On raconte bon nombre d’histoire au sujet de cet endroit lugubre. Les arbres aux allures torturées, dont les feuillages laissent à peine percer les rayons du soleil, semblent être autant de fantômes que ceux tapis entre les troncs. Pourtant, le bois hurlant est bien silencieux, en ce début d’été. Sans doute attend-il la pâle lueur de l’astre nocturne pour s’éveiller.

D’un pas peu assuré, une jeune femme marche sur le sentier grossièrement tracé. Outre la sinistre réputation de l’endroit, c’est un environnement qu’elle ne connait pas. Et il est parfois simple s’égarer.

Voyageant ainsi en compagnie de trois créatures, Lisa semble pourtant bien être la seule à porter tant d’inquiétude en son cœur. Ses compagnons ont l’air, au mieux, d’apprécier l’endroit, et au pire, d’être trop insouciants pour y porter une réelle attention.

Marquant les arbres de fines cordelettes rouges, la coordinatrice s’éloigne du sentier, tentant sa chance par delà la piste.

Après quelques minutes de marche, elle parvient à trouver un éclaircissement de la végétation. Une clairière suffisamment grande pour lui permettre quelques enchaînement de coordination. Elle s’efforce de faire fi de la curieuse canopée qui, malgré la densité moins important des arbres à cet endroit, forme tout de même un singulier plafond de verdure. Comme si la flore locale semblait vouloir empêcher la lumière diurne de parvenir jusqu’au sol de son territoire.

Ses sacs posés dans un coin, notre coordinatrice se concentre sur son entrainement. Elle connaissait les rumeurs au sujet de ce bois en choisissant d’y pratiquer son art. Ce sont d’ailleurs ces échos qui l’ont persuadée de s’y rendre. Perdre sa zone de confort, pour gagner l’inspiration.

-Bon, on commence? Lance-t-elle à son équipe, un large sourire aux lèvres.

Kesla semble ravie. Le décor renforce assurément l’enthousiasme habituel de la Feuforêve. Lanny, la Germignon, semble également prête à en découdre. Quelques fois, Lisa se demande si sa témérité ne servirait pas mieux à un dresseur porté sur le combat. Enfin, Fardale, Rocabot né d’un oeuf fraîchement éclot, pivote sa tête sur le côté, s’interrogeant sur les intentions de sa mère adoptive.

Initier un Pokémon aux concours n’est jamais chose facile. D’autant plus qu’il s’agit de sa première tentative avec un bébé. Improviser une courte prestation en guise de démonstration a tout l’air d’être un bon point de départ. Mais pour cela, Lisa aura besoin des quelques accessoires se trouvant dans l’un de ses sacs.

Après avoir demandé quelques enchaînements d’échauffement à ses deux protégés les plus expérimentés, l’artiste s’en retourne auprès des bagages, suivie de près par le chiot qui ne lâche jamais d’une semelle.

C’est avec étonnement que la coordinatrice constate l’ouverture de la poche contenant ces divers objets. Accroupie, ses mains plongent à l’intérieur. Elle était pourtant certaine que le sac était fermé, probablement à cause de sa manie de vérifier régulièrement ce type de détails.

L’un des articles est manquant. Son ruban, d’une jolie couleur pourpre, est absent. Finalement, le bois ne serait-il pas si ensommeillé qu’il n’y parait?

Museau en l’air, Fardale remue la queue. Une odeur inconnue dans la truffe, il laisse échapper quelques jappements. Le futur loup a beau être jeune, ses talents de pisteurs ne sont déjà plus à prouver. Comprenant sans difficulté que la créature souhaite être suivie, la blonde referme le sac qu’elle balance sur son épaule, et appelle les deux autres.

Une aventure de quelques minutes, qui mènera le petit groupe jusqu’au voleur. Mais le Pokémon, aux couleurs inhabituelles, n’est pas seul. Tu te tiens là, assise sur un morceau de tronc, un œuf sur les genoux, et le ruban disparu à la main.

En apercevant le morceau de tissus, le canidé vient jusqu’à toi au pas de course, sans se soucier du caractère inconnu, et potentiellement dangereux, de cette rencontre. Fardale lève le nez au ciel, envoie des cris aigus d’abord dans ta direction, puis tourne sur lui même, informant fièrement le monde de sa découverte.

La jeune femme, réalisant que tu es probablement la dresseuse du chapardeur, s’avance timidement vers toi.

-Euh… Fardale, ça suffit!… Bonjour?

Elle marque un temps d’arrêt, ne sachant trop comment présenter la situation. Elle en profite pour se pencher vers son pisteur et le féliciter de l'avoir conduite jusqu'ici.

-On s’entraînait, un peu plus loin, dans la forêt et… Un de nos rubans à disparu. Je crois que c’est celui-ci… Est-ce que je pourrais le récupérer, s’il vous plait?

Polie, visiblement embarrassée à l’idée d’aborder une personne inconnue, mais sans jamais se départir d’un sourire sincère et bienveillant. Le portrait de Lisa n’est, de prime abord, pas bien difficile à dresser.

En baissant les yeux, tu peux remarquer la petite pousse qu’est son Germignon, qui te salue en faisant vaillamment tourner sa feuille dans tous les sens. Quant à Kesla, aussi curieuse que le Zigzaton, vient virevolter autour de vous, observant plus particulièrement le pelage inhabituel de ton Pokémon.

Devant la méfiance non dissimulée de ton Pokémon, la Feuforêve recule. Roulant des yeux, l’air exaspéré par le comportement de ton Zigzaton, sa curiosité se reporte sur l’œuf que tu tiens.

La jeune femme se redresse, son chiot s’étant calmé, et récupère le ruban lorsque tu lui tend.

-Merci! C’est pas grave, il a dû lui plaire!… Kesla, arrête de faire ta curieuse! C’est malpoli!

La fantômette pousse un soupire, puis part à toute vitesse entre les arbres, effectue une courbe, et revient se placer gaiement derrière sa dresseuse. Elle guette alors ta réaction, espérant récolter un peu de ton attention, et peut être un léger rire.

-Hmm… Je n’ai rien remarqué d’autre… On a pas vu votre Zigzaton, en vérité. Seulement qu’un de nos rubans était absent.

Lisa pose son sac sur le sol et l’ouvre, te laissant découvrir un arsenal bien étrange pour une balade en forêt: Quelques vêtements, dont une robe, un peu trop atypiques pour être portés au quotidien, des rubans colorés, des accessoires tels que des chapeaux, masques, gants et bijoux, ou encore des tubes et paquets remplis de confettis ou de paillettes.

-On dirait que tout est là. Confirme-t-elle en ajoutant l’objet du chapardage à la collection.

Profitant du sac ouvert, le Rocabot plonge à demi à l’intérieur, offrant un sursaut à la blondinette. Rapidement, Fardale en sort une petite balle, et se dirige, l’air guilleret, vers Zakhar. Ses crocs viennent relâcher le jouet à quelques centimètres de lui. D’un bond, le quadrupède recule, et allonge l’avant de son corps sur le sol, son postérieur toujours en l’air. Il aboie quelques coups, intimant ainsi à son partenaire de jeu, désigné contre son gré, à se lever.

-Euh…

Le regard de Lisa se tourne vers toi, ne sachant trop si ton Zigzaton sera réceptif à ce type d’attention.