Il fut un temps où tu attendais les matches de la ligue Pokémon avec excitation à la télé, restant collé à l'écran malgré les recommandations de ta mère. Tu entendais parler de ces enfants qui partaient à l'aventure avec un allié qu'ils avaient choisi (ou non) et ces seuls contes te mettaient l'eau à la bouche. Tu as étudié énormément de choses concernant les Pokémons, tu as cherché à en comprendre le fonctionnement méthodique des combats et des techniques de dressage ... mais tu n'avais pas assez de "talent" pour en avoir. Cela t'a donné ce côté dédaigneux où tu diminues de la volonté d'autrui à vouloir réaliser quelque chose, répondant le plus souvent par une remarque sarcastique.
     
       Car à l'amertume jamais rien ne correspond. C'est un peu le motto avec lequel tu fonctionnes. Si toi tu n'y es pas arrivé, alors peu de gens y arriveront, voire personne. C'est pour ça que l'admiration que tu portais à ton père s'est transformée en jalousie, que tes capacités intellectuelles ne te servent plus qu'à imaginer la répartie cinglante que tu vas balancer à quiconque aurait la prétention d'avoir un rêve, un objectif. Comme l'amour que tu portais aux Pokémons et les diverses aventures que tu pensais vivre en leur compagnie jadis s'est transformé en indifférence, tu ne t'étonneras pas que la seule créature qui ait accepté de faire le voyage avec toi soit de type Acier. Froid, inexpressif, Terhal a au moins l'excuse d'être comme ça de naissance, et de faire les efforts adéquats pour tenter de cohabiter avec toi. Quand tu regardes son unique œil rouge, qui tente de communiquer avec toi, tu te rappelles de tous tes échecs passés et ton égo en prend un coup, indubitablement. Tu te remémores tous les sacrifices auxquels tu as consentis pour vivre cette vie de dresseur qui te faisait tellement envie plus jeune, seulement pour n'en avoir que cette sensation de « c'est trop tard maintenant » qui t'empêche d'apprécier la chose à son maximum.
     
       Pour les gens, tu es une personne ordinaire. Avec tes moments chiants et autres moins chiants, tu t'adaptes plus ou moins bien à la société et ton passé de policier a tendance à attirer le respect des autres. Ta mère t'aura sans doute inculqué cette passion de déchiffrer les énigmes et t'entraînât en conséquence, ce qui développa pas mal ton sens de l'observation. Ton père a vécu sa vie d'aventurier comme il le souhaitait, mais n'a jamais pu te transmettre les fondamentaux pour cohabiter avec un Pokémon sainement. Encore moins avec les Hommes. De ce fait, tout ce que tu connais sur ce genre de choses, tu l'as appris à force de regarder les autres faire, et tu as peu à peu compris tout seul la manière avec laquelle le monde était régi. Ton humour particulier et ta franchise par moments désarmante, ces regrets que tu caches sous un amas de remarques tantôt vaseuses, tantôt pertinentes mais toujours avec un soupçon de "cassage" t'auront néanmoins facilité tes relations avec les gens. Bien que tu passes pour un fomblard arrogant du fait de ton insolence et ta légèreté un tantinet excessive, tu disposes d'une certaine empathie et d'une sensibilité qui, lorsqu'elle prend le dessus sur toi, te pousse à t'isoler pour ne pas montrer ta détresse. Tu n'aimes pas quand on t'aperçoit sous tes plus mauvais jours, quand on te porte de l'aide alors que tu en aurais besoin. Tu appelles ça de la fierté, d'autres diraient que c'est de la pudeur.

      Néanmoins, ta relation - parfois houleuse - avec Mira semble t'avoir remis du baume au coeur, sans que tu ne veuilles l'admettre. De mauvaise foi, tu comprends tout de même que cette femme t'a changé et que tu ne sais pas de quelle manière cela s'est produit. Aucun de vous, malgré vos différentes intelligences, ne saurait expliquer ce qui l'attire chez l'autre. Tu fais mine de dire que cela est une attirance physique, mais cela ne concerne que toi. Parce que si effectivement ta belle porte bien son sobriquet, ce n'est guère le cas pour toi. Tu as beau être plutôt grand, tes cheveux en bataille, ton air ennuyé avec les yeux toujours à demi-clos repousse plus qu'il n'attire. Certains détails de ton apparence ne méritent même pas qu'on s'y porte - ce serait futile et long pour rien -. Tes goûts vestimentaires sont directement reliés à ta ville de naissance : À Irisia se trouvait une arène de type combat, et les kimonos dans le style que tu portes étaient très prisés. Même lorsque tu faisais partie de la police de Johto, tu mettais, dans la mesure du possible, ce genre d'habits. Certaines habitudes ne changent pas, et même toi n'y échappes pas.