« Si tu vois ce farfuret, fais-moi signe. Nous sommes là notamment pour lui, d'accord ? » Le ton de Heimdall était plein d'une certaine excitation, mais aussi d'une grande lassitude. Cela faisait quelques heures qu'il marchait, inlassablement, dans ce paradis sublime - et aucune trace de ce farfuret, maudit soit-il ! Il avait entendu parler de nouveaux pokémons, dans ce parc safari, et il avait fait en sorte de venir donner un coup de main près de Sunyra avec des collègues. Il en avait profité pour poser un voeu à l'arbre, mais à présent qu'il avait un peu de temps, il pouvait se donner une chance de trouver un pokémon intéressant.

« éli ? » qu'il appelle, avec un sourire en voyant la sablette rouler sur elle-même, telle une grosse roue glacée, puis bondir vers lui pour serrer sa jambe. Il adorait cette petite sabelette, et il était content de l'avoir récupérée chez les autres scientifiques. Il ne regrettait pas de l'avoir avec lui, une touche féminine dans l'équipe donnait un petit plus. Royal, un peu plus loin, naviguait sur un petit lac, et Heimdall savait qu'il se fichait totalement de sa quête du farfuret. Gromellant, le jeune homme continua d'avancer, les yeux vigilants, prêts à utiliser les safaris-balls qu'il avait eu à l'entrée. C'était de l'argent dépensé, mais d'une bonne façon.

modération. apparition d'un pokémon sauvage, merci.

Royal leva la tête, alors que Heimdall caressait la tête arrondie de la sabelette. Un croâssement, un bruit d'ailes, et c'est un pokémon de mauvais augure qui atterit près d'eux, sur la rive. Tout habillé de noir, le cornèbre darda son regard ténébreux sur eux, semblant attirer autant qu'annoncer le malheur. Heimdall n'y croyait pas ; il appréciait même ce pokémon, mais il n'était pas venu pour ça.

« tu ne me fais pas peur. allez, ouste » fit-il en chassant gentimment le cornèbre. il regarda l'oiseau s'envoler et s'éloigner ; s'il n'était pas venu pour un farfuret, peut-être aurait-il cédé à l'impulsion de capturer le pokémon oiseau. Mais son objectif avait des griffes plus tranchantes, et un regard plus acéré encore. « je te laisse ouvrir la voie » invita t-il Eli, et la sablette ne se fit pas prier pour avancer, moitié roulant moitié marchant, accompagnée par le bruissement des ailerons du lokhlass sur l'eau. Il faisait presque doux, et Heimdall, somme toute, ne regrettait pas d'être là, même si le farfuret se faisait prier.

modération. apparition d'un autre pokémon sauvage, merci.

Ils avançaient calmement, quand un petit cri sur la droite d'Heimdall lui fit tourner ses yeux cuivrés. Un abo, de toute évidence abbatu par la chaleur, s'était enroulé autour d'Eli pour y trouver un peu de fraîcheur. La sablette, agaçée, tournait sur elle même, lentement pour le moment, mais le serpent ne bougeait pas, trouvant la place agréable de toute évidence. Eli haussa finalement les épaules et s'arrêta ; le abo ne lui faisait pas de mal, et il ondulait de la tête, rafraîchi.

« toi aussi, tu ressens la chaleur ? »

Le serpent sifflota, nullement aggresif. Heimdall était fasciné par les écailles violettes et cette petite tête serpentine. Il avança une main et caressa le sommet de la tête, observant la langue faire des allées et venues depuis la bouche de l'ophidien. Heimdall décida, sur un coup de tête, de capturer le petit serpent. Il ne convenait nullement à ses aspirations pour les pokémon glace ou acier, mais il semblait fasciné par le serpent.

« je te propose de nous accompagner. eli semble t'avoir accepté, et tu pourrais profiter de sa fraîcheur. »

Il sortit une safari ball, et la lança doucement.

tentative de capture, merci.

Heimdall avait déjà eu affaire à une forte tête : son tiplouf. Le pokémon eau avait lui aussi essayé de voir jusqu'à quel point le dresseur désirait se faire accompagner de lui. Cela n'avait qu'enflammé plus encore le coeur du dresseur. Et c'est ce qui arriva également quand il vit l'abo sortir de la safari ball, dardant son regard hypnotique sur lui. Heimdall eut un petit sourire, le regard pétillant comme des bulles cuivrées.

« je n'abandonnerai pas. »

Royal s'était approché, curieux et un brin sceptique : quel pouvoir pouvait recéler un abo ? Il n'était rien par rapport à un monorpale, un pingoléon ou ... un lokhlass. Il émit un brâme puissant, masculin, pour signifier son mécontentement, mais Heimdall, tout à sa capture, lança une nouvelle safari ball, comme un symbole de rébellion - l'abo n'était ni de glace, ni d'acier, mais il allait tout de même le capturer.
Ou essayer.

tentative de capture, merci.  

L'abandon n'avait jamais fait partie de son caractère. Heimdall était un Fehimd : il allait jusqu'au bout, ou se donnait les moyens d'essayer. Il lui restait un petit stock de safari ball, offertes à l'entrée après son paiement du ticket. Il refusait de délaisser cet abo, en qui il voyait soudain une espèce de symbolique : il était à Lumiris, et il devait s'adapter, ne pas forcément faire comme il l'avait prévu. Un zeste d'imprévu, cela pouvait être aussi rafraîchissant et incroyable.

« encore ! » s'écria t-il, ne quittant pas des yeux l'abo.

Elizabeth observait tout cela avec curiosité : Heimdall ne l'avait pas capturé, elle lui avait été offerte, et c'était la première fois qu'elle voyait son dresseur avec autant de hargne de vaincre. Ce n'était pas pour lui déplaire. Elle poussa un petit cri d'encouragement, comme pour inviter l'abo à les rejoindre.

tentative de capture, merci.  

Heimall inspira profondément, comptant du bout des doigts. Deux dernières balles colorées, deux dernières tentatives. Il plissa les yeux, émoustillé par l'ardeur de cette capture face au abo qui semblait jouer avec lui. Il n'allait pas abandonner. Il s'était déjà jeté à corps perdu dans cette capture - et Royal, en plus de l'engueuler, allait en plus se moquer de lui !

« je n'abandonnerai pas, tu sais ? » lança t-il au serpent violet.

La langue bifide serpenta vers lui, et il lui sembla que le serpent souriait - parce qu'il allait encore jouer avec lui, parce qu'il allait encore refuser sa capture, ou parce qu'il allait enfin se laisser tenter et le rejoindre ?


tentative de capture, merci.