Je sors du boulot, enfin. Mentalement, je suis épuisé. J'ai beau être un simple vendeur, je ressemble à un commercial fashion qui se balade avec sa veste de costume sur l'épaule. Je suis une caricature de ce que je déteste au plus profond de moi, tout en étant en bas de l'échelle. Cette boîte m'impose de drôle de codes. Bref, je descends jusqu'aux ruelles pour descendre jusqu'à chez moi. Les talons de mes chaussures de cuir claquent sur les pavés de la grande rue. Mes pas sont lents et j'avance péniblement. Je veux juste rentrer, me doucher et m'allonger. Même si mon Pokémon va m'en empêcher. J'espère retrouver mon appartement relativement en ordre.

J'arrive pour prendre la ruelle que j'empreinte d'habitude pour rentrer chez moi, quand j'entends crier :
"Héééé !  Mon sac à  main espèce  d’enfoiré !".
Le temps de percuter, j'entre dans la ruelle et je vois un type foncer vers moi. La voix que j'ai entendue précédemment reprend de plus belle :
"Quelqu’un ! A l’aide  cet  homme viens de me voler mon sac à main !".
Le mec devant moi était un jeune homme, d'une quinzaine d'année. Short en jean, débardeur et casquette à l'envers, son air hargneux faisait de lui le cliché parfait de la petite racaille contente de tirer un sac. Il tend son bras en avant, une fois devant moi, prêt à me dégager de son chemin. Le sang me monte à la tête et d'un réflexe, je pousse sa main. Il pivote sur ses appuis, entraîné par son propre poids et je lui fais un croche pied. Ce dernier s'étale sur le trottoir et se retrouve face contre terre, le sac quelques mètres à côté de lui.

Je ne percute à aucun moment et jette un coup d'œil derrière moi pour voir si la fille va bien. J'ai les nerfs contre le type devant moi et compte bien ne pas le laisser s'en tirer ainsi. J'approche lentement, prenant soin de replier mes manches vers le haut, jusqu'aux coudes. Je me penche, tentant de l'attraper au col à l'aide de ma main droite, mais ce dernier entame une course folle sans regarder derrière lui. Je reste figé ainsi une bonne seconde, avant de me relever. Un peu perdu, j'attrape le sac à main et me dirige vers la jeune femme. Je me pointe devant elle, bras tendu, lui mettant le sac devant elle. J'ai l'air au premier abord irrité, sévère. Je suis un peu submergé, restant muet. Au départ, j'avais la haine contre ce type. Puis j'ai commencé à m'inquiéter pour elle mais... Enfin, c'est son extravagance qui m'a frappé en premier. J'aurais tenté une remarque, mais j'ai tiqué au dernier moment.

Pointé devant elle, toujours muet, je la détaille avec mon air sévère. Elle semble plus paniquée qu'autre chose et, heureusement, elle n'a rien. Son Pokémon semble avoir mal vécu la chose. Pour le coup, je suis un peu perdu, moi aussi. J'en profite pour reprendre mes esprits.