« Take a break, have yourself a nap if you mind, but go. »
Atlas niv.20
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Lentement, mais sûrement. Un pas après l’autre. Comme si je suivais une réhabilitation quelconque. Ce n’était pas le cas, je possédais chacune de mes jambes, je n’avais subi aucune blessure. Je ne faisais que me plier aux exigences d’un patron qui voulait mon bien. « T’as eu une grosse semaine Léandre. Entre l’appel de ton frère au poste pour te dire que ton père allait mal et les cinq jours que tu t’es tapé, j’veux qu’tu prennes le week end loin de Fort-des-Songes. Va à la plage ou j’sais pas, mais j’veux pas t’voir en ville. » Une consigne claire, un ordre du patron. Je n’avais pas le choix. Je maudissais les dieux de m’avoir fait ambitieux et de m’avoir fait entrevoir l’opportunité d’une promotion. Je la voulais. J’obéissais donc à l’aveugle. C’était bien la seule façon que le bureau avait trouvé pour me soumettre à ses commandes. Ils avaient découvert que j’amenais des dossiers chez moi, que je patrouillais même quand je ne travaillais pas. L’intention était louable. Sur le papier, c’était beau à voir. Mais je fatiguais. Apparemment, j’avais mes limites et je jonglais dangereusement avec elles. Un flirt sensuel et fourbe qui aurait vite fait de me retomber au visage et de me replonger dans ces sentiments obscurs que je cherchais à fuir.
La plage, c’est ce qu’il avait proposé. Bien. Je fuirais la tentative de contact de mon frère et j’ignorerais l’état d’Anubis, pour ce que j’en avais à faire. Je mettrais le cap vers la plage, aux petites heures du matin, au pire, je resterais allongé à l’ombre et je scruterais l’eau de la mer en espérant qu’un enfant se noie pour que je puisse le secourir. Espoir sombre que je nourrissais pourtant avec ardeur, un sourire au coin de la bouche, une once de cynisme dans l’âme. La fatigue me démonisait. À savoir si cela me rendait charmant ou repoussant. Je laisserais les autres en juger pour peu que je me préoccupe de leur opinion. Il y avait à Lumiris de nombreuses plages, il y avait à Lumiris de nombreux endroits où l’on pouvait fuir la réalité avec un espoir quelconque. Il y avait en lumiris, en revanche, un seul endroit où l’on pouvait fuir nos démons sans être rattrapés par une myriade de touristes hilares, irrespectueux et bruyants.
On m’avait décrit l’endroit. J’avais osé douter. On ne m’avait pourtant pas menti. Dès l’instant où j’avais nagé pour rejoindre la grotte que l’on m’avait indiqué avec désintérêt. Au-delà de la beauté du paysage, c’est le calme qui m’intéressait, le retrait provisoire d’une société de laquelle j’avais besoin d’un répit. Le spectacle de pierres étincelantes devant moi m’avait ravi. Je ne pris pas vraiment le temps de m’y attarder, trop occupé à scruter l’endroit avec l’espoir infini de ne pas y trouver qui que ce soit d’autre. Ni un couple d’adolescents batifolant ni un groupe de touristes armées de caméras à l’épreuve de l’eau.
Satisfaction.
Il n’y avait ici personne d’autre que je puisse voir. Je sortis de l’eau et installai cette nappe que j’avais amenée dans un sac de plastique hermétique pour qu’il puisse résister à l’eau. Une nappe suffisamment grande pour recevoir une famille entière. Mais j’étais seul. Fort heureusement oserais-je même dire. Seul, dans un costume de bain orange et blanc aux motifs triangulaires. Seul avec moi-même et… J’hésitai un instant. Il serait forcément désorienté, mais ça lui ferait du bien et il n’y avait ici aucun risque que l’on me croit sensible et faible. Outre les pierres, personne ne me jugerait. J’ouvris donc le sac imperméable que je m’étais apporté et en sortis la Pokéball bleu de mon Phanpy. J’appuyai sur le bouton et la rangeai à nouveau. L’éléphanteau fit son apparition, troublé.
Le pauvre n’avait pas l’habitude de sortir. Il avait pris l’habitude de ne voir que l’appartement, être soudainement relâché dans un endroit si vaste et féérique l’amena d’abord à se questionner, puis, l’instant suivant à courir où bon lui semblait comme un enfant. Je soupirai. À quoi m’attendais-je en l’appelant ? Évidemment qu’il s’exciterait et que le lieu perdrait de son silence. Trop tard, je l’avais fait. « Tu t’éloignes pas Atlas. » lui dis-je avec désintérêt en m’assoyant sur la nappe, scrutant ces curieuses pierres luminescentes. Concentré, presque hypnotisé par ce phénomène curieux que je n’avais jamais pu observer, je ne remarquai même pas l’arrivée d’un tiers. Pas plus que j’entendis mon Pokémon se fracasser la tête à répétition contre la paroi rocheuse, espérant décrocher un morceau qu’il m’offrirait ensuite, en souvenir de cette rare sortie. Et, évidemment, je ne saurais refuser, parce que je ne lui refusais rien quand nous n’étions que nous deux. Parce que j’étais de bonne humeur, parce que mon géniteur avait des problèmes de santé. Parce que j’étais bien. Parce que je profitais du moment. Parce que c’était un ordre du commandant.
Parfois, il t’arrivait de te demander ce qui se passerait si tu étais toujours chez tes parents Depuis le déménagement, la misère semblait avoir pris le dessus de plusieurs aspects de ta vie, mais tu n’as jamais été plus heureux avant. C’est de là que tu te sens bizarre, puisque normalement, les gens dans la misère ne se sentent pas comme toi. Ces gens-là, ils se sentent plus seuls, et dans de mauvaises passes. Toi, tu rayonnes. Tu perds un peu plus tout le jour ce sentiment noir, celui qui te faisait sentir comme si tu ne pouvais pas t’en sortir et que tu allais être pris è vivre selon le caprice et les demandes des autres tout le reste de ta vie. Mais maintenant, c’est terminé tout ça. Tu étais un homme libre, capable de vivre sa vie comme il le voulait. Seul toi désormais pouvait jouer sur ta destinée, et personnes ne pouvait y ajouter leurs règles désormais. Libre. Enfin… c’était un bien grand mot pour les circonstances du moment,
Car oui, maintenant, tu n’avais plus de responsabilité envers tes parents, mais de nouvelles étaient apparues. Tu dois t’occuper de ton appartement, des paiements, de ton nouveau travail au refuge de madame Aiden, et… aider Maxim dans sa rémission. Tu mentirais de dire que c’est facile tous les jours, mais tu fais de ton mieux pour garder ta patience le plus possible, chose que tu aurais négligée avec n’importe qui d’autre. Aider constamment quelqu’un à mobilité réduite… ça t’avais un peu épuisé, entre le travail et les recherches que tu faisais à Windoria, ça commençait à faire beaucoup Peut-être devrais-tu arrêter d’étudier et d’observer les phénomènes des Pokémon de type glace des plaines enneigées de Windoria pour te concentrer plus sur ton copain… mais tu en es incapable. Tu aimes trop en apprendre tous les jours sur les petites manies et tendances des différents Pokémon, comme les stalgamins qui se fient aux autres Pokémons pour se nourrir et s’héberger, phénomène que tu avais aperçu avant de te faire planquer dans la tempête par Capucine. Il y avait aussi le nouveau phénomène des darumacho qui, grâce à un talent dont tu cherchais toujours le nom, prenait un double type très contradictoire : feu et glace. Peut-être étais-tu le seul de Lumiris intéressé par cet étrange changement, mais reste que tu voulais toujours en apprendre plus, sans trop rentrer dans la forêt pour risquer de recroiser Capucine…
La championne glace, elle t’avait appris la leçon. Disons que tu n’allais plus t’aventurer près de son arène. Elle t’avait mentionner vouloir t’aider, mais tout ça semble être tombé à l’eau depuis que tu avais fait fuir les hexagels et mis des pauvres stalagamins en danger. Tu t’en voudrais éternellement, bien malgré toi, car il est difficile de concevoir que toi, qui veux le bien de tout Pokemon, est pu être si bête et faire peur à de pauvres créatures qui se cherchaient simplement un logis… les paroles de la championne te sonne toujours en tête aujourd’hui, et tu as tendance à te sentir un peu comme un moins que rien lorsque tu t’occupes de tes Pokémons.
Mais pas aujourd’hui ! Aujourd’hui, tu t’autorises une journée de congé de ce nouveau mode de vie, avec l’accord de madame Aiden, et de Maxim aussi. Une journée pour toi, et tes Pokémons, pour que tout le monde puisse profiter d’un moment de répit et de reconnexion. De tous tes Pokémons, seul ton metamorph et ton farfuret ont décidé de rester derrière. Tu ne peux pas leur en vouloir, ils ont tendances à rester de côté lors de ce genre d’opportunité, et tu ne peux pas les forcer. Mais les autres, vous vous préparez tous à aller dans la plage. Tu mets une chemise légère, des lunettes de soleil puis tu pars de la maison avec ton lot de Pokéball sur ta ceinture à Pokéball que tu attaches autour de ton torse. Depuis que tu t’es coupé les cheveux, tu as beaucoup moins chaud et tu profites plus de sortir dehors. C’est pourquoi tu as décidé de te rendre aujourd’hui dans une plage que tu connaissais être tranquille, pour l’avoir visitée une fois ou deux. Tu t’y rends en bus, comme tu fais pour la majorité de tes transports comme tu ne peux pas te permettre une voiture et que tu n’as pas encore de Pokémon vol avec toi pour te permettre de te déplacer librement dans les cieux. Le trajet est long, mais tu sais que ça vaudra la peine… ou, du moins, tu l’espères.
Une heure plus tard, tu sors de ta torpeur quand tu entends cette voix trop familière des transports en commun qui t’avertis du prochain arrêt. Tu appuies sur le bouton qui signifie que tu descends puis te met debout, près à descendre. Tu sens déjà tous tes compagnons vibrer dans leur Pokéball d’excitation et de hâte d’enfin pouvoir sortir et sentir l’air frais dans leur pelage, ou sur leurs écailles. Tu descends du bus, remerciant la chauffeuse comme è ton habitude, très poliment. Mais ce n’est qu’une fois que tu peux te mettre pied nu dans le sable que tu laisses tout le monde sortir.
- Allez, tout le monde va dans l’eau !
Dis-tu, mais évidemment, chacun de tes compagnons fais bien ce qu’ils veulent. Rooky et Sammy préfère plutôt rester ensemble dans le sable, Tipou se colle sur ton épaule et ne bouge plus, mais tous les autres vont vers l’eau et s’y amusent. Toshinori porte néanmoins son attention sur quelque chose au loin, une grotte. Rapidement, l’envie d’être seul et coupé du reste du monde te frappe en plein nez et tu remmènes tout le monde dans leurs habitacles sphériques, sauf Toshinori et Tipou, qui reste fidèlement perché à ton épaule. Tu t’assois sur son grand dos puis tu lui caresse doucement le cou alors qu’il t’emmène à la nage vers cet endroit. Mais rapidement, tu entends du bruit, puis tu te rends compte que tu ne seras pas seul. Tu voudrais faire demi-tour mais ton frissonille en décide autrement et saute dans le grotte avant que tu puisses ne faire demi-tour. L’excitation du petit Phanpy déjà présent le fait rire et il utilise poudreuse, faisant ainsi tomber quelques flocons un peu partout dans la grotte.
- Tipou, non… arrête, tu vas déranger ces gens.
Dis-tu, sans que tu aies remarqué auparavant qu’il n’y avait en effet qu’une seule personne avec son Pokémon dans cette endroit. Tout de même, tu ne pouvais pas faire confiance aux inconnus donc tu sautes un peu rapidement du dos de ton Lokhlass pour attraper Tipou, qui revient se mettre contre ton cou. Tu soupires un peu et lui tapotes la tête.
- C’est pas bien de sauter comme ça… tu aurais pu te blesser.
Dis-tu, aucune once de colère nuancant ta voix, parce que comment pourrais-tu être fâché après une si adorable créature ? Tu finis par passer ta main sur sa main et esquive rapidement une charge du Phanpy sur le mur derrière toi. Ton regard se lève vers l’inconnu malgré toi, suspectant une attaque volontaire, donc tu recules un peu, ton œil méfiant caché derrière tes lunettes de soleil. Tu ne peux t’empêcher de lancer, d’un ton que tu tentais de garder calme malgré la perte de sourire que tu venais de subir.
- Nous allions partir, nul besoin de nous attaquer, vous savez ?
« Take a break, have yourself a nap if you mind, but go. »
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Je ne fis rien. Je ne bougeai même pas. Tourner l’œil suffisait. Mon havre de paix venait d’être fracassé d’un soudain je-ne-sais-quoi. Mon have de paix venait de se briser, fracassé sous les paroles arrogantes de cet homme. Si j’avais voulu l’attaquer, je n’aurais pas utilisé Atlas. Si j’avais voulu l’attaquer, je me serais levé et je l’aurais poussé à l’eau. Si j’avais voulu l’attaquer, j’aurais fait les choses moi-même. « T’as cru. » C’est tout ce que je dis, dans un sifflement perça qui fit écho contre les parois de la grotte. Je n’avais pas voulu qu’il m’entende. Je n’avais pas voulu le provoquer. Je n’avais pas voulu avoir l’air amer. Trop tard. C’était chose faite. J’entendais mon murmure se percuter à la pierre luminescente. Je voyais mon Pokémon me dévisageant, l’air pantois. Naïf et craintif que je ne me lève et que je m’impatiente, que je me batte avec cet intrus. Non. Je tapai plutôt sur ma cuisse, incitant mon Pokémon à s’éloigner de l’autre comme s’il avait représenté une menace pour lui. Je n’en étais pas sûr, mais je préférais le protéger. Il avait bien assez de son propre être pour se blesser, autant lui éviter de plus sérieuses injures. Il courut vers moi, docile, manquant de tomber trois fois dans sa maladresse en s’accrochant dans sa trompe.
Heureusement, il aimait les caresses. Heureusement, il était obéissant. Heureusement, il était doux. Si ça me tirait, parfois, des grimaces de pitié, dans ce genre de situation, je m’estimais chanceux. Je le pris entre mes mains. Mon trésor était maintenant couvert, à l’abri du danger et je me levai, mon Phanpy dans les mains, paniquant parce qu’il ne touchait pas le sol, se débattant pour retourner sur la nappe.
Je l’ignorai.
Avançant plutôt vers cet étranger, le fixant comme si j’avais voulu le défier. « Mec, j’sais pas t’es qui, mais j’attaqu’rais jamais un civil juste parce qu’il a dérangé le calme d’une grotte. Si t’as envie de rester, tu restes. Y a pas mon nom nulle part ici. Si t’as envie de partir, bah tu pars et j’vais juste surveiller mon Pokémon qui fait que s’amuser à s’battre contre son reflet. » La pestilence dans mon propos était là. Il ne m’avait pas insulté, mais je détestais être accusé à tort. Je détestais que l’on me prenne pour l’un de ces malfrats territoriaux que je m’évertuais à arrêter à chaque jour qui passait. Je détestais l’étiquette de brute. Elle était virile, mais tellement péjorative. Tellement.
Comme si rien n’était arrivé, mon regard redevint lumineux, apaisé. Mon agressivité tomba. Paraître. Tout était le paraître. Ne pas avoir l’air vulnérable pour gagner le respect. « Du coup, tu t’installes si tu veux, on a qu’à fixer des règles. » dis-je en posant ma main sur sa taille comme si c’eut été normal. Comme si c’eut été un geste naturel à poser entre hommes. Une main loin d’être baladeuse, mais bien curieuse. Mes doigts touchèrent sa hanche et je souris. Je mesurais sa forme physique. Par un geste complètement intime, soit. Je souris. « Pardon. Réflexe. » et ma main retomba contre ma hanche. Je ne voulais pas le provoquer inutilement. Je ne voulais pas qu’il s’en prenne à moi, ses Pokémons étaient clairement mieux préparés que le mien à agir comme des gardes-du-corps, je l’avais simplement palpé, faisant paraître le geste anodin. Sans noter combien de fois depuis que j’avais ouvert la bouche je m’étais trahi.
Civil. Personne n’utilisait ce mot pour désigner ces compatriotes. J’avais trahi une position d’autorité. Une main sur sa hanche. Aucun homme ne posait ce geste de façon anodine. Il y avait une intention derrière, souvent sexuelle. Il devinerait probablement mon orientation. Pas mes intentions, au moins.
Je ne pouvais m’empêcher d’espérer qu’il soit long à la détente, qu’il ne capte pas la douceur de ma main, qu’il ne soit pas sensible à ce genre d’attention. Je m’étais laissé avoir par cette pression descendante, je m’étais laissé berner par la sérénité des lumières. Moi qui, normalement, prenait la peine de calculer le moindre de mes mots pour éviter d’être pris par défaut dans mon jeu. Pour éviter que l’on nettoie du revers de la main des années de travail à construire celui que je voulais être.
Je tournai le dos, posant mon Pokémon au sol, faisant exprès pour débalancer mon centre d’équilibre pour sembler maladroit, laissant volontairement le bas de mon dos effleurer sa cuisse. Si au moins je pouvais sembler tactile, si au moins je pouvais sembler maladroit alors peut-être parviendrais-je à éviter les accusations qui auraient tôt fait de venir. « T’es pédale ? » comme ce qu’avait dit cette amie que j’avais quand je lui avais présenté Émile. « T’es pédale ? » ces mots avaient longtemps flotter dans mon esprit, le soudain silence de cette fille aussi. Du jour au lendemain, elle avait commencé à m’ignorer. J’avais compris plus tard son béguin, mais ses mots étaient cruels, difficiles à entendre, blessants… Une plaie était née ce jour-là et j’avais eu beau la cautériser encore et encore, j’avais eu beau tenter de me convaincre que c’était une absurdité unique, que les gens comme elle ne courraient pas les rues… mais je me trompais. Chaque fois que j’y parvenais, il y avait de nouvelles phrases du même genre que je captais. C’est le mot que je craignais de cet homme. Pédale. Je ne voulais pas qu’il le dise parce que ma main avait caressé sa hanche, pas de façon érotique, mais suffisamment pour que l’on doute de mes intentions.
J’eus un sourire complice pour Atlas qui me regardait, rassuré de toucher à nouveau le sol, rassuré de sentir la pierre sous ses pattes. Je lui souriais, tentant de lui exprimer mes intentions, la raison derrière mes actions. Hélas, un sourire n’avait pas le pouvoir des mots. Un sourire, tout au plus, lui révélerait que j’étais en contrôle. Il ne comprendrait pas. Il ne voulait pas comprendre non plus. Je le savais, car la première chose qu’il fit après avoir lever sa trompe pour prendre mon doigt comme il faisait souvent, ce fut de coucher au sol pour tenter d’attraper l’appendice qui lui servait de nez.
La voix de l’inconnu perce le silence apaisant de cette endroit mystique, et tu sens tout de suite l’agacement tinté. Habituellement, tu t’en prends à plus petit que toi, mais en ce moment, la seule chose que tu te rends compte, c’est que si bataille il devait y avoir, seuls tes Pokémons pourraient avoir le dessus, mais pas toi. Tu espères donc que ton « adversaire, si tu peux l’appeler ainsi, ne s’engagera pas dans un corps à corps. Tu n’es pas assez en forme pour te le permettre. Quand le phanpy repart, seul ton frissonnille reste sur ton épaule, fixant toujours l’autre Pokémon avec beaucoup de curiosité malgré la peur que ça pouvait lui procurer. Tipou n’est pas un frisonnille bien peureux, sauf avec les Pokémon. Il adore les caresses des gens, surtout d’Ethan, et il adore jouer avec les autres, mais seulement s’il est en sécurité. Parfois, il se cache dans les branches pour pouvoir jouer avec la givrali de son dresseur. Jamais reste-t-il au sol, cependant. Tu fixes un instant le dresseur en face de toi et son Pokémon. Tu analyses rapidement la situation devant toi et tu te rends vite compte que tu as l’avantage si tu viens à utiliser tes Pokémons.
L’inconnu se lève, et d’un pas méfiant tu recules, une main restant près de ta ceinture d’où pendent tes Pokéball. Tu as ce reflexe bien malgré toi, mais tu es toujours préparé à l’éventualité de devoir riposter. Si le combat corps-à-corps devient l’option, tu trouveras toujours néanmoins le moyen de sortir de la situation avec une capacité d’un de tes compagnons… mais pourquoi tu dois toujours penser comme ça ? Dans le doute que quelqu’un fasse quelque pour se battre avec toi ? Pourquoi tout ce que tu arrives à penser comme scénario est une catastrophe ? Tu ne sais pas, peut-être est-ce seulement que personne n’a su se montré digne de ta confiance encore, sauf Maxim,à la rigueur… ou peut-être est-ce le mot « civil » qui te fait douter de l’appartenance de cet homme un métier légal. Oui, ça fait du sens, considérant que la Team Mistral n’était toujours pas hors d’état de nuire…
Par contre, ce qui ne fait pas de sens, c’est comment l’attitude de l’homme en face de toi change aussi rapidement que l’humeur de ton farfuret. Tu fronces automatiquement les sourcils en entendant l’idée de règles, parce que ça te semble un peu trop poussée. Tu as certes tendance à être associable, mais installer des règles frôlait un peu le ridicule, parce qu’après tout, ces grottes autant que la plage sont des lieux publics auxquels tout le monde avait droit. Tu avais juste cru que plusieurs personnes se trouvait là, à cause du bruit, et que tu ne voulais pas déranger. Au final, il n’y a qu’une seule personne présente… tu avais certes proposé de partir, mais c’était juste que tu savais que certaines personnes avaient besoin de temps pour eux aussi, seuls. Mieux que quiconque tu savais cela, et c’est aussi pourquoi tu t’étais senti attaqué immédiatement.
Ce qui te fait surtout sourciller, c’est le geste qu’il pose en te parlant : poser sa main sur ta hanche. Ce geste qu’il excuse comme étant un réflexe. Tu n’as pas l’habitude qu’on traverse si rapidement les différentes carapaces de ta personne aussi subitement et qu’on vient directement atteindre ta sphère privée. Ça a eu le don de te décontenancer et de te faire perdre la face presqu’instantanément. Tes joues sont vites devenues rouges et tu t’es poussé un peu au moment où tu sens ses mains quitter ton corps maigrichon. Tu te racles la gorge et détourne les yeux, heureux qu’une partie de tes joues rouges soient masquée par tes lunettes de soleil. Tout en te caressant la nuque, tu finis par dire :
- Hum, par contre j-j’ai un… je suis en couple, d-donc faudrait juste é-éviter les « réflexes »… je crois que c’est la seule règle à établir.
Voilà, c’était dit. Après tout, tu ne connaissais pas réellement les intentions de l’homme face à toi, encore moins qu’en déposant son Pokémon, tu sens sa jambe frotter ta cuisse. Tu recules de nouveau d’un pas puis te retrouve contre la paroi rocheuse de la grotte. Ça faisait un moment que tu n’étais pas réellement ressorti de la sorte, gêné, maladroit et timide, mais l’homme face à toi avait transpercer tes défenses d’un simple touché. Tu n’y étais simplement pas préparé, il faut croire… contrairement à d’habitude. On te faisait rarement tête, simplement parce que personne n’en trouvait l’utilité, et tu jouais souvent la carte de l’innocence aussi, faire fis que tu ne sais pas qu’on te parle. Tu finis néanmoins par t’asseoir, près de la sortie tout de même si jamais quelque chose tournait mal, puis tu fixes Toshinori qui comprend de suite qu’il ne doit pas trop s’éloigner d’eux. Tu regardes le Phanpy devant toi et tu ne peux t’empêcher de sourire un peu malgré tout, car il agit de façon assez comique.
- J’ai emmené tout le monde avec moi, j-je vais les sortir de leurs P-Pokéball. Moi, c’est Ethan, en passant.
Tu avertis, parce que ça peut rapidement devenir assez encombrant. Heureusement pour toi, seul ta Givrali va sûrement se mettre à courir un peu partout. Tu sais que Sammy a tendance à dormir à cette heure là aussi, sans oublier Mitaine qui fait de même normalement. C’est pourquoi tu appuies sur le bouton des pokéball de ton lougaroc, ta givrali, ton polarhume et ta sabelette d’alola, qui apparaissent donc en face de toi. Rooky grogne en sortant, et fixe l’inconnu avec son Pokémon avant de s’asseoir près de toi. Il sent que tu es plus tendu que d’habitude, et visiblement, l’inconnu que tu fixais était la raison de toute cette tension. Ses yeux rouges passent entre lui, et son pokémon, avant qu’il sente ta main qui tente de le faire se calmer lui aussi. Ton Lougaroc avait tendance à devenir très protecteur lorsque quelque chose se passait, et tu ne voulais pas causer de bataille inutile. Tu trouves néanmoins prudent d’installer ton bracelet-z avec la lougarozélite à l’intérieur, juste pour montrer que tu n’es pas là pour rigoler si combat il y a. Mais encore une fois, tu doutes fortement que le besoin soit là. Malgré ta timidité soudaine, tu réussis quand même à trouver une question, et tu espères qu’elle fera penser, voir réagir un peu l’autre homme.
- Sinon, pourquoi avez-vous le réflexe de toucher la hanche des gens ? C’est un peu… i-intrusif, en réalité.
« Take a break, have yourself a nap if you mind, but go. »
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C’est qu’il était direct. Il n’avait pas froid aux yeux. À quel moment trouvait-il nécessaire de me spécifier qu’il était en couple ? À quel moment avais-je tenté de le draguer. Je ne pus m’empêcher de me tourner vers lui, de lui sourire et de lui faire un clin d’œil. Pure provocation loin de mes intentions de base. Je ne voulais pas le charmer. Je faisais bien trop attention à mon image pour ça. Jamais je ne voulais qu’on ne laisse sous-entendre mon orientation. Il venait de le faire. Je ne lui en voulais pas, mais une forme de nervosité avait gagné ma poitrine. Avec lui, il faudrait que je justifie chaque chose que je faisais. « Bah bravo écoute. J’ai une copine moi. » C’était évidemment faux. Je n’avais personne dans ma vie. Je refusais simplement de perdre le peu de contrôle que j’avais sur l’actuelle situation. S’il avait pu imaginé par cette simple palpation que je pouvais m’amouracher de lui, que j’avais un objectif romantique, voire érotique, en tête, alors il pouvait se convaincre d’absolument n’importe quoi. D’amour comme de haine. C’est du moins l’intention que je captais derrière le soudain appel de ses Pokémons. Il tentait de m’intimider. Intérieurement je me moquais. Je n’avais pas l’intention de m’en prendre à lui. Ni maintenant ni jamais. Je n’avais pas l’intention de lui sauter à la gorge pour l’embrasser. Il était bien plus difficile de gagner mon cœur qu’il ne pouvait l’imaginer. Avoir du charisme ne suffisait pas. Pas plus que me confronter. C’était mon jeu, le seul jeu dans lequel j’excellais : gagner les bonnes grâces d’un tiers pour faire semblant de le draguer.
J’aurais pu jouer ce jeu avec lui, je me parlais pourtant pour ne pas le faire. Pas qu’il n’était pas intéressant, encore moins par respect pour son couple, ça je n’en avais que faire, mais plutôt parce que je le sentais trop sanguin, trop proche de ses émotions pour qu’il me laisse mener ce type de danse. Il me recallerait. J’insisterais. Il me recallerait. J’insisterais toujours. On se prendrait la tête. On fustigerait la grotte de nos voix rauque. On emplirait le vide d’une brutalité qu’il ne méritait pas… On déclarerait une guerre qui n’avait aucune raison d’être. « Bah enchanté Ethan…. J’imagine. » Le froid dans ma phrase, l’hostilité, le manque de passion. On aurait pu jurer à ces mots que je lui en voulais de m’avoir mis un râteau avant même que je n’essaie de le courtiser. Ce n’était pas le cas. Je n’étais pas un rageux du genre. C’était simplement un manque d’intérêt. Un manque d’intérêt pour lui et ces mots qu’il dirait éventuellement. Même moi je ressentais la froideur de mon propos sur mon torse. Même moi, je m’étais senti frémir à travers ce rejet de sa sympathie.
Hostilité sans raison. Hostilité passagère révélatrice d’une frustration quelconque.
Parce qu’on avait troublé ma solitude ? Possiblement. Parce qu’on avait présumé mon homosexualité ? Parce qu’il me révélait que je cachais mal mon jeu ? Encore plus plausible. Je l’exécrais avant même de m’être présentait, ça augurait assez mal pour un après midi où je devais me la couleur douce. « Léandre sinon. Mais te sens pas obligé de sociabiliser juste parce qu’on est au même endroit au même moment. T’as un peu brisé l’mood là. » Je l’accusais d’avoir brisé le calme de la place sans même envisager la possibilité que je sois celui qui l’avait fait. Il l’avait brisé en me mettant un frein. Je ne l’avais pas brisé en lui touchant la hanche. Je n’avais commis aucune erreur. Je n’en commettais jamais.
Pas selon moi.
Sa question m’extirpa néanmoins un doute. D’où me venait ce réflexe de toucher la hanche des gens ? Je ne pouvais pas dire la véritable réponse, je ne pouvais pas lui dire que je mesure sa musculature. Je ne pouvais pas lui dire que c’était un test physique. Une arme ? Je vérifiais s’il avait une arme ? Ça avait déjà un côté un peu plus plausible. Ça pouvait le faire. Mais il faudrait que j’identifie mon métier. C’était une information de plus que je devais divulguer. Je n’en avais pas forcément l’Envie. Je n’avais pas forcément envie qu’il commence à agir comme chacun agissait aux alentours d’un policier ; à surveiller le moindre de ses mouvements, à s’assurer qu’il n’enfreigne aucune loi. Il pouvait s’allumer un joint et se promener à poil pour ce que ça me faisait. Je n’avais aucune ressource pour agir en ce moment. Ni ressource ni envie. Je n’avais pas l’intention de l’arrêter et pourtant je savais que son arrogance le quitterait dès que je le lui dirais. « J’suis policier. On vérifie le port d’armes comme ça. Déformation professionnelle. »
Trop tard. C’était maintenant chose faite. La moindre interaction allait maintenant être teintée par cette affirmation. Ce métier était un fardeau, par moment, pour cette raison. Parce qu’il changeait toujours la vision que les gens avaient sur nous. Même si on établissait clairement que nous n’étions pas là pour faire ce que l’on attendait de nous, même si on identifiait clairement que nous aussi nous avions besoin de repos. Que nous aussi nous étions humains. « Mais t’inquiète, tu fais ce que tu veux. J’suis pas là pour surveiller qui que ce soit, c’est mon jour de repos et pour une fois j’ai l’intention d’en profiter. » Et comme pour donner de la valeur à ce je disais, je commençai à courir vers le plan d’eau, laissant mon Phanpy vulnérable à un assaut d’Ethan… si tel était son envie. Je lui offrais mon Pokémon contre ma propre paix d’esprit. Quel égoïsme.
Je plongeai et aussitôt, je fus avalée par la caresse douce et humide de l’eau de la grotte. Une eau fraîche, loin du soleil, réchauffée simplement par les courants marins. J’eus un instant de sourire. Un moment où j’eus envie d’arroser l’étranger et nos Pokémons, mais je me retins. Un simple égarement spirituel manifeste de mon besoin de me détendre un peu. « Donc voilà, tu fais ce que tu veux, je te dérangerai pas. J’fais mes trucs, tu fais les tiens. Ça me regarde pas pourquoi t’es venu ici et j’ferai comme si j’voyais rien si tu dois enfreindre une loi. T’es chanceux. J’ai la flemme aujourd’hui. » Faux. Je n’avais jamais la flemme. Je voulais simplement sa confiance. Je voulais qu’il puisse se sentir à l’aise sans constamment me confronter sur cette palpation, sans qu’il me dise « Gneugneugneu je suis en couple, me touche pas ! » Être fragile. Comportement puérile. Tout qui trahissait qu’il avait besoin de se convaincre de sa relation pour qu’elle existe. Tant pis pour lui.
Après, tu te demandes toujours pourquoi tu ouvres la bouche en présence d’autrui. Tu n’as pas de charisme, tu n’arrives jamais à maintenir une conversation de plus de deux phrases. C’était ça, ton super pouvoir : l’anti-sociabilité. Disons aussi que les gens comme lui n’aidaient pas. Dès qu’il te lance sa première phrase, tu figes un peu. Le niveau d’ennuie que transpire son ton et ses mots te frape en plein visage, te rappelle ton père depuis ton coming out et ressort en toi une émotion que tu ne croyais pas revivre depuis ton déménagement. Malheureusement, malgré ce que tu laisse paraître, tu es sensible, impulsif, et cet ennui vient te faire baisser les yeux sur le sol. Suivent les accusations soudaines pour le « mood brisé ». Tu lèves les yeux vers l’inconnu, et tu sers un peu les poings. Tu as compris Ethan, tu n’es qu’un moins que rien, tes parents te l’ont dit assez souvent, tu n’avais pas besoin d’un flic pour te le rappeler à nouveau. C’est pourquoi tout de suite, sans réfléchir, ta bouche laisse sortir ces mots dans un ton similaire à celui de l’autre homme.
- Oui, c’est bon j’avais compris. De toute façon, j’en avais plus l’intention.
Ah ça non, tu venais d’apprendre la leçon. Tu replaces ton maillot de bain et tes lunettes de soleil sur ton visage avant de laisser ton corps s’étendre contre la paroi rocheuse scintillantes, la raison pour laquelle tu avais été intrigué de venir ici. Tu commences à regretter ton choix. Maintenant, tu es pris un avec un policier qui te croyais armé… toi armé ? Tu sais à peine tenir un crayon à l’académie et il croit que tu serais armé ? Tu crois bien le réflexe, mais tu ne représentes un danger pour personne… sauf pour toi-même. Tu n’as pas tant une bonne relation avec les policiers en général. Tu considères que beaucoup sont trop paresseux, et laisse passer des choses qu’ils ne devraient pas. Mais c’est seulement ton opinion, et tu ne trouves pas judicieux de le laisser savoir à ton interlocuteur. Malgré tout, quand tu as entendu son métier, tes yeux ont roulés d’eux même derrière tes lunettes. Bref, disons que tu venais de rencontrer la personne qui correspondait exactement à ce que tu pouvais aimer le moins chez une personne : un flic avec l’arrogance et l’inintérêt identique à celle de ton père.
Et pour prouver ton point, le voilà en train de te rassurer, que tu pouvais faire ce que tu voulais sans penser aux répercussions. Comme si soudainement tu allais sortir de tes poches de la peinture pour faire des graffitis sur tous les murs et commencer à tout détruire autour de toi, juste parce que soudainement, on « t’autorisais » (car oui, tu doutes de ça) de faire des crimes. C’est ça que tu n’aimes pas chez les policiers… leur façon de toujours tout ramener à leur métier, ou de te faire sentir en sécurité, alors qu’en réalité, personne ne l’est. Tu l’avais vu avec les dégâts causés par la team Mistral l’année d’avant. Tu ne t’es pas senti en sécurité. Ont-ils arrêté les coupables ? Non. Ont-ils réussi à dissiper la panique ? Non. Donc au final, tu n’es pas en sécurité nulle part, que la police soit là ou non. Il était désormais dans l’eau, et ça t’arrangeais, parce qu’à toutes les fois qu’il plongeait, tu oubliais sa présence désagréable.
Mais tu as une grande gueule, et tu as perdu la timidité qui t’avais pris dès qu’il t’avait effleuré. Tu changes d’attitude comme tu changes d’humeur, et tu as la mèche assez courte, disons-le ainsi. Autrefois elle fut plus longue mais plus maintenant. C’est pourquoi que tu finis par lui faire remarquer, finalement, le manque de sens de sa dernière phrase, ainsi que ton point de vue face à cette dernière.
- Tu sais, j’ai toujours trouvé ça drôle cette façon dont vous, les policiers, vous avez tendance à tout ramener à votre métier. Cette façon que tu as de me dire que je peux enfreindre la loi comme si c’est ce dont j’avais envie de faire… je ne suis pas un criminel. Tu me touches, pour vérifier que je suis armé. Pourquoi quelqu’un armé viendrait ici ? À qui veux-tu faire du mal dans une grotte recluse au fin fond de la région ? J’ai plutôt l’impression que tu aimes montrer que tu es flic, et c’est la raison pour laquelle j’ai de la difficulté. Vous prônez de vouloir maintenir l’ordre et faire sentir les citoyens en sécurité, et bien laisse-moi te dire que le moment où je me sens le moins en sécurité, c’est avec un flic dans les parages pour vérifier tous mes faits et gestes comme si je représentais un danger quelconque. Regarde-moi un peu, ça se voit à des kilomètres que je ne suis pas un mec violent. Pourtant, tu arrives en trois gestes à me faire sentir comme l’intrus, le vilain de la situation. C’est tellement rassurant.
Voilà, encore une fois, l’émotion venait de parler pour toi. Tu venais de déranger quelqu’un dans sa journée de congé pour aucune raison valable, si tu oublies ses commentaires désagréables un peu plus tôt. Tu redescends vite de ton rush d’émotion puis tu ne fais que redescendre les yeux Encore une fois, tu prouves à tout le monde qu’il vaut mieux te détester que d’apprendre à te connaître. C’est triste quand même. Si tu avais été un minimum plus gentil, peut-être aurait tu pu trouver quelqu’un de formidable comme ami en Léandre. Comme d’habitude, tu en doutais, mais en même temps, tu ne laisses jamais personne t’approcher pour essayer de te prouver le contraire, tu en conclus donc que tu es fais pour rester seul, à moins de trouver des gens qui soit capable de tolérer ton attitude dérangeante. Tu doutes néanmoins que quiconque soit capable de te tolérer comme tu es réellement. Tu es désagréable à côtoyer, c’est même un miracle qu’un homme veule de toi, si tu es parfaitement honnête avec toi-même. Tu te racles la gorge et ressort ta ceinture de Pokéball.
- Bon, je ne vais pas déranger ton havre de paix plus longtemps. J’pense que j’en ai fait assez pour aujourd’hui. Encore désolé.
Juste partir. Parce que c’est vrai que tu étais désolé. Ce n’est pas parce que toi tu as une mauvaise vie que tu dois pourrir celle des autres. Tu t’en rends compte une fois que tu redeviens moins le monstre que tu es tous les jours. C’était pour ça, ta journée de congé. Te relaxer, prendre du temps pour toi…bref, mission échouée. Tu entres doucement tes Poké.pm dans leur habitacle sphérique, gardant avec toi ton snom et ton lapras pour pouvoir t’en aller. Tu te lèves et tu approches le Phanpy que Snom semblait vouloir connaître. Tu reprends ton Pokémon et caresse doucement la tête de l’éléphant. Tu t’en laisse le droit… après tout, tu travailles dans un refuge pour Pokémon. Puis enfin, tu fixes ton Lapras, lui caressant la tête.
« Take a break, have yourself a nap if you mind, but go. »
Atlas niv.20
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Cette amertume. D’une façon que je n’aurais pu imaginer, cet homme avait trouvé des mots qui me blessaient, qui m’affectaient. Évidemment, puisque ceux-ci ne m’attaquaient pas moi, mais ce métier que je pratiquais, cette couverture qui, vraisemblablement, malgré tout l’amour que je pouvais lui porter, ne plaisait pas à tous. Mon regard s’assombrit, se tourna vers le blond qui continuait de déblatérer ce discours haineux comme s’il avait été longuement répété. Pour une fois, je me questionnais, je remettais en question tout mon être, ma profession, ma personnalité, ma façon d’agir. Je doutais de Léandre. Je ne doutais jamais de Léandre pourtant. J’étais si sûr de moi, toujours si prévenant. Loin d’être avenant, mais un minimum considéré dans le paraître pour éviter de couler sous l’orgueil et l’avarice qui pouvaient déjà me caractériser. Je voulais me justifier. Je voulais nous justifier. Nous tous, policiers crapuleux qui sentaient le besoin de rappeler que nous étions au-dessus des autres. Du moins, c’est ce que cet homme semblait penser. Ce n’était pas le cas, je voyais la chose d’un œil bien différent. Passionné, obnubilé par ma profession, j’avais peur de nuire à l’autre, j’avais peur de lui faire peur, de l’éloigner. C’est pour ça que j’évitais généralement de rappeler mon métier, c’est pour ça que j’évitais généralement d’être un officier lorsque j’étais vêtu en civil, mais cette fois, j’avais agi trop vite, ma main baladeuse était entrée en scène et j’avais dû la justifier. « Le but, c’est pas d’t’indimider ou d’te faire sentir mal mec. » dis-je platement en sortant de l’eau, la voix hantée par une considération que je n’avais pas eu plus tôt. « Désolé si c’est l’impression que ça t’donne. » Je ne m’excusais jamais. Intérieurement, je me maudissais d’une myriade d’insultes avec l’espoir qu’il ne les capte pas, espérant qu’il ne les prenne pas de manière personnelle. Je me maudissais parce que je brisais ma carapace en pleine conscience, en sachant ce que je faisais.
Tant pis. On était ici dans une grotte isolée. Tant pis. Je serais le vrai Léandre, pour une fois.
Alors qu’il caressait la tête d’Atlas, je posai une main sur son épaule. J’avais couru pour arriver ici aussi vite. J’avais couru pour l’empêcher de partir. J’avais couru pour retenir l’homme dont je n’avais pas voulu la présence plus tôt. J’avais couru pour m’opposer à ma propre volonté. « Quand j’te dis, fais ce que tu veux. C’est pour éviter que tu te brimes, parce que j’ai pas envie d’bosser. C’pas pour montrer ma badge, sinon je me la serais fait incruster dans la joue ou elle remplacerait mes boucles d’oreille. Le but, c’est que tu te sentes pas compromis dans ta liberté et que tu surveilles le moindre de tes gestes. Tu pourrais te promener à poil que j’en aurais rien à faire. Parce que là, tout de suite, j’ai pas les outils pour faire quoique ce soit, je peux pas agir sans prévenir mes collègues et j’suis trop loin de mon lieu de service. Tu vois le truc ? J’ai juste pas d’pouvoir ici en fait. » Et mon visage s’aggrava, mon regard s’assombrit. « Pour ta confiance envers les forces de l’ordre, mec… j’y peux pas grand-chose. Comme dans tous les métiers y a des bons et y a des pourris. Sauf qu’être policier, c’est recevoir de la reconnaissance, avoir l’autorité de faire ce qu’on veut et pouvoir étendre un power trip comme on veut parce qu’on nous fait confiance. J’aimerais t’dire que t’as pas à te sentir apeuré par les policiers, mais le truc c’est que j’peux pas te le promettre et j’aime pas mentir comme ça. » Pourtant, j’avais menti. Pourtant, l'instant précédent, j’avais déblatéré plusieurs mensonges successifs. Je n’avais pas de copine, je ne l’avais pas touché pour vérifier s’il était armé.
« Et pour la fouille, elle était loin d’être protocolaire. Le but c’tait pas de te fouiller. C’est c’que j’ai pour me sortir d’un faux pas, pour pas avoir l’air intéressé par ton corps, pour ne pas avoir l’air du prédateur sexuel qui cherche le contact charnel. Quand t'es arrivé, tout de suite tu m’as accusé de vouloir t’attaquer. Je me suis senti agressé, j’ai palpé ta masse musculaire pour voir si j’étais plus conditionné que toi si tu m’agressais. Sauf qu’exposer ça comme ça, c’est tendancieux, c’pas très masculin et surtout c’pas forcément bien accueilli. » Je retirai ma main. Je relevai les yeux. Tâchant de cacher mon regard trempé. Tâchant de m’évader des accusations qu’il avait portées à mon endroit. Tâchant de montrer que je n’étais pas affecté.
Trop tard.
Le discours m’avait trahi. Mes manières m’avaient trahi. Cette main sur son épaule, cette tentative de l’empêcher de partir. C’était loin de tout ce que je pouvais me permettre en temps normal. C’était loin de mes habitudes. Et pourtant, c’était comme si je me présentais en ami, comme si je jouais un nouveau rôle.
Sauf que cette fois, ce n’était pas le cas. Cette fois, c’était vrai. C’était le Léandre que je terrais dans les méandres de mon logis.
« Cela dit, tu restes si tu veux… Ethan. J’suis pas là pour te nuire. J’suis juste un peu… farouche. J’connais pas grand monde à Lumiris… parce que c’est ce que j’veux. Tu me connais déjà plus que la plupart de mes collègues en à peine cinq minutes. T’as d’la chance. » Ou pas. Il en avait peut-être, ça lui appartenait. Me rencontrer, à mon sens, c’était loin d’être une « chance. » Trop indomptable, trop impassible, trop réfractaire à l’idée de donner accès à mon jardin secret, trop sauvage. J’avais peu à offrir à travers ce genre que je me donnais.
Et personne n’avait la patience de tisser des liens avec une personne aussi fermée d’esprit.
Pourtant, je me montrais plus doux, plus compréhensif que plus tôt. C’était plein de bonne volonté que j’avais tenté cette approche, parce que je ne voulais pas lui nuire, parce que je ne voulais pas être le rempart à son repos, il me suffisait d’être le mien. Je reculai d’un pas et jetai un œil vers Atlas qui trépignait de joie, comme s’il avait senti à quel point ces aveux avaient été difficiles pour moi. Ils l’avaient été. Il avait raison et je sais qu’il aurait m’appuyer, mais je dégoulinais d’eau. Je ne m’étais pas essuyé. J’avais couru trop vite. J’avais ignoré ma serviette. J’avais oublié que mon Pokémon me craindrait comme il craignait toutes les sources d’eau de ce monde. « Il aurait été malheureux. De là où j’viens, l’eau c’est notre quotidien. On dit qu’Hoenn est l’archipel le plus affecté par la crue des eaux. Pauvre Atlas. » dis-je de façon maladroite en désignant mon Pokémon pour que les choses soient claires, espérant détendre l’atmosphère et inspirer un minimum de confiance à cet Ethan.
Pourquoi lui ? Pourquoi lui avait droit à la vérité alors qu’à d’autres j’avais craché un venin salé pour moins que ça ?
Parce qu’il ressemblait à Émile. Physiquement, il avait la même carrure, la même tignasse, ce regard vitreux et mordant. Parce qu’il ressemblait à mon premier amour. Celui qui m’avait conduit à mon exil… et je le remarquais tout juste. Je tournai le dos. Feignant de chercher ma serviette.
Intérieurement, je me répétais que ce n’était pas lui. Je me mitraillais de ces « Non Léandre, c’pas lui, arrête. C’juste un mec lambda. » Intérieurement, je m’harcelais d’insultes, je me pourfendais comme je le pouvais pour ne pas m’attacher.
Tes yeux ont roulé en entendant ses excuses, parce que jamais dans ta vie n’avais tu entendu des excuses qui sonnaient aussi fausse, sauf lorsqu’elles sortaient de ta bouche. Il est vrai que t’excuser était une des choses que tu faisais rarement par honnêteté, souvent plus pour paraître poli et civilisé, alors qu’en réalité elles ne veulent rien dire. Rare sont les fois où tu admets avoir eu tort aussi, même lorsque la preuve et sous ton nez. Bien évidemment que c’est l’impression que ça te donne… quoi d’autre ? C’est intimidant. Un jeune homme, avec une carrure imposante, qui te tâte et qui t’annonce même être policier. Peu importe qui c’est, ce sera toujours intimidant. Même pour le plus innocent et le plus jeune des enfants. Ça a tombé sur toi. Il a fallu que tu tombes sur un flic qui essayait de t’intimider…
Ce que tu deviens rapidement en sentant une main sur ton épaule qui te fait sursauter au point où tu t’es retenu de te retourner vivement. Trop centré sur le petit éléphanteau, tu n’avais pas entendu ses pas précipités, tu n’avais pas été préparé à ça.
Il te touche encore, et tu peux enfin conclure que c’est… une personne tactile. Malgré toi tu repousses un peu sa main de ton épaule pendant qu’il te parle, restant dos à lui. Parce que tu ne peux pas montrer ton visage en ce moment. Tu es inquiet. Inquiet que Léandre dise ces beaux mots mais qu’il soit mal intentionné malgré tout. Quoique… tu n’avais pas l’intention de jouer les délinquants aujourd’hui, ça c’est sûr. Tu ne joues jamais le délinquant. Tu es certes méchant avec bien des gens mais ça ne fait pas de toi quelqu’un de mauvais, voire de dangereux. Néanmoins, Léandre marque un point… ici, il n’avait aucun pouvoir, et toi non plus d’ailleurs. C’est comme si, en entrant dans cette grotte, vous renonciez à une partie de votre vie pendant quelques instants. Oh, comme tu aimerais toi aussi un peu décrocher de ta vie devenue si quotidienne… malheureusement, tu te sens pris dans ce cycle désormais, qui te plaît autant qu’il t’inquiète. Ta vie est contradictoire jusqu’à la dernière goutte, cette envie d’aventure mais de confort, cette envie de partir mais de rester, cette envie de vivre mais de survivre…
Lentement, mais sûrement, tu te retournes. Tu entends que le ton de Léandre a changé. Enfin, pas radicalement, mais juste assez pour que tu essaie de te retourner et de le regarder. Tes inquiétudes face à ses réelles intentions s’envolent doucement, tels de beaux Frosmoth sous une douce neige d’hiver. Tu le sens, mais tu ne sais pas quoi en faire. On s’ouvre à toi, comme si tu allais arriver à dire quelque chose qui allait pouvoir le faire sentir mieux. Normalement, tu aurais eu tendance à arrêter la conversation et de partir pour ne pas entendre un mot de ce qu’on a à te dire. Mais là… tu n’y arrives pas. Parce que quelque chose dans ses paroles vient chercher en toi non pas la colère, mais bien une légère amertume. La masculinité est pour toi un sujet sensible, à cause de ton père, et le fait que Léandre expose ainsi que son mouvement ne tend pas vers cette fameuse masculinité, ça te rappelle de mauvais souvenirs. Tu ne veux pas replonger dans ces eaux-là… plus jamais. Tu te racles la gorge et le laisse terminer sa phrase avant de répondre.
- Écoute, je ne connais rien de toi, mis à part ton nom, mais ce que tu viens de dire là, je l’ai entendu des milliers de fois. Ce n’est pas masculin de faire-ci, ou bien ne fais pas ça car c’est ce que les filles font…
Dis-tu, penchant légèrement la tête alors que ton regard s’assombrit à ton tour, Ça picote entre tes yeux, mais tu arrives à stopper tout ça. Pleurer, tu ne le fais plus, Avant, c’était sur une base quotidienne, mais maintenant ta vie est meilleure, et ta carapace, plus forte. Tu inspires et tu relèves les yeux avant de continuer, tes yeux dorés fixés dans ceux de ton interlocuteur.
- Je ne sais pas pourquoi tu devrais t’embêter à ne pas agir d’une certaine façon parce que ce n’est pas « masculin », tout d’abord parce que la masculinité n’a pas de limite précise, et aussi parce la masculinité, c’est rien comparé à l’honnêteté. Tu t’es senti menacé, t’as le droit. Moi aussi je me suis senti menacé, mais je ne m’entête pas à te le cacher Être macho, c’est vraiment ridicule, si tu veux mon avis. C’est vrai… que je l’ai dit un peu de manière brusque, mais voilà. Je ne sais pas gérer mes mots, c’est tout.
C’était pour toi une sorte de façon de demander pardon, même si explicitement, tu étais incapable de faire une telle chose. Même que d’admettre que tu y étais allé un peu fort t’as surpris un peu. Mais après tout, ici, personne ne t’entend sauf lui, personne ne t’écoute sauf lui, et tu ne crois pas qu’il aurait quelque chose à gagner de profiter de ton ouverture pour aller déblatérer tes pensées et paroles aux grands publics. Personne ne sait qui tu es de toute façon, sauf Maxim, et tes parents… mais eux, c’est une autre histoire. Tu relèves les yeux quand tu entends Léandre parler de chance et tu ne peut t’empêcher de sourire un peu. C’était peut-être ironique de sa part, mais toi tu l’avais trouvé drôle. Puis… que perdais-tu de t’ouvrir à quelqu’un d’autre pour une fois ? Le pire qui pourrait t’arriver… c’est qu’il ne te parle plus après. Tu ne lui en voudrais pas, parce que tu ne parlerais pas avec toi-même plus qu’une heure ou deux non plus si tu étais lui. Vient ensuite la discussion sur sa ville natale. Tu relèves la tête avant de te rendre compte que tu t’es rassis malgré toi sur le bord de l’eau, les pieds flottant dans le petit lacs au milieu de cette étrange grotte.
- Personellement, je viens de Doublonville, dans la région de Johto… nous avons emménagé quand j’avais 4 ans. C’est ici que j’ai rencontré mon Rockruff, mais bon, aujourd’hui, Lycanroc a perdu de son aspect mignon, mais c’est mon meilleur ami, et il le sera toujours.
Parler de ta relation avec ton Pokémon, pour toi, ce n’est pas banal. Rarement tu laissais voir ta passion pour les Pokémon aux autres. Ton Snom te regarde toujours, perché sur ton épaule, et il câline ton cou de sa tête froide. Tu frissonnes. Ton regard divague un peu puis tu le reposes sur Léandre.
- Sinon, à part arrêter des criminels, tu as d’autres buts dans la vie ? Un truc qui te passionne réellement ? Ou tu vas dire comme tous les policiers que de servir la justice est ta seule et unique quête de vie ?
« Take a break, have yourself a nap if you mind, but go. »
Atlas niv.20
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Parce que me l’a reproché. Parce qu’on m’a dit d’être un homme, que les hommes étaient hommes ; virils, sportifs, forts, sans émotions. Ils sont droits, ils sont fiers, ils ne laissent pas dominer par la gentillesse, l’ouverture et l’accueil. Je n’ai jamais compris pourquoi. Je n’ai jamais pourquoi c’était ce que l’on m’imposait, pourquoi j’avais été élevé en gardant ces valeurs en tête, mais ça avait été fait, c’était le voile qui me précédait toujours. Mon fardeau que j’imageais par la présence spectrale constante de mon père me pointant du doigt et me menaçant de l’autre main. Ce n’est pas ce que l’on attend d’un homme. Ces mots m’avaient tant marqué que j’avais beau ne pas y croire, j’avais beau vouloir les ignorer, j’avais beau vouloir les oublier… ils étaient toujours là, flottant au-dessus de ma tête comme un glaive qui menaçait de céder à tout instant. Ils étaient menaçants. Ils étaient une partie de moi. J’aurais aimé les lui répéter, j’aurais aimé lui dire… pour qu’il comprenne.
Ça ne semblait pas nécessaire.
Il comprenait déjà. Il l’avait dit, il l’avait avoué. Et si ce n’était pourtant pas mon genre normalement, je sentis une pression quitter mon corps. Je sentis tout mon être s’alléger. Je souris. Un véritable sourire sincère. Un mythique sourire de ma part… si rare que s’il l’avait photographié il aurait pu vendre la photo à un prix exorbitant à ma famille ou mes pairs. Léandre qui sourit… Impossible, comme dirait l’autre. Je m’étais laissé attendrir. Un instant, mon attention se dissipa, je le contemplais. Était-ce l’effet Émile ? Était-ce parce qu’il lui ressemblait tant que j’étais pris de toutes ces impulsions ? La palpation, le toucher de son épaule, l’envie de l’enlacer, voire de l’embrasser. Une partie de moi luttait contre cette force inexplicable, contre ce phénomène paranormal qui me buttait à d’anciennes émotions que j’espérais enterrées.
« Des buts ? » soufflais-je déconcerté devant sa question, comme si j’avais été pris par surprise, comme si je ne l’avais pas assidûment écouté, j’avais retiré ma main et je m’étais perdu dans ma tête. « Des buts… » répétai-je, dubitatif quant à la question. Toutefois, ce n’était pas la faute de la question. En avais-je seulement des buts ? Était-ce quelque chose qui pouvait continuer d’exister chez moi ou avais-je tuer chacun d’eux quand on m’avait brisé le cœur pour la seconde fois. Lorsqu’il était parti avec un autre. Avais-je le droit d’annuler cette question, de la trouver intrusive ? Avais-je le droit de me sentir violé simplement parce que je ne savais pas ? C’était pourtant la sensation que j’avais… j’avais cette étrange brûlure vide dans mon estomac, une boule récalcitrante de toutes ces angoisses qui persistaient. « Je… non… je sais pas… » libérais-je de ma bouche le regard vide. Un poids qui me scia les jambes. Toute ma vie, je m’étais décrit comme étant ambitieux. Toute ma vie, je m’étais décrit comme étant déterminé. Et là, en cet instant, le mensonge me sautait aux yeux.
Je ne sais pas.
Les mots faisaient écho dans ma boîte crânienne comme s’ils n’avaient jamais été libérés. Les mots se répercutaient dans toute ma zone cognitive comme si c’était illogique et pourtant partout où je cherchais, je ne trouvais pas de réponse à cette question. Quels sont tes buts ? À vingt-deux ans, était-ce encore convenable de dire que l’on ne savait pas ? À huit ans, ça passait… à vingt-deux ? Je venais de me heurter au mur de ma propre conscience, hébété par l’absence de quelque chose me rattachant à la vie, à ma personne, plutôt qu’à ma carrière.
Les possibilités étaient innombrables. J’aurais pu chasser les badges pour devenir maître de la ligue, comme tous les autres Pulsar. J’aurais pu chercher l’amour véritable, comme tous les romantiques. J’aurais pu vouloir devenir riche, comme tous les fonctionnaires. J’aurais pu vouloir monter en grade, comme tous les policiers. Mais non. C’était trop simple. Trop classique. Je voulais ces choses, évidemment… était-ce vraiment des buts ? Non… c’était trop secondaire. Qu’est-ce que je voulais ? Qu’est-ce qui m’était essentiel ? Pourquoi me battais-je chaque jour pour rester en vie ? Pour la vérité ? Pour la justice ?
Cliché. Cliché. Cliché.
Je n’étais donc qu’un cliché ambulant. Le policier qui errait sans vouloir exister. Le policier que cet homme, à en croire son ton, exécrait. « J’dois t’avouer Émile que j’sèche. J’voulais vraiment t’répondre un truc bien pour t’impressionner ou t’la boucler… mais j’ai rien. Je… Je ne cherche même pas à défendre la justice… j’y crois peu. Je… suis une carcasse vide. » dis-je en échappant un rire nerveux, avouant ainsi mon échec à l’impressionner. Non pas que c’était un objectif en soi, mais j’aurais aimé lui montrer que les agents de police n’étaient pas forcément de ceux qu’il méprisait…
L’avais-je appelé Émile ? Merde. Merde merde merde merde. Je devrais me justifier, il découvrirait le pot-au-feu. Il comprendrait que je le méprenais à mon ex-copain. La paranoïa me gagna. La paranoïa me happa avec force, mordant mon mollet, me forçant à me pencher pour attraper Atlas et caché mon énervement dans le creux de ses côtes, trahissant ma sensibilité.
Pourquoi est-ce que chaque pas que je prenais ici, pourquoi est-ce que chaque geste que j’entreprenais avec lui était une étroite trahison à la caricature d’homme que je tentais d’arborer au quotidien ? Quelle puissance chamanique s’était éprise de moi pour que je sois ainsi pris au dépourvu ? « Et toi ? » bousculai-je hors de ma bouche avec l’espoir qu’il ne notifie pas mon lapsus… en espérant être discret. Le nez et les yeux cachés par mon éléphanteau. Je voulais que l’on passe à autre chose, je voulais que cette gêne me quitte, je voulais que cet inconfort meure… je cherchais comment faire taire ce sentiment acide qui me dévorait de l’intérieur.
Je cherchais et je ne trouvais pas. L’eau était trop dangereuse pour que je nous y propulse tous les deux de façon sécuritaire. J’étais trop prude pour simplement retirer mes vêtements devant un autre homme comme j’avais pu le faire avec Kaylie. Je ne voulais pas changer le sujet trop drastiquement pour éviter qu’il pense que je le méprenais pour un espion informateur qui enquêtait sur moi.
Tout ce que je trouvai… ce fussent les prouts sur le ventre de mon Phanpy. Un bruit dérangeant qui fit échapper un gémissement de surprise à mon Pokémon et qui teinta mon regard de questions. À quel point étais-je tombé bas ? En tout juste quelques minutes, j’étais parti du dur intimidateur au fragile prouteur de ventreï>.
Je rougis. C’était trop loin de mes habitudes. Comment allais-je me justifier maintenant ?
Tu ne pensais pas vraiment que cette question puisse sonner autant pour quelqu’un, mais visiblement, Léandre n’est pas dans son état normal après une question qui, pour toi, semblait plus que banale. En soi, tu ne peux vraiment lui en vouloir : si on t’avait posé la même question il y a de cela une année ou deux, tu n’aurais pas su répondre plus. Tu aurais répondu quelque chose de banal, du genre obtenir ton diplôme et parcourir le monde à la recherche de tous les Pokémons possibles et inimaginables. Un rêve de gosse qui, tu sais aujourd’hui, n’est pas du tout réalisable et tu devras te contraindre à obtenir ton diplôme ainsi que le titre de champion d’arène de type glace. Rien de plus, rien de moins. Quoi que… faire quelques concours, ça t’amuse aussi.
En pensant au concours, tu soupires un peu. Aujourd’hui, vu d’une perspective extérieure, tu t’en veux de ne pas avoir été respectueux et un minimum gentil avec ton adversaire, Izaiah. Tu ne l’as pas revu depuis et tu ne sais pas trop comment t’y prendre pour le joindre. Tu aurais aimé t’excuser, lui dire que tu admirais son talent en prestation, et aussi féliciter ses Pokémon pour leur travail incroyable. Tu n’en as pas eu la chance, et tu ne sais pas si tu l’auras. Les chances de le recroiser sont si minimes… tu ne peux donc pas en faire un espoir.
Tu sors de ta tête quand le nom « Émile » frappe ton tympan, te sortant ainsi de ta torpeur. Tu te sens comme quelqu’un ne sachant pas nager dans l’océan de tes pensées, et qui s’apprête à s’y noyer. Léandre est ton sauveteur, il te tire, par le simple fait de te répondre malgré tout ce qui avait pu se passer auparavant entre vous deux. L’animosité s’est heureusement calmée, et te permet même d’apprécier la présence de quelqu’un d’autre. Tu aurais pu néanmoins perdre patience par le fait que ton nom ait été écorché, mais tu n’en fais rien. Tu lui diras plus tard. Tu l’écoutes, parce que tu te rends compte que pour la première fois de ta vie, quelqu’un se livre à toi. Il se livre à toi, alors que toi tu n’avais que demandé s’il poursuivait un but dans sa vie. Ce qu’il te dit, tu trouves ça dommage. Vraiment dommage. Léandre passe tant de temps à se cacher derrière le badge de justicier que sa vie semble lui glisser entre les mains. Au fond de toi, ça fend un peu plus ta carapace, et tu ne peux t’empêcher de te lever pour t’approcher, t’asseoir près de lui, et lui taper l’épaule.
- Tu sais, Léandre, ce n’est pas si grave de ne pas savoir. Tu ne devrais pas essayer de m’impressionner moi, ou de me la faire boucler à moi. Tu devrais essayer de le faire à toi-même. Je ne te connais pas beaucoup, voire pas du tout, mais je pense juste que le badge de policier te sert un peu de couverture. J’ai peut-être tort, et je ne sais pas de quoi tu dois tant te couvrir, mais comme tout le monde, tu as le droit de rêver. Tu as le droit d’établir ce qui te rendrais heureux, que tu sois policier, camionneur ou bien simple citoyen. Je… enfin, j’ai l’impression que là, maintenant, tu viens de te souvenir que tu es humain, après tout. Oh, et moi, c’est Ethan, pas Émile.
Tu ajoutes à la fin, plus comme une information qu’un reproche. Tu replaces une courte mèche de cheveux en place et tu arrives même à poser un sourire sur ton visage. Une partie de toi, aujourd’hui, reconnais que tu es passé à travers ce genre de parcours, et que le peu d’expérience que tu as pourrait servir à quelqu’un d’autre. Pourtant, Léandre est plus vieux que toi, mais tu crois toujours qu’il est possible pour lui d’apprendre quelque chose, même du haut de tes 18 ans. Tu te rends compte que tu es chanceux, en cet instant, de savoir ce à quoi tu veux que ton futur ressemble alors que tu n’as que 18 ans. Et il te le demande d’ailleurs, donc tu hoches les épaules, tes yeux rivés sur le phanpy un instant avant que frissonnille souffle quelques flocons de nouveau, ce qui te fait sourire. Il est heureux, tu es heureux aussi, ce qui fait en sorte que de te dévoiler un peu n’est pas aussi dérangeant qu’à l’habitude, donc tu parles à ton tour.
- Moi ? Un jour, j’aurai ma pension de Pokémon, et je serai champion de l’arène glace de Windoria. J’aimerais que ma pension soit un refuge pour les Pokémons blessés de la région de Windoria. Je n’ai pas vu d’autres pensions dans ce coin, donc je considère que ça permettra aux gens de la ville de voir un peu plus à quoi ça ressemble. Et… voilà. Mon but ultime, ce serait de rendre le plus de Pokémon heureux possible, parce que tous, sans exceptions, méritent une vie de respect et de bonté. Je ne tolère pas les dresseurs qui peuvent faire du mal à leur compagnon.
Tu regardes le sol un instant, puis tu soupires de nouveau. Le monde dans lequel tu vis est rempli de gens vicieux qui ne savent pas que les Pokémons ne sont pas des outils de travail constant. Ça semble contradictoire, quand tu dis que tu veux être un champion d’arène. Néanmoins, tes Pokémons ont tous accepté de faire du combat, et l’entraînement bâti autour de cet objectif respecte les limites et les capacités de chacun. Les nombreux livres dans ta chambre sur l’entraînement et le type glace peuvent approuver que tu aies fais des recherches assidues sur le sujet et qui, désormais, mieux que beaucoup de gens, tu sais balancer le « travail » de tes Pokémon et les moments d’amusement et de détente. Tu ne penses pas être le meilleur dresseur, mais tu as certainement de bonnes qualités qui pourraient peut-être un jour, qui ait, te permettre de le devenir. Tout comme Léandre. Son phanpy et ses bruits te ramène le regard vers eux, tes lunettes de soleil glissant sur ton nez, donc tu les remontes en souriant.
- T’as beau être policier… tu sembles avoir beaucoup de douceur. C’est difficile de garder un masque avec des créatures aussi mignonnes autour de nous, mmh ?
Tu dis, perdant un peu ton sourire. Alors que Léandre t’avait dévoilé ne pas avoir de buts précis dans la vie, toi tu venais de lui avouer que tu n’étais pas réellement ce que tu montrais tous les jours. Que tu te caches derrière une façade ouéviter le regard des gens. Une partie de toi espère que Léandre te comprendra, peut-être mieux que quiconque d’autre.
« Take a break, have yourself a nap if you mind, but go. »
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Si seulement. Si seulement cette rencontre avait été un canular, j’aurais été rassuré. Tout ce qui était dit, tout ce qui se passait était si lourd à porter. Je voulais fondre, je voulais m’enfuir, je voulais me dérober à l’étreinte psychologique que cet homme parvenait à maintenir sur mon esprit. Il avait relevé mon lapsus, il avait relevé chaque mot que j’avais dit et voilà qu’il me conseillait sur cette vie que je menais. Je paniquais. À l’intérieur, je me sentais suffoquer, je voulais que le sujet change, je voulais que l’entièreté de ce qui avait été dit ici s’érode avec la pierre. Il me voyait doux, il me voyait faux, il me voyait exactement comme cette personne que je fuyais, il voyait ces traits que je niais avoir. Ce réflexe paniqué que j’avais eu, ce réflexe de prouter sur le ventre de mon Pokémon, il l’avait perçu comme un signe de faiblesse. Ça avait rendu la onversation encore plus malaisante. Je me sentais pris à la gorge, enveloppé par l’étreinte étouffante d’une main meurtrière, celle de mes propres vices en l’occurrence. Je libérai mon éléphanteau. « Non. » Ma réponse avait été prompte. Rapide. Surprenante… mais surtout sèche. Non, je n’avais aucune douceur en moi. Je ne portais aucun masque. J’étais droit, viril, fier, imposant, puissant, mâle. J’étais un alpha. Je n’étais pas doux.
Et pourtant.
Si je m’offusquais ainsi, c’est que je savais qu’il avait raison, c’est que je savais qu’il avait percé mon déguisement. Je savais que je lui en avais trop offert. J’avais été stupide. J’avais ouvert ce jardin secret qui était le mien, comme s’il avait été communautaire. Je gloussai. J’angoissai. Je détournai le regard en espérant qu’il ne comprenne pas cette gêne qui me gagnait. Cette honte qui refusait de s’en aller. « Un homme ne peut pas être doux. » Je justifiais enfin. Je justifiais ce rejet que je venais de lui imposer. Je n’étais pas doux. Je ne pouvais être doux. Ça donnerait raison à Anubis. Ça justifierait toutes ces années où il m’avait mitraillé de ces mots.
Je ne suis pas doux.
Intérieurement, j’insistais. Il n’y avait aucun moyen pour moi d’avoir tort. Je ne pouvais pas me tromper, pas sur ça. Je ne pouvais pas avoir commis une telle erreur qu’il lui était maintenant possible de présumer la personne que j’étais chez moi. Je m’étais braqué. J’avais grimpé dans les rideaux et je me tournai vers lui. « J’déteste les trucs mignons. » dis-je grincheux, résigné, de façon complètement assumée sans laisser plac à une justification. J’en avais une. Était-elle valide pour un tiers ? Probablement pas. Je la retins donc. La raison était superficielle à vrai dire. Je voulais avoir l’air dur. Je voulais donner l’impression, au moins via ces bêtes qui m’entouraient que j’étais un dur. Tout était une question d’impression. Tout tournait toujours autour des impressions avec moi. Absolument tout. Hélas, je sentais venir la question. Je sentais venir l’instant où il me dirait « et pourquoi ? » ou l’instant où, comme il l’avait déjà fait, il tenterait de moraliser mes choix de vie et mes éthiques. Comme si je me cachais réellement derrière mon badge. – Divulgâcheur : Oui. – Intérieurement, je craignais de devoir justifier cette réflexion complètement gratuite et je trouvai les moyens bien qu’ils me répugnaient. Je trouvai. Je relevai les yeux. Je plongeai mon regard dans le sien comme s’il avait été hypnotisant.
Dans un élan purement spontané, j’avançai la tête et posai mes lèvres sur les siennes, laissant le souffle de mon nez caresser ses joues refroidies par l’humidité des lieux. Je l’embrassais. Je l’embrassais comme j’avais embrassé mon amoureux dans le passé. Je l’embrassais comme un homme devait embrasser une femme. Le baiser aurait pu ne rien vouloir dire, il aurait pu être un simple excès vicié que je m’étais permis pour prouver un point ou tester quelque chose. Il n’en était pas un. J’avais laissé la douceur prendre le dessus et je devrais maintenant le justifier. Dans une lenteur presque romantique, je rompis le lien qui nous unissait en reculant la tête. « Un homme doux n’aurait pas fait ça alors qu’il sait que t’es en couple et qu’il a dit l’être aussi. J’suis pas un mec bien. » Tout avait été réfléchi. Je n’avais rien laissé au hasard. Je voulais lui montrer à quel point je n’étais pas cet homme en constante mascarade qu’il décrivait.
Oh. Je l’étais, détrompez-vous. Je ne voulais pas qu’il le sache. Une part de moi était satisfait par ce geste, une part de moi était heureux d’avoir eu un contact charnel pour une fois. Un part de moi ne pouvait s’empêcher de penser à ce premier amour à qui il ressemblait. Une part de moi était heureuse d’avoir posé ce geste. Une part de moi s’en voulait, mais je graciais les cieux bien plus que je ne les maudissais de m’être permis cette caresse… qui tournerait probablement mal… et j’assumerais les conséquences. S’il me frappait, s’il m’insultait, s’il partait. J’assumerais. S’il reproduisait le gens, s’il rougissait, s’il me compliment. J’assumerais.
Un simple baiser. Ça ne voulait rien dire. Ça ne voulait absolument rien dire. Malgré la touche langoureuse, il n’y avait aucun romantisme derrière ce geste, seulement une tentative désespérée de détourner la conversation. Seulement une tentative désespérée pour qu’il change de sujet, pour qu’il se dérobe cette psychanalyse à laquelle il semblait s’attacher. Je n’étais pas un patient. Pas plus que je n’étais doux. « Donc Windoria pour la pension ? Ça leur fera du bien après c’qu’ils ont vécu. Ça changera le mal de place. » Et comme si aucun geste déplacé n’avait été posé, je changeai le sujet de la discussion, je détournai les projecteurs en souriant. Je donnais de la consistance à mon indifférence. À son endroit ou à blesser les gens ? Cette personne qu’il aimait, apprendrait-il que cet échange de salive avait exister ? Apprendrait-il la tendresse de mon contact et le goût de mes lèvres ? Saurait-il ? Une part de moi espérait qu’oui. Une part de moi espérait que ce simple contact puisse me rendre inoubliable, ça nourrissait mon égo. Ça nourrissait ce culte que je me vouais déjà. « T’as déjà le bâtiment ou pas ? Sinon, j’dois avoir des contacts. »
Mais dans mes mots, c’était comme si cet instant n’avait jamais existé… alors qu’intérieurement, je sentais encore cette boule d’anxiété qui s’était formée au moment où j’avais convenu de lui arracher un baiser. Une boule d’anxiété précieuse et satisfaisante.
Alors que tu pensais avoir enfin réussi à commencer une conversation avec l’autre homme, il laisse son Pokémon retourner à es activités. Il le laisse tomber de son étreinte avec ces seuls mots : non. Mais non quoi ? Non il n’est pas doux ? Non, ces créatures ne sont pas assez mignonnes pour nous faire craquer..? Le seul qui craque, c’est Léandre. Devant toi, tu le vois en train de se convaincre lui-même qu’il n’a pas le droit de craquer. Pauvre lui. A couverture de macho lui allait pourtant si mal. Quand tu es entré dans la grotte, tu n’auras jamais cru que cet homme aurait été comme ça. Il semblait paisible, relaxé… bien.
Et comme presque tout dans ta vie, tu lui as gâché. Gâché son moment. Gâché sa plénitude. Gâché son sourire. Tu avais réussi à animer une conversation agitée, qui mène désormais l’homme devant toi à s’offusquer, alors que ton seul but était de sortir l’homme terrifié par lui-même qui sommeille dans cette coquille de machisme. C’est sûrement pour cette raison que tu n’as pas d’amis : chaque fois que tu tentes de voir le meilleur en quelqu’un, tout ce que tu en reçois, c’est le pire.
Cette rencontre te servira de leçon. Tu retournes lentement dans ta coquille. Tu te fermes.
Les mots de Léandre te fendent le cœur aussi vite qu’ils t’impatientent, tu aurais envie de te lever et de lui balancer ta main en plein visage. Tu n’en fais rien. Tu sais que les gens changent à leur rythme, et que tous doivent prendre le temps qu’ils ont besoins. Il reste que le machisme est quelque chose que tu vivais avant et que tu ne tolères plus depuis que tu es parti de Nemerya. Depuis que tu as quitté tes parents. Depuis que tu as commencé à vivre ta vie . Tu le sens, le vomi de mot qui a envie de sortir de ta gorge, les noms dont tu as envie de l’insulter. Ça monte en toi comme la lave dans le volcan Eneka, fut un temps. Tu as de la peine à te retenir.
Mais comme tout volcan, la lave finit toujours par sortir.
- Avec tout le respect que je te dois Léandre, j’ai jamais entendu des foutaises aussi grandes de toute ma vie. T’entendre bouder et nier comme un enfant juste pour une image qui ne t’apporte rien d’autre que du malheur, c’est ridicule. Franchement, à quel point tiens-tu montrer à tout le monde comme tu es le gros macho du coin ?
Détester les trucs mignons, alors qu’on a un phanpy comme Pokémon ? Et que notre mécanisme de défense automatique est de lui faire des prouts de ventre ? Le plus imbécile des imbéciles saurait que c’est un mensonge, et le mensonge, tu n’aimes pas ça. Mais peut-être après tout aurais tu fermé ton clapet, parce qu’avant même que tu puisses dire quoi que ce soit, tu es pris de court. Des lèvres, sur les tiennes. Ce n’est pas le goût de Maxim, mais c’est la même… douceur. Ce n’est pas un baiser pressé. Tu ne sais pas, tu ne sais plus.
Tes joues virent au rouge écarlate en moins de temps qu’il t’en faut pour reculer, ce que tu fais en même temps que Léandre. Ses mots se répercutent dans ta tête un instant. Pourquoi essayer de te prouver qu’il n’est pas doux avec un baiser qui ne dégage rien de moins que de la douceur pure. Surtout… pourquoi t’embrasse-t-il ? Pourquoi quelqu’un d’autre voudrait de toi. Non, on ne veut pas de toi, Ethan. On t’utilise, comme on le fait au quotidien. Tu es naïf, plus que ce que tu aimerais. Plus que tu ne veux te l’avouer. La seule chose que tu arrives à faire après le baiser, c’est baisser le regard. Pour éviter qu’il te voie rougir, mais surtout pour éviter qu’il te voie penser. Penser est un petit mot, te perdre dans ta tête serait plus le terme approprié. Tu déconnectes un instant de la grotte, de Lumiris, du monde.
Tu n’es qu’Ethan, pris dans la tête de Ethan, Ce baiser ne voulait rien dire pour toi non plus. Tu tenais beaucoup à Maxim, et c’était lui que tu aimais. Pourquoi te casses-tu la tête à vouloir apprendre quelque chose à quelqu’un qui ne veut rien entendre ? Pourquoi t’entêtes-tu pour quelqu’un qui n’a rien à faire de toi ? Pourquoi veux-tu aider quelqu’un, une fois dans ta vie ?
Parce qu’il te comprend. Tu sais au fond que Léandre connait exactement le sentiment que tu lui as décrit. Celui de la mascarade, de la cachette de soi. Il le fait, lui aussi. Tu reviens à toi quand tu réalises que Snom te fixe et que Léandre te propose de te prêter des contacts si tu en as besoin. Comme si rien ne s’était passé. Tu prends un respire et relève la tête avant de répondre.
- Je ne veux pas de ton aide, je ne demande rien de personne. Avant de vouloir aider les autres, commence donc par t’aider toi-même.
Tu avais tellement d’autre choses à dire. Tellement plus d’insultes qui s’étaient cuisinés dans ton cerveau. Rien. Et quand tu relèves le regard, la seule chose qu’on peut lire dans tes yeux, c’est la déception. La déception de ne pas avoir repoussé Léandre. La déception de s’être laissé manipuler et utiliser. La déception… d’être toi et de ne pas pouvoir aider personne. Tu veux t’en aller, mais ton corps ne t’obéit plus depuis le baiser. Te voilà, redevenu un Ethan impuissant face à un autorité que tu t’imagines, tu te déteste. Tu regardes un peu ton Pokémon qui se blottit contre toi, et c’est à ton tour de le blottir contre toi, et de le chouchouter. Tu te racles la gorge et finis par tout de même rajouter.
- Peut-être… peut-être que le silence nous allait mieux finalement.
« Take a break, have yourself a nap if you mind, but go. »
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Et si… Et si je n’avais pas besoin d’aide. Si cet instant où je m’étais libéré à laisser sortir une vérité de ma personne avait été le seul moment depuis longtemps où je m’étais senti vivre, je l’aurais su, non ? Et si Ethan avait tort. Si ce n’était pas d’aide dont j’avais besoin, mais d’un simplement élément déclencheur. J’étais heureux. Ma vie m’allait. Il en doutait et ça ne me dérangeait aucunement. Être caché, vivre sous un masque, ça n’était pas forcément synonyme de tristesse, de regret et d’amertume. C’est ce qu’il semblait croire. Était-il si authentique qu’il pouvait critiquer ma propre expression personnelle ? Avait-il seulement ce droit ? Était-ce un mensonge de toute façon ? Non. J’avais un certain machisme qui m’avait toujours hanté. Ça avait toujours été la trame de fond de mon évolution. Quand j’avais grandi, je regardais les filles de haut. Parce que j’étais gâté, parce que j’avais ce « pretty privilege », mais qu’aucune n’aurait jamais droit à plus qu’un regard, parce qu’aucune ne me plaisait. Et si je ne l’avais pas compris rapidement, quand j’avais fini par le comprendre, j’avais voulu le cacher en feignant une attirance pour elles, en les draguant toutes. Aucune ne pouvait m’avoir, mais je pouvais toutes les avoir. Était-ce pour autant que j’étais malheureux ? Était-ce pour autant que cette couverture faisait de moi un homme ayant besoin d’aide ? Non. « Calme-toi, c’est qu’un baiser. J’ai pas l’intention de coucher avec toi, ça veut rien dire. » Parce que ce geste, je l’avais répété tellement souvent. Parce que, ce geste, je l’avais tellement utilisé, pour arriver à mes fins, qu’il avait perdu de son romantisme et de sa signification.
C’est qu’un baiser.
Cette phrase me semblait atrocement familière. « Si j’t’offre de l’aide, c’parce que j’connais des gens. Si t’en veux pas, tu dis non. J’le prendrai pas mal. Il y a aucun problème. » Je lui souris. Avec une certaine délicatesse, je le sentais se dérober à mon emprise et ça m’agaçait. Si j’avais fui sa compagnie, elle me permettait maintenant de me complaire… entre autres par cette réaction, cette tentative de fuir ses problèmes en les rejetant sur d’autres. « Et non, j’ai pas b’soin d’aide. J’ai pas besoin de m’aider. Je vis très bien avec c’que j’suis. Je suis heureux. Ça me suffit. » Pouvais-je l’être plus ? Oui. Forcément. Je pouvais forcément être plus heureux que je ne l’étais en ce moment. Je travaillais en ce sens. « La vie idéale telle que j’l’imagine est pas forcément comme celle que toi tu veux. C’est c’qui est beau chez l’humain. Sa différence. Mon bonheur, il est professionnel. Mon bonheur est dans le temps que j’mets à mon boulot qui m’passionne. J’suis pas policier pour jouer au héros. J’suis policier parce que ça représente la force, la rigueur, la justice, la vertu, la virilité, la confiance. J’ai pas besoin d’une famille, d’un couple ou de partir dans un wanderlust avec mes Pokémons. » C’était vrai. Partiellement vrai du moins. Ici, à Lumiris, j’étais déjà un wanderlust. J’avais quitté ma région natale dans l’espoir de renouer avec ma personne, loin des chimères de mon passé.
Et de ces chimères, Ethan en représentait l’une. Le vice que je dissimulais le plus précieusement. « Et, permets-moi d’être en désaccord. Le silence entre nous était froid. » Presque autant que les grottes. « Et la chaleur… c’est rassurant. Quand t’as chaud, t’as pas vraiment besoin de te soucier du reste. Quand t’as chaud, tu peux juste profiter. C’pour ça qu’on parle. » Et j’en avais profiter. Dieu sait que j’en avais profité. Ce baiser n’était pas aussi insignifiant que j’aurais voulu le croire. C’était le premier contact, depuis que j’étais avec Lumiris, qui était teinté par la tendresse et le désir de renouer avec ce passé. Il mélangeait ma tête et j’avais eu besoin de m’assurer de quelque chose… que je ne tomberais pas amoureux. « Émile… c’est mon ex. Il te ressemblait… » Et je me mordis la langue. Voilà que sortaient de ma bouche des mots que j’aurais préféré retenir et ne jamais laissé entendre. Je venais de commencer à avouer quelque chose qui m’excédait. Et s’il comprenait que ce baiser était pour me rassurer ? Et s’il savait qu’il était le test parfait pour me prouver que j’étais passé à autre chose.
Trop tard.
Je venais de le lui avouer partiellement. Je venais de lui dire « T’es comme le seul homme que j’aie jamais aimé. » Et je m’en voulais. Parce qu’il était jeune. Parce qu’il était déstabilisé. Parce qu’il m’avait servi. Je l’avais utilisé… et ça me faisait mal de l’avouer. Il avait raison, j’étais peut-être plus doux que je ne voulais bien le laisser paraître. J’étais doux dès que l’on fracassait le mur de l’intimité d’un quelconque coup. Violent ou passionnel. Libidineux ou désintéressé. Lascif ou provocant. « Yeah… pardon… ça fait un moment qu’on est plus ensemble… il est parti avec un autre et j’suis parti de chez moi pour ça. Ça fait un an… ou plus… je sais pas… J’ai arrêté de compter quand on m’a mis Atlas dans les pattes. » Mon Pokémon barrit, comprenant que je parlais de lui. Même si c’était un peu à revers, comme s’il avait été une tache dans ma vie… alors que c’était tout le contraire. Il m’avait soigné d’un mal plus puissant que les autres. À travers cet aveux, que je me sentais coupable de ne pas révéler, il y avait une part d’honnêteté que je m’expliquais peu. Je sous-entendais mon célibat, malgré ce que je lui avais dit, et ma blessure, ma recherche de confiance, je soulignais ma course à la rédemption – même si je n’y mentionnais pas le boulot. – Je me montrais sensible, prêt à faire un pas vers l’avant.
Un pas rare. Trop rare. Il y avait droit, simplement parce que j’avais eu ce lapsus… que je l’avais appelé Émile… et qu’il l’avait relevé. Il avait maintenant plus de pouvoir sur moi que n’importe qui d’autre… sauf mes frères, mais eux… je les fuyais. « Mais j’ai pas besoin d’aide. J’vis bien avec ce que je suis… Et tout ce que ça implique… » dis-je en perdant de plus en plus le tonus qui composait ma voix, révélant un manque de certitude… ou un désir de ne pas être entendu.
C’est si facile à dire. Ce n’est qu’un baiser. Ce n’est qu’un baiser. Un baiser, oui, un de trop. Tu es troublé, vraiment, par ce juste impulsif, et complètement vide de sens. Il t’a embrassé pour satisfaire son propre ego, pour essayer de te montrer une facette horrible de lui. Tu ne connais pas Léandre, mais oh que tu es capable maintenant de dire que Léandre n’aime pas Léandre. Il aimerait sûrement être qui que ce oit d’autre que lui-même. Tu aurais envie de le juger, de lui dire que c’est complètement ridicule et que ce serait mieux pour lui de se réveiller. Tu as envie de lui donner la claque qu’il mérite pour se réveiller, et comprendre que ce qu’il fait n’est que très nocif pour lui-même.
Toutes ces envies… mais tu n’en fais rien.
Parce que, au fond, tout ce que tu as envie de faire, c’est le genre de choses que tu te ferais toi-même, pour te réveiller. Pour essayer d’arrêter de faire de toi l’être à l’air froid et méchant que tu deviens un peu plus. Pour arrêter de devenir l’autre Ethan, celui qui te sert de coquille contre les problèmes et les attaques. C’est ce qui t’attend, malgré tout, parce que revenir comme avant est maintenant impossible. Tu n’es plus timide, tu n’es plus faible. Mais ce n’est pas ce que Léandre t’a fait sentir avec ce baiser. Tu es timide, et tu es faible dès qu’il s’agit de rentrer dans l’intimité, de passer par-dessus ce personnage que tu continues de bâtir autour de toi comme une espèce de bouclier et de briser cette « confiance » qui te caractérise. C’est pourquoi tu as de la difficulté à te remettre de quelque chose d’aussi mineur ayx yeux de Léandre. Ça te terrifie de te dire que tu peux retourner en arrière en un clic comme ça. Et que ce soit un inconnu qui le fasse… est encore pl, représemter la us terrifiant à tes yeux. Si lui le peux, n’importe qui peut le faire.
Va falloir t’endurcir Ethan. Va falloir t’endurcir.
Et c’est là que Léandre recommence à parler. Tu ne sais pas pourquoi, mais dès qu’il ouvre la bouche, tu te sens enflammer, les joues rouges. Tu ne veux pas reparler du baiser jamais, plus jamais de ta vie, et tu as peur qu’il en reparle, donc chaque fois qu’il ouvre la bouche, tu te sens crisper un peu plus. « Non, je ne veux pas de ton aide. Je ne suis pas à un niveau assez élevé pour même espérer pouvoir avoir ma propre pension. » , dis-tu pour cacher aussi que d’avoir de l’aide de sa part est l’une des dernières choses que tu demanderais en ce moment. Mais plus qu’il parle, et plus tu perds ta vraie personnalité, parce que tout ce que tu entends commence à t’irriter de nouveau. Ton snom s’en rend compte, comme ton Lapras qui se tendent un peu. Tipou se colle un peu plus contre ton cou alors que les mots te sortent comme s’ils avaient été préparés d’avance. « T’es si… ennuyant comme gars. Écoute-toi parler un peu… Représenter la paix, la force, la virilité… blablabla, tu sais que c’est la base même des personnes qui jouent les héros ? Donc autant le dire directement au lieu d’essayer de nous convaincre du contraire. Tu es policier parce que ça te donne une image et que cette image t’est plus confortable que ta propre personne. C’est bon, on a compris. »
C’est violemment dit, mais c’est ce que tu penses, du plus profond de toi. Il semblerait que tu n’aies pas peur d’être franc avec lui. Peut-être que la claque que tu lui donne est verbale, au final. Les mots sont parfois bien plus forts que les actions. Mais bon… autant lui remettre la réalité en plein visage, non ? Valait mieux qu’il sache que son discours ne fait aucun sens, avant de répéter ça à d’autres gens qui pourraient décider se rire de lui ? Parfois, ça peut sauver des gens d’être franc avec eux, comme s’il avait un truc de coincer entre les dents. Tu fais ça pour lui, au fond… du moins, c’est ce dont tu essaie de te convaincre toi-même. Peut-être étais-tu juste méchant envers lui, et hypocrite, comme certains te l’avaient déjà mentionné.
Pas assez hypocrite pour ne pas écouter par contre. Tu entends le nom Émile encore et tu relève la tête. Avant que tu puisses le reprendre sur le nom, tu comprends qu’il commence à te parler du garçon en personne, Pas grande surprise, Léandre t’admets en même temps qu’il est gay, et toujours dans la garde-robe. Il n’a pas fait son « coming-out », ou bien il l’a fait et ne l’assume pas. N’empêche… c’est un peu un connard, ce Émile, mais ce commentaire tu le garde pour toi. Léandre semble avoir ce petit quelque chose en lui qui prouve qu’il n’est pas complètement passé par-dessus un tel abandon. « Mmh, j’ai beau lui ressembler, je ne pourrai jamais faire quelque chose comme ça à la personne que j’aime… mais j’ai toujours peur que ça m’arrive aussi. Non pas parce que mon copain est malhonnête ou quoi que ce soit, mais… nous avons deux vies si différentes que se voir devient de plus en plus compliqué… et.. je me dis que.. comme bien des gens, il va sûrement se lasser de moi un jour, et partir. » dis-tu d’un ton sincère. C’est dommage, dit comme ça, mai tu ne peux t’empêcher d’y penser. Ces pensées flottent dans ta tête comme une épée de Damoclès. Après tout, les autres n’avaient eu aucun mal à te laisser partir, Maxim ne peut garantir être différent des autres. C’est difficile de mener une vie de couple heureuse tous les jours.
« Être célibataire, je ne m’en ennuie pas. Mais parfois je me demande ce que je serais aujourd’hui si j’étais seul… sûrement toujours chez mes parents, à essayer de vivre avec leur regard qui me hais un peu plus tous les jours. » Léandre s’tait bien ouvert à toi, donc tu pouvais te permettre de le faire un peu à ton tour. Parce qu’après tout… même s’il est un peu con, et toujours en train de se prouver des trucs à lui-même, il reste qu’il semble être quelqu’un qui en a beaucoup à offrir. « Tu essaies de me convaincre moi ou de te convaincre moi-même que tout va bien et que tn’as pas besoin d’aide ? Parce que… dans les deux cas je ne pense pas que ça ne marche beaucoup… »
« Take a break, have yourself a nap if you mind, but go. »
Atlas niv.20
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J’avais trébuché. Je m’étais pris dans mes jambes avec l’espoir que mes confessions règleraient tous les problèmes. J’avais été tellement naïf. J’avais cru que m’ouvrir me donnerait au pardon que moi-même j’accorde à si peu de gens. Plus que naïf, j’avais été con. « T’es si… ennuyant comme gars. » Cette phrase faisait écho dans ma tête comme si j’avais été moi-même cette grotte vide dans laquelle il l’avait hurlée. Il avait raison. J’étais d’un ennui monochrome, sans saveur, sans ambition, sans projet d’avenir, sans identité. Je me définissais seulement par ce que l’on attendait de moi. S’il n’avait pas complètement raison sur les raisons de mon choix de carrière, il n’avait pas non plus complètement tort. J’essayais de convaincre les autres que j’étais un héros plus que je n’en étais réellement un. Il me suffisait de repenser à cette Sera que j’avais un jour manipuler pour obtenir un bon rapport, à cette Jenna que j’avais aidé à reculons. J’étais autant un héros que Lucario était un légendaire. - Aucunement donc, juste au cas. Non parce que vu le nombre de Lucario en Lumiris, j’ai parfois l’impression que ce Pokémon se reproduit encore plus vite que les Rattata. – Mai j’essayais d’y croire, j’essayais encore de me convaincre que je comblais de fierté Anubis, j’essayais encore de me convaincre que même si j’avais pu, je n’aurais jamais envisagé une autre carrière.
Et je savais que c’était de me mentir, mais là, maintenant, je me sentais me redire. Je me sentais me frustrer contre cet homme qui se permettait trop facilement d’épiloguer sur ma vie. Il prétendait la connaître comme si je lui avais partagé mon journal intime. À travers ses paroles, ses confrontations et ses aveux, je parvenais à me reconnaître, entre la famille qui le méprisait et l’impression de stagnation. Entre ses doutes et son amour. Le fiel amer de ses mots n’étaient qu’une couverture… comme pour moi. « On s’lasse jamais de l’amour… pas s’il est véritable. » laissais-je glisser de mes lèvres lorsqu’il communiqua sa crainte de perdre son amoureux. J’avais écrit des mots similaires une fois, dans un recueil quelque part, ou dans un carnet de notes. J’avais écrit ces mots avec l’espoir qu’ils me sauvent quand les choses commençaient à basculer avec Émile.
Ne pleure pas toute ta jeunesse Pour des doutes qui s’invitent à la messe Car l’amour, jamais ne se lasse Tant est-il qu’il soit vérace.
Je m’en souvenais encore, parce que je ne m’étais toujours pas lassé de lui, de ses caresses, de l’affirmation de mon être vers laquelle il m’avait amené. J’apprenais simplement à composer avec l’immense trou qu’il avait laissé. J’apprenais à être sans lui, à me donner le droit d’exister. Et le copain d’Ethan était ce que Émile avait été pour moi. La libération, l’émancipation.
Et je pouffai. Je pouffai d’un rire timide. Parce que je ne pouvais que m’identifier à ce qu’il disait. Des parents qui nous haïssent. Je ne pouvais que savoir de quoi il parlait Entre une mère qui n’avait jamais existé avant ma majorité et un père médiocre… je comprenais. « Si j’étais encore chez moi, ce serait sûrement pareil. J’ai 4 frères. Ils sont tous hyper sportifs. Moi pas. ‘Fin pas comme eux. Mon père, c’le stéréotype du mec un peu brut qui voit les émotions comme une faiblesse pour l’homme. J’suis parti d’chez moi le jour où j’ai fait mon coming out. J’crois que s’il avait pu, il m’aurait tué. J’lui ai balancé une photo d’Émile en lui disant que c’tait lui ma copine et j’me suis barré dans ma chambre pour faire mes valises. J’ai vécu un moment chez mon frère. J’ai jamais reparlé à mon père. J’le méprise de mon côté sans savoir s’il vit toujours. J’le méprise avec l’idée qu’il me tuerait s’il le pouvait. Mais j’essaie encore de correspondre à ses standards… parce que c’est tout ce que je connais. J’peux juste relate aux parents merdiques. Mais t’sais que tu portes probablement plus ta paire d’ailes que ce que tu crois ? Genre… C’pas ton copain qui te traine, sinon vous seriez toujours ensemble, même ici. » Ça, c’était l’une des rares choses que j’avais comprise par moi-même quand j’avais décidé de partir pour Lumiris. Seul. Je m’étais libéré des boulets que je traînais pour apprendre par moi-même ce que la vie me réservait. On pouvait m’en vouloir, on pouvait me trouver égoïste, mais j’avais fièrement afficher les ailes de ma liberté… même sis une partie des fardeaux m’avaient suivi en pensée.
« Et… j’essaie de convaincre personne. J’ai pas b’soin d’aide. C’t’un peu le contrat que j’ai accepté quand j’suis arrivé à Lumiris. J’me débrouille seul. Par mes moyens et j’laisse personne essayer de changer ça. C’la seule promesse que j’ai faite à mon frère avant de quitter son sofa. J’me débrouille dans ma solitude. C’est dur… parfois, mais on fait avec. » ajoutais-je à sa question. C’était difficile de vraiment le poser en mots, j’avais moi-même la conviction que l’union faisait la force, mais j’avais - j’ai toujours - besoin de me prouver que je pouvais arriver à m’émanciper sans intervention externe. Je voulais y arriver.
Un silence s’installa. Léger, pissant. Un silence qui faisait du bien. Même les murs de la grotte se turent un instant. Je souris. « Désolé pour le p’tit bec. J’voulais pas t’brusquer ou t’forcer à tromper ton mec eh… J’voulais voir si j’me débrouillais encore pas trop mal… verdict ? » La lourdeur de notre discussion, sa profondeur commençait à m’affecter et je voulais que l’on se détourne tranquillement. Je n’étais plus à l’aise à ce qu’un étranger en sache autant. Et je n’avais trouver que le baiser pour que l’on parle d’autre chose. Je n’avais trouvé que le baiser pour oublier mes maux. J’aurais pu m’éprendre d’Atlas.. mais j’avais choisi le baiser comme échappatoire… je voulais revenir dessus… comme s’il m’avait fait du bien.
Quel gâchis… cet homme pourrait avoir un potentiel incroyable, si seulement il mettait les efforts de son côté. EN même temps, ce genre de pensée, tu ne peux que les garder pour toi. Tu as 19 ans, tu es étudiant, et tu as de la difficulté à concevoir ce qu'est une vie convenable, donc qui es tu pour faire la morale ? Personne, et probablement que c'est ce que te dirait Léandre si tu lui passais le commentaire. Et encore une fois, tu te rends compte que tu lui parles comme si tu savais tout de lui, ou comme si tu savais mieux que lui qui il était, et ce qu'il pensait. Pourquoi t'entêtes-tu à être cet emmerdeur de première avec un homme qui n'a pas forcément envie de te parler de ce genre de choses, ou même d'avouer, si raison tu as ? N'es-tu pas celui qui déteste voir quelqu'un taper sur un autre ? Qu'as-tu donc fait pour devenir la pire version de toi-même ?
Tu as eu peur, c'est ça que tu as fait. Tu as eu peur d'être celui sur lequel on tape, donc tu as tenté d'inverser les rôle… mais ce n'est pas vraiment toi. Tu n'es pas comme ça, mais autant que tu détestes agir de la sorte, autant tu détestes l'idée de redevenir celui sur qui on tape, celui qu'on traîne au sol et sur qui on jette les pierres. Tu ne sais même pas si tu serais encore capable de l'endurer aujourd'hui. Enfin, de l'extérieur, tu ne laisserais rien paraître… mais de l'intérieur, il ne resterait plus rien. Une traînée de poudre des vestiges du Ethan Thetford timide qui se cache à l'intérieur d'un vase répugnant de condescendance et de froideur. Vient ensuite le commentaire de Léandre face à l'amour, et bien rapidement, ton enveloppe reprend le dessus sur ta bouche et parle à ta place.
Je pense que je peux me passer de conseils sur l'amour, honnêtement.
Le ton que tu emploies n'a pas sorti comme tu l'aurais voulu malgré tout. Parce qu'il laisse paraître que tu penses que ses paroles sont vraies, et il laisse aussi paraître que tu t'en rends compte en parlant. Maintenant que tu y penses… tes parents ne t'aimaient pas suite à ton coming-out, et ils se sont lassés de toi par la suite. Maxim… s'il t'aime vraiment, ne se lasserais pas. Pourtant… pourquoi as-tu l'impression que votre routine à raison de vous ? Que plus le temps avance, plus vous vous lassez l'un de l'autre.? Confusion. Tu aurais aimé que cette journée se passent autrement désormais, parce que ce n'est pas une journée de congé, ça. C'est une journée de perdu à essayer de comprendre ta vie et ce qui s'y passe. Et tout ça à cause d'un flic qui joue les héros et se cache derrière ce masque pour cacher une personnalité non-assumée. Étrangement… ça te rappelle quelqu'un : toi.
Quand il te parle de son coming out, et sa famille, tu compatis. Ce genre de situation que seulement vous, les membres de cette communauté aux nombreuses lettres pouvez vivre. Être homosexuel ne t'avais jamais gêné, jusqu'à ce que tu réalises la réaction que ça créait autour de toi. Beaucoup s'en foutaient, mais d'autres te laissaient savoir que ce n'étaient pas quelques choses qu'ils jugeaient acceptable, dont tes parents, et même quelques amis que tu avais avant. Des gens qui ont un jour compté pour toi, mais qui ont su tout gâcher pour des broutilles qui ne font aucun sens, et surtout qui ne les regardent pas. L'orientation sexuelle, ce n'est pas un choix, malgré ce que peuvent en penser plusieurs. On nait ainsi. Si c'était un choix, probablement que tout le monde ferait le même, car l'humain a pour nature d'essayer de se protéger. Comme toi avec ta froideur. Comme Léandre avec son métier macho. Un soupir t'échappe.
C'est fou comment ce genre de chose qui ne regardent que nous ont tant d'importance aux yeux des autres. Comme si nous n'étions pas libre dans notre vie parce qu'eux décident que nous ne sommes pas comme les autres… c'est qu'une question d'attirance, pourquoi est-ce que tout le monde a peur dans ce cas, ou pourquoi cherchent-ils à noud faire comprendre leur dégoût à tout prix ? C'est ridicule.
Tu t'insurgeais presque devant cet homme qui vivait tout comme toi des obstacles causés par quelque chose hors de ton contrôle, et du sien aussi. Bref, bientôt, l'homme revient avec une nouvelle fois sur le fait qu'il ne cherchait pas à prouver quelque chose, mais plus qu'il était pris dans cette sorte de solitude dans laquelle il ne cherchait visiblement pas à sortir. Au moins, il ne s'en apitoie pas. Ça t'aurait dérangé de voir quelqu'un qui n'essaies pas de se sortir d'une situation X s'en plaindre. En gros, une autre parole à laquelle tu aurais envie de répondre en t'insurgeant et lui disant que ça ne fait aucun sens de vouloir tout faire sans l'aide de personne. Mais encore une fois… tu ne vaux pas grand-chose dans cette discussion, comme tu es tout autant un solitaire aussi. Tant de points en communs,,,,, ça en est alarmant. La discussion revient ensuite au baiser, et à l'homme qui s'est donné le droit de t'en faire un. Tu dois avouer trouver l'absurde de la chose très drôle, et c'est pourquoi malgré tes joues rouges, tu lâches un rire.
Mmh, je n'ai pas vraiment embrassé beaucoup de personne dans ma vie, je ne suis donc pas vraiment le bon juge pour ce genre de chose. Mais au moins tu sais où ça va… ce n'est pas vraiment encourageant, je viens de m'en rendre compte… tout ça pour dire que je ne sais pas trop comment tu te débrouilles, pardon.
Un nouveau soupire t'échappe puis tu regardes malgré tout une nouvelle fois à la plage mystique, et les vagues qui vous entourent, sans oublier le Lapras qui fixe la scène d'un œil confus et bizarre. Les vagues… tu aimerais les imiter : t'éloigner d'ici pour rejoindre le rivage, sans responsabilité, sans autre but que d'être là. C'est un peu comme ça que tu te sens au quotidien.
Va falloir que je pense à y aller… après tout… tu dois bien avoir d'autre truc à faire de ta vie que de blablater ici toute la journée.
Dis-tu d'un air incertain. Tu te demandais si Léandre allait bien vouloir te revoir un de ces jours, même si une partie de toi en doutais. Tu secoues ta chemise mais tu finis par rester assis, parce qu'une partie de toi ne veut pas partir…
« Take a break, have yourself a nap if you mind, but go. »
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Un simple sourire. Un affichage de mes dents qui ne dura que quelques brèves secondes. C’est tout ce que j’eus pour réponse. Au même moment, je me laissai tomber vers l’arrière en m’allongeant. « Honnêtement, non. » C’était jour de congé, jour de soins personnel, jour de santé mental. Il n’y avait rien de plus à mon planning que de me prélasser dans un endroit loin du reste. Il n’y avait rien de plus que rentrer tard chez moi pour m’affaler une nouvelle fois. C’était une journée que je m’accordais rarement, mais quand elle venait, j’en profitais. Seul ou non. Avec un « invité » arrivé à l’improviste ou non. « Mais si tu dois y aller, hésite pas. J’vais rester encore un peu. » dis-je simplement, sans le moindre attachement. Il n’était qu’un inconnu, une personne qui, demain, n’existerait probablement plus dans ma vie. La personne avec qui j’avais partagé un siège dans l’avion pour un voyage quelconque. On avait parlé, échanger des politesses et demain, ce serait comme si rien n’avait existé. Bien que c’eût été plus que de simples paroles courtoises cette fois.
Comme s’il était déjà parti, je fermai les yeux et posai la main sur Atlas qui s’était déjà rapproché en me voyant m’étendre. « Oh ! Et surtout, si tu veux pas l’mettre en colère. Dis rien à ton mec. » m’entichais-je de le narguer avant de poser mon bras libre contre mes yeux, comme si j’avais pu me faire bronzer dans une grotte. J’incarnais l’indifférence, le sérénité, et d’une certaine manière, je l’étais, indifférent et serein. Il n’était pas prévu dans ma journée. Si je n’avais pas pu le retenir en lui parlant, ou l’embrassant, alors je n’avais pas besoin de le contraindre à rester, je ferais simplement ce que j’avais prévu dès le début. Au pire, en pensant à lui. Au mieux, en l’oubliant complètement comme j’oubliais chacun des rêves que mon esprit avait fabulé une fois le matin venu. Sauf celui-là.
Le contact de ses lèvres, son regard consterné, sa ressemblance avec Emil. Je n’avais pas envie d’oublier. D’une, parce qu’il y avait longtemps que je n’avais pas posé ce geste avec un autre homme. D’autre part, parce que je n’en avais pas envie simplement. Parce que je n’avais pas envie d’oublier la douceur des lèvres, la réprimande pour donner suite à mon baiser, la frustration après que je l’eus mal nommé. Je n’étais pas amoureux. Ça ne serait probablement jamais le cas, mais la familiarité de cette tendresse que j’avais autrefois pu savourée avec passion me replongeait dans ces moments de bonheur de réconfort qui étaient devenus beaucoup plus rares avec le temps. Je m’en ennuyais. Au fond, je l’avais toujours su. J’avais toujours su que cet homme doux que je cachais au fond d’un placard cherchait à sortir à n’importe quelle faible, j’avais toujours su que le déni de mes conflits intérieurs n’avait d’autres effets que m’en faire m’ennuyer.
De lui. De ses yeux. De sa gentillesse. De sa considération. D’Emil.
Et j’avais beaucoup m’être répété des centaines de fois qu’il appartenait au passé, son visage calme me venait en tête, son regard affligé quand il m’avait annoncé la présence de cet autre homme, son envie de me voir m’épanouir, tout le soutien qu’il m’avait apporté. Je n’avais jamais oublié. Je n’oublierais jamais. Même si je m’étais fait effacé la mémoire, même si un choc m’empêchait de me souvenir, j’étais persuadé que lui resterait toujours… Et Ethan venait de le confirmer. Aussi passager fût-il dans ma vie. Après tout, c’est qu’il était une étoile filante arrivée à l’improviste et qui, malgré que je ne veuille me l’avouer, avait réalisé un vœu que je refusais de souhaiter. La comète blonde était-elle une finalité dans mon histoire ? Tous les hommes que j’avais chéri avait cette particularité d’être blond et de passage… Et si lui n’était pas supposé revenir, si lui ne devait qu’être une rencontre éphémère… « Un jour… tu voudrais qu’on se revoit, j’te laisse mon numéro s’tu veux. » Mes lèvres bougèrent seules. Mes paroles sortirent sans que je puisse les réfléchir. Mon regret apparut avant que je ne puisse le réaliser. Il n’y avait ni romantisme ni intention malsaine derrière ma proposition… simplement une réelle envie d’enfin tisser des liens.
Et ça, depuis Lumiris, c’était nouveau. Je n’osai même pas le regarder. Je laissai simplement l’écho caverneux flotter… espérant qu’il accepte.
Un sourire. Tu ne pensais pas que tu aurais pu voir le sourire de cet homme aujourd'hui, car il ne semblait dégager cette aura des gens qui sont heureux, des gens dont le réel sourire apparait facilement et rapidement. Il fait partie de ceux dont le réel sourire ne se pointe presque jamais, de ceux qui sourient seulement en étirant les lèvres, sans sentiments, sans expressions. Un autre point que vous semblez tous les deux partager. Replaçant tes lunettes de soleil sur ton nez, tu hausses les épaules. Une partie de toi aurait aimé qu'on te retienne, qu'on te fasse sentir voulu, apprécié. C'est peut-être pour ça que tu n'arrives plus à te faire des amis… tellement brisé et déçu que lorsqu'on t'approche, tu choisis l'arrogance, tout en reprochant aux autres de ne pas s'attacher à toi par la suite. Actions contradictoires, mais tu n'y peux rien : tu es comme ça.
Ton attention se porte un instant sur le Pokémon qui est en train de profiter des douces caresses de son dresseur, et c'est à ton tour de sourire brièvement. Rien ne te rend plus heureux que de voir un Pokémon heureux en train de profiter du temps libre de son dresseur pour rattraper les occasions manquées de pouvoir profiter l'un de l'autre. Tu as jugé bien vite cet homme par son métier, et votre façon abrupte de rentrer en contact intime, mais au fond… c'est un homme comme les autres, qui aime son Pokémon probablement autant que toi tu aimes les tiens. Alors… la question à se poser : qui étais-tu pour juger ?
Personne, pas vrai ? Parfois ça fait mal de voir les choses comme elles sont.
« Je n'en avais pas l'intention, si tu veux tout savoir… je me doutes bien qu'il ne serait pas content.
Tu as roulé un peu des yeux, malgré tout tu restes quelqu'un qui se montre un peu arrogant aux premiers abords, donc il faut continuer cette image jusqu'au bout. Encore une fois, tu retardes le moment où tu dois partir, te prenant au passage un regard assez appuyé de la part de Toshinori. Tu lui réponds d'une simple grimace avant de poser ton regard une dernière fois sur Léandre. Pendant un instant, tu ne peux t'empêcher de penser : qu'est-ce que Maxim penserait de cette rencontre ? Et si tu décidais de devenir ami avec le policier, comment il réagirait ? Serait-il jaloux ? Serait-il content pour toi ? Comment tu réagirais si les rôles avaient été inversés ? Probablement bien… mais tu n'en sais réellement rien. Tu as plutôt l'impression que ça ne changerait pas grand-chose. Et ça aussi, ça fait mal.
Au fond, es-tu aussi heureux que tu prétends l'être dans ta relation ? As-tu tous tes besoins comblés ? Ce besoin d'attention, d'appartenir à cette relation que tu considérais jusqu'à maintenant saine, alors que peut-être elle ne l'est pas autant que souhaitée. La voix de l'homme te sort de tes pensées et tu pousses un léger soupir inaudible pour lui, te frottant la nuque de manière gênée.
« Hum, oui, pourquoi pas. »
Tu as sorti ton téléphone de ton sac banane avant de le laisser à Léandre le temps qu'il ajoute le numéro de téléphone au contact que tu venais de créer à son nom, et une fois terminé, tu penches la tête un peu en guise de salutation. Tu ne sais pas si tu vas lui envoyer un message, ni si tu as l'intention de le revoir mais une chose est sûre, cette rencontre à rendue ta journée de congé plus animée que prévue, mais pas dans un mauvais sens. Sans plus attendre, tu sautes réellement sur le dos de ton Pokémon avant de lancer.
Bonne journée à toi, Léandre.
Puis, sans attendre une réponse quelconque, Toshinori commence à avancer dans l'eau alors que Tipou grimpe sur la tête de ce dernier pour apprécier les brises marines apportées par la vitesse du Pokémon transport. Et toi, tu te laisses balancer au rythme des vagues qui te séparent de la plage, le doute au cœur et les questionnements se multipliant dans ta tête. Une journée de congé mouvementée, et un peu gâchée maintenant que tu te retrouves seul avec toi-même.