I AM NOT WHO I WAS
Theme Song
Feat. Ethan Thetford
I don't want to be a fucking tragedy
Le temps s’était arrêté.
Pendant les trois longs hivers dans lesquels ta vie s’était figé, rien n’avait existé. Tu avais lutté pour survivre, lutté pour respecter une promesse de plus en plus désuète à chaque année… Tu avais laissé derrière toi tout ce qui marquait ton humanité, tout ce qui témoignait de l’homme que tu avais été. Tu avais espéré que tout s’éteindrait, que le monde cesserait de tourner, que tu disparaîtrais en même temps que le froid qui mordait ta peau, mais ça n’avait rien donné.
À chaque année qui passait, tu vivais.
Tu t’étais nourri de la haine et du dégoût, avait consacré l’essentiel de ton temps à détester tout ceux à qui tu devais la perte de ton trône. (À te détester toi-même) Tu avais fusillé du regard les âmes esseulées comme la tienne et avait rejeté les quelques inconscients qui avaient tenté de t’approcher.
Il n’y avait qu’Eden à tes côtés.
Eden pour supporter le gouffre creusé par toutes tes imperfections.
Eden qui était né du mauvais père et de la mauvaise mère.
Eden que personne ne désirait, que personne n’avait planifié.
En dehors d’elle, le monde n’avait pas raison d’exister. Il était fade et sans saveur, incapable de justifier les jours qui se succédaient et qui se ressemblaient. À quoi bon ?
C’était la question qui tournait en boucle dans ta tête depuis qu’Iza n’était plus là, depuis que tu vivais au crochet d’une promesse maudite qui te privait du droit de repasser l’arme à gauche. Pourquoi t’avoir demandé de vivre s’il n’y avait rien pour toi ici-bas ? Si tu t’étais écouté, tes souffrances auraient atteint leur terme et tu n’aurais entraîné personne sur ton sillage. Il n’y aurait pas eu de fruit à ton égoïsme, à ta vaine tentative d’être normal.
Eden n’aurait pas vu le jour, tu n’aurais rien regretté.
En entrant dans la bibliothèque de l’Académie, tu sens le poids de la honte s’enfoncer dans tes épaules. Tu tentes de garder la tête haute, mais tu as l’impression que tous les regards se détournent sur ton passage :
Tu n’es pas à ta place.
Tu es de trop.
Tu es indésirable.
Tu n’es rien.
Tu ne sais pas quelles ailes t’avaient poussées ni quelle motivation tu avais réussi à dégager d’une dépression qui se nourrissait de tes échecs… Mais tu l’avais fait.
Tu voulais croire qu’Achille n’y était pour rien, que son retour (Inattendu et indésirable) dans ta vie n’avait rien éveillé de plus que le dégoût dans le creux de ton ventre… Mais le mensonge était aussi ridicule que le déni auquel tu te soumettais pour y croire.
L’idée était née de ta propre volonté, de ton désir d’offrir une vie avec un peu de sens à ta descendance. (Mensonge)
Tu y avais longuement pensé. Pendant près d’une semaine, tu t’étais questionné sur demain et hier, sur l’ensemble des choix qui avaient composé ton quotidien d’aujourd’hui. Le rendu était disharmonieux, la mélodie était crade et ennuyeuse. Était-ce le genre de vie que méritait la chair de ta chair ? Était-ce le genre d’avenir qu’elle valait ? La question ne se posait même pas.
S’il n’avait été question que de toi, les choses auraient été différentes. On ne se battait pas pour quelqu’un comme toi. Tu ne te battais pas pour ta personne.
Mais il n’y avait plus de « je » pour toi, qu’un « nous » lourd de conséquences et de responsabilités. Une vie autre que la tienne à assurer… Et il avait fallu que cet idiot de Trinisky resurgisse d’entre les morts pour te le faire réaliser. Tu te mordais les doigts de ne pas avoir été capable de la même lucidité en son absence… Quand on disait que tu n’étais qu’un bon à rien.
Prenant une grande inspiration, tu parcours les étagères du regard à la recherche de l’ouvrage qui t’intéresse. La bibliothèque te rappelait un peu celle de tes feux parents ; sa grandeur, son architecture sobre, la disposition des étagères qui se succédaient les unes aux autres… Depuis qu’ils t’avaient déshérités, tu n’avais pas osé remettre le pied dans ce genre de lieu. Tu t’étais doucement désintéressé jusqu’à ne même plus pouvoir t’y imaginer. Il avait vraiment fallu un gros bouleversement pour te donner le courage de renouer avec le passé.
Lors que tes yeux se posent enfin sur l’objet de ta convoitise, tu sens un sourire s’étirer à la commissure de tes lèvres avant de l’en effacer. D’une main délicate, tu retires l’énorme bouquin de son emplacement puis tu en admires la couverture quelques secondes avant de tourner les talons pour te diriger vers les tables disposées non loin.
Tu n’es pas capable de mettre des mots sur les sentiments qui t’envahissent.
C’est chaotique, douloureux, nostalgique et dangereux. C’est un maelström sensationnel dont la finalité pourrait t’être plus douloureuse que salvatrice… Mais tu es prêt à l’affronter. (Sans doute pas, mais tu te plais à y croire un peu.)
En arrivant près des tables, tu constates que la plupart d’entre elles sont vides.
Ça t’arrange. T’asseoir près de quelqu’un t’aurait empêché de te concentrer. Tu n’aimais pas les gens, ça ne changerait jamais. Leur existence nuisait à la tienne, leur présence te rendait toxique et désagréable. Tu n’avais pas besoin de ça. Tu n’avais pas besoin d’eux.
Résigné à t’asseoir en retrait, tu t’avances silencieusement entre deux tables et passe près d’un homme auquel tu n’adresses pas l’ombre d’un regard… Jusqu’à entendre un claquement contre le sol.
Interpellé, tu t’arrêtes brusquement pour tourner les yeux vers le coupable. Tu retiens un soupir exacerbé. « Pardon, je n’ai pas fait gaffe. » Murmures-tu en te penchant pour ramasser le téléphone, la victime de ton passage. Les années t’avaient appris à t’excuser, à faire preuve d’un minimum de civisme… Mais le ton de ta voix tranchait normalement avec la sincérité présumée de tes regrets.
Cette fois ne faisait pas exception.
Jusqu’à ce que tes yeux se fixent malgré eux sur un détail. La réception d’un nouveau SMS… Dont le destinataire ne t’est pas inconnu. Maxim Loyd. Intrigué, tu fronces légèrement les sourcils jusqu’à voir un cœur timidement exposé dans le preview du message.
Vraiment ?
Amusé, tu rends l’appareil à son propriétaire sans rien laisser paraître de l’éclat de malice qui brille dans le fond de ton regard. « Je suis vraiment maladroit… » Tu ne t’étais pas entendu parler ainsi depuis une éternité. C’était doux, sympathique : tu n’avais pas eu besoin de ressasser cette illusion de gentillesse une seule fois dans les dix dernières années. Mais la situation était exceptionnelle.
Jetant un œil autour de toi, tu esquisses un sourire un peu embêté. (Tu te donnes envies de vomir à agir ainsi.) « Est-ce que ça t’embête si je m’assois ici ? N’hésite pas à me le dire si je te dérange… » Tu voulais (non, devais) jauger la température avant de savoir quelle attitude adopter face à lui… Mais tu te sentais soudainement beaucoup moins intéressé par le bouquin qui bouillait entre tes doigts que par l’homme devant toi.
Tu te sentais en droit de mal agir, de détenir ta vengeance sur quelqu’un.
Tu n’allais certainement pas t’en priver.
Ce serait un affront à toutes les autres conneries que tu avais fait par le passé.
Pendant les trois longs hivers dans lesquels ta vie s’était figé, rien n’avait existé. Tu avais lutté pour survivre, lutté pour respecter une promesse de plus en plus désuète à chaque année… Tu avais laissé derrière toi tout ce qui marquait ton humanité, tout ce qui témoignait de l’homme que tu avais été. Tu avais espéré que tout s’éteindrait, que le monde cesserait de tourner, que tu disparaîtrais en même temps que le froid qui mordait ta peau, mais ça n’avait rien donné.
À chaque année qui passait, tu vivais.
Tu t’étais nourri de la haine et du dégoût, avait consacré l’essentiel de ton temps à détester tout ceux à qui tu devais la perte de ton trône. (À te détester toi-même) Tu avais fusillé du regard les âmes esseulées comme la tienne et avait rejeté les quelques inconscients qui avaient tenté de t’approcher.
Il n’y avait qu’Eden à tes côtés.
Eden pour supporter le gouffre creusé par toutes tes imperfections.
Eden qui était né du mauvais père et de la mauvaise mère.
Eden que personne ne désirait, que personne n’avait planifié.
En dehors d’elle, le monde n’avait pas raison d’exister. Il était fade et sans saveur, incapable de justifier les jours qui se succédaient et qui se ressemblaient. À quoi bon ?
C’était la question qui tournait en boucle dans ta tête depuis qu’Iza n’était plus là, depuis que tu vivais au crochet d’une promesse maudite qui te privait du droit de repasser l’arme à gauche. Pourquoi t’avoir demandé de vivre s’il n’y avait rien pour toi ici-bas ? Si tu t’étais écouté, tes souffrances auraient atteint leur terme et tu n’aurais entraîné personne sur ton sillage. Il n’y aurait pas eu de fruit à ton égoïsme, à ta vaine tentative d’être normal.
Eden n’aurait pas vu le jour, tu n’aurais rien regretté.
En entrant dans la bibliothèque de l’Académie, tu sens le poids de la honte s’enfoncer dans tes épaules. Tu tentes de garder la tête haute, mais tu as l’impression que tous les regards se détournent sur ton passage :
Tu n’es pas à ta place.
Tu es de trop.
Tu es indésirable.
Tu n’es rien.
Tu ne sais pas quelles ailes t’avaient poussées ni quelle motivation tu avais réussi à dégager d’une dépression qui se nourrissait de tes échecs… Mais tu l’avais fait.
Tu voulais croire qu’Achille n’y était pour rien, que son retour (Inattendu et indésirable) dans ta vie n’avait rien éveillé de plus que le dégoût dans le creux de ton ventre… Mais le mensonge était aussi ridicule que le déni auquel tu te soumettais pour y croire.
L’idée était née de ta propre volonté, de ton désir d’offrir une vie avec un peu de sens à ta descendance. (Mensonge)
Tu y avais longuement pensé. Pendant près d’une semaine, tu t’étais questionné sur demain et hier, sur l’ensemble des choix qui avaient composé ton quotidien d’aujourd’hui. Le rendu était disharmonieux, la mélodie était crade et ennuyeuse. Était-ce le genre de vie que méritait la chair de ta chair ? Était-ce le genre d’avenir qu’elle valait ? La question ne se posait même pas.
S’il n’avait été question que de toi, les choses auraient été différentes. On ne se battait pas pour quelqu’un comme toi. Tu ne te battais pas pour ta personne.
Mais il n’y avait plus de « je » pour toi, qu’un « nous » lourd de conséquences et de responsabilités. Une vie autre que la tienne à assurer… Et il avait fallu que cet idiot de Trinisky resurgisse d’entre les morts pour te le faire réaliser. Tu te mordais les doigts de ne pas avoir été capable de la même lucidité en son absence… Quand on disait que tu n’étais qu’un bon à rien.
Prenant une grande inspiration, tu parcours les étagères du regard à la recherche de l’ouvrage qui t’intéresse. La bibliothèque te rappelait un peu celle de tes feux parents ; sa grandeur, son architecture sobre, la disposition des étagères qui se succédaient les unes aux autres… Depuis qu’ils t’avaient déshérités, tu n’avais pas osé remettre le pied dans ce genre de lieu. Tu t’étais doucement désintéressé jusqu’à ne même plus pouvoir t’y imaginer. Il avait vraiment fallu un gros bouleversement pour te donner le courage de renouer avec le passé.
Lors que tes yeux se posent enfin sur l’objet de ta convoitise, tu sens un sourire s’étirer à la commissure de tes lèvres avant de l’en effacer. D’une main délicate, tu retires l’énorme bouquin de son emplacement puis tu en admires la couverture quelques secondes avant de tourner les talons pour te diriger vers les tables disposées non loin.
Tu n’es pas capable de mettre des mots sur les sentiments qui t’envahissent.
C’est chaotique, douloureux, nostalgique et dangereux. C’est un maelström sensationnel dont la finalité pourrait t’être plus douloureuse que salvatrice… Mais tu es prêt à l’affronter. (Sans doute pas, mais tu te plais à y croire un peu.)
En arrivant près des tables, tu constates que la plupart d’entre elles sont vides.
Ça t’arrange. T’asseoir près de quelqu’un t’aurait empêché de te concentrer. Tu n’aimais pas les gens, ça ne changerait jamais. Leur existence nuisait à la tienne, leur présence te rendait toxique et désagréable. Tu n’avais pas besoin de ça. Tu n’avais pas besoin d’eux.
Résigné à t’asseoir en retrait, tu t’avances silencieusement entre deux tables et passe près d’un homme auquel tu n’adresses pas l’ombre d’un regard… Jusqu’à entendre un claquement contre le sol.
Interpellé, tu t’arrêtes brusquement pour tourner les yeux vers le coupable. Tu retiens un soupir exacerbé. « Pardon, je n’ai pas fait gaffe. » Murmures-tu en te penchant pour ramasser le téléphone, la victime de ton passage. Les années t’avaient appris à t’excuser, à faire preuve d’un minimum de civisme… Mais le ton de ta voix tranchait normalement avec la sincérité présumée de tes regrets.
Cette fois ne faisait pas exception.
Jusqu’à ce que tes yeux se fixent malgré eux sur un détail. La réception d’un nouveau SMS… Dont le destinataire ne t’est pas inconnu. Maxim Loyd. Intrigué, tu fronces légèrement les sourcils jusqu’à voir un cœur timidement exposé dans le preview du message.
Vraiment ?
Amusé, tu rends l’appareil à son propriétaire sans rien laisser paraître de l’éclat de malice qui brille dans le fond de ton regard. « Je suis vraiment maladroit… » Tu ne t’étais pas entendu parler ainsi depuis une éternité. C’était doux, sympathique : tu n’avais pas eu besoin de ressasser cette illusion de gentillesse une seule fois dans les dix dernières années. Mais la situation était exceptionnelle.
Jetant un œil autour de toi, tu esquisses un sourire un peu embêté. (Tu te donnes envies de vomir à agir ainsi.) « Est-ce que ça t’embête si je m’assois ici ? N’hésite pas à me le dire si je te dérange… » Tu voulais (non, devais) jauger la température avant de savoir quelle attitude adopter face à lui… Mais tu te sentais soudainement beaucoup moins intéressé par le bouquin qui bouillait entre tes doigts que par l’homme devant toi.
Tu te sentais en droit de mal agir, de détenir ta vengeance sur quelqu’un.
Tu n’allais certainement pas t’en priver.
Ce serait un affront à toutes les autres conneries que tu avais fait par le passé.
(c) TakeItEzy & Ellumya