Les liens du coeur
Let me go. Plz.
Izaiah
Taiyo
Ne parlons pas de la manière dont tu l’avais découvert ni des raisons pour lesquelles tu l’avais pris.
Il y a des choses plus importantes sur terre que d’expliquer le comment du pourquoi de toute chose. Un œuf qui tombe du ciel, c’était bien aussi.
Bon. Les choses ne s’étaient pas tout à fait déroulées ainsi, mais il était beaucoup trop long d’expliquer les tenants et aboutissants qui t’avaient mené jusqu’ici… Alors contentons-nous du pouvoir du scénario ou de ce genre de chose.
Bref.
Tu étais désormais l’heureux papa d’un œuf de Pokémon. Félicitation, c’est un garçon.
Tu ne savais absolument pas ce qu’il contenait ni comment il était coutume de s’occuper de ce genre de chose censée créer/contenir la vie, mais tu avais visiblement eu une poussée de confiance en toi après la capture de Paradox (ce n’était vraisemblablement pas le mot.).
En réalité, ce n’était absolument pas un choix.
Il était apparu, comme ça, comme s’il avait suffi de te le foutre dans les bras pour que tu consentes à en prendre soin. Tu ne t’étais pas opposé à la malignité du destin, mais tu avais malgré tout senti l’angoisse te tordre les tripes. Tu ne pouvais pas te croire capable d’un tel exploit, d’un tel geste d’amour. (Pas que tu te croyais incapable d’aimer hein…)
Prendre soin d’un pokémon qui existait déjà était une chose, en mettre un au monde en était une autre. Tu ne savais pas à quel point il était complexe ou facile de veiller à l’éclosion sereine de ce genre de chose…
Devais-tu le garder au chaud en toutes circonstances ? Devais-tu le nettoyer tous les jours ? Lui chanter des comptines ? Dormir avec lui ? T’asseoir dessus ?
Trop de questions pour les réponses que l’on t’offrait sur internet. À en croire les différents témoignages, c’était facile comme tout. Limite, s’habiller le matin relevait d’une tâche plus complexe. Les conseils se contredisaient les uns les autres et, au final, tu étais moins sûr de toi en refermant la page internet qu’en l’ouvrant. Ça commençait mal, très mal.
Jusqu’à ce que tu aperçoives une annonce dans un coin de l’écran.
« Aquaoeuf : La meilleure méthode pour tisser des liens. »
Déjà, tu ne savais absolument pas pourquoi tu avais cliqué vu la banalité de la pub et la maigreur de son slogan.
Et ne parlons même pas du site internet. Tu n’étais pas développeur web, tu n’y connaissais techniquement rien, mais tu savais reconnaître une mauvaise plateforme web. Pour le coup, l’horreur était à son paroxysme : sans le copyright dans le footer, tu aurais été prêt à parier ton salaire du mois en entier que personne n’avait mis à jour le design de la page depuis l’avènement d’internet.
Tu aurais perdu comme un pauvre con, mais l’illusion et le manque de raffinement étaient parfaits.
Mais tu étais un peu désespéré et, surtout, paumé. Tu ne savais plus comment gérer cet œuf et son éclosion à venir… Alors toutes les idées étaient bonnes à prendre. Si quelqu’un avait pris le temps de te dire que sauter d’une falaise en le serrant contre toi était bénéfique à son développement, tu l’aurais probablement fait.
Tu avais atteint de niveau exceptionnel de désespoir.
Tu te sentais prêt à tout essayer.
Alors tu t’étais armé de tout ce qu’il te restait de courage pour te présenter au lieu de rendez-vous à l’heure.
Malheureusement pour toi, ce n’était vraiment pas comme tu l’imaginais.
Vêtu de ton short de bain, l’œuf sur les cuisses, tu t’assois sur le bord de la piscine intérieure afin de laisser tes pieds tremper dans l’eau. Refermé sur toi-même, humilié pour les siècles à venir, tu évites soigneusement du regard le groupe de jeunes femmes qui se préparent à rejoindre l’eau avec leur propre coco.
Il restait environ une dizaine de minutes avant le début de ton cauchemar et tu commençais doucement à perdre espoir : tu serais le seul mec.
En même temps, quel autre mec était suffisamment désespéré pour te présenter à un cours d’Aquaoeuf ?
Tu voulais bien croire que c’était positif pour le développement émotionnel de l’œuf et du tien, mais il ne fallait pas se leurrer : c’était plus gênant qu’autre chose.
Tu n’étais même pas spécialement bon nageur en plus… Ni un bon sportif, point. Tu détestais ça : le sport. Ta mère t’avait toujours dit que c’était mauvais pour ton cœur, que c’était un trop gros risque à prendre.
Avec du recul, tu trouvais ça un peu con comme réflexion… Enfin, con n’était pas le mot exact, mais disons… : extrême ?
Ressembler un peu moins à un saucisson mal formé ne t’aurait pas déplu.
Mais qu’importe.
Il n’était pas trop tard pour partir. Il suffisait que tu dises quelque chose du genre « Ah mince ! J’ai oublié un truc dans le vestiaire » et que jamais tu ne reviennes.
Alors pourquoi, diable, restais-tu muet ?
Il y a des choses plus importantes sur terre que d’expliquer le comment du pourquoi de toute chose. Un œuf qui tombe du ciel, c’était bien aussi.
Bon. Les choses ne s’étaient pas tout à fait déroulées ainsi, mais il était beaucoup trop long d’expliquer les tenants et aboutissants qui t’avaient mené jusqu’ici… Alors contentons-nous du pouvoir du scénario ou de ce genre de chose.
Bref.
Tu étais désormais l’heureux papa d’un œuf de Pokémon. Félicitation, c’est un garçon.
Tu ne savais absolument pas ce qu’il contenait ni comment il était coutume de s’occuper de ce genre de chose censée créer/contenir la vie, mais tu avais visiblement eu une poussée de confiance en toi après la capture de Paradox (ce n’était vraisemblablement pas le mot.).
En réalité, ce n’était absolument pas un choix.
Il était apparu, comme ça, comme s’il avait suffi de te le foutre dans les bras pour que tu consentes à en prendre soin. Tu ne t’étais pas opposé à la malignité du destin, mais tu avais malgré tout senti l’angoisse te tordre les tripes. Tu ne pouvais pas te croire capable d’un tel exploit, d’un tel geste d’amour. (Pas que tu te croyais incapable d’aimer hein…)
Prendre soin d’un pokémon qui existait déjà était une chose, en mettre un au monde en était une autre. Tu ne savais pas à quel point il était complexe ou facile de veiller à l’éclosion sereine de ce genre de chose…
Devais-tu le garder au chaud en toutes circonstances ? Devais-tu le nettoyer tous les jours ? Lui chanter des comptines ? Dormir avec lui ? T’asseoir dessus ?
Trop de questions pour les réponses que l’on t’offrait sur internet. À en croire les différents témoignages, c’était facile comme tout. Limite, s’habiller le matin relevait d’une tâche plus complexe. Les conseils se contredisaient les uns les autres et, au final, tu étais moins sûr de toi en refermant la page internet qu’en l’ouvrant. Ça commençait mal, très mal.
Jusqu’à ce que tu aperçoives une annonce dans un coin de l’écran.
« Aquaoeuf : La meilleure méthode pour tisser des liens. »
Déjà, tu ne savais absolument pas pourquoi tu avais cliqué vu la banalité de la pub et la maigreur de son slogan.
Et ne parlons même pas du site internet. Tu n’étais pas développeur web, tu n’y connaissais techniquement rien, mais tu savais reconnaître une mauvaise plateforme web. Pour le coup, l’horreur était à son paroxysme : sans le copyright dans le footer, tu aurais été prêt à parier ton salaire du mois en entier que personne n’avait mis à jour le design de la page depuis l’avènement d’internet.
Tu aurais perdu comme un pauvre con, mais l’illusion et le manque de raffinement étaient parfaits.
Mais tu étais un peu désespéré et, surtout, paumé. Tu ne savais plus comment gérer cet œuf et son éclosion à venir… Alors toutes les idées étaient bonnes à prendre. Si quelqu’un avait pris le temps de te dire que sauter d’une falaise en le serrant contre toi était bénéfique à son développement, tu l’aurais probablement fait.
Tu avais atteint de niveau exceptionnel de désespoir.
Tu te sentais prêt à tout essayer.
Alors tu t’étais armé de tout ce qu’il te restait de courage pour te présenter au lieu de rendez-vous à l’heure.
Malheureusement pour toi, ce n’était vraiment pas comme tu l’imaginais.
Vêtu de ton short de bain, l’œuf sur les cuisses, tu t’assois sur le bord de la piscine intérieure afin de laisser tes pieds tremper dans l’eau. Refermé sur toi-même, humilié pour les siècles à venir, tu évites soigneusement du regard le groupe de jeunes femmes qui se préparent à rejoindre l’eau avec leur propre coco.
Il restait environ une dizaine de minutes avant le début de ton cauchemar et tu commençais doucement à perdre espoir : tu serais le seul mec.
En même temps, quel autre mec était suffisamment désespéré pour te présenter à un cours d’Aquaoeuf ?
Tu voulais bien croire que c’était positif pour le développement émotionnel de l’œuf et du tien, mais il ne fallait pas se leurrer : c’était plus gênant qu’autre chose.
Tu n’étais même pas spécialement bon nageur en plus… Ni un bon sportif, point. Tu détestais ça : le sport. Ta mère t’avait toujours dit que c’était mauvais pour ton cœur, que c’était un trop gros risque à prendre.
Avec du recul, tu trouvais ça un peu con comme réflexion… Enfin, con n’était pas le mot exact, mais disons… : extrême ?
Ressembler un peu moins à un saucisson mal formé ne t’aurait pas déplu.
Mais qu’importe.
Il n’était pas trop tard pour partir. Il suffisait que tu dises quelque chose du genre « Ah mince ! J’ai oublié un truc dans le vestiaire » et que jamais tu ne reviennes.
Alors pourquoi, diable, restais-tu muet ?
(c) TakeItEzy (Ezekiel Fitzgerald)