Une autre journée. Une autre journée sans que tu aies demandé de te réveiller, et pourtant, te voilà. Yeux ouverts, fixés sur le plafond, et tu ne sais pas ce que la journée te réserve. Tu ne sais même pas si tu as réellement envie de le savoir. Dormir, c’est tout ce que tu voudrais que ton cerveau te laisse faire. La douleur a déjà commencé à se répandre doucement dans les différents hémisphères de ta tête et tu te sens déjà grincer des dents. Clairement, dormir n’es plus une option maintenant, donc tu te lèves, sous l’œil curieux de ton compagnon de type roche qui ne dormait déjà plus. Il sait quand tu te réveilles, et il est toujours inquiet de ton état, mais tu le rassures d’une petite caresse sur sa tête. Tu vas bien, c’est ce que tu essaies de te dire tous les jours. Juste le fait de dormir chez toi est bizarre, car tu t’es habitué aux bruits incessants du refuge de Lys et de tes collèges qui travaillent en bas. Aujourd’hui, tout est calme, trop calme… Maxim dort à côté, et tu fais le moins de bruit possible pour sortir de la chambre. Vous avez beau être en pause, lui et toi, mais il reste que vous n’avez qu’une seule chambre, et un seul lit, donc forcément, dormir ensemble est toujours de mise. Pas que ça te dérange, mais ce n’est juste… pas comme avant.
La tête devant le miroir, tu te secoues les cheveux un peu et te mouille la tête, l’air las. Qu’avais-tu à faire aujourd’hui, déjà ? Oh, tu n’arrives pas à te souvenir. Tu dois prendre l’habitude d’écrire ce que tu as à faire sur des pense-bêtes, ou même dans ton téléphone, parce que chaque jour, tu sembles un peu plus confus, plus enclin à oublier des tâches qui ne font pas partie de ton quotidien. Struggle. C’est parfois un peu plus difficile chaque jour de te lever, et d’avancer. Tu ne reconnais même pas la personne que tu fixes depuis maintenant près d’une minute dans le miroir. Secouant la tête, tu sors de ton train de pensée détraqué pour pouvoir sortir. Prendre l’air, te laisser gâter par la nature pendant au moins une journée avant de retourner dans le refuge. Tu t’autorises cette journée parce que Lys t’as dit qu’elle reviendrait bientôt par message, et que bientôt, tu pourras faire un peu moins de travail. Elle veut que tu ne travaille pas, que tu surveilles seulement pour te remettre de ta commotion, mais si elle croit que tu vas écouter cette recommandation… visiblement elle ne te connait pas encore bien. Les résultats des évènements de la centrale de Voltapolis ne vont pas t’empêcher d’avancer dans tes projets, tu le répètes et tu le répèteras toujours. Quand tu sors de la salle de bain, Rooky t’attend déjà, tenant l’œuf que tu avais reçu mystérieusement en cadeau dans ses bras. Tu soupires.
« Ça recommence… pas vrai ? »
Tu t’approches pour prendre l’œuf et tu te rends bien vite compte que ton Pokémon ne te laissera pas facilement, puisqu’il grogne et recul en serrant le bébé en production dans ses bras. Tu soupires, puis retourne dans la chambre pour t’habiller rapidement afin que tu puisses partir. Tu n’oublies pas une petite écharpe et ton manteau en tissus noir, car tu sais qu’à cette période de l’année, le froid est partout à Windoria. Une fois bien habillé, tu prends deux comprimés pour réduire la pression dans ta tête, et sors, accompagné de ton Lougaroc et de l’œuf qui ne quitte pas ses bras un seul instant. Tu ne sais même pas si tu pourras le prendre dans tes bras au moins quelques instants durant cette marche, ce qui te chicote un peu mais tu n’en dis pas grand-chose.
******
« Sérieux, Rooky ? Depuis le début j’essaie de juste pouvoir le tenir au moins une minute ! Tu ne vas jamais me le laisser ou quoi ? »
Comme simple réponse, un grognement grave et l’œuf est de nouveau hors de portée de main. Tu roules des yeux, te disant qu’il n’est pas croyable que ton Pokémon aie si peu de respect sur l’autorité que tu tentes d’avoir. Dernière tentative, et un claquement de dent te dissuade rapidement. L’œuf est bien protégé, ça c’est certain. Tu ne comprends pas pourquoi ton Lougaroc y tient tant d’ailleurs… lui qui a de la difficulté à se socialiser avec les autres Pokémon, ça ne devrait pourtant pas être bien différent avec les Pokémon « en production », pour utiliser un terme autre qu’œuf. Enfin, tu entres dans le parc du saule, à Sunyra. Cet endroit est près du refuge, mais tu n’as jamais pris le temps d’y mettre les pieds avant, et une fois que tu y rentres, tu comprends pourquoi cet endroit est décrit comme un énorme poumon vert. La santé de l’environnement et la vie Pokémon qui y réside lte font sentir déjà un peu mieux, moins serré dans ta tête. Ça fait du bien… alors que tu marches avec ton Lougaroc. Tu te bats de nouveau un peu avec pour l’œuf mais tu t’arrêtes rapidement lorsqu’une silhouette non-étrangère semble se tenir sur un banc, assis-là, comme si de rien était. Ces cheveux blonds… ce corps auparavant frêle mais désormais musclé… et un membre en moins ? Peut-être… que ce n’est pas lui alors. Pourtant, plus tu t’approches, plus tu reconnais cette personne.
« C’est donc ici que je te trouve, Izaiah ? Loin d’Exilar, il semblerait que tu saches te faire discret. »
Évidemment, toujours te montrer froid, toujours là pour faire chier. Toujours là pour rappeler aux autres qu’ils sont lâches lorsque c’est le cas. Tu t’arrêtes un instant. Respirer... c'est tout ce que tu voulais faire. Tu remarques tout de même que quelque chose à changé chez lui, à part son bras. Il n’a pas ce… ce feu qui brûlait dans ses yeux avant. Et maintenant, tu te sens mal de continuer à passer des commentaires, mais ta bouche et ta langue sont plus vites que ton cerveau, donc tu sors :
« Pardon de t’interrompre dans ton moment de calme, mais j’ai clairement à discuter avec toi à propos de ce coup de lâche que tu m’as fait. T’as deux minutes ? »
Parc du Saule sous la neige et le froid de l’hiver. Parc du Saule sous le tapi de neige propre à la saison, sous la douceur d’un tendre moment à l’horizon. Assis sur un banc, tu fixes d’un air décontracté et absent une vieille dame nourrissant les poichigeons de la région. Avec un pincement au cœur, tu tentes d’imaginer les conséquences de l’hiver sur un organisme fragile et inadapté… Mais tu n’y connais rien et c’est une réalité qui te reviens en mémoire à chaque fois que tu tentes de comprendre, théoriser. Tu n’es pas Lys, tu ne t’es jamais interrogé sur le contrecoup inévitable de l’hiver sur un oiseau migrateur. Les poichigeons sont-ils seulement des oiseaux migrateurs? Curieux, tu fronces légèrement les sourcils. Plus les questions s’accumulent, plus tu es force de constater que tu n’y connais rien et que, en l’absence de Lys, tu redeviens chaque jour un peu plus le néophyte qui s’est présenté à la porte de son refuge un an plus tôt.
Toujours pour une histoire de poichigeon en plus.
Roulant doucement des yeux, tu ramènes finalement ton attention vers Pandore couché près de toi. Ou plutôt, lové. C’était un grand mystère que tu ne comprenais pas. Depuis votre retour dans la région, le cubone avait en horreur les basses température de saison et, pourtant, dès que tu l’invitais à rejoindre le confort de sa pokéball, il éclatait systématiquement en sanglots profonds. Tu n’étais pas dans sa tête. Tu ne comprenais pas la source d’une telle tristesse… Mais tu te doutais que Hazel devait y être pour beaucoup. Pandore supportait mal la solitude, les longs moments sans réconfort à ses côtés. Ça faisait partie de lui… Et c’était d’autant plus vrai depuis que la maladresse de ta bien-aimée n’éclairait plus vos journées ni vos cœurs congelés. À cette idée, une ombre traverse ton visage jusqu’à présent détendu. Elle te manquait. Un peu plus à chaque jour qui passait.
Tu devrais évoluer en Alolan Marowak si tu as tant froid., balances-tu sans arrière-pensée à l’attention de ton protégé. Curieux, celui-ci redresse légèrement le regard pour te dévisager malgré les soubresauts qui traversent son corps martyrisé. Je n’ai jamais visité Alola, mais il est dit que les cubones originaires de là-bas héritent du type feu en évoluant...
Et d’un autre type que tu ne mentionnerais pas. Mais qui te fait systématiquement regretter cette idée de mauvais goût, cette simple évocation d’une évolution dont tu ne souhaitais pas vraiment la réalisation. Te mordant légèrement la lèvre inférieure, tu dévisages alors doucement ton compagnon.
… Mais le type sol c’est mieux. Tu es très bien comme tu es, ne change surtout pas.
C’était con, vraiment très cons… Mais même avec le retour de Paradox et d’Ifrit dans ton quotidien, les peurs ne s’effaçaient pas. Tu avais fini par accepter la présence des deux spectres à tes côtés, mais l’idée de les accumuler était toujours une source d’angoisse que tu avais eu tôt fait de dissimuler au regard de Damien et de Lys. Pourtant, avant la centrale, l’affaire était presque bouclée… Alors pourquoi avait-il fallut régresser? Pourquoi avait-il fallut retomber dans les travers d’une peur aussi viscérale qu’illogique? Pour être tout à fait honnête, ce brusque retour en arrière t’avait longtemps découragé. L’idée de devoir apprivoiser ton équipe, refaire confiance à des pokémons qui n’avaient rien demandé… C’était sans conteste la raison pour laquelle tu préférais ne pas en faire mentionner sous le regard bienveillant des autres.
Parce que ce n’était pas normal, parce que les sévices d’une créature qui ne t’était pas liée ne devrait pas influencer ton amour pour celles qui t’accompagnaient au quotidien. Parce que c’était tout simplement honteux d’admettre que tu préférais ta vie avant qu’ils ne s’y invitent, avant que leur présence ne tourne à la malédiction.
Baissant légèrement le regard, tu prends une grande inspiration en ouvrant ton sac pour en sortir un paquet de biscuits achetés quelques minutes plus tôt à un stand non loin de Sunyra. À cet instant, tes yeux croisent alors l’un des trois oeufs que tu gardes précieusement sur toi. Par curiosité, sans doute, tu t’amusais souvent à alterner l’heureux élu qui se promenait dans l’incubateur que tu traînais religieusement à chaque sortie. C’était sans doute plus facile à gérer comme ça et… Tu craignais que, même inconsciemment, l’un des trois se sente plus choyé que les deux autres si tu t’entêtais à balader constamment le même. C’était une réflexion sans doute stupide… Les œufs pouvaient-ils seulement ressentir un lien d’attachement avant même qu’ils naissent? C’était une autre question que tu devrais poser à Lys. Décidément, on ne t’arrêtait plus aujourd’hui.
C’est donc ici que je te trouve, Izaiah ? Loin d’Exilar, il semblerait que tu saches te faire discret.
Cette froideur qui t’arrache à ta contemplation silencieuse, qui ramène ton attention en direction d’un visage que tu n’avais plus admiré depuis ta fuite injustifiée. Déglutissant, tu fixes Ethan quelques secondes. Tu n’avais pas oublié. Son visage s’était inscrit dans les méandres de ton esprit, dans cette catégorie poussiéreuse d’erreurs à ne pas répéter. Tu ne t’attendais pas à ça, pas aujourd’hui. Aussi, quand il te demande si tu as deux minutes pour discuter, tu ne peux qu’esquisser un sourire un brin malaisé.
Comment veux-tu réagir autrement? Tu l’as abandonné, tu es parti… Et c’est une vengeance dont il ne pourra jamais s’acquitter parce que tu t’es promis de ne jamais remonter sur scène. Pourquoi fallait-il que la confrontation ait lieu aujourd’hui? Tu ne comprends pas. C’est comme la migration des poichigeons et l’attachement présumé d’une coquille avant son éclosion : hors d’atteinte à ta compréhension.
Ouais pas de soucis… Tu en veux un?, proposes-tu d’une voix un peu gênée en tendant ton paquet de biscuits encore non entamé.
Depuis des mois… depuis des mois tu cherchais à pouvoir faire voir plein les couleurs à Izaiah. Depuis qu’il s’est enfui lâchement, depuis qu’il est parti en laissant derrière lui une foule qui l’acclamait, avide de le voir performer une dernière fois. Laissant derrière lui un coordinateur confus, et déçu de la situation dans laquelle le blond les avait entraînés de force. Laissant derrière lui un adversaire combattif, qui est désormais tourmenté par un ruban à ses yeux non-mérité. Parce que oui, encore à ce jour, malgré l’amnésie, malgré la confusion, et malgré ce brouillard qui plane dans ton cerveau depuis l’histoire de Voltapolis, tu te souviens de la déception lorsqu’Alaric t’as remis le badge, en te soufflant que tu allais pouvoir te reprendre au prochain… ce n’est pas le prochain qui t’intéressait. C’était un concours à en couper le souffle que tu voulais avoir eu. Et aujourd’hui, la seule chose à quoi tu penses c’est de lui remettre en plein visage comment tu t’es senti, ce soir-là, sur le bateau. Et pourtant…
Rien. Alors que tu as toutes les raisons de t’échauffer et de commencer à partir en vrille… rien. Un sentiment de vide. Un sentiment que tu connais beaucoup trop bien. Il est là, devant toi, prêt à t’écouter, t’offrant même un biscuit… il ne s’enflamme pas, pas comme toi tu l’es. Pourquoi arrives-tu à garder ton calme dans une situation où tu attendais le contraire...? Tu déclines son offre de biscuit, tournant les yeux au même instant. Ton Lycanroc, associable mais pas lorsqu’il s’agit de nourriture, n’hésite pas à emmener sa patte griffue vers le sac, et à piger dedans pour voler un biscuit, et alors qu’il l’apporte à sa bouche, tu vois là le seul moyen de pouvoir reprendre l’œuf. C’est pourquoi tu profites du léger moment de distraction pour pouvoir saisir l’œuf de tes deux mains et de pouvoir le tirer hors de sa poigne. Un grognement plus tard, et un petit ricanement triomphant, tu prends possession de l’œuf, le gardant dans tes bras maintenant.
Étrangement calme. Dur, froid, mais calme à la fois. C’est un drôle de mélange de ton de voix mais c’est tout ce qui arrive à sortir de ta bouche. Tu regarde le cubone tout près d’Iza et t’assois un peu plus loin pour ne pas l’effrayer. Tu ne connais pas vraiment ce Pokémon plu que son nom mais le crâne sur sa tête et l’os qu’il semble tenir en guise d’arme te semble menaçant, donc tu préfères garder une main protectrice sur l’œuf, au cas-où. Précaution, c’est le mot d’ordre de toutes situation.
« Maintenant que je t’ai enfin trouvé, j’aimerais que tu m’expliques ce qui s’est passé. Parce que clairement, on ne s’enfuit pas comme ça au beau milieu d’un concours sans raison. »
Dis-tu d’un ton ferme. Ce n’est pas un ordre, mais tu te fais comprendre que tu ne partiras pas de ce banc, et ne lâchera pas Izaiah tant qu’une réponse à ta question ne sera pas donnée. Tant que tout ne sera pas clair dans ton cerveau désordonné. Il ne le sait peut-être pas encore, mais tu es aussi hyper coriace lorsque tu cherches à obtenir ce que tu désires. Il te trouvera sûrement même un peu chiant.
Ton Lycanroc se met près de toi, ses pattes approchant bientôt l’œuf et ce n’est lorsque tu sens la griffe de ton compagnon contre le mince tissu de ton pantalon déjà un peu déchiré (non pas par accident, mais bien pour le style) que tu lui donne une légère tape sur la patte. Tu veux lui faire comprendre qu’il peut te laisser t’en occuper, mais il n’en est pas forcément ravi. Néanmoins, ce n’est pas lui qui va monopoliser ton attention aujourd’hui. Ou, du moins, pas en ce moment. Tu ne laisseras pas Izaiah t’échapper cette fois, tu as des choses à discuter avec lui, et la première se trouve dans ton petit sac. De ce dernier, tu sors une petite pochette qui ressemble beaucoup à un porte carte, mais lorsque tu l’ouvres, deux badges et le ruban bien distinctif d’Alaric. Celui que tu as gagné. Par défaut.
« Je sais pas si tu sais comment on se sent, lorsqu’on te donne la victoire par défaut ? Laisses-moi te dire que… ce n’est pas facile. Vraiment pas. Encore moins quand tu te sentais prêt à perdre contre quelqu’un de ton niveau. J’admirais tes prestations… pourquoi abandonner comme ça ? »
Juste d’en parler… tu sens un flot d’émotion se bloquer dans ta gorge. Un flot que tu dois arrêter puisque tu sais que, dans ton état actuel, essayer de trier le tout pour en faire une phrase bien construite serait un défi un peu trop gros. Si ce n’étais que toi, tu aurais envie de juste détacher ce ruban, et lui donner. Lui dire que tu ne veux pas d’un ruban sale d’une victoire non-méritée.
Parce que depuis le début, à tes yeux… Izaiah est le gagnant. Encore à ce jour.
Tu joues distraitement avec l’œuf sur tes genoux, retraçant doucement les quelques taches qui recouvre la coquille. Un soupir t’échappe à nouveau. Pourquoi te battre au fond ? Pourquoi ? Toujours des questions confuses dont tu n’arrives jamais à trouver les réponses. La seule chose qu’il te reste à dire pour te vider le cœur, elle te pend au bout des lèvres. Tu finis par t’échapper.
« Au fond, j’aurais aimé que tu le prennes, ce ruban. Je ne me suis jamais senti comme le bon propriétaire… tu m’as déçu Izaiah. Moi qui aie crue pendant un instant voir ta passion s’épandre sur scène… quel gâchis. »
La honte, tu connaissais bien. Depuis que tu étais de retour à Lumiris, depuis que tes pieds foulaient la même terre que tous ces gens abandonnés, elle ne te lâchait plus. En ce point, Hoenn était plus salvatrice que l’était ta région d’adoption. Vraiment. Malgré tout, le dernier mois et demi t’avait appris à garder la tête un peu plus haute et à cesser de chercher une fuite à toutes les confrontations. Parfois, il valait mieux assumer. Tu t’étais tiré. En plein milieu du concours, tu avais senti ton cœur se compresser et la panique prendre le pas sur tout ce qu’il te restait de courage à dresser. Ce n’était quelque chose que l’on pouvait expliquer, ce n’était une sensation que l’on pouvait justifier. C’était arrivé, voilà tout. C’était une nouvelle erreur à la liste interminable de toutes tes bavures, de tous tes cafouillis incessants. Ce n’était qu’une connerie de plus pour laquelle il te fallait désormais payer… Mais tu te doutais que, pour Ethan, ce n’était pas qu’un numéro parmi tous les autres. C’était plus facile de minimiser l’impact de nos trahisons lorsqu’on en était l’auteur plutôt que la victime.
Continuant de tendre ton paquet de biscuits à peine entrouvert vers le jeune homme, tu tentes de manifester cette insouciance qui te qualifiait autrefois. Et qui te qualifie encore parfois. Tu tentes un sourire à dresser contre sa froideur, contre l’amertume au creux de ses yeux. Mais c’est compliqué. Pourquoi est-ce toujours compliqué? Pourquoi ton existence était-elle semée d’embûches et de montagnes infranchissables? Parfois, tu avais presque envie d’abandonner. De tout envoyer en l’air. Ta vie y compris.
Ce n’est que lorsqu’il décline ton offre de biscuit et que celle-ci est alors naturellement redirigée vers ton lycanroc – tu n’avais jamais vu de lycanroc de tes propres yeux, mais tu avais regardé beaucoup de documentaires – que tu aperçois pour la première fois une toute autre facette du dresseur. Laissant le loup piocher, tu admires en silence et avec amusement leurs chamailleries autour de l’…oeuf. Curiosité. Et tes yeux qui s’illuminent malgré toi d’un point commun aussi impromptu qu’insignifiant.
Alors que, au fond, qu’est-ce que ça change vraiment?
Attrapant maladroitement un biscuit dans le paquet, tu le refermes avec un manque de grâce et de dextérité navrant pour quelqu’un qui célèbre son sixième mois privé de son bras. Mais qu’importe. Tant que tu es fonctionnel, tant que la vie continue, tu te moques un peu de ton manque aisance à accomplir jusqu’aux tâches les plus insignifiantes.
Maintenant que je t’ai enfin trouvé, j’aimerais que tu m’expliques ce qui s’est passé. Parce que clairement, on ne s’enfuit pas comme ça au beau milieu d’un concours sans raison.
Non. On ne part pas sans avertissement. Quand on est bien éduqué, conscient de la gravité de ses actes, on ne se barre par comme si tout était déjà gagné, comme si on avait rien de plus à se prouver. On reste. Jusqu’à la fin. Même si le monde s’écroule et que la terre cesse de tourner.
Glissant ton bras autour de ton sac et de l’incubateur qu’il contient, tu prends une grande inspiration en tentant de faire le tri dans ton esprit. Tu aurais aimé changer de sujet, questionner Ethan que le contenu du sien plutôt que d’expliquer. Mais ça aurait sans doute été comme une deuxième fuite et… tu te doutais que, si la première n’était pas passée, la deuxième serait on ne peut plus mal accueillie. Quand étais-tu devenu su lâche, si peu enclin à faire face à tes difficultés?
Je sais pas si tu sais comment on se sent, lorsqu’on te donne la victoire par défaut ? Laisses-moi te dire que… ce n’est pas facile. Vraiment pas. Encore moins quand tu te sentais prêt à perdre contre quelqu’un de ton niveau. J’admirais tes prestations… pourquoi abandonner comme ça ? Je sais exactement comment on se sent.
Parce que même si tu t’étais d’abord inquiété pour la santé de Vai’ata, même si tu avais tenté de justifier de tous les côtés, tu n’oubliais pas l’amertume lorsqu’Elexia t’avait tendu un ruban nullement mérité. Tu n’oubliais rien des remises en question, de l’impression de n’avoir jamais réellement remporté la victoire. C’était un sentiment qu’on ne pouvait évincer, qui nuisait nécessairement à toute progression… Car comment pouvait-on évoluer lorsque l’on était incapable de gagner?
Je suis désolé de t’avoir déçu… Vraiment., soupires-tu, l’air un peu plus sérieux, les yeux un peu plus coupables aussi.
Tu étais désolé de lui avoir fait connaître l’échec auquel Vai’ata t’avait toi-même confronté. Tu t’étais promis de ne jamais abandonner, de ne jamais faire connaître l’esquisse de cette déception à un autre que toi… Et pourtant. Tes belles promesses ne suffisaient pas à racheter tes actes passés.
J’aimerais te dire que j’avais une bonne raison de partir, que je n’avais pas d’autres choix… Mais je me suis simplement senti incapable de continuer. J’ai paniqué, j’ai pris peur… Et je me suis cassé.
Quelle réponse insatisfaisante. Tu en avais conscience et, pourtant, que pouvais-tu lui raconter sinon cette minable vérité? Peut-être qu’un mensonge aurait été mieux accueilli, peut-être que tu aurais pu gagner son pardon si tu lui avais dis que ta mère était entré à l’hôpital, que son père était sur son lit de mort. Mais tu t’étais promis, après Jade, de cesser tous ces mensonges incessants. Tu ne voulais pas te perdre, t’enfoncer davantage dans les faux tableaux et les fausses histoires.
Je voudrais tellement pouvoir faire quelque chose pour me rattraper, pour me faire pardonner...
Mais tu ne savais pas quoi. Parce que, quoi que tu dises ou que tu fasses, tu ne pourrais pas retourner sur scène pour offrir une véritable fin à votre affrontement. Tout ça, c’était derrière toi.
Et bien, dis donc… il dit comprendre ton sentiment… comment peut-il le faire vivre à quelqu’un d’autre, alors ? Comment peux-tu te sentir si peu méritant de quelque chose, et te dire que c’est correct de faire la même chose à quelqu’un d’autre ? Ça t’échappe. Toi, au moins, tu as eu la décence de déclarer forfait proprement, en ayant même t’excuser auprès du public ! Quoi que… c’est facile de faire une excuse pour essayer de se sentir plus valable qu’un autre. Mais au fond, tu ne vaux pas vraiment mieux, donc pourquoi est-ce que tu te prends pour quelqu’un de mieux ? Qu’est-ce qui te différencie, au fond, autrement que ces quelques mots que tu as dit à la foule avant de t’éclipser en arrière-scène et d’apprécier de plus loin les efforts que Jade mettait, alors que toi tu te prélassais. Au fond… tu ne vaux pas mieux Ethan. Tu as fait pareil, le fondement est le même. Tu as fui, et maintenant, tu essaies de trouver des excuses pour prouver que ce n’est pas ce qui s’est passé.
Cette simple pensée te fait baisser les yeux un peu. Comment peux-tu rester froid avec tout ça ? comment peux-tu continuer prétendre que tu vaux plus qu’un autre dans une situation pareille ? Tu continues de jouer le grand méchant loup, prêt à attaquer… alors que tu es à l’intérieur autant la proie. Tu as laissé quelqu’un gagner par défaut, alors que tu t’étais promis après Izaiah que tu ne laisseras personne vivre cette expérience. But here you are, being the worst version of yourself yet again.
Et le pire dans tout ça ? Tu aurais cru que l’autre blond aurait eu tendance à essayer de te prouver que tu n’as pas le droit de lui en vouloir, que tu as tord et qu’il avait des bonnes raisons d’agir de la sorte. Tu t’attendais à… un peu plus d’animosité de sa part. Mais rien du tout. Au contraire… il s’excuse. Ça te prend tellement de surprise que tes mains glissent un peu de ton œuf, qui bouge un peu sur tes genoux et glisse de tes bras. Au tour de ton Lycanroc de te reprendre la créature en coquille et de le cacher. Visiblement, son cookie n’est pas la seule chose qu’il voulait te prendre, dis donc. Tu soupires. Le combat est vain, et tu ne peux t’empêcher de juste secouer le poil de ton compagnon avant de le laisser placer l’œuf confortablement contre lui. Toujours aussi étrange, ce comportement avec les œufs.
Bref, retour sur Izaiah, et la situation délicate dans laquelle tu t’es mise. Tu fixes un instant le jeune homme, et tu pousses un nouveau soupir, cette fois-ci à son intention, et non celui du Pokémon près de toi qui fait toujours son petit spectacle de jalousie.
« Boarf… c’est pas si grave j’imagine. J’ai juste… je sais pas. J’aurais aimé que ce soit toi qui l’aie ce badge, au final… »
Et c’est vrai, ce que tu dis. Izaiah avait l’air d’aimer performer beaucoup plus que toi. Ou du moins, il était plus expérimenté, donc… perdre contre quelqu’un qui se donne à chaque prestation à son 100%, ça ne te ferait pas plus mal. C’est mieux que de perdre contre quelqu’un dont aucune passion n’est déployée, dont l’émotion est absente. Perde contre Izaiah… tu t’y étais préparé ce jour-là. Toute cette préparation pour rien. Tu refermes rapidement ton porte badge et rubans avec un nouveau soupire. Tu essaies de ne pas te laisser retourner dans ta froideur. Après tout… il semblerait que vous ayez tous les deux subi des conséquences de vos actions dans la centrale. Lui un bras, toi ton gros bon sens… autant te calmer un peu sur le masque, et juste… te laisser aller. Pour une fois. Tu n’as pas envie d’être aussi chiant que d’habitude… Profites-en Iza,
« Si tu veux me faire plaisir, et te faire pardonner… invites-moi au prochain. Et j’espère que tu vas tout casser, parce que sinon ce sera pas satisfaisant. »
Dis-tu d’un ton un peu désinvolte. Rien ne sert d’être rancunier et de continuer à être méchant avec un homme qui semble déjà brisé. Tu n’es pas du genre à taper sur quelqu’un qui est déjà au sol, parce que malgré ce que tu laisses paraître, tu as un cœur, caché sous toute cette couche de glace, il y a un cœur qui bat ! Surprise !
Alors que tu essayais de trouver quelque chose pour briser le silence, tu remarques Rooky s’avancer vers Izaiah et fixer l'incubateur qu’il tient près de lui. Tu ne peux t’empêcher de sourire en voyant la curiosité le prendre lorsqu’il remarque que l’œuf semble pris dans le tube de verre. Il approche sa patte, mais tu arrête son avancement, ton sourir ne te quittant pas.
« T’en fais pas, Rooky, c’est pour aider l’œuf à grandir comme il faut. Il n’est pas pris. »
Ton Pokémon te regarde, laisse échapper un grognement et repars, l’œuf toujours entre ses longs bras, tenu fermement sur ce torse poilu., et chaud. Comme une grosse couverture à œuf, il semblerait… tes yeux détournes ensuite vers le Pokémon d’Iza, un petit cubone qui semblait un peu triste. Tu connais l’histoire de ce Pokémon, donc tu ne peux pas lui en vouloir d’être triste, mais reste que ce n’était pas nécessairement joyeux à voir. Tu te tournes pour fouiller dans ton sac et tu sors une petite peluche Azumarill que tu as gagné dans une machine à jeux au centre commercial de Nemerya. Un petit goodies que tu n’utilises pas vraiment de toute façon…
« Tiens, p’tit bonhomme… un nouvel ami, si tu veux bien le garder »
Tu aurais pu lui mentir et t’inventer un prétexte pour mieux effacer l’amertume qui animait son regard… Mais les excuses, ça ne te ressemblait pas – contrairement aux mensonges. Ce jour-là, tu avais disparu parce que tu avais ressenti la nécessité de le faire, parce que tu n’étais pas dans ton état; parce que tu n’avais plus rien de l’étoile au rôle duquel tu prétendais. Ce jour-là, tu avais agis en couillard sans prévoir de véritable plaidoyer. Sans penser qu’un jour viendrait où il te faudrait te repentir. ECe n’était pas un acte de lâcheté dont tu étais fier. Tu étais capable de l’assumer, mais certainement pas de t’en vanter : la colère d’Ethan était légitime. Tu ne pouvais pas t’y soustraire, tenter d’argumenter ou renverser la balance. Il ne te restait qu’à garder la tête haute et acquiescer. C’était le seul droit qu’il te restait ainsi que le peu de ton honneur qu’il était encore possible de préserver.
Mais, visiblement, ta réponse n’est pas de celles qu’Ethan attendait. Sous tes yeux, la surprise s’empare des traits de son visage alors que ses bras relâchent l’oeuf qu’il gardait jalousement contre lui, permettant au Lougaroc de le récupérer sans plus de difficulté. As-tu dis quelque chose de mal? La question ne te quitte plus. Inquiet, tu fronces légèrement les sourcils en ramenant ton sac et l’oeuf qu’il contient près de toi. Peut-être vaut-il mieux partir? T’excuser, ne pas insister; foutre le camps. Tu es certain que ce serait mieux pour vous deux, moins compliqué surtout. Soupir. Soupir qui franchit tes lèvres et se cogne à tes tympans comme mille jugements douloureux.
Sauf que ses mots ne sont pas ceux que tu imaginais et, doucement, tu sens la tension abandonner tes épaules. Tu es déçu. Pas déçu de sa réaction, mais déçu qu’il ne sache pas apprécier le ruban qu’il a gagné… Car, oui, quoi qu’il en dise, ce ruban, il l’a mérité. Ethan avait été un véritable adversaire, de ceux qui ne te laissaient pas te reposer sur tes lauriers. Il t’avait opposé une véritable résistance, c’était montré aussi ingénieux que percutant… Alors même si ce ruban n’avait pas été gagné à la loyale, dans le respect des règles ancestrales, tu refusais de l’entendre dire qu’il n’en méritait pas la couleur.
Je suis content que ce soit toi qui l’ait eu, murmures-tu alors d’une voix sincère, les circonstances entourant ce concours ne rendaient pas justice à l’énergie que tu y as déployé… Tu étais beaucoup plus passionné que moi, beaucoup plus investi. Bien plus magnifique. Je ne t’ai pas respecté ce jour-là, autant en tant qu’adversaire qu’en tant qu’être humain. À bien y penser, quelqu’un comme moi ne méritait pas la victoire… J’ai craché sur toutes les valeurs et tous les messages véhiculés par la coordination et je l’ai traité comme un vulgaire concours dans lequel seule la victoire comptait au dépend de tout le reste. J’ai vraiment été un enfoiré.
Tu t’arrêtes de parler, reprend ton souffle sans t’indigner de l’air frai qui agresse ta trachée et tes poumons. Tu es content de l’avoir dit. Ce n’était pas pour de diminuer, pour te placer en victime… Mais tu t’étais rabattu sur la coordination parce que, privé de l’hôpital, tu ne savais plus comment exister. Tu avais craché ton mal de vivre sur le domaine artistique en croyant que tu y trouverais une raison d’être et tu t’étais perdu dans ta quête. Tu avais cessé de ressentir la scène, d’éprouver la moindre passion à l’idée de te présenter devant le public… Tout ce qui comptait, c’était la victoire; écraser ton adversaire, l’humilier. Tout était devenir mécanique, calculé, hypocrite.
Vraiment, Ethan ne méritait pas de perdre contre un abruti irrespectueux. Et même s’il serait peut-être difficile de le lui faire entendre raison, tu ne lâcherais pas le morceau.
Il n’y aura pas de prochain...
Réponds-tu simplement. Tu ne veux pas faire de fausse promesse, ouvrir la porte à un éventuel retour de ta part : ça n’arrivera pas. Et même si ton cœur en mourrait d’envie, ton cerveau ressassait sans cesse le visage de Kotetsu à la centrale : il avait été ta condamnation, ta mise à mort. Les dégâts que tu gardais des attentats allaient beaucoup plus loin qu’un simple bras perdu.
Mais qu’importe. Tu n’as pas le temps d’y penser, te morfondre sur la vie que tu avais laissé dans les débris.
Sitôt que ton regard se perd, c’est pour mieux se poser sur le lougaroc d’Ethan qui s’approche de l’incubateur que tu gardes précieusement près de toi. Tu esquisses un sourire, laisse tes doigts caresser la surface de verre de l’objet. Tu avais toujours préféré protéger tes œufs lorsque tu les transportais. Une histoire de chaleur, certes, mais aussi de garanti contre tes maladresses. Aussi, tu ne savais pas ce que ce truc contenait, mais tu refusais d’être responsable de sa mort prématurée. C’était ta seule chance – enfin, lui et ses deux autres frères trouvés sous ta fenêtre – de libérer ton appartement des griffes des spectres qui le hantaient : tu n’allais certainement pas cracher dessus. Cette chose vivrait. Quel que soit son opinion à ce sujet.
Oh..., murmures-tu.
Tu t’apprêtes à parler, à dire quelque chose, mais la scène qui se dévoile sous ton regard attendri te réduit au silence. Les yeux gorgés d’eau et grelottant de froid, Pandore fixe Ethan d’un œil incertain. La peluche ne quitte par son champ de vision : il hésite. Une seconde puis deux… Mais cède rapidement à la tentation. Étirant ses bras vers Ethan, il réceptionne l’objet contre lequel il ne tarde pas à se lover. Non sans lui avoir donné un coup d’os sur la tête pour s’assurer qu’il n’allait pas l’attaquer.
C’est gentil...
Remontant légèrement ton foulard, tu déposes alors une main sur la tête de ton protégé.
Il vit particulièrement mal l’absence de Hazel… Enfin, de sa dresseuse.
Tu ne sais pas pourquoi tu lui parles de ça, pourquoi tu te confies à ce sujet… Mais les mots sortent d’eux-mêmes de ta bouche et, sans t’en rendre compte, tu déballes ta vie comme un mauvais paquet cadeau.
Il n’était pas aussi triste à Hoenn, mais c’est difficile pour lui d’accepter qu’elle n’est plus là. Je crois que les Cubones ont tout particulièrement besoin d’une figure maternelle et que je viens de le priver la sienne...
Rire étouffé, un peu triste. Parce que Pandore n’était pas le seul à souffrir de l’absence de ta bien aimée, de ton âme-sœur abandonnée… Mais un jour viendrait où vous n’auriez pas d’autres choix que de la surmonter. Même si tu voyais difficilement comment vous vous débrouilleriez…
ELe banc de parc sur lequel vous êtes assis, tu ne peux t'empêcher de le trouver peu confortable. Surtout dans le contexte d'une discussion aussi… animée. Quoi que, il n'est pas question ici d'une discussion enflammée par la rage, la colère et l'envie de revanche. Ce n'est pas non plus une discussion prise par l'amertume, la mélancolie, et la tristesse de gestes regrettés. Enfin, pour toi… Pour Izaiah, c'est peut-être le cas. Parce que clairement, même si tu t'étais attendu que ces retrouvailles allaient être fastidieuses et révoltantes, ce n'est pas le cas. En soi, tu ne t'attendais pas à ce qu'Izaiah se tienne aussi responsable de son départ, tu t'attendais à des excuses ici et là, pour tenter de justifier un acte de lâcheté, mais non. Même pas. Et pourquoi t'acharnerais-tu sur lui en sachant qu'il se tient entièrement responsable de ses actes ? Tu n'es pas un être méchant ni quelqu'un qui aime taper sur les gens pour le simple plaisir de taper. C'est sur cette idée que tu as lâché prise sur le fait d'attaquer l'homme avec tous ces mots qui avaient auparavant traversé ton esprit.
Toi qui s'était préparé à une sorte de bataille entre toi et lui, tu as fait un peu tout ça pour rien. Tant de minutes passées à essayer de trouver les mots qui sauraient frapper et le faire se sentir mal… juste le fait de le croiser semblait avoir eu assez d'impact, voir un peu trop. Tu es surpris, c'est vrai. Au fond, tu ne connais pas grand-chose de lui, et il ne mérite sûrement pas toute cette colère.
Tu es tiré de tes pensées par l'autre blond qui commence à parler du concours, et du fait que tu mérites ce ruban autant que lui. Ça fait des mois que tu es convaincu du contraire, et ta commotion t'a peut-être fait oublier certaines choses, il n'en reste pas moins que tu te souviens bien d'avoir admiré chaque minute, non, seconde des prestations d'Izaiah. Alors que toi, tu te concentrais à créer objets par-dessus objets avec la glace, lui s'était contenté de ce qu'il avait pour en faire des prestations admirables, et fortes en émotions. Tu visais la quantité, lui la qualité. Il avait de l'expérience, toi non. Tout ce qu'il faisait était calculé, toi s'était basé dans l'impulsion. Attention tu ne penses pas que tu as été mauvais, ça non. Tu as travaillé en équipe, et tu as su utiliser au maximum le potentiel de ton équipe. Mais tu n'étais juste… pas prêt. Et encore à ce jour, le dernier concours que tu as fait, tu n'y étais pas plus prêt non plus. C'est pourquoi de nouveau, tu ne peux te convaincre d'avoir été meilleur que lui, tout simplement parce que tu ne l'étais pas, et tu ne le seras pas non plus.
Pour être bien franc avec toi, Izaiah… je suis là, aujourd'hui, à critiquer ton choix, alors que je n'ai pas su faire mieux que toi, moi aussi. Récemment, je suis allé participer à un concours… et j'ai abandonné aussi. Parce que toute cette passion que tu as pu voir dans notre concours… elle n'est plus. Les prestations artistiques… ce ne sont pas mon fort, parce que j'ai beaucoup trop de doute, et de grandes attentes envers moi-même. Finalement… j'essaie de te faire la morale sur quelque chose que… que j'ai fais moi-même. Ironique, non ?
Et voilà, c'était dit. Tu te frottes l'arrière de la tête, à la base de la repousse de tes cheveux, démontrant un certain embarras. AU fond, tu te ridiculises un peu en faisant tout ça, quand tu y pense bien. Et c'est dans ces moments que tu aurais masqué ton embarras en serrant l'œuf contre toi, ou en lui parlant comme si c'était un petit bébé, mais malheureusement tu ne peux plus t'échapper de la sorte puisque c'est ton Lougaroc qui fait ça en cet instant, cajolant l'œuf et grattant un minimum la coquille à l'aide de l'une de ses longues griffes. Il est si gaga avec les œufs, ça ne fait aucun sens avec sa personnalité de tous les jours, mais soit. Tu ne vas certainement pas lui en empêcher, mais il faudra bien que cet œuf s'habitue à ta présence aussi. Tu n'es pas jaloux.
… ou peut être un peu. Une chose est sûre, tu es heureux d'avoir pu offrir la petite peluche à ce petit Pokémon. Les petit Cubone sont des êtres si apeurés, peut-être que cette peluche pourra lui donner un minimum de quoi sourire un peu. Et quand tu apprends son histoire, tu comprends un peu plus pourquoi il pleurniche un peu plus. Perdre sa mère et porter son crâne sur sa tête, puis perdre sa dresseuse par la suite, ça ne doit pas être facile. En étant toujours à son premier stade d'évolution, il a l'air d'un bébé, un jeune Pokémon qui, du haut de ses quelques dizaines de centimètre, en a vécu beaucoup. Tu perds un peu ton sourire.
Tu sais, je suis encore aux études mais…
Commences-tu en scrutant un peu le Cubone et sa façon d'interagir avec la peluche, s'assurant qu'il n'est pas en danger en tapotant dessus. Réflexe primitif, mais totalement légitime. Ses larmes n'ont heureusement pas causés d'irritation sous ses yeux camouflés par le masque, ce qui est une bonne chose, et malgré sa tristesse, il semble bien se porter. Il est peut-être à la limite de la dépression, si tu es honnête, mais ce genre d'information ne peut être confirmé que par un médecin. Il semble, malgré tout, se diriger vers une bonne voie avec Izaiah.
… mais malgré les apparences, il va quand même bien, ton Cubone. Il est triste, ça se voit, mais il ne semble pas mettre s a santé en péril pour autant, ce qui est très bien. Ne lâches pas tes efforts avec lui, je suis certain qu'ils porteront leurs fruits un jour.
Dis-tu d'un ton plus amical, et solennel. Suite à tes paroles, ton Lycanroc avait fixé l'incubateur, et avait tapoté légèrement sur la vitre. Tu t'es ensuite interposé du revers de la main, poussant un soupir.
Concentre-toi sur le nôtre, si tu y tiens tant… et laisses celui d'Izaiah tranquille.
Le ton que tu emploies est ferme, mais pas sévère. C'est simplement pour lui faire comprendre que ta demande est à prendre au sérieux. C'est Capucine qui t'a dit d'arrêter de toujours les chouchouter, et de savoir imposer tes limites, chose que tu fais à l'instant même. Le Pokémon grogne un pu mais vient se placer près de toi sur le banc, en blocant l'œuf dans le coin de son coude, au milieu de son trop long bras.
Il contient quoi, le tien ? Un destinataire mystérieux m'a laissé le mien avec une note le jour de Noël. Il s'agirait d'un œuf de Pichu, si j'ai bien compris.
Tu n’étais pas fait d’orgueil et de fierté; tes erreurs s’empilaient jusqu’à masquer la couleur du ciel et tu le savais. Tu l’assumais en te répétant que la perfection n’était pas de ce monde, qu’il valait mieux une vie parsemée d’embûche qu’une existence égrainée dans l’inactivité. C’était là ta conviction, la seule certitude qui te permettait d’avancer malgré tout le mal que tu avais semé derrière toi. Tu étais un être humain comme tous les autres, un être humain gorgé de faiblesses et de failles qu’on entendait qu’à exploiter… Elle était là, la vérité. Derrière tes sourires et ton calme herculéen, ta carapace était parcourue de cratères qui n’entendaient qu’à s’écrouler.
Néanmoins, en écoutant Ethan, c’est une moue de déception qui traverse ton visage serein. La passion qui s’étiole et le besoin de performances étaient trop souvent liés pour que tu y demeures insensible. Ça n’avait jamais été ton problème, non, mais tu voyais sans peine les conséquences qu’il pouvait en découler. Ça te brisait un peu le cœur. Ça te brisait le cœur de voir des gens plein de talents perdre le goût parce qu’ils ne répondaient pas à leurs attentes insensées, par dix fois plus irréalistes que celles que quiconque plaçaient en eux. Tu savais, toi, si tu avais pu, tu aurais aimé retourner sur scène. Tu aurais aimé avoir le courage de traverser la foule de rires et de larmes, aimé venir à bout des peurs qui te tétanisaient… Alors pourquoi? Pourquoi se limiter, pourquoi ne pas simplement profiter du moment présent, de la scène et des réactions arrachées? Tu ne comprenais pas. Mais tu supposais que chaque homme était unique, qu’il était impossible de se mettre à la place de tous et chacun – et ce n’était pas à défaut d’avoir longtemps essayé.
En silence, tu ramènes ton attention vers Pandore et son obsession du moment. Plus d’une fois, il tape la peluche comme pour s’assurer de son confort et, plus d’une fois, il acquiesce d’un air satisfait avant de se relover contre elle. Tu ne savais pas à quel point elle le réchauffait, à quel point elle faisait barrière à sa peau étrangère aux températures négatives… Mais tu espérais que cette présence lui ferait un peu de bien, qu’elle suffirait à lui offrir quelques minutes ou quelques heures d’accalmie. Tu faisais constamment passer les intérêts du cubone avant les tiens, mais il était terriblement difficile de concilier ses caprices et le gros bon sens. Normalement, tu l’aurais rendu au confort de sa pokéball, mais le pokémon sol refusait catégoriquement d’y retourner. Même lorsqu’il faisait froid. Même lorsqu’il pleuvait. Même lorsqu’il était fatigué. Tu ne savais plus comment y faire face, comment te faire respecter.
C’est gentil de me rassurer..., remercies-tu Ethan.
Tu étais content que Pandore ne soit que capricieux et non pas souffrant. Enfin, physiquement souffrant. Tu ne diminuais pas l’importance de sa douleur psychologique, de son sentiment d’abandon, mais tu savais que le temps guérissait plus efficacement les blessures du cœur que celles du corps.
Je ne pense pas qu’il finira par l’oublier, mais j’imagine que la plaie se refermera tôt ou tard… Hazel n’aurait pas aimé le voir dans cet état.
À l’évocation du nom de la demoiselle, le petiot relève alors son regard vers vous. Pendant un instant, tu es certain que ce sont de nouvelles larmes qui menacent ses grands yeux, mais, si le cubone ressent en lui l’envie d’éclater en sanglots, il n’en fait rien. À la place, il replace son visage contre le marill, te laissant dans l’incompréhension la plus totale.
Tu soupires jusqu’à ce que ton attention soit redemandée ailleurs, vers le fœtus encoquillé que ton sac tient toujours désespérément au chaud. Penchant légèrement la tête sur le côté, tu regardes le Lougaroc qui s’y intéresse de nouveau et tu te demandes, un peu en vain, si son obsession ne viendrait pas de ce que la coquille contenant l'être en chargement cache en elle plutôt que l’objet en lui-même. Tu aimerais bien y croire. Ça te ferait plaisir d’apprendre de cette manière que le Pokémon qui s’apprête à naître est de type roche et qu’il en va de même pour ses frères restés à l’appartement. Mais peut-être est-ce trop demandé. Probablement même.
Un destinataire mystérieux?, t’amuses-tu doucement en regardant le pokémon à en devenir entre les bras du pokémon devenu – écoute je fais mes phrases avec les moyens du bord.
C’est le genre de cadeau qui fait toujours plaisir. Tu le sais. Sauf si le fœtus en formation n’est en réalité qu’un explosif dissimulé sous le couvert de quelque chose de mignon et inoffensif. Au tel cas, c’est beaucoup moins mignon.
Il ferait pas tic tac à tout hasard? T’as déjà essayé de le secouer un peu?
Ta gueule Iza. Comme à ton habitude, les mots dépassent ta pensée et, réalisant l’absurdité de tes paroles, tu te pinces doucement les lèvres.
Je n’en ai pas la moindre idée.
Autant se contenter de réponse aux questions qu’on ta posé. Ça t’évitera d’autres bavures.
Je l’ai découvert dans un nid sur le rebord de ma fenêtre, un très grand rebord, je précise, avec deux autres semblables et la mère n’a donné aucun signe de vie… Je me disais que c’était sans doute dangereux pour eux de les laisser-là alors je les ai pris. T’en penses quoi?
Parce que Ethan semblait s’y connaître. Tout comme Lys. Et Hazel. Et tout le monde sauf toi.
Le soleil commençait à descendre un peu dans le ciel, prenant cette petite teinte orangée qui tire sur le rose. Le fait que le soleil se couche vient aussi apporter sa petite modification de température. Le froid de l'hiver n'est pas ta chose préférée, et tu sais que choisir Windoria comme lieu de résidence n'était pas la meilleure des idées dans ce cas. La neige est quelque chose qui y est présent presque sinon tous les jours, sans oublier les quelques bourrasques de vent qui semblent venir de la forêt, qui séparent la région urbaine de la grande arène de glace. Capucine et ses combats… ses blizzards de l'enfer, et ses missions sauvetages dans cet endroit qui lui sert de refuge. Tu ne crois pas que ce soit elle la raison de cet hiver éternel, mais clairement que sa présence et ses entraînements multiples n'ont pas aidé à réchauffer la région, disons-le ainsi.
Capucine… elle-même étant devenue la coquille d'un être en processus de création continu. N'est-ce pas là quelque chose qui te surprend plus que tout ? Elle qui n'avait jamais su te montrer une once de douceur de son âme, sauf la fois où elle avait fait des bonhommes de neige en guise d'épouvantails… dire qu'elle t'avait cru ! Bref, pour une raison étrange, l'être vivant entouré de son bouclier de calcium te rappelait le bébé qui était dans le ventre de la championne. Et ça te fait baisser la tête. Tu dois devenir plus fort, et plus rapidement que prévu. Le froid, elle ne pourra pas constamment le surmonter, et encore moins cet enfant naissant. Tu vas devoir prendre sa place, pour sa santé à elle et celle de sa nouvelle famille.
Au fond… en ce moment, c'est comme si tu étais le parent de ce petit bout. Il n'attend que ça, pouvoir sortir de sa carapace blanche et fragile pour se dévoiler au plein jour… c'est d'ailleurs pour la raison que tu es surpris de voir l'être ovale se secouer doucement entre les bras de ton Lycanroc, qui se relève avec un élan de surprise. En même temps, que tu es habitué de le voir constamment inerte et immobile, il est clair que ça surprend. Tu déposes une main contre la patte de ton Pokémon pour le rassurer avant de le laisser retourner à son chouchoutage de pré-omelette. Ton regard retourne plutôt vers Izaiah, qui te parle du petit Cubone, désormais entouré par l'ombre d'un arbre bloquant le soleil couchant.
Je sais… il est rare qu'un Pokémon puisse oublier quelqu'un qui leur est cher… à moins qu'il soit trop jeune pour se rappeler… il a l'air d'avoir si froid, je peux te prêter mon écharpe si tu veux.
Dis-tu en réalisant que les tremblements de la pauvre bête endeuillée n'avaient pas cessés. Tu ne connais pas grand-chose aux Cubones, mais tu ne penses pas qu'il soit normal pour eux de trembler de la sorte. Mais dans un sens, tu te mêles de quelque chose qui ne te regardes pas, donc tu verras bien ce qu'Izaiah te répondra. Tu entends un bruit de grattement suite aux paroles de l'autre blond, remarquant ensuite ton Pokémon essayait de réduire la barrière qui le sépare du Pokémon à l'intérieur. Tu pousses sa patte un plus loin, grognant.
Rooky, fais-gaffe au petit. S'il lui arrive quelque chose je ne te le pardonnerai pas avant un bon moment.
Les menaces ne sont jamais vraiment ta tasse de thé mais le Pokémon loup arrête sa maltraitance et pousse un soupir. Tu tournes la tête vers Izaiah, ne voulant pas lui dire que tu trouvais ses mots un peu ridicules. Donc tu pousses un petit rire un peu mal à l'aise, gêné, et forcé. Bref, au final, il comprendra sûrement ce que tu penses de tout ça quand même, mais au moins, tu as essayé.
Je veux bien que les temps soient assez incertains en ce moment à Lumiris mais… je ne pense pas que les criminelles perdraient leurs temps à distribuer des bombes camouflées dans une coquille partout dans la région. Sinon… le tien constituerais un danger aussi, non ?
Raisonnes-tu avant de regarder l'incubateur un instant. Quoique… avec Mistral, tu ne sais jamais ce qui peut arriver. Ces gens sont des criminelles, donc forcément ils connaissent quelques trucs, et veulent semer le chaos. Pour la peine, tu ne commenceras pas à penser à ça, sinon, tout le monde deviendra un potentiel suspect, et tu n'as pas vraiment la capacité de gérer avec ce genre d'anxiété en ce moment. Déjà que tu n'aimes pas les gens de base, ce serait une mauvaise idée d'empirer le tout. Ta main se pose distraitement contre la barrière de nutriment plus fragile que le verre avant de penser un instant.
J'aimerais te dire que je peux le savoir, mais je ne peux pas vraiment t'aider… à moins de connaître les parents qui se sont accouplés, savoir ce que contient ton incubateur est très difficile. Sauf si c'est une bombe, là, on est tous les deux foutus je pense.
Dis-tu avec un petit rire qui t'échappe bien malgré toi. Depuis quand es-tu sociable ? depuis quand sais-tu comment taquiner les gens ? Ça ne te ressemble tellement pas. Tu resserres de nouveau ton écharpe autour de ton cou et c'est à cet instant que tu réalises que quelque chose à changer, à part le mercure du thermomètre qui continue de descendre. Non… il manque une sensation, quelque chose qui ne t'avais pas quitté jusque-là. C'est… les tremblotements. Tu ne sens plus rien sur le petit banc, comme si le Cubone venait de disparaître. Mais pourtant, alors que le soleil commence à laisser place è la lune et à sa couverture étoilée, tu remarques que l'être est toujours là. Tu reprends ton être encoquillé contre toi malgré les plaintes du Pokémon qui le tenait, entourant ce dernier de ton manteau pour éviter que le froid ne fasse une nouvelle victime. Parce qu'il ne bougeait plus, et que… même les respirations saccadées par les larmes ne semblaient pas se manifester.
E-Euh… Iza, je… je pense que quelque chose ne va pas…
Dis-tu, n'osant pas trop tapoter le cou de la bête mais te rendant compte de l'urgence de la situation. Tu glisses tes doigts en dehors de ton manteau et tâte, à la recherche de la veine carotide. Tu appuies, l'espoir montant en toi. … Puis rien. Tu redonnes rapidement l'être en développement entre les mains de ton acolyte et tu sépares le petit Pokémon de sa peluche afin de déposer tes doigts sur son torse, en appuyant doucement. Eh merde… allez, Pandore, reviens… Grognes-tu, restant assez calme dans cette situation tragique. Parce que tu y étais formé, et que tu devais, non, allais le faire revenir.
Tu n’étais pas quelqu’un de spécialement méfiant ou conspirationniste dans l’âme. Tu ne croyais pas que le mal parcourait toutes les artères de la terre, qu’il ne subsistait, en ce monde, que la désolation et que le mal rayerait tôt ou tard toute autre forme de vie sur terre. Ce genre de discours illuminé n’avait jamais pris racines dans ta bouche ni dans tes pensées… Et c’était quelque chose que la centrale n’avait pas suffit à changer. Elle t’avait rendu plus réaliste, moins idéaliste, mais pas déconnecté. Ce genre de réflexion sans queue ni tête, ce genre de théorie sans fondement réel, c’était plus le fruit d’un esprit un peu à l’ouest qu’autre chose. Tu étais comme ça, parfois un peu difficile à suivre, mais certainement pas stupide. Tu formulais simplement tes pensées avec trop de facilité.
Regardant Ethan avec intérêt, tu penches légèrement la tête lorsqu’il te renvoie au danger que constitue ton propre protégé. Tu n’y avais pas pensé. Comme si le fait de trouver trois pokémons à devenir sur le rebord de ta fenêtre constituait une défense suffisante... Étonné, tu ramènes ton regard vers l’incubateur et l’être qu’il contient. Tu déglutis doucement.
Mais j’en ai deux autres comme ça à l’appartement..., t’étrangles-tu.
Tu n’as pas vraiment peur, mais l’idée te désillusionne. Si tu dois avoir trois bombes de cette grosseur dans le confort de ton appartement, alors autant que tu le saches maintenant. Mais ça n’a aucun sens de penser ainsi, n’est-ce pas? Après tout, quels sont les risques pour que cette sombre théorie se concrétise, se montre véridique? Aucun. Il n’y a aucun risque pour que ça arrive. Et tu le sais, alors pourquoi n’es-tu pas capable d’effacer cette blague de ton esprit?
Serrant légèrement l’incubateur contre toi, tu prends une grande inspiration. Ce truc n’explosera pas. Autrement, Ethan a raison : vous êtes tous les deux foutus. Et, jusqu’à présent, tu es toujours vivant. Ça fait quasi deux semaines que tu as trouvé le nid et, franchement, qui indique au détonateur d’un explosif de faire « boom » deux à trois semaines après sa mise en place? Personne. Ce n’est pas logique. Et voilà qui suffit à te rassurer assez pour décrocher un sourire à Ethan.
Ce n’est pas très grave… On verra bien quand ils écloront. S’ils n’explosent pas avant bien entendu., réponds-tu avec un brin d’autodérision.
L’ambiance était légère, comme si les démons qui vous grugeaient de l’intérieur s’étaient temporairement retirés, avaient pris congé. Depuis combien de temps ne t’étais-tu pas senti aussi tranquille? Était-ce le fait d’avoir régler un vieux dossier qui te donnait cette impression de légèreté? Tu ne savais pas… Mais tu te sentais étonnamment bien. Pour le moment.
Car les choses ne tardent pas à déraper. Sous ton regard gorgé d’incompréhension, Pandore cesse de bouger et, naïvement, tu crois qu’il s’est endormi lové contre la peluche. Pour toi, c’est presque attendrissant… Mais c’est simplement, car tu ne peux pas envisager qu’il puisse en être autrement, qu’il puisse y avoir une autre explication à cette absence de mouvement. Malheureusement – ou heureusement, Ethan ne l’entend pas de cette oreille. En deux, deux le voilà qui se met à appuyer sur le torse de ton pokémon.
Tu ne comprend pas.
Complètement tétanisé par l’urgence de la situation, tu te redresses brusquement en abandonnant la prison de calcium sur le banc, à l’abri de tout intempérie. Instinctivement, tes doigts commencent à se triturer les uns les autres, trahissant l’inquiétude qui monte en flèche en toi. Respire Iza. Ça ne peut pas être ça, ça ne peut pas être vrai. Ce que tu vois, la scène qui se déroule sous tes yeux exorbités n’appartient pas au domaine du réel. Tu hallucines, c’est un cauchemar : rien de tout ça n’est vrai. Et pourtant, les mots d’Ethan, eux, n’ont jamais été aussi vrais et limpides qu’en cet instant :
Eh merde… allez, Pandore, reviens…
Ton cœur cesse de battre alors que, en proie à l’incompréhension, tu fixes la scène d’un œil étranger.
Il… Il est mort?, murmures-tu d’une voix étranglée.
Comment est-ce possible? Tout allait bien pourtant… Pandore avait froid, mais c’était toujours ainsi quand il marchait avec toi. Depuis votre arrivée à Lumiris, il n’avait rien voulu entendre lorsque tu lui proposais et même lorsque tu insistais pour le rentrer dans sa pokéball. À chaque fois, il se mettait à pleurer, il geignait et frappait le sol de son os afin de trahir son mécontentement… Comment en étiez-vous arrivé là? Incapable d’analyser la situation, tes propres larmes refusent de couler. Tes yeux ne quittent rien des tentatives d’Ethan pour ramener Pandore, mais ton cerveau ne tire plus la moindre conclusion logique. Tu es simplement planté près d’eux, l’âme tétanisée et les yeux secs de toute larme. C’est irréel. Complètement irréel.
Plusieurs secondes s’écoulent ainsi dans le silence et l’incompréhension. Plusieurs secondes qui, à ton cœur, sonnent comme une éternité bafouée. Rien ne va, rien ne sera plus jamais comme avant. Pandore était le dernier lien qui t’unissait à Hazel … et tu l’avais tué. Car, oui, c’était ta faute : tu aurais dû insister, le remettre dans sa pokéball même s’il n’entendait pas à t’écouter. Tu aurais dû… Tu aurais dû…
C’est ma faute, mais qu’est-ce que j’ai fa-...
Phrase interrompue par une soudaine lueur qui, doucement, englobe le corps du petit pokémon. Surpris, tu esquisses un pas vers l’arrière : les dieux sont-ils en train de le rappeler? Est-ce que ça ressemble vraiment à ça la mort? Tant de questions et très peu de réponse. Quand la lueur disparaît, tu sens un frisson d’horreur parcourir ton échine alors que l’incompréhension laisse peu à peu place à l’effroi.
… Qu’est-ce que ça veut dire?
Sous tes yeux, ce n’est plus Pandore. Enfin, ce n’est plus Pandore tel que tu le connaissais. C’est autre chose. Autre chose dont le corps violacé et le feu aux extrémités de l’os ne peuvent pas mentir. Ce truc est mort puis a rez; c’est donc un fantôme. Ou un spectre, en d’autres termes.
La panique avait pris le dessus. Tu ne comprends pas trop ce qui a pu se passer non plus. Malgré le froid, Pandore semblait en très bonne santé, et puis, bon, la température avait certes descendu suite au coucher de l'étoile la plus grosse du système solaire, mais pas au point d'en faire paniquer les Pidove environnant. Tu commences à te demander … est-ce que le froid est réellement la raison de ce décès prématuré ? Tu en doutes. Les vents plus frais n'ont certes pas aidé mais il y avait quelque chose d'autre derrière.
… le chagrin, sûrement. Perdre sa dresseuse devait être un choc émotionnel trop grand. Perdre sa mère et porter son crâne sur sa tête, ensuite perdre une nouvelle figure maternelle à laquelle on est attachée… c'est beaucoup, pour un petit Pokémon. Beaucoup trop à vivre dans un court laps de temps. Un petit corps, si faible, si fragile… qui n'a pas su survivre à de gros chocs émotionnels. Pourtant, tu avais beau essayer de le réanimer, et tu n'y arrivais pa. Il avait une bonne santé, des poumons fonctionnels, un cœur qui battait… un être si jeune est en assez bonne santé la majorité du temps pour pouvoir subir une réanimation, sans oublier que tu as été rapide à agir. Peut-être… pas assez ?
Tu t'en voudrais d'avoir été incapable de sauver le Pokémon d'izaiah. C'est pour ça que tu continues, au point où ta tête commence à tourner. Ton Lycanroc est alerté par ton stress et serre automatiquement un peu plus l'être en chargement dans son réceptacle naturel, comme pour le protéger de cette menace qui semble peser sur son dresseur. Pourtant, la seule menace qui te pèse dessus… c'est toi-même.
Parce que tu n'arrives pas à le ranimer.
Izaiah, ce n'est pas le moment de te culpab- Ouah !
Alors que tu continuais ton massage cardiaque, tu es légèrement aveuglé par cette lumière qui entoure le Pokémon que tu essaies de réanimer. Pour une raison que tu ignores, tu dois reculer ta main, parce qu'une chaleur soudaine et assez vive émane du corps de ton « patient ». Tu ne comprends pas trop ce qui se passe… peut-être est-ce une résurrection divine ? Ce cubone a-t-il été choisi par la nature pour qu'il puisse revivre une vie meilleure ? Voyons Ethan, les miracles n'existent pas, tu le sais bien. Alors, pourquoi avait-il réchauffé comme ça.
C'est peut-être lui, la bom- AAAH !
Un cri t'échappe, pas le genre de cri viril, masculin ou un cri qui démontre un courage imminent. Non, c'était le genre de cri qu'une fillette de 10 ans devant les monstres qui la "hante" sous son lit. Devant toi, le Cubone avait laissé place à une sorte de Marowak… un peu spécial. Tu connaissais les Marowak de Johto, qui ressemblait un peu à une sorte d'esprit frappeur, assoiffé de vengeance. Même que… son os s'était enflammé de flammes vertes qui réchauffent l'air autour. Tu recules pour serrer l'être encoquillé un peu plus fort, partageant le petit être à moitié chargé avec ton Pokémon de type roche. Tu fixes l'autre Pokémon, celui qui semble être tout droit tiré du côté obscur de la force et tu soupires. C'est un peu effrayant, vu comme ça, mais la lumière qui avait émané du Pokémon t'indiquait une évolution. Anormale, te dis-tu, mais une évolution quand même. À moins que…
Euh… c'est soit une nouvelle évolution, soit un esprit vengeur qui vient te faire payer la vie manquée de ce Cubone…
Dis-tu, sans te rendre compte que ce que tu venais de dire pouvais certainement créer une certaine panique chez l'autre homme. Pour être honnête, tu n'es pas vraiment le genre de personne à peser tes mots, la majorité du temps. Encore mois depuis ton retour de la centrale. Tu laisses un rire nerveux sortir de ta gorge alors que tu restes un peu loin du Pokémon nouvellement apparu. Tu as ce besoin de protéger le petit être entassé dans son enveloppe de calcium, parce qu'une partie de toi est inquiète de voir ce que le Marowak, si tu peux l'appeler ainsi, te réserve. Tu le glisses dans ton sac en bandoulière doucement, les yeux rivés sur le Pandore. Ta peluche Marill… elle est probablement devenue cendres depuis le temps.
Donc… euh… si tu es une sorte de Marowak, je te salue, Pandore… mais si tu es un esprit vengeur… saches que je n'ai rien fait, j'ai essayé de sauver le petit Cubone… donc… pas touche au coco…
Nouveau rire nerveux t'échappant, regardant Izaiah d'un air désolé. En même temps… ce n'est pas toi qui a causé tout ça, pas vrai ? Tu n'as juste pas réussi à le réanimer… peut-être qu'il voulait se venger de toi aussi. Peu importe, l'important, c'était que ton pré-omelette soit protégé dans ton sac, et maintenu au chaud contre toi. Même que Lycanroc se place à tes côtés pour s'assurer d'être prêt à répliquer si quelque chose se passe. Malgré tout… l'ancien petit chiot maintenant devenu loup-garou ne semble pas autant paniqué que toi. Tu sais que cette espèce a migrée à Lumiris, mais est originaire d'Alola, donc peut-être qu'il y a un lien avec le nouveau Pokémon. Une main protégeant ton sac, tu tournes la tête sur le côté. Toutes ces réflexions…. Ouf, ça donne mal à la tête. Faut arrêter de penser, sinon Lys ne te laissera pas retourner au refuge. Tu réussi malgré tout à trouver une hypothèse plus logique, moins drastique, mais aussi plus plausible.
À voir l,attitude assez calme de Rooky… je n'ai pas l'impression qu'on soit en danger. Par contre… la peluche Marill… je ne peux pas dire la même chose.
Dis-tu d'un ton un peu déçu, te disant que le petit être dont le développement est bien entamé aurait pu lui-même profiter de la compagnie de la douce peluche. Tu lâches un soupir, relâchant un peu tes épaules et tenant ton sac toujours près de toi, moins défensif, mais toujours alerte .
Tu n’avais pas compris à quel moment, très exactement, les choses avaient tourné au drame de cette façon. Il te semblait que, quelques minutes plus tôt – à peine –, tu discutais posément avec Ethan de sujets qui ne faisaient aucun sens et que tout allait bien. Alors comment? C’était une question qui, derrière ton regard tétanisé, tournait en boucle dans ta tête. Comment et pourquoi? Il y avait au-delà de ta conscience tout un maelstrom de questionnements et d’incompréhension… Mais aussi, et surtout, de culpabilité. Ce Cubone t’avait été confié par Hazel… Et ton incompétence avait eu raison de sa vie. N’était-ce pas la pire manière de mettre un terme à votre histoire, de briser le dernier lien qui vous unissait? Même ton optimisme légendaire ne voyait pas quoi tirer de positif à cet enfer. Tu l’avais tué putain. On t’avait confié un être vivant, tu l’avais retiré à sa figure maternelle, pour mieux… Le trahir, au prix de sa propre vie. Mais quel genre de looser inhumain étais-tu, au final? Dammit.
Et, malheureusement, la lumière qui le recouvre et te le rend sous une forme différente ne suffit pas à te rassurer. Suite à la mort de ton protégé, devant quel démon tout droit sorti des entrailles de la terre dois-tu désormais assumer? Tu espères qu’Ethan sera en mesure de te rassurer et de t’indiquer qu’il n’y a rien de surprenant à ce genre de métamorphose – … d’évolution? Malheureusement, la déception est la seule à t’accueillir au détour du chemin :
Euh… c'est soit une nouvelle évolution, soit un esprit vengeur qui vient te faire payer la vie manquée de ce Cubone…
Piqué au vif, tu dardes Ethan d’un regard scandalisé et… terrifié. Parce que les fantômes ont toujours été ta faiblesse – ta seule faiblesse – et parce que les spectres hantent ta vie depuis près d’un an sans jamais la quitter. T’en as marre. Fondamentalement MARRE. Et jamais la peur ne te quitte, jamais elle ne laisse place à un peu de quiétude devant l’inévitable composition de ton quotidien. Les choses avaient doucement commencé à rentrer dans l’ordre, tu avais peu à peu appris à apprécier ces compagnons d’un autre monde… Puis il y avait eu la centrale et tout avait été à recommencer. Excepté que, cette fois, tu n’avais absolument rien accompli de mémorable.
Ceci étant, tu ramènes doucement ton regard vers le … truc – vers Pandore? – en tentant de masquer les tremblements de ton corps. Manquerait plus que cette chose remarque ta crainte et qu’elle en tire avantage. Cet ange vengeur était désormais une menace potentielle ainsi qu'un éventiel meurtrier à en devenir. Tu ne pouvais ni ne devait la sous-estimer.
Je l’ai pas fais exprès...
C’était vrai. Pandore n’avait jamais souhaité rentrer dans sa pokéball, retourner au chaud alors que tu le lui recommandais. De son vivant, il ne t’avait jamais écouté. Alors pourquoi était-ce à toi de payer son entêtement mortel?
Prenant une grande inspiration, tu tentes de réfléchir. Réfléchir, c’est beaucoup demandé lorsque tu as devant toi un spectre de qualité… Mais c’est en grattant les quelques souvenirs qui ne sont pas floutés par la panique que tu parviens à tirer quelque conclusion logique. Incroyable.
Et c’est finalement la réaction de Rooky couplé aux paroles d’Ethan qui te font comprendre l’évidence.
… C’est ça, un Alolan Marowak?, murmures-tu, incrédule.
Ça faisait encore plus peur que prévu.
Mais… Je t’avais dis que tu n’avais surtout pas besoin de changer et que ton type sol me convenait très bien!
Tout sauf un autre mort à ton quotidien. Ta voix n’est qu’une plainte étouffée, qu’un geignement dépourvu de toute virilité. Derrière Pandore, il y a l’incubateur. Et dans l’incubateur, il y a un bébé pokémon qui n’attend qu’à naître. Tu le vois, tu sais qu’il est là. Mais tout ce que tu remarques, c’est cet énorme obstacle entre toi et lui. C’est Pandore aux yeux bien moins tristes et aux larmes évaporées. Tu le préférais avant.
Écoute, si t’as vraiment décidé de revenir pour prendre ta revanche sur moi – ou sur Ethan –, sache que je comprend… Mais ne maudit pas un pauvre innocent.
T’as toujours préféré caresser ces monstres dans le sens du poils – dont ils sont dépourvus. Comme si leur courroux risquait d’être moins grave, moins terrible. Comme si c’était possible de diminuer leur châtiment, la malédiction qu’ils projetaient de jeter sur ta misérable vie.
Il t’a rien fait.
Pour la première fois, le pokémon réagit. En proie à une incompréhension grandissante, le démon vengeur penche légèrement sa tête sur le côté puis ramène tranquillement son regard derrière lui. Vers le banc. Vers ton protéger. Celui encore vivant. Le bon. Celui qui n’est PAS un mort… – car encore faut-il naître pour mourir. Néanmoins, il n’esquisse pas le moindre geste dans sa direction. Ni aucun autre geste, point. Immobile, il se contente de ramener son attention vers vous puis de laisser ses yeux VIDES jongler entre toi et l’étudiant.
… Tu crois qu’il avait froid à ce point?
Au point de choisir la mort et la résurrection à dix minutes de grelottements avant que vous ne rentriez à l’appart?
C’était peut-être pour ça qu’il ne voulait jamais rentrer dans sa pokéball… C’était peut-être une sorte d’entraînement à mon insu. Il avait peut-être tout calculé d’avance.
La panique te fait perdre les pédales. Tu théories comme pour te rassurer, comme pour chasser l’image de cette chose dans le confort de chez toi… Car tu ne rejetteras pas Pandore. Tout comme tu n’as jamais rejeté Ifrit et Paradox, pourtant tous deux rejetés par l’enfer lui-même. Mais t’es pas heureux. Pire, t’es infiniment malheureux.
Je suis censé faire quoi maintenant dis… ? C’est courant comme prérequis pour évoluer de mourir?
T’as besoin des conseils de quelqu’un d’avisé. Plus précisément, tu as besoin des conseils de Ethan… Parce que si tu n’écoutais que ton instinct, que tes désirs primitifs et honteux : tu sauterais sur ta coquille emprisonnée puis tu prendrais tes jambes à ton cou sans jamais te retourner.
Et dire qu’on osait t’appeler HÉROS. Si les victimes de la centrale devaient te voir en cet instant, elles changeraient vite de discours.
Oops… clairement ce n'était pas une bonne idée de parler d'esprit vengeur une fois que tu vois le regard rempli de peurs d'Izaiah. Et comme tu es socialement un peu, voire beaucoup maladroit, tu te retrouves à pousser un petit rire nerveux qui ressemble un peu à une plainte étouffée par une certaine gêne. Bref, tu as merdé pour dire peu. L'homme face à toi commence à trembler comme une feuille devant l'être qui est devant lui, qui est soit une nouvelle évolution ou une représentation infernale qui veut se venger des tords qu'il a pu vivre. La deuxième option ne t'enchante pas et ne semble pas logique malgré tout, surtout que ton Lycanroc ne semble pas aussi affecté que vous deux et vous regarde presque d'un air confus… ça ne doit pas être quelque chose d'inconnu pour lui. Mais… qu'est-ce que ce serait, alors ? Un chromatisme ? Non, un chromatisme n'ajouterait pas des flammes vertes au bout de l'os, ça c'est certain. Et, la chaleur que tu avais sentie auparavant n'était pas inventée. Tu as beau être tombé sur la tête… pas au point de te créer de fausses sensations.
Viennent ensuite les mots d'Iza, qui ne font qu'élucider un peu le mystère. Vous aviez parlé des formes des autres régions du monde qui immigraient à Lumiris, mais tu n'arrives pas à te rappeler de Marowak et s'il avait une évolution de la forme d'Alola. Mais qu'est-ce qui forcerait le Pokémon qui naît de type sol à changer pour un type feu… et probablement spectre vu la façon dont l'évolution a été déclenchée ? Ça ne fait aucun sens, surtout pour un Pokémon qui viendrait d'une région chaude comme Alola.
Pendant qu'iza règle ses comptes avec le peut-être suoer héros du défunt Cubone, tu tâte ton sac pour pouvoir chercher ton téléphone. Tu effleures ton œuf au passage, ne ressentant pas les craquements qui étaient en train de se produire. Tu prends une petite minute pour chercher sur ton téléphone dans le Pokédex de la région d'Alola sur internet pour chercher si Cubone en faisait partie. En effet… tu avais bien diagnostiqué les types. Spectre et feu. Tu es plein d'incompréhension. Tu retournes ton téléphone pour montrer ton écran à l'autre homme, confirmant ainsi ses dires avant que tu hausses les épaules à ses mots. Izaiah pense trop, et tente d'expliquer tout et rien en même temps, et ça te donne un peu mal à la tête tout ça.
Ne pousses pas tes raisonnements pour tout expliquer. Tu vas finir par te rendre fou à force de faire ça.
Ou il allait te rendre fou, s'il continuait, ça c'est sûr. Donc… pour les deux, il serait mieux qu'il arrête de pousser autant ses raisonnements. Vient ensuite une question pour laquelle tu n'as franchement aucune réponse. Tu étudies en soins de Pokémon, pas pour devenir chercheur… à la rigueur, tu pourrais toujours demander aux professeurs de l'Acadamie… ou le professeur Baobab, dont le laboratoire est près de l'académie. Donc, au final, pour toute réponse, la seule chose que tu arrives à faire est d'hocher les épaules d'un air un peu curieux, mais dubitatif.
J'imagine que… pour le type spectre, ça doit être quelque chose de commun, oui. Mais je ne peux pas dire, j'étudies en soins des Pokémon… peut-être que tu pourrais faire un tour au laboratoire de Nemerya, le professeur Baobab pourra sûrement t'en dire un peu plus sur les évolutions de ce genre…
C'était peut-être beaucoup demandé pour peu. Il pourrait sûrement juste appeler aussi, au fond, s'il ne veut pas se déplacer jusqu’à Nemerya pour une rencontre si brève. Ou peut-être faire des lectures sur le sujet dans l'une des nombreuses bibliothèques de Lumiris. Maintenant que les choses s'étaient calmées, tu avais recommencé à t'asseoir. C'est avec une grande surprise que tu sens ton sac basculer, et un poids qui semble vouloir quitte le sac en question, et tu ne peux t'empêcher de paniquer un peu quand tu réalise que c'est ton petit protégé de calcium qui vient de glisser en dehors de ton sac laissé ouvert, s'apprêtant à s'écraser contre le banc. Tu essaies de l'en empêcher rapidement, mais la scène semble se passer au ralenti, comme dans les films : tes mains approchent alors que tu essaies de ne pas tomber toi-même, l'expression de Rooky change soudainement et il accourt essayer de l'attraper…
Deux oreilles. Deux oreilles rosées, c'est ce qui sort de la coquille qui craque sous l'impact et qui s'ouvre en deux parties. Pendant un instant, tu paniques. Une deuxième mort en une soirée ? C'est… non, c'est impossible. Ton Lycanroc te fixe un instant avant de fixer les deux petites oreilles qui ne bougent toujours pas. Tu sens tes yeux s'embrouiller de quelques larmes alors que tu t'approches pour accepter l'accident dont tu es à ton tour la raison. Et puis deux yeux, complètement opaques et portant des signes de cécité sévère se posent sur toi Tu doutes que… le pichu en face de toi ne vois quelque chose, mais il semble savoir que quelqu'un -ou quelque chose- se tient devant lui. Tu soupires de soulagement avant de parler d'une voix un peu plus douce, pour ne pas l,effrayer.
Hey, salut toi… dis donc, tu m'as fais une de ces peur…
Dis-tu, le Pokémon intrigué d'entendre ta voix après l'avoir entendu un peu plus étouffer dans son habitacle. Tu n'arrives pas à confirmer sa cécité… jusqu'à ce que le petit bout sorte de sa coquille et ne se rende pas compte de son environnement, le faisant presque tomber par terre. Tu le rattrape dans tes bras, ton Lycanroc le fixant avec la tête penchée sur le côté. Pauvre petite bête au sens défaillant…
J-Je crois qu'il est aveugle…
Murmures-tu à toi-même plus que pour en informer Iza, mais ça revient au même un peu, dans le fond. Tu lèves les yeux, préparant une Pokéball pour pouvoir le mettre dedans quand il sera prêt. Pour l'instant, tu le laisse découvrir un peu ta personne. Il te renifle, essaie de te voir, mais focus beaucoup sur là où vient le son de ta voix. C'est la seule chose qu'il arrive à reconnaître chez toi, ta voix… pendant sa contemplation, tu retournes ton regard sur Izaiah et soupire un peu.
Cette soirée est définitivement la plus bizarre que j'ai jamais eu de ma vie… et bizarre dans le mauvais sens, je pense.
Alolan Marowak… Oh et puis quoi encore? Néanmoins, face au téléphone de Ethan, il t’es impossible d’opposer le moindre doute ou scepticisme. Parfois, il faut savoir se résigner; la résilience est une qualité qui ne t’avait jamais manqué et dont tu affichais encore fièrement les couleurs. Ton bras, il en était la plus belle preuve. D’aussi loin que tu te souviennes, tu ne t’étais jamais apitoyé sur ton sort… Pas plus que tu ne t’étais révolté contre la malignité du destin. Tu étais un enfant brisé depuis le jour de ta naissance… À quoi ressemblerait ta vie si, aujourd’hui, tu ne parvenais pas à accepter qu’il était impossible de tout contrôler, que la vie n’était pas toujours celle que l’on avait espéré? Baissant légèrement les yeux, tu glisses ta langue sur tes lèvres en tentant de digérer ta nouvelle réalité : la collection regagnait en importance. Lorsque tu avais quitté Lumiris, tu avais pris soin de confier tous les spectres qui partageaient ta vie à des gens de confiance qui sauraient les acclimater à leur nouvelle vie. Tu t’étais crû libéré. Mais quel idiot. C’était à ta peau comme une malédiction, une condamnation : tu ne pourrais jamais te débarrasser de l’ombre de la mort…
Au fond, c’était peut-être un signe.
Frissonnant, tu prends une grande inspiration en tentant de calmer les tremblements de ton corps terrifié. Ce n’était que Pandore après tout… Ton plus fidèle compagnon, ton protégé. En quoi était-il plus dangereux ou horrible que Ifrit ou Paradox? Même maintenant, ton Pokémon n’était pas plus un monstre qu’autrefois. Tu devais juste… accepter. Comme d’habitude.
Soupirant, tu acquiesces doucement en ramenant ton regard vers Ethan. Au moins, il n’était pas mort… Pas réellement mort. Tu n’aurais pas à contacter Hazel pour lui annoncer que tu avais tué son Pokémon. N’était-ce pas une excellente nouvelle? À cette idée, tu esquisses un sourire. Toute cette histoire, la montagne d’émotions, t’avait fatigué. Pour autant, tu n’avais pas envie de rentrer ni de dormir : l’idée de voir ton appartement assailli par les monstres suffisait à te couper l’envie d’exister.
D’accord, je ferai mes propres recherches… Ou je demanderai à Lys pour changer. Pardon de t’avoir ennuyé avec toutes mes questions., souffles-tu sans la moindre malignité.
Glissant ta main dans ta poche, tu saisies la pokéball de Pandore que tu t’apprêtes à rappeler sans même l’y inviter lorsqu’un bruit particulier retient ton attention. Intrigué, tu cesses alors d’admirer ton démon de compagnon pour ramener ton regard vers Ethan… Entre les mains duquel son propre protéger sous protection de calcium passe sans même s’arrêter. Sous tes yeux, la scène te semble irréaliste. Ton cœur ne rate pas le moindre battement, ton esprit ne s’arrête même pas : tu ne comprends tout simplement pas ce qui est en train de se produire… Et lorsque tu piges la gravité de la situation, c’est parce que le Lycanroc de ton… ami lui tend le contenant de l’omelette dont sortent désormais deux petites oreilles. À quel point avez-vous éviter le pire? Cette journée est épuisante, tu n’as même plus les mots pour la décrire.
Fermant momentanément les yeux, tu laisses alors le dresseur faire connaissance avec son nouvel ami. Si tu croyais que ça arriverait aujourd’hui… Intrigué, tu jettes alors un œil à ton propre incubateur sur le banc pour réaliser, avec une pointe de déception, que rien n’a bougé de son côté. D’une main rassurée, tu reviens alors vers lui et Pandore que tu prends grand soin de contourner et referme le sac dans lequel il est maintenu prisonnier. Ce ne sera pas pour aujourd’hui… Et c’est mieux comme ça. Aurais-tu pu te le pardonner si les deux autres avaient vu le jour au même moment, sans toi de surcroît? Non. Tu préférais être avec eux pour ce grand jour… Et ce qu’importe ce qui sortirait de là.
J-Je crois qu'il est aveugle…
Oh. Si tu t’attendais à ça. Ramenant ton sac sur tes épaules, tu te retournes alors vers Ethan que tu fixes un instant… C’était la première fois que tu étais confronté à la cécité chez un pokémon, mais était-ce un handicap insurmontable? Comment était-on censé composer avec ce genre de réalité?
… Qu’est-ce que tu comptes faire?
Tu es intrigué… Parce que, toi, tu n’aurais pas su comment réagir ni même comment l’acclimater à sa nouvelle réalité. Était-ce un handicap aussi commun pour les pokémons que pour l’homme? Existait-il des ressources, des solutions? De l’aide?
Yeah...
Bizarre, c’était peu dire. L’aisance avec lesquels les événements se succédaient les uns aux autres était alarmante. Carrément épuisante. Il y avait eu vos retrouvailles, la froideur, les excuses, l’amusement, la mort, la naissance, le désarroi… Et maintenant? Que vous restait-il à vivre?
Regardant le pichu entre ses bras, tu prends une grande inspiration.
Au moins, c’était vraiment pas une bombe…, rigoles-tu doucement.
Comme si ça allait suffire à détendre l’atmosphère, à faire redescendre la tension qui bloquait vos muscles et qui vous fatiguait.
Il est joli… En rose comme ça, c’est plutôt mignon. Il aurait beaucoup plus à quelqu’un que je connais.
Tu ne savais pas pourquoi le visage de Kisara te revenait en mémoire dans un moment aussi alarmant, aussi loin du temps et de l’espace… Mais qu’importe. Elle avait toujours eu un faible pour le rose, la douceur et ce genre de choses un peu cucul, mais mignonnes. Les paillettes, ça avait toujours été son truc… Alors sans doute aurait-elle su l’apprécier autant, voire carrément plus que toi.
Malgré ce que tu avais pensé, tu n'as pas été aussi doux que tu voulais quand tu as répondu… ça n'a pas trop sonné comme quelqu'un qui ne savait pas la réponse, mais plutôt comme quelqu'un qui n'a pas envie de s'occuper d'une question qui peut sembler non pertinent aux yeux de certains, alors qu'en réalité, c'est une question très pertinente. Le type spectre, ça inclut que le Pokémon n'est plus de ce monde à tes yeux. Par exemple, Gengar est un Pokémon de type spectre qui n'a jamais été vivant dans son cycle d'évolution. Même chose probablement pour Mimikyu, un Pokémon fantôme qui prend possession d'un costume de Pikachu pour se faire aimer, ou peut être même juste pour se faire voir. Qu'en est-il de Froslass, par contre ? Est-ce que ça signifie que le Snorunt meurt afin de pouvoir devenir cette évolution ? Si tu suis la logique que cette journée t'avait apprise, ce serait la façon d'évoluer… tout c'est si macabre. Tu vas sûrement en parler au professeur Baobab pour avoir son avis ainsi que des notes qu'il aurait pu avoir au fil des années avec son expérience.
Pendant que tu réfléchis de nouveau à t'en donner mal à la tête, le nom de Lys sonne, et tu n'y prêtes pas attention à cause des petits événements qui ont succédés. L'éclosion du petit Pichu dont la vue ne semblait pas faire partie intégrante t'as fait oublier quelques instants qu'Iza avait prononcé le nom de Lys, et qu'il doit donc la connaître. Tu est concentré à essayer de tester un minimum la vue, voir si ce n'était peut être pas à cent pour cent absent. Si ça se trouve, il a une cataracte, ou… ou il est myope, ou hypermétrope ! Qui sait, il y a tellement de déformations possibles pour l'œil que ça ne peut pas être une option à rejeter. Tu passes donc ta main devant son petit visage, de près Les yeux du Pichu ont semblé suivre à retardement le mouvement, mais tu te demande si ce ne serait pas plutôt parce qu'il a senti le courant d'air passer au-dessus de son nez, et non parce qu'il l'avait réellement vu.
Tu refais le test d'un peu plus loin, récompensant le petit être naissant de gratouilles sur le ventre. Après tout, se faire tester comme ça à peine une minute plus tard après être sorti de sa protection calcifiée, c'est un peu intrusif, mais tu dois être capable de prédire le diagnostic qui l'attend, et qui t'attend aussi. Parce que tu ne sais pas comment tu vas gérer ce handicap un peu hors du commun, et qu'il faudrait commencer à te bâtir quelques techniques. Sûrement que Lys t'aidera… dans tous les cas, de loin, il est clair que le Pichu ne voit rien, parce que la seule chose qu'il fait, ses fixer au-dessus de ta tête, sans même porter attention à ton mouvement. Ça ne confirme rien à cent-pour-cent, mais ça te donne une très bonne idée que tu devras commencer à te préparer tout de suite. Ce sera peut-être même temporaire…
Je… à vrai dire, je ne sais pas trop comment je vais faire. Ce n'est pas une situation à laquelle je m'attendais vivre…
Dis-tu avec honnêteté, laissant sûrement paraître un peu ta nervosité face à l'inconnu. Tu es meilleur lors de situation où tu sais à quoi t'attendre, ou bien des situations où tu as un minimum de connaissance pour t'aider à la comprendre. Dans ce cas-ci… la cécité n'est pas un sujet qui est approfondie pour le moment dans tes cours. Ça le sera sûrement dans les années d'études qu'il te reste, mais pas pour le moment, en tout cas. Ce n'est qu'après tous ces tests et toute cette inquiétude que tu te rappelles qu'Izaiah a prononcé un nom : celui de Lys. Il la connaissait donc, visiblement, et ça pique désormais ta curiosité, au point où tu relèves le Pokémon électrik contre toi et plante tes yeux dans ceux d'Izaiah, démontrant ta soudaine curiosité alors que le petit Pichu essayait de monter sur ton épaule. Tu dois l'en empêcher pour éviter des blessures.
J'irai demander ce que Lys en pense de ses yeux… d'ailleurs, parlant de Lys, tu as mentionné ton nom, vous vous connaissez ?
Demandes-tu, l'air un peu perplexe en regardant l'homme blond. Était-il la raison pour laquelle Lys avait si souvent pleuré ? Était-il la raison pour laquelle tu avais jugé Lys lors de votre première rencontre ? Ou encore… est-il la raison de son départ pendant quelques mois ? Trop de questions, que tu ne peux pas poser sans avoir L'air de celui qui doute de chacune des actions du blond. Tu fermes les yeux un instant puis tu regardes ton téléphone que tu t'apprêtais à ranger dans ton sac, et c'est là que tu remarques l'heure. Il est 19h56. 19h56 ?! Quoi ? Tes yeux s'écarquillent subitement, et sans le vouloir, tu coupes la réponse d'Izaiah que tu n'avais même pas écoutée un minimum en te relevant brusquement du banc, réveillant en sursaut ton Lycanroc qui regarde partout comme si quelque chose allait leur arriver, prêt à attaquer si le besoin est nécessaire.
Merde ! Parlant de Lys, je lui ai promis que j'allais être là pour donner à manger à tout le monde…. pardon Iza, euh, je dois y aller. Si tu connais Lys et que tu veux discuter ou quoi que ce soit… je lui dirai qu'elle te laisse mon numéro de téléphone. Vraiment désolé de couper ça si sec…
Dis-tu avec un sourire avant de serrer le petit Pichu qui s'était mis à trembler. Assez de mort de froid pour ce soir là ! Tu te le salue rapidement avec ton bras valide et ferme ton sac en bandoulière avant de commencer à marcher rapidement vers l'arrêt de bus le plus prêt qui te ramènera à Sunyra. Bref, cette journée pleine de bizarrerie sera bientôt terminée, faut croire.
Comment aurais-tu réagis si tu avais été lui? Si le contenu de ta prison blanche était né privé de sa vue et de ses yeux? Tu aurais sans doute bugué. Ce genre de bug interne aux conséquences ridicules, aux expressions tétanisés dans l’incompréhension la plus totale. Tu n’aurais pas su quoi faire… Parce que tu savais rarement quoi faire. Tu te doutais qu’il existait des ressources à ce genre de problématique, que ce n’était pas la fin du monde et que la différence devait être aimée autant que saluée… Mais ça aurait peut-être changé la face de ton quotidien. Faut dire qu’elle n’était pas difficile à bouleverser, la face de ton quotidien. Plus souvent qu’autrement, il suffisait de te dire noir alors que tu criais blanc et tu en avais pour trois semaines à te remettre en question. Et tu exagérais à peine.
Tu espérais vraiment que Ethan avait une meilleure capacité d’adaptation que toi, autrement sa vie risquait d’être d’une difficulté sans fin.
Néanmoins, tu vois dans son regard et dans sa voix que l’inconnu l’effraie au moins tout autant que toi. Est-ce rassurant? Tu ne sais pas. C’est toujours agréable de savoir que l’on est pas le seul, qu’il existe des gens pour partager nos incertitudes… Mais c’était aussi un peu flippant. Elle était bien fragile l’humanité.
La tête légèrement penchée, tes pupilles ne quittant pas le duo, tu finis par cligner des paupières en silence l’air de ne pas comprendre lorsqu’il mentionne Lys à son tour. Lys.
O-Oui… On habite ensemble, pourquoi?
Tu sais qu’avec un refuge comme le sien, il n’est pas surprenant que les gens la connaissent. Toi-même, tu l’avais connue là-bas… Et ça aurait pu s’arrêter-là, si elle ne s’était pas révélée être une forme d’âme-sœur en soit. Mais votre relation s’était étendue plus loin que le simple lien client/employé. Vraiment plus loin. Mais qu’en était-il d’Ethan? Les sourcils légèrement froncés, l’air de réfléchir plus que de raison, tu tentes de te rappeler si tu as déjà entendu ta jeune amie t’en faire mention… Mais plus tu recules dans tes souvenirs, moins tu as de certitudes. Non. Ethan n’est qu’Ethan; le mec contre lequel tu as fait un concours. Il n’a jamais été question d’autre chose, d’un autre lien entre vous… avant maintenant.
C’est une excellente amie., conclus-tu tout simplement.
Les mots sont faibles pour décrire le lien qui vous uni. Mais « excellente amie » c’est une manière gentille de dire les choses, presque mignonne… Un peu enfantine aussi. Tout ce que tu savais, c’était que les nuits étaient un peu plus calmes depuis que vous partagiez le même toit et les mêmes tourments atténués.
On s’est renco-
Tu n’as pas vraiment le temps d’ajouter quoi que ce soit à ton monologue inintéressant sur votre rencontre d’autrefois. Elle remontait à bien longtemps déjà – un an quoi, mais tu te souvenais de chaque détail… Qui n’intéressait visiblement pas Ethan, si l’on en croit son volte face et sa voix qui coupe la tienne sans préavis. Plus attentif que ce dernier, tu l’écoutes se plier en excuse puis t’indiquer que Lys te laissera son numéro au besoin. Tu penches la tête. Connais-tu seulement le lien qui les uni? Non, mais il te parle de donner à manger « à tout le monde » donc tu estimes qu’il doit avoir un pied dans le refuge.
C’est toutefois une théorie que tu n’as pas le loisir de formuler ou de questionner : en moins de temps qu’il n’en faut pour dire au revoir, le jeune homme referme son sac à bandoulière et disparaît dans la nuit… T’abandonnant avec Pandore comme seule compagnie. Désormais seul avec le spectre, tu prends une grande inspiration avant de rejeter ton regard vers lui.
Hey… Sorry pour tout à l’heure. C’était nerveux… Tu sais que… Enfin, tu comprends. Pandore sait ton aversion pour les spectres. Tes rapports envers lui, lorsqu’il n’était que du type sol, étaient largement différents de ceux que tu entretenais avec Ifrit ou Paradox malgré tout l’affection que tu leur portais. Le cubone – marowak désormais, était conscient de cette triste réalité, de tes insécurités et… Tu espérais qu’il serait capable de te pardonner.
Pour toute réponse, le visage du Marowak se détend alors que son regard s’empreint d’une compréhension qui te déchire de l’intérieur. Certains pokémons possèdent cette grandeur d’âme à laquelle aucun être humain ne pourra jamais accéder… Toi le premier.
Vérifiant que ton sac et l’incubateur sont bien sur tes épaules, tu t’armes alors de tout ton courage avant de tendre ta main à ton protéger. Même s’il était désormais mort, tu ne pouvais pas oublier la relation qui vous unissait jusqu’à présent… C’est impossible. Tu ne peux pas agir comme s’il n’était qu’un vulgaire étranger.
Alors… Tu avais si froid que ça?, demandes-tu avec amusement.
Au fond, qu’importe… Peut-être est-il temps que tu réalises que venir d’un autre monde n’est pas un synonyme de méchanceté gratuite.