Kickenham, Galar.

Un cri déchire la nuit glaciale, rompant le silence plus ou moins paisible qui s’était installé jusque là. Un groupe de Minisange, dérangés dans leur sommeil, prend son envol pour fuir l’intérieur de la ville-forteresse et se rendre dans les Terres Sauvages, au dehors, en espérant y être plus tranquille. Ce cri, c’est celui d’un nouveau-né, d’une petite fille. Elle est blottie bien au chaud dans les bras de sa mère épuisée, entourée par son père et son frère aîné. Cette petite fille, c’est le second enfant inespéré d’une famille plutôt aisée de Kickenham. Après huit ans d’attente de ses parents dans l’espoir d’avoir un nouvel enfant, la voilà enfin. Leur petit miracle. Leur douce brise au milieu de cet hiver d’un mordant glacial. Leur petite Zephyra.

Ils avaient toujours souhaité avoir une petite fille. Lorsque Kieran, leur aîné, était venu au monde, ils avaient ressenti, même s’ils n’en avaient rien montré, une légère déception. Le jeune garçon, lui, est aux anges. Pour son âge, c’est un petit garçon très mature, qui a déjà un lien particulier avec les Pokémon de la maison. Lui qui rêvait de ne plus être seul dans leur grande maison de pierres et d’avoir un petit frère ou une petite sœur, il est servi. Zephyra a à peine pleuré, d’ailleurs. Là, elle lui fait une sorte de sourire étrange. Ça doit être comme ça, les sourires de bébés quand ils viennent au monde. Kieran lui sourit aussi, puis la petite ferme les yeux. Richard Kromwell attrape alors son fils par les épaules et le pousse vers la sortie.

– Ta mère a besoin de se reposer, on y va.

Kieran ne dit rien. Il sait que toute objection est inutile. Il espère simplement qu’il pourra rendre sa petite sœur heureuse. Et que ses parents s’occuperont plus d’elle qu’ils ne l’ont fait avec lui.

Zephyra a quatre ans, désormais. Kieran, lui, en a donc douze. Il voudrait devenir chercheur Pokémon, parcourir toujours plus de nouvelles contrées, contre l’avis de ses parents qui veulent qu’il exerce un autre métier plus « stable ». Alors qu’il étudie, son Drakkarmin à ses côtés, il entend un bruit fracassant de verre brisé et de table qui tombe. Il se précipite en bas des escaliers. Zephyra le regarde, du verre planté dans les mains et les yeux remplis de larmes.

– Je suis désoléééeee Kieran, j’ai tout casséééé.

Le garçon se frappe le front. C’est déjà la troisième fois cette semaine.

– C’est pas grave va, je vais nettoyer, la rassure-t-il en lui caressant les cheveux. Mais d’abord, on va soigner tes mains.

Zephyra s’en veut énormément. Elle sait que son frère a déjà beaucoup de choses à faire, et elle ne fait que lui en rajouter. Mais au fond d’elle, elle est quand même contente, parce qu’il s’occuper d’elle. Il n’y a presque que lui qui joue avec elle, et son Drakkarmin aussi, même s’il fait un peu mal.
Pendant qu’il lui bande les mains, Zephyra s’exclame :

– Promis, la prochaine fois je ferai plus attention quand je danserai !

Il lui sourit. La bambine sait qu’elle dit ça à chaque accident, mais elle fera vraiment attention cette fois ! Kieran, lui, est fier que sa sœur nourrisse le rêve d’être danseuse à un si jeune âge. Une passion qui, au moins, n’est pas entravée par leurs parents.

Une injure coléreuse leur vrille alors les oreilles, et tous deux se figent instantanément, même so Kieran essaie de ne pas le montrer. Leurs parents, justement, sont rentrés. Zephyra se fait toute petite derrière son frère. Elle a peur. Elle n’aime pas quand son père se met en colère.

– Qui a cassé les verres, encore une fois ?! Rugit l’homme en arrivant devant eux.

Zephyra s’apprête à répondre que c’est elle, même si elle a très peur de ce qui pourrait arriver ensuite, mais son frère la devance.

– C’est moi.

Zephyra proteste en hurlant, mais ni son père ni son frère n’en ont rien à faire. Tous les deux se toisent méchamment, une sorte de duel de regard silencieux et menaçant se jouant entre eux. Pendant ce temps, la petite blonde se fait tirer en arrière par sa mère.

– Heureusement que tu es sage, toi, lui murmure-t-elle.

C’est faux ! C’est faux faux faux !

Zephyra n’arrive pas à dire quoi que ce soit, aucun son ne franchit ses lèvres. Seules des larmes roulent sur ses petites joues rondes. Elle ne comprend pas. Pourquoi, dès qu’elle fait une bêtise, souvent en cassant quelque chose, son frère tient à la protéger autant et à être sévèrement puni à sa place ?
Au moment où sa mère la monte dans sa chambre à l’étage, elle entend un cri de douleur, suivi d’un second. C’est son frère.

– Maman, je dois aller voir Kieran, il a mal.

Silence.

– Maman, tu l’entends pas ?

Sa mère se contente de lui couvrir les oreilles. Zephyra, si souvent joyeuse, pleure à nouveau. En regardant le visage de sa mère, aux traits tirés par l’inquiétude, elle ne sait quoi comprendre. Pourquoi Kieran souffre-t-il ? Mais elle ne peut pas savoir encore, que si son frère la protège autant, c’est pour qu’elle garde son image de petit ange et qu’il ne lui arrive pas la même chose, à elle aussi.

Finalement, les moments où Zephyra a été la plus heureuse dans son enfance, c’est quand ses parents, ou tout simplement son père, n’étaient pas là. Comme ça, elle peut passer beaucoup de temps à jouer avec Kieran et son Drakkarmin. Et même si elle se blesse toujours à cause de sa maladresse légendaire, elle sourit en se disant que ça n’est pas grave. Les blessures physiques, ça finit toujours par guérir. De toute façon, même quand elle fait attention, le résultat est souvent le même. Heureusement que Kieran est toujours là, avec elle. Comme ça, si elle perd des jouets (et dieu sait qu’elle en a beaucoup), ou si elle se fait mal, il pourra l’aider à les retrouver et à se soigner.

Est venu le moment où la mère de Zephyra l’a inscrite à plusieurs cours de danse obligatoires durant ses semaines d’école. La petite blonde a alors six ans. Son avenir, d’un accord commun de ses parents, est décidé. Elle finira ses études et sera danseuse. Rien d’autre ne sera envisagé ou possible. Kieran, en apprenant la nouvelle, bouillonne intérieurement. Comme pour lui des années plus tôt, leurs parents sont en train de décider de l’avenir de sa sœur, à sa place, alors que c’est encore une gamine. L’adolescence réveille chez le garçon une bouffée de colère effroyable, lui qui reste si calme d’ordinaire. Il n’hésite plus à confronter son père, peu importe si cela se termine en larmes et en sang. Dans ces moments là, Zephyra s’enferme dans sa chambre, se roule en boule dans son lit et pose ses mains sur ses oreilles. Elle a horreur des disputes. Mais par dessus tout, elle a horreur de la violence.

A huit ans, elle est le petit prodige de son école de danse, la fierté de ses parents. Elle aimerait aussi être la fierté de son frère, mais quelque chose la dérange. C’est comme s’il était distant. Il la félicite, bien sûr, mais pour Zephyra, les mots qu’il lui adresse sont vides et sonnent creux. Et puis, Kieran est de plus en plus souvent absent. Zephyra sait qu’il a entamé sa carrière de chercheur pokémon malgré son jeune âge, même s’il est encore sous la tutelle de leurs parents. Elle le sait car les disputes sont devenues plus régulières. Avec leur père, mais aussi leur mère, désormais. Pourtant, quand Kieran vient la voir dans le jardin, quelques fois, pour lui proposer de jouer ou bien lui demander de lui présenter une nouvelle danse, il ne montre rien de tout ça. La jeune fille est perdue. La même question tourne en boucle dans sa tête, une question à laquelle elle n’aura sans doute jamais de réponse.

Qu’est-ce que vous me cachez, tous ?

C’est le jour de ses douze ans que tout a basculé. Son frère, qui lui racontait toutes ses expéditions depuis qu’il avait eu l’âge de quitter la maison, qui faisait rêver Zephyra depuis son enfance, a décidé de ne plus y revenir. Il lui a tout de même donné rendez-vous sur une petite place de Kickenham, une dernière fois. Zephyra, qui ne sait pas encore ce qu’il projette, pense qu’ils vont passer une après-midi ensemble, qu’il va l’emmener dans les Terres Sauvages, puisqu’il lui en parle tout le temps et qu’elle en rêve.

– Alors, on va dans les Terres Sauvages, c’est ça hein ? S’exclame-t-elle sans retenir son enthousiasme.

– Pas exactement.

Zephyra a bien grandi et mûri, même si elle garde ses défauts d’enfant. Elle connaît cette tête de Kieran, qui semble calme mais qui ne l’est pas du tout, avec ce tic qu’il a de se mordre le bas de la lèvre. D’ailleurs, elle remarque qu’il a un pansement, sur le visage, et que sa joue semble enflée. C’est loin d’être la première fois, mais le fait de voir son frère comme ça face à elle avec des énièmes blessures retourne les entrailles de Zephyra. Avec le temps, elle a fini par comprendre. Et à chaque fois, c’est encore plus douloureux.

– Pourquoi il t’a encore frappé ?

– Parce que je pars.

La jeune fille a l’impression qu’une force invisible lui compresse violemment la poitrine. Elle bégaye, les poings serrés.

– Pardon ? Comment ça, tu pars ?

Kieran s’approche alors d’elle, et lui caresse le haut du crâne, comme lorsqu’ils étaient plus jeunes. Il lui murmure en un souffle :

– Zeph’, tu sais aussi bien que moi que c’est mieux comme ça. Tout ça, ça a trop duré. Moi, je veux partir accomplir mon rêve. Et je sais que tu peux très bien comprendre ça.

Il a utilisé son surnom. Il veut la prendre par les sentiments pour la convaincre. Cependant, il n’a pas à essayer de la convaincre. La jeune fille comprend tout à fait sa décision. Elle sait que c’est ce qu’il y a de mieux, pour lui et pour tout le monde. Derrière lui, son fidèle Drakkarmin, ainsi que son nouveau compagnon de route, Amagara, se chamaillent gentiment, coupant un instant le sérieux de la discussion. Et sans qu’elle ne puisse les retenir, les larmes coulent sur les joues de Zephyra. Elle sait. Elle sait qu’elle ne les reverra plus, tous les trois. Elle sait aussi que de nouveaux horizons les attendent, qu’ils se feront de nouveaux compagnons de route, des amis peut-être. Et qui sait, l’amour aussi ? Son frère s’était toujours tellement occupé d’elle, de la protéger qu’il ne s’était jamais laissé l’occasion de se projeter, de tenter quoi que ce soit. Désormais, avec son départ, il pourrait.

– Kieran, je vais pas y arriver sans toi moi… Comment je vais faire, si tu ne rentres plus, si tu voyages entre les régions ? Je ne vais pas tenir, je peux pas…

A sa grande surprise, un sourire malicieux se dessine sur les lèvres de son frangin.

– Eh, ça va aller. Où est passée ma petite sœur toujours si joyeuse, toujours si optimiste malgré toutes les catastrophes qui lui arrivent ?

Zephyra renifle, en levant la tête vers son frère pour la première fois. Elle se laisse happer par ses prunelles émeraudes douces et rassurantes.

– Tu es forte, Zephyra. Plus forte que moi, tu sais. Alors je suis certain que ça ira. Je ne disparais pas, on se donnera toujours des nouvelles l’un de l’autre quoi qu’il arrive, d’accord ? Il marque une pause avant d’ajouter d’un ton plus solennel. Retiens bien ceci : ne laisse jamais les autres décider de ta vie à ta place. Vis la vie que tu as envie de vivre, toi. Aide toujours ceux qui en ont besoin, comme je t’ai aidée, moi. Aide les à réaliser leurs rêves, à être épanouis. Et n’oublie jamais que même si ton monde s’écroule, même si tu as l’impression que tu n’y arriveras jamais, il ne faut pas abandonner, mais continuer de persévérer et de faire de ton mieux, quoi qu’il t’en coûte.
Zephyra hoche la tête, car elle ne sait que dire. Son frère a raison. Ça ira. Elle va aider les autres, comme lui l’a fait avec elle. Elle sera comme lui. Elle essuie ses larmes, avant de se faire la promesse intérieure qu’elle suivrait à la lettre ce qu’il lui a dit.

Plus de larmes, désormais. Je serai forte, comme toi, Kieran.

Voyant qu’elle a l’air plus calme, le jeune homme fouille subitement dans son grand sac pour en sortir une pokéball. Un Absol, ou plutôt une Absol, en sort en s’ébrouant ardemment. Zephyra a les yeux qui brillent face à ce Pokémon magnifique, son préféré dans les romans qu’elle a pu lire.

– Tu n’as tout de même pas cru que je ne te ferai pas de cadeau avant de partir ?

– Tu es un idiot ! Lui répond-t-elle en lui frappant le haut de l’épaule.

Zephyra n’a pas pensé un seul instant que son frère pouvait avoir l’un de ses Pokémon favoris. Et à en juger la familiarité de l’Absol avec les deux autres Pokémon de Kieran et avec lui-même, ça faisait quelques temps déjà.

– Ayshee, viens s’il te plaît.

L’Absol retourne vers lui et s’assit à ses côtés. Elle renifle Zephyra de façon très dédaigneuse, ce qui plonge la préadolescente dans une sorte de malaise.

Ça veut dire quoi, ça ? Elle m’aime bien, ou elle m’aime pas ?

– Zeph’, je te présente Ayshee. Ayshee, je te présente Zephyra, ma petite sœur. Elle sera ta nouvelle dresseuse à partir de maintenant.

Ayshee émet alors un grognement indigné et reste collée aux jambes de Kieran, qui s’esclaffe plus ou moins discrètement. Zephyra n’en mène pas large. Mais bon, quand il faut y aller et s’imposer, il faut y aller.

– B-Bonjour Ayshee. Tu viens me voir ?

Elle tend une main vers l’Absol. Grossière erreur, qu’Ayshee lui fait comprendre en lui mordant la main. Zephyra recule brutalement en secouant sa main blessée tandis que Kieran, lui, ne se retient plus de rire. La jeune fille bougonne et le fusille du regard. Elle fusille également Ayshee du regard, qui l’ignore royalement.

Un puissant son de cloche fait alors trembler les pavés de Kickenham. Il est temps.

– Mon train ne va pas tarder à arriver. Je dois y aller, lui dit Kieran, avec un sourire à la fois doux et triste.

– Attends, on t’accompagne ! S’exclame Zephyra, en incluant Ayshee avec elle.

De toute façon, l’Absol ne semble pas vouloir lâcher son ancien propriétaire. Tous se rendent ainsi à la gare, dans une ambiance douce-amère.
Le coeur de Zephyra se serre très fort lorsqu’elle prend une dernière fois son frère dans ses bras, puis qu’il monte dans le dernier wagon. Quand les portes se referment, elle réalise qu’elle ne sait même pas quelle est la destination qu’a choisie Kieran. Une sonnerie retentit, le train démarre lentement en faisant vibrer les rails, puis quitte la gare en douceur. Zephyra fait plusieurs signes de la main, mais elle ne sait pas si son frère la voit, ni même s’il lui répond. Ayshee est même partie à la poursuite du train. Mais l’Absol comme Zephyra savent que c’est inutile. Kieran part pour d’autres horizons, il va réaliser ses rêves. Et c’est tant mieux pour lui.

Ce que la jeune fille ne sait pas encore, c’est que Kieran ne lui donnera aucune nouvelle. Elle aura beau lui envoyer des lettres plus nombreuses et plus remplies les unes que les autres, jamais il ne lui répondra. Disparu. Évaporé. Impossible de savoir où il se trouve, ni même s’il est encore en vie.

Lorsqu’elle passe la porte de la maison après être rentrée de la gare en traînant des pieds, une atmosphère très lourde et angoissante la saisit à la gorge. Elle s’arrête net sur le seuil. Devant elle, son père se lève du fauteuil dans lequel il était assis et avance à pas lourds vers elle. Elle n’ose pas lever la tête, elle n’y arrive pas.

– Où est ton frère, Zephyra ?

Ce ton est bien trop mielleux. Zephyra réfléchit avant de répondre, chose qu’elle ne fait presque jamais d’ordinaire. Puis, la gorge nouée, elle marmonne :

– Je ne sais pas.

Son visage est brutalement soulevé et ses yeux terrifiés se retrouvent nez à nez avec des prunelles sombres emplies de colère. Jamais son père ne l’avait regardée ainsi, jusqu’à présent. Jamais il n’avait exprimé une telle colère face à elle.

– Zephyra Ilena Kromwell, commence-t-il en détachant chaque syllabe, ce qui ne présage rien de bon lorsqu’il l’appelle comme ça. Où est Kieran ?

– Je ne sais pas, lui répond-t-elle à nouveau d’une voix faussement assurée.

Son père la relâche alors avec une telle violence qu’elle en tombe sur le sol. Elle reste bien là quelques minutes, les membres tremblants, la terreur lui rongeant les entrailles. La terreur de cet homme qui peut la balayer en un seul instant, peu importe qu’il soit son père ou non.

Richard Kromwell quitte la maison en un fracas épouvantable. Mais une fois à l’extérieur, il reprend un visage très doux et très amical et demande à des passants, à ses voisins s’ils n’auraient pas aperçu son fils adoré.

Quel hypocrite.

Voilà ce qu’est la famille Kromwell. De belles apparences, une belle image extérieure d’une famille parfaite, aimante, dévouée. Alors qu’en réalité, ce n’est qu’un tissu de mensonges grossiers.

Durant les années qui suivent, Zephyra continue la danse, mais elle n’a plus cette étincelle, ce petit quelque chose en plus qui faisait d’elle une véritable petite prodige autrefois. Sa maladresse et sa malchance, jusqu’alors miraculeusement absentes de ce domaine où elle excellait, la rattrapent d’un seul coup. Elle chute, alors que ça ne lui arrivait jamais, elle écrase les pieds de ses partenaires, les pattes d’Ayshee, elle ne parvient plus à retenir les nouveaux pas qu’elle apprend. C’est une véritable catastrophe. Et elle a aussi une épée de Damoclès qui tourbillonne au dessus de son crâne. Ses parents ont été très clairs.

« Ne nous déçoit pas, pas comme ton imbécile de frère. »

En parallèle, Zephyra sort beaucoup. Elle rend une multitude de petits services aux gens de Kickenham, comme aider une personne plus âgée à faire ses courses, retrouver un Pokémon égaré dans la ville, réparer une ampoule qui ne fonctionne plus… Elle qui au départ ne connaissait rien à tout ça arrive à peu près à tout faire. C’est là que le déclic se produit. Zephyra se rend compte que depuis le départ de son frère, c’est aider les autres qui l’a rendue la plus heureuse. Alors que la danse, que pourtant elle aimait, ne fait que lui empoisonner la vie, avec ses parents, jour après jour.

A l’âge de dix-huit ans, Zephyra confronte son père. Elle lui dit qu’elle veut arrêter la danse, et mener des études pour aider autrui, même si elle n’a encore aucun idée de quel métier elle pourra faire. Elle est déterminée. Son père la met à la porte et lui coupe les fonds. Et comme à chaque fois, sa mère ne dit rien, ne proteste pas. Ça y est, la petite princesse qu’elle était pour eux n’existe plus. Le couple Kromwell a perdu ses deux enfants.

Zephyra loge alors les deux années qui vont suivre chez une amie à elle, qui habite à l’autre bout de Kickenham. Elle va entreprendre un long programme de renforcement physique, et enchaîner les petits boulots pour gagner et économiser un maximum d’argent possible. Elle souhaite aussi pouvoir être assez forte physiquement et mentalement pour affronter son père, si jamais il venait la chercher, ou toute autre forme de violence. Car il n’est sans doute pas la seule personne violente à exister. Et les autres personnes qui sont exposées à des gens violents, Zephyra veut pouvoir les aider.

A vingt ans bien tassés (presque vingt et un), la jeune femme entend parler d’une autre région que Galar, Lumiris. Elle a assez d’économies pour voyager, alors elle va quitter Galar pour s’y rendre. Ayshee, qui l’accompagne depuis huit ans maintenant, est plus que d’accord avec cette décision. Zephyra espère plusieurs choses en arrivant à Lumiris : commencer enfin des études, qu’elle se paiera avec ses économies tout en continuant d’avoir un emploi à côté, elle n’a pas le choix. Ensuite, elle veut devenir dresseuse, ou du moins essayer d’entraîner Ayshee et peut-être trouver d’autres compagnons de route. Zephyra a envie de se faire de nouvelles connaissances, dans une région où l’ombre menaçante de sa famille ne planera pas sur elle. Évidemment, elle veut aussi aider les habitants de Lumiris, comme elle le faisait à Galar. Enfin, pour elle qui n’a jamais cessé d’écrire à son frère chercheur, elle espère silencieusement que s’il est toujours en vie, il ait entendu parler de cette nouvelle région. En tant que chercheur, il sera obligé d’y venir. Peut-être qu'elle pourra enfin le revoir…

Zephyra a le coeur rempli de nombreux espoirs vis à vis de cette nouvelle vie prometteuse. Elle a hâte de voir ce que lui réserve la région de Lumiris. Et elle n’est sans doute pas au bout de ses surprises...