. Toutefois, elle ne parvint jamais jusqu'à lui.

Ses jambes défaillirent sous son poids et elle s'écroula au sol, retenu de justesse par les lianes de Mithra qui la déposa délicatement au sol. Sayo-Hee n'était pas totalement inconsciente, mais elle semblait si épuisée et en sueur, qu'on pouvait voir qu'elle n'allait pas bien. Était-ce dû à cette sorte de dédoublement de personnalité? Quelle expérience avait-on pu faire sur elle... Toutefois, elle parvenait à résister aux ténèbres, continuant à sourire à ses compagnons, et à son Camarade Roy.

-J'attendrais que tu ailles mieux...Roy!

En soit la phrase pouvait paraître amusante, alors qu'elle semblait momentanément plus affaibli que son interlocuteur.

"Oui, je maintiens ce que j'ai dit. Si un groupe secret composé des meilleurs dresseurs de toute la région a failli se faire intégralement balayer par les Mistrals, aller les affronter est pour l'instant l'équivalent d'aller à abattoir. Attaque frontale ou secrète, les deux ont lamentablement échoué, non sans morts à déplorer. Humain comme pokémon. Tu comprendras donc mon léger cynisme quand tu affirmes la bouche en cœur que tu te dresseras contre eux comme un brave soldat... "

*Soupir.*

"Pour l'instant, l'équation n'a juste pas de solution avec les paramètres actuels. Il y a trop de choses qu'on ignore sur eux, leur mode de fonctionnement et leur enracinement dans la société. Les combattre dans des circonstances pareilles est une folie ! Raison de plus pour se reposer, soigner nos blessures et réfléchir à un plan. Collecter des informations, identifier les traîtres potentiels... Je n'en sais rien moi ! Pour l'instant, je voudrais surtout me concentrer sur la première étape : souffler. Le reste, on verra après..."

Sur ce, je m'éloigne donc de quelques pas pour m'approcher de Salem, mais la Spectre n'a pas l'air d'être vraiment blessée, juste épuisée. Elle tourne son œil unique vers moi sans rien dire, trop occupée à reprendre son souffle.

"Du calme ma grande, du calme... Je comprends ta colère, mais tout ira bien. Tu sais bien que Zyl sera toujours là pour nous protéger si besoin. Même si ta volonté de me défendre me touche beaucoup. Deux évolutions d'un coup... Tu ne fais rien comme tout le monde n'est ce pas ? Allez Salem, viens là. Je crois qu'on va marcher un peu avant de rentrer goûter à la maison, d'accord ?"

La Noctunoir hoche la tête, et se place avec lenteur dans mon dos telle une ombre supplémentaire. De toute façon, vu mon état, je ne risque pas de la semer malgré son épuisement... Cela dit, une légère impulsion psychique de Zyl sur mon épaule m'informe que quelque chose d'important se passe de son côté. La jeune femme a fait un pas dans notre direction avant de s'effondrer. Heureusement que son pokémon a pu la rattraper de justesse, car je doute que l'Alakazam aurait levé le petit doigt...

"Qu'est ce que... Hé, vous allez bien ? Que se passe t-il ? "

Je parcours les 5-6 mètres qui nous séparent, réussissant à entendre sa dernière phrase. Dernière phrase qui ne m'aide pas franchement à comprendre ce qui a pu se passer en à peine 30 secondes alors que j'allais m'occuper de Salem.

"Je... Sayo c'est cela ? Sayo, vous êtes malade ? Zyl, tu as vu ce qu'il s'est passé ?"

*Hochement d'épaules peu convaincu.*

"Bon... Elle n'a pas l'air d'être blessée, mais si elle perd conscience c'est qu'il y a un grave problème. Zyl, il faut qu'on l'amène à l'hôpital !"

*Soupir aussi peu convaincu que tout à l'heure.*
Le pokémon Psy s'exécute néanmoins, et tout notre petit groupe se retrouve à l'accueil des urgences Georges Pomdipou. Une chance que l'Alakazam ai pu suffisamment se familiariser avec cet endroit dernièrement... Cela dit, sa grimace renfrognée me fait comprendre que les téléportations de groupe comme celle-là lui coûtent beaucoup. Tant pis, il y a urgence...

Fiévreuse, son visage était en sueur, et elle semblait totalement perdue, luttant contre l'inconscience qui la guettait à chaque instant. Elle entendit de manières lointaines les inquiétudes de Roy, sans pour autant en comprendre la réelle signification. Entre ténèbres et lumière, l'amnésique se sentait partir et revenir le tout dans la même seconde. Elle se raccrochait qu'à une seule chose, le jeune homme qui lui faisait face, un étrange sourire chaleureux sur le visage, malgré son état.

Une myriade d'image traversait son esprit, alors qu'elle ne parvenait plus à discerner la réalité de son imagination. Bientôt, "son monde" devint sombre, mais elle pouvait voir de nombreuses silhouettes autour d'elle qui courraient dans tous les sens, hormis une qui se tenait devant elle en blouse blanche. La guerrière tentait de pencher son visage vers le visage de ce scientifique, dont elle ne voyait pas le visage, hormis ses épaisses lunettes. Il semblait lui sourire, mais pas d'une manière douce ou gentille. C'était plus un rictus d'un véritable psychopathe, un être fier de lui et de sa "création". Une peur viscérale gagna le cœur de la brune, sans qu'elle ne comprenne pourquoi. Comme si le fait de briser le contact avec la silhouette lui permettait de s'échapper de son emprise, elle regarda sur le côté, apercevant une perfusion sortant de son bras pour rejoindre une poche d'un liquide inconnu. Encore un peu plus loin, sur un autre brancard, la forme d'un pokemon se laissait entre-apercevoir, lui même perfusé et comme relié à elle?

Qu'est-ce qui se passait à la fin? Où était-elle? Roy!? Oui, elle était avec Roy. Mais où était-il? Elle lui avait promit. Promit de ne pas abandonner. En vain, elle essaya de se relever, mais son corps ne lui répondait pas. Bloquée dans un véritable brouillard, elle désirait hurler. En vain... Elle désirait se lever...En vain...La blouse blanche s'approcha vers elle, son sourire à faire froid dans le dos plaqué sur le visage flou de l'inconnu.Il lui frottait le visage, s'exclamant:

-Mon trésor... Ma création.... Tout ira bien. J'ai de grands projets pour toi... Tenez bon mademoiselle...

La vois semblait changer. N'y avait-il qu'une personne devant elle? Elle ne comprenait plus rien, et pencha la tête une nouvelle fois sur le côté. Cette fois-ci plusieurs pokemons allongés à ses côtés, eux même perfusés. Pourquoi? Qui était-elle? Puis le noir. D'oppressantes ténèbres. Pourtant au milieu du néant, une flamme s'alluma. Sa propre flamme? Une chaleur d'abord faible mais grandissante au creux de sa poitrine. Regardant vers le bas, elle aperçut son médaillon brillait d'une faible lueur, pour l'englober entièrement. Rassurante et bienfaitrice. Et un nouveau flash lumineux...

Aussitôt, elle bondit de son lit, à moitié allongée, reprenant contact avec la réalité, alors que ses amis étaient à ses côtés, à la fois inquiet et rayonnant de joie à sa vue. Mais Sayo-Hee ne se rappelait plus de ce qui s'était passé. De son regard, elle cherchait avec espoir Roy, même si la fatigue était forte, elle voulait le trouver. Depuis combien de temps était-elle ici? Était-il parti..?

-Roy...

Ce n'était qu'un souffle, mais plein d'espoir. Une respiration. Elle désirait le remercier, même si elle ne savait pas de quoi. Elle le sentait, il l'avait aidé malgré leur dispute... Mais était-il encore là...

Attente, stress et questionnements.

Voilà qui résume bien les deux heures suivantes alors que je suis parqué dans une salle d'attente aux posters éducatifs défraîchis. A mes côtés, quelques autres personnes s'impatientent, se rongent les ongles ou soupirent à qui mieux mieux en tentant de prendre leur mal en patience. Les pokémons n'étant pas autorisés ici, je me contente de jouer machinalement avec mes cartes après avoir délaissé un énième magazine creux.


...


...


Honnêtement, je dois bien avouer que j'ai été tenté de partir à plusieurs reprises. Après tout, je ne la connais pas, on ne se doit rien et je ne peux guère faire quelque chose de plus pour l'aider maintenant qu'elle est ici. Néanmoins, avec son histoire de perte de mémoire en prime, qui sait si elle a ne serait-ce qu'un proche sur qui compter ? Alors tant pis, je poireaute. Et quand un infirmier finit par venir me chercher pour que le médecin me pose quelques questions, je répète une nouvelle fois l'histoire en quelques mots.

- "C'est tout ce que je peux vous apporter, je le crains... Je ne vois pas quoi dire de plus. "



...



Encore une grosse demie-heure de plus d'attente, puis l'infirmier revient.

- "Elle est réveillée. Son état est stable, elle est visiblement hors de danger. Elle vous a demandé, mais nous ne pouvons vous autoriser à la voir longtemps tant que nous n'auront pas les résultats de la seconde vague d'examens. Vous avez quelques minutes si vous le désirez, mais il faudra ensuite vous retirer. C'est pour son bien... C'est clair ?"

- "Limpide."

J'entre donc dans la salle, à moitié rassuré. Elle semble tirée d'affaire, mais que dire sinon des banalités ? Les traits tirés, le teint cireux, je ne peux quand même pas lui demander si elle va bien, à ce stade la question ne serait plus rhétorique mais presque cynique.

- "Sayo ? On vient de me prévenir que tu étais réveillée. Comment te sens-tu ?"

Un peu creux, mais je voyais mal quoi dire d'autre et je suis assez mal à l'aise comme cela. Comment en est-on arrivé là ? Depuis cette maudite mission, tout va tellement de travers... Ah, arrête de remuer le couteau dans la plaie, tu viens déjà d'avoir près de trois heures pour ruminer.

Réveillée, notre Sayo-Hee chercha du regard son bienfaiteur. Mais il n'était pas là, toutefois, la première infirmière qui passa fut aussitôt interpellée par notre guerrière. Et quelques minutes après, le jeune homme apparut dans la chambre. Aussitôt, un léger sourire se dessina sur le beau visage de la brune. Elle l'attendait muette, se contentant de l'observer. Puis il s'exprima, donnant l'impression de n'être pas à l'aise peut être même gêné. Pourtant, elle ne comprenait pas réellement pourquoi.

Certes, elle n'avait pas encore prit conscience, qu'elle était dans un hôpital et qu'elle avait perdu connaissance. Non son attention était toute tourné vers lui, alors que son Reptincel se tenait à ses côtés, plus protecteur que jamais.Il s'exclamait, alors que la patiente continuait à garder le silence, avant de s'exprimer, avec un sourire:

-En effet, je suis réveillée. Notre magicien est perspicace aujourd'hui!

Elle le taquinait, essayant de le détendre. Les deux avaient vécu de fortes émotions aujourd'hui. Et elle restait sur son avis et ses promesses. En outre, ils ne devaient pas se tromper d'ennemi, pas se séparer face à l'adversité, mais au contraire s'unir. Mais ils en avaient assez parlé. La guerrière tourna légèrement sa tête, alors que son regard parti dans le vide, plongée dans ses pensées. Mais sa voix retenti tout de même:

-Je vais bien, ne te fais pas de soucis pour moi. Je ne sais pas ce qui s'est passé exactement. Mais je ne devrais pas te causer tant de soucis. Laisses moi quelques temps et je reviendrais te voir pour t'aider. Ne te préoccupes pas de moi et panse tes plaies et ta souffrance...Nous nous retrouverons, je le sais!

Elle posa aussitôt ses yeux sur Roy, lui lança le plus chaleureux des sourire. Elle voulait indirectement le réconforter et être un petit rayon de soleil dans les ténèbres dans lequel, il se trouvait. Mais elle le savait, il lui faudrait du temps...Et elle serait là!