Tu soupires lourdement, et dans tes bras Agni couine avec douceur. Tu manipules avec délicatesse ses tiges, comme un moyen de remerciement. Tu es fatiguée. Tu es fatiguée d'une manière qui ne t'était pas arrivée depuis longtemps. Fatigue du corps, fatigue de l'âme.
Des cernes ont commencé à se creuser profondemment sous tes yeux. Tu n'arrives plus à faire des nuits complètes depuis quelques temps, la faute au stress. Nemerya pèse sur tes nerfs, mais tu ne t'en vas toujours pas. Tu cherches toujours.
Agni ne te quitte plus. Ou plutôt, tu ne le laisses plus aller dans sa pokéball. Tu le gardes avec toi en permanence. Le Rozbouton et ce qu'il représente, c'est ce qui te permet de tenir à l'heure actuelle. De ne pas t'enfuir hors de la capitale.
Une des infirmières travaillant dans le Centre Pokémon qui t'accueille en ce moment s'est inquiétée pour toi, de tes cernes et de ton teint pâle, de tes mouvements fatigués, de tes sursauts au moindre bruit brusque. Tu l'as rassurée de ton mieux, et commandé un thé très sucré au café du centre. Ca ne te fais du bien qu'à moitié. Tu as pris tes cachets avec, dans l'espoir que cela t'apporte un peu de calme.
Sans trop d'effets jusqu'à présent.
Agni s'agite contre toi.
❝ Ca va aller Agni. Je vais réussir, le Père compte sur moi. Je ne peux pas échouer...
Même si c'est difficile pour toi. Même si à l'heure actuelle tu ne rêves que de quitter la ville pour retrouver la tranquilité et la solitude.
Depuis que tu es arrivée dans la capitale, quand tu n'es pas dans une rue en train de faire un spectacle pour gagner ta vie, tu passes ton temps dans l'un ou l'autre des Centres Pokémon de Nemerya à poser des questions sur Ivy Stark. Tu as déjà eu l'occasion d'interroger les infirmières, et tu sais qu'elle est déjà passé par ici.
Mais par où a-t-elle pu aller par la suite... ? Tu essayes de le définir. Alors maintenant tu interroges les dresseurs qui viennent dans ce Centre, pour peu qu'ils soient seuls. Jusqu'à présent, cela n'a malheureusement pas donné grand chose de plus.
Tu n'abandonnes pas cependant.
Alors que tu sirotes ton thé en tenant contre toi ton pokémon d'une main crispée, un nouveau dresseur fait son apparition dans le Centre pokémon. Une nouvelle dresseuse plutôt. Tu es fatiguée, tu voudrais seulement te rouler en boule dans un coin sombre (mais pas trop sombre non plus), mais tu dois être forte. Alors tu puises en toi une énergie que tu as de moins en moins, une sainteté d'esprit qui se dissipe peu à peu, et te lèves pour te rapprocher d'elle malgré ton corps lourd.
❝ Excusez-moi... ? Est-ce que. Est-ce que ça vous gêne si je vous pose quelques questions ?
Tu tentes un sourire, pour ne pas l'effrayer. Pour la convaincre un peu aussi de bien vouloir accepter. Tu le sens un peu crispé, ce sourire, mais tu penses qu'il est potable. Que ça ne se voit pas trop.

La jeune femme est surprise quand tu l'arrêtes, mais semble se reprendre très vite et t'offre un immense sourire. Bien plus sincère que ne l'est sans doute le tien. Contrairement à d'autres dresseurs que tu avais eu l'occasion d'aborder durant la journée, elle est apparemment tout à fait disposée à t'aider.
Ca te soulage un peu. Ca n'allège pas la tension qui t'habite, mais ça ne l'alourdit pas, au moins.
Tu t'apprêtes à ouvrir la bouche pour la remercier et expliquer ta situation, mais tu n'en as pas le temps. La jeune femme reprend la parole, proposant le tutoiment plutôt que le vouvoiment et s'exclamant devant ton pokémon.
Mécaniquement, tu fais un pas en arrière lorsqu'elle tend la main vers toi. Tu te sens trop instable pour supporter un contact. Même s'il s'avère que c'est Agni qu'elle veut toucher, ce n'est pas ce que tu perçois en premier. Et lorsque tu te reprends, tu as déjà reculé. Agni aussi a réagit à cette main qui s'est dirigée vers lui et a enfouis son visage dans ta poitrine, essayant de se cacher.
Beaucoup de questions te parviennent, et ton esprit fatigué ne saisit pas tout mais tu tentes de répondre.
❝ Ah, euh. Merci. Il s'appelle Agni. Je suis désolée, mais il est très timide alors...
Alors si elle voulait bien reprendre sa main, vous vous sentiriez sans doute mieux tout les deux. Tu as du mal à détacher ton regard de cette main. Elle fait naitre un sentiment d'oppression que tu essayes de chasser.
Un moment, tu oublies pourquoi tu l'as abordée, ton esprit retenu ailleurs. Il te faut plusieurs secondes pour que ta concentration revienne. Tes yeux remontent sur le visage de la jeune femme et ta dérive cesse. L'absence s'efface.
❝ En fait, je cherche quelqu'un. Je sais qu'elle est déjà venu dans ce Centre Pokémon. Est-ce que tu viens souvent ici ?
Tu espéres.
Tu espéres trouver quelque chose, une piste, une réponse positive, une raison pour quitter la ville qui te rend à ta maladie contre ton gré.

Tu ne connais pas de mot pour décrire la vague de déception qui s'abbat sur toi. Un autre échec semble-t-il. Tes épaules s'affaissent de quelques centimètres avec découragement. Ca ne marche pas. Peu importe le nombre de personne que tu arrêtes, tu obtiens toujours la même chose : une impasse. Aucune nouvelle information. Aucune nouvelle idée d'un endroit où te rendre. Comment vas-tu accomplir la mission que t'a confiée le Père dans ces conditions ? Tu désespères petit à petit, bien que tu persistes par défaut. Par manque d'une autre idée.
La déclaration suivante de la jeune femme te fait légèrement sursautée. Bien qu'elle soit toujours devant toi, tu avais oublié sa présence, perdue dans ta propre déception et découragement. Tu la regarde avec une certaine surprise après sa proposition et es un peu perdue dans la réaction que tu es censée avoir. Quelque part, tu ressens une certaine chaleur, et en même temps l'absurdité sonne à tes oreilles. Tu te lèches les lèvres pour tenter de dissimuler ton hésitation.
❝ Je. C'est très gentil de ta part mais, eh bien... Je ne sais pas où je suis censée aller.
Par conséquent, s'y rendre est difficile. Si tu savais déjà où cette Ivy se trouvait, tu ne serais pas tant en difficulté. Tu baisses la tête pour regarder fixement le sol.
❝ Je ne sais pas où je suis censée aller pour la trouver.

Le carrelage du Centre Pokémon est brillant de propreté. C'est étonnant, au vue du nombre de personnes qui entrent et sortent du bâtiment tous les jours. Ca ne l'est pas, au vue du fait qu'il s'agisse d'un établissement sanitaire. Ce n'est pas très intéressant à regarder, mais ça te permet de ne pas rester à regarder la jeune femme sans rien faire d'autre. Quitte à fixer quelque chose, tu préfères fixer le sol ou les murs.
Au moins jusqu'à ce qu'elle ne mentionne son nom, te poussant à rendre la pareille, et une proposition sur le bout de la langue. Ta main vient jouer distraitement avec une des tiges d'Agni alors que tu te racles la gorge.
❝ Je m'appelle Nephele, enchantée. Mmmh, la personne que je cherche s'appelle Ivy Stark. Elle a seize ans et a fugué il y a plusieurs mois. On s'inquiète...
En fait, ce sont surtout ses parents et le Père qui s'inquiètent pour elle. Toi, tu ne la connais pas vraiment. Son absence ou sa présence à Exilar te laisse froide. Mais puisque le Père t'a demandé de la ramener, alors tu la recherches.
❝ Est-ce que ça te dis quelque chose ?
Tu espères à nouveau, même si c'est fatiguant d'espérer. Même si chaque nouvel espoir déçu émousse un peu plus ta psychée et l'ammène sur le bord.
Tu hésites quand elle te propose de rester avec toi pour t'aider. Tu voudrais refuser. Toutes tes angoisses et ton épuisement te hurlent de refuser. La solitude est bien mieux. La solitude n'est pas (n'est plus) oppressante. Mais contre ton meilleur jugement, tu musèles cette masse sombre. Tu as désespéremment besoin d'aide, non ?
❝ Je. Je veux bien.
Tu acceptes du bout des lèvres, incertaine de la pertinence de ce que tu viens de faire.

Et voilà. Ton espoir gonflé en vain s'effondre de nouveau, tirant sur la corde raide. Tu sens monter en toi une vague que tu connais bien. La rupture des nerfs, l'envie de pleurer, de laisser tes yeux s'humidifier jusqu'à la cécité. Et aussitôt, avec la force d'une habitude nécessaire que tu as développée dans ton enfance, tu l'étouffes impitoyablement.
ça fait mal
Du coin de l'oeil, tu perçois une ombre qui s'agite et ton corps se raidit. Sans y penser, tu acceptes rapidement lorsque Micaiah te propose de sortir du centre.
❝ Oui ! Oui, allons-y.
Sans répondre à sa question et avec une démarche raide qui trahit ton inconfort, tu te précipites à l'extérieur sans attendre. Les lianes d'Agni s'enroulent un peu plus autour de tes mains et de tes doigts, sans que tu puisses dire si c'est un signe de soutien ou de panique.
L'air froid de l'extérieur te fouette le visage, t'apportant un peu de calme dans le contraste des températures. Tu regardes discrètement autour de toi, à la recherche de la moindre ombre mouvante. Mais rien. Tu permets à tes épaules de se détendre un peu et te recentres sur la jeune femme avec toi. Avec un visage quelque peu désolé, tu essayes de retrouver la question qu'elle t'avait posée. En vain.
❝ Je suis désolée, je pensais à autre chose. Tu m'avais posé une question ?
Impossible de t'en rappeler. L'avais-tu même entendu, dans ton tourbillon personnel ? Le doute est permis. Tu t'en veux un peu pour ça. Pour ton inattention.

La jeune femmme avec toi a remarqué. Elle a remarqué tu agis bizarrement. Que tu es étrange. Que tu n'es pas normal. La détente qui s'était installée dans ton corps disparait. Tu te braques, fixes ton regard sur son épaule puisqu'incapable de regarder son visage.
❝ Non, tout va bien ! Tu ne gênes pas !
Ce n'est pas elle.
ombre
les ombres
ce sont les ombres
pernicieuses
Mais tu ne dis pas ce que c'est. Tu ne peux pas parler des ombres, d'ombre. Le Père t'a prévenu, si ça se sait on te prendra pour une folle. Tu n'es pas folle.
TU. N'ES. PAS. FOLLE !
❝ Je vais bien.
Une excuse, vite. Il te faut une excuse. Quelque chose de crédible. Ecraser toute insistance.
❝ Je. Je commençais juste à... A étouffer dans le Centre. Ca va mieux maintenant.
Toujours dans tes bras, Agni pousse un cri d'accord en agitant timidement ses lianes. Lui aussi va bien. Sans doute même mieux que toi tant que tu ne le serres pas trop fort.
Tu es certainement reconnaissante quand Micaiah semble laisser tomber le sujet et répète sa question. Où est-ce que tu veux aller ? Ton regard s'arrête finalement sur son visage avec surprise. Il ne s'agit pas de ce que tu veux, mais de ce que tu dois. Tu dois retrouver Ivy. Et tu pensais que la capitale serait un bon endroit où commencer. Mais ce n'est qu'un échec jusqu'à présent n'est-ce pas ? Tu t'es efforcée de ne pas réfléchir à ce que tu voulais car çe ne ferait que t'entraver.
❝ Je ne sais pas ? A part Exilar, je ne connais pas Lumiris.
Tu essayes de réfléchir à quelque chose. Essayes de ne pas être un échec complet. Et tu finis par proposer la première chose qui te vient à l'esprit.
❝ Pourquoi pas l'Académie ?
Ce n'est pas une si mauvaise proposition, penses-tu après coup. L'Académie doit après tout détenir beaucoup d'informations et pourrait t'aider à te repérer dans Lumiris. Et l'école n'est pas un lieu que tu associes à de mauvais souvenirs.
Ce ne devrait pas trop mal se passer alors.

Le changement de sujet prend et Micaiah n'insiste pas le moins du monde sur le sujet précédent. Intérieurement, tu soupires de soulagement. Tout va bien. Et dans ton soulagement, tu n'entends plus que d'une oreille ce qu'elle te dit. Sa phrase sonne comme une question et es pratiquement certaine qu'elle a mentionné l'Académie. Alors tu confirmes.
❝ Oui, c'est ça.
Oh, si seulement tu savais que ce n'est pas du tout ça. Elle parle d'une académie qui n'existe pas et ton propre cerveau distrait t'a persuadée que vous parliez de la même institution. Il aurait juste fallu que tu sois un peu plus attentive...
Qui sait sur quel chemin cela va vous mener.
Tu la suis docilement alors qu'elle se rapproche d'un groupement de panneaux. Elle n'est pas tout à fait sûre et toi non plus, mais tu vas essayer (et tout pour s'éloigner de ces lieux étouffants). Ton regard passe rapidement dessus, à la recherche du mot "académie", et le trouve. La direction indiquée semble longer le bord extérieur de la ville.
C'est bien. Tu penses que c'est bien. Tu préfères évite le centre-ville. Tu aurais peur de toi-même si vous le faites. Tu indiques le panneau concerné à ta compagne.
❝ Ici. Nous n'avons plus qu'à suivre.
Plus qu'à. Ca semble plutôt facile non ?

Tu es un peu prise de court par l'apparition soudaine d'un surnom alors que vous vous connaissez à peine. Tu ne sais pas trop ce que tu en penses. N'est-ce pas un peu rapide ? D'un autre côté tu n'as jamais eut quelqu'un pour te donner un surnom (à moins qu'il ne soit insultant).
Dans l'incertitude, tu hoches simplement la tête bien que tu ne sois pas certaine pour ta part d'utiliser le surnom. Un jour, peut-être, si la vie permet que vous appreniez à mieux vous connaitre...
Vous vous êtes engagées dans la voie indiquer par le panneau, serpentant parmi des maisons plutôt que des immeubles et croisant la route d'assez peu d'autres personnes. C'est bien, ça te convient parfaitement.
Micaiah attire une nouvelle fois ton attention avec deux questions. Dont la première qui ne te plait pas beaucoup. Le sujet n'avait peut-être pas été aussi évitée que ça finalement.
❝ Ce n'est pas ça... Je ne connais pas vraiment cette fille, même si je m'inquiète qu'elle aie disparu comme ça. Mais, la personne qui m'a demandé de la retrouver... J'aimerais vraiment le rendre fier de moi en y arrivant.
Tu as esquivé la première question, mais en un sens ta réponse peut suffire aux deux alors... Tu détestes parler de ce qu'il se passe dans ta tête, quand ton comportement dévie de la norme.
quand ombre se glisse au coin de ton esprit
❝ Est-ce qu'il y a quelqu'un que tu aimerais rendre fier ou impressionner ?
Si c'est le cas, elle pourrait te comprendre au mieux.

A un moment donné de leur marche, Micaiah s'est retournée pour avancer à reculons et te faire face. Un vague sourire a orné tes lèvres, un peu entâché par l'inquiétude qu'elle puisse trébucher si elle ne voit pas où elle avance.
Elle a quelqu'un a impressionner. Tu l'écoutes attentivement alors qu'elle te parle de sa soeur et tu peux ressentir l'amour et l'admiration qu'elle lui porte. Tu n'as jamais eut de frère ou de soeur. Du moins par ton père. (Tu ignores totalement si ta mère a eut d'autres enfants après qu'elle t'aie abandonnée.) Tu estimes que ce n'est pas plus mal. Tu n'aurais pas voulu, tu ne voudrais pas qu'un autre enfant vive ce que tu as vécu.
Une information dans le lot a attiré ton attention et tu penches doucement la tête, hésitant un peu à demander. Et puis finalement te lance. Elle n'a à aucun moment semblé déranger par ce que tu pouvais demander.
❝ Tu danses ? Est-ce que tu en fais ton métier ? Ou alors le chant ou la musique ?
Une partie de toi est ravie d'être avec une autre artiste. Le chant et la musique ne t'intéressent pas plus que cela, mais la danse oui en revanche. Tu en connais un peu. Certains mouvements sont communs avec l'acrobatie après tout.
Alors que la discussion semble couler toute seule, tu te rends brutalement compte que vous n'êtes plus dans Nemerya, mais plutôt dans une zone boisée. Tu ne connais pas bien la capitale mais il ne te semble pas qu'il y avait quelque chose comme ça à l'intérieur de la ville. Est-ce une forêt...
Inconsciemment ton pas ralentit alors que tes yeux dérivent.
❝ Micaiah... Ne sommes-nous pas perdues ?
Clairement, vous n'êtes pas sur le bon chemin en tout cas.

Elle danse en effet. Ton sourire s'aggrandit, bien que tu ne connaisses pas beaucoup les différences existant entre les divers style de danses. Ton humeur s'éclaire doucement.
❝ Je suis aussi une artiste de rue.
Avoues-tu avec une légère rougeur sur ton visage.
❝ Et j'en vis, personnellement.
Peut-être qu'elle a une autre activité lui permettant de gagner sa vie. Ou peut-être a-t-elle une famille aimante qui la soutient. Contrairement à toi. Tu te secoues légèrement. Tu es plutôt heureuse jusque là, ce n'est pas le moment d'y penser.
Ce que tu craignais arrive peu de temps après. Alors qu'elle recule, tu vois soudain Micaiah basculer en arrière. Bien que tu te précipites et tendes une main en avant, tu ne peux pas la rattraper et son pokémon et elle tombent dans un bruit sourd. Tu grimaces de sympathie. La chute n'a pas dû être agréable.
Tu te rapproches rapidement alors que ta compagne semble réaliser que, si, vous vous êtes perdues à un moment donné. Tu lui adresses un regard d'excuse.
❝ Je sais qu'il y avait encore un chemin quand nous sommes arrivées au niveau des arbres. Mais après être entrées dans la... Forêt ? Je ne sais plus.
Yep, définitivement perdues semble-t-il. Tu tends l'une de tes mains à la jeune femme pour la remettre sur ses deux pieds puis regardes autour de toi. Beaucoup d'arbres et quelques constructions plus loin. Mais ça ne ressemble pas exactement à Nemerya.
❝ Une idée de la direction que nous devrions prendre ?
Les habitations semblent le plus logique. Ou alors faire totalement demi-tour.

Tu clignes des yeux d'incompréhension un instant alors que les mots sont enregistrés par ton cerveau. Tu regardes Micaiah avec des yeux ronds.
❝ L'Académie... D'Exilar ?
Oh, par Arceus. Tu ne sais pas du tout comment vous en êtes arrivé là, mais il y a eut un problème à un moment donné. Un problème de communication. Tu secoues brusquement la tête.
❝ Non, non. Je parle de l'Académie de Nemerya.
Un peu tard pour en parler à présent.
❝ Il n'y a pas d'académie à Exilar. Et de toute façon l'île est loin d'ici. Il faudrait plusieurs jours de marche pour y parvenir.
Aucune de vous ne semble être équipé pour un tel voyage, surtout à alors que la soirée arrive dangereusement. Et de toute façon, tu ne veux pas retourner sur Exilar. Ce serait contre productif pour ta mission.
Tu baisses les yeux sur Agni toujours dans tes bras. Malheureusement non, il ne connait aucune capacité permettant de connaitre son chemin. Il est déjà à peine capable d'attaquer un autre pokemon... Tu dois vraiment prendre le temps de l'entrainer, à un moment donné.
❝ Je pense... Qu'on devrait faire demi-tour. On n'a pas dû trop avancer dans la forêt et c'est probablement mieux que d'avancer à l'aveugle vers l'inconnu.
Et vous ne savez pas quels genres de pokémon vivent ici. Ce serait fortement dommage de tomber sur un individu agressif.

Micaiah est probablement aussi pâle que toi alors qu'elle réalise l'erreur qui s'était installée entre vous deux. La différence, c'est qu'elle panique beaucoup plus vite et beaucoup plus visiblement que toi. Tu te mords la lèvre alors que tu te précipites à sa suite dans la direction dont vous veniez.
Elle s'est mise à courir soudainement et tu as un peu de mal à suivre le rythme au début. Tu parviens à la rattraper lorsqu'elle ralentit, mais ça ne dure qu'un temps. Un hululement la fait crier, et son cri te fait sursauter. Elle accélère à nouveau.
Ton coeur bat rapidement dans ta poitrine et ton souffle commence à se raccourcir. Son angoisse dégorge sur toi, mais c'est un sentiment que tu connais et que tu combats. Il le faut. Rien de bon n'arrivera si tu te laisses entrainer.
Tu parviens à la dépasser et attrape solidement son épaule de ta main libre. Tu te places face à elle, un froncement des sourcils sur ton visage.
❝ Calme-toi !
C'est presque un cri. Tu détestes crier. Mais si c'est ce qu'il faut pour qu'elle s'arrête dans sa frénésie alors soit ! Tu crieras.
❝ Calme-toi ! Tu paniques complètement et c'est absolument inutile !
Pire, ça pouvait aggraver la situation. Et si elle voulait des règls, tu pouvais lui en donner. Tu as une certaine expérience avec les règles.
❝ On reste ensemble oui. Règle numero un : ne pas partir dans une direction sans réfléchir. Règle numero deux : ne pas courir et ne pas crier. S'il y a des pokémons sauvages peu amicaux ici, ça va juste les renseigner sur l'endroit où on se trouve.
Pour le moment c'est tout. Peut-être que d'autres règles te viendront à l'esprit plus tard. Tu relâches l'épaules de la jeune femme pour lui prendre la main et prendre la tête de votre marche. Le grondement sourd que tu as entendu au loin s'est tû, mais ça ne durera peut-être pas.
Au moins, il fait toujours jour.

Vous marchez beaucoup plus calmement à présent. C'est mieux. Ton coeur reprend un rythme normal et l'angoisse s'éloigne lentement mais surement.
❝ Eh bien... Nous sommes une assez petite communauté. Ca ne nécessite pas de mettre en place une grande institution d'apprentissage. L'école normale suffit pour donner les bases du dressage de pokémon.
Vous étiez réellement peu nombreux lorsque tu le comparais à d'autres ville de Lumiris. Windoria par exemple est plus peuplée, même après sa destruction. Sans compter que vous vous complaisiez à vivre à l'écart.
❝ Ce n'est rien. Et j'ai peut-être une idée pour essayer de retrouver la ville.
Tu lâches un instant sa main pour prendre une pokeball dans ton sac. Tu en fais sortit Tara qui, dans un grincement joyeux, vient se frotter contre toi et Agni.
❝ Tara. J'ai besoin que tu montes le plus haut possible et que tu trouves la grande ville. Tu pourras nous indiquer la direction.
Elle obéit et commence à s'élever au-dessus de la cîme des arbres. Elle redescend plusieurs secondes plus tard et avance dans une direction. Tu reprends la main de ta compagne et te remets en route.
Oui, si un pokémon sauvage vient on les protégera. Et Tara et Manasa, mon Abo, nous aideront aussi.
Elles se débrouillaient mieux qu'Agni, possédant plus d'attaques et surtout des attaques offensives. Et puis, c'était juste dans leur caractère respectif de ne laisser personne s'en prendre à vous.