« Je veux ET je peux ! »

Avais-je dit pour me moquer gentiment. Mais il ne fallait pas s'y confondre, les plaisirs charnels n'étaient pas là et je n'allais pas les titiller. Donc après une bonne douche, je me coiffais longuement avec une brosse en regardant Maya.

« Nous sommes bien à Kishika ? Cela m'étonne que tu habites ici d'ailleurs, une ville aussi éloignée et calme. Cela n'a rien à voir avec Nemerya où je suis. Malgré que ce soit la capitale, l'endroit peut se montrer convivial et chaleureux. »

Et vint ensuite une question existentielle :

« Déjeunons-nous ? Ou alors nous petit-déjeunons ? »

Demandai-je avec un petit sourire amusé, voire juvénile. J'avais faim, il était vrai.

Je lui souris en continuant de brosser, une autre question me vint.

« D'ailleurs, tu n'aimerais pas que je t'appelle Melody ? Ou ce n'est qu'exclusif à ton nom de scène ? »

"J’ai justement choisi ça parce que c’est loin de la capitale. C’est loin, c’est calme, je peux me poser n’importe où et rester tranquille sans être embêté."

Tu n’es du genre calme, le genre de personne qui passe certains après-midi à lire dans un parc et dormir dans l’herbe. Il n’y a pas besoin de faire compliqué avec toi. Les plaisirs simples de la vie.

"Ça ne change pas grand-chose pour moi, ça dépend plus si tu veux du salé ou du sucré. Un petit brunch."

Tu n’as pas vraiment la tête de faire la cuisine, pour une fois. Tu n’es toujours pas entièrement remise, surtout émotionnellement parlant, de ta soirée.

"C’est Maya mon prénom. Melody n’existe pas vraiment, tu sais. Un autre surnom ne me gêne pas, mais il faut éviter de parler de Melody avec les autres."

Il n’y a pas beaucoup de personnes qui sont au courant. Inutile de dire que tes deux amoureuses savent tout.

"C’est un peu comme si je t’appelle Manequin. C’est un peu exagéré, mais c’est l’idée."

D’ailleurs en parlant de ça, tu n’es pas aussi jalouse et possessive qu’elle, tu ne vas pas l’empêcher de prendre des photos, tu arrives normalement à relativiser les choses. Mais tu n’as quand même pas envie de la lâcher, tu veux presque passer la journée dans ses bras et a la tenir. Ça n’est pas vraiment possible bien sûr.

"Et du coup tu n’as pas répondu. Si jamais tu veux, je peux appeler Amarelys, mais j’aimerais bien profiter de notre première journée ensemble."

Il faudra vite que tu la préviennes. Heureusement elle n’a pas besoin d’être au courant de tous les... détails.

Je hochai la tête et eus un léger air surpris.

« Oh ! Pardon, je divaguais ma belle. Pour Amarelys, une autre fois oui. Profitons aujourd'hui entre nous deux, pas comme deux mannequins, pas comme deux amies mais bien tel un couple. »

Je lui souris tendrement en m'installant à table.

« Comme tu prendrais ? Je ne suis pas difficile. »

Je posai la brosse et remis mes cheveux en arrière d'un geste.

« Je retiens d'ailleurs. Melody reste ton nom de scène. C'est juste qu'en soi, la première personne que j'ai rencontrée était Melody. Mais je ne t'appellerai qu'en cas de professionnalisme, ma tendre Maya. »

J'eus un léger sourire aux lèvres. Je tapotai mes doigts sur la table en la regardant.

« Dis-moi, tes photos, tu ne me cacherais pas certaines choses ? Hier soir, tu cherchais tes mots comme si tu ne voulais pas me faire tiquer. Peut-être que je me trompe, mais ma curiosité me force à te poser la question. »

Je haussai les épaules, le sixième sens, l'instinct féminin ; je me moquais du terme mais ça m'était venu.

"Surtout que je ne suis pas une mannequin."

Tu rends à César (enfin, Megu), ce qui est à César. Mais oui, vous êtes un couple, c’est le point le plus important de la phrase. Et un couple déjà bien "engagé". Suffisamment pour partager votre déjeuner (et d’autres choses...).

"Merci. Sinon ça serait vraiment bizarre de m’appeler comme ça en pleine rue."

Déjà que vous avez tendance à attirer l’attention, ça serait pire. Il va y avoir des jaloux et des jalouses, c’est sur. Mais tu les ignoreras.

"C’est surtout que je te cachais mes sentiments."

Elle a vu presque toutes les photos, et tu n’as pas envie qu’elle voie le reste. Elle va en faire une crise de jalousie et tu n’as pas envie de voir ça, pas maintenant du moins.

"Et puis, tu as vu bien mieux, pas vrai ?"

Pas que vu, d’ailleurs. Toi aussi tu peux être une vilaine tentatrice, quand tu le veux. Chacune son tour.

"Je n’ai rien a te cacher, vraiment. J’ai été vraiment bizarre et horrible, je sais et j’en suis désolé, et puis ça reste encore un peu soudain pour moi."

Pourtant tu as vécu une chose similaire avec Ama. Mais Megu est encore plus rapide, beaucoup plus "violente", "instable" et physique. Ce n’est pas vraiment un mal, c’est différent.

"Mais c’est moi. Je sais ce que je fais, fais moi confiance tout comme moi je te fais confiance. Je ne vais pas te surveiller parce que ça serait stupide, ça ne servirait à rien et ça te blessera aussi. Ce n’est pas comme si je vais te tromper ou tu vas me tromper, pas vrai ?"

Toi, tu ne pourrais pas. Ou alors il faudrait te manipuler et tu te sentirais extrêmement coupable après. C’est pour ça qu’avoir l’accord de la voyageuse et la mannequin est si important pour toi. Il est vrai que pour l’instant c’est plus théorique que pratique, mais tu espères vraiment qu’elles vont bien s’entendre et que tout ira bien. Au moins suffisaient pour que tu restes avec toute les deux. Ce qui est certain, c’est que tu ne pourras pas choisir. Mais arrête de penser à ça.

"Mais bon, qu’est-ce qui te ferait plaisir aujourd’hui ? Encore une fois, je suis toute à toi."

Tu as dit la même chose la dernière nuit. Ca ne veut pas dire que tu es partante pour la même chose (enfin... tu ne refuserais pas en fait), plus que tu es la pour elle. Encore plus que d’habitude. Que vous pouvez "fêter" votre nouveau couple !

Je compris pour les photos, cela avait demandé un énorme effort déjà, je devais l'avouer. Mais au moins elle était sincère et c'était le point principal et le plus important pour moi. Comment pouvions-nous discuter si nous nous cachions des choses ? Bien évidemment, cela ne servait à rien de TOUT dévoiler non plus, de dire la fréquence à laquelle vous alliez aux toilettes, ce que vous avez mangé précisément et j'en passais.

Puis vint la question de la tromperie, autant mettre les termes autour de cela immédiatement, oui. Même si ça nous paraissait évident, des personnes le faisaient aisément. Qu'Arceus les bannît.

« Oh non. Je préférerais mourir dans un cauchemar éternel de Darkrai plutôt que toucher une autre personne, même une femme. Bref, jamais je n'oserai. »

Je passai une main dans mes cheveux pour jouer avec quelques mèches en réfléchissant longuement. Que pouvait faire un couple... ? Mais en même temps, elle se pliait à ma volonté. Alors...

« Je t'aurais proposée les sources chaudes mais elles sont loin. Un film ? Une balade de cette... ville ? Où tu me montrerais les environs. Ou bien, si nous pouvons aller dans un salon de massages afin que nous nous décontractions de ces derniers jours. »

En fait ça revenait à devoir quitter les lieux et cette ville. Mes options se résumaient à quitter cet endroit. Kishika était une ville de paysans, je n'avais que faire des fermiers et des pokémons puants. Je ne comprenais pas le choix de Maya d'être ici mais je n'allais pas forcer.

C’est "rassurant" qu’elle pense ainsi. Dans le sens où elle veut vraiment être avec toi, pas dans le sens où elle préférerait mourir que ça. Si une des deux disparait, tu ne t’en remettrais pas. En tout cas pas rapidement.

"Tu vois, moi c’est pareil. Enfin, si, une autre personne, Amarelys, mais ça tu le sais déjà. Bref, je suis à toi et c’est tout."

Oui, tu le rappelles encore. Mais comme ça tu ne peux pas être "accusée" de ne pas lui avoir dit. Tu veux que tout soit clair. Même si ça le sera encore plus quand elles seront l’une en face de l’autre. Ça sera "fun". Profite de l’instant présent.

"Je peux te montrer un peu le coin. L’avantage c’est qu’on est proche de la nature, on est tranquille ici."

Une petite balade en forêt, rien de mieux d’après toi ! Et puis c’est un peu romantique. Tu prends les choses lentement après tout. Tu as envie de lui montrer ce que tu aimes !

"Je sais que tu as l’habitude de la ville, mais tu verras, c’est sympa ! Il faut changer d’air parfois !"

Tu n’as pas envie de l’obliger, mais tu as quand même très envie de lui faire découvrir d’autre partie de toi.

« Je conçois. »

L'idée d'Amarelys était encore floue, en fait, tant que j'étais avec elle, je sentais que je n'avais pas le recul nécessaire d'appréhender l'information. Et je sentais aussi que j'allais très mal réagir en la voyant, le seul espoir que j'avais, était qu'elle ne fût pas si magnifique que moi -ça allait être difficile-.

Mais pas le temps de penser à tout cela, son argument était valable.

« Je comprends eeeeeet je veux bien me laisser tenter. Tu as raison. J'ai l'habitude tout cela, du bruit, etc... peut-être que je me sentirai à l'aise ici aussi. En espérant ne pas sentir du fumier... »

Je soupirai mais je la regardai avec un sourire, je pris sa main et commençai à sortir.

« Je vous suis, ma guide. Ma ravissante guide. »

Un clin d'oeil pour rajouter des compliments.

"Désolé si je t’embête avec ça, ça me stresse un peu."

Et ça n’est pas fini, ça, tu le sais bien. Tu as envie de tout sauf de rendre Megumi inconfortable. Au moins sa remarque te fait rire.

"Mais enfin, tu as quelle vision de la campagne ? Que ce sont tous des paysans qui vivent comme il y a 500 ans et qui puent tous, et ils ne savent pas lire et écrire ?"

Ho, ce que tu disais pour blaguer est visiblement la vérité. Argh, ça te déprime un peu qu’elle supporte ce genre de cliché, c’est vraiment dommage. De toute manière tu ne comptes pas vraiment déménager.

"Et puis ça ne t’as pas empêché de venir et de rester pour la nuit."

Tu as un petit sourire narquois. Repenser à ladite nuit te fait un peu frémir. C’était bien, a refaire d’après toi, mais déjà tiens lui la main sans rougir et ça sera bien. Macha grimpe sur ta tête, et c’est parti !

Et tu prends le temps, tu fais des détours, tu lui fais visiter la ville et les environs, les endroits que tu aimes bien. Surtout des espaces verts pour se poser, des endroits pour se balader, une chose que tu aimes bien. D’habitude tu prends un livre et des écouteurs avec toi, mais la il n’y en a pas vraiment besoin, ta petite copine c’est bien mieux. Les calins aussi. Profiter d’être avec elle.

Et pour conclure la journée, tu finis puis offrir un petit collier. Un truc un peu discret - tu préfères les choses discrètes en "civil" - mais tu sais qu’elle aime bien les bijoux et c’est pour ça. Tu devais bien lui faire un cadeau après tout ceci !

Alors je ne voyais pas ce cliché aussi loin -si- mais j'attendais de voir le résultat de mes propres yeux. Je ricanai à sa remarque.

« En même temps, chez toi, ça sent bon. Sinon je t'aurais critiquée, rassure-toi. »

Une taquinerie par dessus une taquinerie. Je fis un clin d'oeil joueur et je la suivis alors.

Nous prîmes l'après-midi mais elle me montra beaucoup de choses et je m'étais trompée, semblerait-il. Il n'y avait pas d'odeur particulière, les paysages étaient dégagés et beaux, des pokémons sauvages sympathiques, des endroits pour se reposer tranquillement -avec les gestes des amourettes logiques-.

Et un cadeau pour finir la journée, le donnant-donnant de quand je lui avais offert quelque chose ? Je la remerciai et je le mettrai précieusement.

Une journée rapide mais qui valait le coup. Nous nous étions davantage rapprochées et j'appréciais beaucoup ces moments.

"D’ailleurs il faudra que tu me montres ton chez-toi un jour."

Une chose normale. Chacune son tour après tout. Mais c’était une belle journée. Une journée qui t’a confortée dans tes sentiments. Tu es - et étais en quelque sorte - bien plus proche de Megumi qu’une "simple amie", ou même une meilleure amie. Bon tu réalises également que tu es vraiment un boulet et que tu as une vraie capacité de ne pas remarquer et surtout comprendre que tu es amoureuse, mais la vie c’est difficile, pas vrai ? Et cette journée, c’est une série de joie simple, ce qui totalement ce qu’il te faut.

"En fait non, je veux dormir chez toi. J’ai envie de décider un peu aujourd’hui !"

Pour une fois que tu prends l’initiative, autant la garder jusqu’au bout, pas vrai ?