Les derniers instants avant la montée sur la montagne rocheuse furent les plus longs et périlleux de ce périple - du moins, pour le moment. Nous avions lâché nos canidés sur le duo de Grimalins, leur nombre mêlé à l'effet de surprise avait permis de les maintenir. Axion faisait d'ailleurs tout pour ne pas les laisser s'échapper afin qu'ils ne préviennent pas les autres ou n'appellent pas du renfort. Il ne fallait pas de nouveau être submergés !
Qui plus était, ce remue-ménage avait déclenché le réveil et la fureur du Ronflex ! Sous ses airs tranquilles, ce grand colosse pouvait faire trembler des montagnes avec cette hargne à frapper le sol. Nous aurions pu être en danger si par malheur il ne s'était pas reposé après les quelques frappes qu'il avait lancé. Sa terreur avait, par ailleurs, effrayé les enfants roses qui s'étaient enfuis.

Grâce à une aide mutuelle, nous parvînmes à monter cette montagne qui ne nous avait fait aucun cadeau en vue de sa difficulté pour la gravir. Elle ne regorgeait pas suffisamment d'endroits où s'accrocher pour permettre la montée, sans encombre du moins. J'étais tout de même dépité de voir que nos Pokémons étaient très habiles pour nous rejoindre, gravissant avec une aisance déconcertante la montagne.

— Ah bah... t'es bon toi, Axion ! Je suis censé être bon en escalade mais alors... Tu voudrais pas me faire des cours ?

Sur ces mots, j'avais suivi le réflexe d'Akari avec Yukan, et mon annonciateur de catastrophes avait rejoint sa sphère. Ceci permettait son repos, me disais-je pareillement. J'aurais aimé le faire avec Kyora, mais elle ne supportait pas y aller. Peut-être que plus tard, elle en comprendra la nécessité.

Reprenant mon souffle, la tête recouverte de rougeurs, mes cheveux qui en faisaient des siennes, je me levais enfin pour voir le paysage. Nous étions au-dessus des arbres, ce voile d'obscurité au sein de celle que l'on nommait "forêt interdite". Il était vrai que désormais que nous avions pris de la hauteur, l'aura lugubre et menaçante de la forêt était encore plus perceptible. Face au soleil qui nous brûlait presque les yeux à force de s'être habituée à cette ambiance tamisée, cette atmosphère d'ombrages qui ne laissait que peu traverser les rayons du soleil, nous remarquions que cette montagne faisait fi des règles de ce lieu, comme un refuge de lumière au sein des cauchemars abyssales.

— Waouuuh, c'est impressionnant de tout là-haut ! On a quand même beaucoup marché depuis que nous sommes entrés, regarde !

Ne me laissant guère le temps de m'extasier sur ce territoire devrait davantage m'aspirer de la nuisance qu'une quelconque beauté, il m'indiqua le fameux endroit que nous devions rejoindre. Un endroit qui ressemblait à une clairière comme les autres, mais si on s'attardait à des détails, nous pouvions remarqué qu'elle était différente : Ce n'était pas une clarière naturelle, les arbres avaient été dépossédés de leur sol, cette terre était recouverte d'arbres morts, d'arbres noirs. Il semblait même que cette zone était la plus morbide de tous ces bois interdits.
Je... je n'avais pas envie d'y aller, l'effroi me frappant. Mais d'un autre côté, la raison me conquis : il était naturel et même un peu cliché que l'endroit le plus glauque soit le lieu recherché.
Je n'eus même pas le temps de prendre mon appareil photo pour conserver ce paysage qu'Akari m'attirait déjà vers la descente.

— Juste là ? C'est super proche, oui. Et ouiiii les Grimalins vont rappliqués !

Aussi utile que mes paroles puissent paraître, je n'avais fait que répéter ce qu'il disait. Et nous nous étions précipités dans la descente. Malgré la douleur de l'effort, étrangement, la descente fut plus rapide que la montée.
Nous courrions à en perdre haleine, Kyora dans mes bras. Si les ennuis ne semblaient pas venir durant notre trajet, où je m'étais permis de ralentir l'allure pour ne pas faire de crise cardiaque ou manquer d'air, ce fut plutôt au sein de ce lieu mortuaire que les choses commençaient à changer.

Si la forêt semblait déserte de vie en général, celle-ci semblait belle et bien habitée. Une aura forte émanait des lieux. Une brume encore plus épaisse obstruait notre vue. Je me sentais observé constamment et des silhouettes d'individus et d'arbres apparaissaient au sein de ce brouillard blanc. Je voyais parfois des individus qui semblaient avoir une forme humanoïde, des fantômes qui pouvaient être des Spectrums, mais tout de même majoritairement des petites sphères spectrales. Il me semblait même avoir vu un cerf.
Planté sur mes acquis, je ne m'étais pas attendu à voir un arbre bougé.

Si j'étais déjà pâle, je ferais mieux de faire attention à ne pas entièrement disparaître. Mes yeux se noyaient dans l'incertitude, ne sachant où se poser à cause de ce manque complet de repère, mon corps tremblant où je n'étais pas sûr de pouvoir réagir à un potentiel problème alors que le danger régnait à chaque instant, à chaque coin de l'œil. Je marchais à pas feutré, légèrement baissé, pour m'assurer une meilleure discrétion. Kyora avait ouvert les yeux deux secondes et elle était déjà flippée, tremblant encore plus que moi.

Je m'étais rapproché d'Akari, privilégiant le contact pour communiquer tellement aucun mot n'osait sortir de mes lèvres.

Nous avions trouvé l'endroit tant recherché par le jeune homme brun ténébreux, bien plus mystérieux qu'il ne le laissait penser. Pourtant, malgré les zones d'ombre qui l'entouraient, je me sentais en sécurité à ses côtés. En même temps, au sein de cette brume bien plus épaisse que celle que nous étions habitués tout du long de la forêt interdite, en s'approchant de cet étang bien étrange et de ce cimetière d'arbres morts, il était bien le seul élément rassurant au sein des lieux environnants.
Lui qui me connaissait si bavard par rapport à lui, il devait bien se douter que ce lieu ne m'était vraiment pas à l'aise puisqu'il était parvenu à me rendre totalement muet.

Akari s'était permis quelques mots, paraissant nettement plus à l'aise que moi en ce lieu encore plus obscur que la forêt interdite elle-même. Ce conseil précieux avait eu l'effet de faire fuir la petite silhouette à nos pieds, me faisant sursauter immédiatement, sans pour autant qu'un son ne puisse s'échapper de mes lèvres. La seconde partie de son propos, à première vue rassurant, ne l'était pas totalement finalement. Mes yeux se firent encore plus brillants qu'ils ne l'étaient déjà : foutue émotions... Retiens-les, Khoren, tu les écouteras après.

— Euh... Je suis d'accord avec toi m... mais là, actuellement, le soleil est encore là m... mais il restera pas indéfiniment. Il est... sur sa phase descennnn... dante.

Tout en disant cela, monsieur avait ralenti le pas sans me prévenir et j'avais ralenti au dernier moment, entrant tout de même en contact direct. Au sein de ce moment si tendu pour moi, un contact physique eut un impact très positif pour moi et, instinctivement, ma main droite s'était levée pour l'entourer. N'y mettant aucune résistance physique, cette accolade se détruirait au moindre mouvement. Cette virilité imposée par la société m'imposait de devoir conserver au mieux ma contenance, d'où ce geste démarré mais pas complètement marqué. Heureusement qu'il était devant moi, malgré mes efforts pour cacher ce qui ne pouvait l'être, j'avais au moins le mérite de vivre cette honte principalement avec moi-même.

Akari avait envoyé sa Fantyrm, décidant sûrement que sa présence serait utile avec tous ces Pokémons Spectres et Ténèbres alentours, ces formes fluettes et brèves, statiques ou mobiles, plutôt curieuses qu'autre chose pour le moment, qui gravitaient autour de nous avec une certaine curiosité pour le moment. Et j'espérais qu'elles le resteraient, n'ayant pas du tout l'envie d'être considéré comme une menace. Quand nous nous étions véritablement remis à marcher, j'avais conservé une distance respectable et déglutis grandement jusqu'à reprendre une "constance normale", et prouver aux yeux de tous - alors que nous n'étions que deux - que moi aussi je pouvais être un vrai homme. Même Kyora s'était rendormie d'épuisement à cause de cette peur intense que lui infligeait ce lieu, à peine avait-elle pu économiser de l'énergie. Je soupirais de soulagement lorsque je vis la brume se dissiper quelque peu, nous permettant d'avoir nettement plus confiance en ce qui pouvait se trouver dans les environs. L'étang était vraiment étrange alors... Contenait-il un Pokémon important pour y imposer un aura aussi mystérieux et cette brume aussi épaisse ?
Je n'étais pas le moins du monde rassuré mais au moins, je n'étais plus pétrifié à en mourir sur place. Devrais-je préciser que deux larmes de soulagement venaient de s'écouler sur mes joues ? Non, elles étaient prévisibles évidemment.

Par le plus grand des miracles, un rayon de soleil traversa la brume et se mit à éclairer un ensemble de pierres précieuses à l'horizon. Si j'étais persuadé que ce ne pouvait être de la pierre pour briller autant, je n'étais pas prêt à penser que cela pouvait appartenir à un Pokémon, même si la forme si naturelle et particulière n'aurait dû me laisser aucun doute. Malgré sa brillance, en s'approchant, nous vîmes clairement que son emplacement ne datait pas d'hier en vue de son état de décomposition.
Sans comprendre pourquoi, même si grâce à son expression je décelais qu'il ne le comprenait pas non plus, des larmes s'étaient précipitées aux creux de ses yeux... sans qu'il ne s'autorise de les libérer.

— Un Airmure, ici ? Que tu aurais connu...?

Je chuchotais, discrètement, respectant ce moment solennel, bien particulier, que je ne voulais à tout prix ne pas déranger. Je m'étais alors tu face au Pokémon, respectant ce moment de recueillement ou simplement de réflexion, partageant ce moment avec lui, sans un bruit. Même Kyora s'était levée et avait rapproché ses mains entre elles, ressentant sûrement plus de choses que je ne pouvais le faire moi-même, aussi empathique je pouvais l'être, ses capacités grandissantes me dépassaient.

Ensuite, tout comme mon coéquipier, un détail brûlant attira mon attention sur ma droite. Un rayon de lumière éblouissant nous transcenda pour révéler une deuxième tombe aux côtés de celle du Pokémon que connaissait Akari par cette partie du passé qu'il avait oublié. C'était une tombe avec un autel de roche majestueux qui avait rencontré une épée aux attraits plutôt lugubres. Toutefois, elle paraissait tout aussi sublime que l'autel et ainsi à moitié enfoncée, on aurait dit qu'elle appartenait à l'autel.

Sans attendre, Axion était ressorti de la Pokéball, ayant ressenti un besoin urgent d'en sortir tout en ayant également ressenti une présence plus faible de Spectres permettant de ne pas attiser les mauvais esprits hantant ce lieu. De son pelage blanc majestueux, il s'avança en se dressant fièrement. Toutefois, ses poils s'étaient étoffés, devenant nettement plus épais, signe qu'une forte énergie, qu'un fort aura dégageait les lieux.

— Axion, ce que tu ressens à l'air puissant. De toute façon, c'est un lieu grandement chargé en énergies, de différentes sortes d'ailleurs. C'est pas Kyora qui dirait le contraire. Hum... Je me demande bien quels sont les mystères qui regorgent ce lieu. Ca te fait émerger des choses, des souvenirs enfouis ?

Nous étions à la fin de ce périple. L'endroit tant recherché avait été débusqué. A en croire cette étonnante révélation, cette découverte semblait amener plus de réflexions que de solutions dans l'esprit complexe du brun ténébreux.
En guise de respect solennel, je préférais le laisser se plonger dans lui-même, lui laisser ce moment d'introspection, en espérant que des réponses lui surviendraient, tâchant de ne pas trop parler, et ce, même si mes pensées fusaient dans tous les sens. Je n'avais pas pu m'empêcher de lui poser une question fatidique, en lien avec l'éveil de souvenirs enfouis, mais hélas, la réponse restait tout bonnement flou. Je savais que je ne devais pas l'assaillir de questions, il n'était pas utile d'harceler Akari pour avoir des réponses : S'il avait envie de parler, d'échanger des informations, il le ferait dès lors qu'il aura trouver les mots, dès lors que ses lèvres auront l'envie de se délier.
Je répétais alors simplement, presque en chuchotant, d'un ton ne laissant obligation de réponse :

— Tu sais juste que...?

Il ne répondra sûrement pas. Akari nous laissa dans ce silence interdit que je ne voulais plus briser, malgré l'apparition d'Axion qui me laissait mal à l'aise sachant le danger approchant, avant de se décider à avancer vers l'autel pour l'examiner de plus près. Il était vrai que l'image était forte, un cadavre de Pokémon Acier, une épée ténébreuse ancrée dans l'autel. Il y avait de quoi trouver tout ceci très intriguant et... lugubre. Après tout, le lieu et l'atmosphère qui s'en dégageait n'arrangeait pas non plus. Par Arceus, qu'est-ce que qui avait bien pu se passer ici ? Qu'est-ce qu'Akari avait bien pu faire pour se retrouver dans ce bois maudit ?!

En réalité, je n'eus moi-même pas le temps de, ne serait-ce, voir des hypothèses émerger, qu'une ombre absorba celle d'Akari sur l'autel. Un morceau de bois venait de lui être projeté dessus, quelqu'un voulait le nuire et par chance, il l'avait manqué de peu.
Kyora me partagea son mal être par la pensée, m'exprimant son sentiment d'être submergée par les mauvaises énergies. Axion avait le poil si hérissé que c'était sans l'ombre d'un doute que je remarquais l'ampleur et le danger de cette entité des Ténèbres. L'Absol se dirigea sereinement vers la brume où se révélait une silhouette déconcertante.
Cette silhouette était gargantuesque, nous toisant de toute sa hauteur, une expression si maligne sur le visage, le pelage si sombre... nous étions face à l'être le plus malveillant que ces bois maudits pouvait contenir, le maître des bambins maléfiques, l'expression de mes pires cauchemars... Angoliath !

Il nous fallait agir, mais... que devions-nous faire ? Fuir ou combattre ? Je n'étais plus sûr de rien. Sans Lise, il m'était si compliqué de prendre une décision. Elle avait toujours la bonne solution, la moins risquée et la plus efficace, tandis que mes choix étaient encore biaisés par mes propres émotions.

— Axion, fais quelque chose ! Utilise ton agilité !

Tandis que je retenais ma petite Kyora auprès de moi, l'annonciateur de catastrophes s'activa, sans la moindre peur, sans la moindre fatigue exprimée. Il fusa face à l'Angoliath, se plaçant stratégiquement entre le monstre et Akari, avant de tenter de l'ébranler avec un regard déconcertant. Il se mit à courir autour de lui pour détourner son attention, le fauchant de temps à autre par des coups de griffes. Son agilité le permettait d'esquiver in extremis les ripostes du Pokémon de haut rang.

— Akari, que devons-nous faire ? Mon esprit me dit de partir au plus vite. Il a l'air si fort !

Il se fit alors plus virulent en transmettant plusieurs ondes chargées de pensées négatives tout autour de lui, touchant Axion qui encaisse suffisamment bien l'attaque étant du même type. Ce dernier se mit à rayonner, Vibroscur, attaque Ténèbres, réveilla la noblesse du Pokémon. Axion, revigoré, était de nouveau prêt à vouloir lui mettre la misère.

D'un autre côté, ces ondes négatives emplissent les capteurs sensoriels de Kyora, et, devenant un réservoir bien trop chargée, elle décida de tout renvoyer. Se détachant de mon étreinte, Kyora sautilla sur le sol et elle se mit à chanter de sa Voix Enjôleuse. L'attaque Fée ne semblait absolument pas plaire à l'Angoliath, se forçant parfois à se boucher les oreilles.

Les émeutes avaient terminé de révéler l'Angoliath hors de la brume. Il s'approchait de nous, en particulier d'Akari, mais mes Pokémons l'empêchaient d'avancer comme il le désirait.
Il allait finir par la focus, j'en étais persuadé. J'étais prêt à la récupérer en fauchant l'air à n'importe quel moment. Je connaissais les limites d'Axion, il ne pourrait pas attirer son attention indéfiniment. Sa forme feinte ne tiendrait pas longtemps non plus, malgré son boost qui se retrouvait contraint par la Voix Enjôleuse de sa propre alliée. Alors, l'Angoliath en profita. Il parvint à éjecter l'Absol avec un coup de poing bien placé et il fondit sur Kyora.
Elle tenta de le berner en se dédoublant grâce à Reflet, mais il eut la merveilleuse idée de simplement faucher le sol avec vivacité. Elle reçut un petit coup qui l'envoya à quelques centimètres derrière et ni une, ni deux, personne ne touchera à ma protégée.

Avant même qu'il ne décide à lui sauter de nouveau dessus, je lui envoyais une pierre dans la figure et fondis sur lui le tapant de toutes les forces que pouvaient contenir une brindille. Il me renvoya dans le décor, revenant à la charge comme je ne voulais pas qu'il approche d'Akari, peu m'importait la raison de vouloir s'en prendre à lui.

J'avais lutté et dorénavant, je me trouvais sous lui. Mes mains tentaient de repousser les siennes, mes pieds tentaient de repousser le reste de son corps oppressant le mien. Je ne lâcherais pas, mes lèvres auront beau saigner par mes morsures, je ne comptais pas perdre aujourd'hui.

— Je... je ne veux pas mourir ici.

avais-je murmuré. Si mes yeux brillants exprimaient ma faiblesse, le ton de ma voix était déterminée, remplie d'assurance. L'adrénaline m'avait une nouvelle fois poussé à me mettre en danger et c'était celle-ci qui me poussait toujours à rester en vie.
Axion avait retrouvé Kyora, protecteur, et j'avais confiance en la riposte de mon équipe. Si certains dresseurs pourraient me qualifier d'inconscient, j'étais d'avis qu'il n'y avait pas que les Pokémons qui devaient se salir les mains, que parfois, nous-mêmes, leurs dresseurs, devons agir pour préserver nos amicaux monstres de poche.

Si j'étais venu à Lumiris, c'était pour devenir plus fort et ne plus dépendre de personne pour assouvir mon besoin de sécurité Je ne voulais plus être protégé, je voulais pouvoir être maître de mon existence. Mon heure n'était pas encore venue. Depuis la Nuit de la Psychose, je continuerais de me battre pour survivre. Je ne mourais pas ce soir... ni aucun autre d'ailleurs.

Nous étions venus en quête de connaissances sur son identité, et malgré les risques, j'avais décidé de le suivre dans cette périlleuse épopée de la découverte de soi. L'ambiance déjà lugubre de la forêt interdite s'était accru dès lors que nous nous étions rendus dans ce cimetière d'arbres morts. Celle-ci était devenue effrayante, désespérante, déstabilisante, dès que le symbolisme des cauchemars était apparu pour nous happer la vie.

Nos Pokémons s'étaient démenés pour nous protéger et, malgré leurs blessures, restaient entiers dans leur union. N'en ayant fait qu'à ma tête, j'avais eu la merveilleuse idée de m'en prendre directement à l'Angoliath et ce dernier avait rapidement récupéré l'avantage de cette lutte.Nos morphologies ne laissaient aucun doute sur l'issu de cette étreinte cauchemardesque, mais j'y croyais.
J'étais déterminé à survivre. Depuis la Psychose, j'avais pris conscience de la valeur de la vie lors des moments les plus dangereux de mon existence. Je reconnaissais que ce caractère était nocif mais cette adrénaline me rappelait à chaque fois que j'étais vivant et j'avais besoin de la ressentir à l'aube du jour où je ne croyais pas en ma propre existence.
Je fus frappé par ma propre vulnérabilité. Je croyais pouvoir me dégager de ses puissants bras, je croyais pouvoir me libérer de son emprise grâce à la foi que j'avais en la Vie, grâce à cette adrénaline surréaliste, mais... j'avais eu tord. Les cheveux obscures de l'Angoliath se mouvèrent jusqu'à m'entourer et me paralyser. Comme cette fois où le Spiritomb avait pris le contrôle de mon faible esprit, l'Angoliath avait entravé mon fébrile corps. Piégé, il élevait sa main où se formait un Marteau, un Marteau qui agissait telle la Faux de la Mort, prêt à faucher ma vie.
Pourquoi étais-je si faible ? Pourquoi n'étais point capable de me protéger ? Et j'espérais pouvoir protéger mes Pokémons ? J'étais pathétique, c'étaient eux qui me protégeront de tout face à l'adversité.

Je tirais ma tête en arrière pour voir Axion, sa patte devant Kyora pour la protéger et l'empêcher d'avancer. Si mon annonciateur de malheurs restait stoïque, je savais qu'il n'était guère serein, Kyora ne cachait pas ses émotions, inquiète et désespérée pour moi. J'envoyais un pâle sourire rassurant, non-désireux qu'ils agissent, leur dire que tout ira bien, alors que je m'arrêtais progressivement de me débattre fougueusement à l'apparition du funeste Marteau.

Et... tandis qu'il abaissait le Marteau,  deux cris s'entre-croisèrent. L'un était un hurlement de rage, l'autre était une suppliante empli de désespoir.

— Ta... Ta... TAAAAARSAAAAAAAAAAAAAAAAAAL ![/b]

Au dessus de mes yeux, Kyora lévitait devant l'Angoliath et une ombre s'était approchée à l'opposé de ce dernier. Akari était là, si près de moi, enveloppé par l'obscurité, une lame plantée dans le corps du monstre des cauchemars, son reflet illuminée par un faisceau de lumière. Cette lame était portée par le jeune homme... et un œil venait de s'ouvrir, un pouvoir visqueux et ombragé se profilait entre l'Angoliath et Akari. Monorpale, un Pokémon Spectre capable de maudire les personnes qui entraient en contact direct avec lui.

Durant quelques instants, un silence absolu avait habité la forêt interdite, comme si elle avait perdu toute vitalité. Le vent s'était arrêté, les arbres ne bougeaient plus, les ombres mouvantes avaient disparu ou s'étaient figées, Kyora semblait comme arrêté dans sa lancée, et j'en oubliais même de respirer... comme si le temps s'était figé.
Ce moment hors du temps parut duré une éternité avant que les actions ne s'éveillent et ne se terminent. Ce silence fut apprécié avant qu'une cacophonie ne survienne.

Selon mes yeux, ce fut Kyora qui eut le privilège de retrouver ses mouvements. Presque en ralenti, elle sauta sur sa tête pour s'élever dans les airs, ses bras vinrent jusqu'à elle, avant de se redéployer vers le Maître de l'Obscur. Une sphère grandissante, attirant tout sur son passage, formant le Vide intersidéral, apparut entre ses paumes. En parallèle, doucement, les cheveux de l'Angoliath se retirèrent au fur et à mesure que du sang s'écoulait sur le sol de poussière, dans son dos, et que... Axion rejoignit les bois, quittant le cimetière d'arbres morts, prévenant Yukan de le suivre s'il le désirait.

Une micro-tempête, dans un champ très ciblé, se déclara, les éléments tentaient de lutter contre l'attraction, toutes choses essayant de s'ancrer pour ne pas disparaître dans ce... je n'osais pas y croire. Nous n'étions pas dans la même cour de Lissa, une Gardevoir surpuissante, mais nous étions bel et bien face à l'apparition d'un petit trou noir, signe de la désespérance d'un membre de la famille de Gardevoir pour protéger vainement son dresseur ou sa dresseuse. Il n'était peut-être pas très grand, mais un trou noir, peu importait sa taille, était dévastateur. Kyora tournoyait autour de sa petite sphère comme si elle était en transe.
Le champ d'attraction commença à me surélever les jambes, tandis que j'essayais à tout prix de m'accrocher à des touffes d'herbes morts ici et là, vainement tandis que mon corps s'envolait de plus en plus.

— KY KY KYORAAAAAAAAAAAA !!!

Ce cri s'arracha de ma bouche, dérobée à la lueur de la nuit, complice de mes frayeurs. Ce cri eut, toutefois, la pertinence de stopper ma Tarsal dans sa folie protectrice. Aussi rapidement que le trou noir était apparu, aussi rapidement s'était-il dissipé.
Ma Tarsal resta un moment, interdit, suspendue dans les airs... avant qu'une énergie puissante ne soit ressentie, provenant d'elle. En un cri libérateur, assumant sa propre faiblesse, une profonde et aveuglante lumière illumina le Pokémon Fée et Psy, comme s'il aspirait l'obscurité du trou noir, et... sa forme commença à se métamorphoser. Kyora devint plus grande, sa chevelure verte et orange s'agrandit, ses pattes s'allongèrent.... Elle avait évolué.

Si l'évolution lui avait rendu un certain regain d'énergie, elle restait épuisée et son corps conservait toujours les marques de ses efforts et de ses affrontements. Ses yeux partirent dans le vague et, comme une marionnette sans vie, Kyora chuta vers le sol et je l'attrapais dans mes bras avec une certaine retenu, non tenté de braver le silence absolu de la nuit qui avait repris ses droits.

— C'est bien, je suis là, t'en fais pas... soufflais-je d'une toute petite voix.

Malgré ma résistance, celle-ci se dégagea de mon étreinte pour faire face, alors qu'elle tenait déjà péniblement debout, respirant bruyamment, son corps tâché de quelques tracés rougeoyants, face au croque-mitaine. Nous regardions, interdits, Akari tenant sûrement encore l'épée et l'Angoliath. L'Angoliath qui, blessé au dos, se retrouvait  également sans bras, happé par le trou noir.
La nouvelle Kirlia défendait son dresseur, fixant son regard désapprobateur sur le Maître de la Forêt interdite, lui déconseillant d'oser quoi que ce soit contre lui ou son ami.

Les événements récents étaient si abruptes. Que... que s'était-il véritablement passé ? Nous étions entrés dans ce cimetière funeste, ce sanctuaire mortuaire et, et... Un Angoliath, le Maître de l'obscure, s'était jeté sur nous, forçant Akari à nous défendre en délogeant le Monorpale de son socle cauchemardesque. Dans la foulée, et malgré l'épuisement intensif et cumulé, Kyora s'était déchaînée. Ma petite Tarsal, emplie de son désespoir le plus profond, avait libéré un trou noir qui m'avait presque davantage surpris que l'attaque incongrue de l'Angoliath.

Ma petite Tarsal avait évolué par nécessité, avec la volonté de me protéger. Ce trou noir était une preuve des plus tangibles. La nouvelle Kirlia, malgré les blessures et l'asthénie approchant, avait répliqué à chaque coup de l'Angoliath et ce, même si chaque effort lui coûtait très cher. Elle avait lutté jusqu'à ce que le Pokémon terrifiant ne s'affaisse. Ensuite, elle s'était tournée, entièrement stoïque, nos yeux brillant et se reflétant dans ceux de l'autre. L'instant suivant, je l'avais senti flancher par ses jambes fébriles, dans mes bras. C'était comme si sa posture de guerrière venait de disparaître pour retrouver l'humilité, la fragilité, et l'intensité de nos liens. Je serrais notre étreinte alors que je l'entendais gémir sur mon épaule, ses mains peinant à rester autour de mon dos.

— Kyora... tu as réussi. Kyora, tu es forte. Tu m'as sauvé. Tu nous as sauvé.

Trou noir... pour avoir connu Lissa en créer un, je savais l'étendue de la puissance de ce genre d'attaques. Elle dépassait l'entendement et ne naissait qu'au sein du désespoir absolu. Un Gardevoir ne créait pas de trous noirs par plaisir, mais plutôt par nécessité ultime, lorsque ses propres pouvoirs ne suffisent pas à défendre les personnes qui lui étaient le plus chères.
Nos relations étaient chaotiques, mais nous avions réussi à nous apprivoiser. Nous étions vraiment nos alters ego, nous étions véritablement capables de tout l'un pour l'autre car... nous nous étions rencontrés au moment où nous avions le plus besoin d'un partenaire au quotidien.
Nous ne nous connaissions pas encore par cœur mais il était évident que notre relation était peut-être trop proche, peut-être étions-nous trop prêts à faire le nécessaire pour survivre, mais de là à former un trou noir où j'aurais pu y passer si Kyora ne m'aurait pas entendu dans son for intérieur ?
Un trou noir ne venait pas par hasard. Kyora désirait me protéger et je passais sans cesse mon temps à me mettre en danger... et nous ne devenions pas supra forts du jour au lendemain.
Des larmes se mirent à couler sur mes joues, nous partagions alors nos émotions.

— Kyora... je te demande pardon. Je devrais pas être aussi tête brûlée, je devrais pas te demander autant d'efforts pour ma propre survie. Kyora... je te jure que l'on s'entraînera ensemble. On se protégera l'un l'autre et on deviendra plus forts. Je te garantis que tu auras plus jamais besoin de créer des trous noirs pour protéger qui que ce soit. Nous serons suffisamment forts pour protéger quiconque sans la nécessité d'user de ce genre de méthodes. Je t'en fais la promesse.

Nos sanglots s'entremêlèrent tandis que nous nous consolions mutuellement afin de se remettre des précédents événements. Axion apparut et s'ajouta à l'étreinte, protecteur et très paternel déjà à cette époque. De toute façon, avec Axion dans les parages, pas sûr qu'il tolère que Kyora se dépasse au-delà de ses moyens haha.

Malgré mes yeux encore mouillés, et la lignée d'eau sur mes joues, je souriais et me tournais vers Akari. Je me sentais quelque peu désolé de l'avoir ainsi oublié. Il me paraissait sombre, comme... comme s'il avait découvert quelque chose et que cela le tourmentait.

Je me levais, laissant Axion porté Kyora, pour me diriger vers lui.

— Nous en avons fini avec l'Angoliath. Au moins, on est vivants. On devrait pouvoir sortir de la Forêt interdite sans trop de souci en vue de ce qu'on a traversé, non ? Sinon... tu vas bien ? On dirait que tu as réalisé un truc. C'est en lien avec le Monorpale ? D'ailleurs, comment as-tu eu l'idée de le brandir ?

Axion nous regardait de son air protecteur, respectueux de tout, de nous. Kyora s'était démenée pour nous sauver et, comme elle avait pu le faire lors de la nuit de la Psychose, ces événements continuaient de nous rapprocher. Depuis que nous avions cessé de se faire la guerre, nous étions devenus des partenaires inestimables. Je crois que rien pourrait nous séparer, nous étions déterminés à survivre ensemble. Enfin... rien... sauf nos adversaires et les démons qui se mettaient en travers de notre route.
Nous n'étions pas en terrain allié, nous étions encore dans la Forêt interdite de Kishika. Nous venions de détruire le Croque-mitaine, ce Maître des cauchemars, dans une virulence sans nom. Dans ce silence, j'avais abaissé ma garde. Dans ce moment de retrouvailles, j'avais laissé mon instinct en veille.

Ce fut Yukan et Axion qui retinrent mon attention et, ainsi, me ramenèrent à la réalité. Ce n'était pas terminé. Lorsqu'un problème trouvait sa solution, un autre apparaissait. L'é... l'épée avait bougé, elle s'était retournée contre Akari ! Elle avait tenté le tuer, d'enfoncer sa lame dans sa gorge ! Son bras ne lui répondait plus.

— Akari ! L'épée !

Par instinct, je m'étais rapproché pour retenir son bras mais l'épée l'envoya à la renverse dans la boue marécageuse. Sans attendre, Axion s'approcha, la gueule ouverte, prêt à gober l'épée ou son poignet pour le stopper. Devais-je l'arrêter ? Quels risques prendre ? Que devais-je faire ? La pression m'empêchait de bouger, mes yeux ne savaient pas où regarder, et Kyora me regardait avec un air penaud en attendant mes directives.
Son unique mot me permit de rassembler mes idées et agir. "Fourreau" m'avait-il hurlé, bien sûr ! J'eus un éclair de lucidité, mes yeux devinrent moins rapides, fixant Akari, tandis que je reprenais conscience de mes sens.

— Oui ! Fourreau ! Faut qu'on trouve le fourreau.(Je me tournais vers ma Kirlia, son regard s'illuminant subitement et prête à me suivre malgré l'asthénie qui commençait à la frapper :) Kyora, utilise tes pouvoirs psychiques pour tenir la lame au plus loin du corps d'Akari. Si tu peux, essaye aussi de la décrocher de sa main mais... te dépasse pas, fais juste de ton mieux. Tu fais comme tu peux, tu force pas.

Elle hocha la tête et appela son pouvoir en jouant avec ses mains, les yeux fermés et lança son influence sur l'épée. Elle aussi, elle pouvait jouer, elle aussi, elle pouvait le contrôle des corps. D'accord, en vue de l'énergie utilisée jusqu'alors, sa maîtrise ne pouvait être démentielle, elle n'aurait peut-être que peu d'effet, mais au moins, elle aura participer à la lutte pour sauver Akari de l'influence néfaste du Monorpale.

Je profitais encore de cet éclair de lucidité et me dirigeais vers le seul endroit où le fourreau pouvait être : la carcasse de l'Airmure, l'autel où se tenait l'épée.

— Je crois qu'il doit être par-là, si jamais il doit en avoir un.
A moins que je fasse fausse route ? Tu sais où il est, le fourreau, Akari ?

Je bondis vers l'endroit, avec un pique d'énergie qui venait sûrement de l'adrénaline, et commençais à chercher dans la nuit noire. J'espérais bien tomber dessus par hasard pour venir en aide à mon acolyte d'aventure. Mes mains rencontraient des textures que je n'osais nommer tellement cela me dégoûtaient. Et comment savoir si le fourreau n'était pas enseveli sous la boue ou par les autres éléments de la nature ?

La désespérance me topa à un moment, mes yeux se mouillaient face à la tension et la pression accumulée et qui n'arrêtait pas face aux hurlements d'Akari et la puissance de ses débattements. Si bien que ma voix se brisa.

— Je... je sais pas si j'arriverai à le trouver...

Je ne savais pas à quoi cela ressemblait. Peut-être que j'étais tombé dessus par hasard ? Certaines formes me faisaient que, mais comment faire lorsqu'il faisait aussi sombre ? Dites-moi que c'était ça, dites-moi que je l'avais trouvé, dites-moi que je pouvais lui ramener. Je devais le trouver ou il devait mettre la main dessus. On avait pas fait tout ça pour disparaître ici !

La panique s'emparait de mon être tout entier. Je débitais mon angoisse, mon incapacité à agir sciemment. Je devais faire quelque chose mais je ne savais même pas quoi faire, quoi chercher ! C'était épouvantable cette sensation de se sentir inutile, impuissant, alors que la seule chose que l'on aimerait accomplir est bien de secourir la personne en détresse.

Je parlais trop et ce fut les paroles rustres d'Akari qui me firent l'effet d'une bombe, d'un coup de fouet impromptus, comme si qu'un troupeau de Blizzaroi m'avait permis une douche froide dans un déluge glacial. D'accord, j'étais paniqué mais Akari l'était tout autant... l'épée s'en prenait à lui, l'épée voulait le faire disparaître !
Je n'avais même pas le temps d'en vouloir de la méchanceté de mon coéquipier et me mis au travail. Ardument, je recherchais le fourreau du Monorpale, en priorité vers l'Autel où elle se trouvait à l'origine, puis vers le cadavre métallique... mais je craignais que la pression ne me fasse manquer de vigilance et que je passe à côté du miracle de préserver la vie.

La nécessité d'Akari dans son propos me força à concentrer cette attention vacillante. Je n'avais pas le choix de réussir, je n'avais pas le choix de trouver le fourreau du Monorpale, si je ne voulais pas qu'un funeste scénario ne se réalise. Le fourreau ressemblait à quoi ? Il pourrait très bien être de cuir, d'une couleur presque banale, qui pourrait se fondre dans la nature... et s'il n'était pas auprès de ces deux endroits, il pourrait être n'importe où alentour... et peut-être ailleurs si l'ancien Akari s'en était débarrassé bien avant de s'échouer ici.

— Je... je vais le trouver. Il doit pas être très loin.

Je commençais à m'écarter de l'Autel et du cadavre d'Airmure, je ne trouverai rien. J'avais rasé l'espace et Axion n'avait rien trouvé non plus. Kyora peinait considérablement à retenir le Monorpale... Il fallait dire qu'elle s'était énormément dépensée, je ne savais même pas où est-ce qu'elle trouvait encore de l'énergie pour lutter. Mais, elle était encore là, elle continuait de se battre et tant que nous continuerons tous de se battre, je n'avais le droit de faiblir et d'arrêter de chercher. J'avais une mission à accomplir si je voulais que la nôtre ne se déroule sans (trop d') accroc.

Les nuages sombres qui entouraient la Forêt interdite semblèrent se déplacer et, dans leur mouvance, un faisceau de lumière apparut, éclairant partiellement l'endroit. La luminosité frappa et se réverbéra sur le sol, faisant briller un objet non loin. Un objet long, fin, en or et orné de pierres précieuses. Un sourire s'arracha sur mon visage malgré l'angoisse du moment, mes yeux humides se remplirent de larmes d'espoir.... Hélas, parallèlement, j'entendis Akari hurler d'épouvante, changeant drastiquement mon expression faciale, mon corps prêt à s'élancer vers le fourreau.

Je tournais ma tête, mes dents dévorant mes lèvres, un brin de peur physique m'animant lorsque je vis mon coéquipier et Kyora s'écrouler de fatigue... où d'un contre-choc ? Un Monorpale pourrait renvoyer son attaque mentale ? Ce n'était pas de la terreur qui m'empêchait de bouger, au contraire, c'était plutôt l'adrénaline qui bloquait toute corruption de mon propre corps pour lutter contre ces injonctions à rester paralysé.

— Ex... Excuse-moi Akari. Axion, dépêche toi, et mords-lui le poignet. Tu dois le tirer si fort que la lame se détache de sa gorge et tente pas d'y retourner.

A mes côtés à cet instant, l'instant suivant, l'Absol se trouvait face à Akari et sans attendre, il ouvrit la gueule sur son poignet et tira vers l'extérieur pour dégager l'emprise du Monorpale de sa gorge. Il ne faisait pas semblant, je ne l'avais même jamais vu mordre avec autant de violence.

Durant ce temps, je fusais encore plus vite que je n'avais jamais pu le faire, dégageant les feuilles, la terre ou les racines qui le contenaient et peut-être le retenaient en vue de la résistance, et je brandis le fourreau dans le faisceau de lumière pour réverbérer ses magnifiques couleurs dans les alentours.

Ensuite, je courrais à en perdre haleine jusqu'à Akari. La pression me fit même glisser dans la boue, mais sans relâche, je me relevais et faisais face à l'ultime menace. Grâce à la motivation de mon coéquipier, la faible influence de Kyora, et la morsure d'Axion, je posais ma main sur la lame, quitte à m'entailler, pour stabiliser la lame et tentais de l'enfermer dans le fourreau.

Mes yeux dans ceux d'Akari, je n'exprimais aucune peur. L'espoir était revenu et je l'avais saisi.

— C'est bientôt terminé. On va s'en sortir. On va l'enfermer.