C'était un bruit régulier qui résonnait dans l'esprit du jeune homme depuis maintenant 2 ans. Ce jour-là, plusieurs victimes ont été déplorées, parmi elles, un criminel qui s'était battu pour sauver la vie d'une personne kidnappée après un gala. Un Pokémon géant marchait sur la ville, ou plutôt rampait. Il s'était battu jusqu'à la fin. Il avait vu l'un après l'autre ses Pokémons tomber d'épuisement, blessé. Il avait prié qu'Auguste arrive à temps, mais malheureusement pour Arsène, même s'ils purent sauver un maximum de personnes, il fut engloutit. Le monstre géant éclata de colère et emporta tout autour de lui dans une mare de boue géante, Arsène en premier.

Deux ans inconscient, coincé dans un hôpital de Voltapolis, lieu où il fut un sacrifice. Personne n'avait espéré son réveil, ses blessures l'avaient marqué, aussi bien mentalement que physiquement, c'était un miracle qu'il ne soit pas mort sur le coup, comme certains de ses Pokémon. Pendant deux ans, ses Pokémon avaient veillé sur lui. Pourtant, quelque chose brisa son quotidien, au début tout n'était que ténèbres, pourtant des voix le sortirent de sa torpeur.

« Oh, il y a des signes d'éveil !
- Quoi ? Vite, allez chercher le Docteur !
- Oui tout de suite !
- Est-ce que vous m'entendez, Monsieur Lockpin ? »

Progressivement, la lumière envahit sa vue, puis son ouïe, puis son esprit. Il mit un peu de temps à comprendre, sa voix était brisée et son corps engourdis, il ne comprenait plus rien. L'infirmière s'assurait de prendre son poul, de vérifier que tout allait bien, avant de soupirer.

« Tout va bien Monsieur Lockpin, vous êtes en sécurité... »

Arsène clignait des yeux, perturbé, il était comme ailleurs, pour lui l'attaque de Voltapolis datait d'hier, il ne comprenait plus rien, son cerveau ne suivait pas le rythme, où était-il ? Que s'était-il passé ? Pourquoi était-il ici seul dans cette chambre ? Où sont ses Pokémons.

Pendant son sommeil il avait beaucoup rêvé, il avait revu son passé glorieux, le vol de ses Pokémon, sa rencontre misérable avec Fantominus qui le soutenait et évolua. Il trouva un Chrysapile gris qui devint un magnifique et puissant Lucanon, d'une ambre naquit un magnifique Ptéra qui l'épaulait fièrement. Une Malosse qu'il avait volée pour la sauver de la mort alors que son dresseur avait péri, cette petite Malosse qu'il voulait aider, et cet adorable petit Minidraco aux couleurs de la galaxie qui avait été battu par les humains. Il se rappelait de chacune de leurs rencontres pendant ces deux ans de sommeil.

Il se souvint du visage de la belle Lise, cette star qui le ramena sur le droit chemin. Il se souvient de Jun qui le poussa à ne plus voler pour avancer, aller de l'avant en devenant un dresseur. Il pensa au joyeux Kei et à son ami de beuverie, Auguste, avec qui sa vie s'arrêta. La reprise de la réalité lui rappela que beaucoup de choses avaient évolué sans lui, beaucoup de temps avait passé, mais pas lui. Il était paniqué et ne savait pas comment l'exprimer.

Très vite, le médecin assigné à son réveil arriva et lui pratiqua les premiers soins, pour s'assurer qu'il aille bien. Arsène se laissait faire malgré sa panique, il n'arrivait pas vraiment à être maître de lui-même. Il commença une lourde rééducation, il devait réapprendre à marcher, mais aussi à parler. Il devait comprendre le monde d'aujourd'hui, tout ce qui avait pu se passer en son absence.

On lui parla alors des événements, de la Team Mistral notamment. La destruction du quartier des affaires et qu'il fut retrouvé parmi les rares survivants. Il découvrit la mort de plusieurs de ses Pokémons, son Ptéra ne survécut pas de ses blessures alors que la Malosse s'était échappée de la Pokéball pour écarter Arsène de la mort au prix de sa vie. La mort qui avait emporté ses Pokémon déchirait le cœur d'Arsène, mais au moins il se dit que la petite Malosse vivait dorénavant heureuse avec sa maîtresse dans l'au-delà.

Il apprit que Cosmos, le Minidraco, mais aussi son Lucanon avaient été adoptés par une éleveuse dans un pensionnat. On lui donna alors l'adresse et le contact de ladite dresseuse, pour qu'il puisse voir ses Pokémon quand il pourra sortir de l'hôpital.

La dernière information était au sujet de son Fantominus, qui était devenu un Spectrum. Il évolua en Ectoplasma lors du combat, sauvant la vie d'Arsène. Il avait veillé sur lui dans cet hôpital pendant un an, avant de se laisser abandonner à la mort, passant d'âme tourmentée à apaisée. Arsène fut particulièrement attristé, mais partagé de joie de savoir que son premier ami avait fini par trouver la paix et le repos une bonne fois pour toute.

Arsène ne savait pas encore comment tout encaisser, c’était particulier pour lui, c’était à la fois terrifiant et incompréhensible. Il réalisait que trop durement qu’il avait manqué deux années de sa vie, que celle-ci avait continué sans lui et qu’il avait tout perdu.

Plié en quatre dans son lit, il fixait son plateau repas sans y toucher, jusqu’à ce qu’un petit toquement résonne au niveau de la fenêtre. Relevant sa tête vers ce petit toquement, il réalisa assez vite qu’il s’agissait d’un petit oisillon rond comme ball qui semblait chercher à entrer, sûrement attiré par la nourriture non consommée du voleur. Se levant difficilement, se rattrapant au renforcement du mur, il saisit la poignée de la fenêtre pour l’ouvrir et laisser entrer le petit Pokémon.

Il regardait ce petit être affamé se jeter sur le plateau pour le dévorer. Arsène retourna alors dans son lit pour regarder l’oiseau faire. Il souriait tendrement sans vraiment s’en rendre compte, amusé par ce qu’il regardait. Après avoir bien restauré son ventre, la boule monta sur le lit du blessé, se lovant contre lui pour entamer sa nuit diurne. Arsène pouffa de rire tout en caressant la petite boule, visiblement pas très sauvage.

« Et bien, et bien, on dirait que tu prends tes aises… »

La petite boule poussait un soupir, signe qu’il avait le ventre plein avant de s’endormir contre l’humain qui trouvait la scène bien trop adorable pour son petit cœur. Finalement, Arsène se rendormit durant cette journée, à son réveil, le petit être était déjà partit.

Plusieurs jours se passèrent sous le même rythme, le petit oiseau revenait toujours vers le même horaire, prenait un peu de nourriture, puis s’endormait avec Arsène, repartant avant qu’il ne croise quelqu’un, du moins jusqu’à ce qu’une infirmière décida de rentrer dans la pièce avant l’heure habituelle.

L’oiseau fut surpris, se redressa brusquement et voulut s’envoler. Agité par ça, Arsène eut le réflexe de l’attraper en se réveillant, empêchant sa fuite. Le petit Pokémon se retrouva face à l’inconnue surprise, avant que celle-ci rigole d’amusement. Arsène caressait l’oisillon pour le calmer avant de gratter sous son bec.

Il demanda alors à l’infirmière d’avoir de la nourriture pour ce petit et celle-ci approuva et repartit pour aller lui chercher une gamelle de Poké-Nourriture. Finalement, les jours se répétèrent et le petit oiseau put profiter d’un magnifique confort au chaud et à sa faim. Lentement, ils s’étaient apprivoisés, lentement pendant sa rééducation, il se faisait un nouvel ami.

Il apprit qu’il s’agissait d’un Minisange, un Pokémon originaire de Galar. Bien qu’il n’était pas habituel que ceux-ci migrent, visiblement, il avait dû trouver un endroit à son aisance. Arsène l’appréciait beaucoup, il lui donnait de la couleur, de la joie de vivre. Chaque jour était une épreuve pour réapprendre à marcher.

Les jours passant se transformèrent en mois et bientôt Arsène arriva à se mouvoir sans avoir besoin d’aide ou d’appui. Il ne pouvait toujours pas faire de mouvements trop brusques tels que sauter ou courir rapidement, mais il pouvait marcher plus ou moins rapidement et porter le Minisange dans ses bras.

Il finit par avoir enfin l’autorisation de sortir de l’hôpital avec une obligation de visite régulière pour vérifier l’état de ses muscles. Il était décidé, il devait retrouver ses Pokémons, voir comment ils allaient, il en avait besoin. Contre toute attente, le Minisange se mit à le suivre quand il quitta l’hôpital. Visiblement ce petit Pokémon venait de l’adopter.

Il ne lui refusa rien, acceptant son choix, il irait à ses côtés dans cette pension, bien décidé, il était temps pour lui de reprendre sa vie en main.